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Les visites du vice-président

Tout a commencé en août 2025, lorsque JD Vance a posé le pied à Indianapolis pour la première fois. Le vice-président, originaire de l’Ohio voisin, connaissait bien le Midwest et ses codes. Sa mission était simple en apparence : convaincre les législateurs républicains de l’Indiana d’adopter un nouveau découpage électoral. À cette époque, le Texas était encore en train de finaliser sa propre carte, et la Californie démocrate préparait sa riposte. Vance est arrivé avec des arguments rodés : la loyauté au parti, la nécessité de contrer les démocrates, l’importance stratégique pour les midterms. Il a rencontré les leaders républicains, dont le président pro tempore du Sénat Rodric Bray et le speaker de la Chambre Todd Huston. Les discussions se sont déroulées à huis clos, mais le message était limpide : Washington attendait des résultats. Peu après cette première visite, les téléphones des électeurs de l’Indiana ont commencé à sonner. Des appels automatisés d’un groupe obscur nommé Forward America exhortaient les citoyens à contacter leurs élus pour réclamer le redécoupage.

En octobre, Vance est revenu. Cette fois, l’atmosphère était différente. Plus tendue. Plus urgente. Les résistances au sein du Sénat républicain de l’Indiana commençaient à se cristalliser. Certains sénateurs exprimaient ouvertement leurs doutes. Leurs électeurs, disaient-ils, n’étaient pas favorables à cette manœuvre. Vance a multiplié les rencontres, tentant de rallier les indécis. Il a été rejoint par le sénateur fédéral Jim Banks et d’autres membres de la délégation congressionnelle républicaine de l’Indiana. Ensemble, ils ont fait pression sur les législateurs d’État, invoquant la loyauté partisane et les enjeux nationaux. Mais quelque chose ne passait pas. Les Hoosiers—c’est ainsi qu’on appelle les habitants de l’Indiana—n’appréciaient guère qu’on leur dicte leur conduite depuis Washington. La sénatrice républicaine Sue Glick le formulera plus tard avec une franchise désarmante : « Vous devez connaître les Hoosiers. On ne peut pas nous intimider, on n’aime pas ça. »

Trump entre en scène

Fin août, Rodric Bray et Todd Huston se sont retrouvés dans le Bureau ovale. Face à eux, Donald Trump en personne. La rencontre n’a pas été rendue publique dans ses détails, mais un représentant d’État a confié à un ami que le message de Washington était sans équivoque : « Ce n’est pas optionnel. » Trump voulait ce redécoupage. Il le voulait maintenant. Et il ne tolérerait aucune résistance. En octobre, le président est allé plus loin en téléphonant directement lors d’une réunion du caucus républicain du Sénat. Les sénateurs ont écouté, certains avec attention, d’autres avec un malaise croissant. Trump leur a parlé de loyauté, de l’importance de maintenir la majorité républicaine à la Chambre des représentants, des conséquences d’un échec. Mais ses mots, aussi persuasifs soient-ils, se heurtaient à une réalité têtue : beaucoup de ces sénateurs entendaient un message différent de leurs électeurs.

Le gouverneur Mike Braun, élu en 2024 et achevant sa première année au pouvoir, s’est rapidement aligné sur la position de Trump. Fin octobre, il a convoqué une session législative spéciale consacrée au redécoupage, malgré les signaux d’alarme envoyés par Bray qui affirmait ne pas avoir les votes nécessaires au Sénat. Braun, ancien sénateur fédéral lui-même, comprenait les enjeux nationaux. Il a publiquement soutenu l’effort de redécoupage et a même laissé entendre qu’il pourrait soutenir un défi au leadership de Bray si celui-ci continuait à faire obstruction. La pression montait de toutes parts. Des groupes conservateurs comme le Club for Growth ont commencé à diffuser des publicités télévisées en octobre, présentant le redécoupage comme une réponse nécessaire aux manœuvres des États démocrates. Turning Point USA, l’organisation fondée par Charlie Kirk, a envoyé une « équipe de frappe » venue de l’extérieur de l’État pour faire du lobbying auprès des législateurs.

Il y a quelque chose de profondément troublant dans cette escalade. Regardez la chronologie : août, première visite de Vance. Octobre, deuxième visite. Appel téléphonique de Trump. Session spéciale convoquée. Publicités qui inondent les ondes. Groupes de pression qui débarquent. C’est une machine de guerre qui se met en branle. Une machine implacable, méthodique, écrasante. Et face à elle, quoi? Des sénateurs d’État. Des hommes et des femmes qui représentent des circonscriptions locales, qui connaissent leurs voisins par leur prénom, qui vont à l’église le dimanche avec leurs électeurs. Comment résister quand le président des États-Unis vous appelle personnellement? Quand le vice-président fait le déplacement deux fois? Quand votre propre gouverneur vous menace? La plupart auraient cédé. La plupart ont cédé dans d’autres États. Mais pas en Indiana. Pas cette fois.

Les menaces se précisent

À mesure que novembre avançait, il devenait évident que le Sénat de l’Indiana ne suivrait pas docilement. Le 15 novembre, Rodric Bray a lâché une bombe : le Sénat ne se réunirait pas pour examiner le redécoupage car il n’y avait pas assez de votes favorables. C’était un camouflet public pour Trump et ses alliés. La réaction ne s’est pas fait attendre. Trump a immédiatement pris son clavier sur Truth Social, sa plateforme de médias sociaux, pour dénoncer Bray. « Dans tout les États-Unis d’Amérique, républicain ou démocrate, seul le sénateur d’État ‘républicain’ de l’Indiana Rod Bray, un RINO complet et total, s’oppose au redécoupage dans le but d’obtenir des sièges supplémentaires au Congrès », a écrit Trump. « Les Rod Bray de la politique sont FAIBLES et PATHÉTIQUES. » Le terme RINO—Republican In Name Only, républicain de nom seulement—est l’une des insultes favorites de Trump pour désigner ceux qu’il considère comme des traîtres au parti.

