Les mensonges sur l’immigration et les « criminels »
Depuis son discours d’investiture en janvier 2025, Trump a répété sans relâche cette affirmation infondée : le gouvernement américain « offre un sanctuaire et une protection aux criminels dangereux, dont beaucoup proviennent de prisons et d’institutions psychiatriques et qui sont entrés illégalement dans notre pays depuis le monde entier. » Aucune vérification des faits ne soutient cette déclaration. Aucune donnée crédible ne confirme cette invasion fantasmée de délinquants étrangers. Pourtant, Trump la martèle, encore et encore, dans chaque discours, chaque interview, chaque rassemblement. Il prétend que des « villes sanctuaires » auraient protégé « 268 000 criminels »—un chiffre sorti de nulle part, démenti par tous les experts, mais répété jusqu’à ce qu’il acquière dans l’esprit de millions d’Américains une aura de vérité. C’est la technique du mensonge répété : si vous dites quelque chose assez souvent, assez fort, avec assez de conviction, cela finit par devenir réel pour ceux qui veulent y croire. Et Trump sait exactement comment exploiter ce mécanisme psychologique, comment transformer la peur en arme politique, comment faire de l’immigration le bouc émissaire de tous les maux américains. Il suffit de regarder l’histoire : en 2015, il accusait déjà les Mexicains d’être des « violeurs » et des « criminels ». En 2024, il prétendait que des migrants haïtiens mangeaient les animaux domestiques—une absurdité si grotesque que même ses propres conseillers ont dû se mordre les lèvres.
Le fantasme du canal de Panama contrôlé par la Chine
Dans son discours d’investiture, Trump a affirmé avec aplomb que « c’est la Chine qui gère le canal de Panama ». Une déclaration qui a laissé les experts pantois. La Chine n’exploite pas le canal de Panama. Ce sont les Panaméens qui le gèrent, depuis que les États-Unis leur ont transféré le contrôle en 1999. Oui, des entreprises chinoises ont des investissements dans la région, comme elles en ont partout dans le monde. Mais de là à prétendre que Pékin « contrôle » cette voie maritime stratégique, il y a un gouffre que seul Trump ose franchir avec une telle désinvolture. Pourquoi ce mensonge? Pour alimenter la paranoïa anti-chinoise qui structure désormais toute la politique extérieure américaine. Pour justifier des politiques agressives, des droits de douane punitifs, une rhétorique belliqueuse. Trump sait que la Chine fait peur aux Américains—elle représente la puissance montante, le concurrent économique, la menace géopolitique. Alors il invente des scénarios où la Chine serait déjà en train de prendre le contrôle d’infrastructures stratégiques américaines, où les États-Unis seraient déjà en train de perdre la bataille. Et peu importe que ce soit faux—ce qui compte, c’est l’émotion que cela génère, la peur viscérale qui pousse les gens à se rallier derrière un leader « fort » qui promet de les protéger.
L’obligation des véhicules électriques qui n’existe pas
Trump a promis lors de son investiture de « révoquer l’obligation des véhicules électriques, sauvant ainsi l’industrie automobile et respectant mon engagement sacré envers nos grands travailleurs américains de l’automobile. » Un seul problème : cette obligation n’existe pas. Il n’y a jamais eu de mandat fédéral forçant les Américains à acheter des véhicules électriques. Il existe des incitations fiscales, des normes d’émissions que les constructeurs doivent respecter, des objectifs environnementaux ambitieux—mais aucune loi n’oblige quiconque à abandonner sa voiture à essence pour une Tesla. Pourquoi alors inventer cette fiction? Parce que Trump sait que les travailleurs de l’automobile traditionnelle ont peur de l’électrification, qu’ils craignent pour leurs emplois dans les usines de moteurs à combustion. En créant un ennemi imaginaire—cette « obligation » tyrannique imposée par les élites écologistes—il se positionne en sauveur, en défenseur des cols bleus contre les bureaucrates de Washington. C’est un mensonge stratégique, calculé pour séduire une base électorale spécifique. Et cela fonctionne, parce que personne ne prend le temps de vérifier, parce que les médias conservateurs relaient sans critique, parce que la vérité importe moins que le récit.
