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La naissance de PREA et ses promesses

Pour comprendre l’ampleur du recul que représente ce mémo, il faut remonter à 2003, une époque où le Congrès américain votait à l’unanimité — oui, à l’unanimité — le Prison Rape Elimination Act. Cette loi historique reconnaissait enfin une réalité que les défenseurs des droits humains dénonçaient depuis des décennies : les viols en prison ne sont pas des incidents isolés, mais un phénomène systémique qui détruit des vies et perpétue des cycles de violence. PREA imposait aux établissements pénitentiaires de mettre en place des protocoles de prévention, des mécanismes de signalement, des enquêtes rigoureuses et surtout, une reconnaissance que certaines populations — notamment les personnes LGBTQ+ — sont disproportionnellement ciblées par les agresseurs. Le rapport de Human Rights Watch qui avait catalysé cette législation documentait des horreurs indicibles : des hommes violés à répétition par d’autres détenus ou par le personnel pénitentiaire, des victimes forcées au silence par la peur de représailles, un système qui fermait les yeux sur ces crimes au nom d’une conception tordue de la justice. PREA représentait un tournant moral, l’affirmation que même les personnes privées de liberté conservent le droit fondamental à la sécurité physique et à la dignité.

En 2012, l’administration Obama franchit une étape supplémentaire en intégrant explicitement des protections spécifiques pour les personnes transgenres, intersexes et non-conformes au genre dans les standards PREA. Ces règles exigeaient que les établissements évaluent individuellement le risque de victimisation de chaque détenu LGBTQ+, qu’ils prennent en compte l’identité de genre dans les décisions de placement en cellule, qu’ils permettent aux personnes trans de se doucher séparément si elles le souhaitent, et qu’ils forment le personnel à communiquer respectueusement avec ces populations. Les fouilles corporelles devaient être effectuées par des agents du même genre que l’identité de la personne, et non selon son sexe assigné à la naissance. Les enquêtes sur les agressions sexuelles devaient examiner si la motivation de l’agresseur incluait des préjugés liés à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre de la victime. Ces mesures n’étaient pas parfaites — loin de là. Les militants soulignaient régulièrement que même avec ces protections, les personnes trans continuaient de subir des violences épouvantables en détention. Mais elles constituaient au moins un cadre, une reconnaissance officielle que ces vies comptent, qu’elles méritent d’être défendues. Le système d’audits PREA, mené par des inspecteurs certifiés par le DOJ, permettait de vérifier que les établissements respectaient ces normes et de sanctionner les manquements graves.

Les données qui ne mentent pas

Les statistiques sur la violence sexuelle en prison sont accablantes, et elles le sont encore plus quand on examine la situation des personnes LGBTQ+. Selon les données du Bureau of Justice Statistics, en 2020, les administrateurs correctionnels ont signalé 36 264 allégations de victimisation sexuelle dans les prisons, les centres de détention et autres établissements pour adultes. Parmi ces allégations, 2 351 ont été confirmées après enquête, soit un taux de 1,2 incident pour 1 000 détenus. Mais ces chiffres globaux masquent une réalité bien plus sombre pour certaines populations. Une enquête majeure menée en 2015 par l’organisation Black and Pink auprès de plus de 1 110 détenus LGBTQ+ a révélé que ces personnes sont six fois plus susceptibles d’être agressées sexuellement que la population carcérale générale. Pour les personnes transgenres spécifiquement, les données du DOJ lui-même montrent qu’elles subissent des violences sexuelles à un taux douze fois supérieur à celui des autres détenus. Douze fois. Laissez ce chiffre vous pénétrer. Un rapport de février 2024 du Vera Institute of Justice et de Black and Pink National, basé sur des témoignages de près de 300 personnes trans incarcérées, apporte des détails glaçants : 31 % d’entre elles citent la violence d’autres détenus comme la principale raison pour laquelle elles ne se sentent pas en sécurité, et plus de la moitié — plus de la moitié — ont été agressées sexuellement pendant leur peine actuelle.

Ces chiffres ne sont pas de simples statistiques abstraites. Derrière chacun d’eux se cache une personne réelle qui a vécu l’horreur d’être violée dans un lieu où elle ne peut pas s’échapper, où elle dépend entièrement de ses geôliers pour sa protection. Brenda Smith, professeure à l’American University Washington College of Law et ancienne membre de la Commission nationale sur l’élimination des viols en prison, souligne que même ces données alarmantes sous-estiment probablement l’ampleur du problème. Beaucoup de victimes ne signalent jamais les agressions par peur de représailles, par honte, ou parce qu’elles savent que le système ne les protégera pas. Linda McFarlane, de Just Detention International, affirme n’avoir « jamais rencontré une personne trans en détention qui n’ait pas subi d’abus sexuel ou de harcèlement pendant son incarcération ». Jamais. Cette réalité devrait nous horrifier collectivement. Au lieu de cela, l’administration Trump choisit délibérément d’aggraver cette crise en retirant les maigres protections qui existaient. Le mémo du DOJ ne se contente pas d’ignorer ces données — il les méprise activement, sacrifiant la sécurité de milliers de personnes pour satisfaire une agenda politique qui nie leur humanité même.

Douze fois plus de risques. Douze. Comment peut-on lire ce chiffre et décider quand même de supprimer les protections ? Comment peut-on regarder ces données, savoir ce qu’elles signifient en termes de souffrance humaine réelle, et choisir consciemment de rendre la situation pire ? Je cherche une explication rationnelle et je n’en trouve pas. Ce n’est pas de l’ignorance — les données sont là, publiques, irréfutables. Ce n’est pas de l’incompétence — cette décision est trop calculée, trop précise dans ses cibles. C’est quelque chose de plus sinistre. C’est la volonté délibérée de punir des gens pour ce qu’ils sont, de les exposer à la violence comme si leur identité justifiait qu’on les abandonne aux prédateurs. Et ça me brise le cœur.

Sources

Sources primaires

The Guardian, « DoJ moves to eliminate sexual abuse protections for LGBTQ+ people in prisons », Sam Levin, 5 décembre 2025. NPR, « DOJ orders prison inspectors to stop considering LGBTQ safety standards », Jaclyn Diaz, 4 décembre 2025. The 19th News, « Trump administration plans to end prison rape protections for trans and intersex people, memo says », Adam Rhodes pour Prism, 5 décembre 2025. Mémo interne du Bureau d’assistance judiciaire du Département de la Justice américain, signé par Tammie M. Gregg, 2 décembre 2025. Décret présidentiel « Defending Women from Gender Ideology Extremism and Restoring Biological Truth to the Federal Government », Donald Trump, 20 janvier 2025.

Sources secondaires

Bureau of Justice Statistics, « Sexual Victimization in Adult Correctional Facilities Reported by Inmates », 2020. Black and Pink, « Coming Out of Concrete Closets: A Report on Black and Pink’s National LGBTQ Prisoner Survey », octobre 2015. Williams Institute UCLA, « Incarcerated Transgender People in the United States », données 2016. Vera Institute of Justice et Black and Pink National, « Advancing Transgender Justice », février 2024. Human Rights Watch, « No Escape: Male Rape in U.S. Prisons », 2001. Just Detention International, déclarations publiques et rapports, décembre 2025. American Civil Liberties Union, documents de litiges et déclarations publiques, 2025. National Association of PREA Coordinators, déclaration officielle, décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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