Mais Trump n’en est pas resté aux mots. Il a explicitement menacé de soutenir des challengers lors des primaires républicaines contre Bray et tout autre sénateur qui s’opposerait au redécoupage. « Je soutiendrai certainement quiconque voudra se présenter contre lui », a-t-il déclaré. Ces menaces n’étaient pas vaines. Dans le système politique américain, les primaires républicaines sont souvent plus déterminantes que l’élection générale dans les États profondément rouges comme l’Indiana. Un challenger soutenu par Trump, avec l’argent et la machine médiatique qui l’accompagnent, peut facilement renverser un élu en place. Bray, qui ne sera pas réélu avant 2028, savait qu’il avait deux ans et demi pour affronter cette menace. D’autres sénateurs, avec des échéances plus proches, ressentaient une pression encore plus intense. Le Club for Growth, un groupe conservateur influent, a intensifié ses dépenses publicitaires, attaquant nommément les sénateurs réticents.

La violence s’invite dans le débat

Mi-novembre, le débat a franchi une ligne rouge. Le sénateur Greg Goode, qui était publiquement indécis sur le redécoupage, a été victime d’une tentative de swatting. Cette pratique consiste à faire un faux signalement aux forces de l’ordre pour déclencher une intervention policière armée au domicile de la victime. Dans le cas de Goode, quelqu’un a appelé la police en prétendant qu’il avait assassiné sa femme et son enfant. Les forces spéciales ont défoncé sa porte d’entrée et l’ont mis en joue avec des armes. L’incident s’est produit quelques heures seulement après que Trump l’eut qualifié de RINO sur les réseaux sociaux. Goode n’a pas été le seul. Au total, au moins quatorze élus républicains de l’Indiana ont déclaré avoir fait face à des menaces similaires dans les semaines précédant le vote. La sénatrice Jean Leising, 76 ans, conservatrice de longue date et supportrice de Trump, a été la cible d’une menace à la bombe artisanale. Le sénateur Dan Dernulc a été victime de multiples tentatives de swatting.

Le sénateur Michael Crider, whip de la majorité républicaine, a montré à NBC News un courriel qu’il avait reçu. L’expéditeur anonyme menaçait de bombarder sa maison avec des cocktails Molotov et de le tuer. La police a également déjoué une tentative de swatting contre sa résidence. « Ce qui me fait le plus peur, c’est que si les gens exercent une pression sur vous et obtiennent ensuite ce qu’ils veulent, cela leur apprend que c’est ce qu’ils doivent faire la prochaine fois », a déclaré Crider la veille du vote final. « Si quelqu’un obtient ce qu’il veut en exerçant une pression dans une circonstance comme celle-ci, alors vous lui avez appris que ça marche. Essayez à nouveau, pour n’importe quelle question. » Le gouverneur Braun et plusieurs autres législateurs ont également signalé des menaces. Les autorités n’ont établi aucun lien direct entre ces menaces et un groupe ou une campagne spécifique, mais le timing était troublant. Ces incidents se sont multipliés précisément au moment où la pression politique atteignait son paroxysme.

Swatting. Menaces de mort. Bombes artisanales. Lisez ces mots lentement. Laissez-les résonner. Nous ne parlons pas d’un pays en guerre civile. Nous ne parlons pas d’une dictature lointaine. Nous parlons de l’Indiana. De l’Amérique. En 2025. Des sénateurs d’État—des gens qui ont consacré leur vie au service public—se font défoncer leur porte par des équipes SWAT à cause d’un vote sur une carte électorale. Leurs familles vivent dans la terreur. Leurs enfants reçoivent des messages haineux. Et pourquoi? Parce qu’ils osent écouter leurs électeurs plutôt que le président. Parce qu’ils osent dire que peut-être, juste peut-être, découper Indianapolis en quatre morceaux n’est pas la bonne chose à faire. Cette violence—qu’elle vienne de partisans enragés ou d’acteurs malveillants profitant du chaos—est le symptôme d’une démocratie malade. Gravement malade.

Sources primaires

NPR – « In a setback for Trump, Indiana lawmakers defeat redistricting plan » – 11 décembre 2025. CNN Politics – « Indiana Senate Republicans reject Trump’s redistricting push » – 11 décembre 2025. NBC News – « We can’t be bullied: How Trump and the GOP’s redistricting push in Indiana backfired » – 12 décembre 2025. PBS NewsHour – « Indiana Republicans block new congressional map in rare break with Trump » – 11 décembre 2025. The Guardian – « Indiana Republicans defy Trump to reject new voting map » – 11 décembre 2025.

Sources secondaires

WFYI Indianapolis – « In a setback for Trump, Indiana lawmakers defeat redistricting plan » – 11 décembre 2025. Indiana Capital Chronicle – « Backlash intensifies after Indiana Senate kills Trump’s mid-decade congressional redistricting push » – 12 décembre 2025. Politico – « Indiana GOP rejects Trump’s map in major blow to his redistricting push » – 11 décembre 2025. ABC News – « Indiana lawmakers reject congressional redistricting plan despite Trump pressure » – 11 décembre 2025. CNBC – « Indiana redistricting bill defeated, Trump backed measure » – 11 décembre 2025. IndyStar – « Here’s how every Indiana senator voted on redistricting » – 11 décembre 2025. Axios – « Indiana rejection cuts into Trump’s redistricting push » – 12 décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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