Les relations commerciales avec le Canada minimisées
Lors de sa rencontre avec Mark Carney, le nouveau premier ministre du Canada, Trump a affirmé que les États-Unis ne font « pas beaucoup d’affaires » avec leur voisin du Nord. C’est objectivement faux. Le Bureau du représentant américain au commerce le confirme sans ambiguïté : en 2024, le Canada était la première destination des exportations américaines et la troisième plus grande source d’importations. Les échanges commerciaux entre les deux pays représentent des centaines de milliards de dollars chaque année. Des milliers d’entreprises américaines dépendent de chaînes d’approvisionnement intégrées avec le Canada. Des millions d’emplois américains sont liés à ce partenariat économique. Pourtant, Trump minimise cette réalité, la balaie d’un revers de main, parce qu’elle ne cadre pas avec sa narration de guerre commerciale, de protectionnisme agressif, de « Make America Great Again » qui exige des ennemis extérieurs à combattre. En dénigrant l’importance du Canada, il prépare le terrain pour des politiques commerciales destructrices, pour des droits de douane qui finiront par appauvrir les consommateurs américains eux-mêmes.
Je me demande parfois si Trump croit à ses propres mensonges. S’il a tellement répété ces fictions qu’elles sont devenues pour lui une réalité parallèle, un univers où les faits n’ont plus d’importance, où seule compte la puissance du récit. Ou s’il sait parfaitement ce qu’il fait—s’il ment en toute conscience, avec cynisme, en calculant froidement l’effet de chaque déclaration trompeuse sur son auditoire. Peut-être que la distinction n’a plus d’importance. Peut-être que le mensonge est devenu sa nature même, sa façon d’être au monde, son langage politique. Et ce qui me terrifie vraiment, c’est que cela semble fonctionner—encore aujourd’hui, malgré tout, des millions d’Américains croient chaque mot qu’il prononce.
L'arrogance autoritaire d'un président qui se croit au-dessus des lois
Le démantèlement systématique des contre-pouvoirs
En février 2025, Trump a signé un décret exécutif explosif qui ordonne à toutes les agences régulatrices indépendantes—la Commission fédérale du commerce, la Securities and Exchange Commission, la Commission électorale fédérale et d’autres—de soumettre leurs règlements, budgets et positions juridiques au contrôle de la Maison-Blanche via le Bureau de la gestion et du budget. Pendant plus d’un siècle, le Congrès a conçu ces agences pour qu’elles fonctionnent avec une indépendance significative par rapport au contrôle présidentiel. Leurs commissaires ont des mandats fixes et des exigences bipartisanes. Ils ne peuvent être révoqués que pour motif valable, pas pour désaccord politique. Cette structure leur permet de faire appliquer les lois et de protéger l’intérêt public sans ingérence directe de la Maison-Blanche. Le décret de Trump revendique le pouvoir de contourner ces protections statutaires. Il permettrait à son administration de contrôler tout, de l’application des lois antitrust à la surveillance électorale, en passant par les allocations budgétaires et la révision réglementaire. La Maison-Blanche pourrait bloquer les enquêtes sur les alliés ou façonner les règles pour punir les opposants. Même si les tribunaux finissent par rejeter cette prise de pouvoir comme illégale, le décret révèle la vision de Trump d’un contrôle présidentiel sans limite.
L’attaque contre le système judiciaire
Trump va encore plus loin en suggérant que le contrôle judiciaire lui-même est illégitime lorsqu’il contraint son programme. Son administration soutient que les tribunaux ne peuvent pas évaluer ses déclarations d’urgence ni examiner ses interprétations constitutionnelles. Il ne s’agit pas de contester des décisions particulières, mais de rejeter le principe fondamental selon lequel les tribunaux peuvent contrôler le pouvoir exécutif. C’est une attaque frontale contre l’un des piliers de la démocratie américaine : la séparation des pouvoirs, l’équilibre entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Trump se comporte comme si les juges qui statuent contre lui étaient des ennemis politiques, comme si les décisions judiciaires qui contrarient ses plans étaient des actes de trahison. Il attaque publiquement les magistrats, les insulte sur les réseaux sociaux, encourage ses partisans à les harceler. Cette rhétorique est dangereuse—elle érode la confiance dans les institutions, elle ouvre la voie à une concentration du pouvoir entre les mains d’un seul homme qui se considère au-dessus des lois.
