Une femme qui dérange
Si Trump devait choisir un symbole de tout ce qu’il déteste, ce serait probablement Ilhan Omar. Femme. Noire. Musulmane. Réfugiée somalienne devenue congressiste. Progressiste. Critique virulente de sa politique. Portant le hijab. Pour Trump, elle coche toutes les cases de l’ennemi parfait. Et il ne s’en cache pas. Lors de la réunion de son cabinet du 2 décembre 2025, filmée et diffusée publiquement, Trump a lancé devant les caméras : « Ilhan Omar est une ordure. Elle est une ordure. Ses amis sont des ordures. Ce ne sont pas des gens qui travaillent… Ce sont des gens qui ne font que se plaindre… Nous ne les voulons pas dans notre pays. Qu’ils retournent d’où ils viennent et qu’ils arrangent les choses là-bas ». Le président des États-Unis. Traitant une élue du Congrès d' »ordure ». Devant son cabinet. Qui applaudit. Qui approuve. Qui sourit. L’image est insoutenable. Mais elle est réelle. Et elle dit tout de l’état de la démocratie américaine en ce mois de décembre 2025.
Ilhan Omar est née en Somalie en 1982. Elle a fui la guerre civile avec sa famille, passé quatre ans dans un camp de réfugiés au Kenya, avant d’arriver aux États-Unis en 1995 à l’âge de 12 ans. Elle a appris l’anglais, étudié, travaillé, s’est engagée en politique. En 2018, elle est devenue l’une des premières femmes musulmanes élues au Congrès. Son parcours incarne le rêve américain. Cette idée que n’importe qui, peu importe d’où il vient, peut réussir en Amérique s’il travaille dur. Mais pour Trump, ce rêve est un cauchemar. Parce qu’Ilhan Omar ne se contente pas de réussir. Elle ose critiquer. Elle ose remettre en question la politique étrangère américaine, le soutien inconditionnel à Israël, les dépenses militaires, les inégalités économiques. Elle ose exister pleinement, sans s’excuser, sans se cacher. Et ça, Trump ne peut pas le supporter. Dans son message de Thanksgiving, il l’a décrite comme « toujours enveloppée dans son hijab emmaillotant », une formulation qui suinte le mépris et le racisme. Il a promis de la « jeter hors de notre pays ». Pas de la battre aux élections. Pas de la critiquer politiquement. Non. De l’expulser. De lui retirer sa citoyenneté. De la renvoyer en Somalie, un pays qu’elle a quitté il y a 30 ans, un pays qu’elle connaît à peine.
Le précédent dangereux
Ce qui rend cette attaque particulièrement dangereuse, c’est qu’elle crée un précédent. Si Trump réussit à dénaturaliser Ilhan Omar, qui sera le prochain ? Zohran Mamdani, le nouveau maire élu de New York, né en Ouganda de parents indiens ? Les millions d’Américains d’origine mexicaine, chinoise, indienne, philippine ? Tous ceux dont le nom, la couleur de peau ou la religion ne correspondent pas à l’idée que Trump se fait d’un « vrai Américain » ? Le journaliste Will Saletan, dans son article pour The Bulwark publié le 3 décembre 2025, le dit sans détour : « Selon l’endroit d’où vous venez, vous pourriez être le prochain ». Cette phrase devrait résonner dans la tête de chaque Américain. Parce qu’elle est vraie. Trump ne s’arrêtera pas à Ilhan Omar. Il ne s’arrêtera pas aux Somaliens. Il ne s’arrêtera pas aux musulmans. Une fois que le principe de la dénaturalisation arbitraire sera accepté, une fois que l’idée qu’il existe des citoyens de première et de seconde classe sera normalisée, plus personne ne sera en sécurité. Même les citoyens nés aux États-Unis pourraient être visés. Trump a déjà tenté d’abolir le droit du sol. Il a déjà suggéré que les enfants nés aux États-Unis de parents sans papiers ne devraient pas être citoyens. La logique est la même : créer des catégories, hiérarchiser, exclure.
Les républicains MAGA ne s’en cachent même plus. Plusieurs élus ont publiquement appelé à la déportation d’Ilhan Omar et de Zohran Mamdani. Des médias conservateurs ont lancé des campagnes de dénigrement, les accusant d’être des « agents étrangers », des « ennemis de l’intérieur », des « menaces pour la sécurité nationale ». Sans preuves. Sans procès. Juste des accusations lancées dans l’espace public, répétées en boucle, jusqu’à ce qu’elles deviennent des « vérités » pour une partie de la population. C’est la technique du mensonge répété, celle qu’utilisent tous les régimes autoritaires. Et ça fonctionne. Un sondage réalisé début décembre 2025 montre que 38% des électeurs républicains soutiennent l’idée de dénaturaliser les citoyens « qui ne partagent pas les valeurs américaines ». 38%. Plus d’un tiers. C’est terrifiant. Parce que qui décide de ce que sont les « valeurs américaines » ? Trump ? Le Parti républicain ? Fox News ? Et si demain, critiquer le président devient incompatible avec les « valeurs américaines » ? Si manifester pour les droits civiques devient un motif de dénaturalisation ? Si voter démocrate suffit à vous faire considérer comme un « ennemi de l’intérieur » ?
Ilhan Omar me fait penser à ces figures historiques qu’on admire rétrospectivement, mais qu’on aurait probablement détestées de leur vivant. Comme Rosa Parks. Comme Martin Luther King. Comme tous ceux qui ont osé déranger, qui ont osé dire non, qui ont osé exister pleinement dans une société qui voulait les réduire au silence. Et je me demande : dans 50 ans, quand les historiens raconteront cette période, comment jugeront-ils notre silence ? Comment expliqueront-ils qu’on ait laissé faire ? Qu’on ait regardé ailleurs ? Qu’on ait trouvé des excuses ? « Elle était trop radicale », « elle provoquait », « elle aurait dû être plus modérée ». Comme si la modération était une vertu face à l’injustice. Comme si le silence était une option face à la tyrannie.
Section 3 : La "remigration", ce fantasme devenu politique officielle
Un terme emprunté à l’extrême droite européenne
Le mot « remigration » n’est pas nouveau. Il circule depuis des années dans les cercles d’extrême droite européens, particulièrement en France, en Allemagne et en Autriche. C’est un euphémisme pour désigner l’expulsion massive d’immigrés et de leurs descendants, y compris ceux qui sont citoyens. L’idée est simple et terrifiante : renvoyer les gens « chez eux », même quand « chez eux » est le pays où ils sont nés, où ils ont grandi, où ils ont construit leur vie. C’est un projet de purification ethnique déguisé en politique migratoire. Et aujourd’hui, ce terme est utilisé officiellement par l’administration Trump. Le 27 novembre 2025, le compte X du Département de la Sécurité intérieure a tweeté : « La remigration maintenant ». Pas un compte parodique. Pas un troll anonyme. Le compte officiel d’un département gouvernemental américain. Appelant à la « remigration ». Sans guillemets. Sans distance. Comme si c’était une politique normale, acceptable, souhaitable. Stephen Miller, le chef adjoint du cabinet présidentiel et architecte de la politique migratoire de Trump, avait déjà utilisé ce terme en septembre 2024, promettant que le « plan Trump pour arrêter l’invasion des petites villes américaines » passerait par la « remigration ». À l’époque, beaucoup avaient pensé que c’était de la rhétorique électorale. Une provocation. Une manière de mobiliser la base. Personne n’imaginait que ça deviendrait une politique réelle.
Mais c’est exactement ce qui se passe. Trump ne parle plus seulement d’expulser les sans-papiers. Il ne parle plus seulement de limiter l’immigration légale. Il parle de renvoyer des citoyens américains dans des pays qu’ils n’ont parfois jamais connus. Dans son message de Thanksgiving, il a promis de « suspendre définitivement l’immigration en provenance du Tiers-Monde » et de « retirer quiconque n’est pas un atout net pour les États-Unis ». Qui décide de ce qu’est un « atout net » ? Trump, évidemment. Et ses critères sont clairs : la couleur de peau, le pays d’origine, la religion, les opinions politiques. Lors de son entretien avec GB News le 14 novembre 2025, Trump a loué Viktor Orbán, le Premier ministre hongrois connu pour ses politiques anti-immigration et son autoritarisme. Il a félicité Orbán d’avoir maintenu la Hongrie « reconnaissable », contrairement aux autres pays européens dont « le tissu social a changé ». Et il a ajouté, parlant des Ukrainiens : « Ils se fondent dans la masse ». Comprendre : ils sont blancs. Ils sont européens. Ils sont acceptables. Contrairement aux Somaliens, aux Afghans, aux Syriens, aux Haïtiens, qui, eux, ne « se fondent pas dans la masse ». Qui restent visibles. Qui restent autres. Qui restent indésirables.
Le modèle hongrois comme inspiration
La référence à Viktor Orbán n’est pas anodine. Le dirigeant hongrois est devenu un modèle pour l’extrême droite mondiale. Il a construit un régime qu’il qualifie lui-même de « démocratie illibérale« , un oxymore qui cache mal la réalité : une autocratie électorale où les institutions démocratiques existent encore formellement, mais sont vidées de leur substance. Orbán contrôle les médias, musèle la justice, persécute les ONG, diabolise les minorités. Et il a fait de l’anti-immigration le cœur de son projet politique. En 2015, lors de la crise des réfugiés, il a construit un mur à la frontière avec la Serbie. Il a lancé des campagnes de propagande présentant les migrants comme une menace existentielle pour la « civilisation chrétienne européenne ». Il a refusé d’accueillir des réfugiés, même quand l’Union européenne le lui demandait. Et il a gagné. Politiquement, électoralement, idéologiquement. Aujourd’hui, la Hongrie est l’un des pays les plus fermés d’Europe. Et Trump veut reproduire ce modèle aux États-Unis. Lors de la visite d’Orbán à la Maison Blanche le 7 novembre 2025, Trump l’a présenté comme un « grand leader » qui a su « protéger son pays ». Il a dit que si lui, Trump, n’avait pas gagné l’élection, les États-Unis seraient devenus « méconnaissables ». Le message est clair : l’Amérique doit rester blanche, chrétienne, « occidentale ». Tout le reste est une menace.
