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Un pétrolier géant avec un passé trouble

Le Skipper n’est pas un navire ordinaire. C’est un VLCC — un Very Large Crude Carrier, un transporteur de brut de très grande taille. Ses dimensions sont impressionnantes : 333 mètres de long, 60 mètres de large. Un monstre d’acier capable de transporter des millions de barils de pétrole à travers les océans. Mais ce qui rend ce navire particulièrement intéressant, c’est son histoire. Avant de s’appeler le Skipper, il portait le nom de M/T Adisa. Et sous ce nom, il a été sanctionné par le Trésor américain en 2022. L’accusation ? Faire partie d’un réseau sophistiqué de pétroliers fantômes qui transportaient du pétrole brut pour le compte de l’Iran, contournant ainsi les sanctions internationales. Plus précisément, Washington affirmait que le navire servait les intérêts des Gardiens de la révolution iraniens et du Hezbollah, le groupe militant libanais soutenu par Téhéran. Ce réseau aurait été géré par un trader pétrolier ukrainien basé en Suisse, selon le département du Trésor. Un montage complexe, typique de ces opérations dans l’ombre qui permettent aux pays sanctionnés de continuer à vendre leur pétrole malgré les restrictions.

Mais le Skipper a changé de nom, comme le font souvent ces navires pour brouiller les pistes. Les données de suivi maritime montrent qu’il a visité l’Iran, l’Irak et les Émirats arabes unis entre juin et juillet 2025. Son dernier arrêt enregistré dans un port iranien remonte au 9 juillet. Ensuite, le navire semble avoir navigué vers le Venezuela. Selon les documents de PDVSA, la compagnie pétrolière d’État vénézuélienne, le Skipper a quitté le terminal pétrolier de José entre le 4 et le 5 décembre 2025, chargé d’environ 1,8 million de barils de Merey, un brut lourd et riche en soufre produit au Venezuela. Une partie de cette cargaison — environ 200 000 barils — a été transférée près de Curaçao à un autre navire, le Neptune 6, qui se dirigeait vers Cuba. Le reste était encore à bord lorsque les forces américaines ont pris d’assaut le navire. Environ la moitié de la cargaison appartenait à un importateur pétrolier cubain contrôlé par l’État, selon les documents internes de PDVSA. Le Skipper naviguait sous pavillon du Guyana, mais les autorités guyanaises ont rapidement démenti, affirmant que le navire arborait faussement leur drapeau et qu’il n’était pas enregistré dans leur pays. Un navire sans nationalité, donc. Un fantôme des mers.

Ces pétroliers fantômes… ils me fascinent autant qu’ils m’inquiètent. Imaginez un peu : des navires qui changent de nom comme on change de chemise, qui arborent de faux pavillons, qui éteignent leurs transpondeurs pour disparaître des radars, qui transfèrent leur cargaison en pleine mer à d’autres navires tout aussi louches. C’est un monde parallèle, une économie souterraine qui brasse des milliards de dollars. Et au milieu de tout ça, des pays comme l’Iran, le Venezuela, la Russie, qui utilisent ces réseaux pour contourner les sanctions. C’est du génie criminel, d’une certaine manière. Mais c’est aussi profondément déstabilisant. Parce que si ces navires peuvent transporter du pétrole en toute impunité, qu’est-ce qui les empêche de transporter autre chose ? Des armes ? Des matériaux dangereux ? On navigue en eaux troubles, littéralement.

Un réseau complexe de sociétés écrans et d’intermédiaires

Le Skipper n’opère pas seul. Derrière lui se cache un écheveau complexe de sociétés écrans et d’intermédiaires basés dans des juridictions opaques. Selon les données maritimes de MarineTraffic, le propriétaire bénéficiaire et l’opérateur du navire seraient Thomarose Global Ventures Ltd, une société enregistrée au Nigeria. Le propriétaire enregistré serait Triton Navigation Corp, basée dans les îles Marshall. Deux juridictions connues pour leur discrétion et leur faible régulation. C’est un schéma classique dans le monde du transport maritime illicite : multiplier les couches de propriété pour rendre impossible l’identification des véritables bénéficiaires. Qui contrôle vraiment Thomarose Global Ventures ? Qui se cache derrière Triton Navigation Corp ? Difficile à dire. Et c’est précisément le but. Cette opacité permet aux acteurs impliqués de nier toute responsabilité en cas de problème. Si le navire est saisi, si des sanctions sont imposées, les vrais propriétaires restent dans l’ombre, protégés par des couches successives de sociétés fantômes.

