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Les mots d’Epstein qui accusent Trump

Dans un email d’avril 2011 adressé à Ghislaine Maxwell, trois ans après avoir plaidé coupable de crimes sexuels impliquant une mineure, Jeffrey Epstein évoque Donald Trump avec une familiarité troublante. Il écrit : « Je veux que tu réalises que le chien qui n’a pas aboyé, c’est Trump. » Il poursuit en affirmant qu’une victime non nommée a passé des heures dans sa maison avec Trump. Puis vient la phrase qui déchire le voile : « Bien sûr, il savait pour les filles, car il a demandé à Ghislaine d’arrêter. » Ces mots, sortis directement de la correspondance privée d’un trafiquant sexuel condamné, contredisent frontalement les déclarations répétées de Trump selon lesquelles il ne savait rien des activités criminelles d’Epstein. Le président américain a toujours prétendu avoir banni Epstein de son club Mar-a-Lago pour avoir dragué la fille d’un membre. Mais selon Epstein lui-même, Trump n’a jamais demandé sa démission et « n’a jamais été membre. »

Un nom qui revient encore et encore

Le nom de Donald Trump apparaît au moins 1500 fois dans cette montagne de documents. Quinze cents fois. Ce n’est pas une coïncidence. Ce n’est pas une simple relation d’affaires lointaine. C’est une présence omniprésente, obsessionnelle, qui traverse les années et les correspondances. Les emails montrent qu’Epstein mentionnait Trump à répétition dans ses échanges avec des journalistes, des associés, des complices. Dans un message de 2018, Epstein écrivait : « Je sais à quel point Donald est sale. » Ces mots, écrits par un homme qui connaissait intimement les secrets les plus sombres de l’élite mondiale, résonnent comme un aveu posthume. Les républicains du Comité de surveillance ont tenté de minimiser l’impact en affirmant que certains emails montrent Epstein exprimant son mécontentement envers Trump et sa présidence. Mais cette défense sonne creux face à l’accumulation des preuves.

La victime qui n’a jamais témoigné contre Trump

Les républicains affirment que la victime non nommée mentionnée dans l’email d’Epstein est Virginia Giuffre, l’une des survivantes les plus en vue d’Epstein, décédée par suicide. Ils insistent sur le fait qu’elle n’a jamais témoigné avoir vu Trump commettre des actes répréhensibles. Mais cette argumentation ignore l’essentiel : Epstein lui-même affirme que Trump « savait pour les filles. » Il ne s’agit pas de savoir si Trump a commis des crimes – bien que la question demeure suspendue comme une épée de Damoclès – mais de savoir ce qu’il savait, quand il le savait, et pourquoi il a menti pendant des années. La connaissance du mal, la complicité par le silence, l’omerta qui protège les prédateurs : voilà ce qui émerge de ces documents. Et voilà ce que Trump ne peut plus nier.

Trump en mode panique

La réaction de Donald Trump face à cette avalanche révèle tout. Sur Truth Social, il dénonce « le canular Jeffrey Epstein« , une expression qui trahit sa nervosité. Un canular ? Quand les documents proviennent de la succession officielle d’Epstein, obtenus par assignation à comparaître, publiés conjointement par démocrates et républicains ? Trump a rencontré en privé plusieurs républicains qui ont rejoint les démocrates pour soutenir la publication complète des dossiers Epstein. Ces rencontres, tenues dans la Situation Room de la Maison Blanche, avaient pour objectif de faire pression sur les élus récalcitrants. La députée Lauren Boebert, connue pour son soutien inconditionnel à Trump, a ainsi été convoquée mercredi 12 novembre pour discuter de sa position sur les fichiers Epstein. Le message est clair : loyauté ou trahison. Mais quatre républicains ont quand même franchi la ligne rouge.

La Maison Blanche contre-attaque mollement

Karoline Leavitt, la secrétaire de presse de la Maison Blanche, a multiplié les points de presse pour contenir les dégâts. Elle répète que Trump a banni Epstein de Mar-a-Lago pour être « un pervers » et un « pédophile. » Mais ces affirmations, répétées ad nauseam depuis 2019, ne répondent pas aux questions soulevées par les nouveaux emails. Quand exactement Trump a-t-il banni Epstein ? Pourquoi a-t-il continué à socialiser avec lui pendant des années après les premières accusations en 2005 ? Pourquoi Epstein écrivait-il en 2011 que Trump n’a jamais demandé sa démission ? La défense de la Maison Blanche repose sur des généralisations et des démentis catégoriques, mais elle s’effondre face aux détails. Les journalistes pressent Leavitt : Trump a-t-il passé du temps chez Epstein avec une de ses victimes, comme le suggère l’email ? Pas de réponse claire. Juste des formules toutes faites.

Les démocrates à l’attaque

Le représentant démocrate Robert Garcia, membre classé du Comité de surveillance, a déclaré : « Plus Donald Trump essaie de dissimuler les dossiers Epstein, plus nous découvrons de choses. » Cette phrase résume la dynamique actuelle. Chaque tentative de Trump de minimiser, de nier, de détourner l’attention ne fait qu’alimenter la machine à révélations. En septembre 2025, les démocrates ont publié plus de 200 pages d’un livre d’anniversaire créé pour Epstein il y a plus de vingt ans, contenant un dessin obscène et une lettre apparemment signée par Trump. Le président a qualifié le dessin et la signature de « faux. » Mais les experts en graphologie et les analystes médico-légaux ne sont pas convaincus. L’accumulation des preuves dessine un portrait de plus en plus sombre d’une relation que Trump a désespérément tenté d’effacer de l’histoire.

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