Dans les couloirs de l’hôpital Unbroken
L’hôpital Unbroken de Lviv porte bien son nom. « Incassable ». C’est ici que les soldats ukrainiens brisés par la guerre viennent se reconstruire. Pavlo Martsenyuk y passe ses journées à réapprendre à vivre sans ses yeux. « Je ne pouvais pas me calmer et contrôler le flot de mes pensées », confie-t-il aux journalistes de CBS News. « Tout bourdonnait, jusqu’à ce que je commence à travailler activement sur ma santé mentale. » Un an après l’explosion qui l’a défiguré, les médecins ont reconstruit son visage. Mais reconstruire un visage ne suffit pas à effacer les traumatismes. Pavlo doit maintenant apprendre ce qu’il appelle « une vie entièrement nouvelle ». Une vie dans le noir. Une vie où il ne verra plus jamais ses enfants grandir. Une vie où les souvenirs de ses camarades tombés au combat sont tout ce qui lui reste de cette guerre qui continue de faire rage.
Pavlo ne demande pas la pitié. Il le dit clairement : « La pitié n’est pas nécessaire. C’est la compréhension qui est nécessaire. Il y a très peu de compréhension. » Cette phrase résume tout le drame ukrainien. Le monde regarde, compatit peut-être, mais ne comprend pas vraiment ce que vivent les Ukrainiens. On ne comprend pas que chaque jour qui passe, des hommes et des femmes meurent pour défendre leur pays. On ne comprend pas que l’Ukraine a déjà perdu entre 60 000 et 100 000 soldats selon les estimations du Center for Strategic and International Studies. On ne comprend pas que derrière ces chiffres, il y a des Pavlo, des pères, des mères, des fils, des filles. Des vies fauchées. Des familles détruites. Des communautés décimées. Et maintenant, on voudrait leur dire que tout ça, c’était pour rien ? Qu’il faut abandonner les territoires pour lesquels ils se sont battus ?
Pavlo Martsenyuk me hante. Son histoire me poursuit. Parce qu’elle incarne l’absurdité de ce qui se passe. Cet homme a tout donné. Littéralement tout. Et maintenant, on lui demande de donner encore plus. On lui demande d’accepter que son sacrifice soit négocié, marchandé, bradé. Je ne peux pas accepter ça. Je refuse d’accepter ça. Parce que si on accepte ça, on accepte que la violence paie. On accepte que l’agresseur gagne. On accepte que le droit du plus fort remplace le droit tout court.
La question qui tue
Quand on demande à Pavlo ce qu’il pense du plan de paix qui circule, sa réponse est d’une simplicité dévastatrice : « Nous avons déjà abandonné des territoires — nous avons donné une partie de nous-mêmes. Combien de plus pouvons-nous donner ? » Cette question devrait résonner dans tous les bureaux de Washington. Elle devrait empêcher Trump de dormir. Elle devrait hanter Kushner et Witkoff. Parce qu’elle va au cœur du problème : jusqu’où peut-on demander à un peuple de céder avant qu’il ne reste plus rien de lui ? L’Ukraine a déjà perdu la Crimée en 2014. Elle a déjà vu des parties du Donbass tomber aux mains des séparatistes pro-russes. Elle a déjà subi l’invasion à grande échelle de février 2022. Elle a déjà payé un prix monstrueux. Et maintenant, on lui demande de payer encore ?
Pavlo ajoute une autre phrase qui fait froid dans le dos : « Ne pouvons-nous pas analyser l’histoire ? Tout cela sent quelque chose qui a déjà été fait auparavant. » Il fait référence, bien sûr, aux accords de Munich de 1938, quand les démocraties européennes ont cédé les Sudètes à Hitler en espérant acheter la paix. On connaît la suite. L’apaisement n’a pas fonctionné. Il n’a jamais fonctionné. Céder face à un dictateur ne fait que nourrir son appétit. Poutine ne s’arrêtera pas si on lui donne le Donbass. Il reviendra. Peut-être pas demain, peut-être pas dans un an, mais il reviendra. Parce que c’est ce que font les dictateurs. Ils testent les limites. Ils poussent jusqu’à ce qu’on les arrête. Et si on ne les arrête pas, ils continuent. Encore et encore. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
L’histoire nous crie de ne pas répéter les erreurs du passé. Mais on dirait qu’on n’écoute jamais. On dirait qu’on est condamnés à revivre les mêmes tragédies, génération après génération. Trump joue à l’apprenti Chamberlain, croyant qu’il peut acheter la paix en sacrifiant l’Ukraine. Mais la paix ne s’achète pas. Elle se construit. Sur des principes. Sur le respect du droit international. Sur le refus de récompenser l’agression. Pas sur des concessions territoriales arrachées à un peuple qui a déjà trop donné.
Section 3 : le plan Trump décortiqué
Ce que contient vraiment le document
Le projet de plan de paix obtenu par l’Associated Press révèle l’ampleur du marchandage envisagé. Selon ce document, l’Ukraine devrait accepter de céder des territoires à la Russie en échange d’un cessez-le-feu. Les détails précis restent flous, mais plusieurs sources concordantes indiquent que le plan prévoit le gel de la ligne de front actuelle. Concrètement, cela signifierait que la Russie conserverait le contrôle des territoires qu’elle occupe actuellement — soit environ 20% du territoire ukrainien, incluant la Crimée, une grande partie du Donbass, et des zones dans les régions de Zaporijjia et Kherson. En échange, l’Ukraine recevrait des « garanties de sécurité » de la part des États-Unis et de l’Europe. Mais quelles garanties ? Le document reste vague sur ce point crucial. On parle de livraisons d’armes, d’aide financière, peut-être même d’une protection aérienne. Mais rien de contraignant. Rien qui ressemble à l’article 5 de l’OTAN.
