L’explosion des incidents antisémites depuis octobre 2023
Les statistiques du Community Security Trust dressent un tableau glaçant de la situation. Entre janvier et juin deux mille vingt-cinq, mille cinq cent vingt et un incidents antisémites ont été enregistrés au Royaume-Uni. C’est une baisse de vingt-cinq pour cent par rapport aux deux mille dix-neuf incidents de la même période en deux mille vingt-quatre, qui reste le record absolu. Mais ne nous y trompons pas : cette « baisse » reste à un niveau historiquement élevé. Onze pour cent de plus que le troisième total le plus élevé jamais enregistré, celui de deux mille vingt et un. Et surtout, ces chiffres révèlent une réalité implacable : depuis l’attaque du Hamas le sept octobre deux mille vingt-trois, l’antisémitisme au Royaume-Uni s’est installé à un niveau structurellement plus élevé qu’avant. Dans les six mois précédant le sept octobre deux mille vingt-trois, le CST enregistrait en moyenne cent soixante et un incidents antisémites par mois. Entre janvier et juin deux mille vingt-cinq, cette moyenne mensuelle s’établit à deux cent cinquante-quatre incidents. Une augmentation de cinquante-huit pour cent. Avant octobre deux mille vingt-trois, le CST n’avait enregistré des totaux mensuels dépassant les deux cents incidents que cinq fois dans son histoire. Chaque fois, ces pics coïncidaient avec des périodes de guerre impliquant Israël. Depuis l’attaque du Hamas, seul le mois de décembre deux mille vingt-quatre est passé sous la barre des deux cents incidents. Tous les autres mois ont dépassé ce seuil. La guerre au Moyen-Orient a duré toute la période couverte par ce rapport et a continué d’impacter le volume et le discours de l’antisémitisme signalé au CST durant les six premiers mois de l’année.
L’impact de cette guerre est évident dans les données. Sept cent soixante-dix-neuf incidents — cinquante et un pour cent du total — faisaient référence ou étaient liés à Israël, la Palestine, l’attaque du Hamas ou le conflit qui a suivi. Tous incluaient un langage, une motivation ou un ciblage anti-juif aux côtés des références à Israël et au conflit. Une proportion similaire — cinquante-deux pour cent — des incidents enregistrés entre janvier et juin deux mille vingt-quatre contenait cette rhétorique. Pour comparaison, au premier semestre deux mille vingt-trois, période non affectée par un événement déclencheur significatif au Moyen-Orient, ce discours n’était présent que dans seize pour cent des incidents antisémites. Ce changement de langage est cohérent avec les analyses précédentes du CST sur la haine anti-juive au Royaume-Uni lorsque Israël est en guerre. Les variations des termes « sionisme » ou « sioniste » ont été employées à deux cent dix reprises, souvent comme euphémismes pour « judéité » et « juif », ou aux côtés d’autres sentiments antisémites. C’était le cas dans deux cent neuf incidents au premier semestre deux mille vingt-quatre, mais bien plus que les quarante-sept incidents de ce type enregistrés au premier semestre deux mille vingt-trois. Pendant ce temps, il y a eu cent soixante-douze cas où Israël, les Israéliens ou les Juifs ont été comparés à l’Allemagne nazie ou aux nazis, en baisse par rapport aux cent quatre-vingt-douze incidents entre janvier et juin deux mille vingt-quatre, mais significativement plus que les vingt-huit incidents de ce type enregistrés sur la même période en deux mille vingt-trois. Le pire jour pour l’antisémitisme au premier semestre deux mille vingt-cinq fut le vingt-neuf juin, avec vingt-six incidents enregistrés, dont seize en ligne. Ces incidents étaient des réponses anti-juives aux événements du festival de Glastonbury, où le groupe punk-rap Bob Vylan a scandé « Death to the IDF », et à la déclaration subséquente du CST.
Cinquante et un pour cent des incidents liés à Israël. Laissez-moi vous dire ce que ça signifie vraiment. Ça veut dire que plus de la moitié des actes de haine contre les Juifs britanniques sont justifiés, dans l’esprit tordu des agresseurs, par ce qui se passe à des milliers de kilomètres de là. Comme si un étudiant juif de Manchester était personnellement responsable de la politique du gouvernement israélien. Comme si porter une kippa faisait de vous un combattant du Mossad. Cette logique collective de culpabilité, c’est exactement ce contre quoi nous sommes censés lutter depuis des décennies. Et pourtant, elle revient, encore et encore, avec une régularité qui glace le sang.
Les campus universitaires, nouveaux terrains de chasse
Les universités britanniques sont devenues l’épicentre de cette vague antisémite. Le CST a enregistré trente-cinq incidents antisémites dans le secteur de l’enseignement supérieur au premier semestre deux mille vingt-cinq. C’est une chute significative de soixante-quatre pour cent par rapport aux quatre-vingt-dix-huit incidents de ce type signalés entre janvier et juin deux mille vingt-quatre. Mais attention : ce total reste plus du double des dix-sept cas enregistrés sur la période correspondante en deux mille vingt-trois. L’augmentation est structurelle, pas conjoncturelle. Sur ces trente-cinq incidents liés aux universités, deux ont été classés comme Violence extrême, deux comme Agression, un comme Dommages et Profanation de biens juifs, deux comme Menaces, vingt-six comme Comportement abusif, et deux comme Littérature antisémite produite en masse. Seize d’entre eux ont eu lieu sur le campus ou sur des propriétés universitaires, contre quarante-six au premier semestre deux mille vingt-quatre. Dix-neuf se sont produits hors campus, dont treize en ligne, contre cinquante-deux et quarante-six incidents respectivement sur la même période en deux mille vingt-quatre. Mais voici le détail qui fait froid dans le dos : vingt et un incidents — soixante pour cent du total — contenaient un discours lié à Israël aux côtés d’une haine ou d’une motivation explicitement anti-juive. Pour les incidents non liés à la vie universitaire, ce pourcentage n’était que de cinquante et un pour cent. Les campus sont donc des lieux où la rhétorique anti-israélienne se transforme plus facilement en antisémitisme pur et dur.
Le rapport du CST pour l’année académique deux mille vingt-trois – deux mille vingt-quatre avait déjà tiré la sonnette d’alarme. Deux cent soixante-douze incidents antisémites sur les campus, soit une augmentation de cent dix-sept pour cent par rapport aux deux années précédentes. Des étudiants juifs agressés physiquement. Des graffitis de croix gammées dans les résidences universitaires. Des affiches appelant au boycott d’Israël placardées devant les sociétés étudiantes juives. Des manifestations pro-palestiniennes où les slogans anti-israéliens glissent imperceptiblement vers l’antisémitisme. Des professeurs qui détournent le regard. Des administrations qui minimisent. Des syndicats étudiants qui votent des motions condamnant le « sionisme » sans jamais définir ce terme, permettant ainsi tous les amalgames. L’Office for Students, le régulateur de l’enseignement supérieur britannique, a introduit de nouvelles règles en août deux mille vingt-quatre exigeant que les universités prennent des mesures pour prévenir et traiter le harcèlement, y compris les abus raciaux. Il a également écrit aux universités britanniques le mois dernier pour expliquer comment elles devraient répondre aux manifestations pro-palestiniennes. Il recommande d’éloigner les manifestations des synagogues, des salles de classe ou des logements hébergeant des étudiants juifs, et que les universités refusent l’autorisation aux orateurs qui ont déclaré à plusieurs reprises leur soutien à une organisation proscrite. Mais ces recommandations restent souvent lettre morte. Les conservateurs veulent maintenant aller plus loin. Ils proposent d’imposer des délais aux universités pour agir, avec des sanctions financières ou le retrait de leurs pouvoirs de délivrer des diplômes en cas de manquement grave. Une menace qui fait trembler les vice-chanceliers, mais qui pourrait enfin les forcer à prendre le problème au sérieux.
Les universités. Ces temples du savoir, de la raison, du débat éclairé. Devenues des zones de guerre idéologique où certains étudiants ne peuvent plus étudier en paix. Je pense à ces gamins de dix-huit, dix-neuf ans qui arrivent sur le campus, pleins d’espoir, prêts à découvrir le monde, à se faire des amis, à apprendre. Et qui se retrouvent à devoir cacher leur identité pour ne pas devenir des cibles. Qui évitent certains bâtiments, certaines associations, certains événements. Qui calculent leurs trajets pour ne pas croiser les manifestations. C’est ça, l’université moderne ? C’est ça, le progrès ?
Les visages de la haine ordinaire
Agressions physiques et violence extrême
Le CST a enregistré soixante-treize incidents dans la catégorie Agression au premier semestre deux mille vingt-cinq, une diminution de quarante-deux pour cent par rapport aux cent vingt-cinq incidents de ce type signalés au premier semestre deux mille vingt-quatre. Trois agressions physiques supplémentaires ont été jugées suffisamment graves pour être classées comme Violence extrême, contre un seul incident de ce type enregistré entre janvier et juin deux mille vingt-quatre. La dernière fois que le CST a enregistré trois cas de Violence extrême en une année civile, c’était en deux mille vingt et un. Une de ces attaques impliquait une bouteille, une autre un cutter, et une troisième un marteau. Prises ensemble, ces actes de violence représentent cinq pour cent du total semestriel, la proportion la plus faible depuis plusieurs années. Dans vingt agressions violentes au premier semestre deux mille vingt-cinq, la victime a été frappée à coups de poing ou de pied. Dans quinze cas, l’agresseur a jeté des œufs, des pierres, des briques ou d’autres objets — y compris un sandwich au jambon — sur la victime, les lançant depuis un véhicule en mouvement à six reprises. Sept attaques impliquaient des crachats, cinq l’utilisation de divers objets comme armes, tandis que dans quatre incidents, l’agresseur a arraché des vêtements ou accessoires religieux à la victime. Il y a eu deux cas où un véhicule a été utilisé pour mettre en danger des piétons, un où le perpétrateur a tenté de briser une vitre de voiture sur la victime à l’intérieur, une attaque employant une arme à feu non létale, et une où les cheveux de la victime ont été incendiés. Cinquante-cinq de ces incidents violents étaient accompagnés d’abus verbaux, et onze contenaient un élément de langage intimidant.