La purge du ministère de la Justice et du FBI
La purge systématique des procureurs du ministère de la Justice et des agents du FBI révèle un mépris similaire pour les limites constitutionnelles. Trump a limogé massivement les enquêteurs qui avaient travaillé sur les événements du 6 janvier 2021, lorsque ses partisans avaient pris d’assaut le Capitole. Ses défenseurs présentent cette épuration comme une « réciprocité » équitable pour de prétendus torts passés. Mais licencier des fonctionnaires de carrière pour avoir enquêté sur les alliés présidentiels n’est pas une politique de transition normale—c’est transformer l’application de la loi en une arme politique personnelle. C’est envoyer un message clair à tous ceux qui travaillent dans ces agences : si vous enquêtez sur le président ou ses amis, votre carrière est terminée. C’est créer un climat de peur où l’indépendance professionnelle devient impossible, où la loyauté personnelle au président prime sur l’engagement envers la loi. Et les conséquences à long terme sont terrifiantes—une fois que ces institutions ont été politisées, comment peut-on jamais leur faire confiance à nouveau?
Le retrait scandaleux de la protection du Secret Service
Le cas le plus révoltant de vengeance personnelle est peut-être le retrait par Trump de la protection du Secret Service à d’anciens responsables confrontés à des menaces actives d’assassinat iranien. John Bolton et d’autres critiques de Trump, qui ont servi leur pays pendant des décennies, se retrouvent maintenant exposés à des menaces de mort crédibles—parce qu’ils ont osé critiquer le président. Même si ces hommes s’opposent aujourd’hui à Trump, les laisser exposés à des menaces mortelles viole une responsabilité fondamentale : protéger les vies américaines, en particulier celles qui sont en danger en raison de leur service gouvernemental passé. C’est une cruauté calculée, un abus de pouvoir qui transforme la sécurité nationale en instrument de représailles personnelles. Trump envoie un message : si vous me trahissez, je vous abandonne à vos ennemis, même si cela signifie votre mort. Cette absence totale d’éthique, cette instrumentalisation de la vie humaine au service de vendettas personnelles, voilà ce qui définit l’arrogance de Trump en 2025.
Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette accumulation de pouvoirs, dans cette volonté obsessionnelle de briser tous les garde-fous. Comme si Trump ne pouvait pas supporter l’idée qu’une institution, n’importe laquelle, puisse lui dire non. Comme si le simple fait d’être élu lui donnait tous les droits, comme si la démocratie n’était qu’un mot vide, un obstacle à contourner. J’ai longtemps cru que les institutions américaines étaient assez solides pour résister—mais aujourd’hui, en novembre 2025, je n’en suis plus aussi sûr. Les digues cèdent une à une, et personne ne semble avoir la force de les retenir.
Le prix des promesses brisées sur le coût de la vie
L’illusion économique qui s’effondre
Trump avait promis une chose simple, directe, compréhensible : rétablir le pouvoir d’achat des Américains moyens. C’était le cœur de sa campagne de 2024, la raison pour laquelle tant d’électeurs indécis ont fini par lui donner leur voix. Ils ne l’aimaient pas forcément, ils n’approuvaient pas nécessairement son comportement, mais ils avaient mal—leurs factures d’épicerie avaient doublé, leurs loyers grimpaient, leur salaire ne suivait plus. Et Trump leur avait dit : je vais réparer ça, je vais vous rendre votre prospérité, vous allez à nouveau pouvoir vivre dignement. Un an plus tard, en novembre 2025, cette promesse s’est révélée être un mirage cruel. Le coût de la vie continue d’augmenter. L’inflation persiste, alimentée en partie par les droits de douane massifs que Trump a imposés—des taxes sur les importations qui finissent par être payées par les consommateurs américains eux-mêmes. Les prix à la pompe restent élevés. Les loyers continuent leur ascension. Et pendant ce temps, Trump organise des fêtes somptueuses à la Maison-Blanche, remplie de dorures et de marbre, vivant comme un prince pendant que ses électeurs peinent à joindre les deux bouts.
Le shutdown record qui paralyse le pays
Depuis le 1er octobre 2025, les États-Unis vivent le shutdown gouvernemental le plus long de leur histoire—plus de 35 jours de paralysie budgétaire. Des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux ont été mis à pied ou travaillent sans salaire. Les aides sociales sont suspendues. Les services publics sont entravés. Des familles qui dépendaient de ces prestations se retrouvent sans filet de sécurité. Des employés fédéraux font la queue dans les banques alimentaires. Et tout cela pourquoi? Parce que Trump refuse tout compromis avec les démocrates, parce qu’il exige que son budget passe tel quel, parce qu’il qualifie les parlementaires de l’opposition de « kamikazes » et appelle les sénateurs républicains à « passer en force » pour voter une loi de finances. Il veut enterrer le « filibuster », cette pratique de compromis politique qui exige de rassembler une majorité qualifiée—parce que même une majorité simple ne lui suffit pas, parce qu’il veut un pouvoir absolu et sans contrainte. Et pendant cette paralysie, les Américains souffrent. Ils voient leur président préférer la confrontation politique à leur bien-être, préférer sa fierté personnelle à leur survie quotidienne.
