Une jeune femme qui fuyait la guerre
Iryna Zarutska est née le 22 mai 2002 à Kyiv, en Ukraine. Elle a grandi dans le quartier de Solomianskyi, une zone résidentielle de la capitale ukrainienne. Passionnée d’art et de restauration, elle étudie au Synergy College de Kyiv et obtient son diplôme à 18 ans. Sa vie bascule en février 2022 lorsque la Russie envahit l’Ukraine. Les bombardements frappent son quartier pendant la bataille de Kyiv. Sa famille — Iryna, sa mère, sa sœur et son jeune frère — se réfugie dans un petit abri anti-bombes où ils vivent pendant des mois dans des conditions précaires. Le bruit des sirènes, les explosions, la peur constante deviennent leur quotidien. En août 2022, la famille prend la décision déchirante de quitter l’Ukraine. Le père d’Iryna reste sur place, car la loi martiale ukrainienne interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le pays. Iryna, sa mère, sa sœur et son frère s’envolent pour les États-Unis et s’installent chez une tante et un oncle à Huntersville, en Caroline du Nord.
Aux États-Unis, Iryna doit tout recommencer. Elle ne parle pas anglais. Elle n’a jamais conduit de voiture. Elle enchaîne les petits boulots pour aider sa famille. Mais elle ne se décourage pas. Elle s’inscrit à des cours d’anglais, trouve un emploi dans une pizzeria du quartier branché de Lower South End à Charlotte, et commence des études universitaires. Elle emménage dans le quartier de NoDa avec son petit ami, qui lui donne des leçons de conduite. Ses proches la décrivent comme une jeune femme courageuse, travailleuse, pleine d’espoir. Elle aimait l’Amérique. Elle croyait en ce pays qui l’avait accueillie. Le soir du 22 août 2025, après son service à la pizzeria, elle monte dans le tramway de la ligne bleue Lynx pour rentrer chez elle. C’est un trajet qu’elle fait régulièrement. Un trajet banal. Sauf que ce soir-là, Decarlos Brown Jr. est aussi dans ce wagon. Et en quatre minutes, tout s’arrête.
Le symbole d’une Amérique qui protège mal
La mort d’Iryna Zarutska résonne avec une force particulière parce qu’elle incarne une double tragédie. D’abord, celle d’une réfugiée qui a fui la violence de la guerre pour trouver la mort dans un pays censé être sûr. Ensuite, celle d’une jeune femme qui faisait tout « comme il faut » — elle travaillait, elle étudiait, elle respectait les règles — et qui a été tuée de manière totalement aléatoire par un homme que le système judiciaire et de santé mentale avait laissé tomber. Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy lui rend hommage le 24 septembre 2025 lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies. Le ministère des Affaires étrangères ukrainien déclare être en « contact constant » avec les enquêteurs américains. Des vigiles aux chandelles sont organisées à Charlotte. Des fresques murales en son honneur apparaissent dans plusieurs villes américaines. Le rappeur DaBaby, originaire de Charlotte, lui dédie même une chanson intitulée « Save Me » avec un clip vidéo où il rejoue la scène en sauvant Iryna. En octobre 2025, une nouvelle espèce de papillon découverte en Géorgie et en Caroline du Sud est baptisée Celastrina iryna (« l’Azuré d’Iryna ») en son honneur.
Mais au-delà des hommages et des symboles, la famille d’Iryna doit affronter une douleur incommensurable. Son père, resté en Ukraine, ne peut initialement pas assister aux funérailles aux États-Unis, bien que le Service des gardes-frontières ukrainien démente plus tard cette information. La famille choisit d’enterrer Iryna en Amérique, le pays qu’elle aimait tant. Lors d’une interview exclusive accordée au magazine People, un membre de la famille déclare qu’Iryna était « tombée amoureuse du rêve américain ». Elle voulait construire sa vie ici. Elle voulait réussir. Elle voulait être en sécurité. Et c’est précisément cette sécurité qui lui a été refusée. Les images de vidéosurveillance diffusées par le système de transport de Charlotte (CATS) le 5 septembre montrent les derniers instants d’Iryna avec une clarté insoutenable. On la voit assise, paisible, regardant son téléphone. Derrière elle, Brown se lève, sort son couteau, et frappe. Trois coups. Rapides. Précis. Mortels. Iryna reste consciente pendant près d’une minute, le sang coulant de ses blessures, avant de s’effondrer. Les passagers présents dans le wagon tentent de lui porter secours, mais il est déjà trop tard.
J’ai regardé ces images. Je ne devrais pas, mais je l’ai fait. Et je ne peux pas les effacer de ma mémoire. Voir une jeune femme se faire poignarder dans le dos, sans raison, sans avertissement, sans possibilité de se défendre… c’est insupportable. Iryna n’a même pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Elle était juste là, vivant sa vie, et soudain elle mourait. Et ce qui me hante le plus, c’est qu’elle avait déjà survécu à tant de choses. Elle avait survécu à la guerre. Elle avait survécu à l’exil. Elle avait survécu à la pauvreté, à la barrière de la langue, à la solitude d’être loin de son père. Et c’est dans un tramway américain, dans un pays en paix, qu’elle a perdu la vie. Ça me brise le cœur.
Section 3 : Decarlos Brown Jr., un système qui a échoué
Un passé criminel long comme le bras
Decarlos Dejuan Brown Jr. n’est pas un inconnu des services de police. À 34 ans, il cumule 14 arrestations dans le comté de Mecklenburg, en Caroline du Nord, avec des charges remontant à 2007. Son casier judiciaire est accablant : cambriolage, vol à main armée, possession d’arme à feu par un criminel condamné, menaces. En 2014, il est condamné pour cambriolage. Alors qu’il est en liberté conditionnelle, il est arrêté pour vol à main armée et possession illégale d’arme. En 2015, il est condamné pour vol à main armée et incarcéré dans une prison d’État jusqu’en septembre 2020. Cinq ans derrière les barreaux. À sa sortie, il retourne vivre chez sa famille. Mais quelque chose ne va pas. Sa mère raconte à ABC News que Decarlos est diagnostiqué schizophrène peu après sa libération. Il commence à avoir des comportements violents à la maison. Il entend des voix. Il est paranoïaque. Sa mère tente d’obtenir un internement psychiatrique involontaire, mais sa demande est refusée. En Caroline du Nord, comme dans de nombreux États américains, obtenir un internement involontaire est extrêmement difficile à moins qu’un tribunal ne juge la personne dangereuse pour elle-même ou pour autrui.
Le système de santé mentale de Caroline du Nord est en crise. Dans les années 2000, l’État a réduit la capacité de ses hôpitaux psychiatriques. En 2024, le temps d’attente moyen pour obtenir un lit psychiatrique est de 16 jours. Seize jours pendant lesquels une personne en crise peut errer dans les rues, sans traitement, sans supervision. Decarlos Brown Jr. fait partie de ces personnes tombées entre les mailles du filet. Quand il arrête de prendre ses médicaments psychiatriques, sa mère, désespérée, le conduit dans un refuge pour sans-abri. En janvier 2025, Decarlos appelle à plusieurs reprises le 911 pour signaler qu’un « matériau artificiel » à l’intérieur de son corps contrôle ses mouvements. Il est arrêté pour usage abusif du 911 et… libéré sans caution. Pas de suivi psychiatrique. Pas de traitement obligatoire. Rien. Il est libre de circuler. Le 22 août 2025, il passe plusieurs heures à voyager dans le tramway de la ligne bleue Lynx. Les images de vidéosurveillance le montrent faisant des « mouvements inhabituels » et riant tout seul. À 20h18, il croise deux agents de sécurité du système de transport de Charlotte (CATS), mais n’interagit pas avec eux. Les autorités révèlent plus tard qu’il n’avait pas de ticket valide pour voyager.
Le jour du drame : une attaque sans mobile
À 21h46, Iryna Zarutska monte dans le tramway à la station Scaleybark, dans le quartier de South End à Charlotte. Decarlos Brown Jr. est déjà assis dans le wagon. Iryna s’installe devant lui, sans se douter de rien. Quatre minutes plus tard, à 21h50, Brown sort un couteau de poche pliable de son sweat à capuche et frappe Iryna trois fois par-derrière. Une fois au cou, sectionnant la veine jugulaire droite. Une fois à la poitrine droite, blessant l’artère carotide gauche. Une fois au genou gauche. Le sang coule immédiatement. Iryna reste consciente ou semi-consciente pendant près d’une minute avant de s’effondrer sur le sol du wagon. Au moins quatre autres passagers sont présents dans le wagon au moment de l’attaque. Ils tentent de lui porter secours, mais ses blessures sont trop graves. Elle est déclarée morte sur place. Aucun agent de sécurité n’est présent dans ce wagon, bien qu’il y ait des officiers à bord du train, un wagon plus loin. Après l’attaque, Brown aurait déclaré : « J’ai eu cette fille blanche. » Cette phrase, rapportée par plusieurs témoins, soulève immédiatement des questions sur un possible mobile raciste. Le Conseil des relations américano-islamiques de Caroline du Nord (CAIR-NC) demande une enquête pour crime de haine.
