Cession de territoires, réduction militaire, adieu l’OTAN : la recette de la défaite
Voyons ce que Trump propose vraiment. L’Ukraine doit céder les régions de Donetsk et Lougansk en entier à la Russie. Pas partiellement. Entièrement. Elle doit aussi abandonner une poche de 45 kilomètres carrés dans la région de Lougansk. Et puis il y a cette zone tampon — 5000 kilomètres carrés sous contrôle ukrainien qui seraient transformés en «zone neutre». L’Ukraine perd environ 20% de son territoire. C’est pas un arrangement. C’est une amputation. Et ensuite? L’armée ukrainienne doit réduire de 40%. De 880 000 soldats à 600 000. Pendant que la Russie — qui a aussi souffert énormément — n’a aucune limite imposée. Et puis il y a l’interdit suprême : l’Ukraine ne peut pas rejoindre l’OTAN. Jamais. C’est écrit dans le plan.
Je vais être honnête : quand j’ai lu ces dispositions pour la première fois, j’ai dû relire deux fois. C’est un plan pour la paix? Non. C’est un plan de capitulation. C’est un document qui dit littéralement à l’Ukraine : «Vous avez perdu. Acceptez-le. Rendez votre armée inoffensive. Promettez de ne jamais vous joindre à une alliance défensive. Et ensuite, on va tous être copains». L’hypocrisie est si épaisse que tu pourrais la découper au couteau.
Les 100 milliards de dollars : l’aumône après le pillage
Et voilà le geste de générosité américain : 100 milliards de dollars en actifs russes gelés seraient utilisés pour reconstruire l’Ukraine. C’est de l’argent russe. C’est pas que les États-Unis donnent 100 milliards. C’est qu’ils utilisent les actifs volés de la Russie pour payer la facture. C’est de la justice poétique, sauf que c’est complètement inadéquat. L’Ukraine a perdu probablement 500 milliards de dollars en destructions. Elle a perdu peut-être 200 000 soldats. Et Trump dit : «Voilà 100 milliards en argent gelé russe. C’est suffisant». C’est pas de la générosité. C’est de l’insulte avec un sourire.
La façon dont Trump présente les 100 milliards comme une victoire pour l’Ukraine est brillante dans son hypocrisie. Il donne avec une main des avoirs russes — de l’argent qui aurait dû être utilisé pour réparer les dégâts russes — et il prend avec l’autre l’âme de l’Ukraine. Mais le Canada, ensemble avec les autres leaders, ils disent tous poliment : «Ça va peut-être besoin d’améliorations». Ça va besoin d’ÉNORMÉMENT d’améliorations. Mais on dit ça doucement.
La déclaration commune — ou l'art de résister sans résister vraiment
Ursula Von der Leyen, Macron, Merz, Carney… : le chorus de la diplomatie faible
La déclaration est signée par les géants. Ursula Von der Leyen pour la Commission européenne. Antonio Costa pour le Conseil européen. Emmanuel Macron pour la France. Friedrich Merz pour l’Allemagne. Keir Starmer pour le Royaume-Uni. Mark Carney pour le Canada. Dick Schoof pour les Pays-Bas. Même le Japon est là — Sanae Takaichi. Même la Norvège — Jonas Gahr Store. Une douzaine de leaders qui représentent ensemble environ deux milliards de personnes. Et qu’est-ce qu’ils disent? Qu’ils sont «préoccupés par les limitations proposées pour les forces armées ukrainiennes». Préoccupés. Pas horrifiés. Pas indignés. Préoccupés. C’est le mot diplomatique pour «ça va nous poursuivre dans nos cauchemars, mais on va pas vraiment faire quoi que ce soit».
C’est la vraie capitulation : quand tu as le pouvoir de dire non, collectivement, et que tu dis «on est préoccupé» à la place. Douze chefs d’État qui connaissent tous exactement ce que ce plan signifie — c’est la fin de l’Ukraine comme entité militaire capable de défendre son territoire — et ils choisissent les mots les plus faibles possible pour l’exprimer. C’est de la lâcheté institutionnalisée.
«Rien sans l’Ukraine» — le principe que Trudeau défendait, que Carney n’ose plus dire
Il y a quelques mois — quelques mois seulement — Justin Trudeau répétait encore et encore : «Rien sur l’Ukraine, sans l’Ukraine». C’était sa ligne. Le Canada ne négocie pas sur le dos des Ukrainiens. C’était un principe. Et maintenant? Mark Carney signe une déclaration qui dit «requerra du travail supplémentaire». Qui ont négocié sur le dos de l’Ukraine? Qui a accepté de commencer avec un plan qui donne à la Russie ce qu’elle voulait? C’était Washington. C’était Trump et ses émissaires. Et le Canada, au lieu de dire «c’est inacceptable», dit «c’est une base». C’est pas une différence mineure. C’est une capitulation idéologique.