Les droits de douane qui appauvrissent les consommateurs
Trump a créé un « Service des recettes externes » pour collecter « tous les tarifs, droits et revenus ». Il a promis que ce seraient « des sommes massives d’argent qui afflueront dans notre Trésor, en provenance de sources étrangères ». C’est une incompréhension fondamentale—ou une tromperie délibérée—de la manière dont fonctionnent les droits de douane. Ces taxes ne sont pas payées par les pays étrangers. Elles sont payées par les importateurs américains, qui les répercutent ensuite sur les consommateurs américains sous forme de prix plus élevés. Chaque fois que Trump impose des droits de douane sur les produits chinois, mexicains ou canadiens, c’est l’Américain moyen qui paie la facture à la caisse du supermarché. Les économistes le savent. Les experts le répètent. Mais Trump continue de prétendre que c’est la Chine qui paie—parce que c’est plus vendeur politiquement, parce que cela alimente son récit nationaliste. Et les Américains, eux, voient leurs factures augmenter et se demandent pourquoi cette prospérité promise tarde tant à arriver.
La déconnexion totale avec la réalité des fins de mois difficiles
Thomas Kahn, analyste politique, résume parfaitement la situation : Trump « a toujours été un communicant efficace », martelant des messages simples sur la vie chère et l’insécurité, mais il est aujourd’hui « en roue libre ». Il continue de répéter les mêmes slogans, les mêmes promesses, alors que la réalité les a depuis longtemps démentis. Les Américains voient ce décalage grotesque entre les dorures de la Maison-Blanche et leurs propres difficultés. Ils le voient organiser une fête clinquante pour Halloween alors qu’ils peinent à payer leur loyer. Ils le voient vivre comme un monarque alors qu’ils font leurs courses avec des coupons de réduction. Robert Rowland l’exprime sans détour : « Les Américains sont à la peine et ils le voient vivre comme un prince. » Cette déconnexion n’est pas qu’une question d’optique—elle révèle quelque chose de profond sur la vision que Trump a de sa fonction. Il n’est pas président pour servir le peuple, mais pour jouir du pouvoir, pour s’entourer de luxe, pour exercer sa domination. Le bien-être des citoyens ordinaires est secondaire, accessoire, négligeable face à son propre ego démesuré.
Ce qui me frappe le plus, c’est la cruauté de cette trahison. Parce que ces gens qui l’ont élu, ces électeurs qui croyaient en ses promesses économiques, ils n’étaient pas tous des fanatiques MAGA. Beaucoup étaient simplement désespérés, épuisés par des années de stagnation salariale, terrifiés par l’inflation galopante. Ils ont voté Trump en se bouchant le nez, en espérant qu’au moins il améliorerait leur situation financière. Et aujourd’hui, ils se rendent compte qu’ils ont été utilisés, manipulés, jetés après usage. Leur détresse a été exploitée pour porter au pouvoir un homme qui n’a jamais eu l’intention de tenir ses promesses—et je ne sais pas s’ils pourront jamais pardonner ça.
La débâcle électorale du 4 novembre 2025
Une soirée calamiteuse pour les républicains
Le 4 novembre 2025 restera dans les mémoires comme une gifle monumentale pour Donald Trump et son parti. Lors d’élections locales qui devaient être des formalités, les républicains ont subi défaite sur défaite. Des sièges qu’ils tenaient depuis des décennies ont basculé vers les démocrates. Des électeurs qui avaient voté Trump en 2024 ont cette fois coché la case du parti adverse. « Nous ne nous attendions pas à une victoire hier soir dans plusieurs élections locales remportées haut la main par l’opposition démocrate, mais je pense que ce n’était pas bon pour les républicains », a admis Trump lui-même en s’adressant à des sénateurs de son parti. C’est un euphémisme remarquable—Trump, qui ne reconnaît jamais ses échecs, qui transforme habituellement chaque défaite en victoire narrative, a été contraint de reconnaître l’évidence. Même Steve Bannon, ce stratège impitoyable qui a construit l’empire MAGA, a lancé un avertissement : les républicains doivent « entendre » ce message des urnes. Mais l’entendront-ils vraiment? Ou continueront-ils à suivre aveuglément un leader qui les mène droit dans le mur?
