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28,8% d’augmentation en pleine guerre

Reprenons depuis le début, lentement, pour que personne ne puisse prétendre ne pas avoir compris. De janvier à août 2024, le Canada a importé pour 49,4 millions de dollars de produits russes. De janvier à août 2025, ce montant est passé à 63,6 millions de dollars. La différence ? 14,2 millions de dollars de plus. En pourcentage, ça donne 28,8% d’augmentation. Ces chiffres proviennent directement de Statistique Canada, l’organisme fédéral chargé de collecter et d’analyser les données économiques du pays. Ils ne sont pas contestés. Ils ne sont pas contestables. Ils sont là, froids, factuels, indiscutables. Pendant cette même période, l’Ukraine a continué de subir des bombardements quotidiens. Des villes ont été détruites. Des civils ont été tués. Des infrastructures énergétiques ont été systématiquement ciblées. La communauté internationale, dont le Canada fait partie, a multiplié les déclarations de soutien à Kiev, promis des aides militaires, financières, humanitaires. Les dirigeants occidentaux se sont succédé à la tribune de l’ONU pour dénoncer l’agression russe, réclamer justice, brandir la menace de nouvelles sanctions.

Et pendant ce temps, nos importations russes grimpaient. Pas un peu. Beaucoup. Presque 30%. Comment expliquer cette contradiction ? Comment justifier qu’au moment même où nous prétendons serrer la vis à Moscou, nous augmentons nos achats de produits russes ? La réponse officielle tient en un mot : exemptions. Le gouvernement canadien a accordé des dérogations à certaines entreprises pour leur permettre de continuer à importer des matériaux jugés essentiels à leur production. Le titanium en tête de liste. Ce métal léger et résistant est crucial pour l’industrie aéronautique, et la Russie, via son producteur VSMPO-AVISMA, en est l’un des principaux fournisseurs mondiaux. Couper l’approvisionnement en titanium russe aurait signifié des perturbations majeures pour des entreprises comme Airbus, qui assemble ses A220 à Mirabel, au Québec. Des emplois auraient été menacés. Des contrats auraient été retardés. Des clients auraient été mécontents. Alors on a trouvé une solution : sanctionner la Russie… sauf quand ça nous arrange pas. Sanctionner Poutine… sauf quand ça touche à nos intérêts. Défendre l’Ukraine… sauf quand ça coûte trop cher.

Ces 28,8% me hantent. Ils ne sont pas qu’un chiffre, ils sont le symbole de notre lâcheté collective. Chaque point de pourcentage représente un compromis, une concession, un renoncement. Et moi, je suis là, à écrire ces lignes en sachant que demain, rien ne changera. Que les importations continueront. Que les exemptions seront renouvelées. Que les discours resteront creux. Mais au moins, au moins, que ces chiffres soient connus. Que personne ne puisse dire qu’on ne savait pas. Qu’on ne puisse pas prétendre, dans dix ans, qu’on ignorait ce qui se passait vraiment.

Le secteur aéronautique explose

Si l’augmentation globale de 28,8% est déjà problématique, celle du secteur aéronautique est carrément obscène. Les importations liées à cette industrie ont littéralement doublé entre 2024 et 2025, passant de 15,4 millions à 30,9 millions de dollars. Un bond de 100%. Cent pour cent. Pendant que le reste du monde occidental prétend isoler économiquement la Russie, le Canada double ses achats de composants aéronautiques russes. L’essentiel de ces importations concerne des trains d’atterrissage et des pièces détachées, selon Affaires mondiales Canada. Mais surtout, surtout, du titanium. Ce métal qui entre dans la fabrication des structures d’avions, des moteurs, des systèmes hydrauliques. Ce métal dont la Russie contrôle une part significative de la production mondiale. Ce métal sans lequel l’industrie aéronautique occidentale se retrouverait dans une situation extrêmement délicate. Et c’est précisément là que le bât blesse : notre dépendance au titanium russe révèle une vulnérabilité stratégique majeure que personne n’a voulu voir venir.

Pendant des années, les industriels ont privilégié l’efficacité économique à court terme plutôt que la sécurité d’approvisionnement à long terme. Acheter du titanium russe était moins cher, plus simple, plus pratique. Pourquoi se compliquer la vie à diversifier les sources quand VSMPO-AVISMA offrait des prix compétitifs et une qualité reconnue ? Personne ne s’est vraiment posé la question de ce qui se passerait si les relations avec la Russie se détérioraient. Ou plutôt, certains se la sont posée, mais leurs avertissements ont été ignorés. Trop alarmistes. Trop pessimistes. Trop coûteux à prendre en compte. Et maintenant, nous voilà coincés. Coincés entre nos principes affichés et nos besoins industriels. Coincés entre notre soutien à l’Ukraine et notre dépendance à la Russie. Coincés dans une contradiction que nous avons nous-mêmes créée par notre myopie stratégique. Le doublement des importations aéronautiques n’est pas un accident, c’est le symptôme d’un système qui a choisi la facilité plutôt que la prévoyance, le profit immédiat plutôt que la résilience à long terme.

Cent pour cent d’augmentation. Je relis ce chiffre et je ne peux m’empêcher de penser à tous ces discours sur la souveraineté, l’indépendance stratégique, la nécessité de ne pas dépendre de régimes autoritaires. Tout ça pour ça. Pour doubler nos achats au moment même où nous devrions les réduire à zéro. Il y a quelque chose de pathétique dans cette incapacité à aligner nos actes sur nos paroles. Quelque chose qui dépasse la simple hypocrisie politique pour toucher à une forme de faillite morale collective.

Sources primaires

Statistique Canada, données sur les importations canadiennes par pays d’origine, janvier-août 2024 et 2025. Radio-Canada, « Les importations russes au Canada ont augmenté de 29% en un an », article publié le 13 janvier 2025, par Yasmine Mehdi. Affaires mondiales Canada, communiqués officiels sur les sanctions canadiennes liées à la Russie, 2024-2025. Congrès des Ukrainiens-Canadiens, lettre au comité parlementaire des affaires étrangères, novembre 2024. Reuters, « Airbus wins reprieve from Canadian sanctions on Russian titanium », 6 novembre 2025. Fliegerfaust, « Canada Suspends Sanctions on Russia: The Airbus Waiver », 6 novembre 2025.

Sources secondaires

Reuters, articles sur les sanctions occidentales contre la Russie et leurs impacts, 2022-2025. Clean Energy Wire, analyses sur la dépendance énergétique allemande, 2023-2024. Brookings Institution, « Europe’s messy Russian gas divorce », 2024. Trading Economics, données sur les importations canadiennes et russes, 2024-2025. Gazette du Canada, règlements modifiant les mesures économiques spéciales visant la Russie, 2024-2025. Norsk Titanium, communiqués sur les accords de fourniture avec Airbus, 2024. Global Affairs Canada, page officielle sur les sanctions canadiennes liées à la Russie, consultée en janvier 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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