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Haïti, le rêve brisé d’un peuple en souffrance

Pour comprendre la cruauté de cette situation, il faut se pencher sur le cas d’Haïti. Le 19 novembre 2025, l’équipe nationale haïtienne a réalisé l’exploit de se qualifier pour la Coupe du Monde en battant le Nicaragua. C’était la première qualification d’Haïti pour un Mondial depuis 1974, soit 52 ans d’attente. Dans les rues de Port-au-Prince, malgré la violence des gangs, malgré les crises humanitaires à répétition, malgré les catastrophes naturelles qui ont ravagé le pays, les Haïtiens ont célébré comme jamais. Le football, dans ce pays meurtri, représente bien plus qu’un simple sport. C’est un symbole d’espoir, une échappatoire à la dureté du quotidien, une fierté nationale dans un contexte où les raisons de se réjouir se font rares. La qualification pour la Coupe du Monde était censée être ce moment de joie pure, ce cadeau inespéré offert à un peuple qui en a tant bavé. Mais l’administration Trump est venue gâcher la fête avec une efficacité glaçante. Haïti figure sur la liste des pays soumis à l’interdiction de voyager. Les supporters haïtiens, qu’ils vivent en Haïti ou ailleurs dans le monde, ne pourront pas obtenir de visa pour assister aux matchs de leur équipe sur le sol américain.

Rich André, directeur des initiatives étatiques et locales au Conseil américain de l’immigration et fils d’immigrants haïtiens, résume la situation avec une amertume palpable : « Certainement, ils essaient de créer une exception ici pour que le spectacle puisse continuer. Mais le spectacle ne continue pas sans que les fans puissent venir encourager leur équipe en personne. » André souligne également que l’interdiction de voyager ne touche pas seulement les Haïtiens vivant en Haïti, mais aussi ceux qui résident dans d’autres pays. De plus, l’administration Trump continue de supprimer les protections d’immigration pour les Haïtiens déjà présents aux États-Unis, créant un climat d’hostilité généralisée envers cette communauté. Andrew Giuliani, interrogé sur l’impact de l’interdiction sur les fans haïtiens, a tenté de minimiser le problème en notant que l’entraîneur de l’équipe nationale, Sébastien Migne, a récemment déclaré qu’il n’avait jamais mis les pieds en Haïti. Comme si cela justifiait quoi que ce soit. Comme si le fait que l’entraîneur soit français rendait moins légitime le désir des Haïtiens de voir leur équipe jouer. Cette réponse illustre parfaitement le mépris sous-jacent de l’administration envers les populations qu’elle exclut.

Haïti. Ce nom résonne en moi avec une intensité particulière. Pas parce que j’ai des liens personnels avec ce pays, mais parce que son histoire incarne tout ce que l’humanité peut produire de plus beau et de plus tragique à la fois. Première république noire indépendante. Première nation à abolir l’esclavage. Et pourtant, depuis deux siècles, Haïti paie le prix de sa liberté. Catastrophes naturelles, instabilité politique, pauvreté endémique, violence des gangs. Et maintenant ça. Maintenant, au moment où ce peuple résilient trouve enfin une raison de célébrer, on lui dit : « Désolé, vous ne pouvez pas venir à la fête. » Je pense à ces supporters haïtiens qui ont économisé sou par sou, qui ont rêvé pendant des mois de voir leur équipe fouler les pelouses américaines, qui ont imaginé brandir leur drapeau bleu et rouge dans les tribunes. Et tout ça pour quoi ? Pour se heurter à un refus administratif froid et impersonnel. Pour être traités comme des citoyens de seconde zone dont la présence serait indésirable. C’est d’une violence symbolique insoutenable.

L’Iran, ou quand la géopolitique écrase le sport

Si le cas d’Haïti illustre la cruauté de l’exclusion, celui de l’Iran révèle la dimension géopolitique de cette politique. L’Iran, puissance footballistique régionale, s’est qualifié pour la Coupe du Monde 2026 et devait envoyer une délégation officielle au tirage au sort du 6 décembre 2025. Mais les autorités américaines ont refusé d’accorder des visas à des membres clés de cette délégation. La Fédération iranienne de football a dénoncé des obstacles qui allaient bien au-delà des considérations sportives. Face à cette situation, l’Iran a pris la décision radicale de boycotter le tirage au sort. Le porte-parole de la fédération a déclaré : « Une partie de la délégation a été approuvée et une partie n’a pas été approuvée. Chaque décision est une décision de sécurité nationale. » Cette phrase, prononcée par Andrew Giuliani, résume toute l’absurdité de la situation. Comment des officiels du football iranien, venus pour assister à un tirage au sort, peuvent-ils représenter une menace pour la sécurité nationale américaine ? La réponse est évidente : ils ne le peuvent pas. Mais dans la logique trumpienne, tout ressortissant de certains pays est présumé dangereux jusqu’à preuve du contraire.

