6,5 millions de Canadiens sans médecin de famille
La réalité de la pénurie de médecins au Canada n’est pas une abstraction statistique. C’est une crise humaine qui touche des millions de personnes. En 2024, environ 5,7 millions d’adultes canadiens, soit 17% de la population adulte, et environ 765 000 enfants et jeunes canadiens, soit 11%, ont déclaré ne pas avoir de fournisseur de soins de santé habituel. Ces chiffres, publiés par Statistique Canada, ne cessent d’augmenter année après année. Et derrière chaque pourcentage, il y a des visages, des histoires, des souffrances. Des personnes qui reportent des consultations médicales parce qu’elles ne savent pas vers qui se tourner. Des maladies chroniques qui se développent sans suivi adéquat. Des urgences qui auraient pu être évitées avec un accès régulier à un médecin de famille.
Le Canada comptait en 2023 un peu plus de 97 000 médecins pour près de 40 millions d’habitants. La moitié d’entre eux seulement étaient des médecins de famille, chacun ayant en moyenne 843 patients à charge. Huit cent quarante-trois patients. Imaginez la charge de travail. Imaginez l’impossibilité de fournir des soins personnalisés, attentifs, préventifs, à un tel nombre de personnes. Les médecins de famille sont submergés, épuisés, au bord du burnout. Et pendant ce temps, le système continue de fonctionner comme si tout allait bien, comme si cette situation était tenable, comme si on pouvait indéfiniment demander plus avec moins de ressources.
Les régions rurales abandonnées à leur sort
L’accès à un médecin de famille est particulièrement difficile dans les régions rurales et éloignées. Près de 20% de la population canadienne vit en milieu rural, mais seulement 7% des médecins choisissent d’y exercer. Cette disparité géographique crée des déserts médicaux où les habitants doivent parcourir des centaines de kilomètres pour consulter un spécialiste, où les urgences locales sont fermées faute de personnel, où les femmes enceintes doivent accoucher loin de chez elles parce qu’il n’y a plus de maternité dans leur région. Les médecins des communautés rurales et isolées sont confrontés à des défis uniques: l’isolement professionnel, le manque de ressources, l’élargissement de leur champ d’activité, la difficulté d’accéder à des spécialistes pour leurs patients.
Ces conditions contribuent à l’épuisement professionnel et rendent le recrutement et la rétention extrêmement difficiles. Un médecin qui s’installe en région rurale doit souvent être polyvalent, capable de gérer des urgences, des accouchements, des soins chroniques, sans le filet de sécurité d’un hôpital universitaire à proximité. La charge mentale est énorme. Le sentiment d’isolement peut devenir écrasant. Et pourtant, ces communautés ont désespérément besoin de ces professionnels de la santé. Elles ont besoin de médecins qui acceptent de s’installer durablement, de s’intégrer dans le tissu social local, de devenir des piliers de la communauté. Mais comment attirer et retenir ces médecins quand les conditions de travail sont si difficiles, quand le soutien institutionnel est si faible, quand l’isolement professionnel est si pesant?
J’ai grandi dans une petite ville où le médecin de famille était une figure centrale. Tout le monde le connaissait. Il connaissait tout le monde. Il était là pour les naissances, les maladies, les fins de vie. Aujourd’hui, cette réalité a disparu dans de nombreuses régions rurales. Les cabinets ferment. Les médecins partent. Et les communautés se retrouvent orphelines de soins de santé. Cette situation me révolte profondément parce qu’elle révèle une inégalité territoriale inacceptable. Vivre en région rurale ne devrait pas signifier renoncer à un accès décent aux soins de santé. Mais c’est pourtant la réalité pour des centaines de milliers de Canadiens.
13 000 médecins formés à l'étranger qui n'exercent pas : un gâchis monumental
Des compétences inexploitées pendant que le système s’effondre
Plus de 13 000 médecins formés à l’étranger vivant au Canada n’exercent pas dans leur domaine. Treize mille. Laissez ce chiffre résonner un instant. Pendant que des millions de Canadiens cherchent désespérément un médecin de famille, pendant que les urgences débordent, pendant que les délais d’attente pour voir un spécialiste s’allongent indéfiniment, 13 000 médecins qualifiés sont contraints de rester sur la touche. Certains conduisent des taxis. D’autres travaillent dans des entrepôts. D’autres encore ont complètement abandonné l’idée de pratiquer la médecine au Canada et se sont reconvertis dans des domaines totalement différents. Ce gâchis de talents, de compétences, d’expérience, est proprement scandaleux.
