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La chronologie d’une double frappe meurtrière

Revenons aux faits bruts de cette journée du 2 septembre 2025. Un avion de surveillance américain repère une embarcation dans les eaux internationales de la mer des Caraïbes, au large de Trinidad-et-Tobago. À bord, onze personnes. Les analystes du renseignement, observant depuis des centres de commandement, deviennent de plus en plus convaincus que le bateau transporte de la drogue. Selon le New York Times, le bateau avait modifié sa trajectoire et semblait avoir fait demi-tour avant le début de l’attaque — un détail crucial qui soulève des questions sur l’imminence de la menace. Mais l’ordre est donné. Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense, aurait émis une directive verbale : « L’ordre était de tuer tout le monde. » Un premier missile est lancé. L’explosion déchire le bateau, le transformant en brasier flottant. Les commandants, regardant le flux vidéo en direct d’un drone, attendent que la fumée se dissipe. Et là, ils découvrent deux survivants accrochés à l’épave fumante. Deux hommes qui ont miraculeusement échappé à la première frappe, désormais naufragés, sans défense, luttant pour rester en vie dans les débris de leur embarcation détruite.

C’est à ce moment précis que l’opération bascule dans l’illégalité manifeste. Lors d’une conférence téléphonique sécurisée, l’amiral Bradley ordonne une seconde frappe pour se conformer aux instructions de Hegseth. Sa justification ? Les survivants pouvaient théoriquement appeler d’autres trafiquants pour venir les récupérer, eux et leur cargaison. Un second missile est tiré. Les deux hommes sont « pulvérisés dans l’eau », selon les termes utilisés par les sources du Washington Post. L’administration Trump annoncera plus tard que onze personnes ont été tuées dans l’attaque, sans mentionner la nature de la seconde frappe ni le fait qu’elle visait des naufragés sans défense. Hegseth, s’adressant aux journalistes après l’opération, déclare avec une fierté non dissimulée : « Nous avons fumé un bateau de drogue, et il y a onze narcoterroristes au fond de l’océan, et quand d’autres essaieront de faire ça, ils connaîtront le même sort. » Cette rhétorique martiale, cette déshumanisation des victimes en « narcoterroristes », cette célébration d’une exécution sommaire — tout cela révèle une mentalité profondément troublante au sein de l’appareil sécuritaire américain sous l’administration Trump.

Les révélations qui font trembler Washington

Pendant près de trois mois, cette opération reste dans l’ombre, classée parmi les nombreuses frappes que l’administration Trump a menées contre des bateaux présumés transporteurs de drogue dans les Caraïbes et le Pacifique. Depuis septembre 2025, plus de 80 personnes ont été tuées dans ces opérations, chaque annonce des autorités américaines étant généralement accompagnée de vidéos granuleuses mais sans preuve du trafic de drogue allégué, et avec peu de détails sur l’identité des personnes à bord de chaque embarcation. L’administration justifie ces frappes en invoquant l’autodéfense, affirmant qu’elle détruit des bateaux transportant des drogues illicites vers les États-Unis. Mais le week-end de Thanksgiving, tout change. Le Washington Post et CNN publient des rapports explosifs révélant que Hegseth aurait donné un ordre verbal de « tuer tout le monde » lors de la frappe initiale du 2 septembre, et que les forces spéciales américaines auraient tué deux survivants naufragés accrochés aux débris de leur bateau. Ces révélations déclenchent une onde de choc à Washington, suscitant des réactions bipartisanes au Congrès et relançant le débat sur la légalité de l’ensemble de la campagne militaire de Trump contre les narcotrafiquants présumés.

