L’alternative qui n’en est pas une
Pour comprendre comment des femmes enceintes se retrouvent avec des montres de surveillance au poignet, il faut remonter à la source : le programme Alternative to Detention, ou ATD. Sur le papier, l’idée semble presque humanitaire. Plutôt que d’enfermer les immigrants dans des centres de détention surpeuplés en attendant leur comparution devant un juge, pourquoi ne pas les laisser vivre chez eux ? Pourquoi ne pas leur permettre de continuer leur vie, de travailler, de s’occuper de leurs enfants, tout en s’assurant qu’ils se présentent à leur audience ? L’ATD promet exactement cela : une alternative à la détention. Mais cette alternative a un prix. Un prix technologique. Un prix qui se paie en surveillance constante, en géolocalisation permanente, en contrôle numérique de chaque mouvement, de chaque déplacement. Les personnes inscrites au programme ATD — près de 200 000 actuellement — doivent accepter une supervision intensive. Certaines portent un bracelet électronique à la cheville. D’autres, une montre connectée au poignet. D’autres encore doivent effectuer des scans de reconnaissance faciale réguliers depuis leur domicile via une application mobile. Et certaines sont contraintes de se présenter physiquement dans des bureaux de l’ICE ou de BI Inc, l’entreprise privée qui gère le programme, pour des contrôles en personne.
Le programme ATD existe depuis 2004, mais il a connu une expansion massive sous l’administration Biden, atteignant un pic de 370 000 personnes surveillées. L’objectif affiché était de réduire le recours à la détention physique, jugée coûteuse et inhumaine. Mais la réalité du terrain raconte une autre histoire. Une histoire où la surveillance électronique remplace les barreaux, mais où la prison reste une prison. Une prison invisible, certes, mais une prison quand même. Car que se passe-t-il lorsque vous portez un bracelet GPS ou une montre de géolocalisation 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 ? Vous ne pouvez plus vous déplacer librement sans que chaque mouvement soit enregistré, analysé, archivé. Vous ne pouvez plus oublier, ne serait-ce qu’un instant, que vous êtes surveillé. Vous vivez dans la peur constante qu’une alerte se déclenche, qu’un agent vous contacte, qu’une erreur technique se transforme en motif d’arrestation. Et sous l’administration Trump, cette peur s’est intensifiée. Plusieurs cas documentés montrent des personnes qui se sont présentées à un contrôle de routine, convaincues qu’elles continueraient dans le programme ATD, pour finalement être placées en détention et expulsées. La montre connectée n’est pas une alternative à la détention. C’est une détention déguisée. Une cage numérique. Une prison portative.
BI Inc et Geo Group : quand le business de la surveillance rapporte des milliards
Derrière ce système de surveillance massive se cache une entreprise : BI Inc, filiale du Geo Group. Si ce nom ne vous dit rien, sachez que Geo Group est l’un des plus grands opérateurs de prisons privées et de centres de détention aux États-Unis. Une entreprise qui a bâti son empire sur l’incarcération, et qui a trouvé dans la surveillance électronique un nouveau marché juteux. Depuis 2004, BI Inc détient le contrat exclusif avec le Department of Homeland Security pour gérer l’intégralité du programme ATD. Un monopole absolu. Aucune concurrence. Aucun appel d’offres ouvert. Juste BI Inc, encore et toujours. En septembre 2025, l’ICE a renouvelé ce contrat pour deux années supplémentaires. Les chiffres donnent le vertige. Sous l’administration Trump, le budget de l’ICE a été porté à 170 milliards de dollars. Une partie substantielle de cette somme alimente directement les caisses de Geo Group et de sa filiale BI Inc. Les dirigeants de l’entreprise ne cachent pas leurs ambitions : surveiller les 7,5 millions de personnes inscrites sur la liste des ressortissants étrangers non détenus mais susceptibles d’être expulsés. 7,5 millions de personnes. 7,5 millions de bracelets électroniques potentiels. 7,5 millions de montres connectées à vendre. 7,5 millions de contrats de surveillance à facturer.
Mais voilà le problème : l’administration Trump s’est davantage concentrée sur les expulsions massives et la détention physique que sur la surveillance électronique. Résultat, le nombre de personnes sous surveillance ATD est resté stable autour de 180 000, bien en deçà des espérances de Geo Group. Lors d’une conférence téléphonique avec les investisseurs en novembre 2025, George Zoley, fondateur et président exécutif de Geo Group, n’a pas caché sa déception : « Le nombre est resté assez stable, ce qui est un peu décevant, évidemment. » Un peu décevant. Voilà comment un dirigeant d’entreprise parle de l’échec à surveiller électroniquement des centaines de milliers de personnes supplémentaires. Pas de considération pour les vies humaines. Pas de réflexion sur l’éthique de la surveillance de masse. Juste une déception financière. Juste un manque à gagner. Et pour maximiser les profits, BI Inc et l’ICE ont fait un choix stratégique : privilégier les bracelets électroniques à la cheville, plus coûteux, plutôt que les outils moins chers comme l’application de reconnaissance faciale Smart Link. Plus de surveillance. Plus de contrôle. Plus de profits. Le business model est simple : transformer la répression migratoire en machine à cash. Et peu importe si, au passage, des femmes enceintes se retrouvent avec des montres inviolables au poignet dans des salles d’accouchement.
Il y a quelque chose de profondément obscène dans cette marchandisation de la surveillance. Une entreprise qui a commencé par surveiller du bétail — oui, BI Inc était à l’origine une société de monitoring d’animaux d’élevage — et qui applique maintenant les mêmes techniques aux êtres humains. Des immigrants traités comme du bétail. Des femmes enceintes équipées de dispositifs de traçage comme on marquerait des vaches. Et tout ça pour quoi ? Pour des profits. Pour des contrats juteux. Pour satisfaire des actionnaires qui ne verront jamais les larmes d’une femme terrorisée à l’idée qu’on lui arrache son bébé. C’est ça, le capitalisme de la surveillance. C’est ça, l’Amérique de Trump.
La VeriWatch : une montre qui ne se retire jamais
Un dispositif conçu pour l’emprisonnement permanent
La VeriWatch a été introduite il y a deux ans par BI Inc. Officiellement, elle devait représenter une alternative plus discrète et moins stigmatisante que les bracelets électroniques à la cheville. Une montre, après tout, c’est banal. Tout le monde porte une montre. Personne ne remarque. Sauf que la VeriWatch n’est pas une montre ordinaire. Elle ressemble à une smartwatch classique, mais elle cache une différence fondamentale : elle ne peut pas être retirée. Pas par la personne qui la porte. Pas par un médecin. Pas par un infirmier. Seul un agent de l’ICE ou un employé autorisé de BI Inc peut l’enlever. Cette caractéristique n’est pas un accident de conception. C’est un choix délibéré. En 2023, lorsque le Department of Homeland Security a publié une demande d’informations pour le développement de montres de surveillance, l’ICE avait la possibilité de choisir une version amovible. L’agence a opté pour le modèle verrouillé. Pourquoi ? Pour empêcher toute tentative de retrait. Pour garantir une surveillance continue. Pour s’assurer que la personne surveillée ne puisse jamais, même temporairement, échapper au contrôle. Peu importe les urgences médicales. Peu importe les complications chirurgicales. Peu importe les situations où retirer le dispositif devient une nécessité vitale. La VeriWatch reste au poignet. Toujours.
Et c’est exactement ce qui pose problème dans les hôpitaux. Lorsqu’une femme enceinte portant une VeriWatch doit subir une césarienne, le personnel médical se retrouve face à un dilemme. Les protocoles chirurgicaux exigent le retrait de tous les objets métalliques et électroniques pour éviter les risques de brûlure causés par les outils de cautérisation. Mais comment retirer une montre qui ne peut pas être retirée ? Comment contacter l’ICE pour obtenir l’autorisation ? Quel est le protocole ? Personne ne le sait. Il n’existe aucune procédure claire. Aucun numéro d’urgence. Aucun protocole médical établi. Les employés de BI Inc eux-mêmes, selon deux anciens membres du personnel interrogés par The Guardian, n’étaient pas autorisés à approuver le retrait des moniteurs sans d’abord consulter l’ICE. Et dans une urgence médicale, il n’y a pas toujours le temps d’attendre une autorisation. Pas toujours le temps de naviguer dans une bureaucratie kafkaïenne. Pas toujours le temps de négocier avec une agence gouvernementale. Parfois, il faut agir. Immédiatement. Mais agir signifie couper la montre. Et couper la montre signifie déclencher une alerte. Et déclencher une alerte signifie risquer l’arrivée d’agents de l’ICE. Et l’arrivée d’agents de l’ICE signifie risquer l’arrestation, la détention, l’expulsion. C’est ce cercle vicieux qui terrorise les femmes enceintes. C’est cette peur qui les paralyse. C’est cette surveillance inhumaine qui transforme un accouchement en cauchemar.
Des complications médicales programmées
Les trois femmes enceintes rencontrées par le personnel de l’hôpital du Colorado ont toutes vécu des situations similaires. Toutes ont refusé, dans un premier temps, de retirer leur montre de surveillance, même lorsque cela devenait médicalement nécessaire. L’une d’elles souffrait de pré-éclampsie, une complication grave de la grossesse qui provoque un gonflement important. Le personnel médical craignait que la montre ne coupe la circulation sanguine dans son bras. Mais la femme était en larmes. Elle avait peur. Peur que l’ICE débarque. Peur qu’on lui prenne son bébé. L’employé de l’hôpital qui s’est occupé d’elle a quitté son service avant la fin de l’intervention. Il ne sait pas si l’équipe suivante a réussi à convaincre la patiente de retirer le dispositif. Ce qu’il sait, c’est que cette peur a retardé les soins. Ce qu’il sait, c’est que ce retard aurait pu avoir des conséquences dramatiques. « Attendre et essayer de résoudre ces problèmes, même quand la situation n’est pas super urgente, peut transformer quelque chose en urgence », explique l’un des soignants. « Parfois, lors d’un accouchement, pratiquer une césarienne 20 minutes avant qu’un problème grave ne survienne peut l’empêcher. »
Vingt minutes. C’est parfois tout ce qui sépare un accouchement normal d’une catastrophe médicale. Vingt minutes perdues à essayer de comprendre comment retirer une montre électronique. Vingt minutes perdues à rassurer une femme terrorisée. Vingt minutes perdues à cause d’un système de surveillance qui n’a jamais prévu de protocole pour les urgences médicales. Et ce n’est pas seulement un problème pour les femmes enceintes. En juillet 2025, un homme originaire du Bangladesh, demandeur d’asile politique, a demandé à l’ICE de retirer son bracelet électronique à la cheville en raison de lésions nerveuses dans sa jambe. Il avait obtenu une note médicale d’une clinique recommandant le retrait du dispositif. Son avocat a envoyé la note à l’agent de l’ICE responsable de son dossier. Aucune réponse. Lors de son premier contrôle dans les bureaux de BI Inc, l’homme a présenté la note médicale à l’employé assigné à son cas. La suggestion ? Déplacer le bracelet sur l’autre jambe. Mais lorsque l’avocat de l’homme a appelé l’ICE pour demander ce transfert, le responsable de BI Inc a informé l’homme que des agents de l’ICE venaient le voir. Ils l’ont arrêté. Détenu. « Il a expliqué qu’il demandait juste à ce que le bracelet soit mis sur l’autre jambe, et l’agent lui a dit qu’il était ‘trop tard' », selon la pétition judiciaire déposée en son nom. Trop tard. Voilà la réponse de l’ICE à une demande médicale légitime. Pas de compassion. Pas de flexibilité. Juste une arrestation.