Mais le modèle hongrois ne s’arrête pas à l’immigration. C’est un modèle global de démantèlement démocratique. Orbán a affaibli le pouvoir judiciaire en nommant des juges loyaux. Il a modifié la Constitution pour renforcer ses pouvoirs. Il a utilisé la législation anti-terroriste pour réprimer l’opposition. Il a créé un climat de peur où critiquer le gouvernement devient dangereux. Et Trump suit exactement la même trajectoire. Il a nommé trois juges à la Cour suprême, créant une majorité conservatrice pour des décennies. Il a menacé de poursuivre ses opposants politiques. Il a qualifié les médias d' »ennemis du peuple ». Il a appelé à l’exécution de membres du Congrès qui le critiquent. Le 20 novembre 2025, après l’assassinat du sénateur Charlie Kirk par un extrémiste de gauche, Trump a tweeté que les démocrates qui avaient « incité à la violence » par leur rhétorique devaient être « jugés pour trahison » et « exécutés ». Pas poursuivis. Pas condamnés. Exécutés. Le président des États-Unis appelant à l’exécution de ses opposants politiques. Et personne ne bronche. Ou presque. Parce qu’on s’est habitués. Parce que Trump dit tellement de choses choquantes qu’on ne sait plus quoi choquer. Parce que l’outrage permanent crée une forme d’anesthésie émotionnelle.
Je repense souvent à cette phrase de Timothy Snyder, l’historien spécialiste des régimes totalitaires : « N’obéissez pas à l’avance ». C’est-à-dire : ne vous censurez pas vous-mêmes, ne vous adaptez pas au nouveau régime avant même qu’il ne vous le demande, ne normalisez pas l’anormal. Mais c’est exactement ce qu’on fait. On normalise. On s’adapte. On se dit « bon, c’est Trump, il exagère toujours », « il ne le fera pas vraiment », « les institutions tiendront ». Et pendant ce temps, les institutions s’effondrent. Une à une. Discrètement. Sans bruit. Et quand on s’en rendra compte, il sera trop tard pour résister.
Section 4 : Les chiffres de la honte
53 millions de personnes dans le viseur
Quand Trump parle de 53 millions de personnes nées à l’étranger vivant aux États-Unis, il ne parle pas d’un concept abstrait. Il parle de gens réels. De familles. De voisins. De collègues. De contribuables. De parents d’élèves. De propriétaires de petites entreprises. De médecins, d’infirmières, d’enseignants, d’ingénieurs, de chauffeurs de taxi, de femmes de ménage, de cuisiniers. De gens qui font tourner l’économie américaine, qui paient leurs impôts, qui respectent les lois, qui contribuent à leur communauté. Parmi ces 53 millions, près de 25 millions sont naturalisés. Ils ont passé les tests de citoyenneté. Ils ont prêté serment d’allégeance. Ils ont obtenu leur passeport américain. Ils croyaient être devenus pleinement américains. Mais pour Trump, ils ne le sont pas. Ils ne le seront jamais. Parce qu’ils sont nés ailleurs. Parce qu’ils ont un accent. Parce qu’ils ont un nom « étranger ». Parce qu’ils ne ressemblent pas à l’image que Trump se fait d’un Américain. Et maintenant, ils vivent dans la peur. La peur qu’on frappe à leur porte. La peur qu’on leur retire leur citoyenneté. La peur d’être renvoyés dans un pays qu’ils ont quitté il y a des décennies, où ils n’ont plus de famille, plus d’attaches, plus de vie.
Les données du Bureau du recensement montrent que la population née à l’étranger représente 14,3% de la population américaine en 2023, le pourcentage le plus élevé jamais enregistré. C’est une réalité démographique. L’Amérique est un pays d’immigration. Elle l’a toujours été. Mais Trump veut inverser cette tendance. Il veut revenir à une Amérique fantasmée, celle des années 1950, blanche, chrétienne, homogène. Une Amérique qui n’a jamais vraiment existé, mais qui hante l’imaginaire conservateur. Et pour y parvenir, il est prêt à tout. Y compris à violer la Constitution. Y compris à détruire des vies. Y compris à créer une crise humanitaire sans précédent. Parce que dénaturaliser 25 millions de personnes, c’est créer 25 millions d’apatrides. Des gens sans pays. Sans droits. Sans protection. Que fait-on d’eux ? On les enferme dans des camps en attendant de les expulser ? On les expulse où, exactement ? Beaucoup sont nés dans des pays qui n’existent plus, ou qui ont changé de régime, ou qui refuseront de les accueillir. Et leurs enfants ? Leurs petits-enfants ? Ceux qui sont nés aux États-Unis et qui sont citoyens par droit du sol ? On les sépare de leurs parents ? On les expulse aussi, en violation du 14e amendement ? Trump n’a pas de réponses à ces questions. Ou plutôt, il s’en fiche. Pour lui, ce sont des détails techniques. Des problèmes à régler plus tard. L’important, c’est le message : vous n’êtes pas les bienvenus. Vous n’avez jamais été les bienvenus. Et maintenant, on va vous le faire payer.
Le coût économique et humain
Au-delà de l’aspect moral et constitutionnel, la politique de Trump aurait des conséquences économiques catastrophiques. Les immigrants, qu’ils soient naturalisés ou non, contribuent massivement à l’économie américaine. Selon l’American Immigration Council, les immigrants ont créé 3,2 millions d’emplois en 2023. Ils représentent 18% des travailleurs de la santé, 24% des travailleurs de la construction, 36% des travailleurs de l’hôtellerie. Ils paient 580 milliards de dollars d’impôts fédéraux, étatiques et locaux chaque année. Ils créent des entreprises à un taux deux fois supérieur à celui des natifs. Mais Trump s’en fiche. Pour lui, les immigrants sont une « charge publique », des parasites qui vivent « grâce aux aides sociales ». C’est faux. Toutes les études le montrent. Mais Trump n’a jamais été gêné par les faits. Il préfère les mensonges qui confortent ses préjugés. Et son administration le suit. Lors de la réunion du cabinet du 2 décembre 2025, la secrétaire au Travail Lori Chavez-DeRemer s’est vantée que sous Trump, « tous les gains d’emploi sont allés aux travailleurs nés aux États-Unis », contrairement à l’ère Biden où « principalement les travailleurs nés à l’étranger » en bénéficiaient. Elle présentait ça comme une victoire. Mais c’est une catastrophe. Parce que ça signifie que 670 000 travailleurs nés à l’étranger ont perdu leur emploi en un an. 670 000 familles plongées dans la précarité. 670 000 personnes qui ne peuvent plus payer leur loyer, nourrir leurs enfants, se soigner. Et l’administration Trump célèbre ça. Elle en fait un argument de campagne. C’est obscène.
Mais le coût humain est encore plus lourd. Les témoignages affluent de familles déchirées, d’enfants séparés de leurs parents, de personnes âgées expulsées vers des pays qu’elles ne connaissent plus. Des histoires comme celle de cette femme vietnamienne de 68 ans, arrivée aux États-Unis à 12 ans, naturalisée depuis 40 ans, grand-mère de cinq petits-enfants américains, qui a reçu une notification de dénaturalisation parce qu’elle avait omis de mentionner une arrestation mineure dans sa demande de citoyenneté il y a quatre décennies. Ou celle de cet homme afghan qui a travaillé comme traducteur pour l’armée américaine pendant 10 ans, risquant sa vie pour aider les soldats américains, qui a été naturalisé en 2018, et qui se retrouve maintenant menacé d’expulsion parce que Trump a décidé que les Afghans étaient indésirables. Ou celle de cette famille somalienne installée au Minnesota depuis 25 ans, dont les enfants sont nés aux États-Unis, qui possède une petite épicerie, qui paie ses impôts, qui participe à la vie de sa communauté, et qui vit maintenant dans la terreur d’être renvoyée en Somalie, un pays ravagé par la guerre civile, où ils n’ont plus personne. Ces histoires ne sont pas des exceptions. Elles sont la norme. Elles sont le résultat direct de la politique de Trump. Et elles vont se multiplier.
Vous savez ce qui me brise le cœur ? C’est de voir des gens qui ont tout fait « comme il faut » — qui ont respecté les règles, qui ont attendu leur tour, qui ont passé les tests, qui ont prêté serment — se retrouver trahis par le pays qu’ils avaient choisi. Parce que c’est ça, l’Amérique, pour beaucoup d’immigrants : un choix. Pas un hasard de naissance, mais un choix conscient, réfléchi, souvent douloureux. Le choix de quitter sa famille, sa culture, sa langue, pour recommencer à zéro dans un pays étranger. Le choix de croire en une promesse : que si tu travailles dur, si tu respectes les lois, si tu contribues à ta communauté, tu seras accepté. Tu seras américain. Et maintenant, Trump leur dit : « Non. Vous ne serez jamais américains. Vous êtes des ordures. Rentrez chez vous ». Comment on se reconstruit après ça ? Comment on fait confiance à nouveau ? Comment on explique à ses enfants que le pays où ils sont nés ne veut pas d’eux ?
Section 5 : Le précédent du droit du sol
Un décret illégal mais symbolique
L’attaque de Trump contre les citoyens naturalisés n’est pas sa première tentative de redéfinir la citoyenneté américaine. Dès son premier mandat, il avait tenté d’abolir le droit du sol par décret exécutif. Le principe est simple : toute personne née sur le territoire américain est automatiquement citoyenne, indépendamment du statut de ses parents. C’est garanti par le 14e amendement. C’est la base de la citoyenneté américaine depuis 1868. Mais Trump voulait changer ça. Il voulait que les enfants nés aux États-Unis de parents sans papiers ne soient plus automatiquement citoyens. Son argument ? Le 14e amendement ne s’applique qu’aux personnes « soumises à la juridiction » des États-Unis, et les sans-papiers ne le seraient pas. C’est une interprétation tordue, rejetée par tous les experts constitutionnels sérieux. Mais Trump s’en fichait. Il a signé le décret. Et les tribunaux l’ont immédiatement bloqué. Mais le mal était fait. Le message était passé : même le droit du sol, ce pilier de la citoyenneté américaine, n’était plus sacré. Même les enfants nés aux États-Unis pouvaient être considérés comme des étrangers. Et maintenant, Trump va plus loin. Il ne se contente plus de viser les futurs citoyens. Il s’attaque aux citoyens actuels. À ceux qui croyaient que leur citoyenneté était acquise, définitive, inaliénable.