Un cas particulièrement choquant s’est produit en avril dans un pub du Lancashire. Une femme non-juive se trouvait dans un hôtel-pub avec ses parents lorsqu’elle s’est retrouvée confrontée à un groupe d’hommes et de femmes. Ils ont crié : « Tu es juive, je te déteste, va te faire voir. » La victime a répondu qu’elle n’était pas juive et qu’ils devaient la confondre avec quelqu’un d’autre. Elle a décidé de partir après d’autres menaces, mais le groupe l’a suivie à l’extérieur, l’une des femmes disant : « Je viens te chercher. » La victime leur a dit de reculer, mais la femme a commencé à l’attaquer, la frappant à coups de poing et la jetant au sol, continuant à la frapper. L’un des hommes a commencé à lui donner des coups de pied dans les côtes. L’attaque entière a duré cinq minutes. Le groupe est ensuite parti et l’un d’eux a crié : « J’espère que ta famille mourra. » La victime, physiquement et émotionnellement traumatisée par cet incident, a parlé avec le CST, qui lui a offert un soutien psychologique, et a collaboré avec la police du Lancashire dans leur enquête. Des soixante-seize cas de Violence extrême et d’Agression combinés, trente-six — quarante-sept pour cent — se sont produits dans seulement trois arrondissements britanniques : Barnet (dix-huit) dans le Grand Londres, et Bury (dix) et Salford (huit) dans le Grand Manchester. Ces zones abritent certaines des communautés juives les plus importantes et les plus identifiables du pays. Alors que seulement vingt-sept pour cent des incidents dans les autres catégories de haine anti-juive ont eu lieu dans ces arrondissements, les attaques physiques contre la vie juive sont plus susceptibles de cibler les zones où la vie juive est la plus visible et profondément établie.
Soixante-treize agressions. Soixante-treize fois où quelqu’un a levé la main sur un autre être humain parce qu’il était juif ou perçu comme tel. Soixante-treize fois où la violence physique a remplacé le dialogue, la raison, l’humanité. Et je lis ces descriptions cliniques — « frappé à coups de poing », « jeté des pierres », « craché dessus » — et je dois m’arrêter. Respirer. Parce que derrière chaque ligne de ce rapport, il y a une personne. Une personne qui a eu peur. Une personne qui a eu mal. Une personne dont la vie a basculé en quelques secondes de terreur pure.
Dommages, menaces et abus quotidiens
Les cas de Dommages et Profanation de biens juifs ont augmenté de dix pour cent, passant de quatre-vingt-quatre au premier semestre deux mille vingt-quatre à quatre-vingt-douze entre janvier et juin deux mille vingt-cinq, le total semestriel le plus élevé jamais enregistré dans cette catégorie. Trente-trois de ces incidents ont impliqué des dommages causés aux affiches, rubans et mémoriaux en l’honneur des otages capturés par le Hamas, vingt et un aux maisons et véhicules de personnes juives, seize aux synagogues, huit aux entreprises et organisations juives, trois aux écoles juives, un à un rayon d’aliments casher dans un supermarché, et un à un cimetière juif. Dans vingt-huit des quatre-vingt-douze cas de Dommages et Profanation, l’agresseur a utilisé des graffitis, barbouillages, autocollants ou affiches de nature antisémite pour défigurer la cible juive — dont dix-neuf étaient liés aux événements au Moyen-Orient. Douze incidents ont impliqué la destruction ou le retrait d’une mezouza, un rouleau de prière juif fixé à l’entrée d’un bâtiment. Des œufs, pierres, briques, bouteilles ou autres projectiles ont été jetés sur des biens juifs pour causer des dommages à six reprises. Un cas particulièrement révoltant s’est produit en février à Chatham, dans le Kent. Un homme a été filmé par caméra de surveillance en train de placer des pieds de porc à travers la clôture de la synagogue mémorial de Chatham. Il a admis l’acte devant le tribunal et a ensuite été arrêté à nouveau pour violation de ses conditions de liberté sous caution.
Le CST a enregistré quatre-vingt-seize Menaces antisémites directes ou incitations à la violence contre des Juifs entre janvier et juin deux mille vingt-cinq, une diminution de trente-quatre pour cent par rapport aux cent quarante-six incidents de ce type signalés au premier semestre deux mille vingt-quatre. Trente de ces quatre-vingt-seize menaces ont été faites en public, tandis que huit étaient dirigées contre des entreprises ou organisations juives. Des menaces ont été adressées à des personnes dans leur domicile dans sept cas et à des synagogues dans sept autres, tandis que des fidèles ont été menacés deux fois sur le chemin du retour des services religieux. Trois menaces ont été émises à des écoliers sur le chemin de ou vers leur lieu d’éducation, deux à des écoles juives, et deux dans le contexte d’écoles non-juives. Deux menaces se sont produites dans la sphère de l’enseignement supérieur, et des personnalités publiques ont également été ciblées dans deux incidents. Trente-deux des incidents de cette catégorie ont été publiés sur des plateformes en ligne, quatorze ont été livrés par appel téléphonique ou message, et six alertes à la bombe ont été signalées. En février, un universitaire juif basé à Londres a reçu un e-mail menaçant intitulé « Cible légitime ». Il disait : « Puissé-je te trouver marchant dans les rues de Londres, je mettrai une balle dans ce visage sioniste. » La catégorie Comportement abusif représente la part du lion des incidents avec mille deux cent trente-six cas enregistrés au premier semestre deux mille vingt-cinq, soit quatre-vingt-un pour cent du total global et une baisse de vingt-cinq pour cent par rapport aux mille six cent quarante-neuf cas de Comportement abusif enregistrés entre janvier et juin deux mille vingt-quatre. À lui seul, ce chiffre dépasse le total semestriel enregistré dans toutes les catégories au cours de toutes les années précédentes, à l’exception de deux mille vingt-quatre et deux mille vingt et un.
Mille deux cent trente-six cas de comportement abusif. Mille deux cent trente-six fois où quelqu’un a décidé que c’était acceptable de cracher sa haine. En ligne, dans la rue, sur les murs, par téléphone. Mille deux cent trente-six moments où l’humanité a cédé la place à la bestialité. Et on me dit que c’est une « baisse » par rapport à l’année précédente. Une baisse. Comme si mille deux cent trente-six actes de haine, c’était une victoire. Comme si on devait se réjouir que ce ne soit « que » ça. Non. Chaque incident est un échec collectif. Chaque insulte, chaque menace, chaque graffiti est une tache sur notre conscience collective.
La rhétorique de la haine
Quand « Free Palestine » devient une arme
Dans les cinq cent trois cas d’abus verbal enregistrés au premier semestre deux mille vingt-cinq, deux cent seize faisaient explicitement référence à Israël et aux événements dans la région aux côtés de la rhétorique ou du ciblage anti-juif. Dans au moins quatre-vingt-un de ces cas, la phrase « Free Palestine » a été utilisée, visant des personnes juives sans méfiance en public à cinquante-huit reprises. Cette phrase n’est pas intrinsèquement antisémite et, isolément, ne serait pas classée comme un incident antisémite par le CST. Cependant, dans ces exemples, elle a été déployée pour harceler, intimider et alarmer des personnes et institutions juives simplement parce qu’elles sont juives, ou étaient perçues comme telles sur le moment. Dans de telles circonstances, « Free Palestine » devient associé à l’identité juive, qu’elle soit imaginée ou factuelle, et cette combinaison transforme le slogan en un slogan imprégné de connotations antisémites. Le problème n’est pas le slogan lui-même. Le problème est son utilisation comme arme contre des individus qui n’ont rien à voir avec le conflit israélo-palestinien. Un étudiant juif qui se rend à la bibliothèque. Une femme portant une étoile de David dans le métro. Un enfant en uniforme d’école juive. Aucun d’entre eux n’a sollicité une discussion sur le Moyen-Orient. Aucun d’entre eux n’est responsable de la politique du gouvernement israélien. Pourtant, ils deviennent des cibles. Parce qu’ils sont juifs. Point final.
Les variations des termes « sionisme » ou « sioniste » ont été employées à deux cent dix reprises, souvent comme euphémismes pour « judéité » et « juif », ou aux côtés d’autres sentiments antisémites. Le sionisme, à l’origine un mouvement politique pour l’établissement d’un État juif en Palestine, est devenu dans le discours contemporain un terme fourre-tout permettant tous les amalgames. Critiquer le sionisme en tant qu’idéologie politique est légitime. Utiliser « sioniste » comme synonyme de « juif » pour éviter d’être accusé d’antisémitisme ne l’est pas. Et c’est exactement ce qui se passe dans la majorité de ces deux cent dix incidents. Des graffitis « Mort aux sionistes » sur des synagogues. Des cris « Les sionistes contrôlent les médias » lors de manifestations. Des messages en ligne affirmant que « les sionistes sont des nazis ». Dans chaque cas, le terme « sioniste » sert de cache-sexe à une haine bien plus ancienne et profonde. Sept cent trois incidents ont montré une motivation politique explicitement anti-sioniste qui allait au-delà d’un discours plus superficiel sur la région ou le conflit, aux côtés de commentaires ou d’abus explicitement antisémites visant des personnes juives sans méfiance. Quarante-six pour cent de tous les rapports. Entre janvier et juin deux mille vingt-quatre, cette motivation était évidente dans quarante-deux pour cent des incidents, et seulement dix pour cent des incidents au cours de la même période en deux mille vingt-trois. La guerre au Moyen-Orient a transformé le paysage de l’antisémitisme britannique, lui donnant une coloration politique qu’il n’avait pas à ce degré auparavant.
Le langage. Les mots. Ces outils que nous utilisons pour communiquer, pour comprendre, pour construire des ponts. Détournés, pervertis, transformés en armes. « Free Palestine » n’est pas antisémite. Mais hurler « Free Palestine » au visage d’un gamin de quinze ans qui porte une kippa, ça l’est. « Sioniste » n’est pas une insulte. Mais l’utiliser comme synonyme de « juif » pour pouvoir cracher sa haine sans conséquences, ça l’est. Et cette manipulation du langage, cette torsion sémantique, elle me rend malade. Parce qu’elle permet à la haine de se cacher derrière une façade de légitimité politique.