La Dre Margot Burnell, présidente de l’Association médicale canadienne, a souligné dans son communiqué que cette mesure représente un pas dans la bonne direction, mais qu’il fallait faire davantage pour accélérer la reconnaissance des diplômes médicaux étrangers. Elle a raison. Le processus actuel de reconnaissance des titres de compétence est long, complexe, coûteux et souvent décourageant. Les médecins formés à l’étranger doivent passer des examens, effectuer des stages, naviguer dans un labyrinthe bureaucratique qui peut prendre des années. Pendant ce temps, leurs compétences se perdent, leur confiance s’érode, et le système de santé canadien continue de souffrir d’une pénurie qu’il pourrait en partie résoudre s’il savait mieux utiliser les ressources humaines déjà présentes sur son territoire.
Un système de reconnaissance des diplômes à bout de souffle
La reconnaissance des titres de compétence étrangers et la délivrance des permis d’exercice aux médecins relèvent de chaque province et territoire. Cette fragmentation crée des incohérences, des délais variables, des exigences différentes d’une juridiction à l’autre. Un médecin qui obtient sa licence en Ontario ne peut pas automatiquement exercer au Québec ou en Colombie-Britannique. Il doit recommencer une partie du processus. Cette situation absurde décourage de nombreux médecins internationaux qui finissent par abandonner ou par quitter le Canada pour des pays où la reconnaissance de leurs compétences est plus rapide et plus simple.
Le Programme des candidats des provinces constitue un outil efficace pour le recrutement de professionnels de la santé, mais il reste insuffisant face à l’ampleur de la crise. Les provinces et territoires ont des besoins différents, des priorités différentes, des capacités d’accueil différentes. Comme l’a souligné la ministre Diab, les besoins en matière de soins de santé sont différents dans le centre-ville de Toronto et dans les zones rurales de la Saskatchewan. Cette approche régionalisée a du sens, mais elle ne doit pas se traduire par une complexification supplémentaire du processus pour les médecins internationaux. Il faut trouver un équilibre entre la nécessité de répondre aux besoins locaux et celle de simplifier les parcours d’intégration professionnelle.
Quand je pense à ces 13 000 médecins qui ne peuvent pas exercer, je ressens une frustration immense. Imaginez avoir consacré des années de votre vie à étudier la médecine, avoir soigné des patients dans votre pays d’origine, avoir développé une expertise, et vous retrouver au Canada à conduire un taxi ou à travailler dans un entrepôt parce que votre diplôme n’est pas reconnu. C’est une humiliation. C’est un gaspillage. C’est une injustice. Et pendant ce temps, des Canadiens meurent faute de soins accessibles. Cette situation est intenable moralement et pratiquement.
Le déclin de la médecine familiale : une profession en crise
Seulement 27,9% des diplômés choisissent la médecine familiale
Selon les résultats du jumelage de 2025, seulement 27,9% des diplômés en médecine canadiens ont choisi la médecine familiale comme premier choix, contre 31,4% en 2024. Cette baisse est alarmante. Elle révèle une crise profonde de l’attractivité de cette spécialité pourtant essentielle au bon fonctionnement du système de santé. Pourquoi les jeunes médecins se détournent-ils de la médecine familiale? Les raisons sont multiples et interconnectées. Les salaires sont moins élevés que dans d’autres spécialités. Les conditions de travail sont difficiles. La charge administrative est écrasante. L’épuisement professionnel guette. Et la reconnaissance sociale de cette profession, autrefois considérée comme le pilier du système de santé, s’est érodée au fil des années.
Les nouveaux médecins obtiennent souvent leur diplôme avec une dette supérieure à 90 000 dollars. Dans certains cas, les médecins de famille gagnent jusqu’à 29% de moins que les autres spécialistes, tout en assumant les frais liés à leur cabinet, tels que le loyer, les fournitures et le personnel. Ces pressions financières détournent certains étudiants de la médecine familiale vers des spécialités mieux rémunérées. On ne peut pas leur en vouloir. Quand vous sortez de vos études avec une dette massive, quand vous voyez vos collègues spécialistes gagner significativement plus que vous pour des horaires souvent plus prévisibles, la tentation de choisir une autre voie est forte. Le système a créé une hiérarchie implicite où la médecine familiale est perçue comme moins prestigieuse, moins valorisée, moins attractive.
Un système qui décourage les vocations
Au cours des 20 dernières années, les facultés de médecine ont ajouté 3 573 places au premier cycle, soit une augmentation de 43,6%, et 5 370 postes de résidence, soit une augmentation de 66,9%. Mais elles ont désormais atteint, voire dépassé, leur capacité maximale. Former un nouveau médecin prend du temps, jusqu’à dix ans entre la première année d’études et l’obtention du droit d’exercer, et nécessite un accompagnement adapté tout au long du parcours. Les gouvernements provinciaux ont compétence en matière d’enseignement postsecondaire et de soins de santé, ce qui rend difficile la réalisation d’investissements cohérents et pancanadiens dans l’enseignement médical.
