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Les manifestations qui ont tout déclenché

Pour comprendre l’ampleur de cette crise, il faut remonter à juin 2025, lorsque Los Angeles devient l’épicentre d’un mouvement de protestation massif contre les opérations d’immigration menées par l’administration Trump. Les agents de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement) lancent des raids d’une ampleur inédite dans la métropole californienne, ciblant les communautés immigrées avec une agressivité qui choque même les observateurs habitués aux politiques dures de Trump. Des familles sont séparées en plein jour. Des travailleurs sont arrêtés sur leur lieu de travail. Des enfants se retrouvent sans parents du jour au lendemain. La communauté latino de Los Angeles, qui représente près de la moitié de la population de la ville, vit dans la terreur quotidienne. Les écoles voient leurs effectifs chuter car les parents ont peur d’envoyer leurs enfants en classe. Les commerces ferment leurs portes. L’économie locale vacille. Et la colère monte. Inexorablement. Les habitants descendent dans la rue par milliers pour dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une chasse aux immigrés orchestrée depuis Washington. Les manifestations se multiplient, particulièrement autour du bâtiment fédéral du centre-ville où sont détenus de nombreux migrants arrêtés lors des raids.

Ces protestations, bien que massives et parfois tendues, restent globalement pacifiques. Certes, il y a des affrontements sporadiques avec les forces de l’ordre. Des gaz lacrymogènes sont utilisés. Quelques vitrines sont brisées. Mais rien qui justifie l’invocation de lois d’exception prévues pour les cas d’insurrection armée ou d’invasion étrangère. Pourtant, Trump voit dans ces manifestations l’opportunité parfaite pour tester les limites de son pouvoir présidentiel. Le 8 juin 2025, sans consulter le gouverneur Newsom ni même l’en informer préalablement, l’administration fédérale annonce la fédéralisation de 4000 membres de la Garde nationale californienne. Cette décision historiquement rare s’appuie sur une disposition obscure du code militaire américain qui permet au président de prendre le contrôle des troupes d’État si les États-Unis sont « envahis ou en danger d’invasion par une nation étrangère », ou s’il existe « une rébellion ou un danger de rébellion » contre le gouvernement américain. L’invocation de cette loi pour qualifier des manifestations contre les politiques d’immigration de « rébellion » constitue un précédent dangereux qui alarme immédiatement les constitutionnalistes et les défenseurs des libertés civiles à travers le pays.

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Quand j’ai appris cette fédéralisation forcée, j’ai ressenti un frisson glacé. Pas celui de la peur ordinaire. Non. Celui qui vous traverse quand vous réalisez que quelque chose de fondamental vient de se briser. Trump n’a pas simplement envoyé des troupes — il a arraché le contrôle de soldats à leur propre gouverneur pour les retourner contre leur communauté. C’est le genre de manœuvre qu’on associe aux dictatures, pas aux démocraties. Et le plus terrifiant ? Il l’a fait en invoquant des lois censées protéger la nation contre les invasions et les insurrections. Des manifestants qui protestent contre des politiques d’immigration deviennent soudain des « rebelles ». Le langage lui-même est détourné, perverti, transformé en arme.

La réaction immédiate de la Californie

Le gouverneur Gavin Newsom ne perd pas une seconde. Dès l’annonce de la fédéralisation, il dénonce publiquement cette décision comme « sans précédent et illégale ». Le 9 juin 2025, soit moins de 24 heures après l’ordre présidentiel, la Californie dépose une plainte devant le tribunal fédéral de San Francisco, demandant l’annulation immédiate du déploiement et le retour des troupes sous contrôle étatique. Le procureur général de Californie, Rob Bonta, qualifie l’action de Trump de « violation flagrante des principes fédéralistes » et avertit que permettre au président d’agir ainsi créerait un précédent extrêmement dangereux pour l’équilibre des pouvoirs entre l’État fédéral et les États. La bataille juridique s’engage sur plusieurs fronts simultanément. D’un côté, la Californie conteste la légalité même de la fédéralisation, arguant que les conditions prévues par la loi — invasion ou rébellion — ne sont manifestement pas remplies. De l’autre, l’État attaque le maintien prolongé du déploiement, soutenant que même si la fédéralisation initiale était légale, le président ne peut pas garder indéfiniment le contrôle des troupes d’État une fois la situation d’urgence passée.

Les premiers rounds judiciaires donnent des résultats mitigés pour la Californie. En septembre 2025, un juge fédéral déclare effectivement que le déploiement initial était illégal, une victoire importante pour Newsom. Cependant, cette décision est rapidement contestée par l’administration Trump et finalement renversée par la Cour d’appel du 9e circuit. Les juges d’appel, dans une décision controversée, estiment que la loi accorde au président « un haut niveau de déférence » pour déterminer si une rébellion est en cours. Cette interprétation large des pouvoirs présidentiels inquiète profondément les défenseurs des libertés civiles, car elle semble donner au président une marge de manœuvre presque illimitée pour qualifier des troubles civils de « rébellion » justifiant l’intervention militaire. Pendant ce temps, sur le terrain, la présence militaire se fait de plus en plus pesante. Les soldats de la Garde nationale patrouillent autour du bâtiment fédéral, créent des périmètres de sécurité, et participent à ce que l’administration appelle la « protection du personnel et des propriétés fédérales ». Pour les habitants de Los Angeles, cette militarisation de leur ville ressemble davantage à une occupation qu’à une mesure de sécurité légitime.

Sources

Sources primaires

The Guardian, « Judge blocks Trump administration’s deployment of national guard troops in Los Angeles », 10 décembre 2025. Los Angeles Times, « Trump must end National Guard deployment in L.A., judge rules », 10 décembre 2025. BBC News, « Why is Trump deploying the National Guard to US cities? », 27 novembre 2025. Al Jazeera, « US federal judge halts Trump’s National Guard operations in California », 10 décembre 2025. Gouvernement de Californie, « Federal Court to Trump: keeping a standing army is illegal, the federalization of California’s National Guard must end », 10 décembre 2025. CNN, « Federal judge orders Trump’s National Guard deployment in Los Angeles to end », 10 décembre 2025. Reuters, « US judge says Trump must end National Guard deployment in Los Angeles », 10 décembre 2025. NPR, « Judge blocks Trump’s National Guard deployment in LA with sharp rebuke », 10 décembre 2025.

Sources secondaires

Brennan Center for Justice, « Appeals Courts Split on Domestic Military Deployments », novembre 2025. CalMatters, « Judge orders Trump to end National Guard deployment », 10 décembre 2025. Wikipedia, « June 2025 Los Angeles protests against mass deportation ». Oregon Capital Chronicle, « Federal judge permanently blocks Trump Guard deployment to Portland », 7 novembre 2025. Human Rights Watch, « US: ICE Abuses in Los Angeles Set Stage for Other Cities », 4 novembre 2025. ABC News, « LA protests timeline: How ICE raids sparked demonstrations », juin 2025. KQED, « Federal Judge Orders Trump to Return National Guard Troops in LA to State Control », 10 décembre 2025. NBC News, « Judge orders Trump to end California National Guard troop deployment in Los Angeles », 10 décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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