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Une déclaration explosive au moment crucial

Donald Trump n’a jamais caché son mépris pour l’Obamacare, cette réforme emblématique de son prédécesseur démocrate. Mais sa dernière sortie marque un tournant radical dans le débat sur la santé publique américaine. En pleine négociation au Congrès, le président a choisi de claquer la porte aux discussions sur les subventions ACA, torpillant ainsi les efforts bipartisans pour trouver un compromis avant la date butoir du 31 décembre. Sa position est sans équivoque : il refuse de soutenir toute extension des crédits d’impôt améliorés qui ont permis de doubler le nombre d’inscrits aux marchés d’assurance depuis 2021. Pour Trump, ces aides ne profitent qu’aux compagnies d’assurance qui s’enrichissent sur le dos des contribuables américains.

Le timing de cette déclaration n’est pas anodin. Elle intervient alors que les sénateurs républicains et démocrates devaient se réunir pour négocier les modalités d’une potentielle prolongation. Le chef de la majorité au Sénat, John Thune, avait promis un vote avant la fin de l’année dans le cadre de l’accord qui a mis fin au plus long shutdown de l’histoire américaine. Mais avec Trump qui ordonne maintenant aux législateurs de ne pas « perdre de temps » sur cette question, les chances d’aboutir à un consensus s’amenuisent dramatiquement. Les républicains, déjà réticents à dépenser 335 milliards de dollars supplémentaires sur dix ans pour prolonger ces crédits, trouvent dans la position présidentielle un prétexte parfait pour enterrer le projet.

Le modèle alternatif qui divise

Trump propose une vision radicalement différente du financement de la santé. Au lieu de verser des subventions aux compagnies d’assurance pour réduire les primes des consommateurs, il veut envoyer l’argent directement aux citoyens qui pourront alors choisir librement comment dépenser ces fonds pour leurs soins de santé. « J’appelle aujourd’hui à ce que les compagnies d’assurance ne soient pas payées, mais que cet argent massif soit versé directement aux gens de notre pays afin qu’ils puissent acheter leur propre assurance santé, qui sera bien meilleure et bien moins chère », a déclaré le président lors de la signature de la loi mettant fin au shutdown. Cette approche libertarienne séduit les conservateurs qui y voient une façon de redonner le contrôle aux individus plutôt qu’aux bureaucraties et aux assureurs.

Mais les experts en politique de santé tirent la sonnette d’alarme. Selon le Center on Budget and Policy Priorities, envoyer une somme fixe directement aux consommateurs bénéficierait surtout aux personnes jeunes et en bonne santé au détriment des malades chroniques et des personnes âgées. Les Américains sains dépenseraient moins que le montant reçu, tandis que ceux qui ont besoin de soins importants se retrouveraient avec des factures astronomiques que le versement forfaitaire ne couvrirait pas. De plus, ce système n’améliorerait en rien l’abordabilité des plans offerts sur les marchés d’assurance. Justin Markowski, professeur à l’Université de l’Illinois Chicago, souligne que les crédits actuels ont justement permis de maintenir des primes basses pour rendre l’assurance accessible aux familles et individus qui en ont besoin.

Les républicains pris entre deux feux

Le Parti républicain se retrouve dans une position délicate. D’un côté, les électeurs — y compris les républicains — soutiennent massivement le maintien des subventions qui permettent à des millions de personnes de garder une assurance abordable. Des États traditionnellement conservateurs comme la Virginie-Occidentale comptent des dizaines de milliers de bénéficiaires qui risquent de perdre leur couverture ou de voir leurs primes exploser. De l’autre, l’hostilité idéologique envers l’Obamacare et la pression fiscale exercée par l’aile conservatrice du parti poussent les républicains à refuser toute prolongation des crédits « de l’ère COVID » qu’ils considèrent comme un cadeau fait aux assureurs. Le speaker de la Chambre Mike Johnson a été clair : il ne garantira pas de vote sur une extension des subventions ACA sans réformes majeures du système.

Je regarde cette débâcle et je me demande… À quel moment a-t-on décidé que la santé des gens pouvait devenir un simple pion politique ? Ces millions d’Américains qui dorment tranquilles ce soir, convaincus que leur assurance tiendra jusqu’à l’année prochaine, ignorent peut-être qu’une décision prise dans un bureau feutré de Washington pourrait tout leur arracher d’un coup. C’est ça, la brutalité du pouvoir. Pas de prévenance, pas de transition douce. Juste un ordre présidentiel qui balaye des vies comme on efface un tableau noir.

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