Les taux de rétention varient également d’une province à l’autre. Certaines provinces, comme le Québec et l’Ontario, conservent plus de 80% de leurs diplômés en médecine, tandis que d’autres connaissent une plus grande mobilité. La rétention est particulièrement faible dans certaines spécialités, avec seulement 71% des stagiaires en psychiatrie et 82% des diplômés en médecine familiale qui poursuivent leur pratique. Ces chiffres révèlent un problème systémique. Former des médecins ne suffit pas si on ne crée pas les conditions pour qu’ils restent dans le système, pour qu’ils choisissent la médecine familiale, pour qu’ils s’installent dans les régions qui en ont le plus besoin. Il faut repenser entièrement l’attractivité de cette profession, sa valorisation, ses conditions d’exercice.
Je me souviens d’une conversation avec une jeune médecin de famille qui m’avait confié son épuisement. Elle travaillait 60 heures par semaine, gérait une charge administrative kafkaïenne, gagnait moins que ses collègues spécialistes, et se sentait constamment coupable de ne pas pouvoir consacrer assez de temps à chacun de ses patients. Elle m’avait dit: « J’aime mon métier, mais le système me tue à petit feu. » Cette phrase m’a hanté. Parce qu’elle résume parfaitement la situation. Nous sommes en train de perdre une génération de médecins de famille, non pas par manque de vocation, mais parce que le système les broie.
Les mesures concrètes annoncées par Ottawa
Une nouvelle catégorie d’Entrée express dédiée aux médecins
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada créera une nouvelle catégorie d’Entrée express pour les médecins étrangers ayant au moins un an d’expérience de travail au Canada dans une profession admissible, acquise au cours des trois dernières années. Ces médecins travaillent déjà au Canada à titre temporaire, soignent des patients et contribuent au système de santé. Le gouvernement leur offre une voie claire vers la résidence permanente au Canada afin de combler les besoins critiques de main-d’œuvre en santé, tout en contribuant à assurer la stabilité du système de santé et l’accès à des soins fiables pour la population canadienne. Les invitations à présenter une demande au titre de cette nouvelle catégorie d’Entrée express seront envoyées au début de 2026.
Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la Stratégie d’attraction des talents internationaux, qui vise à renforcer les emplois et les secteurs qui propulsent l’économie et les communautés canadiennes, tout en contribuant à rétablir l’équilibre et la viabilité à long terme du système d’immigration. La ministre Diab a déclaré lors de la conférence de presse: « Beaucoup de ces médecins traitent déjà des patients dans nos communautés. Nous ne pouvons pas nous permettre de les perdre. Cela montre à tous les médecins qui sont ici temporairement que nous les apprécions et que nous voulons qu’ils restent. » Ces mots, aussi rassurants soient-ils pour les médecins concernés, arrivent après des années d’incertitude, de précarité, d’attente.
5000 places réservées pour les désignations provinciales
Le gouvernement du Canada réservera 5 000 places dans les admissions fédérales pour permettre aux provinces et aux territoires de désigner des médecins autorisés et titulaires d’une offre d’emploi. Ces places s’ajoutent aux allocations annuelles du Programme des candidats des provinces. Les médecins qui seront désignés bénéficieront d’un traitement accéléré de leur demande de permis de travail en 14 jours, ce qui leur permettra d’exercer leur profession en attendant la résidence permanente. Cette approche permet aux provinces et territoires de concentrer les demandes de permis de travail sur leurs besoins locaux spécifiques.
La ministre Diab a ajouté que cela avait été une demande importante de la part de ses homologues provinciaux et territoriaux au cours des derniers mois. Cette collaboration fédérale-provinciale est essentielle pour répondre efficacement à la crise. Chaque région a des besoins différents, des défis différents, des priorités différentes. Une approche unique ne peut pas fonctionner dans un pays aussi vaste et diversifié que le Canada. Les zones rurales de la Saskatchewan n’ont pas les mêmes besoins que le centre-ville de Toronto. Les communautés autochtones isolées du Nord n’ont pas les mêmes défis que les banlieues de Montréal. Cette flexibilité régionale est donc bienvenue, à condition qu’elle ne se traduise pas par une complexification supplémentaire pour les médecins internationaux.
Quand j’entends parler de ces 5000 places réservées, je me dis que c’est un début. Mais seulement un début. Face à l’ampleur de la crise, face aux 6,5 millions de Canadiens sans médecin de famille, face aux 13 000 médecins formés à l’étranger qui ne peuvent pas exercer, 5000 places semblent dérisoires. C’est comme mettre un pansement sur une hémorragie. Nécessaire, certes. Mais largement insuffisant. Il faudra bien plus que cela pour redresser un système de santé à bout de souffle.