Comment peut-on justifier ça ? Comment peut-on regarder une femme enceinte dans les yeux et lui dire : « Désolé, mais cette montre reste sur votre poignet, même si ça met votre vie en danger » ? Comment peut-on arrêter un homme qui demande simplement à déplacer un bracelet d’une jambe à l’autre pour raisons médicales ? Où est l’humanité dans tout ça ? Où est le bon sens ? Où est la décence minimale qu’on devrait attendre d’une société civilisée ? Je cherche. Je cherche vraiment. Et je ne trouve rien. Juste de la cruauté. Juste de l’indifférence. Juste un système qui broie les gens sans même s’en rendre compte.
La politique de Trump : une escalade sans précédent
De la surveillance à la terreur
Depuis son retour au pouvoir en janvier 2025, Donald Trump a fait de l’expulsion massive des immigrants l’un des piliers de son second mandat. L’ICE est devenue le bras armé de cette politique, multipliant les arrestations, les raids, les opérations coup-de-poing. Les méthodes sont brutales. Les images, choquantes. Des familles séparées. Des enfants arrachés à leurs parents. Des arrestations violentes filmées et diffusées sur les réseaux sociaux. Mais au-delà de la violence visible, il y a une autre dimension de cette politique : la surveillance technologique. Une surveillance qui s’intensifie. Une surveillance qui se diversifie. Une surveillance qui devient de plus en plus intrusive. L’ICE ne se contente plus des bracelets électroniques et des montres connectées. L’agence utilise désormais des outils de géolocalisation de smartphones capables de traquer des centaines de millions de personnes. Elle déploie des systèmes de reconnaissance faciale sur le terrain, avec l’application Mobile Fortify reliant les visages à une base de 200 millions d’images gouvernementales. Elle fournit ces mêmes outils aux polices locales et aux shérifs, créant un réseau de surveillance tentaculaire qui dépasse largement les frontières de l’immigration.
En octobre 2025, l’ICE a annoncé son intention de créer une équipe de surveillance des réseaux sociaux fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour analyser les publications en ligne et identifier des cibles potentielles pour des arrestations. Chaque tweet. Chaque post Facebook. Chaque story Instagram. Tout devient une source potentielle d’information pour traquer les immigrants. Et cette escalade technologique a un objectif clair : instaurer un climat de terreur. Faire en sorte que chaque immigrant, qu’il soit en situation régulière ou non, vive dans la peur constante d’être surveillé, traqué, arrêté. Faire en sorte que personne ne se sente en sécurité. Nulle part. Jamais. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Près de 200 000 personnes portent actuellement un dispositif de surveillance électronique dans le cadre du programme ATD. Mais l’objectif de l’administration Trump et de Geo Group est bien plus ambitieux : surveiller les 7,5 millions de personnes inscrites sur la liste des non-détenus susceptibles d’expulsion. 7,5 millions de personnes. C’est plus que la population de plusieurs États américains. C’est une surveillance de masse d’une ampleur sans précédent. C’est un système de contrôle digne des pires dystopies.
Un budget colossal pour une machine répressive
Pour financer cette machine de surveillance et de répression, l’administration Trump a considérablement augmenté le budget de l’ICE. De 150 milliards de dollars initialement prévus, il est passé à 170 milliards de dollars. Une somme astronomique. Une somme qui dépasse le budget de nombreux pays. Une somme qui pourrait financer des écoles, des hôpitaux, des infrastructures. Mais qui est consacrée, à la place, à traquer, surveiller, détenir et expulser des êtres humains. Cette augmentation budgétaire a réjoui les dirigeants de Geo Group. Lors de la conférence téléphonique avec les investisseurs en novembre 2025, ils ont exprimé leur satisfaction face à la priorité donnée par l’ICE aux bracelets électroniques à la cheville, plus coûteux, plutôt qu’aux outils moins chers comme l’application Smart Link. Plus de surveillance. Plus de contrôle. Plus de profits. Le cercle est bouclé. Mais cette politique a un coût humain. Un coût que les chiffres budgétaires ne reflètent pas. Un coût qui se mesure en vies brisées, en familles déchirées, en traumatismes psychologiques. Un coût qui se mesure aussi en santé publique.
Car la politique de Trump ne se contente pas de surveiller et d’expulser. Elle crée un climat de peur qui pousse les immigrants à éviter les soins médicaux. À Chicago, CommunityHealth, l’un des plus importants centres de santé bénévoles du pays, a constaté une baisse drastique de la fréquentation depuis l’arrivée de Trump au pouvoir. En juin 2025, l’organisation a observé une diminution de 30% du nombre de patients se présentant à leurs rendez-vous et d’environ 40% du nombre de patients venant chercher leurs médicaments. En Californie, le personnel hospitalier a remarqué une baisse significative du nombre d’immigrants qui se présentent pour des soins non urgents, des consultations médicales régulières ou des vaccinations. « De toute évidence, cela a un effet domino », note Sandy Reding, présidente de l’Association des infirmières de Californie. « Si vous ne consultez pas régulièrement votre médecin, les conséquences s’aggravent et vous attendez d’être en situation de crise pour aller aux urgences. » Un effet domino. Des gens qui renoncent aux soins préventifs. Des maladies qui s’aggravent. Des urgences qui auraient pu être évitées. Et au bout du compte, des coûts de santé publique qui explosent. Parce que traiter une urgence coûte toujours plus cher que prévenir une maladie. Mais dans la logique de l’administration Trump, peu importe. L’important, c’est d’expulser. L’important, c’est de surveiller. L’important, c’est d’instaurer la terreur.
170 milliards de dollars. Laissez-moi répéter ça. 170 milliards de dollars pour traquer des gens qui cherchent juste une vie meilleure. 170 milliards pour équiper des femmes enceintes de montres électroniques. 170 milliards pour créer un climat de terreur qui pousse les gens à renoncer aux soins médicaux. Imaginez ce qu’on pourrait faire avec 170 milliards. Imaginez les écoles qu’on pourrait construire. Les hôpitaux qu’on pourrait financer. Les programmes sociaux qu’on pourrait développer. Mais non. On préfère investir dans la surveillance. Dans la répression. Dans la déshumanisation. Et après, on s’étonne que le monde nous regarde avec horreur.
Les femmes enceintes : des cibles particulièrement vulnérables
Une politique qui cible délibérément les plus fragiles
En 2009, l’ICE avait pris une décision qui semblait relever du bon sens : arrêter d’utiliser des bracelets électroniques à la cheville sur les femmes enceintes et les personnes dont les conditions médicales rendaient le port de ces dispositifs inapproprié. Une décision logique. Une décision humaine. Une décision qui reconnaissait que certaines personnes, dans certaines situations, méritent une considération particulière. Mais cette exception ne s’applique plus aux montres connectées. En juin 2025, un mémo interne de l’ICE a clarifié la nouvelle politique : toutes les personnes inscrites au programme ATD doivent porter un bracelet électronique à la cheville. Toutes. Sauf les femmes enceintes. Elles, elles portent une VeriWatch au poignet. Ce n’est pas une exemption. C’est un transfert. Ce n’est pas une protection. C’est une adaptation de la surveillance. Les femmes enceintes ne sont pas dispensées de monitoring électronique. Elles sont juste équipées d’un dispositif différent. Un dispositif qui, selon Dawnisha M. Helland, directrice adjointe par intérim de l’ICE pour la gestion des immigrants non détenus, est censé être moins contraignant. Moins contraignant. Vraiment ? Demandez à la femme du Colorado qui a paniqué à l’idée qu’on lui coupe sa montre avant sa césarienne si elle trouve ça moins contraignant. Demandez à celle qui souffrait de pré-éclampsie et qui craignait que le dispositif ne coupe sa circulation sanguine si elle trouve ça moins contraignant.
La réalité, c’est que les femmes enceintes sont devenues des cibles particulièrement vulnérables de cette politique de surveillance. Vulnérables parce qu’elles sont dans une situation de fragilité physique et émotionnelle. Vulnérables parce qu’elles ont peur pour leur bébé. Vulnérables parce qu’elles dépendent du système de santé. Et cette vulnérabilité, l’ICE l’exploite. Plusieurs cas documentés montrent des femmes enceintes qui ont été placées à bord d’avions d’expulsion alors qu’elles étaient sur le point d’accoucher. Comme cette femme du Colorado qui a été embarquée dans un vol vers le Mexique quelques jours avant son accouchement. Le pilote a refusé de la laisser monter. Pas par compassion. Pas par humanité. Mais parce que les compagnies aériennes ont des règles strictes concernant les femmes enceintes proches du terme. Trop de risques. Trop de complications potentielles. Alors la femme a été renvoyée. Avec sa montre électronique au poignet. Avec la peur au ventre. Avec la certitude qu’après l’accouchement, on reviendrait la chercher. Et c’est exactement ce qui se passe. Des femmes qui accouchent sous surveillance. Des femmes qui donnent naissance dans la terreur. Des femmes qui se demandent si elles pourront garder leur bébé. Des femmes qui vivent les premiers jours de la maternité dans l’angoisse permanente d’une arrestation.