Deux minutes après l’attaque, le tramway s’arrête à la station East/West Boulevard. Brown descend du wagon et est immédiatement arrêté par la police sur le quai. Il est transporté à l’hôpital pour soigner une blessure à la main, probablement causée par le couteau. La police de Charlotte-Mecklenburg (CMPD) l’identifie rapidement comme le suspect et l’inculpe de meurtre au premier degré. Le 9 septembre 2025, le ministère de la Justice fédéral ajoute une charge fédérale : violation de l’article 18 U.S.C. § 1992, qui concerne les attaques terroristes et autres violences contre les systèmes de transport de masse. Cette charge fédérale ouvre la porte à la peine de mort, ce que Trump réclame avec insistance. Brown est détenu au centre de détention du comté de Mecklenburg sans possibilité de caution. Un juge ordonne une évaluation psychiatrique de 60 jours pour déterminer s’il est apte à être jugé. Le 15 septembre, un grand jury l’inculpe officiellement. Le 22 octobre, un grand jury fédéral l’inculpe pour violence contre un transporteur ferroviaire et un système de transport de masse. L’enquête se poursuit, et la CMPD encourage le public à fournir toute information pertinente.
Decarlos Brown Jr. est un meurtrier. Il a tué Iryna Zarutska de sang-froid. Mais il est aussi une victime — une victime d’un système de santé mentale défaillant, d’un système judiciaire qui ne sait pas gérer les personnes atteintes de maladies mentales graves, d’une société qui abandonne ses membres les plus vulnérables. Sa mère a essayé de le faire interner. Elle a été refusée. Il a appelé le 911 en pleine crise psychotique. Il a été arrêté et relâché. Personne ne l’a aidé. Personne ne l’a soigné. Et maintenant, une jeune femme est morte et lui passera probablement le reste de sa vie en prison ou sera exécuté. Deux vies détruites. Deux familles brisées. Et pour quoi ? Parce que nous, en tant que société, avons échoué à protéger les deux.
Section 4 : la libération sous caution sans dépôt, bouc émissaire politique
Qu’est-ce que le « cashless bail » ?
La libération sous caution sans dépôt, ou « cashless bail », est une réforme judiciaire adoptée dans plusieurs États américains, principalement démocrates, au cours des dernières années. Le principe est simple : au lieu d’exiger qu’un prévenu paie une somme d’argent pour être libéré en attendant son procès, les juges évaluent le risque que représente la personne pour la société et décident de la libérer ou non en fonction de critères objectifs, et non de sa capacité financière. L’objectif de cette réforme est de lutter contre les inégalités socio-économiques dans le système judiciaire. Avant ces réformes, une personne riche accusée d’un crime pouvait payer sa caution et sortir de prison, tandis qu’une personne pauvre accusée du même crime restait enfermée simplement parce qu’elle n’avait pas les moyens de payer. Des études ont montré que cette détention préventive prolongée avait des effets dévastateurs : perte d’emploi, rupture familiale, pression pour plaider coupable même en étant innocent, juste pour sortir de prison plus vite. Les réformes du « cashless bail » visent à corriger cette injustice en se concentrant sur le risque réel plutôt que sur la richesse.
Plusieurs États ont adopté des versions de cette réforme, notamment New York, le New Jersey, la Californie et l’Illinois. Les résultats sont mitigés et font l’objet de débats intenses. Certaines études, comme celles du Brennan Center for Justice, affirment qu’il n’y a « aucune preuve reliant la réforme de la caution aux taux de criminalité ». D’autres recherches, comme celle du Data Collaborative for Justice sur New York, montrent que la réforme n’a pas d’impact significatif sur la récidive. Mais les critiques, principalement républicains, pointent du doigt des cas individuels où des personnes libérées sans caution ont commis de nouveaux crimes graves. Le cas de Decarlos Brown Jr. en est un exemple. En janvier 2025, il est arrêté pour usage abusif du 911 et libéré sans caution. Sept mois plus tard, il tue Iryna Zarutska. Pour Trump et les républicains, c’est la preuve irréfutable que le « cashless bail » est une politique dangereuse qui met en danger la vie des Américains. Pour les défenseurs de la réforme, c’est un cas isolé qui ne doit pas remettre en cause une politique globalement bénéfique.
Trump déclare la guerre au « cashless bail »
Le président Donald Trump fait du « cashless bail » l’une de ses cibles prioritaires après le meurtre d’Iryna Zarutska. Dans son message vidéo du 9 septembre 2025, il déclare que « le criminel était un criminel de carrière bien connu, qui avait été précédemment arrêté et libéré sous caution sans dépôt en janvier, un total de 14 FOIS. Que diable faisait-il à voyager dans le tramway et à marcher dans les rues ? Les criminels comme celui-ci doivent être ENFERMÉS. » Le 26 août 2025, Trump signe un décret exécutif visant à limiter le « cashless bail » dans les États et les villes. Ce décret menace de retirer des fonds fédéraux aux juridictions qui appliquent cette politique. La Maison-Blanche publie un article intitulé « Le ‘Cashless Bail’ est une vague de criminalité soutenue par le gouvernement », dans lequel elle affirme que cette réforme « libère des criminels dangereux dans nos communautés ». Le secrétaire aux Transports Sean Duffy accuse publiquement les responsables des transports publics et du conseil municipal de Charlotte d’être responsables du meurtre d’Iryna.
Mais les faits sont plus nuancés que la rhétorique politique. Selon FactCheck.org et l’Associated Press, les affirmations de Trump sur le lien entre « cashless bail » et augmentation de la criminalité sont « déformées » et « non soutenues par les données ». Plusieurs études montrent que la réforme de la caution n’a pas entraîné d’augmentation significative de la criminalité dans les États qui l’ont adoptée. Par exemple, au New Jersey, qui a mis en place une réforme majeure de la caution en 2017, le taux de criminalité a continué de baisser. En Californie, une étude de 2024 n’a trouvé aucun lien entre la réforme et une hausse des crimes violents. Le Bail Project, une organisation à but non lucratif qui défend la réforme, affirme que « la réforme de la caution fonctionne » et que les « tactiques de peur » autour du « cashless bail » sont infondées. Le Center for Racial Justice de Stanford met en garde contre « la fin de la réforme de la caution » sous la pression politique, arguant que cela ramènerait le système judiciaire à une époque où la richesse déterminait la liberté.
Le débat sur le « cashless bail » est complexe et mérite mieux que des slogans simplistes. Oui, Decarlos Brown Jr. a été libéré sans caution en janvier 2025. Oui, il a tué Iryna Zarutska en août 2025. Mais est-ce que cela signifie que la réforme de la caution est mauvaise dans son ensemble ? Non. Ce que cela signifie, c’est que le système a échoué dans ce cas spécifique. Brown aurait dû être évalué comme un risque élevé en raison de son passé criminel et de sa maladie mentale non traitée. Il aurait dû être maintenu en détention ou, mieux encore, placé dans un établissement psychiatrique. Mais rejeter toute la réforme à cause d’un cas, c’est comme interdire les voitures parce qu’il y a des accidents de la route. Le vrai problème, ce n’est pas le « cashless bail ». C’est l’absence de ressources pour la santé mentale, l’absence de suivi des personnes à risque, l’absence de coordination entre les systèmes judiciaire et de santé.
Section 5 : la crise de la santé mentale en Amérique
Un système en lambeaux
L’histoire de Decarlos Brown Jr. est indissociable de la crise de la santé mentale qui frappe les États-Unis depuis des décennies. Diagnostiqué schizophrène après sa sortie de prison en 2020, Brown n’a jamais reçu le traitement continu dont il avait besoin. Sa mère a tenté d’obtenir un internement psychiatrique involontaire, mais sa demande a été refusée. Pourquoi ? Parce que les lois américaines rendent extrêmement difficile l’internement involontaire d’une personne, même lorsque celle-ci présente des signes évidents de maladie mentale grave. Il faut généralement prouver devant un tribunal que la personne est un danger imminent pour elle-même ou pour autrui. Et même lorsque cette preuve est apportée, il n’y a souvent pas de place dans les hôpitaux psychiatriques. En Caroline du Nord, la capacité des hôpitaux psychiatriques d’État a été réduite au début des années 2000. En 2024, le temps d’attente moyen pour obtenir un lit psychiatrique est de 16 jours. Seize jours pendant lesquels une personne en crise peut errer dans les rues, sans traitement, sans supervision, potentiellement dangereuse pour elle-même ou pour les autres.
Cette situation n’est pas unique à la Caroline du Nord. C’est un problème national. Selon le National Alliance on Mental Illness (NAMI), environ 1 Américain sur 5 souffre d’une maladie mentale chaque année, soit environ 50 millions de personnes. Parmi elles, environ 13 millions souffrent de maladies mentales graves comme la schizophrénie, le trouble bipolaire ou la dépression majeure. Mais seulement 43% des adultes atteints de maladies mentales reçoivent un traitement. Pourquoi ? Parce que l’accès aux soins de santé mentale est limité, coûteux et stigmatisé. Les États-Unis ont fermé des centaines d’hôpitaux psychiatriques depuis les années 1960 dans le cadre du mouvement de « désinstitutionnalisation », qui visait à traiter les patients dans la communauté plutôt que dans des institutions. Mais les ressources communautaires promises n’ont jamais été suffisamment financées. Résultat : des milliers de personnes atteintes de maladies mentales graves se retrouvent sans abri, en prison ou, comme Decarlos Brown Jr., libres de circuler sans traitement jusqu’à ce qu’une tragédie se produise.