Le parallèle avec le droit du sol est frappant. Dans les deux cas, Trump utilise la même stratégie : créer une controverse juridique, forcer les tribunaux à se prononcer, espérer que la Cour suprême, désormais dominée par les conservateurs, lui donnera raison. Et même si les tribunaux le bloquent, il aura réussi à normaliser l’idée. À faire en sorte que des millions d’Américains se disent : « Peut-être qu’il a raison. Peut-être que le 14e amendement est mal interprété. Peut-être qu’on devrait restreindre la citoyenneté ». C’est la fenêtre d’Overton en action : déplacer progressivement les limites de ce qui est considéré comme acceptable dans le débat public. Il y a dix ans, l’idée d’abolir le droit du sol aurait été considérée comme extrémiste, impensable. Aujourd’hui, c’est une position mainstream dans le Parti républicain. Il y a cinq ans, l’idée de dénaturaliser des citoyens américains aurait été considérée comme fasciste. Aujourd’hui, c’est une politique officielle de l’administration Trump. Et dans cinq ans ? Qu’est-ce qui sera devenu « normal » ? L’expulsion de masse ? Les camps de détention ? La révocation du droit de vote pour les naturalisés ? Où s’arrête la pente glissante ?
La Cour suprême, dernier rempart ?
Beaucoup comptent sur la Cour suprême pour arrêter Trump. Après tout, c’est elle qui a bloqué son décret sur le droit du sol. C’est elle qui a limité certaines de ses politiques migratoires les plus extrêmes. Mais cette confiance est-elle justifiée ? La Cour suprême actuelle est très différente de celle de 2017. Trump a nommé trois juges : Neil Gorsuch, Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett. Ils ont créé une majorité conservatrice 6-3 qui pourrait durer des décennies. Et ces juges ont déjà montré qu’ils étaient prêts à renverser des précédents établis. En 2022, ils ont abrogé Roe v. Wade, mettant fin au droit constitutionnel à l’avortement après 50 ans. En 2023, ils ont affaibli l’action positive dans les admissions universitaires. En 2024, ils ont limité le pouvoir des agences fédérales de réguler l’environnement et la santé publique. Qu’est-ce qui les empêcherait de réinterpréter le 14e amendement pour permettre la dénaturalisation ? Rien. Absolument rien. Sauf leur conscience. Et leur respect de la Constitution. Mais ces qualités ne sont pas garanties. Surtout quand la pression politique est intense. Surtout quand le président les a nommés en attendant d’eux qu’ils soient loyaux. Surtout quand l’opinion publique républicaine soutient massivement ces politiques.
Le Brennan Center for Justice, un think tank spécialisé dans les questions de justice et de démocratie, a publié en juillet 2025 un rapport détaillé sur les obstacles juridiques à la dénaturalisation de masse. Leur conclusion est claire : ce que Trump propose violerait non seulement le 14e amendement, mais aussi le 5e (droit à un procès équitable) et le 1er (liberté d’expression). La dénaturalisation ne peut intervenir qu’en cas de fraude avérée lors de l’obtention de la citoyenneté, et elle nécessite une procédure judiciaire complète, avec des preuves solides et un droit à la défense. On ne peut pas dénaturaliser quelqu’un simplement parce qu’il critique le gouvernement, ou parce qu’il vient d’un pays que le président n’aime pas, ou parce qu’il ne « contribue pas assez » à la société. Mais Trump n’a jamais été gêné par les détails juridiques. Et la Cour suprême pourrait lui donner raison. Pas parce que le droit est de son côté, mais parce que la politique l’est. Parce que les juges conservateurs partagent sa vision d’une Amérique plus restrictive, plus homogène, plus « traditionnelle ». Et parce qu’ils savent que si ils bloquent Trump, il les attaquera publiquement, il mobilisera sa base contre eux, il créera une crise institutionnelle. Alors peut-être qu’ils céderont. Peut-être qu’ils trouveront une justification juridique alambiquée pour permettre ce qui devrait être impermissible. Et ce jour-là, la démocratie américaine aura franchi un point de non-retour.
Je ne suis pas juriste. Je ne prétends pas comprendre toutes les subtilités du droit constitutionnel américain. Mais je sais reconnaître l’injustice quand je la vois. Et ce que Trump fait, c’est de l’injustice pure. C’est de la cruauté institutionnalisée. C’est de la déshumanisation systématique. Et le fait qu’il puisse le faire en invoquant la loi, en prétendant respecter la Constitution, en se cachant derrière des arguments juridiques, ne change rien à la réalité : c’est mal. Profondément, viscéralement mal. Et si la Cour suprême valide ça, elle ne sera plus un rempart contre la tyrannie. Elle en sera complice.
Section 6 : Zohran Mamdani, le nouveau bouc émissaire
Un maire qui dérange
Si Ilhan Omar est la cible numéro un de Trump, Zohran Mamdani est en train de devenir la numéro deux. Élu maire de New York le 5 novembre 2025, Mamdani incarne tout ce que Trump déteste. Il est né en Ouganda de parents indiens. Il est musulman. Il est socialiste démocratique. Il a 34 ans. Il est charismatique. Il parle plusieurs langues. Il a été rappeur avant de devenir politicien. Et il a gagné. Contre toute attente, il a battu le candidat modéré soutenu par l’establishment démocrate pour devenir le premier maire musulman de New York, la plus grande ville des États-Unis. C’est un symbole puissant. Un symbole d’espoir pour beaucoup. Mais pour Trump et les républicains MAGA, c’est une provocation. Une insulte. Une preuve que l’Amérique est en train de leur échapper. Et ils ne peuvent pas le supporter. Dès le lendemain de son élection, les attaques ont commencé. Des élus républicains ont appelé à sa déportation. Des médias conservateurs ont remis en question sa citoyenneté. Trump lui-même a tweeté que Mamdani était « un danger pour la sécurité nationale » et qu’il devrait être « renvoyé d’où il vient ». Mamdani est arrivé aux États-Unis à l’âge de 7 ans. Il a grandi en Californie. Il a étudié à Stanford. Il a été naturalisé à 18 ans. Il est américain depuis 16 ans. Mais pour Trump, ça ne compte pas. Il sera toujours un étranger. Toujours un intrus. Toujours illégitime.
Le cas Mamdani est particulièrement révélateur parce qu’il montre que Trump ne s’attaque pas seulement aux immigrants pauvres, aux réfugiés, aux sans-papiers. Il s’attaque aussi aux immigrants qui réussissent. Aux immigrants éduqués. Aux immigrants qui accèdent au pouvoir. Parce que leur succès remet en question le récit raciste selon lequel les immigrants seraient inférieurs, incapables, parasites. Mamdani a tout fait « comme il faut ». Il a étudié dans les meilleures universités. Il a travaillé dur. Il s’est engagé en politique. Il a gagné une élection démocratique. Et maintenant, on veut le punir pour ça. On veut lui retirer sa citoyenneté. On veut l’expulser. Pourquoi ? Parce qu’il a osé réussir. Parce qu’il a osé prendre une place que Trump estime réservée aux « vrais Américains ». Parce qu’il a osé montrer que l’Amérique peut être autre chose qu’un pays blanc et chrétien. Et ça, Trump ne peut pas le tolérer. Lors d’un meeting en Floride le 15 novembre 2025, Trump a dit de Mamdani : « Ce type, Zohran ‘Kwame’ Mamdani — vous avez vu son nom ? Zohran Kwame Mamdani. Ça sonne américain pour vous ? Non. Ça sonne comme quelqu’un qui devrait être à Kampala, pas à New York ». La foule a ri. Elle a applaudi. Parce que pour eux, c’est évident : un nom « étranger » disqualifie automatiquement quelqu’un de la citoyenneté américaine. Peu importe qu’il soit légalement citoyen. Peu importe qu’il ait été élu démocratiquement. Il ne ressemble pas à un Américain. Donc il n’en est pas un.
La question de la légitimité
Ce qui est en jeu avec Mamdani, c’est la question de la légitimité. Qui a le droit d’être américain ? Qui a le droit de gouverner ? Qui a le droit de représenter le peuple américain ? Pour Trump et ses partisans, la réponse est claire : seuls les « vrais Américains » — comprendre : les blancs, les chrétiens, les descendants des colons européens — ont ce droit. Tous les autres sont des imposteurs. Des usurpateurs. Des menaces. Et peu importe qu’ils soient citoyens. Peu importe qu’ils aient été élus. Peu importe qu’ils respectent les lois. Ils ne seront jamais vraiment américains. Cette logique est profondément raciste. Elle nie le principe même de la citoyenneté, qui est censée être universelle, égalitaire, basée sur le droit et non sur l’origine ethnique. Mais Trump s’en fiche. Pour lui, la citoyenneté n’est pas un statut juridique. C’est une identité raciale. Et ceux qui ne correspondent pas à cette identité doivent être exclus. C’est pour ça qu’il parle de « civilisation occidentale », de « compatibilité culturelle », de « valeurs américaines ». Ce sont des codes. Des euphémismes. Des manières de dire « blanc » sans le dire. Et ça fonctionne. Parce que beaucoup d’Américains partagent cette vision. Ils ne le diraient pas aussi crûment. Ils ne se considèrent pas comme racistes. Mais au fond, ils pensent que l’Amérique devrait rester majoritairement blanche. Que les immigrants devraient « s’assimiler » — c’est-à-dire abandonner leur culture, leur langue, leur religion. Que ceux qui ne le font pas sont une menace.
Mamdani a répondu aux attaques avec dignité et fermeté. Dans une conférence de presse le 8 novembre 2025, il a déclaré : « Je suis américain. Je suis new-yorkais. J’ai été élu démocratiquement par les citoyens de cette ville. Et je ne laisserai personne, pas même le président, remettre en question ma légitimité ou ma citoyenneté. Ce pays a été construit par des immigrants. Il continue d’être enrichi par des immigrants. Et je suis fier d’en faire partie ». Ses mots ont résonné. Ils ont été repris par les médias, partagés sur les réseaux sociaux, applaudis par des millions de personnes. Mais ils ont aussi attisé la colère de Trump. Le lendemain, le président a tweeté : « Mamdani dit qu’il est américain. Vraiment ? Montrez-moi les papiers. Montrez-moi la preuve. Parce que moi, je pense qu’il a menti pour obtenir sa citoyenneté. Je pense qu’il devrait être enquêté. Et si on découvre qu’il a menti, il devrait être dénaturalisé et expulsé ». C’est du birtherism 2.0. La même tactique que Trump avait utilisée contre Obama, en remettant en question sa nationalité, en exigeant son acte de naissance, en insinuant qu’il était un imposteur. Sauf que cette fois, Trump a le pouvoir de faire quelque chose. Il peut ordonner une enquête. Il peut mobiliser le Département de la Justice. Il peut créer un climat de suspicion et de peur. Et c’est exactement ce qu’il fait.