L’Holocauste instrumentalisé
Dans quatre cent soixante-dix-sept incidents — trente et un pour cent des mille cinq cent vingt et un cas d’antisémitisme signalés au CST au premier semestre deux mille vingt-cinq — l’agresseur ou les agresseurs ont fait référence à Hitler, aux nazis, à l’Holocauste, et/ou ont ponctué leur abus d’un salut nazi, de la représentation d’une croix gammée, ou d’autres images connexes. C’est une diminution de sept pour cent par rapport aux cinq cent treize incidents utilisant cette rhétorique au premier semestre deux mille vingt-quatre, qui représentaient vingt-cinq pour cent du total de janvier à juin. Le langage et l’imagerie liés aux nazis restent un point de référence central pour les antisémites, qu’il y ait ou non un événement déclencheur lié à Israël. Dans vingt-six des quatre cent soixante-dix-sept incidents de cette nature au premier semestre deux mille vingt-cinq, l’auteur a nié soit l’ampleur de l’Holocauste, soit les faits de l’Holocauste, soit qu’il ait eu lieu du tout. En baisse par rapport aux trente-sept cas de ce type enregistrés au premier semestre deux mille vingt-quatre. Mais voici le chiffre qui glace vraiment le sang : cent sept rapports impliquaient la célébration de l’Holocauste, la glorification de ses architectes et/ou de leurs idées, ou le désir exprimé que l’extermination industrielle de masse du peuple juif se répète. Une augmentation de soixante-quinze pour cent par rapport aux soixante et un incidents de ce type enregistrés entre janvier et juin deux mille vingt-quatre. Cent sept personnes qui ont publiquement exprimé le souhait que six millions de morts ne suffisaient pas. Que le travail devrait être terminé. Que Hitler avait raison.
De ces cent sept cas, trente et un faisaient également référence au Moyen-Orient, affirmant qu’Israël a prouvé qu’Hitler avait raison au sujet des Juifs, ou déplorant son échec à exterminer l’intégralité de la population juive et ainsi empêcher l’existence d’Israël et sa réponse à l’attaque terroriste du Hamas. Sur six occasions, l’agresseur a simultanément nié et célébré l’Holocauste, un paradoxe qui résume la confusion et l’illogisme qui peuvent exister dans l’esprit des antisémites. Comment peut-on nier quelque chose tout en souhaitant qu’il se reproduise ? Cette contradiction apparente révèle la nature profondément irrationnelle de l’antisémitisme. Il ne s’agit pas de logique, de faits ou de raison. Il s’agit de haine pure, viscérale, qui se moque de la cohérence. Sur cent soixante-douze occasions, l’agresseur a établi une équivalence directe entre Israël et l’Allemagne nazie, en baisse par rapport aux cent quatre-vingt-douze parallèles de ce type tracés au cours des six premiers mois de l’année dernière. Les incidents impliquant cette comparaison sont comptés parmi les totaux pour l’antisémitisme lié à la fois à Israël et à l’Holocauste. Cette analogie est particulièrement blessante et abusive, utilisant l’autodéfinition d’Israël comme État juif, et l’identité juive des principales victimes de l’Holocauste, comme base de l’insulte. Des affiches montrant des étoiles de David entrelacées avec des croix gammées. Des graffitis « Israël = Nazi Germany » sur les murs des synagogues. Des manifestants brandissant des pancartes comparant Gaza à Auschwitz. Chaque fois, l’objectif est le même : blesser, humilier, déshumaniser.
L’Holocauste. Six millions de morts. Le génocide industriel le plus méthodique de l’histoire humaine. Et il y a des gens — cent sept au moins au premier semestre deux mille vingt-cinq — qui pensent que ce n’était pas assez. Qui souhaitent que ça recommence. Je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que je ressens face à ça. Le dégoût ? Trop faible. L’horreur ? Insuffisant. C’est une noirceur qui dépasse l’entendement. Et quand je vois ces comparaisons entre Israël et l’Allemagne nazie, je me demande si ces gens réalisent ce qu’ils font. S’ils comprennent qu’ils instrumentalisent le pire crime de l’histoire pour justifier leur haine du présent.
Les victimes invisibles
Les enfants en première ligne
Une proportion alarmante d’enfants a été impliquée dans les catégories de Violence extrême et d’Agression, à la fois comme victimes et comme auteurs d’actes violents d’antisémitisme. Sur les soixante-huit rapports de ce type où le CST a obtenu l’âge de la victime ou des victimes, trente et un — quarante-six pour cent — ciblaient des mineurs, contre trente-sept pour cent au premier semestre deux mille vingt-quatre. Sur les cinquante-trois agressions où l’âge approximatif de l’auteur ou des auteurs a été signalé, vingt-six — quarante-neuf pour cent — ont été décrits comme ayant moins de dix-huit ans. Dans l’ensemble des autres catégories de haine anti-juive du CST, les enfants ont été enregistrés comme victimes dans vingt pour cent des incidents, et comme agresseurs dans quinze pour cent. Vingt et un — vingt-huit pour cent — des soixante-seize attaques physiques antisémites enregistrées entre janvier et juin deux mille vingt-cinq impliquaient des enfants agressant des enfants. Laissez ce chiffre vous pénétrer. Des enfants qui agressent d’autres enfants. Pas des adultes radicalisés, pas des extrémistes endurcis. Des gamins. Des adolescents. Qui ont appris quelque part, d’une manière ou d’une autre, que frapper un camarade de classe parce qu’il est juif est acceptable. Où ont-ils appris ça ? À la maison ? Sur les réseaux sociaux ? Dans la cour de récréation ? La réponse est probablement : un peu de tout ça. Et c’est terrifiant.
Il y a eu vingt-quatre incidents antisémites enregistrés dans des écoles juives au premier semestre deux mille vingt-cinq, contre trente entre janvier et juin deux mille vingt-quatre. Quarante et un incidents supplémentaires ont impliqué des écoliers juifs loin de l’école, généralement en train de se rendre à ou de revenir de leur lieu d’éducation, souvent visiblement juifs en raison de leur uniforme. Le CST a enregistré quarante-deux incidents antisémites impliquant des écoliers ou du personnel dans des écoles non confessionnelles, soit un total de cent sept cas de haine anti-juive affectant les personnes et les biens dans le secteur scolaire. C’est une diminution de trente-cinq pour cent par rapport aux cent soixante-cinq incidents liés aux écoles signalés entre janvier et juin deux mille vingt-quatre. Au cours de la même période en deux mille vingt-trois, le CST a enregistré soixante-quatorze incidents antisémites de ce type. Sur les cent sept incidents antisémites affectant les écoles, les élèves et le personnel, vingt sont entrés dans la catégorie Agression — quatorze ciblant des écoliers sur le chemin de ou vers l’école, cinq dans lesquels des enfants ont été attaqués par des camarades de classe dans des écoles non-juives, et un où des garçons juifs ont été accostés alors qu’ils sortaient de leur école confessionnelle. Trois incidents ont été classés comme Dommages et Profanation de biens juifs. Sept impliquaient des Menaces directes — trois à des écoliers sur leur trajet, deux à des écoles juives, et deux à des élèves juifs dans des écoles non confessionnelles. Et il y a eu soixante-dix-sept cas de Comportement abusif. Le fait que les attaques physiques représentent dix-neuf pour cent des incidents dans le secteur scolaire, mais seulement quatre pour cent des rapports d’autres environnements, est corrélé avec la proportion inquiétante d’enfants impliqués comme victimes et auteurs de violence antisémite.
Les enfants. Nos enfants. Ceux que nous sommes censés protéger, éduquer, guider vers un monde meilleur. Et ils se tapent dessus dans les cours de récréation parce que l’un porte une kippa et l’autre a entendu ses parents dire que « les juifs contrôlent tout ». Quarante-six pour cent des victimes de violence antisémite sont des mineurs. Quarante-neuf pour cent des agresseurs aussi. Ces chiffres me hantent. Parce qu’ils signifient que nous avons échoué. Échoué à transmettre les bonnes valeurs. Échoué à enseigner le respect, la tolérance, l’humanité. Échoué à protéger les plus vulnérables d’entre nous.
Les synagogues sous surveillance
Soixante-quatorze incidents antisémites ont été enregistrés entre janvier et juin deux mille vingt-cinq qui ciblaient des synagogues — y compris les bâtiments, le personnel et les fidèles sur place — une légère diminution par rapport aux soixante-dix-sept incidents de ce type au premier semestre deux mille vingt-quatre. Treize incidents supplémentaires ont vu des fidèles ou du personnel ciblés sur le chemin de ou vers les services de prière, contre trente-huit incidents de ce type signalés au CST au premier semestre deux mille vingt-quatre. Cela représente une baisse de vingt-quatre pour cent des cas de haine anti-juive impactant les synagogues et les personnes se rendant à, revenant de, ou déjà à l’intérieur d’elles, passant de cent quinze au premier semestre deux mille vingt-quatre à quatre-vingt-sept au cours des six premiers mois de deux mille vingt-cinq, le deuxième chiffre semestriel le plus élevé signalé pour les incidents de ce type. Un de ces incidents a été classé comme Agression, tandis que seize impliquaient des Dommages et Profanation de biens de synagogue. Il y a eu neuf cas de Menaces directes faites — sept à des lieux de culte juifs et deux à des fidèles en public — cinquante-six incidents classés comme Comportement abusif, et cinq comme Littérature. Quarante et un — quarante-sept pour cent — des quatre-vingt-sept cas d’antisémitisme enregistrés dans le secteur des synagogues contenaient une rhétorique liée à Israël. Les synagogues sont des lieux de prière et d’activité communautaire, et des signifiants identifiables de la présence juive dans n’importe quel quartier. En tant que tels, une attaque contre une synagogue n’est pas une déclaration politique contre Israël mais une attaque contre la vie juive au Royaume-Uni.