Les réactions du milieu médical : entre espoir et scepticisme
L’Association médicale canadienne salue un pas dans la bonne direction
La Dre Margot Burnell, présidente de l’Association médicale canadienne, a affirmé que cette mesure représente un pas dans la bonne direction. Elle a déclaré: « En créant une voie vers la résidence permanente pour les médecins qui se trouvent déjà ici avec un visa temporaire, nous renforçons notre main-d’œuvre en santé, nous comblons des besoins d’effectifs et les soins aux patients bénéficient de voix et d’expériences diverses. » Cette reconnaissance de la diversité comme atout pour le système de santé est importante. Les médecins internationaux apportent non seulement leurs compétences techniques, mais aussi une compréhension culturelle, linguistique et sociale qui peut améliorer l’accès aux soins pour les communautés immigrantes.
Cependant, la Dre Burnell a également souligné qu’il fallait faire davantage pour accélérer la reconnaissance des diplômes médicaux étrangers. Elle a déclaré: « En combinant ces politiques d’immigration à l’élargissement de procédures éprouvées de reconnaissance des titres de compétences, qui permettent aux médecins d’entrer en pratique plus rapidement, nous pourrons réellement améliorer l’accès aux soins sans compromettre la qualité des services offerts. » Cette nuance est cruciale. Il ne s’agit pas simplement d’ouvrir les vannes de l’immigration médicale sans garde-fous. Il s’agit de créer des processus efficaces, rapides, mais rigoureux, qui permettent de vérifier les compétences tout en évitant les délais kafkaïens actuels.
Des questions qui restent en suspens
Malgré l’accueil globalement positif de cette annonce, de nombreuses questions restent en suspens. Comment les provinces et territoires utiliseront-ils ces 5000 places? Quels critères utiliseront-ils pour désigner les médecins? Comment s’assurer que les régions rurales et éloignées, qui en ont le plus besoin, bénéficieront effectivement de ces mesures? Comment éviter que les grandes villes monopolisent ces places au détriment des zones moins attractives? Et surtout, comment accélérer réellement le processus de reconnaissance des diplômes sans compromettre la qualité et la sécurité des soins?
Les programmes qui ont fait leurs preuves, comme le programme pour diplômés internationaux en médecine de l’Université du Manitoba ou l’évaluation de la capacité à exercer au Nouveau-Brunswick, montrent qu’il est possible de créer des parcours accélérés tout en maintenant des standards élevés. Ces initiatives devraient être développées et étendues à l’ensemble du pays. Mais cela nécessite des investissements importants, une coordination entre les différents niveaux de gouvernement, et une volonté politique de faire de la santé une véritable priorité nationale. Pour l’instant, les belles paroles et les annonces médiatiques ne suffisent pas. Il faut des actions concrètes, des budgets alloués, des résultats mesurables.
Je veux croire que cette annonce marque un tournant. Je veux croire que le gouvernement fédéral a enfin compris l’urgence de la situation. Mais j’ai aussi appris à me méfier des grandes annonces qui ne se traduisent pas par des changements concrets sur le terrain. Combien de fois avons-nous entendu des promesses de réforme du système de santé? Combien de fois avons-nous vu des plans ambitieux rester lettre morte? Je reste donc prudemment optimiste, mais vigilant. Les médecins internationaux et les millions de Canadiens sans accès aux soins méritent mieux que des promesses creuses.
Le contexte plus large de la crise du système de santé canadien
Un système à bout de souffle depuis des décennies
La crise actuelle du système de santé canadien ne date pas d’hier. Elle est le résultat de décennies de sous-financement, de mauvaise planification, de décisions politiques à court terme qui ont privilégié les économies budgétaires au détriment de l’investissement dans les ressources humaines en santé. Les gouvernements successifs, tant fédéraux que provinciaux, ont fermé les yeux sur les signaux d’alarme. Les associations médicales ont pourtant tiré la sonnette d’alarme à de nombreuses reprises. Les études se sont accumulées, démontrant l’ampleur de la pénurie à venir. Mais rien n’a été fait, ou si peu, si tard.
L’immigration représente presque 100% de la croissance de la population active du Canada et contribue à résoudre les pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs clés. Cette réalité démographique rend d’autant plus absurde le fait que nous n’ayons pas mieux utilisé les compétences des médecins immigrants. Pendant que la population vieillit, que les besoins en soins de santé augmentent, que les maladies chroniques se multiplient, nous avons laissé des milliers de médecins qualifiés sur la touche. Cette gestion catastrophique des ressources humaines en santé est l’une des plus grandes faillites politiques de ces dernières décennies.
Les urgences débordent, les délais d’attente explosent
La pénurie actuelle entraîne des délais d’attente plus longs, des diagnostics erronés et une pression supplémentaire sur les hôpitaux et le personnel soignant. Les urgences hospitalières sont devenues le point de contact principal avec le système de santé pour des millions de Canadiens qui n’ont pas de médecin de famille. Des gens se présentent aux urgences pour des problèmes qui auraient pu être gérés en consultation externe s’ils avaient eu accès à un médecin de famille. Cette situation crée un cercle vicieux: les urgences sont surchargées, les temps d’attente s’allongent, le personnel s’épuise, la qualité des soins se dégrade.
