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Une domination historique et géographique

Pour comprendre l’ampleur de ce qui se joue, il faut d’abord saisir ce qu’est la potasse et pourquoi le Canada en est devenu le maître incontesté. La potasse désigne un groupe de minéraux et de produits chimiques contenant du potassium, cet élément nutritif absolument essentiel à la croissance des plantes. Sans potassium, les cultures ne peuvent ni se développer correctement, ni résister aux maladies, ni produire des rendements satisfaisants. Le potassium fait partie du trio sacré des nutriments agricoles, aux côtés de l’azote et du phosphore. Ces trois éléments s’épuisent dans les sols plus vite qu’ils ne se renouvellent naturellement, ce qui oblige les agriculteurs à les épandre régulièrement sous forme d’engrais. Le chlorure de potassium, aussi appelé muriate de potasse, représente plus de 80% de la consommation mondiale de potasse. C’est ce produit-là qui fait tourner l’agriculture moderne, qui permet de nourrir des milliards d’êtres humains. Et c’est précisément ce produit-là que le Canada produit en quantités phénoménales. L’histoire de la potasse canadienne remonte à 1767, lorsque les premières exportations ont eu lieu, fabriquées artisanalement à partir de cendres de bois. Mais c’est en 1943 que tout a basculé, avec la découverte de gigantesques gisements souterrains en Saskatchewan. L’exploitation de ces gisements s’est développée massivement dans les années 1970 et 1980, transformant cette province des Prairies en capitale mondiale de la potasse.

Aujourd’hui, le Canada produit 32% de la potasse mondiale, une part de marché colossale qui en fait le leader incontesté du secteur. Les 11 mines de potasse en activité au Canada sont toutes situées en Saskatchewan, où elles emploient directement environ 5 400 personnes et représentent 11% du produit intérieur brut de la province. Ces mines appartiennent à quatre grandes sociétés : The Mosaic Company et Compass Minerals, toutes deux américaines, K+S Potash, basée en Allemagne, et Nutrien, dont le siège est au Canada. Un cinquième acteur, la compagnie australienne BHP, s’apprête à entrer en scène avec l’ouverture de la mine de Jansen en 2026, ce qui devrait faire augmenter la production canadienne de 40% une fois que la mine sera pleinement opérationnelle en 2029. Cette expansion massive témoigne de la confiance des investisseurs dans l’avenir de la potasse canadienne, mais aussi de la demande mondiale croissante pour cet intrant agricole indispensable. Le Canada exporte plus de 90% de sa production de potasse, le reste étant destiné au marché intérieur. En 2024, les exportations canadiennes de potasse ont atteint 22,8 millions de tonnes, dont 12,1 millions de tonnes — soit plus de la moitié — ont été expédiées vers les États-Unis. Cette dépendance américaine vis-à-vis de la potasse canadienne n’est pas un accident. C’est le résultat de décennies d’intégration économique, de proximité géographique, et de l’absence de sources alternatives viables.

Une production plus propre et plus compétitive

Au-delà des volumes impressionnants, la potasse canadienne présente un autre avantage majeur : son empreinte carbone relativement faible. Selon la Stratégie sur les minéraux critiques du gouvernement de la Saskatchewan, les mines de la province produisent 50% moins d’émissions de gaz à effet de serre par tonne de potasse que celles de leurs concurrents étrangers. Cette performance environnementale n’est pas anodine à une époque où les préoccupations climatiques pèsent de plus en plus lourd dans les décisions d’achat et les politiques publiques. Les États-Unis, qui cherchent à réduire leur empreinte carbone tout en maintenant leur production agricole, devraient logiquement privilégier la potasse canadienne plutôt que de se tourner vers des sources plus polluantes. Mais la logique économique et environnementale semble céder le pas devant les considérations politiques et protectionnistes. En termes de prix, la potasse canadienne est également très compétitive. En 2024, le prix moyen de la potasse canadienne exportée vers les États-Unis s’élevait à 245 dollars américains la tonne, un tarif inférieur à celui de la Russie (265 dollars), d’Israël (309 dollars) et de l’Allemagne (419 dollars). Seul le Chili affichait un prix légèrement inférieur, à 231 dollars la tonne. Cette compétitivité-prix, combinée à la proximité géographique et à la fiabilité des approvisionnements, fait de la potasse canadienne un choix évident pour les agriculteurs américains.

Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette situation. Le Canada fait tout bien : il produit propre, il produit pas cher, il produit en quantités suffisantes pour répondre à la demande américaine. Et pourtant, on le menace. On brandit des tarifs douaniers comme une épée de Damoclès. Pourquoi ? Pour quelle raison valable ? Je cherche, je creuse, et je ne trouve pas de réponse satisfaisante. Juste de la politique, de la posture, du spectacle. Pendant ce temps, les agriculteurs américains, eux, ils attendent. Ils calculent. Ils s’inquiètent. Et ils ont raison de s’inquiéter.

Sources

Sources primaires

National Post, « Trump eyes ‘very severe tariffs’ over Canadian fertilizer », Skylar Woodhouse, Bloomberg News, 9 décembre 2025. U.S. Department of Agriculture (USDA), « Trump Administration Announces $12 Billion Farmer Bridge Payments for American Farmers Impacted by Unfair Market Disruptions », communiqué de presse, 8 décembre 2025. Bibliothèque du Parlement du Canada, « La potasse et les relations commerciales entre le Canada et les États-Unis », Notes de la Colline, Avalon Jennings, 5 juin 2025. Ressources naturelles Canada, « Faits sur la potasse », données statistiques et analyses sur l’exploitation minière, consultées en décembre 2025.

Sources secondaires

Noovo Info, « Trump menace d’imposer des tarifs douaniers sévères sur les engrais canadiens », décembre 2025. La Presse, « Nutrien souligne la dépendance des États-Unis à la potasse canadienne », 20 février 2025. Le Figaro, « Donald Trump annonce 12 milliards de dollars d’aide pour soutenir les agriculteurs américains », 8 décembre 2025. RBC Marchés des capitaux, « How industries could be affected if US tariffs resume », février 2025. Statistique Canada, « L’application Web sur le commerce international de marchandises du Canada », base de données consultée en mars 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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