Des témoignages qui glacent le sang
Les témoignages recueillis par le personnel hospitalier du Colorado sont glaçants. « Elle était en larmes. Elle avait cette peur profonde que l’ICE vienne à l’hôpital et lui prenne son bébé », raconte l’un des soignants à propos de la femme qui souffrait de pré-éclampsie. Une peur profonde. Une peur viscérale. Une peur qui n’a rien d’irrationnel. Parce que l’ICE a déjà séparé des familles. Parce que l’ICE a déjà arrêté des gens dans des hôpitaux. Parce que l’ICE a déjà montré qu’aucun lieu n’est sacré, aucun moment n’est protégé. Même pas un accouchement. Même pas la naissance d’un enfant. Les infirmières qui ont pris en charge ces trois femmes ne savent pas ce qui leur est arrivé après leur sortie de l’hôpital. Elles ne savent pas si elles ont pu garder leurs bébés. Elles ne savent pas si elles ont été expulsées. Elles ne savent pas si elles sont encore aux États-Unis. Ce qu’elles savent, c’est qu’elles ont vu des femmes terrorisées. Ce qu’elles savent, c’est qu’elles ont dû retarder des soins médicaux à cause d’un dispositif électronique. Ce qu’elles savent, c’est que quelque chose ne va pas. Profondément pas.
Et ces trois femmes ne sont pas des cas isolés. Partout aux États-Unis, des femmes enceintes inscrites au programme ATD vivent la même terreur. Certaines évitent complètement les soins prénataux. L’une des employées de l’hôpital du Colorado raconte avoir eu au moins trois patientes enceintes qui se sont présentées pour leur tout premier rendez-vous prénatal entre 34 et 38 semaines de grossesse. Entre 34 et 38 semaines. C’est-à-dire au cours du troisième trimestre. Bien après le moment où les femmes enceintes sont censées commencer un suivi médical régulier. Pourquoi ont-elles attendu si longtemps ? Par peur. Peur d’être repérées. Peur d’être arrêtées. Peur d’être expulsées. Alors elles évitent les hôpitaux. Elles évitent les cliniques. Elles évitent tout contact avec le système de santé. Jusqu’à ce qu’elles n’aient plus le choix. Jusqu’à ce que l’accouchement soit imminent. Et quand elles arrivent enfin, elles arrivent avec une montre électronique au poignet. Elles arrivent avec la peur au ventre. Elles arrivent dans un état de stress qui complique encore davantage leur prise en charge médicale. C’est ça, la réalité de la politique de Trump. C’est ça, le coût humain de la surveillance de masse. Des femmes qui renoncent aux soins. Des bébés qui naissent sans suivi prénatal. Des complications qui auraient pu être évitées. Des traumatismes qui dureront toute une vie.
Je pense à ces femmes. Je pense à leur peur. Je pense à ce moment qui devrait être l’un des plus beaux de leur vie — donner naissance à un enfant — et qui se transforme en cauchemar. Je pense à ces bébés qui naissent dans un climat de terreur. Je pense à ces premiers instants de vie marqués par l’angoisse, la surveillance, la menace. Et je me demande : quel genre de société fait ça à des femmes enceintes ? Quel genre de société transforme un accouchement en opération de surveillance policière ? Quel genre de société place des dispositifs électroniques sur des femmes sur le point de donner la vie ? Je n’ai pas de réponse. Juste de la colère. Juste de la tristesse. Juste un sentiment d’impuissance face à tant de cruauté.
L'absence de protocoles médicaux : un vide juridique dangereux
Quand la bureaucratie met des vies en danger
L’un des aspects les plus troublants de cette affaire est l’absence totale de protocoles médicaux clairs pour gérer les situations d’urgence impliquant des personnes portant des dispositifs de surveillance électronique. Lorsqu’un patient arrive à l’hôpital avec un bracelet électronique délivré par le système pénitentiaire, le personnel médical sait exactement quoi faire. Il existe des procédures établies. Des numéros à appeler. Des protocoles à suivre. Mais pour les dispositifs de l’ICE et de BI Inc ? Rien. Le vide total. Les employés de l’hôpital du Colorado l’ont constaté de leurs propres yeux. Quand la première femme enceinte est arrivée avec sa VeriWatch, personne ne savait comment réagir. Personne ne savait s’il était sécuritaire de garder la montre pendant une césarienne. Personne ne savait comment contacter l’ICE pour demander l’autorisation de la retirer. Personne ne savait quelles seraient les conséquences de couper le dispositif. Alors ils ont improvisé. Ils ont fait de leur mieux. Mais dans une urgence médicale, improviser n’est jamais une bonne solution. Improviser, c’est prendre des risques. Improviser, c’est perdre du temps. Et en médecine, le temps, c’est souvent la différence entre la vie et la mort.
Selon deux anciens employés de BI Inc interrogés par The Guardian, même les employés de l’entreprise n’étaient pas autorisés à approuver le retrait des moniteurs électroniques sans d’abord consulter l’ICE. Imaginez la situation. Une femme arrive à l’hôpital. Elle a besoin d’une intervention chirurgicale urgente. Le personnel médical doit retirer sa montre pour des raisons de sécurité. Ils appellent BI Inc. L’employé de BI Inc leur dit qu’il doit d’abord contacter l’ICE. L’ICE ne répond pas. Ou répond des heures plus tard. Pendant ce temps, la patiente attend. Son état se dégrade. Le stress monte. Et tout ça à cause d’un dispositif électronique qui ne devrait jamais passer avant la santé et la sécurité d’un être humain. C’est absurde. C’est dangereux. C’est inacceptable. Et pourtant, c’est la réalité. Les deux anciens responsables du Department of Homeland Security interrogés par The Guardian ont confirmé que ce manque de protocoles pour les immigrants surveillés sous ATD avec des problèmes médicaux urgents est symptomatique d’un problème plus large dans la façon dont BI Inc et l’ICE gèrent le programme. Un programme hautement discrétionnaire. Un programme où les décisions sur comment, pourquoi et combien de temps une personne doit porter un bracelet ou une montre sont laissées à l’appréciation individuelle des agents de terrain. Aucune règle claire. Aucun standard uniforme. Aucune supervision cohérente.
Les tentatives avortées de réforme
Il y a eu des tentatives de réforme. En décembre 2022, le Department of Homeland Security a organisé un symposium réunissant une centaine d’organisations non gouvernementales, des membres du monde académique et de l’industrie privée pour discuter de la façon d’apporter des standards uniformes au programme ATD. L’objectif était de créer un document de référence, initialement intitulé « Non-Detained Management Standards », qui établirait des règles claires et cohérentes. Pendant deux ans, des experts ont travaillé sur ce document. Pendant deux ans, ils ont essayé de rationaliser un système chaotique. Pendant deux ans, ils ont tenté d’introduire un minimum de cohérence et de prévisibilité. Et puis, l’ICE et BI Inc ont tout bloqué. Le document n’a jamais été publié. Les standards n’ont jamais été adoptés. Les réformes n’ont jamais vu le jour. Pourquoi ? Selon Scott Shuchart, ancien directeur adjoint des affaires réglementaires et de la politique à l’ICE sous l’administration Biden, la réponse est simple : « Le programme est vraiment structuré pour le bénéfice de BI et non pour le bénéfice des ressortissants étrangers qui allaient être gérés à travers lui. Par conséquent, l’ERO [la branche d’application et d’expulsion de l’ICE] était extrêmement résistante à l’idée d’apporter de la rationalisation et une politique cohérente. »
Structuré pour le bénéfice de BI Inc. Pas pour le bénéfice des personnes surveillées. Voilà la vérité crue. Le programme ATD n’a jamais été conçu pour protéger les droits des immigrants. Il n’a jamais été conçu pour garantir leur sécurité. Il n’a jamais été conçu pour respecter leur dignité. Il a été conçu pour générer des profits. Pour maintenir un monopole. Pour permettre à une entreprise privée de facturer des millions de dollars au gouvernement fédéral pour surveiller des êtres humains. Et toute tentative de réguler ce système, toute tentative d’introduire des standards, toute tentative de protéger les personnes surveillées est perçue comme une menace. Une menace pour les profits. Une menace pour le business model. Une menace pour le monopole de BI Inc. Alors l’ICE résiste. BI Inc résiste. Et les réformes meurent dans l’œuf. Pendant ce temps, des femmes enceintes continuent d’arriver dans des hôpitaux avec des montres électroniques qu’elles ne peuvent pas retirer. Des patients continuent d’être arrêtés quand ils demandent à déplacer un bracelet pour raisons médicales. Des gens continuent de vivre dans la terreur d’un système qui n’a aucune règle claire, aucun protocole établi, aucune supervision cohérente. Un système où tout dépend du bon vouloir d’un agent. Un système où l’arbitraire règne en maître. Un système où les vies humaines comptent moins que les contrats gouvernementaux.
Vous savez ce qui me tue dans cette histoire ? C’est que des gens ont essayé. Des gens au sein même du gouvernement ont essayé de faire mieux. Ils ont organisé des symposiums. Ils ont consulté des experts. Ils ont travaillé pendant deux ans sur des standards. Et tout ça pour rien. Parce qu’au final, les intérêts d’une entreprise privée ont primé sur tout le reste. Sur la sécurité des patients. Sur la cohérence des politiques. Sur le simple bon sens. C’est ça qui me révolte. Pas juste la cruauté du système. Mais le fait que même quand des gens essaient de le réparer, ils se heurtent à un mur. Un mur d’intérêts financiers. Un mur de résistance bureaucratique. Un mur qui protège les profits au détriment des vies humaines.
L'impact sur la santé publique : un désastre annoncé
Quand la peur remplace les soins
La politique de surveillance massive de l’administration Trump ne se contente pas de terroriser les immigrants. Elle a des conséquences directes et mesurables sur la santé publique. Partout aux États-Unis, les professionnels de santé constatent une baisse dramatique de la fréquentation des services médicaux par les populations immigrées. À Chicago, les chiffres de CommunityHealth sont éloquents : 30% de baisse du nombre de patients se présentant à leurs rendez-vous, 40% de baisse du nombre de patients venant chercher leurs médicaments. Ce ne sont pas juste des statistiques. Ce sont des vies. Des gens qui souffrent de maladies chroniques et qui ne prennent plus leurs traitements. Des gens qui ont besoin de soins réguliers et qui les évitent. Des gens qui développent des complications qui auraient pu être prévenues. En Californie, Sandy Reding, présidente de l’Association des infirmières, résume parfaitement la situation : « Si vous ne consultez pas régulièrement votre médecin, les conséquences s’aggravent et vous attendez d’être en situation de crise pour aller aux urgences. » Un effet domino. Des soins préventifs abandonnés. Des maladies qui progressent silencieusement. Des urgences qui explosent. Et au bout du compte, des coûts qui s’envolent. Parce qu’une visite aux urgences coûte infiniment plus cher qu’une consultation de routine. Parce que traiter une complication grave coûte infiniment plus cher que prévenir une maladie.