Les délais pour voir un spécialiste peuvent atteindre plusieurs mois, voire plus d’un an dans certaines régions et pour certaines spécialités. Pendant ce temps, des maladies progressent, des cancers se développent, des conditions traitables deviennent chroniques. Le coût humain de cette situation est incalculable. Le coût économique également. Un système de santé dysfonctionnel affecte la productivité, augmente l’absentéisme au travail, réduit la qualité de vie. C’est toute la société canadienne qui paie le prix de cette crise sanitaire que nous avons laissé s’installer.
J’ai accompagné ma mère aux urgences il y a quelques mois. Nous avons attendu sept heures avant qu’elle soit vue par un médecin. Sept heures dans une salle d’attente bondée, avec des gens qui souffraient, qui pleuraient, qui s’impatientaient. Le personnel infirmier était débordé, épuisé, à bout de nerfs. Ce n’était la faute de personne en particulier. C’était la faute d’un système qui a atteint ses limites. Cette expérience m’a profondément marqué. Elle m’a fait réaliser que la crise du système de santé n’est pas une abstraction. C’est une réalité quotidienne pour des millions de Canadiens.
Les défis spécifiques de l'intégration des médecins internationaux
La barrière linguistique et culturelle
L’intégration des médecins internationaux ne se limite pas à la reconnaissance de leurs diplômes. Elle implique également des défis linguistiques et culturels. Un médecin formé dans un système de santé différent doit s’adapter aux pratiques canadiennes, aux protocoles locaux, aux attentes des patients. La communication avec les patients est essentielle en médecine. Un médecin qui ne maîtrise pas parfaitement la langue peut avoir des difficultés à établir une relation de confiance, à comprendre les nuances des symptômes décrits, à expliquer clairement un diagnostic ou un traitement. C’est pourquoi les programmes d’intégration doivent inclure un volet linguistique et culturel solide.
Cependant, cette barrière linguistique peut aussi devenir un atout dans certains contextes. Un médecin qui parle arabe, mandarin, punjabi ou espagnol peut mieux servir les communautés immigrantes qui parlent ces langues. La diversité linguistique et culturelle du corps médical peut améliorer l’accès aux soins pour les populations qui ont des difficultés avec les langues officielles. C’est un aspect souvent négligé dans les discussions sur l’immigration médicale. Les médecins internationaux ne sont pas seulement des solutions à une pénurie de main-d’œuvre. Ils sont aussi des ponts culturels qui peuvent améliorer la qualité et l’accessibilité des soins pour des populations diversifiées.
L’adaptation aux pratiques médicales canadiennes
Les systèmes de santé varient considérablement d’un pays à l’autre. Les protocoles de traitement, les médicaments disponibles, les technologies utilisées, les relations médecin-patient, tout cela peut différer. Un médecin formé en Inde, en Égypte ou aux Philippines doit s’adapter aux pratiques canadiennes. Cette adaptation nécessite du temps, de la formation, du mentorat. Les programmes d’intégration doivent prévoir des stages supervisés, des formations continues, un accompagnement par des médecins expérimentés. Il ne s’agit pas de remettre en question les compétences de ces médecins, mais de leur donner les outils pour exercer efficacement dans le contexte canadien.
Certaines provinces ont développé des programmes innovants pour faciliter cette transition. L’Université du Manitoba offre des programmes spécifiques pour les diplômés internationaux en médecine. Le Nouveau-Brunswick a mis en place une évaluation de la capacité à exercer qui permet aux médecins étrangers de démontrer leurs compétences de manière pratique plutôt que de repasser tous les examens théoriques. Ces initiatives montrent qu’il est possible de créer des parcours d’intégration efficaces qui respectent à la fois les standards de qualité et la réalité des médecins internationaux. Mais ces programmes restent trop limités, trop peu nombreux, trop peu financés.
J’ai rencontré un médecin syrien qui avait exercé pendant quinze ans dans son pays avant de fuir la guerre. Au Canada, il a dû recommencer presque à zéro. Passer des examens qu’il avait déjà réussis des années auparavant. Faire des stages dans des domaines qu’il maîtrisait parfaitement. Attendre, encore et encore. Il m’a dit avec une tristesse infinie: « J’ai sauvé des vies sous les bombes. Ici, on me demande de prouver que je sais prendre une tension artérielle. » Cette humiliation, ce gaspillage de compétences, cette bureaucratie aveugle, tout cela me révolte. Nous devons faire mieux. Nous pouvons faire mieux.