Mamdani me donne de l’espoir. Pas parce qu’il est parfait — personne ne l’est. Mais parce qu’il refuse de se laisser intimider. Parce qu’il refuse de jouer le jeu de Trump. Parce qu’il refuse de s’excuser d’exister. Et ça, c’est puissant. Parce que la stratégie de Trump repose sur la peur. Sur l’idée que si il crie assez fort, si il menace assez, les gens vont se taire, vont se soumettre, vont disparaître. Mais Mamdani ne disparaît pas. Il résiste. Et en résistant, il montre à des millions d’autres immigrants, de naturalisés, de citoyens de seconde classe, qu’ils peuvent résister aussi. Qu’ils ne sont pas seuls. Qu’ils ont le droit d’exister, de s’exprimer, de gouverner. Et ça, Trump ne peut pas le supporter.
Section 7 : La rhétorique de la déshumanisation
Des mots qui tuent
Les mots ont un pouvoir. Un pouvoir immense. Ils peuvent inspirer, élever, unir. Mais ils peuvent aussi détruire, diviser, déshumaniser. Et Trump le sait. Il utilise les mots comme des armes. Quand il traite Ilhan Omar d' »ordure », quand il dit que les Somaliens « ne contribuent à rien », quand il qualifie les immigrants de « vermine » ou d' »animaux », il ne fait pas que les insulter. Il les déshumanise. Il les réduit à quelque chose de moins qu’humain. Et une fois qu’on a déshumanisé quelqu’un, on peut lui faire n’importe quoi. On peut le maltraiter, l’emprisonner, l’expulser, le tuer. Parce qu’il n’est plus vraiment humain. C’est la logique de tous les génocides, de toutes les épurations ethniques, de tous les crimes contre l’humanité. Ça commence toujours par les mots. Par la désignation d’un groupe comme « autre », comme « dangereux », comme « inférieur ». Et ça finit toujours dans le sang. L’histoire nous l’a montré, encore et encore. Les Juifs étaient de la « vermine » pour les nazis. Les Tutsis étaient des « cafards » pour les génocidaires rwandais. Les Rohingyas sont des « terroristes » pour le gouvernement birman. Et maintenant, les immigrants sont des « ordures » pour Trump. Le parallèle est glaçant. Mais il est réel.
Trump n’invente rien. Il recycle une rhétorique vieille comme le monde. Une rhétorique qui a toujours servi à justifier l’injustifiable. Mais ce qui est nouveau, c’est qu’il le fait ouvertement, sans honte, sans filtre. Il n’utilise plus de dog whistles — ces codes subtils que les politiciens racistes utilisaient traditionnellement pour communiquer avec leur base sans choquer le grand public. Non. Trump utilise un mégaphone. Il crie ses préjugés. Il assume son racisme. Et ça fonctionne. Parce que beaucoup d’Américains en avaient assez du « politiquement correct », de la « censure », de l’obligation de faire attention à ce qu’on dit. Trump leur donne la permission de dire tout haut ce qu’ils pensaient tout bas. Il normalise la haine. Il banalise la cruauté. Et chaque fois qu’il le fait, il déplace un peu plus les limites de l’acceptable. Aujourd’hui, on peut traiter une élue du Congrès d' »ordure » sans conséquences. Demain, on pourra peut-être l’arrêter. Après-demain, l’expulser. Et un jour, qui sait ? La tuer ? Où s’arrête la logique de la déshumanisation ? Nulle part. Elle ne s’arrête jamais d’elle-même. Il faut l’arrêter. Activement. Consciemment. Collectivement.
Le rôle des médias et des réseaux sociaux
Trump ne pourrait pas faire ce qu’il fait sans l’aide des médias et des réseaux sociaux. Ils amplifient ses messages. Ils les diffusent. Ils les normalisent. Fox News, Newsmax, OAN — ces chaînes conservatrices relaient sans filtre la propagande de Trump. Elles invitent des « experts » qui justifient la dénaturalisation. Elles diffusent des reportages alarmistes sur l' »invasion » migratoire. Elles créent un climat de peur et de paranoïa. Et les réseaux sociaux font pire encore. Sur Truth Social, sur X (anciennement Twitter), sur Facebook, les messages de haine se multiplient. Les appels à la violence se banalisent. Les théories du complot prolifèrent. Et les algorithmes amplifient tout ça, parce que la haine génère de l’engagement, et l’engagement génère des profits. Elon Musk, le propriétaire de X, est un allié de Trump. Il a rétabli les comptes de suprémacistes blancs bannis. Il a affaibli la modération. Il a transformé X en un égout toxique où la désinformation et la haine règnent en maîtres. Et Mark Zuckerberg, le patron de Meta (Facebook, Instagram), n’est pas mieux. Il a supprimé les fact-checkers. Il a assoupli les règles contre les discours de haine. Il a priorisé la « liberté d’expression » — comprendre : le droit de dire n’importe quoi, même des mensonges, même des appels à la violence — sur la sécurité des utilisateurs.
Mais les médias traditionnels ne sont pas innocents non plus. Beaucoup ont normalisé Trump en le traitant comme un politicien ordinaire. En donnant autant de temps d’antenne à ses mensonges qu’aux faits. En présentant ses positions extrêmes comme une simple « opinion différente ». En refusant d’appeler un chat un chat, de dire que Trump est raciste, autoritaire, dangereux. Par peur de paraître partisans. Par peur de perdre des spectateurs. Par peur de se faire accuser de « biais libéral ». Mais il n’y a pas de neutralité face à l’injustice. Il n’y a pas de « deux côtés » quand un côté veut dénaturaliser des citoyens et l’autre veut protéger leurs droits. Il n’y a pas d’équivalence morale entre ceux qui déshumanisent et ceux qui défendent la dignité humaine. Et en prétendant qu’il y en a une, les médias deviennent complices. Ils permettent à Trump de normaliser l’anormal. De banaliser l’horreur. De faire passer pour acceptable ce qui devrait être intolérable. Et quand l’histoire jugera cette période, elle ne sera pas tendre avec eux. Elle demandera : où étiez-vous ? Pourquoi n’avez-vous rien fait ? Pourquoi avez-vous laissé faire ?
Je suis chroniqueur. J’écris. C’est mon métier, ma passion, ma manière de contribuer au débat public. Mais parfois, je me demande si ça sert à quelque chose. Si mes mots peuvent changer quoi que ce soit. Si quelqu’un m’écoute vraiment. Et puis je me rappelle que les mots ont un pouvoir. Que c’est par les mots que Trump déshumanise. Que c’est par les mots que la haine se propage. Mais que c’est aussi par les mots qu’on résiste. Qu’on témoigne. Qu’on refuse d’oublier. Qu’on garde une trace. Pour que dans 50 ans, quand les gens se demanderont « comment ont-ils pu laisser faire ça ? », ils sachent que certains ont dit non. Que certains ont refusé. Que certains ont résisté. Même si c’était insuffisant. Même si c’était trop tard. Au moins, ils sauront qu’on a essayé.
Section 8 : Les Somaliens, boucs émissaires parfaits
Une communauté ciblée
Si Trump devait choisir un groupe à diaboliser, les Somaliens seraient le choix parfait. Ils sont noirs. Ils sont musulmans. Ils viennent d’un pays pauvre et instable. Ils sont visibles. Ils ont des noms « étrangers ». Ils portent parfois des vêtements traditionnels. Et ils sont concentrés dans certaines régions, notamment le Minnesota, ce qui les rend faciles à cibler. Trump l’a compris. Depuis des années, il attaque la communauté somalienne. Il prétend qu’elle est infiltrée par des terroristes. Il affirme que les Somaliens « ne s’assimilent pas ». Il les accuse de vivre « grâce aux aides sociales ». Tout est faux. Les Somaliens du Minnesota travaillent. Ils créent des entreprises. Ils paient leurs impôts. Ils participent à la vie civique. Mais Trump s’en fiche. Pour lui, ils sont un symbole. Un symbole de tout ce qui ne va pas avec l’immigration. Un symbole de l’Amérique qui change, qui se diversifie, qui échappe au contrôle des blancs. Et il veut les punir pour ça. Le 1er décembre 2025, Trump a annoncé la fin du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les Somaliens. Ce statut permettait à environ 400 personnes de rester légalement aux États-Unis parce que retourner en Somalie serait dangereux. Trump a décidé que ce n’était plus le cas. Que la Somalie était « sûre ». C’est un mensonge. La Somalie est toujours ravagée par la guerre civile, le terrorisme, la famine. Mais Trump s’en fiche. Il veut expulser les Somaliens. Tous les Somaliens. Même ceux qui sont citoyens.
Lors de son entretien sur Air Force One le 1er décembre 2025, Trump a été explicite : « Nous ne voulons pas de ces gens. Vous savez pourquoi nous ne les voulons pas ? Parce que beaucoup d’entre eux ne valent rien ». Pas « certains ». Pas « quelques-uns ». « Beaucoup ». C’est une généralisation raciste. Une condamnation collective. Une négation de l’individualité. Pour Trump, tous les Somaliens sont pareils. Tous sont indésirables. Tous doivent partir. Et peu importe qu’ils soient citoyens. Peu importe qu’ils aient des familles, des emplois, des vies ici. Peu importe qu’ils aient fui la guerre, la persécution, la mort. Pour Trump, ils sont « garbage ». Ordure. À jeter. À éliminer. Et son cabinet applaudit. Ses partisans applaudissent. Parce que pour eux aussi, les Somaliens ne sont pas vraiment humains. Ce sont des « autres ». Des « envahisseurs ». Des « parasites ». Et on ne négocie pas avec des parasites. On les élimine. C’est la logique de la purification ethnique. Et elle est en train de devenir la politique officielle des États-Unis. En 2025. Au XXIe siècle. Dans le pays qui se prétend le phare de la démocratie mondiale.