Mais au-delà des coûts financiers, il y a les coûts humains. Des gens qui souffrent inutilement. Des gens qui meurent de maladies qui auraient pu être traitées. Des enfants qui ne sont pas vaccinés. Des femmes enceintes qui n’ont pas de suivi prénatal. Des diabétiques qui ne contrôlent plus leur glycémie. Des hypertendus qui ne prennent plus leurs médicaments. Et tout ça pourquoi ? Par peur. Peur d’être repérés. Peur d’être arrêtés. Peur d’être expulsés. La surveillance électronique crée un climat de terreur qui pousse les gens à faire des choix impossibles : risquer leur santé ou risquer leur liberté. Choisir entre se soigner et rester avec leur famille. Choisir entre un rendez-vous médical et la sécurité. Et dans ce contexte, beaucoup choisissent de ne pas se soigner. Beaucoup choisissent de prendre le risque. Beaucoup choisissent de souffrir en silence plutôt que de s’exposer au système de santé. C’est ça, le véritable coût de la politique de Trump. Ce n’est pas juste une question d’immigration. C’est une question de santé publique. C’est une question de société. C’est une question d’humanité.
Les professionnels de santé en première ligne
Les professionnels de santé se retrouvent en première ligne de cette crise. Ils voient arriver des patients dans des états critiques. Ils voient des complications qui auraient pu être évitées. Ils voient des gens qui ont attendu trop longtemps avant de consulter. Et ils se sentent impuissants. Parce qu’ils ne peuvent pas forcer les gens à venir se soigner. Parce qu’ils ne peuvent pas garantir leur sécurité. Parce qu’ils ne peuvent pas promettre que l’ICE ne débarquera pas dans leur hôpital. Les employés de l’hôpital du Colorado qui ont témoigné auprès de The Guardian ont exprimé leur profonde inquiétude. « Ils s’en prennent à des personnes qui ne peuvent littéralement pas se faire entendre, qui n’ont aucun recours juridique, qui ne sont pas citoyennes américaines et qui sont enceintes », observe l’un d’eux. « C’est là le véritable enjeu de ce programme pilote : jusqu’où peuvent-ils aller dans l’abus de pouvoir ? » Jusqu’où peuvent-ils aller ? C’est la question qui hante ces soignants. C’est la question qui les empêche de dormir. C’est la question qui résume toute l’horreur de cette situation. Parce qu’apparemment, il n’y a pas de limite. Apparemment, on peut équiper des femmes enceintes de montres électroniques inviolables. Apparemment, on peut retarder des soins médicaux urgents à cause d’un dispositif de surveillance. Apparemment, on peut créer un climat de terreur qui pousse les gens à renoncer aux soins.
Et les professionnels de santé sont coincés au milieu. Coincés entre leur devoir de soigner et un système qui rend les soins dangereux pour leurs patients. Coincés entre leur serment d’Hippocrate et une politique qui transforme les hôpitaux en zones de risque. Coincés entre leur compassion et leur impuissance. Certains essaient de s’adapter. Ils créent des protocoles informels pour gérer les dispositifs électroniques. Ils tentent de rassurer les patients. Ils font de leur mieux pour naviguer dans un système absurde. Mais au fond, ils savent que ce n’est pas suffisant. Ils savent que tant que cette politique restera en place, des gens continueront de souffrir. Des gens continueront de mourir. Des femmes continueront d’accoucher dans la terreur. Et eux, les soignants, continueront de se sentir impuissants face à une machine bureaucratique qui broie les vies humaines sans même s’en rendre compte. C’est ça aussi, le coût de cette politique. Des professionnels de santé démoralisés. Des soignants qui perdent foi dans un système censé protéger les plus vulnérables. Des médecins et des infirmières qui se demandent comment ils en sont arrivés là. Comment leur pays en est arrivé là.
Je pense à ces soignants. Je pense à leur frustration. Je pense à ce sentiment d’impuissance qu’ils doivent ressentir chaque jour. Parce qu’ils ont choisi ce métier pour aider les gens. Pour soigner. Pour sauver des vies. Et maintenant, ils se retrouvent à gérer des situations absurdes créées par une politique inhumaine. Ils se retrouvent à rassurer des femmes terrorisées. Ils se retrouvent à improviser des protocoles pour des dispositifs électroniques qui n’auraient jamais dû exister. Et au fond, ils savent qu’ils ne peuvent pas vraiment protéger leurs patients. Parce que le problème n’est pas médical. Le problème est politique. Le problème est systémique. Le problème est une société qui a décidé que surveiller et expulser était plus important que soigner et protéger.
Les outils de surveillance : un arsenal technologique en expansion
De la montre connectée à la reconnaissance faciale
Les montres connectées VeriWatch ne sont qu’un élément d’un arsenal technologique bien plus vaste déployé par l’ICE pour traquer et surveiller les immigrants. L’agence utilise désormais une panoplie d’outils de surveillance qui feraient pâlir d’envie les régimes autoritaires les plus sophistiqués. Commençons par les smartphones. L’ICE a accès à des outils de géolocalisation capables de traquer les téléphones portables de centaines de millions de personnes. Ces outils exploitent les données de localisation collectées par les applications mobiles et vendues par des courtiers en données. Chaque fois que vous utilisez une application qui demande l’accès à votre position, ces données peuvent être collectées, agrégées, vendues, et finalement utilisées par l’ICE pour traquer des immigrants. Vous pensiez que votre téléphone était privé ? Détrompez-vous. Chaque déplacement est enregistré. Chaque position est archivée. Chaque mouvement peut être retracé. Ensuite, il y a la reconnaissance faciale. L’ICE utilise une application appelée Mobile Fortify qui permet aux agents de scanner les visages des passants dans la rue et de les comparer instantanément à une base de données de 200 millions d’images gouvernementales. Imaginez la scène. Vous marchez dans la rue. Un agent de l’ICE vous croise. Il pointe son téléphone vers vous. En quelques secondes, l’application analyse votre visage et le compare à des millions d’images. Si une correspondance est trouvée, vous pouvez être arrêté sur-le-champ. Pas besoin de mandat. Pas besoin de raison particulière. Juste votre visage. Juste un algorithme. Juste une correspondance dans une base de données.
Mais l’ICE ne se contente pas d’utiliser ces outils elle-même. L’agence les fournit également aux polices locales et aux shérifs à travers tout le pays. Créant ainsi un réseau de surveillance tentaculaire qui dépasse largement le cadre de l’immigration. Chaque policier municipal devient potentiellement un agent de l’ICE. Chaque contrôle routier devient une opportunité de vérifier le statut migratoire. Chaque interaction avec les forces de l’ordre devient un risque d’arrestation et d’expulsion. Et ce n’est pas tout. En octobre 2025, l’ICE a annoncé son intention de créer une équipe de surveillance des réseaux sociaux fonctionnant 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. L’objectif ? Analyser les publications sur Facebook, Twitter, Instagram, TikTok et autres plateformes pour identifier des cibles potentielles. Chaque photo que vous postez. Chaque commentaire que vous laissez. Chaque like que vous donnez. Tout peut être analysé. Tout peut être utilisé contre vous. Tout peut devenir une preuve. C’est l’État de surveillance à son paroxysme. C’est Big Brother version 2025. C’est une dystopie devenue réalité. Et le plus terrifiant, c’est que la plupart des gens ne s’en rendent même pas compte. Parce que ces technologies sont invisibles. Parce que cette surveillance est silencieuse. Parce que cette traque se fait dans l’ombre, loin des caméras, loin des débats publics.
Un business model basé sur la surveillance de masse
Derrière cet arsenal technologique se cache un business model extrêmement lucratif. Chaque bracelet électronique, chaque montre connectée, chaque scan de reconnaissance faciale, chaque analyse de données de géolocalisation génère des revenus pour des entreprises privées. Geo Group et sa filiale BI Inc sont les principaux bénéficiaires de ce système. Mais ils ne sont pas seuls. Des dizaines d’entreprises technologiques vendent leurs services à l’ICE. Des courtiers en données vendent des informations de géolocalisation. Des développeurs d’applications de reconnaissance faciale vendent leurs licences. Des fabricants de dispositifs électroniques vendent leurs produits. C’est toute une industrie qui s’est développée autour de la surveillance des immigrants. Une industrie qui pèse des milliards de dollars. Une industrie qui a tout intérêt à ce que la surveillance s’intensifie. À ce que le nombre de personnes surveillées augmente. À ce que les technologies deviennent de plus en plus sophistiquées. Et cette industrie a des alliés puissants. Des lobbyistes qui font pression sur le Congrès. Des anciens responsables de l’ICE et du DHS qui rejoignent les conseils d’administration de ces entreprises. Des élus qui reçoivent des contributions de campagne. C’est un système où les intérêts privés et les politiques publiques s’entremêlent de façon inextricable.
Geo Group, par exemple, a considérablement augmenté ses dépenses de lobbying depuis l’élection de Trump. L’entreprise sait que son avenir dépend des politiques migratoires de l’administration. Plus il y a d’expulsions, plus il y a de détentions, plus il y a de surveillance, plus Geo Group fait de profits. C’est aussi simple que ça. Et l’entreprise fait tout ce qui est en son pouvoir pour s’assurer que ces politiques restent en place. Pour s’assurer que son monopole sur le programme ATD ne soit pas remis en question. Pour s’assurer que les tentatives de réforme échouent. Parce qu’au final, il ne s’agit pas de sécurité nationale. Il ne s’agit pas de contrôle de l’immigration. Il s’agit de profits. Il s’agit de contrats gouvernementaux. Il s’agit de maximiser les revenus en surveillant le plus grand nombre de personnes possible. Et peu importe si, au passage, des femmes enceintes se retrouvent avec des montres électroniques au poignet dans des salles d’accouchement. Peu importe si des gens renoncent aux soins médicaux par peur d’être arrêtés. Peu importe si des familles sont déchirées. Peu importe si des vies sont brisées. Ce qui compte, c’est le chiffre d’affaires. Ce qui compte, c’est la croissance. Ce qui compte, c’est satisfaire les actionnaires. C’est ça, le vrai visage de la surveillance de masse. Pas une question de sécurité. Une question de business.