Le verdict sans appel de Robert Rowland
Robert Rowland, professeur de communication à l’université du Kansas, n’y va pas par quatre chemins : « C’était une très, très mauvaise soirée pour Donald Trump. » Son analyse est implacable. Trump est revenu au pouvoir non seulement grâce au soutien indéfectible de sa base MAGA, mais surtout parce qu’il a rallié des électeurs indécis, préoccupés avant tout par leurs fins de mois difficiles. Ces électeurs n’étaient pas des idéologues—ils voulaient simplement pouvoir payer leurs factures, remplir leur réservoir d’essence sans angoisser, faire leurs courses sans calculer chaque article. Trump leur avait promis cette stabilité économique. Un an plus tard, ils constatent que rien n’a changé—ou plutôt, que tout a empiré. Et ils expriment leur déception de la seule manière qui compte vraiment dans une démocratie : en votant pour l’autre camp. Cette défection des électeurs modérés, ceux qui avaient fait la différence en 2024, annonce un danger existentiel pour Trump et les républicains à l’approche des élections de mi-mandat de 2026.
Le soutien républicain qui commence à se fissurer
Même parmi les républicains les plus loyaux, des fissures apparaissent. Des sénateurs qui jusqu’ici suivaient aveuglément Trump commencent à exprimer des doutes, à prendre leurs distances, à voter contre certaines de ses propositions les plus extrêmes. Ils voient les sondages catastrophiques. Ils entendent les remontées de terrain de leurs circonscriptions. Ils savent que les élections de mi-mandat approchent—ces fameuses « midterms » qui renouvellent un tiers des sièges du Sénat et tous ceux de la Chambre des représentants. Et ils savent que si la tendance actuelle se poursuit, ils risquent de perdre leur majorité, voire leurs propres sièges. Trump leur demande d’enterrer le « filibuster », cette pratique de compromis qui exige une majorité qualifiée au Sénat. Il veut qu’ils passent en force, qu’ils adoptent réforme sur réforme sans négocier avec les démocrates. Mais beaucoup hésitent maintenant—ils se demandent si suivre Trump jusqu’au bout ne reviendrait pas à signer leur propre arrêt de mort politique.
Il y a quelque chose de tragique dans la chute d’un parti qui s’est tant perdu en route. Les républicains d’autrefois croyaient aux principes conservateurs—responsabilité fiscale, gouvernement limité, primauté du droit. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une extension de la volonté d’un seul homme, des vassaux qui tremblent à l’idée de contrarier leur suzerain. Et ils découvrent maintenant que cette allégeance aveugle a un prix—l’abandon de leurs électeurs, la perte de leur crédibilité, peut-être bientôt la perte du pouvoir lui-même. On récolte ce qu’on sème, dit le proverbe. Et les républicains sont en train de récolter une tempête.
L'effondrement des taux d'approbation
36% d’approbation, 62% de désapprobation
Les chiffres sont sans pitié. Un sondage AP-NORC mené entre le 6 et le 10 novembre 2025 révèle que seulement 36% des Américains approuvent la manière dont Trump exerce ses fonctions présidentielles, tandis que 62% désapprouvent. Ces résultats font de lui le président le plus impopulaire depuis 1952. Son taux net d’approbation est de -13 points, un gouffre qui ne cesse de se creuser depuis le début du shutdown gouvernemental le 1er octobre. Nate Silver, le célèbre analyste de sondages, note que le taux net d’approbation de Trump « plane autour de -13 depuis le début du mois ». Lorsque le shutdown a commencé, il était à -9,3. En un mois et demi de paralysie gouvernementale, Trump a perdu encore plus de soutien. Ces chiffres révèlent une désaffection massive qui traverse toutes les catégories démographiques—même si, comme toujours, il existe un écart entre les adultes en général (où il est à -15,5 points) et les électeurs inscrits/probables (où il est à -11 points). Mais quelle que soit la métrique utilisée, le verdict est clair : les Américains ne font plus confiance à leur président.