Le boycott iranien du tirage au sort envoie un message puissant. Il dit : « Nous refusons de participer à cette mascarade où l’on nous traite comme des parias tout en prétendant célébrer l’unité mondiale. » C’est un acte de dignité face à l’humiliation. Mais c’est aussi un rappel douloureux que le football, malgré tous ses idéaux d’universalité, reste prisonnier des logiques politiques et des rapports de force internationaux. Gianni Infantino, le président de la FIFA, avait pourtant donné des assurances en octobre 2025 lors d’une assemblée des clubs européens à Rome. Il avait déclaré : « Il n’y aura évidemment aucun problème concernant les visas pour les équipes participantes et les délégations, etc. Et nous travaillons sur quelque chose pour les fans, j’espère que de bonnes nouvelles arriveront très bientôt. » Ces promesses se sont révélées creuses. Infantino, qui entretient des relations étroites avec Trump et est un visiteur fréquent de la Maison Blanche, n’a manifestement pas le poids politique nécessaire pour infléchir la politique migratoire américaine. Ou peut-être n’a-t-il tout simplement pas essayé assez fort. Après tout, pourquoi risquer de froisser son ami Donald quand on peut se contenter de belles paroles sans conséquences ?

L’Iran. Encore un pays que l’Occident aime détester, que les médias présentent comme une menace permanente, que les politiciens utilisent comme épouvantail commode. Mais derrière ce pays-concept, il y a des gens. Des supporters de football passionnés. Des familles qui rêvent de voir leur équipe nationale briller sur la scène mondiale. Des jeunes qui portent fièrement les couleurs de leur pays malgré toutes les difficultés. Et ces gens-là, on leur dit qu’ils ne sont pas les bienvenus. Pas parce qu’ils ont fait quelque chose de mal. Pas parce qu’ils représentent un danger réel. Mais simplement parce que leur gouvernement et le gouvernement américain ne s’entendent pas. C’est ça, la réalité brutale de la géopolitique : les citoyens ordinaires paient toujours le prix des querelles entre puissants. Et pendant ce temps, Infantino continue de sourire aux caméras, de serrer la main de Trump, de prétendre que tout va bien. Son silence complice est assourdissant.

Sources

Sources primaires

The Independent, « Trump’s immigration message is colliding with his welcome to World Cup fans », 4 décembre 2025. Al Jazeera, « Trump’s anti-immigrant policies clash with promised World Cup ‘unity' », 3 décembre 2025. NPR, « U.S. pauses green card, citizenship applications for people from 19 countries », 3 décembre 2025. U.S. Department of State, « U.S. Preparations for the FIFA Men’s World Cup 2026 », briefing du 3 décembre 2025. The New York Times, « Trump Calls Somalis ‘Garbage’ He Doesn’t Want in the Country », 2 décembre 2025. Associated Press, « Trump’s immigration message is colliding with his World Cup goals », 4 décembre 2025. Dallas News, « Trump’s immigration crackdown collides with his welcome to World Cup fans », 4 décembre 2025.

Sources secondaires

Human Rights Watch, « US: ICE Arrest at FIFA Event Spotlights Dangers for World Cup », 3 décembre 2025. Amnesty International, « World Cup 2026: Growing threats to human rights set to undermine FIFA’s responsibilities », juin 2025. CNN, « FIFA Peace Prize: What is it and why is Donald Trump expected to win it? », 4 décembre 2025. The Guardian, « Trump calls Somali immigrants ‘garbage’ as US reportedly targets Minnesota », 2 décembre 2025. BBC News, « Trump says he doesn’t want Somalis in US as ICE plans operation », 2 décembre 2025. El País, « How Infantino and Trump’s unlikely friendship is bringing soccer to the MAGA world », 1er décembre 2025. The Athletic, « How ‘sacred’ Kennedy Center, site of 2026 World Cup draw, lost its way », 3 décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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