Vous voulez savoir ce qui me dégoûte le plus dans tout ça ? C’est que des gens font fortune sur la misère humaine. Des entreprises qui se gavent en vendant des dispositifs de surveillance. Des dirigeants qui se plaignent que le nombre de personnes surveillées n’augmente pas assez vite. Des actionnaires qui exigent plus de croissance, plus de profits, plus de surveillance. Et pendant ce temps, des femmes enceintes pleurent dans des salles d’accouchement. Des familles vivent dans la terreur. Des gens renoncent aux soins médicaux. Mais ça, ça n’apparaît pas dans les rapports financiers. Ça n’intéresse pas les investisseurs. Ça ne compte pas dans les calculs de rentabilité. Parce qu’au final, dans ce système, les êtres humains ne sont que des chiffres. Des données. Des cibles. Des sources de revenus.
Les résistances : quand la société civile se mobilise
Des voix qui s’élèvent contre l’inhumanité
Face à cette machine de surveillance et de répression, des voix s’élèvent. Des organisations de défense des droits des immigrants. Des associations de professionnels de santé. Des groupes de défense des libertés civiles. Des élus démocrates. Tous dénoncent l’inhumanité de cette politique. Tous exigent des comptes. Tous réclament des changements. En octobre 2025, plusieurs sénateurs démocrates, dont John Hickenlooper et Raphael Warnock, ont envoyé une lettre au Department of Homeland Security exigeant un rapport sur le traitement des femmes enceintes en détention de l’ICE. La lettre cite de nombreux cas de négligence médicale, de mauvais traitements, de complications évitables. Elle demande des explications. Elle demande des réformes. Elle demande que les femmes enceintes soient libérées de la détention. L’ACLU, l’American Civil Liberties Union, a également lancé une campagne pour dénoncer les abus subis par les femmes enceintes et post-partum dans les centres de détention de l’ICE. L’organisation a documenté des cas de femmes qui ont fait des fausses couches sans recevoir de soins appropriés. Des femmes qui ont accouché menottées. Des femmes qui ont été séparées de leurs nouveau-nés. Des femmes qui ont subi des traumatismes physiques et psychologiques durables.
Des organisations comme Amica et American Friends Service Committee se battent au quotidien pour défendre les droits des personnes surveillées sous le programme ATD. Elles fournissent une assistance juridique. Elles documentent les abus. Elles portent plainte devant les tribunaux. Elles font pression sur les élus. Elles sensibilisent l’opinion publique. Mais c’est un combat difficile. Un combat inégal. Parce qu’en face, il y a la machine gouvernementale. Il y a les milliards de dollars de l’ICE. Il y a le pouvoir de l’État. Il y a la complicité d’une partie de la classe politique. Il y a l’indifférence d’une partie de la population. Et il y a surtout la peur. La peur des immigrants de témoigner. La peur de représailles. La peur d’être expulsés. Beaucoup de victimes de ce système ne parlent pas. Beaucoup gardent le silence. Beaucoup souffrent en silence. Parce qu’elles savent que parler, c’est prendre un risque. C’est s’exposer. C’est devenir une cible. Alors elles se taisent. Et leur silence permet au système de continuer. Leur silence permet aux abus de se perpétuer. Leur silence permet à l’ICE et à BI Inc de continuer comme si de rien n’était.
Les limites de la résistance
Malgré tous ces efforts, les résultats restent limités. Les lettres des sénateurs restent souvent sans réponse. Les plaintes de l’ACLU s’enlisent dans les méandres judiciaires. Les campagnes de sensibilisation peinent à percer dans un paysage médiatique saturé. Et pendant ce temps, la machine continue de tourner. Les bracelets électroniques continuent d’être posés. Les montres connectées continuent d’être distribuées. Les femmes enceintes continuent d’arriver dans les hôpitaux avec des dispositifs de surveillance au poignet. Les tentatives de réforme du programme ATD ont échoué. Les standards uniformes n’ont jamais été adoptés. Les protocoles médicaux n’ont jamais été établis. Et sous l’administration Trump, les chances de voir des changements positifs sont quasi nulles. Au contraire, tout indique que la surveillance va s’intensifier. Que le nombre de personnes surveillées va augmenter. Que les technologies vont devenir encore plus intrusives. Que les abus vont se multiplier. C’est la réalité brutale de la situation. La résistance existe. Elle est réelle. Elle est courageuse. Mais elle est insuffisante face à la puissance de la machine répressive. Face aux milliards de dollars investis dans la surveillance. Face au soutien politique dont bénéficie l’ICE. Face à l’indifférence d’une partie de la société.
Et c’est peut-être ça, le plus déprimant. Savoir que des gens se battent. Savoir que des organisations luttent. Savoir que des voix s’élèvent. Mais savoir aussi que ça ne suffit pas. Que le système est trop puissant. Que les intérêts en jeu sont trop importants. Que la volonté politique de changer les choses est absente. Alors les femmes enceintes continuent de porter des montres électroniques. Les immigrants continuent de vivre dans la terreur. Les familles continuent d’être déchirées. Et la société continue de regarder ailleurs. Parce qu’au fond, tant que ça ne nous touche pas directement, tant que ce ne sont pas nos femmes qui accouchent sous surveillance, tant que ce ne sont pas nos familles qui sont expulsées, on peut continuer à vivre comme si de rien n’était. On peut continuer à vaquer à nos occupations. On peut continuer à ignorer l’horreur qui se déroule sous nos yeux. C’est ça aussi, le problème. Pas juste la cruauté du système. Mais notre capacité collective à l’ignorer. Notre capacité à nous habituer à l’inacceptable. Notre capacité à normaliser l’horreur.
Je veux croire que ça peut changer. Je veux croire que la résistance finira par payer. Je veux croire que l’indignation finira par l’emporter sur l’indifférence. Mais certains jours, c’est difficile. Certains jours, quand je lis ces histoires de femmes terrorisées dans des salles d’accouchement, quand je vois ces chiffres de personnes qui renoncent aux soins médicaux, quand je constate l’ampleur de la machine de surveillance, je me demande si on n’a pas déjà perdu. Si on n’a pas déjà franchi un point de non-retour. Si on n’a pas déjà accepté, collectivement, que certaines vies comptent moins que d’autres. Que certaines personnes méritent d’être traquées, surveillées, expulsées. Et ça me terrifie. Parce que si on accepte ça pour les immigrants aujourd’hui, qu’est-ce qu’on acceptera demain ?
Les précédents historiques : quand l'histoire se répète
Des échos du passé qui résonnent aujourd’hui
Cette politique de surveillance massive et de déshumanisation des immigrants n’est pas sans précédent dans l’histoire américaine. Elle s’inscrit dans une longue tradition de politiques discriminatoires ciblant des groupes spécifiques de la population. Dans les années 1940, les Américains d’origine japonaise ont été internés dans des camps après l’attaque de Pearl Harbor. Plus de 120 000 personnes, dont les deux tiers étaient des citoyens américains, ont été arrachées à leurs foyers, dépossédées de leurs biens, et enfermées dans des camps de détention. Sans procès. Sans preuve de déloyauté. Juste à cause de leur origine ethnique. Aujourd’hui, on regarde cette période avec honte. On reconnaît que c’était une erreur monumentale. Une violation flagrante des droits constitutionnels. Une tache indélébile sur l’histoire américaine. Mais à l’époque, cette politique bénéficiait d’un large soutien populaire. À l’époque, la peur et la xénophobie l’emportaient sur la raison et l’humanité. À l’époque, on trouvait des justifications. On parlait de sécurité nationale. On parlait de menace potentielle. On parlait de mesures nécessaires. Les mêmes arguments qu’on entend aujourd’hui pour justifier la surveillance et l’expulsion des immigrants.
Dans les années 1950 et 1960, l’opération « Wetback » a conduit à l’expulsion massive de plus d’un million de Mexicains et de Mexicano-Américains. Des raids brutaux. Des arrestations sans mandat. Des expulsions sans procès. Des familles séparées. Des citoyens américains expulsés par erreur. Une campagne de terreur qui a marqué toute une génération. Aujourd’hui, on reconnaît que c’était une période sombre. Une période où le racisme et la xénophobie ont guidé les politiques publiques. Une période où les droits humains ont été bafoués au nom de la sécurité et de l’ordre. Mais à l’époque, cette opération était présentée comme un succès. À l’époque, on applaudissait l’efficacité des expulsions. À l’époque, on ne se posait pas de questions sur l’humanité de ces méthodes. Et aujourd’hui ? Aujourd’hui, on répète les mêmes erreurs. Aujourd’hui, on utilise les mêmes justifications. Aujourd’hui, on applique les mêmes méthodes. Juste avec des technologies plus sophistiquées. Juste avec des outils de surveillance plus avancés. Juste avec un vernis de modernité qui cache la même cruauté fondamentale.
Les leçons que nous refusons d’apprendre
L’histoire nous enseigne que ces politiques de surveillance et de répression ciblant des groupes spécifiques finissent toujours mal. Elles créent des traumatismes durables. Elles brisent des familles. Elles détruisent des communautés. Elles laissent des cicatrices qui mettent des générations à guérir. Et surtout, elles ne résolvent jamais les problèmes qu’elles prétendent résoudre. L’internement des Japonais-Américains n’a pas rendu l’Amérique plus sûre. L’opération Wetback n’a pas résolu les questions d’immigration. Ces politiques ont juste créé de la souffrance. De l’injustice. De la haine. Et pourtant, nous refusons d’apprendre ces leçons. Nous refusons de reconnaître que nous sommes en train de répéter les mêmes erreurs. Nous refusons d’admettre que dans quelques décennies, nous regarderons cette période avec la même honte que nous regardons l’internement des Japonais-Américains ou l’opération Wetback. Parce que c’est plus facile de se dire que c’est différent. Que cette fois, c’est justifié. Que cette fois, c’est nécessaire. Que cette fois, c’est pour de bonnes raisons. Mais c’est exactement ce qu’on se disait à chaque fois. C’est exactement les mêmes justifications qu’on utilisait. C’est exactement la même rhétorique qu’on employait.