L’attaque terroriste de Manchester en octobre deux mille vingt-cinq a rappelé brutalement cette réalité. Deux hommes juifs ont été tués dans une synagogue le jour de Yom Kippour, la fête la plus sacrée du calendrier juif. L’attaque a envoyé une onde de choc à travers la communauté juive britannique. Si même une synagogue, le jour le plus saint de l’année, n’est pas un lieu sûr, alors où les Juifs britanniques peuvent-ils se sentir en sécurité ? Cette question hante désormais chaque fidèle qui franchit le seuil d’une synagogue. Les mesures de sécurité se sont multipliées. Des gardes armés devant les portes. Des caméras de surveillance partout. Des détecteurs de métaux à l’entrée. Des protocoles d’urgence répétés encore et encore. Les synagogues britanniques ressemblent de plus en plus à des forteresses assiégées. Et c’est exactement ce qu’elles sont devenues. Des bastions de la foi juive dans un environnement de plus en plus hostile. Le CST fournit une protection de sécurité à des milliers d’événements juifs chaque année. Ses bénévoles se tiennent devant les synagogues, les écoles, les centres communautaires. Ils scrutent la foule, cherchent les signes de danger, se préparent au pire. C’est devenu la nouvelle normalité pour la communauté juive britannique. Une normalité qui n’a rien de normal.
Quatre-vingt-sept incidents ciblant des synagogues en six mois. Quatre-vingt-sept fois où un lieu de culte, un espace sacré, un refuge spirituel a été profané, menacé, attaqué. Je pense à ces fidèles qui viennent prier, chercher la paix, la connexion avec le divin. Et qui doivent passer devant des gardes armés, franchir des détecteurs de métaux, se demander si aujourd’hui sera le jour où quelqu’un franchira les barrières de sécurité. Quel genre de société sommes-nous devenus quand les lieux de culte ont besoin de protection militaire ?
La géographie de la haine
Londres et Manchester, épicentres de l’antisémitisme
Sept cent soixante-quatorze incidents antisémites ont été signalés dans le Grand Londres au premier semestre deux mille vingt-cinq, en baisse de vingt-six pour cent par rapport aux mille cinquante et un incidents de la même période en deux mille vingt-quatre. Le CST a enregistré cent quatre-vingt-quatorze incidents antisémites dans le Grand Manchester entre janvier et juin deux mille vingt-cinq, une diminution de vingt-huit pour cent par rapport aux deux cent soixante-dix incidents signalés dans la zone et la période correspondantes l’année dernière. Ces chiffres constituent soixante-quatre pour cent du total semestriel du Royaume-Uni, contre soixante-cinq pour cent entre janvier et juin deux mille vingt-quatre. Ces pôles communautaires abritent la majorité de la communauté juive du Royaume-Uni. Sur les sept cent soixante-quatorze incidents antisémites enregistrés dans le Grand Londres au premier semestre deux mille vingt-cinq, trois cent vingt-cinq ont eu lieu à Barnet, l’autorité locale avec la plus grande population juive du Royaume-Uni. Il y a eu quatre-vingt-quinze cas de haine anti-juive enregistrés à Westminster, soixante-dix-neuf à Camden, trente-quatre à Hackney, et vingt-deux à la fois à Haringey et Harrow. Le chiffre pour le Grand Londres serait encore plus élevé, n’était-ce un problème technique qui a perturbé le flux de rapports reçus de la police métropolitaine dans le cadre de l’échange d’informations du CST avec les forces de police à travers le pays. La collaboration du CST avec la police est d’une valeur énorme et reste un élément central du travail quotidien du CST.
Depuis le sept octobre deux mille vingt-trois, les totaux d’incidents à Westminster se classent plus haut dans les statistiques d’incidents antisémites du CST pour le Grand Londres que les années précédentes. Bien qu’il ait régulièrement figuré dans les cinq premiers arrondissements londoniens pour l’antisémitisme en raison de son importance politique et de son fort trafic piétonnier, il n’est désormais devancé que par Barnet. Une partie de cela est due au fait que Westminster a accueilli de nombreuses marches anti-israéliennes de la capitale, ainsi que des veillées pour les otages en captivité du Hamas et des services commémoratifs pour les victimes du sept octobre. Bien que ces événements soient pour la plupart pacifiques, ils ont attiré des individus qui ont été signalés au CST pour des pancartes, tracts et discours de haine anti-juifs. Au moins trente-trois incidents antisémites ont eu lieu à Westminster soit lors de, soit en transit vers ou depuis, des manifestations anti-israéliennes ou des veillées pour les otages. Pendant ce temps, vingt et un cas de haine anti-juive dans l’arrondissement ciblaient des organisations juives, et treize ciblaient des synagogues. Sur les cent quatre-vingt-quatorze incidents antisémites du Grand Manchester enregistrés entre janvier et juin deux mille vingt-cinq, cinquante-neuf se sont produits dans la ville de Manchester, cinquante à Bury, quarante et un à Salford, neuf à Stockport et sept à Oldham. La seule région policière du continent où le CST n’a enregistré aucun incident au premier semestre deux mille vingt-cinq était le Suffolk. La haine anti-juive existe partout dans le pays. Avec la portée des médias sociaux et des plateformes Internet, elle a le potentiel d’être vue et entendue indépendamment de la proximité des communautés juives.
Sept cent soixante-quatorze incidents à Londres. Cent quatre-vingt-quatorze à Manchester. Ces villes que j’aime, ces métropoles cosmopolites, ces symboles de diversité et de tolérance. Gangrenées par la haine. Barnet, avec sa forte population juive, en tête du classement. Trois cent vingt-cinq incidents. Trois cent vingt-cinq fois où quelqu’un dans cet arrondissement a été ciblé pour sa judéité. Et Westminster, transformé en champ de bataille idéologique où chaque manifestation, chaque veillée, chaque rassemblement devient une opportunité pour les antisémites de cracher leur venin.
Une haine qui ne connaît pas de frontières
En dehors du Grand Londres et du Grand Manchester, les régions policières avec les chiffres semestriels d’incidents antisémites les plus élevés étaient le West Yorkshire (soixante-treize incidents, contre cent dix-neuf au cours de la même période en deux mille vingt-quatre), le Hertfordshire (cinquante-deux incidents, contre soixante-cinq au premier semestre deux mille vingt-quatre), les West Midlands (trente-neuf incidents, en baisse par rapport aux quarante-cinq au cours des six premiers mois de deux mille vingt-quatre), l’Écosse (trente-six incidents, en baisse par rapport aux quarante et un entre janvier et juin deux mille vingt-quatre), et le Sussex (trente-deux incidents, en hausse par rapport aux vingt-sept au premier semestre deux mille vingt-quatre). Outre les arrondissements du Grand Londres et du Grand Manchester, les villes avec le plus grand nombre d’incidents antisémites signalés entre janvier et juin deux mille vingt-cinq étaient Leeds dans le West Yorkshire (quarante-cinq incidents), Birmingham dans les West Midlands (trente et un incidents), Borehamwood & Elstree dans le Hertfordshire (vingt-neuf incidents), Liverpool dans le Merseyside (vingt-huit incidents), et Brighton & Hove dans le Sussex (vingt incidents). La haine anti-juive n’est pas confinée aux grandes villes avec d’importantes populations juives. Elle se manifeste dans les petites villes, les villages, les zones rurales. Partout où il y a des Juifs — ou même simplement la perception qu’il pourrait y en avoir — il y a un risque d’antisémitisme.
Les réseaux sociaux ont amplifié ce phénomène de manière exponentielle. Un incident antisémite qui se produit dans un village reculé du Yorkshire peut être filmé, posté en ligne, et vu par des millions de personnes en quelques heures. Un message de haine publié depuis un appartement à Glasgow peut atteindre des victimes à Londres, Manchester, Birmingham. La géographie physique compte de moins en moins. La géographie virtuelle compte de plus en plus. Et dans cet espace virtuel, l’antisémitisme prospère. Cinq cent soixante-douze cas d’antisémitisme en ligne ont été enregistrés au premier semestre deux mille vingt-cinq, trente-huit pour cent du total semestriel. C’est la proportion la plus élevée du chiffre global depuis le premier semestre deux mille vingt, lorsque le confinement dû au Covid-dix-neuf a restreint les interactions en personne et, par conséquent, l’opportunité d’antisémitisme en personne. Bien qu’il s’agisse d’une baisse de douze pour cent par rapport à la période correspondante l’année dernière, lorsque six cent quarante-sept incidents en ligne constituaient trente-deux pour cent du total semestriel, l’augmentation en pourcentage reflète comment l’antisémitisme lié au sujet d’Israël continue de trouver de l’oxygène sur les plateformes de médias sociaux et autres canaux virtuels alors que la guerre se poursuit. Sur les cinq cent soixante-douze incidents en ligne signalés, quatre cent quatre — soixante et onze pour cent — étaient liés aux événements au Moyen-Orient. C’était le cas dans seulement trois cent soixante-quinze — quarante pour cent — des neuf cent quarante-neuf rapports de préjugés anti-juifs « hors ligne ».
Soixante-douze pour cent des incidents en ligne liés au Moyen-Orient. Contre quarante pour cent hors ligne. Ces chiffres racontent une histoire claire : Internet est devenu le terrain de jeu préféré de ceux qui veulent transformer leur colère contre Israël en haine contre les Juifs. Derrière leurs écrans, protégés par l’anonymat, ils peuvent déverser leur bile sans conséquences. Ou presque. Parce que ces mots, ces images, ces vidéos… ils ont un impact réel. Ils blessent. Ils traumatisent. Ils tuent parfois, quand ils inspirent quelqu’un à passer de la haine virtuelle à la violence réelle.
Les profils de l'agresseur
Qui sont les antisémites britanniques ?
