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Les promesses de campagne oubliées

Retour en arrière. Campagne 2024. Trump sillonne l’Amérique avec un message simple, martelé jusqu’à l’obsession : « Je vais faire baisser les prix dès le premier jour. » Il accuse Joe Biden et Kamala Harris d’avoir créé l’inflation. Il promet de la détruire immédiatement. Les électeurs, fatigués par des années de hausse des prix post-COVID, veulent y croire. Ils votent pour lui en masse, notamment dans les États clés comme la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin. Ces territoires où les classes moyennes et populaires ont le sentiment d’avoir été abandonnées par les élites démocrates. Trump leur tend la main — enfin, il fait semblant. Il leur dit qu’il comprend leur douleur, qu’il va tout arranger. Fast forward vers décembre 2025. Les prix n’ont pas baissé. Ils ont continué d’augmenter. L’inflation s’est même accélérée. Les tarifs douaniers que Trump a imposés — 25% sur les importations chinoises, des taxes punitives sur l’Europe, des menaces constantes envers le Mexique et le Canada — ont créé exactement ce que les économistes avaient prédit : une inflation importée. Les entreprises américaines qui dépendent de composants étrangers paient plus cher. Elles répercutent ces coûts. Le consommateur final trinque.

Amanda Marcotte, dans son article cinglant publié sur Salon le 10 décembre 2025, ne prend pas de gants. Elle écrit que Trump a fait sa fortune grâce à la fraude. Qu’il a passé sa vie à tromper les banques, les investisseurs, les partenaires commerciaux. Qu’il a utilisé les mêmes tactiques de bonimenteur pour arriver au pouvoir. Et maintenant, face à une crise économique qu’il a lui-même aggravée, il retombe dans ses vieux réflexes. Au lieu de reconnaître le problème, il le nie. Au lieu de proposer des solutions, il accuse les autres. Les démocrates deviennent les boucs émissaires parfaits. Quand ils parlent du coût de la vie, Trump les traite de menteurs. Il qualifie leurs préoccupations de « supercherie », de « con job », de « scam ». Cette projection est fascinante — et terrifiante. Trump accuse les autres exactement de ce qu’il fait lui-même. C’est une tactique qu’il a perfectionnée au fil des décennies. Nier, attaquer, inverser les rôles. Marcotte souligne que Trump a utilisé la même stratégie pendant la pandémie de COVID-19, qualifiant le virus de « hoax » alors que des centaines de milliers d’Américains mouraient. Il recommence aujourd’hui avec l’économie.

Il y a quelque chose de profondément dérangeant dans cette capacité qu’a Trump à mentir sans ciller. Je ne parle pas de petits mensonges, de ces exagérations politiques que tous les dirigeants utilisent. Non. Je parle de mensonges massifs, éhontés, facilement vérifiables. Dire que les prix baissent quand ils montent. Affirmer que l’économie est A+++++ quand elle vacille. Traiter de menteurs ceux qui disent la vérité. C’est du gaslighting à l’échelle nationale. Et le plus terrifiant, c’est que ça fonctionne sur une partie de la population. Pas sur tout le monde, heureusement. Mais sur suffisamment de gens pour que Trump continue à jouer cette partition. Je me demande parfois s’il croit vraiment à ses propres mensonges. S’il a tellement répété ces histoires qu’elles sont devenues sa réalité. Ou s’il sait pertinemment qu’il ment et s’en fiche complètement.

La réalité qui frappe de plein fouet

Mais la réalité, têtue, finit toujours par rattraper les menteurs. Et pour Trump, cette réalité prend la forme de sondages catastrophiques. Sa cote de popularité s’effondre. Même dans les États qu’il a remportés haut la main en 2024, les électeurs commencent à déchanter. En Pennsylvanie, là où il vient faire son show en décembre 2025, les gens ne sont plus dupes. Brianna Shay, 26 ans, administratrice dans l’éducation publique, venue assister au meeting, résume bien l’ambiance : « Oui, les prix sont élevés en ce moment… mais les choses doivent empirer avant de s’améliorer. » Cette phrase, apparemment anodine, révèle quelque chose de profond. Les partisans de Trump sont prêts à souffrir encore, à condition de croire que ça finira par s’arranger. Mais combien de temps cette foi aveugle peut-elle durer ? Combien de mois, d’années, avant que la patience ne s’épuise ? Les démocrates, eux, ont compris que l’économie sera leur arme principale pour les élections de mi-mandat de 2026. Ils martelent le message de l’affordability — ce terme que Trump déteste tant qu’il le qualifie de nouveau mot à la mode des démocrates.

