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Une chute vertigineuse en neuf mois

En seulement neuf mois, Donald Trump a perdu 8 points d’approbation et gagné 8 points de désapprobation. Cette trajectoire est catastrophique pour n’importe quel président, mais elle l’est encore plus pour un homme qui avait construit toute sa légitimité sur l’idée d’un soutien populaire inébranlable. Nate Silver, analyste politique reconnu, a souligné dans une publication sur Substack le 9 novembre que le taux de « désapprobation forte » de Trump avait atteint un sommet de 45% pour son second mandat. Ce chiffre est révélateur : non seulement les gens désapprouvent Trump, mais ils le font avec une intensité émotionnelle qui traduit un rejet profond, viscéral. Ce n’est pas une simple insatisfaction passagère face à telle ou telle politique, c’est un rejet de la personne elle-même, de sa manière de gouverner, de sa rhétorique divisive et de son autoritarisme assumé. Les électeurs modérés qui lui avaient accordé le bénéfice du doute en janvier se détournent désormais massivement, constatant que rien n’a changé depuis son premier mandat : mêmes promesses non tenues, mêmes provocations, même chaos organisé.

Les causes multiples d’un désamour national

Plusieurs facteurs expliquent cette chute spectaculaire. Le shutdown de 40 jours, qui a paralysé le gouvernement fédéral du 1er octobre au 10 novembre, a cristallisé toutes les frustrations. Des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux n’ont pas été payés pendant plus d’un mois, les allocations SNAP (aide alimentaire pour les plus démunis) n’ont pas été versées en novembre malgré des décisions de justice ordonnant leur versement, et les compagnies aériennes ont été contraintes d’annuler jusqu’à 10% de leurs vols en raison du manque de contrôleurs aériens. Le secrétaire aux Transports Sean Duffy a accusé les démocrates d’être responsables des « retards massifs, annulations de vols et fermetures de l’espace aérien américain », mais cette rhétorique n’a convaincu personne. Les Américains savent très bien qui a déclenché ce shutdown : Trump lui-même, en refusant obstinément tout compromis budgétaire avec les démocrates. Le président a même déclaré dans l’émission 60 Minutes le 2 novembre qu’il ne « serait pas extorqué » par les démocrates et qu’il ne s’entretiendrait plus avec eux avant la réouverture du gouvernement — une posture d’intransigeance qui a fini par se retourner contre lui.

La révolte des électeurs économiques

Mais au-delà du shutdown, c’est la politique économique de Trump qui provoque le plus de mécontentement. Ses tarifs douaniers punitifs, notamment les droits de 50% imposés contre les taxes européennes sur les services numériques, ont déclenché une guerre commerciale qui pèse lourdement sur les exportations américaines. Dans le corridor technologique de Dallas au Texas, les licenciements massifs chez SpaceX et les pannes répétées de Starlink ont créé une colère palpable parmi les 120 000 employés du secteur, traditionnellement républicains. Les candidats démocrates ont qualifié la politique douanière de Trump d’« auto-sabotage économique », et cette critique trouve un écho grandissant. L’inflation persiste malgré les promesses de campagne, le pouvoir d’achat stagne, et les classes moyennes qui avaient voté Trump en espérant une amélioration de leur situation économique constatent amèrement qu’elles ont été trompées. La Maison-Blanche devrait porter davantage d’attention au pouvoir d’achat dans les mois à venir, mais elle ne semble pas décidée à changer ses méthodes, selon Le Monde.

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