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Un instrument controversé

Le Bureau des grands projets représente l’une des initiatives les plus polemiques et les plus significatives du gouvernement Carney en matière de développement économique national. Créé suite à l’adoption d’une législation controversée durant l’été 2025, cet organe gouvernemental vise spécifiquement à accélérer les processus d’approbation pour les projets d’infrastructure majeurs considérés comme essentiels au renforcement de l’économie canadienne. La philosophie sous-jacente à cette initiative repose sur l’idée que le Canada doit surmonter ce que le premier ministre qualifie de paralysie bureaucratique qui aurait entravé le développement économique pendant une décennie, particulièrement dans le secteur énergétique de l’Ouest canadien. Les critiques, cependant, ont rapidement souligné que cette approche risquait de compromettre les protections environnementales et, plus fondamentalement, les droits des peuples autochtones qui avaient gagné en reconnaissance et en force dans les processus décisionnels au cours des dernières années. La controverse initiale entourant la création de ce bureau découlait précisément du fait que la législation avait été développée et adoptée sans participation significative des leaders autochtones, créant ainsi un précédent inquiétant quant à l’engagement réel du gouvernement en matière de consultation et de consentement.

Pour tenter de répondre à ces préoccupations légitimes et de calmer les critiques virulentes émanant des communautés autochtones et des défenseurs des droits de la personne, le gouvernement a ajouté postérieurement un conseil consultatif autochtone au Bureau des grands projets. Cette structure était présentée comme un mécanisme permettant d’intégrer effectivement les perspectives autochtones dans les processus décisionnels concernant les projets majeurs qui affecteraient leurs territoires traditionnels et leurs modes de vie. Le conseil consultatif était également chargé de travailler à l’intégration de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dans la prise de décision gouvernementale concernant ces projets d’envergure nationale. Trevor Mercredi, qui avait été l’un des critiques les plus vocaux de la législation initiale lors d’une rencontre entre les chefs des Premières Nations et le gouvernement fédéral en juillet 2025, avait été choisi parmi les onze membres du conseil, précisément en raison de sa crédibilité et de sa capacité à représenter les intérêts des communautés directement concernées par les projets de développement énergétique. À cette époque, Mercredi avait déclaré publiquement que Mark Carney avait un énorme travail à accomplir pour regagner la confiance des leaders des Premières Nations, une observation qui s’avère aujourd’hui prophétique compte tenu de la révélation concernant le manque de consultation autour de l’accord sur l’oléoduc.

Des promesses en l’air

Les promesses formelles associées à la création du conseil consultatif autochtone étaient ambitieuses et, en surface du moins, semblaient répondre aux préoccupations soulevées par les critiques du processus initial. Le mandat explicite du conseil incluait la responsabilité de travailler avec les peuples autochtones pour intégrer les principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones dans les processus décisionnels gouvernementaux concernant les grands projets. Cette intégration était présentée comme essentielle pour assurer que les droits autochtones soient respectés et que les bénéfices économiques du développement national soient partagés équitablement avec les communautés autochtones. Le Bureau des grands projets, dans sa conception formelle, était censé fonctionner comme un médiateur entre les promoteurs de projets, les gouvernements provinciaux et territoriaux, et les peuples autochtones, afin de trouver des solutions équilibrées qui respectent à la fois les impératifs économiques nationaux et les droits constitutionnels des peuples autochtones. Cette approche était particulièrement importante dans le contexte de l’Alberta, où de nombreux projets énergétiques potentiels affecteraient directement les territoires traditionnels des nations du Traité numéro 6, 7 et 8.

La réalité, cependant, s’est avérée bien différente des promesses formelles. Comme l’a révélé Trevor Mercredi lors de sa conférence de presse du 12 décembre, le conseil consultatif autochtone a été complètement mis à l’écart du processus ayant mené à l’accord historique entre Ottawa et l’Alberta. Les membres du conseil n’ont été informés de l’existence de ces négociations ou de l’accord lui-même que lorsque ces informations sont devenues publiques, au même moment que le reste de la population canadienne. Cette exclusion est d’autant plus significative que l’accord concerne directement un projet d’oléoduc qui traverserait potentiellement les territoires traditionnels des nations que le conseil est censé représenter. Cette omission démontre une fracture profonde entre les déclarations politiques sur l’importance de la réconciliation et les pratiques réelles du gouvernement dans la prise de décision concernant les projets majeurs. Le fait que le conseil consultatif ait été créé spécifiquement pour éviter ce type de situation rend cette exclusion encore plus préoccupante et soulève des questions fondamentales sur l’engagement réel du gouvernement envers des relations significatives avec les peuples autochtones basées sur le respect et le consentement éclairé.

Chaque fois que je vois ces histoires, je ressens une profonde lassitude mêlée à une colère froide. Le Bureau des grands projets était présenté comme la solution magique, la manière moderne de concilier développement économique et droits autochtones. Quelle blague. Quelle illusion. Créer un comité pour dire qu’on consulte, puis prendre les décisions importantes en secret sans même informer ce comité. C’est le summum de l’hypocrisie institutionnelle. C’est traiter les peuples autochtones comme des objets décoratifs dans un processus décisionnel qui se déroule sans eux. La rage monte en moi quand je pense à tous ces discours sur la réconciliation, tous ces serments solennels sur les droits autochtones, pour finalement constater que dans les faits, rien n’a vraiment changé. Les mêmes vieilles habitudes, les mêmes dynamiques de pouvoir, les mêmes exclusions. C’est épuisant.

Sources

Sources primaires

The Globe and Mail, « Ottawa’s Indigenous advisers weren’t told about Alberta pipeline agreement, chief says », 12 décembre 2025

CBC News, « Here’s what to know about Canada’s landmark energy agreement with Alberta », 27 novembre 2025

Government of Canada, Memorandum of Understanding between Canada and Alberta on energy collaboration, novembre 2025

Assembly of First Nations, Statement on Canada-Alberta pipeline agreement, décembre 2025

Sources secondaires

Global News, « Ottawa’s Indigenous advisers weren’t told of pipeline deal with Alberta », 12 décembre 2025

BBC News, « Carney’s new Alberta oil pipeline deal already faces opposition », novembre 2025

The Conversation, « Why Mark Carney’s pipeline deal with Alberta puts the Canadian federation in jeopardy », décembre 2025

Environmental Defence, Statement on Canada-Alberta energy agreement, novembre 2025

David Suzuki Foundation, Response to Canada-Alberta pipeline MOU, novembre 2025

Calgary Herald, « Making of ‘grand bargain’ — how Smith, Carney forged an energy deal », novembre 2025

Greenpeace Canada, « Did someone say MOU? Reading between the lines of Mark Carney’s pipeline plan », décembre 2025

Pipeline Online, « Oil pipeline to Canada coast may be 50% Indigenous-owned, Alberta says », décembre 2025

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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