Quand la prison remplace l’hôpital psychiatrique
Aujourd’hui, les prisons américaines sont devenues de facto les plus grands établissements psychiatriques du pays. Selon le Treatment Advocacy Center, il y a environ 10 fois plus de personnes atteintes de maladies mentales graves dans les prisons et les centres de détention que dans les hôpitaux psychiatriques. Le comté de Cook à Chicago, le comté de Los Angeles et Rikers Island à New York sont les trois plus grands « hôpitaux psychiatriques » des États-Unis — et ce sont des prisons. Ces personnes ne reçoivent généralement pas le traitement dont elles ont besoin en prison. Elles sont souvent placées en isolement cellulaire, ce qui aggrave leur état. Elles sont victimes de violence. Elles sont libérées sans plan de suivi. Et le cycle recommence. Decarlos Brown Jr. a passé cinq ans en prison de 2015 à 2020. A-t-il reçu un traitement pour sa santé mentale pendant cette période ? Nous ne le savons pas. Mais ce que nous savons, c’est qu’à sa sortie, il était malade, non traité et dangereux. Et le système l’a laissé tomber.
Après le meurtre d’Iryna Zarutska, les responsables locaux et le procureur du comté de Mecklenburg reconnaissent publiquement les lacunes du système de santé mentale et de justice pénale. Le gouverneur de Caroline du Nord, Josh Stein, appelle à une révision du système de libération conditionnelle et à davantage de ressources pour les forces de l’ordre. En novembre 2025, un nouveau comité spécial de la Chambre des représentants de Caroline du Nord sur l’internement involontaire et la sécurité publique est créé pour examiner le processus d’internement involontaire dans l’État et formuler des recommandations pour l’améliorer. Mais ces mesures arrivent trop tard pour Iryna. Et elles arriveront probablement trop tard pour les prochaines victimes si des changements systémiques profonds ne sont pas mis en œuvre rapidement. Le problème n’est pas seulement législatif ou financier. C’est aussi culturel. Aux États-Unis, la maladie mentale est encore largement stigmatisée. Les gens ont peur d’en parler. Les familles ont honte de demander de l’aide. Et les politiciens préfèrent construire des prisons plutôt que des hôpitaux psychiatriques parce que c’est plus populaire électoralement.
La mère de Decarlos Brown Jr. a essayé. Elle a vraiment essayé. Elle a vu son fils sombrer dans la maladie mentale. Elle a vu les signes. Elle a demandé de l’aide. Et on lui a dit non. Imaginez ce que c’est de vivre avec cette culpabilité maintenant. Imaginez de savoir que votre fils a tué quelqu’un et que vous aviez essayé de l’empêcher. Imaginez de porter ce poids pour le reste de votre vie. Je ne peux même pas concevoir cette douleur. Et pourtant, c’est la réalité pour des milliers de familles américaines qui se battent seules contre la maladie mentale d’un proche, sans ressources, sans soutien, sans espoir.
Section 6 : la sécurité dans les transports publics en question
Un tramway devenu scène de crime
Le meurtre d’Iryna Zarutska soulève des questions urgentes sur la sécurité dans les transports publics américains. Le système de tramway Lynx Blue Line de Charlotte, géré par le Charlotte Area Transit System (CATS), est utilisé quotidiennement par des milliers de personnes. Mais après cette attaque, beaucoup se demandent s’ils sont en sécurité. Pourquoi n’y avait-il pas d’agents de sécurité dans le wagon où Iryna a été tuée ? Pourquoi Decarlos Brown Jr., qui n’avait pas de ticket valide, a-t-il pu voyager pendant des heures sans être contrôlé ? Pourquoi les agents de sécurité qui l’ont croisé à 20h18 n’ont-ils pas interagi avec lui alors qu’il présentait un comportement étrange ? Ces questions restent sans réponse satisfaisante. Le CATS confirme que l’opérateur du tramway a suivi le protocole en maintenant le train à quai jusqu’à l’arrivée de la police. Mais cela ne suffit pas à rassurer les usagers. Le 5 septembre 2025, le CATS diffuse les images de vidéosurveillance de l’attaque, déclenchant une vague d’indignation sur les réseaux sociaux. Les images sont insoutenables. On voit Iryna se faire poignarder par-derrière, sans avertissement, sans possibilité de se défendre.
Les élus locaux réagissent rapidement. Edwin Peacock III, membre du conseil municipal de Charlotte, souligne la fragilité de la confiance du public et exhorte le CATS et la police de Charlotte-Mecklenburg (CMPD) à revoir les mesures de sécurité. Dimple Ajmera, une autre membre du conseil municipal, déclare : « Clairement, nos politiques de sécurité actuelles ne suffisent pas. » Elle exprime également sa crainte que la peur de la criminalité dans le système de transport n’affecte un référendum à venir visant à étendre le réseau de tramway de la ville. Plusieurs candidats à l’élection municipale de Charlotte en 2025 font de la sécurité dans les transports publics un thème central de leur campagne. Le CATS annonce qu’il va augmenter les contrôles de billets, installer de nouveaux validateurs de tickets et élargir le personnel de sécurité dans les trains et sur les quais. Le 22 septembre, le conseil municipal de Charlotte accepte d’élargir le champ d’action de Professional Police Services LLC, un contractant de sécurité privé chargé de surveiller la ligne bleue Lynx, pour inclure les trottoirs et autres zones adjacentes aux centres de transit.
Un problème national, pas seulement local
Le problème de la sécurité dans les transports publics ne se limite pas à Charlotte. Partout aux États-Unis, les systèmes de métro, de tramway et de bus font face à une augmentation des incidents violents. À New York, le métro a connu plusieurs agressions très médiatisées, dont le cas de Jordan Neely, un homme sans-abri atteint de maladie mentale qui a été tué par un passager en mai 2023 après avoir menacé d’autres usagers. À San Francisco, le système BART a été critiqué pour son incapacité à gérer les sans-abri et les personnes atteintes de maladies mentales qui utilisent les trains comme refuge. À Chicago, une femme a été immolée dans un train en décembre 2025, un crime qui a choqué la nation. Ces incidents créent un climat de peur qui dissuade les gens d’utiliser les transports publics, ce qui a des conséquences économiques et environnementales. Les transports publics sont essentiels pour réduire la congestion routière, diminuer les émissions de carbone et offrir une mobilité abordable aux personnes à faible revenu. Mais si les gens ont peur de les utiliser, ils se tournent vers les voitures individuelles, ce qui aggrave les problèmes de trafic et de pollution.
Les conservateurs, menés par Trump, utilisent ces incidents pour attaquer les transports publics en général et les politiques urbaines démocrates en particulier. Le secrétaire aux Transports Sean Duffy accuse les responsables des transports publics de Charlotte d’être responsables du meurtre d’Iryna. Elon Musk, propriétaire de Tesla et partisan de Trump, critique les juges et les procureurs pour avoir permis aux « criminels de circuler librement ». Un article du magazine The New Republic intitulé « Les républicains veulent vous faire peur des transports en commun. Les voitures sont plus effrayantes » souligne que cette rhétorique vise à décourager l’utilisation des transports publics au profit des voitures individuelles, ce qui profite à l’industrie automobile. L’article note que statistiquement, les voitures sont beaucoup plus dangereuses que les transports publics. En 2024, plus de 40 000 personnes sont mortes dans des accidents de voiture aux États-Unis, contre quelques dizaines dans des incidents violents dans les transports publics. Mais les morts dans les transports publics sont plus médiatisées, plus choquantes, et donc plus efficaces politiquement.
Je prends les transports publics tous les jours. Enfin, je prenais. Depuis que j’ai vu les images d’Iryna, j’avoue que j’hésite. Je regarde autour de moi. Je me méfie des gens qui ont l’air « bizarre ». Je me demande si la personne assise derrière moi a un couteau. C’est irrationnel, je le sais. Les statistiques me disent que je suis plus en sécurité dans le métro que dans ma voiture. Mais les statistiques ne peuvent pas effacer les images d’une jeune femme se faisant poignarder dans le dos. Et c’est exactement ce que Trump et les républicains veulent. Ils veulent que nous ayons peur. Ils veulent que nous abandonnions les transports publics. Ils veulent que nous achetions des voitures, que nous restions isolés, que nous ne fassions plus confiance à nos voisins. Et ça marche. Malheureusement, ça marche.
Section 7 : la loi d'Iryna, une réponse législative controversée
Une loi adoptée en urgence
Le 22 septembre 2025, soit un mois jour pour jour après le meurtre d’Iryna Zarutska, le Sénat de Caroline du Nord adopte le projet de loi 307 de la Chambre, surnommé la « loi d’Iryna », par 28 voix contre 8. Le lendemain, la Chambre des représentants de Caroline du Nord l’adopte par 81 voix contre 31. Le 3 octobre, le gouverneur Josh Stein signe la loi, qui entre en vigueur le 1er décembre 2025. Cette loi représente une refonte majeure du système de justice pénale de Caroline du Nord, avec des mesures visant à durcir les conditions de libération conditionnelle, à accélérer les procédures judiciaires et à relancer la peine de mort dans l’État. Les principales dispositions de la loi d’Iryna incluent : la suppression de la libération sous caution sans dépôt pour certaines infractions ; la définition d’une catégorie d’infractions violentes pour lesquelles un juge ou un magistrat doit imposer des conditions de libération conditionnelle telles que la surveillance GPS ; l’établissement d’un protocole obligeant les responsables judiciaires à ordonner des évaluations de santé mentale ; l’obligation que les appels contre les condamnations à mort soient entendus avant la fin de 2027 ; le pouvoir donné au juge en chef de Caroline du Nord de suspendre des magistrats ; l’établissement que le fait que la victime utilisait les transports publics au moment du crime constitue un facteur aggravant lors de la demande de peine de mort.