Le CST a obtenu une description de l’apparence ethnique de l’agresseur ou des agresseurs dans cinq cent quatre-vingt-huit des mille cinq cent vingt et un incidents antisémites signalés entre janvier et juin deux mille vingt-cinq. De ceux-ci, deux cent soixante-dix-huit — quarante-sept pour cent — ont été décrits comme blancs – Europe du Nord, quatorze — deux pour cent — comme blancs – Europe du Sud, cinquante-neuf — dix pour cent — comme noirs, quatre-vingt-un — quatorze pour cent — comme sud-asiatiques, quatre — un pour cent — comme sud-est asiatiques, et enfin, cent cinquante-deux — vingt-six pour cent — ont été décrits comme arabes ou nord-africains. Cette répartition est proche de celle signalée en deux mille vingt-quatre mais diffère légèrement de ce qui est généralement enregistré pendant les périodes où la haine anti-juive au Royaume-Uni est moins impactée par des événements liés au Moyen-Orient. Pour comparaison, au premier semestre deux mille vingt-trois, quarante-sept pour cent ont été décrits comme blancs – Europe du Nord, trois pour cent comme blancs – Europe du Sud, dix-sept pour cent comme noirs, treize pour cent comme sud-asiatiques, moins d’un pour cent comme sud-est asiatiques, et vingt pour cent comme arabes ou nord-africains. Ce changement vers une proportion plus élevée d’agresseurs perçus comme ayant une apparence arabe ou nord-africaine correspond au modèle observé lors de périodes précédentes de guerre impliquant Israël. Il est important de garder à l’esprit que ces détails reposent sur le jugement subjectif et souvent momentané des victimes et des témoins, fait dans ce qui peut être des rencontres brèves, désorientantes et pénibles.
Une description du genre de l’agresseur ou des agresseurs a été obtenue par le CST dans huit cent quatre-vingt-dix-huit des mille cinq cent vingt et un incidents antisémites enregistrés au premier semestre deux mille vingt-cinq. De ceux-ci, l’agresseur a été décrit comme masculin dans six cent quatre-vingt-huit incidents — soixante-dix-sept pour cent des incidents où le genre de l’agresseur a été obtenu — féminin dans cent soixante-dix-neuf incidents — vingt pour cent — et des groupes mixtes d’hommes et de femmes dans trente et un incidents — trois pour cent. Ces pourcentages sont cohérents avec ceux signalés en deux mille vingt-quatre mais, comme les ethnies d’agresseurs enregistrées, diffèrent de ceux enregistrés entre janvier et juin deux mille vingt-trois, lorsque quatre-vingt-quatre pour cent des auteurs ont été décrits comme masculins et quatorze pour cent comme féminins. Ce changement peut avoir des racines dans le contexte de la guerre au Moyen-Orient. Sur les cent soixante-dix-neuf incidents mettant exclusivement en scène des auteures féminines, soixante-quinze pour cent contenaient un langage se rapportant à Israël, Gaza et au conflit, tandis que soixante-neuf pour cent étaient explicitement anti-sionistes. Pour les six cent quatre-vingt-huit incidents avec des auteurs exclusivement masculins, ces chiffres étaient respectivement de cinquante-deux pour cent et quarante-six pour cent. Il n’y a pas de raison évidente pour laquelle les femmes seraient plus susceptibles que les hommes de s’engager dans une rhétorique anti-israélienne ou anti-sioniste aux côtés de l’antisémitisme dans les incidents enregistrés par le CST.
Vingt-six pour cent d’agresseurs décrits comme arabes ou nord-africains. Contre vingt pour cent en deux mille vingt-trois. Cette augmentation, corrélée avec la guerre au Moyen-Orient, raconte une histoire que personne ne veut entendre. Parce qu’elle complique le récit. Parce qu’elle force à reconnaître que l’antisémitisme n’est pas l’apanage d’un seul groupe, d’une seule idéologie, d’une seule communauté. Il traverse les lignes ethniques, religieuses, politiques. Et c’est précisément ce qui le rend si difficile à combattre. Parce qu’il n’y a pas un seul ennemi à affronter, mais une hydre à mille têtes.
L’âge de la haine
Dans sept cent cinquante-deux des mille cinq cent vingt et un rapports de haine anti-juive entre janvier et juin deux mille vingt-cinq, le CST a reçu une description de l’âge approximatif de l’agresseur ou des agresseurs. De ceux-ci, six cent vingt-cinq — quatre-vingt-trois pour cent — impliquaient des agresseurs adultes, dont seize impliquaient des adultes décrits comme ayant plus de soixante-cinq ans. Dans cent vingt-deux cas — seize pour cent — les auteurs étaient des mineurs. Et il y a eu cinq cas — un pour cent — où les agresseurs étaient un mélange d’adultes et de mineurs. Ces pourcentages sont cohérents avec ceux enregistrés depuis deux mille vingt et un, lorsque l’intensification du conflit entre Israël et le Hamas en mai de cette année a précipité un volume élevé d’activité anti-juive dans les environnements scolaires et que l’antisémitisme perpétré par des enfants a augmenté en proportion de l’ensemble. Cette proportion est restée élevée depuis, et tout au long de la guerre actuelle. Le fait que seize pour cent des agresseurs soient des mineurs est profondément troublant. Ces enfants et adolescents n’ont pas développé leur antisémitisme dans le vide. Ils l’ont appris quelque part. De leurs parents ? De leurs pairs ? Des réseaux sociaux ? De la culture ambiante ? Probablement un mélange de tout cela. Et c’est ce qui rend le problème si difficile à résoudre. Parce que l’antisémitisme n’est pas seulement un problème de comportement individuel. C’est un problème culturel, social, éducatif. C’est un poison qui se transmet de génération en génération, qui s’adapte aux circonstances, qui trouve toujours de nouvelles formes pour se manifester.
La présence significative de jeunes agresseurs soulève des questions fondamentales sur l’éducation, la socialisation et la transmission des valeurs dans la société britannique contemporaine. Comment se fait-il que des enfants de douze, treize, quatorze ans pensent qu’il est acceptable de harceler, d’intimider, voire d’agresser physiquement un camarade de classe parce qu’il est juif ? Qu’est-ce qui a échoué dans leur éducation morale ? Qu’est-ce qui manque dans leur compréhension de l’histoire, de l’humanité, du respect de l’autre ? Les écoles ont un rôle crucial à jouer. Elles doivent enseigner l’histoire de l’Holocauste, bien sûr. Mais elles doivent aussi enseigner l’empathie, la pensée critique, la capacité à distinguer entre critiquer une politique gouvernementale et haïr un groupe ethnique ou religieux. Elles doivent créer des espaces où les élèves peuvent discuter de sujets difficiles comme le conflit israélo-palestinien sans que cela dégénère en antisémitisme ou en islamophobie. Elles doivent intervenir rapidement et fermement lorsque des incidents se produisent, en envoyant un message clair que la haine n’a pas sa place dans leurs murs. Mais les écoles ne peuvent pas tout faire seules. Les parents ont une responsabilité. Les médias ont une responsabilité. Les réseaux sociaux ont une responsabilité. Les leaders religieux et communautaires ont une responsabilité. Nous avons tous une responsabilité collective de créer une société où l’antisémitisme — et toutes les formes de haine — sont inacceptables, impensables, impossibles.
Seize pour cent d’agresseurs mineurs. Seize pour cent d’enfants qui ont déjà la haine dans le cœur. Je pense à ces gamins et je me demande ce qu’on aurait pu faire différemment. Quel moment, quelle conversation, quelle intervention aurait pu changer leur trajectoire. Parce que ces enfants ne sont pas nés antisémites. Personne ne naît avec la haine. Elle s’apprend. Elle se cultive. Elle se nourrit de l’ignorance, de la peur, de la manipulation. Et si elle s’apprend, elle peut se désapprendre. Mais pour ça, il faut de la volonté. De l’engagement. Du courage. Est-ce qu’on en a ?
Les réponses institutionnelles
Les universités face à leurs responsabilités
L’Office for Students, le régulateur de l’enseignement supérieur britannique, a introduit de nouvelles règles en août deux mille vingt-quatre exigeant que les universités prennent des mesures pour prévenir et traiter le harcèlement, y compris les abus raciaux. Il a également écrit aux universités britanniques le mois dernier pour expliquer comment elles devraient répondre aux manifestations pro-palestiniennes. Il recommande d’éloigner les manifestations des synagogues, des salles de classe ou des logements hébergeant des étudiants juifs, et que les universités refusent l’autorisation aux orateurs qui ont déclaré à plusieurs reprises leur soutien à une organisation proscrite. Mais ces recommandations restent souvent lettre morte. Pourquoi ? Parce que les universités sont prises entre plusieurs feux. D’un côté, elles ont l’obligation légale de protéger tous leurs étudiants du harcèlement et de la discrimination. De l’autre, elles doivent défendre la liberté d’expression et le droit de manifester. Comment concilier ces deux impératifs lorsqu’une manifestation pro-palestinienne dégénère en slogans antisémites ? Lorsqu’un orateur invité tient des propos qui franchissent la ligne entre critique d’Israël et haine des Juifs ? Lorsqu’un professeur utilise sa chaire pour promouvoir des théories du complot antisémites ? Les universités britanniques ont trop souvent choisi la facilité : ne rien faire, ou faire le minimum syndical. Elles ont invoqué la liberté académique pour justifier leur inaction. Elles ont minimisé les incidents, les qualifiant de « malentendus » ou de « débats politiques passionnés ». Elles ont demandé aux étudiants juifs de « comprendre » que les manifestations pro-palestiniennes ne les visaient pas personnellement. Elles ont créé des groupes de travail, commandé des rapports, organisé des formations. Mais les chiffres parlent d’eux-mêmes : l’antisémitisme sur les campus continue d’augmenter.
Les conservateurs proposent maintenant des mesures plus radicales. Imposer des délais aux universités pour agir contre l’antisémitisme. Infliger des sanctions financières en cas de manquement. Dans les cas extrêmes, retirer aux universités leurs pouvoirs de délivrer des diplômes. Ces propositions font grincer des dents dans le monde académique. Les vice-chanceliers crient à l’ingérence politique dans l’autonomie universitaire. Les syndicats d’enseignants dénoncent une attaque contre la liberté académique. Mais pour les étudiants juifs qui vivent dans la peur quotidienne, ces arguments sonnent creux. Quelle liberté académique y a-t-il lorsque vous ne pouvez pas assister à un cours sans être harcelé ? Quelle autonomie universitaire y a-t-il lorsque l’administration ferme les yeux sur les incidents antisémites ? La vérité, c’est que les universités britanniques ont eu des années pour régler ce problème par elles-mêmes. Elles ont échoué. Maintenant, le gouvernement et l’opposition s’accordent sur une chose : il faut des mesures plus fermes. La seule question est de savoir jusqu’où aller. Les conservateurs veulent l’expulsion des étudiants étrangers antisémites. Le gouvernement travailliste préfère une approche « au cas par cas ». Mais dans les deux cas, le message est clair : le statu quo n’est plus acceptable. Les universités doivent choisir. Soit elles prennent le problème au sérieux et agissent de manière décisive pour protéger leurs étudiants juifs. Soit elles continueront à voir leur réputation ternie, leurs financements menacés, et leurs campus transformés en zones de non-droit pour une partie de leur population étudiante.