Et dans quelques décennies, quand nos enfants et nos petits-enfants étudieront cette période dans leurs cours d’histoire, ils se demanderont comment nous avons pu laisser faire ça. Comment nous avons pu accepter que des femmes enceintes soient équipées de montres électroniques inviolables. Comment nous avons pu tolérer que des gens renoncent aux soins médicaux par peur d’être expulsés. Comment nous avons pu permettre qu’une entreprise privée fasse fortune en surveillant des êtres humains. Ils se demanderont où étaient les voix qui s’élevaient. Où étaient les gens qui résistaient. Où était l’indignation collective. Et nous, qu’est-ce qu’on leur répondra ? Qu’on ne savait pas ? Mais on sait. Les informations sont là. Les témoignages sont là. Les preuves sont là. Qu’on ne pouvait rien faire ? Mais on peut. On peut voter. On peut manifester. On peut résister. On peut refuser de normaliser l’inacceptable. Alors quoi ? Qu’on s’en fichait ? Que ce n’était pas notre problème ? Que tant que ça ne nous touchait pas directement, on pouvait continuer à vivre tranquillement ? C’est ça, la vérité ? C’est ça, notre réponse ? Parce que si c’est le cas, alors nous sommes complices. Complices de cette cruauté. Complices de cette déshumanisation. Complices de cette horreur.
L’histoire nous juge. Pas dans l’instant. Pas dans l’immédiateté. Mais elle nous juge. Et je me demande ce que le jugement de l’histoire dira de nous. De notre génération. De notre époque. Je me demande si on sera du bon côté. Si on aura fait ce qu’il fallait. Si on aura résisté quand il le fallait. Ou si on sera juste une autre génération qui a laissé faire. Une autre génération qui a regardé ailleurs. Une autre génération qui a choisi le confort de l’ignorance plutôt que l’inconfort de la résistance. Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est que chaque jour qui passe sans qu’on agisse est un jour de plus où des femmes souffrent. Un jour de plus où des familles sont déchirées. Un jour de plus où l’inhumanité triomphe. Et ça, je ne peux pas l’accepter. Je refuse de l’accepter.
Les implications pour les libertés civiles : un danger pour tous
Quand la surveillance des immigrants menace tout le monde
Si vous pensez que cette histoire de surveillance des immigrants ne vous concerne pas, détrompez-vous. Parce que les technologies et les méthodes utilisées pour traquer les immigrants aujourd’hui seront utilisées pour surveiller tout le monde demain. C’est toujours comme ça que ça fonctionne. On commence par cibler un groupe spécifique. Un groupe marginalisé. Un groupe qui n’a pas beaucoup de pouvoir politique. Un groupe dont la surveillance ne suscite pas trop d’opposition. Et puis, progressivement, on étend ces technologies à d’autres groupes. À d’autres situations. À d’autres contextes. Jusqu’à ce que tout le monde soit surveillé. Jusqu’à ce que la surveillance de masse devienne la norme. Jusqu’à ce qu’on ne puisse plus imaginer vivre autrement. Les outils de géolocalisation de smartphones utilisés par l’ICE ? Ils ne font pas la différence entre un immigrant et un citoyen américain. Ils collectent les données de tout le monde. Les systèmes de reconnaissance faciale déployés dans les rues ? Ils scannent tous les visages. Pas juste ceux des immigrants. Tous les visages. Votre visage. Mon visage. Celui de vos enfants. Celui de vos parents. La surveillance des réseaux sociaux ? Elle analyse toutes les publications. Tous les commentaires. Tous les likes. Pas juste ceux des immigrants. Tous.
Et une fois que ces technologies sont en place, une fois qu’elles sont normalisées, une fois qu’elles sont acceptées, il devient très facile de les utiliser à d’autres fins. Pour surveiller les militants politiques. Pour traquer les journalistes. Pour contrôler les opposants. Pour réprimer la dissidence. C’est exactement ce qui s’est passé dans d’autres pays. C’est exactement le chemin qu’ont emprunté les régimes autoritaires. Ils commencent par surveiller un groupe spécifique. Et puis, progressivement, ils étendent cette surveillance à toute la société. Jusqu’à ce que personne ne soit libre. Jusqu’à ce que tout le monde vive sous le regard constant de l’État. Jusqu’à ce que la simple idée de vie privée devienne obsolète. Et c’est exactement ce qui est en train de se passer aux États-Unis. Pas de façon brutale. Pas de façon évidente. Mais de façon progressive. De façon insidieuse. De façon presque imperceptible. Un bracelet électronique par-ci. Une montre connectée par-là. Un système de reconnaissance faciale ici. Une surveillance des réseaux sociaux là. Et avant qu’on s’en rende compte, on vit dans un État de surveillance. On vit dans une société où chaque mouvement est tracé. Où chaque action est enregistrée. Où chaque parole est analysée.
L’érosion progressive de nos droits
Ce qui est en jeu ici, ce n’est pas juste le sort des immigrants. C’est l’avenir de nos libertés civiles. C’est la question de savoir quel genre de société nous voulons être. Une société où la surveillance est la norme ? Une société où la vie privée est un luxe du passé ? Une société où l’État peut traquer n’importe qui, n’importe quand, pour n’importe quelle raison ? Ou une société où les droits fondamentaux sont protégés ? Où la vie privée est respectée ? Où la surveillance est l’exception, pas la règle ? C’est ce choix qui se joue aujourd’hui. Et nous sommes en train de le perdre. Pas à cause d’un coup d’État. Pas à cause d’une révolution. Mais à cause de notre indifférence. À cause de notre passivité. À cause de notre acceptation progressive de l’inacceptable. Chaque fois qu’on accepte qu’un nouveau groupe soit surveillé, on normalise un peu plus la surveillance. Chaque fois qu’on justifie l’utilisation d’une nouvelle technologie de contrôle, on facilite son expansion. Chaque fois qu’on regarde ailleurs quand des droits sont bafoués, on affaiblit la protection de tous les droits. C’est comme ça que les libertés meurent. Pas dans un grand fracas. Mais dans le silence. Dans l’indifférence. Dans l’acceptation progressive de ce qui aurait dû être inacceptable.
Et le plus terrifiant, c’est la vitesse à laquelle ça se passe. Il y a dix ans, l’idée d’équiper des femmes enceintes de montres électroniques inviolables aurait semblé absurde. Dystopique. Impossible. Aujourd’hui, c’est la réalité. Il y a dix ans, l’idée de scanner les visages des passants dans la rue avec des applications de reconnaissance faciale aurait suscité l’indignation. Aujourd’hui, c’est banal. Il y a dix ans, l’idée de surveiller les réseaux sociaux 24 heures sur 24 pour identifier des cibles d’arrestation aurait été considérée comme une violation flagrante de la liberté d’expression. Aujourd’hui, c’est une politique officielle. En dix ans, nous avons franchi des lignes rouges que nous pensions infranchissables. En dix ans, nous avons accepté des niveaux de surveillance que nous aurions rejetés avec horreur. En dix ans, nous avons normalisé l’inacceptable. Et si on continue sur cette trajectoire, où serons-nous dans dix ans ? Quelles nouvelles lignes rouges aurons-nous franchies ? Quels nouveaux niveaux de surveillance aurons-nous acceptés ? Quelle société aurons-nous construite ? Je ne sais pas. Mais ça me terrifie. Parce que si on ne se réveille pas maintenant, si on ne résiste pas maintenant, si on n’arrête pas cette machine maintenant, il sera peut-être trop tard. Il sera peut-être trop tard pour revenir en arrière. Il sera peut-être trop tard pour récupérer nos libertés. Il sera peut-être trop tard pour redevenir une société libre.
Vous savez ce qui me fait le plus peur dans tout ça ? Ce n’est pas la technologie en elle-même. Ce n’est pas les montres électroniques ou la reconnaissance faciale. C’est notre capacité à nous y habituer. Notre capacité à trouver ça normal. Notre capacité à accepter que c’est comme ça, que c’est nécessaire, que c’est pour notre sécurité. Parce que c’est exactement comme ça que les libertés disparaissent. Pas dans une bataille épique entre le bien et le mal. Mais dans l’acceptation progressive, quotidienne, banale de leur érosion. Un petit compromis par-ci. Une petite concession par-là. Et avant qu’on s’en rende compte, on a tout perdu. Et on ne sait même plus comment c’est arrivé. On ne sait même plus quand on a franchi la ligne. On sait juste qu’on l’a franchie. Et qu’il est trop tard pour revenir en arrière.
Les alternatives possibles : d'autres voies existent
Repenser complètement le système
Face à l’horreur de ce système de surveillance, on pourrait se sentir impuissant. On pourrait se dire qu’il n’y a pas d’alternative. Que c’est comme ça. Que c’est nécessaire. Mais c’est faux. D’autres voies existent. D’autres systèmes sont possibles. D’autres pays ont trouvé des solutions qui ne passent pas par la déshumanisation et la surveillance de masse. Commençons par le plus évident : le programme ATD pourrait être complètement repensé. Au lieu de se concentrer sur la surveillance électronique, on pourrait se concentrer sur l’accompagnement. Des travailleurs sociaux qui aident les immigrants à naviguer dans le système juridique. Des programmes de soutien communautaire qui s’assurent que les gens se présentent à leurs audiences. Des systèmes de rappel simples, comme des appels téléphoniques ou des SMS, qui informent les gens de leurs obligations. Plusieurs études ont montré que ces approches sont tout aussi efficaces que la surveillance électronique pour garantir que les gens se présentent à leurs audiences. Et elles coûtent beaucoup moins cher. Et elles ne traumatisent pas les gens. Et elles ne créent pas de climat de terreur. Et elles ne transforment pas des femmes enceintes en cibles de surveillance. Mais voilà le problème : ces approches ne génèrent pas de profits pour des entreprises privées. Ces approches ne justifient pas des budgets de 170 milliards de dollars. Ces approches ne permettent pas à Geo Group de faire fortune. Alors elles ne sont pas considérées. Elles ne sont pas mises en œuvre. Elles ne sont même pas sérieusement étudiées.