La loi prévoit également que le Département des services correctionnels pour adultes de Caroline du Nord doit identifier un autre moyen d’exécuter les condamnations à mort si l’injection létale est déclarée inconstitutionnelle ou impossible en raison de l’indisponibilité des médicaments. Enfin, la loi prévoit un financement pour 10 nouveaux procureurs adjoints et 5 nouveaux assistants juridiques dans le comté de Mecklenburg. Le président pro tempore du Sénat de Caroline du Nord, Phil Berger, déclare également qu’il cherchera à relancer la peine capitale en Caroline du Nord, où aucune exécution n’a eu lieu depuis 2006. Plusieurs membres républicains de la Chambre des représentants de Caroline du Nord signent une lettre ouverte exigeant le retrait du magistrat de la cour d’État qui a libéré Brown sous sa propre reconnaissance après son arrestation pour délit mineur plus tôt en 2025. En novembre 2025, un nouveau comité spécial de la Chambre sur l’internement involontaire et la sécurité publique est créé pour examiner le processus d’internement involontaire en Caroline du Nord et formuler des recommandations pour l’améliorer.
Des critiques de tous bords
La loi d’Iryna est saluée par les républicains comme une réponse nécessaire à la criminalité et aux failles du système judiciaire. Mais elle est critiquée par les démocrates, les défenseurs des droits civiques et les organisations de justice pénale comme une réaction excessive et potentiellement inconstitutionnelle. Le gouverneur Stein, bien que signant la loi, déclare qu’elle « ne va pas assez loin » et qu’elle ne s’attaque pas aux causes profondes de la criminalité, notamment le manque de ressources pour la santé mentale et les services sociaux. Les critiques soulignent que la loi cible principalement les symptômes plutôt que les causes. Supprimer la libération sous caution sans dépôt ne résoudra pas le problème de la surpopulation carcérale. Accélérer les appels contre les condamnations à mort ne garantira pas que les bonnes personnes soient exécutées. Donner plus de pouvoir aux juges pour suspendre des magistrats ne réglera pas le problème du manque de lits psychiatriques. Et relancer la peine de mort dans un État qui ne l’a pas appliquée depuis près de 20 ans soulève de sérieuses questions constitutionnelles et éthiques.
Le shérif du comté de Mecklenburg, Garry McFadden, met en garde en novembre 2025 que la mise en œuvre de la loi d’Iryna pourrait exercer une pression supplémentaire sur les prisons du comté, qui sont déjà surpeuplées. Si davantage de personnes sont détenues en attendant leur procès parce qu’elles ne peuvent pas obtenir de libération sous caution, où vont-elles aller ? Les prisons n’ont pas la capacité de les accueillir. Et si elles sont placées en détention provisoire pendant des mois, voire des années, en attendant leur procès, cela viole leur droit constitutionnel à un procès rapide. De plus, la recherche montre que la détention provisoire prolongée augmente en fait le risque de récidive. Les personnes qui passent du temps en prison avant leur procès sont plus susceptibles de perdre leur emploi, leur logement et leurs liens familiaux, ce qui les rend plus vulnérables à la criminalité après leur libération. La loi d’Iryna risque donc de créer un cercle vicieux où davantage de personnes sont enfermées, ce qui aggrave leurs problèmes, ce qui augmente la criminalité, ce qui justifie encore plus d’enfermement. C’est exactement le contraire de ce dont le système de justice pénale américain a besoin.
La loi d’Iryna porte bien son nom. C’est une loi émotionnelle, adoptée dans l’urgence, en réaction à une tragédie. Et c’est compréhensible. Les législateurs voulaient faire quelque chose. Ils voulaient montrer qu’ils prenaient le problème au sérieux. Ils voulaient honorer la mémoire d’Iryna. Mais légiférer sous le coup de l’émotion conduit rarement à de bonnes lois. Cette loi ne sauvera pas de vies. Elle remplira les prisons. Elle coûtera des millions de dollars. Elle créera de nouvelles injustices. Et dans quelques années, quand les statistiques montreront qu’elle n’a pas réduit la criminalité, les législateurs se demanderont pourquoi. La réponse est simple : parce qu’ils ont traité les symptômes, pas la maladie.
Section 8 : Trump et la course sénatoriale en Caroline du Nord
Roy Cooper dans le viseur
Le président Donald Trump ne perd pas de temps pour transformer le meurtre d’Iryna Zarutska en arme politique contre les démocrates, et plus particulièrement contre l’ancien gouverneur de Caroline du Nord Roy Cooper. Cooper, qui a gouverné l’État de 2017 à 2025, a annoncé en juillet 2025 sa candidature au Sénat américain pour le siège actuellement détenu par les républicains. Il fait face à Michael Whatley, président du Comité national républicain, dans ce qui s’annonce comme l’une des courses sénatoriales les plus disputées de 2026. Dans son message sur Truth Social du 8 septembre 2025, Trump écrit : « Le sang de cette femme innocente peut littéralement être vu coulant du couteau du tueur, et maintenant son sang est sur les mains des démocrates qui refusent de mettre les mauvaises personnes en prison, y compris l’ancien gouverneur disgracié et ‘aspirant sénateur’ Roy Cooper. » Trump appelle les électeurs de Caroline du Nord à voter pour Whatley, affirmant qu’il « ne laissera pas cela se reproduire ». Le Comité sénatorial républicain national (NRSC) emboîte le pas en publiant un communiqué affirmant que les politiques de Cooper « ont maintenu des criminels violents comme celui-ci dans les rues au lieu de les mettre en prison où ils devraient être ».
Whatley lui-même monte au créneau. Dans un message sur X (anciennement Twitter) le 9 septembre, il déclare : « Un vote pour Roy Cooper est un vote pour plus de criminalité, plus de violence, plus de criminels. » Plus tard dans la journée, après le message de Trump sur Truth Social, Whatley ajoute que le président a « tout à fait raison » dans son évaluation des démocrates. Il affirme que « mon adversaire d’extrême gauche Roy Cooper et ses politiques laxistes en matière de criminalité ont libéré des prédateurs comme Decarlos Brown Jr. et d’innombrables autres voyous violents qui déchaînent l’enfer sur des innocents parce qu’ils savent qu’ils ne feront face à aucune vraie justice ». Cette rhétorique est typique des campagnes républicaines qui utilisent la peur de la criminalité pour mobiliser les électeurs. Mais elle est particulièrement efficace en Caroline du Nord, un État swing où les élections se jouent souvent à quelques points de pourcentage. En utilisant le meurtre d’Iryna comme symbole de l’échec des politiques démocrates, Trump et Whatley espèrent convaincre les électeurs modérés et indépendants que seuls les républicains peuvent garantir leur sécurité.
Cooper riposte, mais la défense est difficile
L’équipe de campagne de Roy Cooper riposte rapidement aux accusations de Trump et Whatley. Un porte-parole de la campagne, contacté par Fox News Digital, accuse Whatley de « mentir à nouveau » parce qu’il « sait que son soutien aux politiques fédérales qui réduisent le financement des forces de l’ordre locales et étatiques est mauvais pour la Caroline du Nord ». Le porte-parole ajoute : « C’était un acte de mal horrible et méprisable, et la famille et les proches d’Iryna Zarutska sont dans nos prières. Roy Cooper sait que les habitants de Caroline du Nord doivent être en sécurité dans leurs communautés ; il a passé sa carrière à poursuivre des criminels violents et des trafiquants de drogue, à augmenter les peines pour violence contre les forces de l’ordre et à maintenir des milliers de criminels hors des rues et derrière les barreaux. » Cette défense est factuelle — Cooper a effectivement un passé de procureur et a soutenu des mesures de lutte contre la criminalité pendant son mandat de gouverneur. Mais elle est difficile à faire entendre dans le bruit médiatique et émotionnel qui entoure le meurtre d’Iryna.
Le problème pour Cooper, c’est que les faits importent moins que la perception. Peu importe qu’il ait ou non directement contribué à la libération de Decarlos Brown Jr. Peu importe que les politiques de libération sous caution sans dépôt aient été mises en place par des juges locaux et non par le gouverneur. Peu importe que les statistiques montrent que la criminalité en Caroline du Nord n’a pas augmenté de manière significative pendant son mandat. Ce qui compte, c’est qu’il y a une vidéo insoutenable d’une jeune femme se faisant poignarder dans un tramway, et que Trump et les républicains ont réussi à associer cette image à Cooper et aux démocrates. C’est une stratégie politique brutale mais efficace. Et Cooper aura du mal à s’en défaire. Les sondages réalisés après le meurtre d’Iryna montrent que la sécurité publique est devenue le principal sujet de préoccupation des électeurs de Caroline du Nord, devant l’économie et l’éducation. Et sur ce sujet, les républicains ont traditionnellement un avantage. La course sénatoriale de 2026 en Caroline du Nord sera donc probablement un référendum sur la criminalité et la sécurité, avec le fantôme d’Iryna Zarutska planant sur chaque débat.