Les universités. Ces institutions que j’ai toujours admirées, respectées, idéalisées même. Ces lieux où la pensée critique est censée régner, où le débat rationnel est censé primer, où la vérité est censée être recherchée sans compromis. Et je les vois aujourd’hui, paralysées par la peur de déplaire, terrorisées à l’idée d’être accusées de censure, incapables de tracer une ligne claire entre critique légitime et haine pure. Elles ont trahi leur mission. Elles ont trahi leurs étudiants. Elles ont trahi les valeurs qu’elles prétendent défendre. Et maintenant, elles pleurent quand on leur demande des comptes. Pathétique.
Le gouvernement entre deux chaises
Le gouvernement travailliste de Keir Starmer se trouve dans une position politiquement délicate. D’un côté, il ne peut ignorer la montée de l’antisémitisme et les appels à l’action de la communauté juive. De l’autre, il doit gérer les sensibilités d’autres communautés, notamment musulmanes, qui pourraient percevoir des mesures trop dures comme discriminatoires. Bridget Phillipson a reconnu le problème. Elle a annoncé des financements pour des formations. Elle a écrit aux vice-chanceliers. Elle a déclaré que « l’antisémitisme n’a pas sa place » dans les universités britanniques. Mais les mots ne suffisent plus. Les étudiants juifs veulent des actes concrets. Ils veulent savoir que s’ils sont harcelés, agressés, menacés, il y aura des conséquences réelles pour les agresseurs. Ils veulent savoir que les universités ne se contenteront pas de déclarations pieuses mais prendront des mesures disciplinaires fermes. Ils veulent savoir que le gouvernement utilisera tous les outils à sa disposition — y compris l’expulsion des étudiants étrangers antisémites — pour garantir leur sécurité. La réponse du gouvernement jusqu’à présent a été prudente, mesurée, bureaucratique. « Au cas par cas. » « Examen attentif de tous les faits. » « Décisions prises individuellement. » C’est le langage de l’inaction déguisée en action. C’est la rhétorique de ceux qui veulent avoir l’air de faire quelque chose sans vraiment rien faire. Et pendant ce temps, les incidents continuent. Les étudiants juifs continuent d’avoir peur. Les parents continuent d’hésiter à envoyer leurs enfants à l’université. La communauté juive britannique continue de se sentir abandonnée par les institutions censées la protéger.
Les conservateurs, dans l’opposition, ont beau jeu de critiquer. Ils peuvent proposer des mesures radicales sans avoir à en assumer les conséquences politiques. Mais leur message résonne auprès de nombreux Juifs britanniques qui en ont assez des demi-mesures et des promesses non tenues. L’expulsion des étudiants étrangers antisémites ? Pourquoi pas, si la loi le permet déjà ? Le retrait des pouvoirs de délivrer des diplômes aux universités qui ne protègent pas leurs étudiants juifs ? Radical, certes, mais peut-être nécessaire pour forcer un changement réel. Des sanctions financières pour les universités qui traînent des pieds ? Cela pourrait enfin les inciter à prendre le problème au sérieux. Le débat politique autour de l’antisémitisme universitaire révèle une fracture plus profonde dans la société britannique. D’un côté, ceux qui pensent que la lutte contre l’antisémitisme doit être une priorité absolue, quitte à prendre des mesures controversées. De l’autre, ceux qui craignent que des mesures trop dures ne créent plus de problèmes qu’elles n’en résolvent, en alimentant les tensions communautaires et en donnant l’impression d’une discrimination à l’encontre de certains groupes. Cette tension n’est pas facile à résoudre. Mais une chose est sûre : le statu quo n’est pas tenable. Quelque chose doit changer. Et vite. Parce que chaque jour qui passe sans action décisive est un jour de plus où des étudiants juifs vivent dans la peur. Un jour de plus où l’antisémitisme se normalise. Un jour de plus où la société britannique échoue à protéger l’une de ses minorités les plus vulnérables.
Le gouvernement hésite. Les conservateurs attaquent. Les universités se défendent. Et pendant ce temps, des gamins de dix-huit ans se font cracher dessus dans les couloirs. Voilà où nous en sommes. Des débats politiques sans fin pendant que la réalité, brutale et implacable, continue de broyer des vies. Je suis fatigué de cette lâcheté collective. Fatigué de ces calculs électoraux qui passent avant la protection des citoyens. Fatigué de ces institutions qui se cachent derrière des principes nobles pour justifier leur inaction. Il est temps de choisir. Soit on protège les étudiants juifs, quitte à prendre des mesures impopulaires. Soit on assume qu’on a décidé que leur sécurité n’était pas une priorité. Mais qu’on arrête de prétendre qu’on peut avoir le beurre et l’argent du beurre.
Les voix de la communauté juive
Les organisations juives sonnent l’alarme
Les organisations juives britanniques sont unanimes : la situation est intenable. Le Jewish Leadership Council, le Board of Deputies of British Jews, le Community Security Trust, l’Union of Jewish Students — toutes tirent la sonnette d’alarme depuis des mois. Leo Brosh, du Jewish Leadership Council, déclare que « les niveaux d’abus antisémite sur les campus sont inacceptables, et s’attaquer à cette haine nécessitera un effort concerté et pangouvernemental ». Phil Rosenberg, président du Board of Deputies of British Jews, affirme que « les expériences antisémites déchirantes racontées par les étudiants juifs exigent une réponse ». Ces déclarations ne sont pas de la rhétorique politique. Elles reflètent la réalité vécue par des milliers de Juifs britanniques. Des parents qui se demandent s’ils doivent envoyer leurs enfants à l’université. Des étudiants qui cachent leur identité juive pour éviter le harcèlement. Des professeurs qui hésitent à révéler leur judéité de peur de représailles. Des organisations communautaires qui reçoivent des menaces quotidiennes. Des synagogues qui ressemblent à des forteresses. C’est ça, la réalité de la vie juive au Royaume-Uni en deux mille vingt-cinq. Et c’est inacceptable. Les organisations juives soutiennent massivement l’initiative conservatrice d’expulser les étudiants étrangers antisémites. Pourquoi ? Parce qu’elles en ont assez des paroles sans actes. Parce qu’elles veulent voir des conséquences réelles pour ceux qui propagent la haine. Parce qu’elles pensent que seules des mesures fermes peuvent envoyer un message clair : l’antisémitisme ne sera pas toléré au Royaume-Uni.
Mais au-delà du soutien à cette mesure spécifique, les organisations juives appellent à une approche plus globale. Elles veulent que l’éducation sur l’Holocauste soit renforcée dans les écoles. Elles veulent que les réseaux sociaux soient tenus responsables du contenu antisémite sur leurs plateformes. Elles veulent que la police prenne les incidents antisémites au sérieux et les poursuive avec vigueur. Elles veulent que les universités adoptent et appliquent des politiques claires contre l’antisémitisme. Elles veulent que le gouvernement coordonne une stratégie nationale de lutte contre l’antisémitisme, impliquant tous les ministères concernés. Elles veulent que la société civile dans son ensemble reconnaisse que l’antisémitisme n’est pas seulement un problème juif, mais un problème de société. Parce que lorsque l’antisémitisme prospère, c’est toute la société qui est malade. Lorsque les Juifs ne se sentent plus en sécurité, c’est le contrat social qui se brise. Lorsque la haine d’un groupe est tolérée, c’est la porte ouverte à la haine de tous les groupes. L’histoire l’a montré encore et encore : l’antisémitisme est le canari dans la mine de charbon. Quand il apparaît, c’est le signe que quelque chose de plus profond ne va pas dans la société. Et quand il est ignoré, minimisé, excusé, c’est le début d’une descente vers des abîmes que nous connaissons trop bien. Les organisations juives britanniques ne demandent pas de traitement spécial. Elles demandent simplement que les lois existantes soient appliquées. Que les institutions fassent leur travail. Que la société tienne ses promesses de tolérance et de respect. Est-ce vraiment trop demander ?
J’écoute ces voix juives qui crient dans le désert depuis des mois, des années. Et je me demande combien de temps encore elles devront crier avant qu’on les entende vraiment. Combien d’incidents de plus ? Combien d’agressions de plus ? Combien de vies brisées de plus ? Parce que c’est de ça qu’on parle. Pas de statistiques abstraites. Pas de débats politiques théoriques. De vies humaines. D’enfants qui ont peur d’aller à l’école. D’étudiants qui abandonnent leurs rêves universitaires. De familles qui envisagent de quitter le pays. C’est ça, le coût réel de notre inaction collective.
Les témoignages qui dérangent
Derrière les statistiques, il y a des histoires humaines. Des témoignages qui glacent le sang. Des récits qui devraient nous faire honte collectivement. Un étudiant juif de Manchester raconte comment il a été suivi après un cours par un groupe qui scandait « Free Palestine » et « Les sionistes dehors ». Il a dû se réfugier dans un magasin et appeler la sécurité du campus. L’université a qualifié l’incident de « malentendu ». Une étudiante de Londres décrit comment elle a retiré son étoile de David après avoir été harcelée à plusieurs reprises. « Je ne voulais plus être une cible », dit-elle. « J’ai caché qui j’étais pour pouvoir étudier en paix. » Un professeur juif d’une université du Nord raconte comment ses collègues ont cessé de lui parler après qu’il a exprimé son inquiétude face à l’antisémitisme sur le campus. « Je suis devenu un paria », dit-il. « Comme si en parlant d’antisémitisme, je devenais moi-même le problème. » Un parent témoigne de sa décision de ne pas envoyer sa fille dans l’université de son choix parce qu’elle a une réputation de tolérance envers l’antisémitisme. « Elle a travaillé si dur pour entrer dans cette université », dit-il. « Mais je ne peux pas la mettre en danger. Je ne peux pas. » Ces témoignages ne sont pas des cas isolés. Ils représentent l’expérience vécue de milliers d’étudiants juifs britanniques. Et ils posent une question fondamentale : dans quel genre de société vivons-nous lorsque des citoyens doivent cacher leur identité pour se sentir en sécurité ? Lorsque des étudiants doivent renoncer à leurs ambitions académiques par peur ? Lorsque des professeurs sont ostracisés pour avoir dénoncé la haine ?