Le Minnesota dans la tourmente
Le Minnesota abrite la plus grande communauté somalienne des États-Unis, environ 50 000 personnes, principalement concentrées dans la région de Minneapolis-Saint Paul. Ils sont arrivés dans les années 1990 et 2000, fuyant la guerre civile qui déchirait leur pays. Beaucoup étaient des réfugiés, accueillis par les États-Unis dans le cadre de programmes humanitaires. Ils se sont installés, ont reconstruit leur vie, ont créé des entreprises, ont élevé leurs enfants. Aujourd’hui, la communauté somalienne du Minnesota est dynamique, entrepreneuriale, engagée. Elle a produit des élus, des artistes, des athlètes, des intellectuels. Ilhan Omar en est l’exemple le plus visible, mais elle n’est pas la seule. Il y a des conseillers municipaux somaliens, des directeurs d’école, des médecins, des avocats. Des gens qui contribuent à leur communauté, qui enrichissent la société américaine. Mais pour Trump, tout ça ne compte pas. Pour lui, les Somaliens du Minnesota sont un problème. Une « invasion ». Une menace. Et il veut les éliminer. Depuis son retour au pouvoir, les raids de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) se sont multipliés dans le Minnesota. Des familles sont séparées. Des gens sont arrêtés à leur domicile, à leur travail, dans la rue. Même des citoyens naturalisés sont interrogés, leurs papiers vérifiés, leur citoyenneté remise en question.
Le gouverneur du Minnesota, Tim Walz, a dénoncé ces pratiques. Il a promis de protéger les résidents de son État, quelle que soit leur origine. Mais ses pouvoirs sont limités. L’immigration est une compétence fédérale. Et Trump a les moyens de sa politique. Il a augmenté les budgets de l’ICE. Il a recruté des milliers d’agents supplémentaires. Il a créé des centres de détention dans tout le pays. Et il a donné carte blanche à ses agents pour arrêter, détenir, expulser. Sans supervision. Sans contrôle. Sans limites. Les témoignages affluent de familles déchirées, d’enfants séparés de leurs parents, de personnes âgées expulsées vers un pays qu’elles ne connaissent plus. Comme cette grand-mère de 72 ans, arrivée aux États-Unis il y a 25 ans, naturalisée depuis 15 ans, qui a été arrêtée chez elle à 6 heures du matin, menottée devant ses petits-enfants, emmenée dans un centre de détention, et qui attend maintenant d’être expulsée en Somalie. Son « crime » ? Avoir omis de mentionner une arrestation mineure dans sa demande de citoyenneté il y a 15 ans. Une omission involontaire, un oubli, une erreur administrative. Mais pour l’administration Trump, c’est suffisant pour justifier la dénaturalisation. Pour détruire une vie. Pour briser une famille. Et personne ne fait rien. Ou presque.
Je pense souvent à cette phrase d’Elie Wiesel : « Le contraire de l’amour n’est pas la haine, c’est l’indifférence ». Et c’est ça qui me terrifie le plus. Pas la haine de Trump — elle est évidente, assumée, presque caricaturale. Non. Ce qui me terrifie, c’est l’indifférence. L’indifférence de ceux qui se disent « ça ne me concerne pas ». L’indifférence de ceux qui pensent « ils n’avaient qu’à pas venir ». L’indifférence de ceux qui trouvent toujours une excuse, une justification, une raison de ne pas s’indigner. Parce que c’est cette indifférence qui permet à Trump de faire ce qu’il fait. C’est cette indifférence qui a permis tous les crimes de l’histoire. Et c’est cette indifférence qu’il faut combattre. Pas avec de grands discours. Pas avec des théories compliquées. Mais avec de l’empathie. Avec de l’humanité. Avec la simple reconnaissance que ces gens — ces Somaliens, ces immigrants, ces naturalisés — sont des êtres humains. Comme nous. Avec les mêmes peurs, les mêmes espoirs, les mêmes rêves. Et qu’ils méritent d’être traités avec dignité. Toujours.
Section 9 : Stephen Miller, l'architecte de la haine
L’idéologue en chef
Derrière chaque politique de Trump, il y a un homme : Stephen Miller. Chef adjoint du cabinet présidentiel, conseiller principal, architecte de la politique migratoire. Miller est le cerveau. Trump est le mégaphone. Ensemble, ils forment un duo redoutable. Miller n’est pas un opportuniste. Il n’est pas un cynique qui utilise le racisme pour gagner des élections. Non. Miller est un idéologue. Un vrai croyant. Quelqu’un qui pense sincèrement que l’immigration est une menace existentielle pour l’Amérique. Que la diversité est une faiblesse. Que les blancs sont en train de devenir minoritaires et qu’il faut inverser cette tendance. Il a 39 ans. Il est jeune, intelligent, déterminé. Et il a le pouvoir. C’est lui qui a rédigé le décret sur le droit du sol. C’est lui qui a conçu la politique de séparation des familles à la frontière. C’est lui qui a écrit les discours de Trump sur l' »invasion » migratoire. Et c’est lui qui, aujourd’hui, pilote la campagne de dénaturalisation. Miller vient de l’extrême droite. Il a commencé sa carrière en travaillant pour des élus républicains ultraconservateurs. Il a été influencé par des sites web suprémacistes blancs. Il a des liens avec des groupes identitaires. Et il n’a jamais caché ses convictions. Pour lui, l’Amérique doit rester majoritairement blanche. Point final.
Miller est fasciné par l’Europe. Par les partis d’extrême droite européens. Par leurs idées, leurs stratégies, leur rhétorique. C’est lui qui a introduit le concept de « remigration » dans le discours politique américain. C’est lui qui a convaincu Trump d’inviter Viktor Orbán à la Maison Blanche. C’est lui qui a organisé des rencontres avec des dirigeants d’extrême droite européens, pour échanger des idées, des tactiques, des contacts. Miller voit l’immigration comme une guerre. Une guerre civilisationnelle. Une guerre pour la survie de la « race blanche ». Et il est prêt à tout pour la gagner. Y compris à violer la Constitution. Y compris à détruire des vies. Y compris à transformer l’Amérique en un État autoritaire. Parce que pour lui, la fin justifie les moyens. Si il faut dénaturaliser des millions de personnes pour « sauver l’Amérique », alors soit. Si il faut créer des camps de détention, alors soit. Si il faut séparer des familles, alors soit. Miller n’a pas de limites morales. Il n’a pas de scrupules. Il n’a qu’un objectif : purger l’Amérique de ceux qu’il considère comme des étrangers. Et il est en train de réussir.
Le projet 2025 et au-delà
Miller n’improvise pas. Il suit un plan. Un plan détaillé, méthodique, à long terme. Ce plan s’appelle le Projet 2025. C’est un document de 900 pages rédigé par la Heritage Foundation, un think tank conservateur, avec la contribution de Miller et d’autres idéologues de l’extrême droite. Le Projet 2025 décrit en détail comment transformer l’Amérique en un État conservateur, chrétien, nationaliste. Il propose de démanteler les agences fédérales, de purger la fonction publique, de nommer des loyalistes à tous les postes clés, de restreindre drastiquement l’immigration, de criminaliser l’avortement, de supprimer les protections pour les personnes LGBTQ+, de censurer les médias, de militariser la police. C’est un programme autoritaire. Un programme fasciste, même. Et Trump est en train de l’appliquer. Point par point. Décret par décret. Nomination par nomination. La dénaturalisation fait partie de ce plan. Elle est explicitement mentionnée dans le Projet 2025 comme un outil pour « restaurer l’intégrité du système de citoyenneté ». Comprendre : pour se débarrasser des citoyens indésirables. Des citoyens qui ne correspondent pas à l’idée que Miller se fait d’un Américain.
Mais Miller ne s’arrêtera pas là. La dénaturalisation n’est qu’une étape. Le Projet 2025 prévoit aussi la création d’une milice présidentielle, une force paramilitaire directement contrôlée par le président, qui pourrait être utilisée pour réprimer les manifestations, arrêter les opposants, imposer la loi martiale. Il prévoit la construction de camps de détention massifs, capables d’accueillir des centaines de milliers de personnes en attente d’expulsion. Il prévoit la révocation du droit de vote pour les naturalisés, sous prétexte qu’ils ne sont pas de « vrais Américains ». Il prévoit même la révision du 14e amendement, pour restreindre la citoyenneté aux descendants de citoyens. C’est un projet de transformation radicale de l’Amérique. Un projet qui, s’il est mené à son terme, fera des États-Unis un pays méconnaissable. Un pays où la citoyenneté est conditionnelle. Où les droits sont révocables. Où la démocratie n’est qu’une façade. Et Miller est déterminé à y parvenir. Il a le pouvoir. Il a le soutien de Trump. Il a le soutien d’une partie significative de la population. Et il a le temps. Parce que Trump a été réélu. Et il pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2029. Quatre ans. Quatre ans pour détruire ce qui a mis des siècles à construire.
Miller me fait peur. Plus que Trump, en fait. Parce que Trump est impulsif, erratique, narcissique. Il agit par instinct, par ego, par besoin d’attention. Mais Miller est différent. Miller est calculateur. Méthodique. Patient. Il a une vision. Un plan. Une stratégie. Et il est prêt à attendre, à manœuvrer, à s’adapter pour atteindre ses objectifs. Trump passera. Dans quatre ans, dans huit ans, il ne sera plus là. Mais Miller restera. Et son influence restera. Parce qu’il a créé un mouvement. Il a formé une génération de jeunes conservateurs qui partagent ses idées. Il a construit un réseau d’organisations, de think tanks, de médias qui propagent sa vision. Et même quand Trump sera parti, ce mouvement continuera. Cette idéologie continuera. Cette menace continuera. Et c’est ça qui me terrifie le plus.
Section 10 : La résistance s'organise
Les voix qui s’élèvent
Face à la menace, la résistance s’organise. Partout dans le pays, des voix s’élèvent. Des élus, des avocats, des militants, des citoyens ordinaires. Ils refusent de se taire. Ils refusent de se soumettre. Ils refusent d’accepter l’inacceptable. Des organisations de défense des droits civiques comme l’ACLU (American Civil Liberties Union) ont déjà déposé des dizaines de recours contre les politiques de Trump. Elles contestent la légalité de la dénaturalisation, du décret sur le droit du sol, des raids de l’ICE. Elles gagnent certains procès. Elles en perdent d’autres. Mais elles continuent. Parce qu’elles savent que chaque victoire compte. Que chaque procès gagné sauve des vies. Que chaque décision de justice qui bloque Trump ralentit sa machine de destruction. Des élus démocrates, au Congrès et dans les États, multiplient les initiatives. Ils proposent des lois pour protéger les naturalisés. Ils organisent des auditions pour dénoncer les abus de l’administration. Ils utilisent tous les leviers institutionnels à leur disposition. C’est insuffisant. Ils sont minoritaires au Congrès. Ils n’ont pas le pouvoir d’arrêter Trump. Mais ils témoignent. Ils gardent une trace. Ils montrent qu’il existe une autre Amérique. Une Amérique qui refuse la haine. Une Amérique qui défend la dignité humaine.