Le Venezuela, sous le poids des sanctions américaines imposées depuis 2020, a dû développer une dépendance accrue envers ces intermédiaires. Lorsque la première administration Trump a élargi sa campagne de pression maximale contre Caracas, elle a menacé de bannir du système financier américain toute personne ou entreprise faisant affaire avec le gouvernement Maduro. Résultat : les acheteurs traditionnels de pétrole vénézuélien ont fui. Mais le pétrole doit bien être vendu. Alors le Venezuela s’est tourné vers des alliés comme la Russie et l’Iran, eux-mêmes sous sanctions. Ensemble, ils ont mis en place un système sophistiqué de contournement. Les transactions impliquent des réseaux d’intermédiaires obscurs, souvent des sociétés enregistrées dans des paradis fiscaux. Les acheteurs déploient des pétroliers fantômes qui cachent leur position GPS et transfèrent leurs cargaisons en pleine mer avant d’atteindre leur destination finale. C’est un jeu du chat et de la souris à l’échelle mondiale. Et jusqu’à présent, les souris s’en sortaient plutôt bien. Jusqu’à ce que les États-Unis décident de changer les règles du jeu.

Ce qui me frappe dans tout ça, c’est l’ingéniosité. Vraiment. Ces gens ont construit un système parallèle pour contourner les sanctions les plus sévères du monde. Ils ont trouvé des failles, exploité des zones grises, créé des structures si complexes que même les agences de renseignement peinent à les démêler. C’est presque admirable, si ce n’était pas si dangereux. Parce que derrière ces montages financiers et ces sociétés écrans, il y a des États qui financent des groupes armés, qui soutiennent des régimes autoritaires, qui déstabilisent des régions entières. Le pétrole, c’est du pouvoir. Et quand ce pouvoir circule dans l’ombre, loin de tout contrôle, ça devient une menace pour tout le monde.

Sources primaires

NPR, « Trump says the U.S. has seized an oil tanker off the coast of Venezuela », publié le 11 décembre 2025. BBC News, « US seizes oil tanker off Venezuela as Caracas condemns ‘act of piracy' », publié le 11 décembre 2025. Reuters, « US seizes sanctioned oil tanker off coast of Venezuela, Trump says », publié le 10 décembre 2025. Al Jazeera, « ‘Act of piracy’ or law: Can the US legally seize a Venezuelan tanker? », publié le 11 décembre 2025. The Washington Post, « U.S. forces seize oil tanker off Venezuelan coast », publié le 10 décembre 2025. CNN, « December 11, 2025 – Machado calls Trump’s actions ‘decisive’ after oil tanker seizure », publié le 11 décembre 2025.

Sources secondaires

USA Today, « US seizes oil tanker off Venezuela coast, Trump says », publié le 10 décembre 2025. Newsweek, « Putin and Maduro Speak After US Seizes Venezuelan Oil Tanker », publié le 11 décembre 2025. Radio Free Europe/Radio Liberty, « Tanker Seized By US Off Venezuela Was Part Of Iranian Shadow Fleet », publié le 11 décembre 2025. The Hill, « US seizes oil tanker near Venezuela: What to know », publié le 10 décembre 2025. CNBC, « Seized oil tanker Skipper hid location, visited Iran, Venezuela », publié le 11 décembre 2025. NBC News, « Noem says Coast Guard-led tanker seizure near Venezuela was lawful », publié le 10 décembre 2025. The Guardian, « What we know about the oil tanker seized by the US off Venezuela », publié le 11 décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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