Les solutions à long terme pour résoudre la crise
Investir massivement dans la formation médicale
Pour former davantage de médecins de famille, les gouvernements provinciaux et fédéral doivent collaborer étroitement et investir massivement dans la formation médicale. Cela signifie aider les facultés de médecine à mieux faire ce qu’elles font en investissant dans davantage de professeurs, de sites de formation et de médecins mentors. La réduction des programmes d’études médicales ou le raccourcissement obligatoire des cycles de formation ne sont pas la solution. Former un médecin prend du temps, nécessite des ressources importantes, demande un encadrement de qualité. On ne peut pas former des médecins au rabais sans compromettre la qualité des soins futurs.
Les facultés de médecine ont augmenté leurs capacités au cours des 20 dernières années, mais elles ont désormais atteint leurs limites. Pour aller plus loin, il faut construire de nouvelles infrastructures, recruter de nouveaux professeurs, créer de nouveaux sites de formation clinique. Tout cela coûte cher. Mais le coût de l’inaction est encore plus élevé. Chaque année où nous ne formons pas assez de médecins est une année où la pénurie s’aggrave, où les délais d’attente s’allongent, où des vies sont mises en danger. L’investissement dans la formation médicale n’est pas une dépense, c’est un investissement dans la santé future de la population canadienne.
Rendre la médecine familiale attractive à nouveau
Il faut faire en sorte que la médecine familiale redevienne un choix de carrière privilégié. Cela passe par une augmentation des salaires, des incitations fiscales et des mesures pour faciliter la rentabilité des cabinets de médecine familiale. Les médecins de famille ne devraient pas gagner 29% de moins que les autres spécialistes tout en assumant des frais de cabinet importants. Cette inégalité salariale envoie un message clair aux étudiants en médecine: la médecine familiale est moins valorisée. Il faut inverser cette perception en valorisant financièrement cette spécialité essentielle.
Mais l’argent ne fait pas tout. Il faut également améliorer les conditions de travail, réduire la charge administrative, offrir un meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle, créer des opportunités de formation continue, favoriser le travail en équipe multidisciplinaire. Les médecins de famille ne devraient pas se sentir isolés, submergés, épuisés. Ils devraient pouvoir exercer leur profession dans des conditions qui leur permettent de prendre soin de leurs patients sans sacrifier leur propre santé mentale et physique. C’est un changement culturel profond qui est nécessaire, pas seulement des ajustements à la marge.
Je rêve d’un système de santé où les médecins de famille seraient célébrés comme les héros qu’ils sont. Où leur travail serait reconnu, valorisé, respecté. Où les jeunes médecins choisiraient cette spécialité par passion, pas par défaut. Où les conditions de travail permettraient d’exercer cette profession noble sans s’y brûler les ailes. Ce rêve est-il utopique? Peut-être. Mais je refuse de croire qu’il est impossible. D’autres pays ont réussi à créer des systèmes de santé où la médecine familiale est attractive. Pourquoi pas nous?
Le rôle crucial des provinces et territoires
Une coordination fédérale-provinciale essentielle
La santé est une compétence provinciale au Canada, ce qui rend la coordination avec le gouvernement fédéral à la fois essentielle et complexe. Les 5000 places réservées pour les désignations provinciales dans le cadre du nouveau programme d’Entrée express reconnaissent cette réalité. Chaque province et territoire pourra désigner des médecins en fonction de ses besoins spécifiques. Cette flexibilité est importante, mais elle nécessite également une coordination pour éviter les incohérences, les inégalités régionales, les compétitions contre-productives entre provinces pour attirer les mêmes médecins.
La ministre Diab a souligné que cette mesure répondait à une demande importante de ses homologues provinciaux et territoriaux. Cette collaboration est encourageante. Mais elle doit aller au-delà des annonces ponctuelles. Il faut créer des mécanismes permanents de coordination, des forums réguliers d’échange, des stratégies communes à long terme. La crise du système de santé ne se résoudra pas avec des mesures isolées. Elle nécessite une approche globale, cohérente, soutenue dans le temps, qui implique tous les niveaux de gouvernement ainsi que les acteurs du milieu médical.
Les initiatives provinciales innovantes à développer
Certaines provinces ont développé des initiatives innovantes pour attirer et retenir les médecins dans les régions rurales et éloignées. L’Université de l’EMNO en Ontario, la Faculté de médecine de l’Université Simon Fraser en Colombie-Britannique, et les programmes d’éducation médicale décentralisée contribuent à former, recruter et retenir les professionnels de santé dans les régions mal desservies. Ces initiatives montrent qu’il est possible de créer des parcours de formation qui préparent spécifiquement les médecins à exercer en milieu rural, qui les exposent tôt à ces réalités, qui créent des liens avec ces communautés.
Ces programmes devraient être développés et étendus à l’ensemble du pays. Ils devraient bénéficier de financements stables et prévisibles. Ils devraient être évalués rigoureusement pour identifier les meilleures pratiques et les reproduire ailleurs. L’innovation en matière de formation médicale ne devrait pas être l’exception, mais la norme. Chaque faculté de médecine devrait avoir un programme dédié à la médecine rurale. Chaque province devrait avoir des incitatifs spécifiques pour encourager l’installation de médecins dans les zones sous-desservies. C’est une question d’équité territoriale, de justice sociale, de cohésion nationale.