Des notes catastrophiques sur l’économie et l’inflation
C’est sur les questions économiques que l’effondrement de Trump est le plus spectaculaire. Son taux d’approbation net sur la gestion de l’économie est de -17,6 points. Sur le commerce, c’est également -17,6. Mais c’est sur l’inflation que le désastre atteint son apogée : -27,5 points. Seulement 33% des Américains approuvent sa gestion de l’économie, un chiffre qui n’a presque pas bougé depuis octobre. Sur les soins de santé, c’est encore pire : 34% d’approbation. Sur la gestion du gouvernement fédéral, l’approbation a chuté de 43% en mars 2025 à 33% en novembre—une dégringolade de 10 points en huit mois. Ces chiffres racontent une histoire simple et terrible : Trump avait été élu pour améliorer la situation économique des Américains, et il a échoué. Non seulement il n’a pas tenu ses promesses, mais il a aggravé la situation avec ses droits de douane, son shutdown budgétaire, son incapacité à gérer la machine gouvernementale. Robert Rowland le résume parfaitement : « Trump peut survivre à tout, sauf à de mauvaises nouvelles économiques. » Et aujourd’hui, les nouvelles économiques sont désastreuses.
La Morning Consult confirme la tendance
Un autre sondage, celui de Morning Consult mené entre le 7 et le 9 novembre, confirme cette chute libre. Le taux net d’approbation de Trump y est de -10 points. Newsweek titre sur « une grosse baisse » du taux d’approbation net du président. Partout, dans tous les instituts de sondage, la même histoire se répète : Trump perd le soutien populaire à une vitesse alarmante. Et contrairement à ce que ses défenseurs prétendent, ce n’est pas parce que les médias le critiquent—c’est parce que les Américains vivent au quotidien les conséquences de ses politiques. Ils voient leurs factures augmenter. Ils voient les fonctionnaires fédéraux faire la queue dans les banques alimentaires pendant le shutdown. Ils voient Trump vivre comme un roi pendant qu’eux peinent à survivre. Et ils tirent leurs propres conclusions, sans avoir besoin que CNN ou le New York Times les influencent. Les faits parlent d’eux-mêmes, et ils condamnent sans appel la présidence Trump.
Ces sondages me fascinent autant qu’ils me terrifient. Ils prouvent qu’il existe encore une majorité d’Américains capable de voir la réalité, capable de juger un président sur ses actes plutôt que sur ses promesses. Mais ils prouvent aussi que 36% des citoyens approuvent toujours Trump—malgré les mensonges, malgré l’arrogance, malgré les échecs répétés. Comment expliquer cette loyauté inébranlable? Est-ce de la foi aveugle? De l’identification tribale? De l’incapacité à admettre qu’on s’est trompé? Je ne sais pas. Mais je sais que cette fracture dans la société américaine—entre ceux qui voient Trump tel qu’il est et ceux qui refusent de le voir—ne se refermera pas de sitôt.
Les attaques contre les médias et la vérité
La menace d’un milliard de dollars contre la BBC
En novembre 2025, Trump a menacé la BBC d’une plainte en diffamation d’un milliard de dollars pour un montage jugé trompeur. L’affaire concerne un documentaire du magazine d’information « Panorama » diffusé en octobre 2024, une semaine avant l’élection présidentielle. La BBC est accusée d’avoir monté des passages différents d’un discours de Trump datant du 6 janvier 2021—le jour où ses partisans ont pris d’assaut le Capitole—de façon à ce qu’il semble dire à ces derniers qu’il va marcher avec eux vers le Capitole pour qu’ils « se battent comme des diables ». Le porte-parole de Trump a déclaré : « Le président Trump continuera à demander des comptes à ceux qui propagent des mensonges, des tromperies et de fausses informations. » L’ironie est tellement épaisse qu’on pourrait la couper au couteau—Trump, qui ment trois fois par minute lors de ses conférences de presse, qui a prononcé plus de 30 000 déclarations fausses ou trompeuses durant son premier mandat, qui vit dans un univers de réalité alternative, se pose en défenseur de la vérité contre les médias. C’est un renversement orwellien où le plus grand menteur de l’histoire politique américaine accuse les autres de désinformation.
La démission du directeur général de la BBC
Le coup de tonnerre est venu le 8 novembre 2025 : Tim Davie, le directeur général de la BBC, et Deborah Turness, la patronne de l’information du groupe audiovisuel public britannique, ont tous deux démissionné. « Un triste jour », ont titré les journaux. Cette affaire révèle l’intensité des pressions que Trump est capable d’exercer sur les médias, même étrangers. Une plainte d’un milliard de dollars, ce n’est pas anodin—même si la BBC finit par gagner en justice, les coûts légaux seront astronomiques. Et Trump le sait. Il utilise le système judiciaire comme une arme pour intimider, pour faire taire, pour punir ceux qui osent le critiquer. Ce n’est pas la première fois—il a récemment déposé une plainte de 15 milliards de dollars contre un autre média pour des articles sur l’origine de sa fortune. Ces sommes astronomiques ne sont pas censées être réalistes—elles sont censées être terrifiantes, censées faire comprendre aux journalistes que s’attaquer à Trump coûtera cher, très cher.