Le plan prévoit également que l’Ukraine renonce définitivement à rejoindre l’OTAN. C’était l’une des exigences principales de Poutine avant l’invasion. Il l’obtient donc sans avoir à négocier. En revanche, l’Ukraine pourrait continuer son processus d’adhésion à l’Union européenne. Les sanctions contre la Russie resteraient en place « jusqu’à ce qu’une paix stable soit établie et que la menace d’une nouvelle attaque russe disparaisse ». Mais qui décide quand cette menace a disparu ? Et surtout, comment faire confiance à Poutine pour respecter un accord alors qu’il a violé tous les traités qu’il a signés avec l’Ukraine depuis 1991 ? Le mémorandum de Budapest de 1994, dans lequel la Russie garantissait l’intégrité territoriale de l’Ukraine en échange de l’abandon de son arsenal nucléaire, n’est plus qu’un chiffon de papier. Pourquoi un nouveau traité serait-il différent ?
Ce plan est une insulte. Une insulte à l’intelligence, une insulte à la justice, une insulte aux Ukrainiens qui se battent depuis quatre ans. On leur demande de renoncer à 20% de leur territoire, de renoncer à l’OTAN, de renoncer à leur souveraineté pleine et entière. Et en échange, on leur offre quoi ? Des promesses. Des garanties floues. Des engagements non contraignants. C’est du vent. C’est de la poudre aux yeux. C’est une capitulation déguisée en compromis.
Les « grandes concessions » de Poutine selon Trump
Donald Trump a défendu son plan lors d’une conférence de presse fin novembre, affirmant que la Russie fait « de grandes concessions ». Quelles sont ces fameuses concessions ? Selon Trump, la Russie accepte de « cesser de se battre et de ne plus prendre de terres ». Relisez cette phrase. La Russie accepte de ne plus envahir. C’est ça, la grande concession. L’agresseur accepte de ne plus agresser, et on devrait le remercier ? C’est comme si un cambrioleur acceptait de ne plus voler votre maison après avoir déjà emporté la moitié de vos biens, et qu’on lui disait : « Merci pour cette généreuse concession ! » C’est absurde. C’est grotesque. C’est une inversion totale de la logique et de la morale. Mais c’est la logique Trump. Une logique transactionnelle où tout se négocie, où tout s’achète, où tout se vend. Y compris l’intégrité territoriale d’un pays souverain.
Cette vision a provoqué l’indignation en Europe. Le Premier ministre polonais Donald Tusk a été particulièrement virulent, rappelant que « l’apaisement n’a jamais été le chemin vers une paix juste et durable ». La Pologne sait de quoi elle parle. Elle a été occupée par l’Allemagne nazie après les accords de Munich. Elle a vu ce qui se passe quand on cède face à un dictateur. Et elle refuse de voir l’histoire se répéter. D’autres dirigeants européens ont exprimé des réserves similaires, même s’ils restent plus diplomatiques dans leurs formulations. Mais le message est clair : l’Europe ne veut pas d’un accord qui récompense l’agression russe. Elle ne veut pas d’une paix qui sacrifie l’Ukraine sur l’autel du pragmatisme américain. Elle veut une paix juste, basée sur le respect du droit international et de l’intégrité territoriale.
Trump ne comprend pas. Ou plutôt, il ne veut pas comprendre. Pour lui, cette guerre est un problème à régler, un dossier à classer, un deal à conclure. Peu importe si le deal est juste ou non. Peu importe si le deal récompense l’agresseur. Peu importe si le deal trahit les valeurs que l’Amérique prétend défendre. Ce qui compte, c’est de pouvoir dire : « J’ai résolu le conflit en Ukraine. » Même si cette résolution est une capitulation déguisée. Même si cette résolution plante un couteau dans le dos des Ukrainiens.
Section 4 : la résistance ukrainienne
Un peuple qui refuse de plier
Face aux pressions américaines, les Ukrainiens tiennent bon. Un sondage réalisé par l’Institut international de sociologie de Kiev en décembre 2025 révèle des chiffres stupéfiants. 63% des Ukrainiens sont prêts à supporter la guerre aussi longtemps qu’il le faudra. 75% rejettent catégoriquement le plan de paix promu par la Russie et soutenu implicitement par l’administration Trump. Ces chiffres sont remarquables quand on considère ce que les Ukrainiens ont enduré depuis bientôt quatre ans. Des milliers de morts. Des centaines de milliers de blessés. Des millions de déplacés. Des villes entières rasées. Des infrastructures détruites. Des hivers sans électricité ni chauffage. Et malgré tout ça, ils refusent de céder. Ils refusent d’abandonner leur terre. Ils refusent de récompenser l’agresseur.