Des villes et des États se déclarent « sanctuaires« . Ils refusent de coopérer avec l’ICE. Ils interdisent à leur police locale de participer aux raids. Ils offrent des services juridiques gratuits aux immigrants menacés d’expulsion. New York, sous la direction de Zohran Mamdani, est en première ligne. Mamdani a promis de faire de New York une « forteresse » pour les immigrants. Il a augmenté le budget des services d’aide juridique. Il a créé un fonds d’urgence pour les familles menacées d’expulsion. Il a interdit à la police new-yorkaise de collaborer avec l’ICE. Et il a lancé un message clair à Trump : « Vous ne toucherez pas aux New-Yorkais. Pas tant que je serai maire ». C’est courageux. C’est nécessaire. Mais c’est aussi dangereux. Parce que Trump a menacé de couper les subventions fédérales aux villes sanctuaires. Il a menacé d’envoyer des troupes fédérales pour « rétablir l’ordre ». Il a même évoqué l’arrestation des maires qui refusent de coopérer. Mamdani le sait. Mais il ne recule pas. Parce qu’il sait que si personne ne résiste, Trump gagnera. Et si Trump gagne, c’est la démocratie qui perd.
La mobilisation citoyenne
Mais la résistance ne vient pas que des institutions. Elle vient aussi de la base. Des citoyens ordinaires qui descendent dans la rue, qui manifestent, qui s’organisent. Depuis l’annonce de la politique de dénaturalisation, les manifestations se multiplient. À New York, à Los Angeles, à Chicago, à Minneapolis, des dizaines de milliers de personnes défilent pour défendre les droits des immigrants. Elles portent des pancartes : « Nous sommes tous américains », « La citoyenneté n’est pas révocable », « Trump ne nous divisera pas ». Elles scandent des slogans. Elles chantent. Elles refusent de se laisser intimider. Et elles sont diverses. Ce ne sont pas que des immigrants. Ce ne sont pas que des naturalisés. Ce sont des Américains de toutes origines, de toutes couleurs, de toutes religions. Parce qu’ils comprennent que cette lutte ne concerne pas que les immigrants. Elle concerne tout le monde. Parce que si Trump peut dénaturaliser des citoyens aujourd’hui, il pourra s’attaquer à d’autres droits demain. Le droit de vote. Le droit de manifester. Le droit de s’exprimer. La démocratie elle-même. Et personne ne sera épargné. C’est pour ça que la résistance doit être large. Inclusive. Solidaire. Parce que divisés, on perd. Unis, on a une chance.
Des réseaux de solidarité se créent. Des familles accueillent des immigrants menacés d’expulsion. Des avocats offrent leurs services gratuitement. Des médecins soignent sans poser de questions. Des enseignants protègent leurs élèves. Des voisins se soutiennent. C’est beau. C’est puissant. C’est ce que l’Amérique a de meilleur. Cette capacité à se mobiliser, à s’entraider, à résister collectivement face à l’injustice. Mais c’est aussi fragile. Parce que Trump a les moyens de réprimer. Il a la police. Il a l’armée. Il a les tribunaux. Et il n’hésite pas à les utiliser. Les manifestations sont de plus en plus violemment réprimées. Les arrestations se multiplient. Les poursuites judiciaires contre les militants s’accumulent. Trump a même évoqué l’utilisation de la loi anti-terroriste contre les « extrémistes de gauche » qui « incitent à la violence ». C’est une inversion totale de la réalité. Ce sont les politiques de Trump qui sont violentes. Ce sont ses discours qui incitent à la haine. Mais il accuse ses opposants de ce qu’il fait lui-même. C’est une tactique classique des régimes autoritaires. Et ça fonctionne. Parce que ça crée la confusion. Ça brouille les repères. Ça fait douter. Et dans le doute, beaucoup préfèrent se taire. Par peur. Par prudence. Par résignation.
Mais on ne peut pas se taire. On ne peut pas se résigner. On ne peut pas accepter. Parce que si on accepte aujourd’hui la dénaturalisation, on acceptera demain autre chose. Et après-demain encore autre chose. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Plus de droits. Plus de libertés. Plus de démocratie. Juste un régime autoritaire qui décide qui a le droit d’exister et qui doit disparaître. Et à ce moment-là, il sera trop tard pour résister. Trop tard pour se réveiller. Trop tard pour dire « j’aurais dû faire quelque chose ». C’est maintenant qu’il faut agir. Maintenant qu’il faut résister. Maintenant qu’il faut dire non. Pas demain. Pas quand ce sera plus facile. Maintenant. Parce que demain, ce sera trop tard.
Section 11 : Les précédents historiques qui hantent
L’internement des Japonais-Américains
L’histoire américaine est jalonnée de moments sombres. De moments où le pays a trahi ses propres valeurs. De moments où la peur, le racisme et la xénophobie ont triomphé sur la justice et l’humanité. L’un de ces moments est l’internement des Japonais-Américains pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1942, après l’attaque de Pearl Harbor, le président Franklin D. Roosevelt a signé l’ordre exécutif 9066, autorisant l’internement de plus de 120 000 personnes d’origine japonaise vivant sur la côte ouest. Les deux tiers étaient des citoyens américains. Nés aux États-Unis. Avec les mêmes droits que n’importe quel autre Américain. Mais ça n’a pas compté. Parce qu’ils avaient des ancêtres japonais. Parce qu’ils « ressemblaient à l’ennemi ». Parce que le gouvernement les considérait comme une menace potentielle. Ils ont été arrachés à leurs maisons, à leurs emplois, à leurs vies. Ils ont été enfermés dans des camps, dans des conditions déplorables, pendant des années. Sans procès. Sans preuves. Sans raison valable. Juste parce qu’ils étaient japonais. Et l’Amérique a laissé faire. La Cour suprême a validé l’internement. Le Congrès n’a rien fait. Les médias ont soutenu la mesure. Et la population a applaudi. Parce qu’on était en guerre. Parce qu’il fallait « protéger la sécurité nationale ». Parce que « mieux vaut prévenir que guérir ».
Aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire que l’internement des Japonais-Américains était une erreur. Une injustice. Une tache sur l’histoire américaine. En 1988, le président Reagan a présenté des excuses officielles et a accordé des réparations aux survivants. Mais les excuses ne rendent pas les années perdues. Elles ne réparent pas les vies brisées. Elles ne ressuscitent pas les morts. Et surtout, elles n’empêchent pas que ça se reproduise. Parce que c’est exactement ce qui est en train de se passer. Trump utilise les mêmes arguments que Roosevelt. Il parle de « sécurité nationale ». Il parle de « menace existentielle ». Il parle de « nécessité de protéger le pays ». Et il cible un groupe spécifique — les immigrants, les musulmans, les naturalisés — en les présentant comme une cinquième colonne, comme des ennemis de l’intérieur. C’est la même logique. La même rhétorique. La même injustice. Et l’Amérique est en train de laisser faire. Encore. Parce qu’on n’a rien appris. Parce qu’on pense que « cette fois, c’est différent ». Parce qu’on se dit que « eux, ils sont vraiment dangereux ». Mais c’est exactement ce qu’on disait des Japonais-Américains en 1942. Et c’était faux. Comme c’est faux aujourd’hui.
Les lois Jim Crow et la ségrégation
Un autre précédent historique qui hante est celui des lois Jim Crow. Après la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage, les États du Sud ont adopté une série de lois pour maintenir la ségrégation raciale et priver les Noirs de leurs droits. Ces lois ont créé deux catégories de citoyens : les blancs, qui avaient tous les droits, et les Noirs, qui n’en avaient presque aucun. Ils ne pouvaient pas voter. Ils ne pouvaient pas fréquenter les mêmes écoles. Ils ne pouvaient pas utiliser les mêmes transports. Ils ne pouvaient pas se marier avec des blancs. Ils étaient citoyens sur le papier, mais pas dans les faits. Et cette situation a duré près d’un siècle. De 1877 à 1965. Près d’un siècle pendant lequel l’Amérique a maintenu un système d’apartheid, en violation flagrante de la Constitution, du 14e amendement, de tous les principes démocratiques. Et personne n’a rien fait. Ou presque. Parce que c’était « la tradition ». Parce que c’était « l’ordre naturel des choses ». Parce que les blancs avaient peur de perdre leurs privilèges. Il a fallu des décennies de lutte, de sacrifices, de morts, pour que les lois Jim Crow soient finalement abolies. Et encore aujourd’hui, leurs effets se font sentir. Le racisme systémique. Les inégalités économiques. La violence policière. Tout ça découle de cette période.
Et aujourd’hui, Trump est en train de créer un nouveau système de citoyenneté à deux vitesses. D’un côté, les « vrais Américains » — les blancs, les chrétiens, les descendants des colons européens — qui ont tous les droits, qui sont protégés, qui sont légitimes. De l’autre, les « faux Américains » — les naturalisés, les immigrants, les non-blancs — qui ont des droits conditionnels, révocables, précaires. Qui peuvent être dénaturalisés, expulsés, privés de leur citoyenneté à tout moment, pour n’importe quelle raison. C’est un retour aux lois Jim Crow. Pas dans la forme, mais dans l’esprit. C’est la même logique de hiérarchisation, de discrimination, d’exclusion. Et si on laisse faire, ça durera. Ça s’enracinera. Ça deviendra la norme. Et dans 50 ans, nos petits-enfants nous demanderont : « Comment avez-vous pu laisser faire ça ? Comment avez-vous pu accepter qu’il y ait des citoyens de première et de seconde classe ? Comment avez-vous pu rester silencieux ? » Et on n’aura pas de réponse. Parce qu’il n’y a pas de bonne réponse. Il n’y a que la honte. La honte d’avoir su. La honte d’avoir vu. La honte de n’avoir rien fait.