Le projet 2025 qu’il prétendait rejeter
En octobre 2025, Trump a commencé à embrasser ouvertement le Projet 2025, ce plan conservateur radical qu’il avait nié pendant toute sa campagne. « Trump est maintenant en train d’embrasser ce plan, quelque chose que nous savions tous qui serait le cas, mais il a mené une campagne très efficace en mentant simplement à ce sujet », déclare un commentateur. Tout au long de 2024, Trump avait juré qu’il ne connaissait pas le Projet 2025, qu’il n’avait rien à voir avec ça, que c’étaient des élucubrations de think tanks conservateurs dont il se distanciait. C’était un mensonge calculé. Il savait que le Projet 2025—avec ses propositions de démantèlement de l’administration fédérale, de centralisation du pouvoir exécutif, de purge des fonctionnaires « déloyaux »—était impopulaire. Alors il l’a nié. Il a menti à tout le pays pendant un an entier. Et maintenant qu’il est en sécurité au pouvoir, il met en œuvre exactement ce qu’il prétendait rejeter. « Donald Trump s’est tenu devant toute la nation pendant une année entière et a simplement menti pour se faire élire. Et maintenant il admet ce que beaucoup d’entre nous savaient déjà », constate un analyste avec amertume.
Cette guerre contre les médias me donne la nausée. Non pas parce que je pense que les journalistes sont parfaits—ils ne le sont pas, ils font des erreurs, ils ont leurs biais. Mais parce que Trump ne cherche pas à corriger des erreurs factuelles, il cherche à détruire le concept même de vérité vérifiable. Il veut un monde où seule sa version des faits compte, où toute critique devient « fake news », où les institutions qui devraient le tenir responsable sont terrorisées au silence. Et le pire, c’est qu’il gagne—regardez ces démissions à la BBC, regardez comme les médias marchent sur des œufs de peur d’être la prochaine cible. La liberté de la presse ne meurt pas dans un coup d’État spectaculaire—elle meurt dans ces mille petites capitulations, ces mille moments où les journalistes décident qu’il vaut mieux se taire que risquer une plainte d’un milliard de dollars.
Jusqu'où l'Amérique endurera cette dérive
La menace d’un milliard de dollars contre la BBC
En novembre 2025, Trump a menacé la BBC d’une plainte en diffamation d’un milliard de dollars pour un montage jugé trompeur. L’affaire concerne un documentaire du magazine d’information « Panorama » diffusé en octobre 2024, une semaine avant l’élection présidentielle. La BBC est accusée d’avoir monté des passages différents d’un discours de Trump datant du 6 janvier 2021—le jour où ses partisans ont pris d’assaut le Capitole—de façon à ce qu’il semble dire à ces derniers qu’il va marcher avec eux vers le Capitole pour qu’ils « se battent comme des diables ». Le porte-parole de Trump a déclaré : « Le président Trump continuera à demander des comptes à ceux qui propagent des mensonges, des tromperies et de fausses informations. » L’ironie est tellement épaisse qu’on pourrait la couper au couteau—Trump, qui ment trois fois par minute lors de ses conférences de presse, qui a prononcé plus de 30 000 déclarations fausses ou trompeuses durant son premier mandat, qui vit dans un univers de réalité alternative, se pose en défenseur de la vérité contre les médias. C’est un renversement orwellien où le plus grand menteur de l’histoire politique américaine accuse les autres de désinformation.
La démission du directeur général de la BBC
Le coup de tonnerre est venu le 8 novembre 2025 : Tim Davie, le directeur général de la BBC, et Deborah Turness, la patronne de l’information du groupe audiovisuel public britannique, ont tous deux démissionné. « Un triste jour », ont titré les journaux. Cette affaire révèle l’intensité des pressions que Trump est capable d’exercer sur les médias, même étrangers. Une plainte d’un milliard de dollars, ce n’est pas anodin—même si la BBC finit par gagner en justice, les coûts légaux seront astronomiques. Et Trump le sait. Il utilise le système judiciaire comme une arme pour intimider, pour faire taire, pour punir ceux qui osent le critiquer. Ce n’est pas la première fois—il a récemment déposé une plainte de 15 milliards de dollars contre un autre média pour des articles sur l’origine de sa fortune. Ces sommes astronomiques ne sont pas censées être réalistes—elles sont censées être terrifiantes, censées faire comprendre aux journalistes que s’attaquer à Trump coûtera cher, très cher.