Le sondage révèle également que 61% des Ukrainiens font confiance au président Volodymyr Zelensky, tandis que seulement 32% ne lui font pas confiance. C’est un soutien solide pour un dirigeant en temps de guerre. Mais le plus révélateur, c’est peut-être ce chiffre : seulement 9% des Ukrainiens souhaitent que des élections aient lieu le plus tôt possible, même avant la fin des hostilités. Cela montre que les Ukrainiens ont compris que ce n’est pas le moment de se diviser. Ce n’est pas le moment de jouer à la politique politicienne. C’est le moment de rester unis face à l’agression. C’est le moment de tenir bon, coûte que coûte. Parce qu’ils savent que s’ils cèdent maintenant, tout ce qu’ils ont sacrifié aura été vain.
Ces chiffres me donnent de l’espoir. Ils me montrent qu’il existe encore des peuples qui refusent de se soumettre. Des peuples qui préfèrent se battre plutôt que de vivre à genoux. Des peuples qui comprennent que certaines choses valent la peine de se battre — la liberté, la souveraineté, la dignité. Les Ukrainiens nous donnent une leçon de courage. Une leçon que l’Occident semble avoir oubliée. Une leçon que Trump refuse d’apprendre.
Zelensky face au mur
Volodymyr Zelensky se retrouve dans une position impossible. D’un côté, il subit une pression énorme de la part de l’administration Trump pour accepter des concessions territoriales. De l’autre, il sait que son peuple refuse catégoriquement ces concessions. Il sait que s’il cède, il trahira la confiance de millions d’Ukrainiens qui se battent depuis quatre ans. Il sait que s’il accepte de sacrifier une partie du territoire ukrainien, il enverra un message catastrophique : la violence paie, l’agression est récompensée, le droit international n’est qu’une illusion. Alors Zelensky résiste. Il multiplie les rencontres avec les dirigeants européens, cherchant à consolider le soutien à son pays. Il rappelle sans cesse que l’Ukraine ne cèdera pas un pouce de territoire sans garanties de sécurité solides et contraignantes.
Mais Zelensky sait aussi que le temps joue contre lui. L’Ukraine dépend massivement de l’aide militaire et financière occidentale. Si Trump décide de couper les robinets, l’Ukraine sera en grande difficulté. La Russie, elle, peut tenir indéfiniment. Elle a les ressources, elle a la population, elle a le soutien de la Chine et de l’Iran. L’Ukraine, elle, est seule. Ou presque. L’Europe soutient Kiev, mais jusqu’à quel point ? Jusqu’à quand ? Les opinions publiques européennes commencent à se lasser de cette guerre qui n’en finit pas. Les factures d’énergie restent élevées. L’inflation persiste. Les gouvernements européens font face à des défis internes considérables. Combien de temps pourront-ils maintenir leur soutien à l’Ukraine si les États-Unis se désengagent ? C’est la question qui hante Zelensky. C’est la question qui l’empêche de dormir.
Zelensky porte le poids du monde sur ses épaules. Il doit tenir tête à Trump, résister à Poutine, rassurer son peuple, convaincre l’Europe. C’est un équilibre impossible. Un numéro de funambule au-dessus du vide. Et pourtant, il tient. Il refuse de céder. Il refuse de trahir son peuple. Même si ça signifie se mettre à dos l’administration américaine. Même si ça signifie risquer de perdre le soutien occidental. Parce qu’il sait que certaines choses ne se négocient pas. La souveraineté ne se négocie pas. La dignité ne se négocie pas. La liberté ne se négocie pas.
Section 5 : les leçons de l'histoire ignorées
Munich 1938, le précédent qui hante
Les accords de Munich de 1938 restent gravés dans la mémoire collective européenne comme le symbole de l’échec de l’apaisement. Cette année-là, la France et le Royaume-Uni ont accepté de céder les Sudètes à l’Allemagne nazie, espérant ainsi satisfaire Hitler et éviter la guerre. Le Premier ministre britannique Neville Chamberlain est revenu à Londres en brandissant le traité et en proclamant qu’il avait obtenu « la paix pour notre époque ». Six mois plus tard, Hitler envahissait le reste de la Tchécoslovaquie. Un an plus tard, il déclenchait la Seconde Guerre mondiale. L’apaisement n’avait rien apaisé. Il avait simplement donné à Hitler le temps de se préparer et la conviction qu’il pouvait continuer à avancer sans rencontrer de résistance sérieuse. Cette leçon aurait dû être gravée dans le marbre. Elle aurait dû être enseignée dans toutes les écoles. Elle aurait dû guider les dirigeants occidentaux face à l’agression russe.
Mais apparemment, l’histoire ne suffit pas. Apparemment, il faut répéter les mêmes erreurs, génération après génération. Donald Trump joue aujourd’hui le rôle de Chamberlain, croyant qu’il peut acheter la paix en sacrifiant l’Ukraine. Il ne voit pas — ou ne veut pas voir — que Poutine est un dictateur expansionniste qui ne s’arrêtera pas tant qu’on ne l’aura pas arrêté. Il ne comprend pas que céder maintenant ne fera que nourrir l’appétit du Kremlin. Demain, ce sera la Moldavie. Après-demain, les pays baltes. Et puis quoi ? La Pologne ? La Roumanie ? Où s’arrête-t-on ? À quel moment dit-on : « Ça suffit » ? Les dirigeants européens, eux, ont compris. Ils ont lu les livres d’histoire. Ils savent ce qui se passe quand on cède face à un dictateur. C’est pourquoi ils résistent aux pressions américaines. C’est pourquoi ils continuent de soutenir l’Ukraine.