On pourrait aussi repenser complètement notre approche de l’immigration. Au lieu de traiter les immigrants comme des criminels à surveiller et à expulser, on pourrait les traiter comme des êtres humains qui cherchent une vie meilleure. On pourrait créer des voies légales d’immigration plus accessibles. On pourrait simplifier les procédures. On pourrait réduire les délais d’attente. On pourrait investir dans des juges d’immigration pour accélérer le traitement des dossiers. On pourrait développer des programmes d’intégration qui aident les nouveaux arrivants à s’installer, à trouver du travail, à apprendre la langue. On pourrait reconnaître que l’immigration n’est pas une menace, mais une opportunité. Une opportunité économique. Une opportunité culturelle. Une opportunité de renouvellement et de dynamisme. Mais ça, ça demande un changement de paradigme. Ça demande de voir les immigrants non pas comme des ennemis, mais comme des contributeurs potentiels à la société. Ça demande de dépasser la peur et la xénophobie. Ça demande de choisir l’humanité plutôt que la cruauté. Et apparemment, c’est trop demander. Apparemment, il est plus facile de surveiller, de traquer, d’expulser. Apparemment, il est plus facile de déshumaniser que d’accueillir. Apparemment, il est plus facile de construire des murs que de construire des ponts.
Les exemples internationaux
D’autres pays ont trouvé des approches différentes. Le Canada, par exemple, a un système de parrainage communautaire où des groupes de citoyens s’engagent à soutenir des réfugiés pendant leur première année dans le pays. Ces groupes aident les nouveaux arrivants à trouver un logement, à s’inscrire à des cours de langue, à chercher du travail, à s’intégrer dans la communauté. Le résultat ? Des taux d’intégration beaucoup plus élevés. Des coûts beaucoup plus bas. Et surtout, une approche humaine qui reconnaît la dignité des personnes. L’Allemagne, malgré les défis posés par l’arrivée massive de réfugiés en 2015, a investi massivement dans des programmes d’intégration. Des cours de langue gratuits. Des programmes de formation professionnelle. Des services de soutien psychologique pour les personnes traumatisées. Le résultat ? Une intégration progressive mais réelle. Des contributions économiques significatives. Et une société qui, malgré les tensions, a su préserver son humanité. Ces exemples montrent qu’il est possible de faire autrement. Qu’il est possible de gérer l’immigration sans recourir à la surveillance de masse. Qu’il est possible de protéger les frontières sans déshumaniser les gens. Qu’il est possible de maintenir l’ordre sans créer un climat de terreur. Mais ça demande de la volonté politique. Ça demande du courage. Ça demande de résister aux sirènes de la peur et de la xénophobie. Ça demande de choisir l’humanité plutôt que la cruauté.
Et aux États-Unis ? Aux États-Unis, on a choisi une autre voie. On a choisi la surveillance. On a choisi la répression. On a choisi la cruauté. On a choisi d’équiper des femmes enceintes de montres électroniques. On a choisi de créer un climat de terreur qui pousse les gens à renoncer aux soins médicaux. On a choisi d’investir 170 milliards de dollars dans une machine de surveillance et d’expulsion. On a choisi de faire fortune sur la misère humaine. On a choisi de déshumaniser plutôt que d’accueillir. Et maintenant, on vit avec les conséquences de ces choix. Des femmes qui pleurent dans des salles d’accouchement. Des familles déchirées. Des communautés terrorisées. Des libertés érodées. Des valeurs trahies. C’est ça, l’Amérique de Trump. C’est ça, le résultat de nos choix. Et si on ne change pas de direction maintenant, si on ne choisit pas une autre voie maintenant, ça ne fera qu’empirer. Les technologies deviendront plus intrusives. La surveillance deviendra plus omniprésente. La cruauté deviendra plus banale. Et un jour, on se réveillera dans une société qu’on ne reconnaîtra plus. Une société où la surveillance est la norme. Où la vie privée est un souvenir. Où l’humanité a été sacrifiée sur l’autel de la sécurité et du profit. Est-ce vraiment ça qu’on veut ? Est-ce vraiment ça, l’Amérique qu’on veut laisser à nos enfants ?
Je veux croire qu’on peut faire mieux. Je veux croire qu’on peut choisir une autre voie. Je veux croire qu’on peut construire une société qui accueille plutôt qu’elle n’expulse. Qui protège plutôt qu’elle ne surveille. Qui humanise plutôt qu’elle ne déshumanise. Mais pour ça, il faut qu’on se réveille. Il faut qu’on arrête d’accepter l’inacceptable. Il faut qu’on arrête de normaliser l’horreur. Il faut qu’on résiste. Il faut qu’on se batte. Il faut qu’on refuse de vivre dans une société où des femmes enceintes portent des montres électroniques. Où des familles vivent dans la terreur. Où des entreprises font fortune sur la misère humaine. Il faut qu’on dise non. Fort. Clairement. Sans ambiguïté. Parce que si on ne le fait pas maintenant, quand le ferons-nous ? Quand sera-ce assez ? Quand l’horreur sera-t-elle suffisamment grande pour qu’on se décide enfin à agir ?
Le rôle des médias et de l'opinion publique
Une couverture médiatique insuffisante
L’une des raisons pour lesquelles cette situation peut continuer, c’est le manque de couverture médiatique. Oh, il y a bien quelques articles ici et là. Quelques reportages occasionnels. Quelques enquêtes approfondies comme celle de The Guardian. Mais dans l’ensemble, cette histoire ne fait pas la une. Elle ne domine pas le cycle de l’information. Elle ne suscite pas l’indignation massive qu’elle devrait susciter. Pourquoi ? Parce que les victimes sont des immigrants. Parce qu’elles n’ont pas de voix puissante. Parce qu’elles n’ont pas de lobby influent. Parce qu’elles n’ont pas de représentation médiatique. Alors leur souffrance reste invisible. Leur terreur reste silencieuse. Leur déshumanisation reste ignorée. Et pendant ce temps, les médias se concentrent sur d’autres sujets. Sur les scandales politiques. Sur les célébrités. Sur les faits divers. Sur tout sauf sur cette horreur qui se déroule sous nos yeux. Pas parce que les journalistes sont mauvais. Pas parce qu’ils ne se soucient pas. Mais parce que le système médiatique fonctionne comme ça. Il privilégie ce qui fait du clic. Ce qui génère de l’audience. Ce qui attire l’attention. Et malheureusement, la souffrance des immigrants ne fait pas partie de ces catégories. Sauf quand elle peut être instrumentalisée politiquement. Sauf quand elle peut servir un agenda. Sauf quand elle peut être utilisée pour alimenter la peur et la division.
Mais même quand les médias couvrent ces histoires, la couverture est souvent superficielle. On parle des chiffres. On parle des politiques. On parle des débats politiques. Mais on parle rarement des êtres humains. On parle rarement de la femme enceinte qui pleure dans une salle d’accouchement. On parle rarement de la terreur qu’elle ressent. On parle rarement du traumatisme qu’elle vit. On parle rarement de l’impact à long terme sur sa vie et celle de son enfant. Parce que c’est plus facile de parler de chiffres que d’humanité. C’est plus facile de parler de politiques que de souffrance. C’est plus facile de rester dans l’abstraction que de plonger dans le concret. Et du coup, le public ne réalise pas vraiment ce qui se passe. Le public ne comprend pas vraiment l’ampleur de l’horreur. Le public ne ressent pas vraiment l’urgence de la situation. Alors il ne réagit pas. Il ne s’indigne pas. Il ne se mobilise pas. Et le système continue. La machine continue de broyer des vies. La surveillance continue de s’étendre. La cruauté continue de se banaliser. Parce que personne ne regarde vraiment. Parce que personne ne comprend vraiment. Parce que personne ne se sent vraiment concerné.
Le pouvoir de l’opinion publique
Et pourtant, l’opinion publique a un pouvoir énorme. Quand les gens se mobilisent, quand ils s’indignent, quand ils exigent des changements, les choses peuvent bouger. On l’a vu avec d’autres causes. On l’a vu avec les mouvements pour les droits civiques. On l’a vu avec les mouvements féministes. On l’a vu avec les mouvements pour les droits LGBTQ+. Chaque fois, c’est la mobilisation de l’opinion publique qui a fait la différence. Chaque fois, c’est l’indignation collective qui a forcé le changement. Chaque fois, c’est la pression populaire qui a fait plier les institutions. Alors pourquoi pas maintenant ? Pourquoi pas pour les immigrants ? Pourquoi pas contre cette surveillance de masse ? Pourquoi pas contre cette déshumanisation systématique ? Peut-être parce qu’on ne réalise pas encore l’ampleur du problème. Peut-être parce qu’on ne comprend pas encore que ça nous concerne tous. Peut-être parce qu’on ne voit pas encore que les technologies utilisées pour surveiller les immigrants aujourd’hui seront utilisées pour nous surveiller demain. Ou peut-être, et c’est plus troublant, parce qu’on s’en fiche. Parce que tant que ce ne sont pas nos femmes qui portent des montres électroniques, tant que ce ne sont pas nos familles qui sont expulsées, tant que ce ne sont pas nos vies qui sont brisées, on peut continuer à vivre tranquillement. On peut continuer à vaquer à nos occupations. On peut continuer à ignorer l’horreur.
Mais l’histoire nous enseigne que cette indifférence a un prix. Un prix que nous finirons tous par payer. Parce que quand on accepte que certaines personnes soient déshumanisées, on ouvre la porte à la déshumanisation de tous. Quand on accepte que certaines personnes soient surveillées sans limite, on ouvre la porte à la surveillance de masse de tous. Quand on accepte que certaines personnes soient privées de leurs droits, on ouvre la porte à l’érosion des droits de tous. C’est comme ça que les sociétés basculent. Pas d’un coup. Mais progressivement. Par l’acceptation successive de l’inacceptable. Par la normalisation progressive de l’horreur. Par l’indifférence collective face à la souffrance des autres. Et un jour, on se réveille dans une société qu’on ne reconnaît plus. Une société où personne n’est libre. Où tout le monde est surveillé. Où la peur règne en maître. Et on se demande comment on en est arrivé là. Comment on a pu laisser faire ça. Comment on a pu accepter ça. Mais il sera trop tard. Parce qu’on aura franchi le point de non-retour. Parce qu’on aura perdu ce qu’on ne pourra plus récupérer. Parce qu’on aura sacrifié notre humanité sur l’autel de notre indifférence.