Les initiatives provinciales innovantes me donnent de l’espoir. Elles montrent que des solutions existent, que des gens travaillent sur le terrain pour améliorer les choses, que le changement est possible. Mais elles me frustrent aussi parce qu’elles restent trop limitées, trop fragmentées, trop dépendantes de la bonne volonté de quelques individus ou institutions. Ces initiatives devraient être la norme, pas l’exception. Elles devraient bénéficier d’un soutien massif, pas de financements précaires. Nous avons les connaissances, nous avons les compétences, nous avons les exemples de réussite. Ce qui nous manque, c’est la volonté politique de passer à l’échelle.
L'urgence d'agir maintenant
Chaque jour de retard aggrave la crise
La situation a atteint un point critique et des mesures urgentes doivent être prises. Chaque jour de retard aggrave la crise. Chaque mois où des médecins qualifiés restent sur la touche est un mois où des Canadiens souffrent inutilement. Chaque année où nous ne formons pas assez de médecins de famille est une année où la pénurie s’approfondit. L’urgence n’est plus un mot assez fort. Nous sommes dans une situation d’urgence sanitaire nationale qui nécessite une mobilisation à la hauteur de l’enjeu. Les annonces du 8 décembre 2025 sont un pas dans la bonne direction, mais elles doivent être suivies d’actions concrètes, rapides, mesurables.
Le nouveau programme d’Entrée express pour les médecins internationaux doit être mis en œuvre rapidement et efficacement. Les 5000 places réservées pour les désignations provinciales doivent être utilisées judicieusement pour répondre aux besoins les plus criants. Les délais de traitement de 14 jours pour les permis de travail doivent être respectés. La reconnaissance des diplômes médicaux étrangers doit être accélérée sans compromettre la qualité. Les investissements dans la formation médicale doivent être massifs et soutenus. La valorisation de la médecine familiale doit devenir une priorité nationale. Tout cela doit se faire maintenant, pas dans quelques années.
Un test pour la crédibilité du gouvernement
Cette annonce du gouvernement fédéral sera un test de sa crédibilité. Les Canadiens ont entendu trop de promesses non tenues, trop d’annonces sans suite, trop de plans ambitieux restés lettre morte. Cette fois, il faut que les choses changent réellement. Il faut que les médecins internationaux voient concrètement leur situation s’améliorer. Il faut que les millions de Canadiens sans médecin de famille puissent enfin accéder à des soins de première ligne. Il faut que les urgences se désengorgent. Il faut que les délais d’attente diminuent. Si ces résultats ne se matérialisent pas, la confiance dans le système politique s’érodera encore davantage.
La ministre Diab a déclaré que le nouveau gouvernement du Canada avait pour mandat de bâtir une économie forte en attirant les meilleurs talents du monde et en comblant les pénuries de main-d’œuvre critiques. Ces mots sont encourageants. Mais ils doivent se traduire par des actes. Les médecins internationaux qui ont choisi le Canada méritent mieux que des promesses. Ils méritent un processus d’intégration rapide, efficace, respectueux de leurs compétences. Les Canadiens qui attendent désespérément un médecin de famille méritent mieux que des annonces. Ils méritent un accès réel aux soins de santé. C’est maintenant que tout se joue.
Je veux croire que cette fois sera différente. Je veux croire que le gouvernement a enfin compris l’urgence. Je veux croire que les médecins internationaux pourront enfin exercer leur profession. Je veux croire que les millions de Canadiens sans médecin de famille pourront enfin accéder aux soins. Mais ma confiance a été ébranlée trop souvent. J’ai vu trop de promesses non tenues. J’ai entendu trop de discours creux. Alors je reste vigilant. Je surveillerai les actions, pas les paroles. Je mesurerai les résultats, pas les intentions. Et j’espère, sincèrement, ne pas être déçu une fois de plus.
Conclusion : un espoir fragile dans un système à bout de souffle
Une mesure nécessaire mais insuffisante
L’annonce du 8 décembre 2025 concernant la création d’une voie d’Entrée express pour les médecins internationaux et la réservation de 5000 places pour les désignations provinciales représente indéniablement un pas dans la bonne direction. Après des années d’inaction, après des milliers de médecins qualifiés laissés sur la touche, après des millions de Canadiens privés d’accès à un médecin de famille, le gouvernement fédéral reconnaît enfin l’urgence de la situation. Cette reconnaissance est importante. Elle envoie un signal aux médecins internationaux: vous êtes les bienvenus, vos compétences sont valorisées, votre contribution est essentielle. Elle envoie également un signal aux Canadiens: nous avons compris la gravité de la crise, nous agissons.