L’histoire nous crie de ne pas répéter Munich. Elle nous supplie de ne pas commettre la même erreur. Mais Trump n’écoute pas. Il est sourd aux leçons du passé. Il croit qu’il est plus malin que Chamberlain, qu’il peut réussir là où d’autres ont échoué. Mais il se trompe. Lourdement. Tragiquement. Et ce sont les Ukrainiens qui paieront le prix de son erreur. Ce sont eux qui subiront les conséquences de son aveuglement. Ce sont eux qui verront leur pays dépecé parce qu’un président américain a cru pouvoir faire un deal avec un dictateur.
La Crimée, premier acte d’une tragédie
L’annexion de la Crimée en 2014 aurait dû servir d’avertissement. Poutine a violé le droit international, envahi un territoire souverain, organisé un référendum bidon, et annexé la péninsule. Et qu’a fait l’Occident ? Des sanctions molles. Des condamnations verbales. Mais rien de concret. Rien qui aurait pu dissuader Poutine de continuer. Résultat : huit ans plus tard, il lançait une invasion à grande échelle de l’Ukraine. Parce qu’il avait compris qu’il pouvait le faire sans conséquences réelles. Parce qu’il avait testé les limites occidentales et découvert qu’elles étaient floues, négociables, déplaçables. La Crimée était un test. Un test que l’Occident a échoué. Et maintenant, on s’apprête à échouer à nouveau en acceptant que la Russie conserve non seulement la Crimée, mais aussi une grande partie du Donbass et d’autres territoires ukrainiens.
Les Ukrainiens n’ont pas oublié la Crimée. Ils n’ont pas oublié que l’Occident les a abandonnés en 2014. Ils n’ont pas oublié que les garanties de sécurité du mémorandum de Budapest n’ont servi à rien quand Poutine a décidé d’envahir. C’est pourquoi ils sont si méfiants vis-à-vis des nouvelles « garanties de sécurité » que Trump leur propose. Parce qu’ils savent que les promesses occidentales ne valent pas grand-chose quand les choses deviennent sérieuses. Parce qu’ils savent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. C’est une leçon amère, mais c’est une leçon qu’ils ont apprise dans le sang et les larmes. Et c’est pourquoi ils refusent de céder maintenant. Parce qu’ils savent que si ils cèdent, ce sera le début de la fin. Ce sera le signal que l’Ukraine peut être dépecée morceau par morceau, et que personne ne fera rien pour l’empêcher.
La Crimée nous a montré ce qui se passe quand on laisse un dictateur agir impunément. Elle nous a montré que l’inaction a un prix. Un prix terrible. Mais on dirait qu’on n’a rien appris. On dirait qu’on est prêts à répéter la même erreur, encore et encore. Jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Jusqu’à ce que Poutine ait avalé toute l’Ukraine. Et peut-être même au-delà. Parce que les dictateurs ne s’arrêtent jamais d’eux-mêmes. Il faut les arrêter. Il faut leur dire non. Il faut tracer une ligne rouge et la défendre. Sinon, on finit par ne plus avoir de lignes du tout.
Section 6 : les émissaires de Trump à Moscou
Kushner et Witkoff, les négociateurs improbables
Jared Kushner et Steve Witkoff ne sont pas des diplomates de carrière. Kushner est le gendre de Trump, un promoteur immobilier reconverti en conseiller politique. Witkoff est un autre promoteur immobilier, ami personnel de Trump, nommé envoyé spécial pour l’Ukraine sans aucune expérience diplomatique. Ce sont ces deux hommes que Trump a choisis pour négocier la fin de la guerre en Ukraine avec Vladimir Poutine. Pas des experts en relations internationales. Pas des spécialistes de la Russie. Pas des diplomates aguerris. Non, deux businessmen habitués à négocier des contrats immobiliers. Et Trump pense que c’est suffisant pour résoudre l’un des conflits les plus complexes et les plus dangereux du XXIe siècle. Cette approche en dit long sur la vision trumpienne de la diplomatie : tout est négociable, tout est transactionnel, tout peut se régler autour d’une table comme un deal immobilier.
Kushner et Witkoff se sont rendus à Moscou début décembre 2025 pour rencontrer Poutine et ses conseillers. Les détails de ces rencontres restent largement confidentiels, mais plusieurs fuites ont révélé l’essentiel : les émissaires américains ont présenté un plan prévoyant des concessions territoriales ukrainiennes en échange d’un cessez-le-feu. Poutine aurait accueilli favorablement cette proposition, tout en posant ses propres conditions : reconnaissance officielle de l’annexion de la Crimée, neutralité permanente de l’Ukraine, levée progressive des sanctions occidentales. En d’autres termes, Poutine veut tout. Il veut garder les territoires qu’il a conquis, il veut empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN, et il veut que l’Occident lève les sanctions qui pèsent sur l’économie russe. Et en échange, il offre quoi ? Un cessez-le-feu. Pas la paix. Pas le retrait des troupes russes. Juste un cessez-le-feu qui lui permettra de consolider ses gains et de se préparer pour la prochaine phase de son expansion.