Le changement de ton entre Trudeau et Carney sur l’Ukraine, c’est un symptôme. C’est le moment où les principes se heurtent à la réalité politique d’être allié des États-Unis. Tu peux dire «rien sans l’Ukraine» tant que t’es certain que les États-Unis vont te soutenir. Mais quand les États-Unis décident de faire un accord avec la Russie? Soudain, tu dois signer une déclaration avec 11 autres leaders qui dit essentiellement : «C’est une base qui va besoin de travail». C’est la même chose. Sauf que c’est pas la même chose.
L'ultimatum de Trump — Thanksgiving comme ligne de sang
Le 27 novembre : la date limite que personne ne peut respecter
Trump a donné un ultimatum. Le 27 novembre. Thanksgiving. Voilà la date. Zelenskyy doit répondre avant Thanksgiving. C’est pas un choix. C’est pas une suggestion. C’est : «Tu as jusqu’à jeudi, et si tu dis non, eh bien tu continues à te battre». C’est du chantage diplomatique. Pur et simple. «Accepte mon plan avant Thanksgiving, ou j’arrête toute l’aide». Et les dirigeants européens et canadiens? Ils ne disent pas que c’est inacceptable. Ils disent qu’il faut de la discussion. De la discussion! Il n’y a pas de temps pour la discussion. Trump a dit : «Jeudi». C’est pas jeudi qu’il va négocier. C’est jeudi qu’il veut une réponse.
L’utilisation de Thanksgiving comme deadline est particulièrement cruelle. C’est un jour de gratitude en Amérique. Et Trump est en train de dire à l’Ukraine : «Sois reconnaissante d’avoir une armée à moitié taille, sois reconnaissante d’avoir perdu 20% de ton territoire, et sois reconnaissante avant jeudi». Et le Canada, avec les autres leaders, répond en disant qu’il faut des «améliorations». Ils savent qu’il n’y a pas de temps pour les améliorations. Mais ils le disent quand même.
Poutine regarde et attend — il n’est pas pressé
Pendant ce temps, Vladimir Poutine regarde. Il dit que le plan est «acceptable comme base». Il dit que c’est un bon fondement pour des négociations. Et pourquoi Poutine est-il satisfait? Parce que le plan lui donne essentiellement ce qu’il a demandé. Territoire, démilitarisation de l’Ukraine, impossibilité pour l’Ukraine de rejoindre l’OTAN. C’est pas du travail supplémentaire. C’est victoire. Et Poutine n’est pas pressé de conclure — selon des sources, il n’est «pas pressé». Il va laisser le processus s’étirer. Il va peut-être demander plus. Parce qu’il sait qu’il a déjà gagné.
La asymétrie entre Trump et Poutine est parfaitement illustrée par leurs réactions. Trump dit «jeudi», Poutine dit «pas pressé». Trump se presse. Poutine traîne. Et qui va gagner cette bataille de volonté? Celui qui peut attendre le plus longtemps. Et Poutine? Il a attendu trois ans pour cette guerre. Il peut attendre trois mois supplémentaires pour asseoir sa victoire.
Conclusion — le Canada choisit la politesse plutôt que la clarté
«Du travail supplémentaire» : la phrase qui va définir cette génération de leaders
Il va arriver un moment — peut-être pas demain, peut-être pas cette année — où on va demander au Canada : comment avez-vous accepté ce plan? Comment avez-vous signé une déclaration qui semble le soutenir tout en le critiquant légèrement? Et la réponse sera : nous nous sommes exprimés. Nous avons dit qu’il requérait du travail supplémentaire. Nous avons exigé des améliorations. Et c’est vrai. Le Canada a exigé formellement des améliorations. Mais nous savons aussi que les exigences diplomatiques polies ne valent rien sans les moyens pour les soutenir. Et quand Trump dit «jeudi», le Canada ne dit pas «non». Le Canada dit «requerra du travail supplémentaire». Et puis — le Canada fait ce que dit Trump.
Le plan de Trump pour l’Ukraine n’est pas améliorable. C’est pas un document qui attend des ajustements. C’est un plan qui demande à l’Ukraine d’abandonner son avenir. Cédez le territoire. Réduisez votre armée. Acceptez de ne jamais faire partie de la communauté défensive. Voilà ce que c’est. Et quand le Canada signe une déclaration disant que c’est une base qui requiert du travail, le Canada dit diplomatiquement : nous acceptons la capitulation, mais nous voulons avoir l’air de l’accepter à contrecœur. C’est la politesse de la défaite. C’est comment les démocraties meurent — pas au son d’une explosion, mais au son d’une déclaration diplomatique qui dit «requerra du travail supplémentaire».
Je pense à ce que Mark Carney a dû ressentir en signant cette déclaration. C’est sa première vraie action en tant que premier ministre du Canada sur la scène mondiale. Il signe un document qui critique poliment un plan qu’il sait être catastrophique pour une démocratie qui s’est battue pour son indépendance pendant trois ans. Et puis il rentre au Canada et il explique aux Canadiens que nous avons préservé la paix en exigeant des améliorations. C’est du leadership usé. C’est du leadership qui refuse de vraiment se battre.
Source : CBC
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