Le projet 2025 qu’il prétendait rejeter
En octobre 2025, Trump a commencé à embrasser ouvertement le Projet 2025, ce plan conservateur radical qu’il avait nié pendant toute sa campagne. « Trump est maintenant en train d’embrasser ce plan, quelque chose que nous savions tous qui serait le cas, mais il a mené une campagne très efficace en mentant simplement à ce sujet », déclare un commentateur. Tout au long de 2024, Trump avait juré qu’il ne connaissait pas le Projet 2025, qu’il n’avait rien à voir avec ça, que c’étaient des élucubrations de think tanks conservateurs dont il se distanciait. C’était un mensonge calculé. Il savait que le Projet 2025—avec ses propositions de démantèlement de l’administration fédérale, de centralisation du pouvoir exécutif, de purge des fonctionnaires « déloyaux »—était impopulaire. Alors il l’a nié. Il a menti à tout le pays pendant un an entier. Et maintenant qu’il est en sécurité au pouvoir, il met en œuvre exactement ce qu’il prétendait rejeter. « Donald Trump s’est tenu devant toute la nation pendant une année entière et a simplement menti pour se faire élire. Et maintenant il admet ce que beaucoup d’entre nous savaient déjà », constate un analyste avec amertume.
Cette guerre contre les médias me donne la nausée. Non pas parce que je pense que les journalistes sont parfaits—ils ne le sont pas, ils font des erreurs, ils ont leurs biais. Mais parce que Trump ne cherche pas à corriger des erreurs factuelles, il cherche à détruire le concept même de vérité vérifiable. Il veut un monde où seule sa version des faits compte, où toute critique devient « fake news », où les institutions qui devraient le tenir responsable sont terrorisées au silence. Et le pire, c’est qu’il gagne—regardez ces démissions à la BBC, regardez comme les médias marchent sur des œufs de peur d’être la prochaine cible. La liberté de la presse ne meurt pas dans un coup d’État spectaculaire—elle meurt dans ces mille petites capitulations, ces mille moments où les journalistes décident qu’il vaut mieux se taire que risquer une plainte d’un milliard de dollars.
Conclusion
Novembre 2025 marque peut-être un point de bascule dans la présidence Trump. Les mensonges continuent—sur l’immigration, sur le canal de Panama, sur les véhicules électriques, sur le commerce canadien, sur tout et n’importe quoi. L’arrogance persiste—le démantèlement des contre-pouvoirs, les attaques contre le judiciaire, la purge du FBI, le retrait cruel de protection pour d’anciens responsables. Les promesses économiques restent brisées—le coût de la vie grimpe, le shutdown paralyse le pays, les droits de douane appauvrissent les consommateurs. Mais quelque chose a changé : les Américains ne semblent plus vouloir l’endurer. Les élections du 4 novembre ont envoyé un message sans équivoque. Les sondages montrent une désapprobation massive et croissante. Même des républicains commencent à prendre leurs distances. La question n’est plus de savoir si Trump ira trop loin—il l’a déjà fait, maintes et maintes fois. La question est de savoir si l’Amérique trouvera en elle la force de dire assez, de tracer une ligne que même ce président ne pourra franchir sans conséquences.
L’histoire nous enseigne que les démocraties ne meurent pas d’un seul coup—elles s’érodent lentement, mensonge après mensonge, abus après abus, capitulation après capitulation. Mais l’histoire nous enseigne aussi que les peuples finissent toujours par se réveiller, que la réalité finit toujours par s’imposer, que les menteurs finissent toujours par être démasqués. Trump a bâti un empire de tromperies et d’arrogance. Il a exploité la colère, la peur, le désespoir de millions d’Américains. Il a promis la prospérité et livré la paralysie. Il a juré de restaurer la grandeur américaine et a plutôt semé la division, le chaos, l’humiliation sur la scène mondiale. La facture de ces mensonges arrive maintenant, et elle sera payée—soit par Trump lui-même dans les urnes, soit par l’Amérique tout entière dans les pages sombres de son histoire future. Le choix appartient désormais au peuple américain : continuer à endurer, ou enfin résister. Et tout indique qu’en ce mois de novembre 2025, froid et désenchanté, la patience touche à sa fin. Les mensonges ont des limites. L’arrogance a un prix. Et la démocratie américaine, blessée mais pas encore morte, tente une dernière fois de se relever et de reprendre son souffle avant qu’il ne soit vraiment, définitivement trop tard.