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Sheinbaum refuse toute subordination

Claudia Sheinbaum, première femme présidente du Mexique, incarne une résistance ferme face aux pressions américaines. Depuis son élection, elle a multiplié les déclarations affirmant que le Mexique ne tolérera jamais une « invasion » de sa souveraineté nationale. Lors de ses conférences de presse quotidiennes, elle a répété que la coopération avec les États-Unis doit se faire dans le respect mutuel, jamais par la subordination ou l’interventionnisme. En réponse aux menaces de Trump, elle a déclaré mardi 18 novembre 2025 que toute intervention militaire américaine « n’arrivera pas » et que son gouvernement n’a reçu « aucune information » concernant un déploiement imminent. Cette posture défensive reflète une sensibilité historique profonde au Mexique, où les interventions américaines passées, notamment l’invasion de 1846-1848, restent des blessures vives dans la mémoire collective.

Sheinbaum a également souligné que Trump lui avait proposé à plusieurs reprises d’envoyer des troupes pour aider à combattre les cartels, mais qu’elle avait systématiquement décliné ces offres. « J’ai toujours dit merci beaucoup, Président Trump. Mais non, le Mexique est un pays libre, indépendant et souverain », a-t-elle affirmé. Cette rhétorique nationaliste trouve un écho favorable dans une population mexicaine largement opposée à toute ingérence américaine. Cependant, Sheinbaum fait face à une pression intérieure considérable : les cartels contrôlent de vastes territoires, la violence atteint des niveaux records, et de nombreux Mexicains réclament des mesures drastiques. Refuser l’aide militaire américaine tout en ne parvenant pas à contenir les cartels pourrait fragiliser sa légitimité politique, un dilemme que Trump exploite habilement.

Le Venezuela, autre cible de Trump

Le Venezuela constitue l’autre front majeur de l’offensive militaire de Trump contre les cartels. L’arrivée du porte-avions USS Gerald Ford dans les Caraïbes vise principalement à exercer une pression maximale sur le régime de Nicolás Maduro, accusé par Washington de diriger le « Cartel de los Soles », désormais officiellement désigné comme organisation terroriste étrangère à partir du 24 novembre 2025. Cette classification élargit considérablement les options militaires américaines, permettant théoriquement des frappes sur le territoire vénézuélien. Trump a clairement indiqué qu’il n’excluait pas l’envoi de troupes au Venezuela, affirmant qu’il « n’excluait rien ». Cette menace s’inscrit dans une stratégie visant à renverser Maduro ou, à défaut, à paralyser son régime par la peur et l’isolement.

Caracas a vigoureusement dénoncé cette escalade, la qualifiant de tentative de changement de régime motivée par le pétrole vénézuélien. Maduro a renforcé l’union civilo-militaire du pays, encourageant les Vénézuéliens à s’enrôler volontairement dans la milice bolivarienne pour défendre les frontières et les infrastructures critiques. Le Venezuela a également alerté le Conseil de sécurité de l’ONU sur les risques d’une intervention militaire américaine, mais sans grand succès, les États-Unis disposant d’un droit de veto. Maduro s’est récemment dit prêt à dialoguer « face à face » avec Trump, une ouverture qui pourrait offrir une porte de sortie diplomatique. Cependant, Trump semble privilégier la confrontation, convaincu qu’une démonstration de force suffira à plier Caracas. Cette logique belliqueuse comporte des risques immenses, notamment celui d’embraser toute la région dans un conflit aux conséquences imprévisibles.

Les alliés latino-américains dans l’expectative

Les pays d’Amérique latine observent cette escalade avec une inquiétude croissante. Beaucoup redoutent que les actions unilatérales américaines ne créent un précédent dangereux, où Washington pourrait intervenir militairement dans n’importe quel pays sous prétexte de lutte contre le narcotrafic ou le terrorisme. La Colombie et le Panama, bien que traditionnellement proches des États-Unis, expriment des réserves face à cette militarisation. Le Brésil, l’Argentine et d’autres nations régionales appellent à des solutions multilatérales et au respect du droit international. Cependant, aucun pays ne semble disposé à confronter directement les États-Unis, par crainte de représailles économiques ou de sanctions.

Cette passivité collective reflète le déséquilibre de pouvoir flagrant entre Washington et ses voisins du Sud. L’Organisation des États américains (OEA), censée défendre la souveraineté et la non-intervention, reste largement silencieuse, perçue par beaucoup comme un instrument de l’hégémonie américaine. Certains analystes évoquent la possibilité d’une coalition latino-américaine pour contrer les ambitions de Trump, mais les divisions internes et les priorités nationales divergentes rendent une telle alliance improbable. En l’absence de contrepoids régional, Trump dispose d’une marge de manœuvre considérable pour imposer sa vision sécuritaire, transformant l’Amérique latine en théâtre de ses expérimentations militaires.


L’Amérique latine, encore une fois, devient le terrain de jeu des ambitions américaines. On nous parle de souveraineté, de droit international, mais ces mots sonnent creux face aux porte-avions et aux drones. Les gouvernements latino-américains protestent, condamnent, mais que font-ils vraiment ? Rien. Parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent rien faire. Et cette impuissance, cette résignation silencieuse, elle me hante. Combien de temps avant que cette violence devienne la norme ?

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