L’histoire se répète. Encore et encore. Parce qu’on refuse d’apprendre. Parce qu’on pense que « cette fois, c’est différent ». Parce qu’on se croit plus intelligents, plus éclairés, plus moraux que nos ancêtres. Mais on ne l’est pas. On fait les mêmes erreurs. On commet les mêmes injustices. On ferme les yeux sur les mêmes horreurs. Et dans 50 ans, quand les historiens raconteront cette période, ils utiliseront les mêmes mots que pour l’internement des Japonais-Américains ou les lois Jim Crow. Ils parleront d' »erreur ». D' »injustice ». De « tache sur l’histoire américaine ». Et ils se demanderont comment on a pu laisser faire. Comment on a pu ne pas voir. Comment on a pu ne pas agir. Et la seule réponse sera : parce qu’on a choisi de ne pas voir. Parce qu’on a choisi de ne pas agir. Parce qu’on a choisi le confort de l’indifférence plutôt que l’inconfort de la résistance.
Section 12 : L'Europe regarde, inquiète
Un modèle qui fait des émules
Ce qui se passe aux États-Unis ne reste pas aux États-Unis. L’Amérique est une superpuissance. Ce qu’elle fait, ce qu’elle dit, ce qu’elle représente, a un impact mondial. Et aujourd’hui, cet impact est toxique. Les partis d’extrême droite européens observent Trump avec admiration. Ils voient qu’il peut dire ouvertement ce qu’eux doivent encore coder. Qu’il peut faire ouvertement ce qu’eux doivent encore dissimuler. Et ils prennent des notes. En France, le Rassemblement National de Marine Le Pen et Jordan Bardella applaudit les politiques de Trump. Ils parlent de « remigration ». Ils promettent de « rendre la France aux Français ». Ils veulent restreindre la citoyenneté, expulser les binationaux, fermer les frontières. En Italie, Giorgia Meloni, la Première ministre d’extrême droite, a déjà mis en place des politiques migratoires draconiennes. Elle a criminalisé le sauvetage en mer. Elle a créé des camps de détention en Albanie. Elle a durci les conditions d’obtention de la citoyenneté. En Allemagne, l’AfD (Alternative für Deutschland) monte dans les sondages. Ils parlent de « déportation massive ». Ils veulent « nettoyer » l’Allemagne des immigrants. Et ils citent Trump comme modèle. Comme preuve que c’est possible. Que c’est faisable. Que ça marche.
Mais l’Europe n’est pas l’Amérique. Elle a une histoire différente. Une histoire marquée par les génocides, les épurations ethniques, les camps de concentration. Une histoire qui devrait servir d’avertissement. Qui devrait empêcher que ça se reproduise. Mais visiblement, ça ne suffit pas. Parce que les mêmes idées reviennent. Les mêmes discours. Les mêmes politiques. Juste avec des mots différents. On ne parle plus de « race », on parle de « culture ». On ne parle plus d' »épuration », on parle de « remigration ». On ne parle plus de « camps », on parle de « centres de rétention ». Mais c’est la même chose. C’est la même logique. C’est la même haine. Et l’Europe est en train de basculer. Pays après pays. Élection après élection. L’extrême droite progresse. Elle normalise ses idées. Elle accède au pouvoir. Et elle regarde Trump comme un pionnier. Comme quelqu’un qui a osé franchir la ligne. Qui a osé dire tout haut ce qu’eux pensaient tout bas. Et maintenant, ils veulent faire pareil. Ils veulent leur propre Trump. Leur propre politique de dénaturalisation. Leur propre purge ethnique. Et si on ne les arrête pas, ils y arriveront.
La démocratie mondiale en danger
Mais au-delà de l’Europe, c’est la démocratie mondiale qui est en danger. Parce que Trump ne se contente pas de détruire la démocratie américaine. Il inspire des autocrates partout dans le monde. Il leur montre qu’on peut violer les droits humains, museler l’opposition, manipuler les élections, et rester au pouvoir. Il leur montre qu’on peut défier les institutions internationales, ignorer le droit international, se moquer des traités, et s’en tirer. Il leur montre qu’on peut être ouvertement raciste, sexiste, autoritaire, et être réélu. Et ils prennent exemple. En Russie, Poutine cite Trump pour justifier ses propres violations des droits humains. En Chine, Xi Jinping utilise Trump pour démontrer que la démocratie ne fonctionne pas. En Turquie, en Hongrie, au Brésil, aux Philippines, partout, les autocrates se sentent légitimés par Trump. Ils se disent : « Si lui peut le faire, pourquoi pas nous ? » Et ils le font. Ils répriment. Ils emprisonnent. Ils tuent. Et le monde regarde. Impuissant. Parce que l’Amérique, qui était censée être le phare de la démocratie, le défenseur des droits humains, le garant de l’ordre international, est devenue le problème. Elle est devenue un modèle d’autoritarisme. Un exemple de ce qu’il ne faut pas faire. Et ça, c’est une tragédie. Pas seulement pour l’Amérique. Mais pour le monde entier.
Les organisations internationales sont dépassées. L’ONU condamne, mais ne peut rien faire. La Cour pénale internationale enquête, mais n’a pas de pouvoir d’exécution. Les ONG dénoncent, mais sont ignorées. Et les démocraties qui restent — la France, l’Allemagne, le Canada, le Japon — sont trop faibles, trop divisées, trop préoccupées par leurs propres problèmes pour agir. Elles publient des communiqués. Elles expriment leur « préoccupation ». Elles appellent au « dialogue ». Mais elles ne font rien de concret. Elles ne sanctionnent pas. Elles ne rompent pas les relations diplomatiques. Elles ne boycottent pas. Parce qu’elles ont peur. Peur de perdre l’accès au marché américain. Peur de se retrouver isolées. Peur de Trump. Et cette peur est en train de tuer la démocratie mondiale. Parce que si personne ne résiste, si personne ne dit non, si personne ne défend les valeurs démocratiques, alors ces valeurs disparaîtront. Et on se retrouvera dans un monde dominé par des autocrates. Un monde où les droits humains ne sont qu’une illusion. Un monde où la force prime sur le droit. Un monde où la démocratie n’est plus qu’un souvenir.
Je regarde l’Europe, et je vois l’Amérique dans 10 ans. Je regarde la Hongrie, et je vois l’Amérique dans 5 ans. Je regarde la Russie, et je vois l’Amérique dans 20 ans. Parce que c’est ça, la trajectoire. C’est ça, la pente glissante. On commence par dénaturaliser quelques citoyens. Puis on en dénaturalise des milliers. Puis des millions. Puis on s’attaque à d’autres droits. Au droit de vote. Au droit de manifester. Au droit de s’exprimer. Et un jour, on se réveille dans un régime autoritaire. Et on se demande comment on en est arrivés là. Et la réponse est simple : pas à pas. Décret après décret. Compromis après compromis. Silence après silence. C’est comme ça que les démocraties meurent. Pas dans un grand fracas. Mais dans un long murmure d’indifférence.
Section 13 : Que faire maintenant ?
Les actions individuelles
Face à l’ampleur de la menace, on peut se sentir impuissant. Se dire que de toute façon, on ne peut rien faire. Que Trump est trop puissant. Que le système est trop corrompu. Que la bataille est perdue d’avance. Mais c’est faux. Chacun peut agir. À son niveau. À sa manière. Avec ses moyens. Parce que la résistance, ce n’est pas que les grands gestes héroïques. C’est aussi les petits actes quotidiens. C’est refuser de se taire. C’est parler autour de soi. C’est informer. C’est éduquer. C’est convaincre. C’est manifester. C’est voter. C’est soutenir les organisations qui luttent. C’est donner de l’argent, du temps, de l’énergie. C’est accueillir un immigrant menacé. C’est offrir ses compétences à ceux qui en ont besoin. C’est être solidaire. C’est refuser l’indifférence. Parce que l’indifférence, c’est la victoire de Trump. C’est ce qu’il veut. Que les gens se résignent. Qu’ils acceptent. Qu’ils se disent « de toute façon, on ne peut rien y faire ». Mais on peut. On doit. Parce que si on ne fait rien, personne ne le fera à notre place. Et dans 10 ans, dans 20 ans, quand nos enfants nous demanderont « qu’est-ce que tu as fait ? », on ne pourra pas dire « rien ». On ne pourra pas dire « je ne savais pas ». Parce qu’on sait. On voit. Et maintenant, il faut agir.
Concrètement, que peut-on faire ? D’abord, s’informer. Lire. Écouter. Comprendre. Ne pas se contenter des gros titres. Creuser. Vérifier les sources. Distinguer les faits de la propagande. Parce que Trump prospère dans la désinformation. Il ment. Il manipule. Il déforme. Et si on ne fait pas l’effort de chercher la vérité, on devient complice de ses mensonges. Ensuite, parler. Autour de soi. En famille. Entre amis. Au travail. Expliquer ce qui se passe. Pourquoi c’est grave. Pourquoi ça nous concerne tous. Convaincre ceux qui doutent. Répondre aux arguments de ceux qui soutiennent Trump. Pas avec agressivité. Pas avec mépris. Mais avec patience. Avec empathie. Avec des faits. Parce que beaucoup de gens qui soutiennent Trump ne sont pas des monstres. Ils ont peur. Ils sont en colère. Ils se sentent abandonnés. Et Trump leur offre un bouc émissaire. Un coupable. Une solution simple à des problèmes complexes. Notre rôle, c’est de leur montrer qu’il y a d’autres solutions. D’autres coupables. D’autres manières de voir le monde.
Les actions collectives
Mais les actions individuelles ne suffisent pas. Il faut aussi des actions collectives. Il faut s’organiser. Se mobiliser. Créer des réseaux. Rejoindre des organisations. Participer à des manifestations. Signer des pétitions. Faire pression sur les élus. Boycotter les entreprises qui soutiennent Trump. Soutenir celles qui le combattent. Utiliser tous les leviers démocratiques à notre disposition. Parce que Trump a beau être puissant, il n’est pas invincible. Il dépend du soutien de sa base. Il dépend de l’argent de ses donateurs. Il dépend de la complaisance des médias. Il dépend du silence de l’opposition. Et si on brise ce silence, si on mobilise cette opposition, si on coupe ses sources de financement, si on dénonce ses mensonges, on peut le ralentir. On peut le bloquer. On peut le vaincre. Ça ne sera pas facile. Ça ne sera pas rapide. Ça demandera des sacrifices. Mais c’est possible. L’histoire l’a montré. Les mouvements sociaux peuvent changer le monde. Le mouvement des droits civiques a mis fin à la ségrégation. Le mouvement féministe a obtenu le droit de vote pour les femmes. Le mouvement LGBTQ+ a obtenu le mariage pour tous. Et aujourd’hui, c’est à nous de créer le mouvement qui sauvera la démocratie. Qui protégera les immigrants. Qui défendra les droits humains. Qui dira non à Trump.