Le rapport du CST contient également des témoignages d’incidents spécifiques qui illustrent la brutalité de l’antisémitisme contemporain. En février, un garçon germano-israélien est venu au Royaume-Uni pour étudier dans une école internationale pendant trois mois, dans le cadre d’un programme organisé par son école en Allemagne. Il a dû écourter son séjour en raison de l’antisémitisme auquel il a été confronté de la part d’autres élèves. Les commentaires comprenaient : « Je déteste les Juifs, il ne devrait pas y avoir de Juifs dans le monde » et « Tuez les Juifs et les musulmans — il ne devrait y avoir que des chrétiens ». Dans un cours d’art, les élèves ont reçu pour instruction de dessiner une image de quelque chose qui représente leur pays. Un élève allemand a dessiné une image d’Hitler saluant et des croix gammées. Cela a été montré au professeur d’art qui a ri. Plusieurs croix gammées ont également été dessinées autour de l’école et, le dernier jour de la victime, lorsque les élèves ont reçu pour instruction de dessiner une couverture de livre, un élève allemand a dessiné Mein Kampf. En avril, une femme non-juive se trouvait dans un pub du Lancashire avec ses parents lorsqu’elle s’est retrouvée confrontée à un groupe qui l’a agressée physiquement pendant cinq minutes, lui criant « J’espère que ta famille mourra » parce qu’ils pensaient qu’elle était juive. Ces histoires ne sont pas des aberrations. Elles sont le reflet d’un problème systémique. Un problème que nous ne pouvons plus ignorer. Un problème qui exige une réponse urgente et décisive.
Ces témoignages me hantent. Chaque histoire, chaque détail, chaque mot. Parce que derrière chacun, il y a un être humain qui a souffert. Qui a eu peur. Qui a été humilié. Et je me demande : où étions-nous ? Où étions-nous quand ce gamin allemand se faisait harceler dans une école britannique ? Où étions-nous quand cette étudiante retirait son étoile de David ? Où étions-nous quand ce professeur devenait un paria ? Nous étions là. Nous regardions. Et nous ne faisions rien. Parce que c’était plus facile de détourner les yeux. Plus confortable de prétendre que ce n’était pas si grave. Plus simple de se dire que ce n’était pas notre problème. Mais c’est notre problème. C’est le problème de chacun d’entre nous. Parce que quand l’humanité d’une personne est niée, c’est l’humanité de tous qui est menacée.
Les enjeux d'une décision historique
Expulser ou ne pas expulser : le dilemme britannique
La proposition conservatrice d’expulser les étudiants étrangers antisémites soulève des questions juridiques, éthiques et pratiques complexes. Sur le plan juridique, l’Immigration Act de 1971 permet déjà au gouvernement britannique de révoquer les visas de citoyens étrangers qui se livrent à des comportements criminels ou qui représentent une menace pour l’ordre public. L’incitation à la haine raciale est un crime au Royaume-Uni. En théorie, donc, les outils légaux existent déjà pour expulser des étudiants étrangers coupables d’antisémitisme. Le problème, c’est que ces dispositions sont rarement utilisées. Pourquoi ? Parce que les procédures sont longues et complexes. Parce que les universités hésitent à signaler les incidents aux autorités de l’immigration. Parce que les étudiants peuvent faire appel, et les appels prennent du temps. Parce que les seuils de preuve sont élevés. Et parce que, franchement, il n’y a pas eu jusqu’à présent de volonté politique forte de les appliquer. Le cas de Dana Abu Qamar illustre ces difficultés. Cette étudiante palestinienne, qui dirigeait une société Friends of Palestine à l’Université de Manchester, s’est vu retirer son visa étudiant en décembre deux mille vingt-trois après des remarques qu’elle a faites sur la guerre entre Israël et le Hamas. Mais la décision a été annulée en appel sur la base de ses droits humains. Ce cas montre que même lorsque le gouvernement tente d’expulser un étudiant étranger pour des raisons liées à l’antisémitisme ou à l’extrémisme, les tribunaux peuvent intervenir pour protéger les droits de l’individu.
Sur le plan éthique, la question est encore plus épineuse. Où trace-t-on la ligne entre liberté d’expression et discours de haine ? Entre critique légitime d’Israël et antisémitisme ? Entre manifestation politique et harcèlement ? Ces questions n’ont pas de réponses simples. Un étudiant qui participe à une manifestation pro-palestinienne et scande « Free Palestine » devrait-il être expulsé ? Probablement pas, à moins que le contexte ne montre clairement une intention de harceler ou d’intimider des Juifs. Un étudiant qui publie sur les réseaux sociaux que « les sionistes contrôlent les médias » devrait-il être expulsé ? Cela dépend. S’agit-il d’une critique politique maladroite ou d’un trope antisémite délibéré ? Un étudiant qui compare Israël à l’Allemagne nazie devrait-il être expulsé ? Encore une fois, le contexte compte. Cette comparaison est-elle faite dans le cadre d’un débat académique ou est-elle utilisée pour blesser et humilier des étudiants juifs ? Ces distinctions sont cruciales, mais elles sont aussi incroyablement difficiles à faire dans la pratique. Et c’est là que réside le danger d’une politique d’expulsion systématique : elle pourrait être appliquée de manière incohérente, arbitraire, voire discriminatoire. Elle pourrait avoir un effet dissuasif sur la liberté d’expression légitime. Elle pourrait créer un climat de peur où les étudiants hésitent à exprimer leurs opinions politiques de peur d’être expulsés. D’un autre côté, ne rien faire n’est pas non plus une option. Le statu quo a clairement échoué. Les étudiants juifs ne se sentent pas en sécurité. L’antisémitisme continue d’augmenter. Les universités ne prennent pas le problème au sérieux. Quelque chose doit changer.
Expulser ou ne pas expulser. La question shakespearienne du vingt et unième siècle. Et je n’ai pas de réponse facile. Parce que les deux options me semblent imparfaites. Expulser, c’est risquer de créer des martyrs, d’alimenter le ressentiment, de donner l’impression d’une discrimination. Ne pas expulser, c’est envoyer le message que l’antisémitisme n’a pas de conséquences réelles, que les mots et les actes de haine sont tolérés. Alors quoi ? On fait quoi ? On choisit le moindre mal ? On espère que ça suffira ? On croise les doigts en se disant que peut-être, cette fois, ce sera différent ?
Les leçons de l’histoire et les défis du présent
L’histoire nous enseigne que l’antisémitisme non combattu ne disparaît jamais de lui-même. Il s’enracine, se propage, se normalise. Il commence par des mots, des insultes, des graffitis. Il continue par des boycotts, des exclusions, des discriminations. Il finit par des violences, des pogroms, des génocides. Cette progression n’est pas inévitable, mais elle est possible. Et c’est précisément parce qu’elle est possible que nous devons agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Le Royaume-Uni a une longue histoire de tolérance et de respect des minorités. C’est un pays qui a accueilli des réfugiés juifs fuyant les persécutions en Europe. Un pays qui a combattu le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale. Un pays qui s’est engagé, après l’Holocauste, à ce que « plus jamais ça » ne soit pas qu’un slogan vide. Mais aujourd’hui, ce pays fait face à un test. Un test de ses valeurs, de ses principes, de son engagement envers la protection de tous ses citoyens. Et pour l’instant, il est en train d’échouer à ce test. Les chiffres sont là, implacables. Mille cinq cent vingt et un incidents antisémites en six mois. Deux cent soixante-douze incidents sur les campus universitaires en une année académique. Des étudiants juifs qui cachent leur identité. Des parents qui hésitent à envoyer leurs enfants à l’université. Des synagogues qui ressemblent à des forteresses. C’est ça, le Royaume-Uni de deux mille vingt-cinq. Et c’est inacceptable.
Les défis sont immenses. L’antisémitisme contemporain est multiforme, s’adaptant aux circonstances politiques et sociales. Il vient de l’extrême droite, avec ses théories du complot sur le « grand remplacement » et le contrôle juif du monde. Il vient de l’extrême gauche, déguisé en anti-sionisme et en solidarité avec les Palestiniens. Il vient de certains milieux islamistes, alimenté par le conflit au Moyen-Orient. Il vient des réseaux sociaux, où l’anonymat permet à la haine de se propager sans conséquences. Il vient parfois de l’ignorance pure et simple, de gens qui répètent des stéréotypes sans même réaliser qu’ils sont antisémites. Comment combattre un ennemi aussi protéiforme ? Comment tracer des lignes claires dans un paysage aussi complexe ? Comment protéger les Juifs britanniques sans créer de nouvelles injustices ? Ce sont les questions auxquelles le Royaume-Uni doit répondre. Et il doit y répondre maintenant. Parce que chaque jour qui passe sans action décisive est un jour de plus où l’antisémitisme se normalise. Un jour de plus où les Juifs britanniques se sentent abandonnés. Un jour de plus où le pays trahit ses propres valeurs. L’expulsion des étudiants étrangers antisémites n’est peut-être pas la solution parfaite. Mais c’est un signal. Un signal que l’antisémitisme a des conséquences. Que les mots et les actes de haine ne seront pas tolérés. Que le Royaume-Uni prend au sérieux la protection de sa communauté juive. Et parfois, les signaux comptent autant que les actions elles-mêmes.