Kushner et Witkoff sont des amateurs qui jouent dans la cour des grands. Ils pensent qu’ils peuvent négocier avec Poutine comme ils négocient avec des promoteurs immobiliers à New York. Mais Poutine n’est pas un promoteur immobilier. C’est un ancien agent du KGB, un dictateur impitoyable qui a passé sa vie à manipuler, à mentir, à trahir. Il va les manger tout crus. Il va leur faire croire qu’ils ont obtenu un bon deal, alors qu’en réalité, il aura obtenu tout ce qu’il voulait. Et les Ukrainiens paieront le prix de cette naïveté américaine.
La réaction du Kremlin
Le Kremlin a accueilli les propositions américaines avec un mélange de satisfaction et de prudence. Satisfaction, parce que le plan Trump valide essentiellement les conquêtes russes. Prudence, parce que Poutine sait qu’il peut obtenir encore plus s’il joue bien ses cartes. Les porte-paroles russes ont multiplié les déclarations ambiguës, affirmant que la Russie est « ouverte au dialogue » tout en posant des conditions de plus en plus exigeantes. Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a déclaré que « toute solution doit prendre en compte les réalités sur le terrain » — une façon polie de dire que la Russie ne rendra pas les territoires qu’elle occupe. Sergueï Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe, a ajouté que l’Ukraine doit « reconnaître les nouvelles réalités géopolitiques » — une autre façon de dire que Kiev doit accepter la perte de 20% de son territoire.
Mais le plus révélateur, c’est peut-être ce que Poutine n’a pas dit. Il n’a pas accepté le plan Trump. Il n’a pas dit qu’il était prêt à signer un accord. Il a simplement dit qu’il était « prêt à discuter ». Parce que Poutine sait qu’il est en position de force. Il sait que Trump est pressé de conclure un accord, n’importe quel accord, pour pouvoir dire qu’il a résolu le conflit ukrainien. Il sait que plus il attend, plus Trump sera prêt à faire des concessions. Alors il joue la montre. Il pose des conditions. Il négocie. Il marchande. Et pendant ce temps, ses troupes continuent d’avancer en Ukraine. Lentement, mais sûrement. Parce que Poutine sait que chaque kilomètre carré qu’il conquiert maintenant, c’est un kilomètre carré qu’il pourra garder dans l’accord final. C’est la logique de la guerre. C’est la logique de la force. Et c’est une logique que Trump semble incapable de comprendre.
Poutine joue Trump comme un violon. Il le manipule, il le flatte, il lui fait croire qu’un accord est possible. Mais en réalité, il gagne du temps. Il consolide ses positions. Il prépare la prochaine phase. Parce que Poutine ne veut pas la paix. Il veut la victoire. Il veut détruire l’Ukraine en tant qu’État indépendant. Il veut reconstruire l’empire russe. Et Trump, dans sa naïveté ou son cynisme, est en train de l’aider à atteindre cet objectif.
Section 7 : l'Europe face au dilemme
La fracture transatlantique
L’approche de Trump creuse un fossé de plus en plus profond entre les États-Unis et l’Europe. Les dirigeants européens regardent avec inquiétude et incrédulité les négociations menées par Kushner et Witkoff. Ils voient bien que le plan américain sacrifie l’Ukraine sur l’autel du pragmatisme. Ils comprennent que si ce plan est mis en œuvre, ce sera un désastre pour la sécurité européenne. Parce que si Poutine obtient ce qu’il veut en Ukraine, il ne s’arrêtera pas là. Il testera les limites ailleurs. En Moldavie, peut-être. Ou dans les pays baltes. Ou en Pologne. L’Europe sait qu’elle est la prochaine sur la liste. C’est pourquoi elle résiste aux pressions américaines. C’est pourquoi elle continue de soutenir l’Ukraine, même si les États-Unis semblent prêts à l’abandonner. Parce que l’Europe comprend que la sécurité de l’Ukraine, c’est la sécurité de l’Europe.
Mais l’Europe est divisée. Certains pays, comme la Pologne et les pays baltes, sont farouchement opposés à tout accord qui céderait des territoires ukrainiens à la Russie. D’autres, comme la Hongrie, sont plus ambigus, voire ouvertement pro-russes. La France et l’Allemagne naviguent entre ces deux extrêmes, cherchant à maintenir l’unité européenne tout en défendant les intérêts ukrainiens. Emmanuel Macron a multiplié les déclarations de soutien à Kiev, affirmant que « l’Europe ne laissera pas tomber l’Ukraine ». Olaf Scholz a été plus prudent, mais il a néanmoins maintenu l’aide allemande à l’Ukraine. Le problème, c’est que l’Europe n’a pas les moyens de soutenir l’Ukraine seule. Elle dépend de l’aide militaire américaine. Si Trump coupe les robinets, l’Europe ne pourra pas compenser. C’est le dilemme européen : comment soutenir l’Ukraine sans les États-Unis ?
L’Europe se retrouve face à un choix impossible. Soit elle suit Trump et accepte de sacrifier l’Ukraine, au risque de voir Poutine continuer son expansion. Soit elle résiste à Trump et risque de se retrouver seule face à la Russie. C’est un choix terrible. Un choix que l’Europe n’aurait jamais dû avoir à faire. Mais c’est le choix que Trump lui impose. Parce que Trump ne se soucie pas de la sécurité européenne. Il ne se soucie pas de l’ordre international. Il ne se soucie que de son image, de son héritage, de sa capacité à dire qu’il a résolu le conflit ukrainien. Peu importe le prix. Peu importe les conséquences.
