Skip to content

Dans les couloirs de l’hôpital Unbroken

L’hôpital Unbroken de Lviv porte bien son nom. « Incassable ». C’est ici que les soldats ukrainiens brisés par la guerre viennent se reconstruire. Pavlo Martsenyuk y passe ses journées à réapprendre à vivre sans ses yeux. « Je ne pouvais pas me calmer et contrôler le flot de mes pensées », confie-t-il aux journalistes de CBS News. « Tout bourdonnait, jusqu’à ce que je commence à travailler activement sur ma santé mentale. » Un an après l’explosion qui l’a défiguré, les médecins ont reconstruit son visage. Mais reconstruire un visage ne suffit pas à effacer les traumatismes. Pavlo doit maintenant apprendre ce qu’il appelle « une vie entièrement nouvelle ». Une vie dans le noir. Une vie où il ne verra plus jamais ses enfants grandir. Une vie où les souvenirs de ses camarades tombés au combat sont tout ce qui lui reste de cette guerre qui continue de faire rage.

Pavlo ne demande pas la pitié. Il le dit clairement : « La pitié n’est pas nécessaire. C’est la compréhension qui est nécessaire. Il y a très peu de compréhension. » Cette phrase résume tout le drame ukrainien. Le monde regarde, compatit peut-être, mais ne comprend pas vraiment ce que vivent les Ukrainiens. On ne comprend pas que chaque jour qui passe, des hommes et des femmes meurent pour défendre leur pays. On ne comprend pas que l’Ukraine a déjà perdu entre 60 000 et 100 000 soldats selon les estimations du Center for Strategic and International Studies. On ne comprend pas que derrière ces chiffres, il y a des Pavlo, des pères, des mères, des fils, des filles. Des vies fauchées. Des familles détruites. Des communautés décimées. Et maintenant, on voudrait leur dire que tout ça, c’était pour rien ? Qu’il faut abandonner les territoires pour lesquels ils se sont battus ?

Pavlo Martsenyuk me hante. Son histoire me poursuit. Parce qu’elle incarne l’absurdité de ce qui se passe. Cet homme a tout donné. Littéralement tout. Et maintenant, on lui demande de donner encore plus. On lui demande d’accepter que son sacrifice soit négocié, marchandé, bradé. Je ne peux pas accepter ça. Je refuse d’accepter ça. Parce que si on accepte ça, on accepte que la violence paie. On accepte que l’agresseur gagne. On accepte que le droit du plus fort remplace le droit tout court.

La question qui tue

Quand on demande à Pavlo ce qu’il pense du plan de paix qui circule, sa réponse est d’une simplicité dévastatrice : « Nous avons déjà abandonné des territoires — nous avons donné une partie de nous-mêmes. Combien de plus pouvons-nous donner ? » Cette question devrait résonner dans tous les bureaux de Washington. Elle devrait empêcher Trump de dormir. Elle devrait hanter Kushner et Witkoff. Parce qu’elle va au cœur du problème : jusqu’où peut-on demander à un peuple de céder avant qu’il ne reste plus rien de lui ? L’Ukraine a déjà perdu la Crimée en 2014. Elle a déjà vu des parties du Donbass tomber aux mains des séparatistes pro-russes. Elle a déjà subi l’invasion à grande échelle de février 2022. Elle a déjà payé un prix monstrueux. Et maintenant, on lui demande de payer encore ?

Pavlo ajoute une autre phrase qui fait froid dans le dos : « Ne pouvons-nous pas analyser l’histoire ? Tout cela sent quelque chose qui a déjà été fait auparavant. » Il fait référence, bien sûr, aux accords de Munich de 1938, quand les démocraties européennes ont cédé les Sudètes à Hitler en espérant acheter la paix. On connaît la suite. L’apaisement n’a pas fonctionné. Il n’a jamais fonctionné. Céder face à un dictateur ne fait que nourrir son appétit. Poutine ne s’arrêtera pas si on lui donne le Donbass. Il reviendra. Peut-être pas demain, peut-être pas dans un an, mais il reviendra. Parce que c’est ce que font les dictateurs. Ils testent les limites. Ils poussent jusqu’à ce qu’on les arrête. Et si on ne les arrête pas, ils continuent. Encore et encore. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

L’histoire nous crie de ne pas répéter les erreurs du passé. Mais on dirait qu’on n’écoute jamais. On dirait qu’on est condamnés à revivre les mêmes tragédies, génération après génération. Trump joue à l’apprenti Chamberlain, croyant qu’il peut acheter la paix en sacrifiant l’Ukraine. Mais la paix ne s’achète pas. Elle se construit. Sur des principes. Sur le respect du droit international. Sur le refus de récompenser l’agression. Pas sur des concessions territoriales arrachées à un peuple qui a déjà trop donné.

Sources

Sources primaires

CBS News, « As Trump pushes Ukraine to give Russia land for peace, a wounded soldier asks, ‘How much more can we give?' », 2 décembre 2025. Associated Press, « Ukraine would cede territory to Russia in draft of Trump peace plan obtained by AP », 20 novembre 2025. Euronews, « La majorité des Ukrainiens rejettent la cession des territoires et sont prêts à supporter la guerre ‘tant qu’il faudra' », 18 décembre 2025. Institut international de sociologie de Kiev, sondage sur l’opinion publique ukrainienne, décembre 2025.

Sources secondaires

Center for Strategic and International Studies, « Russia’s Battlefield Woes in Ukraine », juin 2025. Le Monde, « Guerre en Ukraine : les négociations de paix se heurtent au mur de l’intransigeance russe », 18 décembre 2025. Le Figaro, « Guerre en Ukraine : ces annexes secrètes du plan de paix de Donald Trump qui inquiètent les Européens », 11 décembre 2025. BBC News, « What we know about leaked US draft plan to end Russia’s Ukraine war », décembre 2025. Al Jazeera, « Trump’s 28-point Ukraine plan in full: What it means, could it work? », 21 novembre 2025.

Ce contenu a été créé avec l'aide de l'IA.

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!

Commentaires

0 0 votes
Évaluation de l'article
Subscribe
Notify of
guest
0 Commentaires
Newest
Oldest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
Plus de contenu