L’histoire. Toujours l’histoire qui revient nous hanter. Parce que nous n’apprenons jamais vraiment, n’est-ce pas ? Nous pensons que cette fois, ce sera différent. Que nous sommes plus éclairés, plus tolérants, plus civilisés. Et puis l’antisémitisme réapparaît, encore et encore, comme une maladie chronique qu’on croyait guérie mais qui n’était qu’en rémission. Et nous voilà, en deux mille vingt-cinq, à débattre des mêmes questions qu’il y a cinquante ans, cent ans, mille ans. Quand est-ce que ça s’arrêtera ? Quand est-ce qu’on apprendra enfin ?
Conclusion : le moment de vérité
Un choix de société
Le débat sur l’expulsion des étudiants étrangers antisémites n’est pas qu’une question de politique d’immigration ou de gestion universitaire. C’est un choix de société. Un choix sur le genre de pays que le Royaume-Uni veut être. Un pays où tous les citoyens, quelle que soit leur origine ethnique ou religieuse, peuvent vivre en sécurité et dans la dignité ? Ou un pays où certains groupes doivent constamment regarder par-dessus leur épaule, cacher leur identité, vivre dans la peur ? Un pays où les institutions prennent leurs responsabilités et protègent les plus vulnérables ? Ou un pays où les institutions se cachent derrière des principes nobles pour justifier leur inaction ? Un pays où la haine a des conséquences réelles ? Ou un pays où la haine est tolérée, minimisée, excusée ? Ces questions ne concernent pas seulement les Juifs britanniques. Elles concernent tout le monde. Parce que lorsqu’une minorité est ciblée et que la société ne réagit pas, c’est un précédent dangereux qui est établi. Aujourd’hui, ce sont les Juifs. Demain, ce pourrait être les musulmans, les Sikhs, les chrétiens, les athées, les homosexuels, les personnes handicapées. La haine ne s’arrête jamais à une seule cible. Elle se propage, elle s’adapte, elle trouve toujours de nouvelles victimes. C’est pourquoi la lutte contre l’antisémitisme n’est pas qu’une cause juive. C’est une cause humaine. Une cause qui devrait nous mobiliser tous, indépendamment de notre origine, de notre religion, de nos opinions politiques. Parce que c’est notre humanité commune qui est en jeu.
La proposition conservatrice d’expulser les étudiants étrangers antisémites est controversée. Elle soulève des questions légitimes sur la liberté d’expression, les droits humains, l’équité procédurale. Mais elle a au moins le mérite de reconnaître que le statu quo n’est pas acceptable. Que quelque chose doit changer. Que les mots doivent être suivis d’actes. Le gouvernement travailliste, de son côté, préfère une approche plus mesurée. Des formations, des financements, des recommandations. C’est mieux que rien. Mais est-ce suffisant ? Les chiffres suggèrent que non. L’antisémitisme continue d’augmenter malgré toutes ces initiatives. Les étudiants juifs continuent d’avoir peur malgré toutes ces déclarations. Les universités continuent de traîner des pieds malgré toutes ces lettres. Peut-être que ce dont nous avons besoin, c’est d’une combinaison des deux approches. Des mesures fermes contre les cas les plus graves d’antisémitisme — y compris l’expulsion lorsque c’est justifié — combinées à des efforts de prévention, d’éducation, de dialogue. Des conséquences réelles pour ceux qui propagent la haine, mais aussi des opportunités de rédemption pour ceux qui sont prêts à changer. Une main de fer dans un gant de velours, si vous voulez. Ferme sur les principes, flexible sur les moyens. Intransigeante sur les valeurs, pragmatique sur l’application. Mais quelle que soit l’approche choisie, une chose est claire : l’inaction n’est plus une option. Le temps des demi-mesures est révolu. Le moment de vérité est arrivé. Le Royaume-Uni doit choisir. Et ce choix définira le pays pour les générations à venir.
Un choix de société. C’est exactement ça. Et je regarde autour de moi et je me demande : quel choix allons-nous faire ? Allons-nous choisir le courage ou la lâcheté ? L’action ou l’inaction ? La protection des vulnérables ou la préservation du confort des puissants ? Je voudrais être optimiste. Je voudrais croire que nous ferons le bon choix. Que nous nous lèverons, collectivement, et dirons : non, ça suffit, plus jamais ça. Mais l’histoire m’a appris à être prudent avec l’optimisme. Parce que trop souvent, nous avons choisi la facilité. Trop souvent, nous avons détourné les yeux. Trop souvent, nous avons laissé la haine prospérer parce que c’était plus confortable que de la combattre. Alors je ne sais pas. Je ne sais pas quel choix nous ferons. Mais je sais quel choix nous devrions faire. Et j’espère, contre toute attente, que cette fois, nous serons à la hauteur.
L’appel à l’action collective
Si ce rapport nous enseigne quelque chose, c’est que l’antisémitisme n’est pas un problème qui se résoudra tout seul. Il nécessite une action collective, coordonnée, soutenue. Une action qui implique le gouvernement, les universités, les écoles, la police, les médias, les réseaux sociaux, la société civile, et chacun d’entre nous en tant qu’individus. Le gouvernement doit utiliser tous les outils à sa disposition pour protéger les citoyens juifs. Cela inclut l’application rigoureuse des lois existantes contre l’incitation à la haine raciale, l’utilisation des pouvoirs d’immigration lorsque c’est justifié, et la coordination d’une stratégie nationale de lutte contre l’antisémitisme. Les universités doivent cesser de se cacher derrière la liberté académique pour justifier leur inaction. Elles doivent adopter et appliquer des politiques claires contre l’antisémitisme, intervenir rapidement lorsque des incidents se produisent, et créer un environnement où tous les étudiants se sentent en sécurité. Les écoles doivent renforcer l’enseignement de l’histoire de l’Holocauste et de l’antisémitisme, mais aussi enseigner l’empathie, la pensée critique, et le respect de la différence. Elles doivent intervenir immédiatement lorsque des incidents antisémites se produisent et envoyer un message clair que la haine n’a pas sa place dans leurs murs. La police doit prendre les incidents antisémites au sérieux, les enquêter avec diligence, et poursuivre les auteurs avec vigueur. Elle doit travailler en étroite collaboration avec les organisations communautaires juives pour comprendre les besoins spécifiques de cette communauté et y répondre efficacement.
Les médias ont une responsabilité particulière dans la façon dont ils couvrent le conflit israélo-palestinien et les questions liées à l’antisémitisme. Ils doivent être vigilants pour ne pas perpétuer des stéréotypes antisémites, pour distinguer clairement entre critique d’Israël et antisémitisme, et pour donner une voix aux victimes de la haine. Les réseaux sociaux doivent faire beaucoup plus pour modérer le contenu antisémite sur leurs plateformes. Les algorithmes qui amplifient la haine doivent être modifiés. Les comptes qui propagent l’antisémitisme doivent être suspendus. Les victimes de harcèlement en ligne doivent être mieux protégées. La société civile — les ONG, les organisations religieuses, les groupes communautaires — doit promouvoir le dialogue interreligieux et interculturel, combattre les préjugés et les stéréotypes, et construire des ponts entre les communautés. Et chacun d’entre nous, en tant qu’individus, a un rôle à jouer. Nous devons être vigilants face à l’antisémitisme dans notre entourage et le dénoncer lorsque nous le voyons. Nous devons éduquer nos enfants sur l’importance du respect et de la tolérance. Nous devons soutenir nos voisins, collègues et amis juifs lorsqu’ils sont confrontés à la haine. Nous devons refuser de rester silencieux face à l’injustice. Parce que le silence, c’est la complicité. L’inaction, c’est l’acceptation. Et l’indifférence, c’est la mort de l’humanité. L’antisémitisme est un test pour notre société. Un test de nos valeurs, de notre courage, de notre humanité. Et pour l’instant, nous sommes en train d’échouer. Mais il n’est pas trop tard. Nous pouvons encore changer de cap. Nous pouvons encore choisir le bon chemin. Nous pouvons encore construire une société où tous, y compris les Juifs, peuvent vivre en sécurité et dans la dignité. Mais pour ça, il faut agir. Maintenant. Ensemble. Sans compromis. Parce que l’avenir de notre société en dépend.
Voilà. J’ai dit ce que j’avais à dire. J’ai déversé ma colère, ma frustration, mon désespoir, mon espoir aussi, peut-être. Je ne sais pas si ça changera quoi que ce soit. Je ne sais pas si quelqu’un écoutera. Je ne sais pas si nous ferons les bons choix. Mais je sais une chose : je ne peux pas rester silencieux. Je ne peux pas regarder ces chiffres, lire ces témoignages, voir cette souffrance, et ne rien dire. Parce que si je me tais, je deviens complice. Si je détourne les yeux, je deviens responsable. Si je choisis l’indifférence, je perds mon humanité. Alors je parle. J’écris. Je crie, même, si c’est ce qu’il faut. Parce que c’est tout ce que je peux faire. Et j’espère — contre toute attente, contre toute logique, contre toute expérience — que ça suffira. Que nous nous réveillerons. Que nous agirons. Que nous choisirons l’humanité plutôt que la haine. C’est tout ce qui me reste. L’espoir. Fragile, ténu, presque ridicule dans sa naïveté. Mais c’est tout ce qui me reste. Alors je m’y accroche. Désespérément.
Sources
Sources primaires
Community Security Trust (CST), « Antisemitic Incidents Report January-June 2025 », publié le 6 août 2025. The Telegraph, « Tories demand deportation of anti-Semitic foreign students », par Poppy Wood, publié le 6 décembre 2025. The Jerusalem Post, « Tory MPs urge deportation of antisemitic foreign students », publié le 7 décembre 2025. BBC News, « Universities must act on antisemitism, Bridget Phillipson says », par Joshua Nevett, publié le 12 octobre 2025.
Sources secondaires
Board of Deputies of British Jews, déclarations publiques, décembre 2025. Jewish Leadership Council, déclarations publiques, décembre 2025. Union of Jewish Students, rapports et témoignages, 2024-2025. Office for Students, recommandations aux universités britanniques, août 2024 et novembre 2025. Immigration Act 1971, législation britannique. Equality Act 2010, législation britannique.
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