Il faut aussi préparer l’avenir. Parce que Trump ne sera pas éternellement au pouvoir. Un jour, il partira. Et ce jour-là, il faudra reconstruire. Réparer les dégâts. Restaurer les institutions. Rétablir les droits. Et pour ça, il faut dès maintenant former la prochaine génération de leaders. De militants. D’avocats. De journalistes. De citoyens engagés. Il faut investir dans l’éducation civique. Dans la formation politique. Dans la création de médias indépendants. Dans le soutien aux organisations de la société civile. Parce que la démocratie ne se maintient pas toute seule. Elle nécessite un effort constant. Une vigilance permanente. Un engagement de tous les instants. Et si on relâche cet effort, si on baisse cette vigilance, si on abandonne cet engagement, la démocratie meurt. C’est aussi simple que ça. Alors oui, c’est épuisant. Oui, c’est décourageant. Oui, parfois, on a envie de tout laisser tomber. Mais on ne peut pas. Parce que trop de gens comptent sur nous. Trop de vies sont en jeu. Trop d’enjeux sont sur la table. Et si on abandonne maintenant, on abandonne tout. Pour toujours.
Je ne sais pas si on va gagner. Je ne sais pas si la résistance suffira. Je ne sais pas si la démocratie survivra. Mais je sais qu’on doit essayer. Qu’on n’a pas le choix. Qu’on ne peut pas se résigner. Parce que la résignation, c’est la mort. La mort de l’espoir. La mort de la dignité. La mort de l’humanité. Et je refuse de mourir comme ça. Je refuse de laisser Trump gagner sans combattre. Je refuse de dire à mes enfants que j’ai vu la démocratie s’effondrer et que je n’ai rien fait. Alors je résiste. À ma manière. Avec mes mots. Avec ma plume. Avec ma voix. C’est peu. C’est insuffisant. Mais c’est tout ce que j’ai. Et je l’offre. Entièrement. Totalement. Jusqu’au bout.
Conclusion : l'Amérique à la croisée des chemins
Un moment décisif
Nous sommes en décembre 2025. Et l’Amérique est à un tournant. Un tournant historique. Un de ces moments où tout peut basculer. Où l’avenir se joue. Où les choix qu’on fait aujourd’hui détermineront le monde de demain. Trump a franchi une ligne rouge. Il menace de dénaturaliser des citoyens américains. De les expulser. De les traiter comme des sous-humains. C’est sans précédent dans l’histoire récente des États-Unis. C’est une attaque frontale contre la Constitution, contre le 14e amendement, contre les principes mêmes de la citoyenneté et de la démocratie. Et la question n’est plus de savoir si Trump va le faire. Il l’a déjà annoncé. Il a déjà commencé. La question est de savoir si on va le laisser faire. Si on va accepter. Si on va se résigner. Ou si on va résister. Si on va se battre. Si on va dire non. Parce que c’est ça, le choix. Il n’y a pas de troisième option. Pas de zone grise. Pas de compromis possible. Soit on défend la démocratie, soit on la laisse mourir. Et si on la laisse mourir, elle ne reviendra pas. Pas de notre vivant. Peut-être jamais. Parce que les démocraties sont fragiles. Elles se construisent lentement, péniblement, au prix de luttes et de sacrifices. Mais elles se détruisent vite. En quelques années. En quelques décrets. En quelques silences.
L’histoire nous regarde. Elle nous juge. Elle se demande ce qu’on va faire. Si on va être à la hauteur. Si on va avoir le courage de nos ancêtres qui ont combattu pour la liberté, pour l’égalité, pour la justice. Ou si on va être comme ceux qui ont laissé faire. Qui ont fermé les yeux. Qui ont trouvé des excuses. Qui ont dit « ce n’est pas si grave », « ça va passer », « on ne peut rien y faire ». Parce que l’histoire se souviendra. Elle se souvient toujours. Elle se souvient de ceux qui ont résisté. Et elle se souvient de ceux qui ont collaboré. De ceux qui ont été complices par leur silence. De ceux qui ont choisi le confort de l’indifférence plutôt que l’inconfort de la résistance. Et dans 50 ans, dans 100 ans, quand les gens liront l’histoire de cette période, ils se demanderont : « Comment ont-ils pu laisser faire ça ? » Et la seule réponse sera : parce qu’ils ont choisi de ne pas voir. Parce qu’ils ont choisi de ne pas agir. Parce qu’ils ont choisi de se taire. Et ce silence, cette indifférence, cette résignation, c’est ce qui a tué la démocratie. Pas Trump. Pas ses politiques. Pas ses décrets. Mais notre silence. Notre indifférence. Notre résignation. C’est nous qui avons tué la démocratie. En ne faisant rien.
Un appel à l’action
Alors que faire ? Que faire face à cette menace ? Face à ce danger ? Face à cette urgence ? La réponse est simple : tout. Tout ce qu’on peut. Tout ce qu’on doit. S’informer. Parler. Manifester. Voter. Résister. Soutenir. Protéger. Défendre. Ne pas se taire. Ne pas se résigner. Ne pas accepter. Parce que chaque voix compte. Chaque action compte. Chaque geste compte. On peut se dire que c’est insuffisant. Que c’est dérisoire. Que ça ne changera rien. Mais c’est faux. Parce que les grands mouvements commencent toujours par de petits gestes. Les révolutions commencent toujours par des individus qui disent non. Qui refusent. Qui résistent. Et si assez de gens disent non, si assez de gens refusent, si assez de gens résistent, alors Trump ne pourra pas gagner. Il ne pourra pas dénaturaliser des millions de personnes. Il ne pourra pas détruire la démocratie. Il ne pourra pas transformer l’Amérique en un État autoritaire. Parce qu’on l’en empêchera. Collectivement. Solidairement. Démocratiquement. C’est notre responsabilité. Notre devoir. Notre combat. Et on ne peut pas l’abandonner. On ne peut pas le perdre. Parce que si on le perd, on perd tout. Notre dignité. Notre humanité. Notre avenir.
L’Amérique a survécu à la guerre civile. Elle a survécu à la Grande Dépression. Elle a survécu à deux guerres mondiales. Elle a survécu à la ségrégation. Elle a survécu au maccarthysme. Elle a survécu au Watergate. Elle a survécu à tant de crises, tant d’épreuves, tant de menaces. Et elle survivra à Trump. Mais seulement si on se bat. Seulement si on résiste. Seulement si on refuse de laisser la haine, le racisme et l’autoritarisme triompher. Parce que l’Amérique, ce n’est pas Trump. L’Amérique, c’est nous. C’est les millions de gens qui croient encore en la démocratie. Qui croient encore en l’égalité. Qui croient encore en la justice. Qui croient encore que tous les êtres humains naissent égaux en dignité et en droits. Et tant qu’on croira en ça, tant qu’on se battra pour ça, tant qu’on refusera d’abandonner ça, l’Amérique survivra. La démocratie survivra. L’humanité survivra. Alors oui, c’est dur. Oui, c’est épuisant. Oui, parfois, on a envie de tout laisser tomber. Mais on ne peut pas. Parce que trop de gens comptent sur nous. Trop de vies sont en jeu. Trop d’enjeux sont sur la table. Et si on abandonne maintenant, on abandonne tout. Pour toujours. Alors on continue. On résiste. On se bat. Jusqu’au bout. Jusqu’à la victoire. Ou jusqu’à la défaite. Mais au moins, on aura essayé. Au moins, on aura résisté. Au moins, on aura dit non. Et ça, personne ne pourra nous l’enlever.
Je termine cet article avec un sentiment étrange. Un mélange de colère et d’espoir. De désespoir et de détermination. De peur et de courage. Parce que je sais que ce que j’écris ne changera probablement rien. Que Trump continuera. Que les dénaturalisations continueront. Que l’injustice continuera. Mais je sais aussi que je ne pouvais pas me taire. Que je ne pouvais pas rester indifférent. Que je ne pouvais pas accepter. Alors j’ai écrit. J’ai témoigné. J’ai résisté. À ma manière. Avec mes mots. Et j’espère que ces mots toucheront quelqu’un. Qu’ils réveilleront quelqu’un. Qu’ils pousseront quelqu’un à agir. Parce que c’est tout ce que je peux faire. Écrire. Témoigner. Résister. Et espérer que ça suffira. Que ça servira. Que ça changera quelque chose. Même si ce n’est qu’une personne. Même si ce n’est qu’un geste. Même si ce n’est qu’un instant. Parce que c’est comme ça qu’on change le monde. Pas d’un coup. Mais petit à petit. Personne après personne. Geste après geste. Instant après instant. Jusqu’à ce que, un jour, on se réveille et qu’on réalise que le monde a changé. Que la démocratie a survécu. Que l’humanité a triomphé. Et ce jour-là, on pourra se dire qu’on a fait notre part. Qu’on a résisté. Qu’on a dit non. Et que ça valait le coup.
Sources
Sources primaires
Alternet, « You could be next: How Trump is dangerously crossing another line », Alex Henderson, 3 décembre 2025. The Bulwark, « Now Trump Is Threatening Naturalized Americans », Will Saletan, 3 décembre 2025. Le Monde, « Réfugiés, résidents permanents ou même citoyens naturalisés : l’administration Trump cible la figure de l’étranger, bien au-delà des sans-papiers », Piotr Smolar, 2 décembre 2025. Truth Social, messages de Donald Trump publiés le 27 novembre 2025 (Thanksgiving). Déclarations de Donald Trump lors de la réunion du cabinet du 2 décembre 2025. Entretien de Donald Trump sur Air Force One, 1er décembre 2025. Entretien de Donald Trump avec GB News, 14 novembre 2025.
Sources secondaires
Constitution des États-Unis, 14e amendement, adopté en 1868. Bureau du recensement américain (U.S. Census Bureau), Current Population Surveys, données 2023 sur la population née à l’étranger. Brennan Center for Justice, rapport sur la dénaturalisation, juillet 2025. American Immigration Council, données économiques sur l’immigration, 2023-2025. Pew Research Center, statistiques sur les immigrants aux États-Unis, août 2025. Data for Progress, sondage sur les attitudes envers la dénaturalisation, décembre 2025. Heritage Foundation, Projet 2025, document de politique publique, 2024. Déclarations de Stephen Miller sur la remigration, septembre 2024. Déclarations de Zohran Mamdani, conférence de presse du 8 novembre 2025. Déclarations d’Ilhan Omar sur les politiques d’immigration de Trump, novembre 2025.
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