Mais soyons clairs: cette mesure, aussi nécessaire soit-elle, est largement insuffisante face à l’ampleur de la crise. Les 5000 places réservées ne résoudront pas la pénurie de médecins qui affecte 6,5 millions de Canadiens. Le nouveau programme d’Entrée express ne changera pas fondamentalement un système de reconnaissance des diplômes qui reste trop lent, trop complexe, trop décourageant. Les 14 jours de traitement accéléré pour les permis de travail ne compenseront pas les années d’attente que certains médecins ont déjà endurées. Cette annonce est un début, pas une solution. C’est un premier pas, pas une arrivée. Et il faudra bien plus que cela pour redresser un système de santé à bout de souffle.
L’avenir du système de santé canadien se joue maintenant
L’avenir du système de santé canadien se joue dans les mois et les années qui viennent. Soit nous saisissons cette opportunité pour transformer en profondeur notre approche de la formation médicale, de l’immigration des professionnels de santé, de la valorisation de la médecine familiale, de l’accès aux soins dans les régions rurales. Soit nous continuons sur la trajectoire actuelle et nous assistons à l’effondrement progressif d’un système qui était autrefois l’une des fiertés du Canada. Le choix est clair. Les solutions existent. Les exemples de réussite sont là. Ce qui manque, c’est la volonté politique de faire de la santé une véritable priorité nationale, au-delà des cycles électoraux, au-delà des considérations budgétaires à court terme.
Les médecins internationaux qui travaillent déjà au Canada, qui soignent déjà nos malades, qui contribuent déjà à notre système de santé, méritent la sécurité d’un statut permanent. Les 13 000 médecins formés à l’étranger qui vivent au Canada sans pouvoir exercer méritent une chance de mettre leurs compétences au service de la population. Les millions de Canadiens sans médecin de famille méritent un accès aux soins de première ligne. Les communautés rurales et éloignées méritent des médecins qui choisissent de s’y installer durablement. Les jeunes médecins qui envisagent la médecine familiale méritent des conditions de travail qui rendent cette profession attractive. Tout cela est possible. Tout cela est nécessaire. Tout cela est urgent.
Je termine cet article avec un sentiment mitigé. De l’espoir, parce que quelque chose bouge enfin. De la colère, parce que cette situation aurait dû être évitée. De l’impatience, parce que les beaux discours ne suffisent plus. De la détermination, parce que nous ne pouvons pas nous permettre d’échouer. Le système de santé canadien est à un tournant. Soit nous le sauvons, soit nous le regardons sombrer. Je choisis de croire que nous le sauverons. Mais je refuse de fermer les yeux sur l’ampleur du défi. Je refuse d’accepter les demi-mesures. Je refuse de me satisfaire des promesses. Je veux des résultats. Nous méritons tous des résultats. Et nous les obtiendrons si nous restons vigilants, exigeants, mobilisés. L’avenir de notre santé collective en dépend.
Sources
Sources primaires
Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. « Mesures d’immigration ciblées pour renforcer l’effectif des médecins au Canada. » Communiqué de presse, 8 décembre 2025. https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/nouvelles/2025/12/mesures-dimmigration-ciblees-pour-renforcer-leffectif-des-medecins-au-canada.html
La Presse Canadienne. « Ottawa va ouvrir une voie d’entrée express pour les médecins internationaux. » La Presse, 8 décembre 2025. https://www.lapresse.ca/actualites/sante/2025-12-08/ottawa-va-ouvrir-une-voie-d-entree-express-pour-les-medecins-internationaux.php
La Presse Canadienne. « Ottawa ouvrira une voie d’entrée express pour les médecins internationaux. » Le Devoir, 8 décembre 2025. https://www.ledevoir.com/politique/canada/940023/ottawa-ouvrira-voie-entree-express-medecins-internationaux
Sources secondaires
Association des facultés de médecine du Canada. « Le Canada a besoin d’un plus grand nombre de médecins de famille: Un coup d’œil aux chiffres. » Août 2025. https://www.afmc.ca/wp-content/uploads/2025/08/LeCanadaabesoindunplusgrandnombredemedecinsde_famille.pdf
Association médicale canadienne. Communiqué de presse sur les nouvelles mesures fédérales, 8 décembre 2025. https://www.cma.ca/fr/propos-nous/notre-role/salle-presse/lassociation-medicale-canadienne-accueille-favorablement-nouvelles-mesures-federales-visant
Institut canadien d’information sur la santé. « Profil des médecins au Canada. » 2023. https://www.cihi.ca/fr/profil-des-medecins-au-canada
Statistique Canada. « Accès aux soins de santé primaires et expérience des enfants et des jeunes au Canada. » 24 novembre 2025. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/251124/dq251124b-fra.htm
Service canadien de jumelage des résidents. « CaRMS Forum 2025: Match data & trends. » 2025. https://www.carms.ca/pdfs/carms-forum-2025.pdf
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