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L’opération commando qui a sidéré le monde

L’opération de saisie du Skipper a été minutieusement planifiée et exécutée avec une précision militaire qui ne laisse aucun doute sur les intentions américaines. Selon les images satellites analysées par TankerTrackers.com, le navire avait déchargé une partie de sa cargaison de pétrole brut vénézuélien près de l’île caribéenne de Curaçao vers un autre pétrolier, sur une route apparente vers Cuba. Ce schéma de transbordement est devenu courant dans le commerce pétrolier sous sanctions : des superpétroliers tiers transportent du brut vénézuélien sous des affrètements communs, font escale dans les Caraïbes pour transférer une partie de leur cargaison vers un navire destiné à Cuba, puis poursuivent leur route vers la Chine avec le reste du pétrole. Cette gymnastique logistique permet de contourner partiellement les sanctions américaines, mais elle expose également les navires à des risques considérables. Le Skipper transportait environ un million cent mille barils de brut vénézuélien au moment de sa saisie, une cargaison d’une valeur estimée à plusieurs dizaines de millions de dollars. Le mandat autorisant l’opération avait été délivré « il y a environ deux semaines » par un tribunal américain, sur la base des activités passées présumées du navire dans le trafic de pétrole iranien. Mais les détails restent flous, et l’administration Trump refuse de divulguer les preuves justifiant cette action.

La saisie elle-même a été spectaculaire. Des forces spéciales américaines, probablement des Navy SEALs ou des membres du DEVGRU (Development Group, l’unité d’élite de la Navy), ont été héliportées sur le pont du Skipper en pleine mer. Les images diffusées par la ministre de la Justice Pam Bondi montrent des soldats lourdement armés descendant en rappel depuis des hélicoptères militaires, sécurisant rapidement le navire sans rencontrer de résistance. L’équipage, probablement terrifié par cette démonstration de force, n’a opposé aucune opposition. Le pétrolier a ensuite été escorté vers un port américain, où il reste actuellement sous contrôle des autorités. Cette opération marque une escalade majeure dans la stratégie américaine. Jusqu’à présent, les États-Unis se contentaient généralement de sanctionner les navires et leurs propriétaires, rendant difficile leur accès aux ports et aux services bancaires internationaux. Mais saisir physiquement un pétrolier en haute mer, c’est franchir un seuil. C’est affirmer que les États-Unis ont le droit d’intercepter n’importe quel navire, n’importe où, s’ils estiment qu’il viole leurs sanctions—même si ces sanctions ne sont reconnues ni par l’ONU ni par la communauté internationale. C’est l’expression la plus pure de l’extraterritorialité du droit américain, cette prétention à imposer ses lois au monde entier. Et c’est terrifiant, parce que ça signifie qu’aucun armateur, aucun capitaine, aucun équipage n’est à l’abri si Washington décide de les prendre pour cible.

Ces images de commandos prenant d’assaut le Skipper me glacent. Pas à cause de la violence—elle est presque aseptisée, professionnelle, efficace. Non, ce qui me glace, c’est la banalisation. On regarde ça comme on regarderait un film d’action, avec une sorte de fascination morbide pour la prouesse technique. Mais derrière ces images, il y a une réalité terrifiante : les États-Unis s’arrogent le droit de saisir n’importe quel navire, n’importe où dans le monde, sans avoir à rendre de comptes à personne. Pas à l’ONU, pas à la Cour internationale de justice, pas même à leurs propres alliés. Juste parce qu’ils en ont décidé ainsi. Et le plus effrayant, c’est que personne ne proteste vraiment. Oh, bien sûr, le Venezuela et Cuba dénoncent, mais qui les écoute ? L’Europe reste silencieuse, la Chine grommelle sans agir, la Russie est trop occupée ailleurs. Le monde accepte cette nouvelle normalité : l’Amérique fait ce qu’elle veut, quand elle veut, où elle veut. Et nous, spectateurs impuissants, on assiste à la mort lente du droit international, remplacé par la loi du plus fort. C’est ça qui me brise. Pas la saisie en elle-même, mais ce qu’elle révèle de notre monde : un monde où la force prime sur le droit, où la puissance écrase la justice, où les petits pays n’ont d’autre choix que de se soumettre ou de mourir à petit feu.

Trump et sa doctrine de domination hémisphérique

La saisie du Skipper ne peut se comprendre qu’à la lumière de la stratégie de sécurité nationale publiée par l’administration Trump le 4 décembre 2025. Ce document de trente-trois pages établit explicitement l’objectif de « restaurer la prééminence des États-Unis dans l’hémisphère occidental » tout en refusant « aux concurrents non occidentaux la possibilité de positionner des forces ou d’autres capacités menaçantes, ou de posséder ou contrôler des actifs stratégiquement vitaux » dans la région. En clair, l’Amérique latine doit redevenir la chasse gardée de Washington, une zone d’influence exclusive où aucune puissance rivale—en particulier la Chine—ne peut s’implanter. Le Venezuela et Cuba sont au cœur de cette stratégie. Le Venezuela détient les plus grandes réserves prouvées de pétrole au monde, soit plus de trois cents milliards de barils. La Chine achète actuellement environ quatre-vingts pour cent des exportations pétrolières vénézuéliennes, utilisant ce pétrole pour alimenter son économie tout en contournant les sanctions américaines. Pour Trump, c’est intolérable. Il ne s’agit pas seulement de punir le régime de Nicolás Maduro—il s’agit de couper les approvisionnements chinois et de reprendre le contrôle des ressources énergétiques latino-américaines. Cuba, de son côté, représente un symbole : celui de la résistance à l’hégémonie américaine. Depuis la révolution de 1959, l’île a défié Washington, refusant de se plier aux diktats de l’empire. Pour Trump, briser Cuba serait une victoire idéologique majeure, un message envoyé à tous les pays tentés de suivre une voie indépendante.