Je déteste cette instrumentalisation politique. Je la déteste de tout mon cœur. Iryna Zarutska n’est pas un argument électoral. Elle n’est pas une statistique. Elle n’est pas un symbole. Elle était une personne. Une jeune femme avec des rêves, des espoirs, des peurs. Elle avait une famille qui l’aimait. Elle avait un petit ami qui voulait construire une vie avec elle. Elle avait un avenir. Et maintenant, elle est réduite à un slogan de campagne. « Votez pour moi ou d’autres Iryna mourront. » C’est obscène. C’est indécent. Et pourtant, c’est la politique américaine en 2025. Nous ne savons plus honorer les morts sans les exploiter.
Section 9 : les réactions internationales et l'hommage de Zelenskyy
L’Ukraine pleure l’une des siennes
Le meurtre d’Iryna Zarutska résonne bien au-delà des frontières américaines. En Ukraine, son pays natal, la nouvelle de sa mort provoque une onde de choc. Le ministère des Affaires étrangères ukrainien publie un communiqué le 27 août 2025 déclarant qu’il est en « contact constant » avec les enquêteurs américains. Les médias ukrainiens couvrent abondamment l’affaire, soulignant la tragédie d’une jeune femme qui a fui la guerre russe pour trouver la mort dans un pays censé être sûr. BBC News Ukraine titre : « Aux États-Unis, une Ukrainienne de 23 ans, Iryna Zarutska, a été tuée : ce que nous savons. » Le site d’information Ukrainska Pravda publie plusieurs articles détaillant les circonstances du meurtre et la réaction des autorités américaines. Le site TSN.ua diffuse les images de vidéosurveillance avec un avertissement sur leur contenu graphique. Sur les réseaux sociaux ukrainiens, des milliers de personnes expriment leur tristesse et leur colère. Beaucoup soulignent l’ironie cruelle qu’Iryna ait survécu aux bombardements russes pour mourir dans un tramway américain.
Le 24 septembre 2025, le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy rend hommage à Iryna lors de son discours à l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Devant les dirigeants du monde entier, Zelenskyy évoque la jeune femme qui a fui la guerre pour chercher la sécurité en Amérique, seulement pour être tuée de manière aléatoire. Son hommage est sobre mais puissant. Il ne politise pas sa mort. Il ne l’utilise pas pour critiquer les États-Unis. Il se contente de rappeler qu’Iryna était une victime de la violence, comme tant d’Ukrainiens qui ont perdu la vie à cause de la guerre russe. En mentionnant Iryna dans ce contexte, Zelenskyy établit un lien entre la violence de la guerre et la violence urbaine, suggérant que les deux sont des manifestations de l’échec de l’humanité à protéger les innocents. Son discours est salué par les médias internationaux comme un moment de dignité et de compassion dans un forum souvent dominé par la rhétorique politique.
Une couverture médiatique mondiale
Le meurtre d’Iryna Zarutska fait la une des journaux du monde entier. Au Royaume-Uni, The Times note que l’affaire a « alimenté un débat sur les taux de criminalité aux États-Unis ». The Daily Telegraph publie un long article intitulé « Le jour où Iryna est morte », qui retrace son parcours depuis Kyiv jusqu’à Charlotte et examine les circonstances de sa mort. Le journal note que l’affaire a « déclenché un tollé sur la criminalité aux États-Unis ». En France, Le Monde couvre l’affaire dans le contexte de la campagne d’expulsions massives de migrants lancée par Trump. En Allemagne, Der Spiegel analyse la réaction politique américaine et la manière dont le meurtre a été instrumentalisé par les républicains. En Inde, The Indian Express titre : « Réfugiée ukrainienne de 23 ans poignardée à mort dans un train américain lors d’une ‘attaque aléatoire' ». Les médias du monde entier soulignent le contraste tragique entre la fuite d’Iryna de la guerre et sa mort dans un pays en paix.
Cette couverture internationale met en lumière un problème plus large : la perception de la sécurité aux États-Unis. Pour de nombreux observateurs étrangers, l’Amérique est un pays paradoxal. D’un côté, c’est la plus grande puissance militaire et économique du monde, un symbole de liberté et d’opportunité. De l’autre, c’est un pays où la violence armée est endémique, où les fusillades de masse sont régulières, où les sans-abri atteints de maladies mentales errent dans les rues, où les transports publics peuvent être dangereux. Le meurtre d’Iryna cristallise cette contradiction. Elle a fui un pays en guerre pour trouver refuge dans un pays en paix, mais elle a été tuée quand même. Cela soulève des questions inconfortables : les États-Unis sont-ils vraiment plus sûrs que l’Ukraine en guerre ? Évidemment, la réponse statistique est oui. Mais pour la famille d’Iryna, cette réponse n’a aucune importance. Pour eux, l’Amérique n’a pas protégé leur fille. Et c’est tout ce qui compte.
Quand Zelenskyy a mentionné Iryna à l’ONU, j’ai pleuré. Je ne la connaissais pas. Je n’ai jamais mis les pieds en Ukraine. Mais j’ai pleuré. Parce que dans ce moment, Zelenskyy a fait quelque chose que Trump n’a jamais fait : il a traité Iryna comme une personne, pas comme un symbole. Il n’a pas utilisé sa mort pour marquer des points politiques. Il n’a pas accusé ses adversaires d’avoir du sang sur les mains. Il a simplement dit : « Elle était l’une des nôtres, et nous la pleurons. » C’est tout ce qu’Iryna méritait. C’est tout ce que toutes les victimes méritent. De la dignité. Du respect. De la compassion. Pas de la politique.
Section 10 : le débat sur la peine de mort relancé
Trump réclame l’exécution de Brown
Dès le 8 septembre 2025, le président Donald Trump appelle publiquement à l’exécution de Decarlos Brown Jr. Lors de sa visite au Musée de la Bible, Trump déclare : « Quand vous avez des tueries horribles, vous devez prendre des actions horribles. » Il ne mentionne pas explicitement la peine de mort, mais le message est clair. Le lendemain, le 9 septembre, le ministère de la Justice fédéral inculpe Brown d’une charge fédérale : violation de l’article 18 U.S.C. § 1992, qui concerne les attaques terroristes et autres violences contre les systèmes de transport de masse. Cette charge fédérale est cruciale car elle ouvre la porte à la peine de mort fédérale, même si la Caroline du Nord n’a pas exécuté de condamné depuis 2006. Le procureur général adjoint des États-Unis déclare dans un communiqué que « la violence contre les systèmes de transport de masse ne sera pas tolérée » et que « le ministère de la Justice utilisera tous les outils à sa disposition pour traduire les auteurs en justice ». En octobre 2025, il est annoncé qu’une audience de la règle 24 pour déterminer si Brown fera face à la peine de mort a été reportée à avril 2026.
La peine de mort est un sujet profondément divisé aux États-Unis. Selon un sondage Gallup de 2024, environ 55% des Américains soutiennent la peine de mort pour les personnes reconnues coupables de meurtre, contre 43% qui s’y opposent. Mais ce soutien varie considérablement selon les lignes politiques, raciales et géographiques. Les républicains sont beaucoup plus favorables à la peine de mort que les démocrates. Les Blancs sont plus favorables que les Noirs et les Hispaniques. Les habitants des zones rurales sont plus favorables que ceux des zones urbaines. Et les États du Sud sont plus susceptibles d’appliquer la peine de mort que ceux du Nord-Est ou de la côte Ouest. La Caroline du Nord se situe dans une zone grise. L’État a la peine de mort dans ses livres de loi, mais ne l’a pas appliquée depuis près de 20 ans en raison de problèmes juridiques et de l’indisponibilité des médicaments pour l’injection létale. La loi d’Iryna cherche à changer cela en ordonnant au Département des services correctionnels pour adultes de Caroline du Nord de trouver une méthode alternative d’exécution si l’injection létale n’est pas possible.
Les arguments pour et contre
Les partisans de la peine de mort dans le cas de Decarlos Brown Jr. avancent plusieurs arguments. Premièrement, ils affirment que le crime était particulièrement odieux — une attaque aléatoire, brutale et filmée contre une jeune femme innocente. Deuxièmement, ils soulignent que Brown a un long passé criminel et qu’il représente un danger permanent pour la société. Troisièmement, ils invoquent la justice pour la victime et sa famille, arguant que seule la peine de mort peut offrir une forme de clôture. Quatrièmement, ils affirment que la peine de mort a un effet dissuasif, décourageant d’autres criminels potentiels de commettre des crimes similaires. Enfin, ils soutiennent que dans certains cas, la réhabilitation n’est pas possible et que la société a le droit de se protéger en éliminant définitivement les individus les plus dangereux. Ces arguments résonnent particulièrement auprès des conservateurs et des partisans de Trump, qui voient la peine de mort comme un outil nécessaire de justice et de sécurité publique.