Le sondage qui dit tout
Le sondage réalisé par l’Institut international de sociologie de Kiev en décembre 2025 révèle un autre aspect crucial de la situation : l’évolution de la confiance des Ukrainiens envers leurs alliés. Entre décembre 2024 et décembre 2025, la confiance dans les États-Unis a chuté de 41% à 21%. La confiance dans l’OTAN est passée de 43% à 34%. En revanche, la confiance dans l’Union européenne reste relativement stable à 49%. Ces chiffres montrent que les Ukrainiens ont compris que les États-Unis ne sont plus un allié fiable. Ils ont compris que Trump est prêt à les sacrifier pour obtenir un accord avec Poutine. Alors ils se tournent vers l’Europe. Ils espèrent que l’Europe tiendra bon. Qu’elle ne les abandonnera pas. Qu’elle continuera de les soutenir même si les États-Unis se désengagent.
Mais cette confiance dans l’Europe est-elle justifiée ? L’Europe a-t-elle la capacité et la volonté de soutenir l’Ukraine seule ? C’est la question à un million de dollars. Pour l’instant, l’Europe maintient son soutien. Elle continue de fournir des armes, de l’argent, de l’aide humanitaire. Elle continue d’accueillir des millions de réfugiés ukrainiens. Elle continue d’imposer des sanctions à la Russie. Mais combien de temps pourra-t-elle tenir si les États-Unis se retirent ? L’Europe a ses propres problèmes : une économie fragile, des tensions politiques internes, une opinion publique de plus en plus lasse de cette guerre qui n’en finit pas. Les gouvernements européens font face à des défis considérables. Ils doivent gérer l’inflation, la crise énergétique, les migrations, le changement climatique. Peuvent-ils vraiment se permettre de continuer à soutenir l’Ukraine indéfiniment ? C’est la question qui hante les chancelleries européennes.
Les Ukrainiens ont raison de se méfier des États-Unis. Trump leur a montré qu’on ne peut pas compter sur l’Amérique. Qu’elle peut vous abandonner du jour au lendemain si ça arrange ses intérêts. Mais peuvent-ils vraiment compter sur l’Europe ? L’Europe a de bonnes intentions, mais a-t-elle la force de les mettre en œuvre ? A-t-elle le courage de tenir tête à la Russie sans le soutien américain ? Je veux croire que oui. Je veux croire que l’Europe ne répétera pas les erreurs du passé. Mais j’ai des doutes. De sérieux doutes.
Section 8 : le coût humain de la guerre
Les chiffres qui font mal
Entre 60 000 et 100 000 soldats ukrainiens sont morts depuis le début de l’invasion à grande échelle en février 2022. C’est l’estimation du Center for Strategic and International Studies. Le gouvernement ukrainien ne publie pas de chiffres officiels, mais ces estimations sont probablement proches de la réalité. 60 000 à 100 000 morts. Des pères. Des fils. Des frères. Des maris. Des amis. Chacun de ces chiffres représente une vie fauchée, une famille détruite, un avenir effacé. Et ce ne sont que les morts. Il faut ajouter les blessés — des centaines de milliers. Il faut ajouter les traumatisés — des millions. Il faut ajouter les déplacés — plus de six millions d’Ukrainiens ont fui leur pays, et des millions d’autres ont été déplacés à l’intérieur du pays. C’est une catastrophe humanitaire d’une ampleur inimaginable. Et maintenant, on voudrait dire à ces gens que tout ça, c’était pour rien ? Qu’il faut abandonner les territoires pour lesquels ils se sont battus ?
Pavlo Martsenyuk incarne ce coût humain. Il a perdu ses yeux. Il a perdu ses camarades. Il a perdu sa vie d’avant. Mais il n’est pas seul. Il y a des milliers de Pavlo en Ukraine. Des soldats mutilés, amputés, défigurés. Des civils traumatisés par les bombardements, les viols, les tortures. Des enfants qui ont grandi dans les abris anti-aériens, qui ont vu leurs maisons détruites, leurs parents tués. Des villes entières rasées — Marioupol, Bakhmout, Avdiivka. Des villages disparus de la carte. Des infrastructures détruites — centrales électriques, barrages, ponts, routes. L’Ukraine est un pays meurtri, brisé, saigné à blanc. Et pourtant, elle tient. Elle refuse de céder. Elle refuse d’abandonner. Parce qu’elle sait que si elle cède maintenant, tous ces sacrifices auront été vains. Parce qu’elle sait que la liberté a un prix, et qu’elle est prête à le payer.
Ces chiffres me hantent. 60 000 à 100 000 morts. Ce n’est pas juste un nombre. C’est 60 000 à 100 000 vies. 60 000 à 100 000 histoires. 60 000 à 100 000 familles détruites. Et Trump voudrait qu’on oublie tout ça ? Qu’on fasse comme si ces sacrifices ne comptaient pas ? Qu’on accepte de céder des territoires comme si c’était juste une transaction immobilière ? Non. Mille fois non. Ces morts méritent mieux. Ces familles méritent mieux. L’Ukraine mérite mieux.