Cette doctrine se traduit par une militarisation sans précédent de la région. Le Pentagone a déployé plus de quinze mille soldats, une douzaine de navires de guerre (dont le porte-avions USS Gerald R. Ford), des dizaines d’avions et des milliers de militaires dans la mer des Caraïbes et l’océan Pacifique. Il s’agit de la plus grande mobilisation militaire américaine dans les Caraïbes depuis la crise des missiles de Cuba en 1962. Cette présence massive vise à intimider, à dissuader tout commerce avec le Venezuela, et à préparer le terrain pour une éventuelle intervention directe. Trump a d’ailleurs refusé d’exclure l’envoi de troupes au Venezuela, déclarant que les jours de Maduro « sont comptés ». Il a également menacé le président colombien Gustavo Petro, affirmant que « Petro est le prochain ». Cette rhétorique belliqueuse s’accompagne d’actions concrètes. Mardi 9 décembre 2025, deux avions de combat américains ont survolé le golfe du Venezuela pendant environ quarante minutes, s’approchant à moins de vingt milles marins du territoire vénézuélien. C’était une provocation délibérée, un message clair : nous pouvons frapper quand nous voulons, où nous voulons. L’administration a également autorisé des opérations secrètes de la CIA à l’intérieur du Venezuela et élaboré des plans visant à s’en prendre à Maduro et à prendre possession des champs pétrolifères du pays. Selon une analyse du RANE (anciennement Stratfor Center for Applied Geopolitics), « dans les semaines à venir, les États-Unis vont probablement intensifier leur campagne militaire pour mener des frappes ciblées sur le territoire vénézuélien ». Le scénario le plus probable reste « une escalade vers des frappes aériennes américaines ou des opérations des forces spéciales à l’intérieur du territoire vénézuélien, Washington cherchant à affaiblir Maduro et à créer indirectement les conditions d’un changement de régime à long terme ».

Quand je lis cette stratégie de sécurité nationale, j’ai l’impression de replonger dans les années cinquante, à l’époque de la doctrine Monroe et du « big stick » de Theodore Roosevelt. L’Amérique latine comme arrière-cour des États-Unis, les ressources naturelles comme butin de guerre, les gouvernements récalcitrants comme cibles à abattre. On croyait cette époque révolue, enterrée sous les décombres de la guerre froide. Mais non. Elle revient, plus brutale que jamais, débarrassée de toute hypocrisie. Trump ne se cache même plus derrière des prétextes humanitaires ou démocratiques. Il dit les choses crûment : « Nous voulons le pétrole, nous prenons le pétrole. » Point final. Et ce qui me terrifie, c’est que cette franchise brutale trouve un écho dans une partie de l’opinion publique américaine. Après tout, pourquoi se gêner ? Pourquoi respecter le droit international quand on a la force militaire pour l’ignorer ? Cette logique est celle de la jungle, pas celle d’une société civilisée. Mais voilà où nous en sommes : la civilisation recule, la barbarie avance, et nous assistons, impuissants, à la résurgence d’un impérialisme qui ne dit plus son nom mais qui agit avec une violence décomplexée. Cuba et le Venezuela ne sont que les premières victimes. Demain, ce sera qui ? L’Iran ? La Corée du Nord ? Tous ceux qui osent défier l’empire ?

Sources primaires

Connaissance des Énergies avec AFP, « Saisie d’un pétrolier : Cuba reconnaît un impact direct sur son économie », publié le 12 décembre 2025. Ouest-France, « La saisie d’un pétrolier par les États-Unis renforce la guerre économique contre Cuba, fustige La Havane », publié le 12 décembre 2025. World Socialist Web Site, « Les États-Unis saisissent un pétrolier vénézuélien dans un acte de piraterie internationale », par Andre Damon, publié le 12 décembre 2025. Investing.com France, « La saisie par les États-Unis d’un pétrolier vénézuélien menace d’aggraver la crise énergétique cubaine », publié le 12 décembre 2025. Reuters, analyses et données maritimes sur les exportations pétrolières vénézuéliennes vers Cuba, novembre 2025. TankerTrackers.com, données satellites sur les mouvements du pétrolier Skipper, décembre 2025.

Sources secondaires

Washington Post, articles sur la saisie du pétrolier Skipper et les opérations militaires américaines dans les Caraïbes, décembre 2025. RANE (anciennement Stratfor Center for Applied Geopolitics), analyses sur l’escalade militaire américaine au Venezuela, décembre 2025. Jorge Piñón, analyste de l’infrastructure énergétique cubaine à l’Université du Texas à Austin, déclarations sur la crise énergétique cubaine, décembre 2025. Documents internes de PDVSA (compagnie pétrolière nationale vénézuélienne) sur les exportations vers Cuba, janvier-novembre 2025. Stratégie de sécurité nationale de l’administration Trump, publiée le 4 décembre 2025. NewsNation, déclarations du sénateur Rand Paul sur la saisie du pétrolier, décembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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