Les opposants à la peine de mort, en revanche, avancent des arguments tout aussi puissants. Premièrement, ils soulignent que Decarlos Brown Jr. souffre de schizophrénie, une maladie mentale grave qui affecte sa capacité à comprendre la nature de ses actes. Exécuter une personne atteinte de maladie mentale soulève de sérieuses questions éthiques et constitutionnelles. Deuxièmement, ils notent que la peine de mort est appliquée de manière disproportionnée contre les personnes de couleur et les pauvres, créant une injustice systémique. Troisièmement, ils citent des études montrant que la peine de mort n’a pas d’effet dissuasif significatif sur la criminalité. Quatrièmement, ils soulignent le risque d’erreurs judiciaires — depuis 1973, plus de 190 personnes condamnées à mort aux États-Unis ont été innocentées et libérées. Cinquièmement, ils arguent que la peine de mort est plus coûteuse que l’emprisonnement à vie en raison des longs processus d’appel. Enfin, ils affirment que la peine de mort est moralement répréhensible, que l’État ne devrait pas avoir le pouvoir de tuer ses citoyens, et que la vie humaine est sacrée, même celle des criminels.
Je suis contre la peine de mort. Toujours. Dans tous les cas. Même pour Decarlos Brown Jr. Oui, il a commis un crime horrible. Oui, il a tué Iryna de sang-froid. Oui, il mérite d’être puni. Mais l’exécuter ne ramènera pas Iryna. Ça ne guérira pas sa famille. Ça ne rendra pas les rues plus sûres. Tout ce que ça fera, c’est ajouter une mort à une autre. Et si nous, en tant que société, décidons que tuer est acceptable quand c’est l’État qui le fait, alors nous perdons notre droit moral de condamner le meurtre. Nous devenons ce que nous prétendons combattre. De plus, Brown est malade. Il est schizophrène. Il entend des voix. Il est déconnecté de la réalité. L’exécuter, c’est punir la maladie, pas le crime. Et ça, c’est inacceptable.
Section 11 : les médias conservateurs et la machine à indignation
Fox News, Elon Musk et l’amplification du récit
Le meurtre d’Iryna Zarutska devient rapidement un sujet de prédilection pour les médias conservateurs américains. Fox News, en particulier, couvre l’affaire de manière intensive, avec des segments quotidiens dans ses émissions phares comme « Tucker Carlson Tonight », « Hannity » et « The Ingraham Angle ». Les animateurs de Fox News utilisent le meurtre pour attaquer les politiques démocrates sur la criminalité, la libération sous caution sans dépôt et l’immigration. Ils invitent des experts conservateurs, des responsables des forces de l’ordre et des victimes de crimes pour discuter de l’échec perçu du système judiciaire. Les images de vidéosurveillance de l’attaque sont diffusées à plusieurs reprises, souvent avec des avertissements sur leur contenu graphique, mais toujours dans le but de choquer et d’indigner les téléspectateurs. Fox News présente le cas comme un exemple parfait de ce qui ne va pas avec l’Amérique sous les démocrates : des criminels dangereux libérés dans les rues, des transports publics dangereux, des politiciens plus préoccupés par les droits des criminels que par la sécurité des citoyens respectueux de la loi.
Elon Musk, propriétaire de X (anciennement Twitter) et partisan vocal de Trump, amplifie également le récit conservateur. Dans plusieurs tweets, Musk critique les juges et les procureurs pour avoir permis aux « criminels de circuler librement ». Il partage des articles sur le meurtre d’Iryna avec des commentaires comme « C’est ce qui arrive quand vous priorisez les idéologies woke plutôt que la sécurité publique ». Musk a des millions de followers sur X, et ses tweets atteignent un public massif, souvent plus large que les médias traditionnels. En utilisant sa plateforme pour promouvoir le récit conservateur sur le meurtre d’Iryna, Musk contribue à façonner l’opinion publique et à mobiliser les partisans de Trump. D’autres commentateurs conservateurs, comme Ben Shapiro, Candace Owens et Charlie Kirk, emboîtent le pas, utilisant leurs podcasts, leurs émissions et leurs comptes de réseaux sociaux pour discuter de l’affaire et attaquer les démocrates. Le résultat est une machine à indignation bien huilée qui transforme le meurtre d’Iryna en un événement politique majeur.
La comparaison avec le cas Jordan Neely
Les commentateurs conservateurs comparent fréquemment le meurtre d’Iryna Zarutska au cas Jordan Neely, un homme noir sans-abri atteint de maladie mentale qui a été tué par un ancien Marine blanc, Daniel Penny, dans le métro de New York en mai 2023. Neely criait et menaçait les passagers lorsque Penny l’a immobilisé dans une prise d’étranglement qui a entraîné sa mort. Le cas Neely a suscité une couverture médiatique massive, avec de nombreux médias progressistes et des militants des droits civiques accusant Penny de meurtre et dénonçant le racisme systémique. Penny a finalement été inculpé d’homicide involontaire, mais acquitté en décembre 2023. Les conservateurs affirment que les médias grand public ont accordé beaucoup plus d’attention au cas Neely, où la victime était noire et l’agresseur blanc, qu’au cas Zarutska, où la victime était blanche et l’agresseur noir. Ils accusent les médias de « deux poids, deux mesures » et de ne couvrir les crimes que lorsqu’ils correspondent à un certain récit racial.
Cette comparaison est problématique pour plusieurs raisons. Premièrement, les deux cas sont fondamentalement différents. Jordan Neely n’a tué personne ; il criait et menaçait, mais n’a pas commis de violence physique. Daniel Penny a agi en réponse à une menace perçue, bien que sa réponse ait été disproportionnée et mortelle. Decarlos Brown Jr., en revanche, a commis un meurtre prémédité et brutal. Comparer les deux cas, c’est comparer des pommes et des oranges. Deuxièmement, l’affirmation selon laquelle les médias n’ont pas couvert le meurtre d’Iryna est fausse. L’affaire a reçu une couverture massive de la part de tous les grands médias américains, y compris CNN, ABC, NBC, CBS, The New York Times, The Washington Post, etc. Elle a également reçu une couverture internationale. Troisièmement, la comparaison ignore le contexte historique du racisme systémique aux États-Unis. Les crimes commis par des Blancs contre des Noirs ont historiquement été sous-punis, tandis que les crimes commis par des Noirs contre des Blancs ont été sur-punis. Souligner cette disparité n’est pas du « deux poids, deux mesures » ; c’est reconnaître une réalité historique.
Cette obsession conservatrice pour la race de la victime et de l’agresseur me dégoûte. Iryna Zarutska n’est pas morte parce qu’elle était blanche. Elle est morte parce qu’un homme malade et dangereux avait un couteau et qu’elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Jordan Neely n’est pas mort parce qu’il était noir. Il est mort parce qu’un homme a utilisé une force excessive contre lui. Les deux cas sont des tragédies. Les deux méritent d’être couverts par les médias. Les deux soulèvent des questions importantes sur la sécurité publique, la santé mentale et la justice. Mais transformer ces tragédies en guerres culturelles raciales, c’est les déshonorer. C’est utiliser leurs morts pour marquer des points politiques. Et c’est répugnant.
Section 12 : les leçons non apprises et les solutions ignorées
Ce que nous savons déjà
Le meurtre d’Iryna Zarutska n’est pas une anomalie. C’est le symptôme d’un système brisé que nous refusons de réparer. Nous savons que les maladies mentales graves non traitées peuvent conduire à la violence. Nous savons que les personnes atteintes de schizophrénie, de trouble bipolaire ou d’autres troubles psychotiques ont besoin de traitement continu, de médicaments et de soutien. Nous savons que lorsque ces personnes ne reçoivent pas de traitement, elles peuvent devenir dangereuses pour elles-mêmes et pour les autres. Nous savons que les prisons ne sont pas des hôpitaux psychiatriques et qu’enfermer des personnes malades sans les soigner ne résout rien. Nous savons que la désinstitutionnalisation des années 1960 et 1970, bien intentionnée, a échoué parce que les ressources communautaires promises n’ont jamais été suffisamment financées. Nous savons que les États-Unis ont fermé des centaines d’hôpitaux psychiatriques sans créer de système de soins communautaires adéquat pour les remplacer. Nous savons que le résultat est des milliers de personnes atteintes de maladies mentales graves qui errent dans les rues, sans abri, sans traitement, sans espoir.
Nous savons également que la criminalité est liée à la pauvreté, au manque d’éducation, au chômage, à la toxicomanie et au traumatisme. Nous savons que les personnes qui grandissent dans des environnements violents et instables sont plus susceptibles de devenir violentes elles-mêmes. Nous savons que l’incarcération de masse n’a pas réduit la criminalité de manière significative et qu’elle a en fait aggravé de nombreux problèmes en détruisant des familles et des communautés. Nous savons que les programmes de prévention, d’éducation, de formation professionnelle et de traitement de la toxicomanie sont plus efficaces et moins coûteux que l’emprisonnement. Nous savons que les pays qui investissent dans les services sociaux, l’éducation et la santé mentale ont des taux de criminalité beaucoup plus bas que les États-Unis. Nous savons tout cela. Les recherches sont claires. Les données sont disponibles. Les experts sont unanimes. Et pourtant, nous ne faisons rien. Ou plutôt, nous faisons le contraire. Nous réduisons les budgets de la santé mentale. Nous fermons des écoles. Nous coupons dans les programmes sociaux. Nous construisons plus de prisons. Et nous nous demandons pourquoi la violence continue.