Les cicatrices invisibles
Au-delà des morts et des blessés physiques, il y a les traumatismes psychologiques. Des millions d’Ukrainiens souffrent de stress post-traumatique. Ils ont vu des choses qu’aucun être humain ne devrait voir. Ils ont vécu des choses qu’aucun être humain ne devrait vivre. Les bombardements constants. Les sirènes d’alerte aérienne. Les nuits passées dans les abris. La peur permanente. L’incertitude du lendemain. Cette guerre a marqué toute une génération. Les enfants ukrainiens qui grandissent aujourd’hui ne connaissent que la guerre. Ils ne se souviennent pas d’un temps où il n’y avait pas de sirènes, pas de bombardements, pas de peur. Comment vont-ils grandir ? Quelles cicatrices porteront-ils toute leur vie ? Et comment pourront-ils pardonner si on leur dit que tout ça, c’était pour rien ? Que les territoires pour lesquels leurs parents se sont battus ont été cédés à l’agresseur ?
Pavlo Martsenyuk parle de sa santé mentale. Il dit qu’il a dû « travailler activement » dessus pour ne pas sombrer. Mais combien d’autres n’ont pas eu cette force ? Combien d’autres ont sombré dans la dépression, l’alcoolisme, le suicide ? Les statistiques sur la santé mentale en Ukraine sont alarmantes. Les hôpitaux psychiatriques sont débordés. Les psychologues manquent cruellement. Les ressources sont insuffisantes. Et pendant ce temps, la guerre continue. Les bombardements continuent. Les traumatismes s’accumulent. C’est une bombe à retardement. Une génération entière marquée par la guerre, par la violence, par la peur. Et on voudrait leur dire d’accepter un accord qui récompense l’agresseur ? On voudrait leur dire de tourner la page et de passer à autre chose ? C’est impossible. C’est inhumain. C’est une insulte à leur souffrance.
Les cicatrices invisibles sont parfois les plus profondes. Elles ne se voient pas, mais elles sont là. Elles rongent de l’intérieur. Elles détruisent lentement mais sûrement. Et ces cicatrices, l’Ukraine les portera pendant des générations. Longtemps après la fin de la guerre, longtemps après que les ruines auront été reconstruites, ces cicatrices resteront. Elles marqueront toute une génération. Elles façonneront l’avenir de ce pays. Et si on accepte maintenant un accord qui trahit les Ukrainiens, ces cicatrices ne guériront jamais. Elles s’infecteront. Elles pourriront. Elles empoisonneront l’âme de ce pays.
Section 9 : les enjeux géopolitiques
Un précédent catastrophique
Si le plan Trump est mis en œuvre, il créera un précédent catastrophique pour l’ordre international. Il enverra un message clair à tous les dictateurs du monde : l’agression paie. Si vous êtes assez fort, si vous êtes assez patient, si vous êtes assez impitoyable, vous pouvez envahir un pays voisin, tuer des milliers de personnes, détruire des villes entières, et finalement obtenir ce que vous voulez. L’Occident protestera, imposera des sanctions, fournira des armes à votre victime. Mais au final, il se lassera. Il cherchera un compromis. Il acceptera de sacrifier votre victime pour obtenir la paix. C’est le message que Trump est en train d’envoyer. Et c’est un message extrêmement dangereux. Parce qu’il ne concerne pas seulement l’Ukraine. Il concerne tous les pays qui vivent sous la menace d’un voisin agressif. Taïwan, par exemple. Ou les pays baltes. Ou la Moldavie. Ou la Géorgie.
La Chine observe attentivement ce qui se passe en Ukraine. Xi Jinping tire des leçons de cette guerre. Il voit comment l’Occident réagit face à l’agression russe. Il voit les limites du soutien occidental. Il voit que l’Occident est prêt à accepter des compromis, à sacrifier des alliés, à fermer les yeux sur les violations du droit international si ça permet d’éviter un conflit direct. Et il en tire des conclusions pour Taïwan. Si Poutine peut envahir l’Ukraine et finalement obtenir ce qu’il veut, pourquoi Xi ne pourrait-il pas faire la même chose avec Taïwan ? C’est la question qui hante les stratèges occidentaux. C’est la question qui devrait empêcher Trump de dormir. Mais apparemment, ça ne le dérange pas. Apparemment, il ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Apparemment, il ne comprend pas que ses actions en Ukraine auront des répercussions dans le monde entier.
Trump est en train de détruire l’ordre international. Il ne s’en rend peut-être pas compte, mais c’est ce qu’il fait. En acceptant de sacrifier l’Ukraine, il envoie un signal à tous les dictateurs du monde : allez-y, envahissez, tuez, détruisez. Au final, l’Occident acceptera un compromis. Au final, vous obtiendrez ce que vous voulez. C’est un message catastrophique. Un message qui nous ramène à l’époque d’avant 1945, quand la force primait sur le droit. Quand les grands pouvaient écraser les petits sans conséquences. Quand la loi de la jungle régnait. Est-ce vraiment le monde dans lequel nous voulons vivre ?