Alors voilà mon appel. Mon cri. Mon hurlement dans le vide. Réveillez-vous. Regardez ce qui se passe. Comprenez ce qui est en jeu. Ce n’est pas juste une question d’immigration. Ce n’est pas juste une question de politique. C’est une question d’humanité. C’est une question de qui nous sommes. C’est une question de quelle société nous voulons être. Et si on ne se bat pas maintenant, si on ne résiste pas maintenant, si on n’arrête pas cette machine maintenant, on perdra tout. On perdra notre humanité. On perdra nos libertés. On perdra notre âme. Et nos enfants nous demanderont : « Où étiez-vous ? Qu’avez-vous fait ? Pourquoi n’avez-vous rien fait ? » Et qu’est-ce qu’on leur répondra ? Qu’on ne savait pas ? Qu’on ne pouvait rien faire ? Qu’on s’en fichait ? Non. Il faut qu’on puisse leur dire : « On s’est battu. On a résisté. On a refusé d’accepter l’inacceptable. » C’est ça, notre responsabilité. C’est ça, notre devoir. C’est ça, notre humanité.
Conclusion : le moment de vérité
Un système qui révèle qui nous sommes
Cette histoire de femmes enceintes équipées de montres électroniques dans des salles d’accouchement n’est pas juste une anecdote choquante. Ce n’est pas juste un dysfonctionnement isolé. Ce n’est pas juste un problème technique à résoudre. C’est le symptôme d’un système profondément malade. Un système qui a perdu de vue l’essentiel. Un système qui a oublié que derrière chaque chiffre, chaque statistique, chaque dossier, il y a un être humain. Un être humain avec des rêves, des peurs, des espoirs. Un être humain qui mérite d’être traité avec dignité. Un être humain qui mérite d’être protégé, pas traqué. Ce système révèle qui nous sommes vraiment. Pas qui nous prétendons être. Pas les valeurs que nous affichons. Mais qui nous sommes vraiment, dans nos choix concrets, dans nos politiques réelles, dans nos actions quotidiennes. Et ce que ce système révèle n’est pas beau à voir. Il révèle une société qui a choisi la surveillance plutôt que la confiance. La répression plutôt que l’accueil. La cruauté plutôt que la compassion. Le profit plutôt que l’humanité. Une société qui équipe des femmes enceintes de dispositifs de traçage. Une société qui crée un climat de terreur qui pousse les gens à renoncer aux soins médicaux. Une société qui permet à des entreprises privées de faire fortune sur la misère humaine. Une société qui a perdu son âme.
Et le plus terrifiant, c’est que tout ça se passe dans l’indifférence générale. Pas de manifestations massives. Pas de grèves générales. Pas de mobilisation populaire. Juste quelques voix qui s’élèvent ici et là. Quelques organisations qui se battent. Quelques journalistes qui enquêtent. Mais dans l’ensemble, le silence. L’acceptation. La normalisation. Comme si c’était normal qu’une femme sur le point d’accoucher porte une montre électronique qu’elle ne peut pas retirer. Comme si c’était normal que des gens renoncent aux soins médicaux par peur d’être expulsés. Comme si c’était normal qu’une entreprise privée surveille 200 000 personnes et aspire à en surveiller 7,5 millions. Comme si c’était normal que l’État investisse 170 milliards de dollars dans la surveillance et l’expulsion plutôt que dans l’éducation et la santé. Comme si c’était normal que nous vivions dans une société où la surveillance de masse est devenue la norme. Où la vie privée est devenue un luxe. Où l’humanité est devenue optionnelle. Mais ce n’est pas normal. Rien de tout ça n’est normal. Rien de tout ça n’est acceptable. Rien de tout ça ne devrait être toléré. Et pourtant, on le tolère. On l’accepte. On le normalise. Et c’est ça, le vrai scandale. Pas juste ce que fait l’ICE. Pas juste ce que fait BI Inc. Pas juste ce que fait l’administration Trump. Mais notre acceptation collective de tout ça. Notre silence face à l’horreur. Notre indifférence face à la souffrance.
Le choix qui nous attend
Nous sommes à un moment de vérité. Un moment où nous devons choisir. Choisir quel genre de société nous voulons être. Choisir quelles valeurs nous voulons défendre. Choisir quelle humanité nous voulons préserver. D’un côté, il y a la voie de la surveillance, de la répression, de la déshumanisation. La voie où la technologie est utilisée pour contrôler, traquer, punir. La voie où les entreprises privées font fortune sur la misère humaine. La voie où les libertés sont sacrifiées sur l’autel de la sécurité. La voie où certaines vies comptent moins que d’autres. C’est la voie que nous avons empruntée. C’est la voie sur laquelle nous sommes. Et si nous continuons sur cette voie, nous savons où elle mène. Elle mène à une société de surveillance totale. Elle mène à l’érosion complète de nos libertés. Elle mène à la perte de notre humanité. De l’autre côté, il y a une autre voie. La voie de l’accueil, de la compassion, de l’humanité. La voie où la technologie est utilisée pour aider, pas pour contrôler. La voie où les ressources publiques sont investies dans le bien commun, pas dans la répression. La voie où chaque vie a de la valeur. Où chaque personne mérite d’être traitée avec dignité. Où l’humanité prime sur le profit. Cette voie existe. Elle est possible. D’autres pays l’ont empruntée. D’autres sociétés l’ont choisie. Nous pouvons la choisir aussi. Mais pour ça, il faut qu’on se réveille. Il faut qu’on résiste. Il faut qu’on se batte.
Le temps presse. Chaque jour qui passe, la machine de surveillance se renforce. Chaque jour qui passe, de nouvelles technologies sont déployées. Chaque jour qui passe, de nouvelles lignes rouges sont franchies. Chaque jour qui passe, il devient plus difficile de revenir en arrière. Alors il faut agir maintenant. Il faut résister maintenant. Il faut choisir maintenant. Parce que si on attend, il sera trop tard. Si on attend, le système sera trop puissant. Si on attend, les technologies seront trop intrusives. Si on attend, la normalisation sera trop avancée. Et nous nous réveillerons dans une société que nous ne reconnaîtrons plus. Une société où des femmes enceintes portent des montres électroniques et où personne ne trouve ça choquant. Une société où la surveillance de masse est acceptée comme une évidence. Une société où l’humanité a été sacrifiée. Est-ce vraiment ça qu’on veut ? Est-ce vraiment ça, notre héritage ? Est-ce vraiment ça, la société qu’on veut laisser à nos enfants ? Non. Mille fois non. Alors il faut se battre. Il faut résister. Il faut refuser. Refuser d’accepter l’inacceptable. Refuser de normaliser l’horreur. Refuser de vivre dans une société qui a perdu son âme. Parce que c’est ça qui est en jeu. Pas juste le sort des immigrants. Pas juste une question de politique. Mais notre âme collective. Notre humanité partagée. Notre capacité à rester humains dans un monde qui nous pousse à la déshumanisation. C’est ça, le vrai combat. C’est ça, le vrai enjeu. C’est ça, le moment de vérité.
Je termine cet article avec un sentiment de colère. De tristesse. D’urgence. Parce que je sais que demain, d’autres femmes enceintes arriveront dans des hôpitaux avec des montres électroniques au poignet. Je sais que demain, d’autres familles vivront dans la terreur. Je sais que demain, d’autres vies seront brisées. Et je sais que si nous ne faisons rien, si nous continuons à regarder ailleurs, si nous continuons à accepter l’inacceptable, ça ne fera qu’empirer. Alors je vous en supplie. Réveillez-vous. Regardez ce qui se passe. Comprenez ce qui est en jeu. Et agissez. Parlez-en autour de vous. Mobilisez-vous. Résistez. Parce que c’est notre responsabilité. Parce que c’est notre devoir. Parce que c’est notre humanité qui est en jeu. Et si nous la perdons, nous perdons tout. Tout ce qui fait de nous des êtres humains. Tout ce qui donne un sens à notre existence. Tout ce qui mérite d’être préservé. Alors battons-nous. Battons-nous pour ces femmes. Battons-nous pour ces familles. Battons-nous pour notre humanité. Battons-nous pour l’avenir que nous voulons construire. Un avenir où la surveillance ne sera plus la norme. Où la compassion primera sur la cruauté. Où l’humanité triomphera de la déshumanisation. C’est possible. C’est à notre portée. Il suffit qu’on le veuille. Il suffit qu’on se batte. Il suffit qu’on refuse d’abandonner. Alors ne lâchons rien. Jamais.
Sources primaires
The Guardian, « ICE is using smartwatches to track pregnant women, even during labor: ‘She was so afraid they would take her baby' », Johana Bhuiyan, 10 décembre 2025. BFM TV, « Jusqu’où peuvent-ils aller dans l’abus de pouvoir?: l’ICE utilise la géolocalisation de montres connectées pour pister les femmes enceintes, et instiller la terreur », Salomé Ferraris, 11 décembre 2025. U.S. Immigration and Customs Enforcement, « ICE begins testing wrist-worn GPS monitoring technology », communiqué de presse archivé, 2023. Department of Homeland Security, « Pregnant, Postpartum, and Lactating Individuals in Immigration Detention », rapport semestriel, mars 2024. The Geo Group, « The GEO Group Awarded Contract by U.S. Immigration and Customs Enforcement », communiqué de presse, septembre 2025. The Geo Group, conférence téléphonique avec les investisseurs, résultats du troisième trimestre 2025, novembre 2025.
Sources secondaires
TRAC Reports, « ICE Increases Use of GPS Monitoring for Immigrants in Alternatives to Detention Program », mars 2024. CBS News, « ICE to test smartwatch-like tracking devices for migrants facing deportation », 2024. The Nation, « The Carceral System Enters Its Smartwatch Era », 2024. CommunityHealth Chicago, rapport sur la baisse de fréquentation des services de santé, juin 2025. California Nurses Association, déclarations de Sandy Reding sur l’impact de la politique d’immigration sur la santé publique, 2025. American Civil Liberties Union, « Pregnant and Postpartum Women Face Neglect and Abuse in ICE Detention », 2025. Amica et American Friends Service Committee, pétitions judiciaires et rapports sur les abus dans le programme ATD, 2025. Senator John Hickenlooper et Senator Raphael Warnock, lettre au Department of Homeland Security concernant le traitement des femmes enceintes en détention, octobre 2025.
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