Les solutions que nous refusons d’adopter
Si nous voulions vraiment empêcher des tragédies comme le meurtre d’Iryna Zarutska, nous saurions quoi faire. Premièrement, nous investirions massivement dans les services de santé mentale. Nous construirions plus d’hôpitaux psychiatriques, mais pas les institutions inhumaines du passé — des établissements modernes, respectueux, axés sur le traitement et la réhabilitation. Nous créerions des équipes d’intervention en cas de crise composées de professionnels de la santé mentale, pas seulement de policiers. Nous rendrions les médicaments psychiatriques gratuits et facilement accessibles. Nous mettrions en place des programmes de suivi pour les personnes atteintes de maladies mentales graves, avec des visites régulières, des contrôles de médicaments et un soutien social. Nous formerions les juges, les procureurs et les policiers à reconnaître les signes de maladie mentale et à orienter les personnes vers le traitement plutôt que vers la prison. Nous réduirions la stigmatisation autour de la maladie mentale en éduquant le public et en encourageant les gens à demander de l’aide sans honte.
Deuxièmement, nous réformerions le système de justice pénale pour qu’il soit vraiment juste. Nous mettrions fin à l’incarcération de masse en décriminalisant les délits mineurs et en investissant dans des alternatives à la prison comme les programmes de déjudiciarisation, les tribunaux de traitement de la toxicomanie et les services communautaires. Nous réformerions le système de caution pour qu’il soit basé sur le risque, pas sur la richesse, mais avec des évaluations rigoureuses et un suivi approprié. Nous investirions dans la réhabilitation en prison, avec des programmes d’éducation, de formation professionnelle et de traitement de la toxicomanie. Nous faciliterions la réintégration des anciens détenus dans la société en leur offrant un soutien au logement, à l’emploi et à la santé mentale. Nous mettrions fin à la discrimination contre les personnes ayant un casier judiciaire, qui les empêche souvent de trouver un emploi ou un logement et les pousse vers la récidive. Nous investirions dans la prévention de la criminalité en s’attaquant aux causes profondes : la pauvreté, le manque d’éducation, le chômage, la toxicomanie.
Pourquoi nous ne le faisons pas
Alors pourquoi ne faisons-nous pas tout cela ? Pourquoi continuons-nous à répéter les mêmes erreurs encore et encore ? La réponse est complexe, mais elle se résume à quelques facteurs clés. Premièrement, le coût. Investir dans la santé mentale, l’éducation et les services sociaux coûte cher à court terme, même si cela permet d’économiser de l’argent à long terme. Les politiciens préfèrent souvent des solutions rapides et visibles, comme construire des prisons, plutôt que des investissements à long terme dont les résultats ne seront visibles que dans des années. Deuxièmement, l’idéologie. Aux États-Unis, il existe une forte croyance dans la responsabilité individuelle et la punition. Beaucoup de gens croient que les criminels méritent d’être punis, pas aidés. Ils voient la compassion comme de la faiblesse et le traitement comme une récompense pour le mauvais comportement. Cette mentalité rend difficile la mise en œuvre de réformes progressistes. Troisièmement, la politique. La criminalité est un sujet émotionnel qui mobilise les électeurs. Les politiciens, en particulier les conservateurs, utilisent la peur de la criminalité pour gagner des élections. Ils promettent d’être « durs contre le crime » et accusent leurs adversaires d’être « mous ». Cette rhétorique fonctionne, même si elle ne résout pas le problème.
Quatrièmement, le racisme. Aux États-Unis, la criminalité est souvent codée racialement. Les criminels sont perçus comme étant principalement des hommes noirs et hispaniques, même si les Blancs commettent des crimes à des taux similaires. Cette perception raciale rend plus facile pour les électeurs blancs de soutenir des politiques punitives, car ils ne se voient pas comme les cibles de ces politiques. Enfin, l’inertie. Changer un système aussi vaste et complexe que le système de justice pénale américain est extrêmement difficile. Il faut une volonté politique, un financement, une coordination entre de nombreuses agences et niveaux de gouvernement, et du temps. C’est plus facile de continuer à faire ce que nous avons toujours fait, même si ça ne fonctionne pas. Et donc, nous continuons. Nous construisons plus de prisons. Nous adoptons des lois plus sévères. Nous punissons plus durement. Et des gens comme Iryna Zarutska continuent de mourir. Et des gens comme Decarlos Brown Jr. continuent de tomber entre les mailles du filet. Et le cycle se répète, encore et encore, sans fin.
Je suis en colère. Je suis en colère contre un système qui savait que Decarlos Brown Jr. était malade et dangereux et qui n’a rien fait. Je suis en colère contre des politiciens qui utilisent la mort d’Iryna pour marquer des points plutôt que pour résoudre le problème. Je suis en colère contre une société qui préfère construire des prisons plutôt que des hôpitaux. Je suis en colère contre nous tous, moi y compris, qui savons ce qu’il faut faire et qui ne le faisons pas. Nous avons les connaissances. Nous avons les ressources. Nous avons les exemples d’autres pays qui ont réussi. Mais nous n’avons pas la volonté. Et tant que nous ne l’aurons pas, des Iryna continueront de mourir. Et leur sang sera sur nos mains à tous.
Section 13 : l'héritage d'Iryna et la mémoire collective
Comment nous nous souvenons
Dans les semaines et les mois qui suivent le meurtre d’Iryna Zarutska, des hommages fleurissent partout aux États-Unis et au-delà. Le 31 août 2025, une veillée aux chandelles est organisée à Charlotte pour honorer Iryna et d’autres victimes récentes de violences liées aux transports. Le 22 septembre, exactement un mois après sa mort, une autre veillée est organisée à la station East/West Boulevard, là où elle a été tuée. Des centaines de personnes se rassemblent, tenant des bougies, déposant des fleurs, pleurant une jeune femme qu’ils n’ont jamais connue mais dont l’histoire les a profondément touchés. La famille d’Iryna choisit de l’enterrer aux États-Unis, le pays qu’elle aimait. Ses funérailles sont un moment de deuil intense, mais aussi de célébration de sa vie. Ses proches parlent de son courage, de sa détermination, de ses rêves. Ils parlent de la jeune femme qui a survécu à la guerre pour chercher une vie meilleure, et qui méritait tellement plus que ce qu’elle a reçu. Des fresques murales en l’honneur d’Iryna apparaissent dans plusieurs villes américaines. À Abilene, au Texas, une entreprise locale commande une fresque montrant le visage d’Iryna entouré de papillons et de fleurs. Des fonds sont collectés pour créer d’autres fresques à travers le pays.
En septembre 2025, le rappeur DaBaby, originaire de Charlotte, sort une chanson intitulée « Save Me » dédiée à Iryna. Le clip vidéo reconstitue la scène du tramway, mais avec DaBaby intervenant pour sauver Iryna de son agresseur. C’est une vision alternative, un monde où quelqu’un était là pour la protéger, un monde où elle a survécu. Le clip est controversé — certains le trouvent touchant et puissant, d’autres le jugent exploiteur et inapproprié. Mais il témoigne de l’impact qu’Iryna a eu sur les gens, même ceux qui ne l’ont jamais connue. En octobre 2025, une nouvelle espèce de papillon découverte dans les zones côtières de Géorgie et de Caroline du Sud est nommée Celastrina iryna, ou « l’Azuré d’Iryna », en son honneur. Le scientifique qui a découvert l’espèce, Harry Pavulaan, explique qu’il a choisi ce nom pour immortaliser Iryna et sensibiliser à la tragédie de sa mort. C’est un hommage poétique — un papillon, symbole de transformation et de beauté, portant le nom d’une jeune femme dont la vie a été brutalement interrompue. Dans la mort, Iryna devient un symbole, mais pas celui que Trump voulait. Elle devient un symbole d’espoir, de résilience et de la nécessité de faire mieux.
Ce que nous devons retenir
L’histoire d’Iryna Zarutska ne devrait pas être une histoire politique. Elle devrait être une histoire humaine. Une histoire sur une jeune femme courageuse qui a fui la guerre, qui a tout recommencé dans un pays étranger, qui travaillait dur pour construire une vie meilleure. Une histoire sur les rêves brisés et les vies perdues. Une histoire sur l’échec de nos systèmes à protéger les plus vulnérables. Une histoire sur la nécessité de faire mieux. Mais au lieu de cela, elle est devenue une histoire politique. Un argument électoral. Un slogan de campagne. Et c’est une tragédie en soi. Iryna méritait mieux. Elle méritait de vivre. Elle méritait de réaliser ses rêves. Elle méritait de vieillir, de se marier, d’avoir des enfants, de voir son père à nouveau, de retourner en Ukraine un jour quand la guerre serait finie. Elle méritait tout cela. Et nous le lui avons refusé. Pas intentionnellement, mais par négligence. Par indifférence. Par notre refus collectif de réparer les systèmes brisés qui ont permis à Decarlos Brown Jr. de circuler librement avec un couteau dans un tramway.
Si nous voulons vraiment honorer la mémoire d’Iryna, nous devons faire plus que construire des fresques et nommer des papillons. Nous devons changer. Nous devons investir dans la santé mentale. Nous devons réformer le système de justice pénale. Nous devons améliorer la sécurité dans les transports publics. Nous devons arrêter de politiser les tragédies et commencer à les résoudre. Nous devons arrêter de blâmer les autres et commencer à prendre nos responsabilités. Nous devons arrêter de construire des prisons et commencer à construire des hôpitaux. Nous devons arrêter de punir la maladie et commencer à la traiter. Nous devons arrêter de diviser et commencer à unir. Nous devons faire mieux. Pour Iryna. Pour toutes les victimes passées et futures. Pour nous-mêmes. Parce que si nous ne changeons pas, si nous continuons sur cette voie, d’autres Iryna mourront. Et leur sang sera sur nos mains. Et nous n’aurons personne d’autre à blâmer que nous-mêmes. L’héritage d’Iryna ne devrait pas être la peur, la division et la haine. Il devrait être l’espoir, la compassion et le changement. C’est à nous de décider quel héritage nous voulons laisser.