Les détails rapportés sont glaçants. Deux sources ayant une connaissance directe de l’opération confirment que Hegseth a ordonné au militaire de s’assurer que la frappe tue tout le monde à bord avant l’opération, mais il n’est pas clair s’il savait qu’il y avait des survivants avant la seconde frappe. Bradley, selon ces mêmes sources, a dit aux personnes présentes lors de la conférence téléphonique sécurisée que les survivants restaient des cibles légitimes parce qu’ils pouvaient théoriquement appeler d’autres trafiquants pour venir les récupérer. Il a ordonné la seconde frappe pour accomplir la directive de Hegseth selon laquelle tout le monde devait être tué. Cette logique — tuer des naufragés parce qu’ils pourraient appeler des renforts — est juridiquement indéfendable. Le droit international humanitaire protège les naufragés, qu’ils soient civils ou combattants, dès lors qu’ils sont hors de combat. La Convention de Genève II de 1949 établit un cadre juridique pour le traitement humain et la protection des victimes de conflits armés en mer, exigeant que les parties au conflit respectent et protègent les personnes « en mer qui sont blessées, malades ou naufragées ». Les parties à un conflit sont tenues, après chaque engagement et sans délai, de « prendre toutes les mesures possibles pour rechercher et recueillir les naufragés, les blessés et les malades », sans discrimination entre leur propre personnel et celui de l’ennemi.

Quand j’ai lu ces révélations pour la première fois, j’ai ressenti un mélange de colère et de tristesse. Colère parce que des hommes en position d’autorité ont délibérément violé des lois établies depuis des décennies pour protéger la dignité humaine même en temps de guerre. Tristesse parce que cette affaire révèle à quel point nous avons normalisé la violence extrajudiciaire dans notre « guerre contre la drogue », au point de ne même plus reconnaître quand nous franchissons des lignes rouges morales et juridiques. Ces deux hommes tués dans la seconde frappe n’étaient peut-être pas des saints. Peut-être transportaient-ils effectivement de la cocaïne. Mais cela ne justifie pas leur exécution sommaire alors qu’ils étaient naufragés et sans défense. Dans une société de droit, même les criminels présumés ont droit à un procès, à une défense, à la présomption d’innocence. Nous avons abandonné ces principes au nom d’une efficacité brutale qui nous rapproche dangereusement des régimes autoritaires que nous prétendons combattre.

Sources

Sources primaires

The Washington Post, « Hegseth authorized admiral’s lawful order to kill everyone in second boat strike », 28 novembre 2025. BBC News, « US authorised second deadly Venezuela boat strike, White House says », 2 décembre 2025. CNN, « US military second strike Caribbean », 28 novembre 2025. The Jerusalem Post, « White House says admiral approved second strike on boat from Venezuela, defends attack as lawful », 2 décembre 2025. The Hill, « Who is Adm. Frank Bradley, commander who issued second boat strike order? », 1er décembre 2025. Just Security, « Unlawful Orders and Killing Shipwrecked Boat Strike Survivors: An Expert Backgrounder » par Michael Schmitt, Ryan Goodman et Tess Bridgeman, 1er décembre 2025. Department of Defense Law of War Manual, édition de juillet 2023. Commander’s Handbook on the Law of Naval Operations, U.S. Navy/Marine Corps/Coast Guard. Manual for Courts-Martial, United States, édition 2024.

Sources secondaires

Al Jazeera, « Hegseth or Admiral Bradley: Who approved the second Venezuela boat strike? », 2 décembre 2025. Time Magazine, « What to Know About Admiral Named by Hegseth in Boat Strike Controversy », décembre 2025. NPR, « Does Congress see war crimes in Venezuela », 1er décembre 2025. The Intercept, « Entire Chain of Command Could Be Held Liable for Killing Boat Strike Survivors », 2 décembre 2025. Wikipedia, « 2025 United States military strikes on alleged drug traffickers ». New York Times, « Trump drug boat Venezuela strike », 10 septembre 2025. Fox News, « Hegseth backs special ops chief’s combat decisions in deadly Caribbean strike », décembre 2025. Bloomberg, « Hegseth Says He Didn’t Watch Strike That Hit Drug Boat Survivors », 2 décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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