Le problème pour Trump, c’est que ce n’est pas un mot à la mode. C’est une réalité quotidienne pour des millions d’Américains. Quand une famille doit choisir entre payer le loyer et acheter des médicaments, l’affordability n’est pas un concept abstrait. C’est une question de survie. Trump, qui n’a jamais eu à se soucier d’argent — né riche, ayant hérité d’une fortune, ayant toujours vécu dans le luxe — ne peut pas comprendre cette angoisse. Il compare les démocrates qui parlent du coût de la vie à Bonnie et Clyde parlant d’ordre public. Cette comparaison, censée être drôle, tombe complètement à plat. Elle révèle surtout son mépris pour les préoccupations réelles des citoyens. Paul Krugman, dans sa chronique du 10 décembre 2025, enfonce le clou : « Je ne suis peut-être pas un stratège politique, mais je ne pense pas que ‘Vous êtes tous une bande d’ingrats’ soit un message gagnant. » Cette phrase résume parfaitement l’impasse dans laquelle Trump s’est enfermé. Il ne peut pas admettre que l’économie va mal sans reconnaître son échec. Alors il attaque ceux qui osent le dire.

Cette comparaison avec Bonnie et Clyde m’a fait rire jaune. Trump qui accuse les démocrates d’hypocrisie sur l’économie, c’est l’hôpital qui se fout de la charité. Cet homme qui a fait faillite six fois, qui a arnaqué des entrepreneurs, qui a créé une université bidon, qui a utilisé sa fondation comme tirelire personnelle — cet homme-là donne des leçons d’économie ? C’est à la fois grotesque et révoltant. Mais ce qui me frappe le plus, c’est son incapacité totale à ressentir de l’empathie. Quand quelqu’un lui dit « j’ai du mal à joindre les deux bouts », il répond « tu ne comprends pas à quel point tu as de la chance ». C’est d’une violence psychologique inouïe. Et ça en dit long sur qui il est vraiment : un narcissique incapable de voir au-delà de son propre reflet.

Sources primaires

Alternet, Amanda Marcotte, « Con job: How Trump’s carnival barker tactics aren’t hiding his bad economy », 10 décembre 2025. Alternet, Alex Henderson, « Economist Paul Krugman torches fatal flaws of Trump’s losing message », 10 décembre 2025. Le Parisien avec AFP, « Inflation aux États-Unis : Donald Trump dénonce une supercherie et assure que les prix baissent énormément », 10 décembre 2025. La Finance Pour Tous, « Vibecession aux États-Unis : quand indicateurs économiques et ressenti ne collent pas », 10 décembre 2025. Paul Krugman, Substack, « Trump Says That You Are the Problem », 10 décembre 2025.

Sources secondaires

Salon, Amanda Marcotte, « Trump’s reality TV tricks can’t hide the affordability crisis », 10 décembre 2025. Le Temps, « L’économie américaine sous Trump plie mais ne rompt pas », 2025. Courrier International, « Comment va l’économie américaine ? Donald Trump entre déni et palliatifs », 2025. Les Échos, « L’économie américaine tourne de plus en plus à deux vitesses », 2025. Le Monde, « La Réserve fédérale américaine baisse ses taux, sur fond de division des gouverneurs quant à l’état de l’économie aux États-Unis », 10 décembre 2025. Le Devoir, « Le moral au tapis, une vibecession aux États-Unis », 2025. NPR, « Trump calls affordability crisis a hoax. The data tells a different story », 11 décembre 2025. Wharton School, « The Economic Effects of President Trump’s Tariffs », 2025. CNBC, Robert Reich, « Trump tariffs could signal decline of American influence », 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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