Iryna, je ne te connaissais pas. Mais je pleure pour toi. Je pleure pour tes rêves brisés, pour ta vie volée, pour ta famille déchirée. Je pleure pour le monde que tu ne verras jamais, pour les enfants que tu n’auras jamais, pour l’amour que tu ne vivras jamais. Je pleure parce que tu méritais tellement mieux. Tu méritais de vivre. Tu méritais d’être en sécurité. Tu méritais d’être heureuse. Et nous t’avons laissée tomber. Nous, en tant que société, t’avons laissée tomber. Et je suis désolé. Je suis tellement, tellement désolé. J’espère que là où tu es maintenant, tu es en paix. J’espère que tu es avec ton père. J’espère que tu es libre de la douleur et de la peur. Et j’espère que nous, les vivants, apprendrons de ta mort et ferons mieux. Tu le mérites. Nous te le devons.
Conclusion : une nation à la croisée des chemins
Le choix qui nous attend
Le meurtre d’Iryna Zarutska nous place devant un choix. Nous pouvons continuer sur la voie que nous suivons depuis des décennies — plus de prisons, plus de punitions, plus de divisions, plus de peur. Ou nous pouvons choisir une voie différente — plus de compassion, plus de traitement, plus d’unité, plus d’espoir. Le premier chemin est facile. Il est familier. Il est politiquement populaire. Il permet aux politiciens de paraître durs et décisifs. Il permet aux électeurs de se sentir en sécurité, même si cette sécurité est illusoire. Mais il ne fonctionne pas. Les prisons sont pleines. La criminalité persiste. Les maladies mentales ne sont pas traitées. Les victimes continuent de tomber. Le deuxième chemin est difficile. Il nécessite des investissements massifs. Il nécessite un changement culturel. Il nécessite que nous reconnaissions nos échecs et que nous fassions mieux. Il nécessite de la patience, car les résultats ne seront pas immédiats. Mais c’est le seul chemin qui fonctionne vraiment. Les pays qui ont investi dans la santé mentale, l’éducation et les services sociaux ont des taux de criminalité beaucoup plus bas que les États-Unis. Ils ont des systèmes de justice pénale plus humains et plus efficaces. Ils ont des sociétés plus sûres et plus justes.
Le président Donald Trump a choisi le premier chemin. Il a utilisé le meurtre d’Iryna pour attaquer ses adversaires politiques, pour promouvoir des politiques punitives, pour diviser les Américains selon des lignes raciales et idéologiques. Il a appelé à la peine de mort. Il a dénoncé la libération sous caution sans dépôt. Il a accusé les démocrates d’avoir « du sang sur les mains ». Il a transformé une tragédie humaine en arme politique. Et il a réussi, du moins à court terme. Les sondages montrent que la sécurité publique est devenue le principal sujet de préoccupation des électeurs de Caroline du Nord. La course sénatoriale de 2026 sera probablement dominée par ce thème. La loi d’Iryna a été adoptée en un temps record, avec des mesures dures qui satisfont l’appétit du public pour la punition. Mais à long terme, cette approche échouera. Elle ne rendra pas les rues plus sûres. Elle ne préviendra pas la prochaine tragédie. Elle ne guérira pas les blessures de notre société. Elle ne fera qu’ajouter plus de douleur à la douleur, plus de division à la division, plus de peur à la peur.
Un appel à l’action, pas à la vengeance
Nous devons faire mieux. Nous devons choisir le deuxième chemin. Nous devons investir dans la santé mentale. Nous devons construire des hôpitaux psychiatriques modernes et humains. Nous devons créer des équipes d’intervention en cas de crise. Nous devons rendre les médicaments psychiatriques gratuits et accessibles. Nous devons former les professionnels de la justice et de l’application de la loi à reconnaître et à gérer les maladies mentales. Nous devons réduire la stigmatisation et encourager les gens à demander de l’aide. Nous devons réformer le système de justice pénale. Nous devons mettre fin à l’incarcération de masse. Nous devons investir dans la réhabilitation. Nous devons faciliter la réintégration des anciens détenus. Nous devons nous attaquer aux causes profondes de la criminalité : la pauvreté, le manque d’éducation, le chômage, la toxicomanie. Nous devons améliorer la sécurité dans les transports publics. Nous devons augmenter le personnel de sécurité. Nous devons améliorer la surveillance. Nous devons créer des protocoles pour gérer les personnes en crise. Nous devons rendre les transports publics sûrs pour tous.
Mais surtout, nous devons changer notre mentalité. Nous devons arrêter de voir les criminels comme des monstres et commencer à les voir comme des êtres humains, souvent malades, souvent brisés, qui ont besoin d’aide autant que de punition. Nous devons arrêter de voir les victimes comme des symboles politiques et commencer à les voir comme des personnes avec des familles, des rêves, des vies qui méritaient d’être vécues. Nous devons arrêter de chercher des boucs émissaires et commencer à prendre nos responsabilités. Nous devons arrêter de diviser et commencer à unir. Nous devons arrêter d’avoir peur et commencer à avoir de l’espoir. Iryna Zarutska est morte. Nous ne pouvons pas la ramener. Mais nous pouvons honorer sa mémoire en faisant en sorte que sa mort ne soit pas vaine. Nous pouvons faire en sorte que le système qui a échoué à la protéger soit réformé. Nous pouvons faire en sorte que d’autres jeunes femmes comme elle soient en sécurité. Nous pouvons faire en sorte que d’autres hommes comme Decarlos Brown Jr. reçoivent le traitement dont ils ont besoin avant qu’il ne soit trop tard. Nous pouvons faire mieux. Nous devons faire mieux. Pour Iryna. Pour nous tous.
Je termine cet article avec le cœur lourd. J’ai passé des jours à rechercher, à lire, à regarder des images que je ne pourrai jamais oublier. J’ai pleuré pour Iryna. J’ai pleuré pour sa famille. J’ai pleuré pour Decarlos Brown Jr. et sa mère. J’ai pleuré pour nous tous, pour cette société brisée qui ne sait plus comment prendre soin de ses membres les plus vulnérables. Mais je refuse de désespérer. Je refuse de croire que nous sommes condamnés à répéter les mêmes erreurs pour toujours. Je crois que nous pouvons changer. Je crois que nous pouvons faire mieux. Je crois que nous pouvons construire une société plus juste, plus compatissante, plus sûre. Mais cela nécessite que nous fassions des choix difficiles. Que nous investissions dans les bonnes choses. Que nous écoutions les experts. Que nous mettions de côté nos divisions politiques et que nous travaillions ensemble. C’est possible. D’autres pays l’ont fait. Nous pouvons le faire aussi. Mais seulement si nous le voulons vraiment. Seulement si nous sommes prêts à faire les sacrifices nécessaires. Seulement si nous sommes prêts à changer. Alors, je vous pose la question : êtes-vous prêts ? Parce que la prochaine Iryna pourrait être votre fille, votre sœur, votre amie. Et quand ce sera le cas, il sera trop tard pour regretter de ne pas avoir agi. Le moment d’agir, c’est maintenant. Faisons-le. Pour Iryna. Pour nous tous.
Sources
Sources primaires
Fox News, « Trump says Democrats have ‘blood on their hands’ after deadly Charlotte train stabbing », publié le 8 septembre 2025. Charlotte-Mecklenburg Police Department, « Case Update: Homicide Investigation in the Central Division », publié le 22 août 2025. United States Department of Justice, « Justice Department Charges Light Rail Attacker with Federal Crime », publié le 9 septembre 2025. Wikipedia, « Killing of Iryna Zarutska », consulté en décembre 2025. White House, « Charlotte murder exposes Democrat failures after career criminal freed by woke policies », publié le 8 septembre 2025. North Carolina General Assembly, House Bill 307 (« Iryna’s Law »), adopté en septembre 2025.
Sources secondaires
CNN, « Suspect in Charlotte train stabbing that killed a Ukrainian refugee is charged with a federal crime », publié le 10 septembre 2025. ABC News, « Mother, sister of Charlotte stabbing suspect describe history of mental illness », publié le 10 septembre 2025. Associated Press, « Previous charges, delayed mental health evaluation were missed opportunities in Charlotte stabbing », publié le 10 septembre 2025. The Charlotte Observer, « Deadly light rail stabbing in Charlotte grows political under national spotlight », publié le 7 septembre 2025. The New York Times, « N.C. Stabbing Suspect Had Many Interactions With Police », publié le 28 septembre 2025. BBC News, « Fatal stabbing of Ukrainian refugee in North Carolina ignites crime debate », publié le 9 septembre 2025. The Daily Telegraph, « The day Iryna died », publié le 26 octobre 2025. FactCheck.org, « Trump’s Distortions on Cashless Bail », publié en août 2025. Brennan Center for Justice, « Bail Reform and Public Safety », consulté en décembre 2025.
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