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Quand les milliards se multiplient comme des lapins

La relation de Donald Trump avec les chiffres ressemble à une romance passionnelle et toxique. Il les adore, les caresse, les enflamme, jusqu’à ce qu’ils deviennent méconnaissables. L’affirmation des 18 000 milliards de dollars d’investissements n’est pas une simple exagération. C’est une falsification délibérée de la réalité, une inflation numérique qui sert un agenda politique précis : celui de la grandeur retrouvée, de l’Amérique triomphante qui attire les richesses du monde entier. Sauf que les faits, têtus, racontent une autre histoire. Selon les analyses factuelles menées par des organisations réputées comme PolitiFact et Poynter, le chiffre réel se situe autour de 9 600 milliards, soit exactement la moitié de ce que Trump revendique.

Cette divergence n’est pas anodine. Elle révèle une stratégie de communication qui consiste à dépasser systématiquement les bornes du raisonnable pour créer une impression de puissance exceptionnelle. 9 600 milliards, c’est déjà un chiffre considérable. Pourquoi alors doubler cette somme ? Parce que dans l’univers trumpien, tout doit être plus grand, plus impressionnant, plus spectaculaire. Les experts en économie soulignent d’ailleurs que même ce chiffre de 9 600 milliards doit être pris avec des pincettes. Il inclut des promesses à long terme, des accords commerciaux futurs, et des investissements qui auraient probablement eu lieu même sans l’intervention de l’administration Trump. Bloomberg Economics a estimé que sur ces 9 600 milliards, seulement 7 000 milliards pourraient être considérés comme de véritables engagements d’investissement. Le reste relève plus du wishful thinking que des contrats signés.

La géopolitique des promesses

Les engagements les plus spectaculaires proviennent de pays dont les capacités économiques réelles soulèvent des questions légitimes. L’Arabie Saoudite aurait promis 600 milliards de dollars, soit la moitié de son PIB annuel. Le Qatar 1 200 milliards, ce qui représente près de six fois son Produit Intérieur Brut annuel. Les Émirats Arabes Unis 1 400 milliards, l’équivalent de trois ans de leur économie complète. Ces chiffres défient l’entendement économique. Comment un pays comme le Qatar, avec un PIB de 218 milliards en 2024, pourrait-il investir 1 200 milliards aux États-Unis ? Cela reviendrait à dire qu’il va consacrer la totalité de sa richesse nationale pendant six ans entièrement aux investissements américains, sans dépenser un centime pour son propre fonctionnement, sa population, son infrastructure.

Les économistes et les analystes internationaux sont formels : de telles promesses sont soit irréalistes, soit需要 être comprises comme des objectifs à très long terme, soit incluent des éléments qui ne sont pas de purs investissements directs. Beaucoup de ces « engagements » mélangent investissements, achats futurs, et accords commerciaux. Par exemple, une partie des chiffres annoncés par le Qatar concerne des achats d’avions Boeing sur plusieurs années, des transactions qui auraient de toute façon eu lieu dans le cadre normal des relations commerciales bilatérales. En gonflant ces chiffres, en mélangeant investissements directs et achats commerciaux, l’administration Trump crée une image de succès économique qui résiste mal à l’analyse factuelle mais qui, sur le plan de la communication politique, s’avère redoutablement efficace.

Je suis fasciné par cette capacité à transformer des banalités en triomphes épiques. Chaque accord commercial devient une victoire historique, chaque promesse un investissement record. C’est une forme de sorcellerie sémantique où les mots perdent leur sens originel pour devenir des armes politiques. Et ce qui m’effraie le plus, c’est que ça marche. Que des millions de gens croient en ces chiffres absurdes, se nourrissent de cette fiction grandiose. Sommes-nous tellement désespérés de croire en un retour de grandeur que nous sommes prêts à avaler des couleuvres monumentales ? La démocratie fonctionne parce qu’elle repose sur un consensus minimal sur la réalité. Que se passe-t-il quand ce consensus vole en éclats ?

Sources

Sources primaires

Le Monde, « Donald Trump multiplie les inexactitudes lors d’une allocution à la nation », publié le 18 décembre 2024. Maison Blanche, site officiel des investissements, consulté en décembre 2024. Allocution présidentielle de Donald Trump, 17 décembre 2024, retranscription officielle.

Sources secondaires

Poynter/PolitiFact, « Trump says the US secured at least $18 trillion worth of investments this year. That’s wrong », publié le 12 décembre 2024. Palm Beach Post/USA TODAY, « President Trump says he has ended 8 wars. What is he referring to? », publié le 5 décembre 2024. Bloomberg Economics, analyse des investissements déclarés par la Maison Blanche, novembre 2024. Reuters, divers articles sur les accords de paix mentionnés par Trump, 2024. Associated Press, analyses des déclarations économiques de Trump, 2024.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

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