L’OTAN en question
Le plan Trump prévoit que l’Ukraine renonce définitivement à rejoindre l’OTAN. C’était l’une des exigences principales de Poutine avant l’invasion. Il l’obtient donc sans avoir à négocier. Mais cette concession pose une question fondamentale : à quoi sert l’OTAN si elle ne peut pas protéger les pays qui veulent la rejoindre ? À quoi sert l’article 5 si on abandonne les pays qui ne sont pas encore membres ? L’OTAN a été créée pour défendre la liberté et la démocratie en Europe. Mais si elle accepte que l’Ukraine soit sacrifiée, que signifie cette mission ? Les pays baltes regardent avec inquiétude. Ils sont membres de l’OTAN, mais ils savent qu’ils sont vulnérables. Ils savent que Poutine les considère comme faisant partie de la « sphère d’influence » russe. Si l’OTAN abandonne l’Ukraine, pourquoi défendrait-elle les pays baltes en cas d’agression russe ?
Cette question mine la crédibilité de l’Alliance atlantique. Elle crée des doutes, des incertitudes, des peurs. Les pays d’Europe de l’Est se demandent s’ils peuvent vraiment compter sur l’OTAN. S’ils peuvent vraiment compter sur les États-Unis. Trump a déjà menacé de se retirer de l’OTAN s’il était réélu. Il a déjà dit que les États-Unis ne défendraient pas les pays qui ne paient pas assez pour leur défense. Ces déclarations ont semé le doute. Et maintenant, son plan pour l’Ukraine confirme ces doutes. Il montre que les États-Unis sont prêts à sacrifier leurs alliés si ça arrange leurs intérêts. C’est un message dévastateur pour l’Alliance atlantique. C’est un message qui pourrait conduire à son effondrement. Parce qu’une alliance basée sur la méfiance ne peut pas survivre. Une alliance où chacun se demande si les autres viendront à son secours ne peut pas fonctionner.
L’OTAN est en train de perdre son âme. Elle a été créée pour défendre des valeurs — la liberté, la démocratie, le droit international. Mais si elle accepte de sacrifier l’Ukraine, ces valeurs ne signifient plus rien. Elles deviennent des mots creux, des slogans vides de sens. Et si l’OTAN perd son âme, elle perd sa raison d’être. Elle devient juste une alliance militaire comme les autres, basée sur des intérêts égoïstes plutôt que sur des principes. Est-ce vraiment ce que nous voulons ?
Section 10 : les alternatives possibles
Une paix juste est-elle possible ?
Face au plan Trump, certains proposent des alternatives. L’Union européenne a élaboré son propre projet de paix, qui prévoit des garanties de sécurité beaucoup plus solides pour l’Ukraine. Ce plan européen inclurait une protection aérienne assurée par les pays européens, des livraisons d’armes garanties sur le long terme, et peut-être même un engagement à défendre l’Ukraine en cas de nouvelle agression russe. En échange, l’Ukraine accepterait un gel temporaire de la ligne de front, mais sans reconnaissance officielle des annexions russes. Les territoires occupés resteraient juridiquement ukrainiens, même si la Russie les contrôle de facto. Cette solution permettrait de gagner du temps, de renforcer l’Ukraine, et de maintenir la pression sur la Russie. Mais elle a un défaut majeur : elle nécessite un engagement européen massif et durable. Et il n’est pas certain que l’Europe soit prête à prendre cet engagement.
Une autre alternative serait de continuer la guerre jusqu’à la libération complète du territoire ukrainien. C’est la position de principe de Kiev. Zelensky a répété à maintes reprises qu’il ne cédera pas un pouce de territoire ukrainien. Mais cette position est-elle réaliste ? L’Ukraine peut-elle vraiment reconquérir tous les territoires occupés par la Russie ? La contre-offensive de l’été 2023 a montré les limites de la capacité militaire ukrainienne. Malgré l’aide occidentale, malgré le courage de ses soldats, l’Ukraine n’a pas réussi à percer les lignes russes. La guerre s’est enlisée dans une guerre de position qui rappelle la Première Guerre mondiale. Des gains minimes payés au prix de pertes énormes. Dans ces conditions, une victoire militaire totale semble improbable. Mais abandonner cet objectif, c’est accepter la défaite. C’est accepter que l’agression russe ait réussi. C’est un dilemme insoluble.
Il n’y a pas de solution facile. Il n’y a pas de compromis magique qui satisferait tout le monde. Soit on accepte de sacrifier l’Ukraine pour obtenir la paix, et on envoie un message catastrophique au monde entier. Soit on continue la guerre, et on accepte que des milliers d’autres personnes meurent. C’est un choix terrible. Un choix que personne ne devrait avoir à faire. Mais c’est le choix que Poutine nous impose. Parce que Poutine ne veut pas la paix. Il veut la victoire. Et tant qu’il voudra la victoire, il n’y aura pas de paix juste possible.
Le rôle de la Chine
La Chine pourrait jouer un rôle crucial dans la résolution de ce conflit. Xi Jinping entretient des relations étroites avec Poutine. Il pourrait exercer une pression sur le Kremlin pour qu’il accepte un compromis. Mais la Chine a-t-elle intérêt à le faire ? Pour l’instant, la réponse semble être non. La Chine bénéficie de la guerre en Ukraine. Elle achète du pétrole et du gaz russes à prix cassés. Elle voit l’Occident s’affaiblir et se diviser. Elle observe comment l’Occident réagit face à l’agression, et elle en tire des leçons pour Taïwan. Pourquoi la Chine voudrait-elle mettre fin à une situation qui lui est si favorable ? Certains espèrent que la Chine finira par comprendre que la stabilité internationale est dans son intérêt. Qu’une guerre prolongée en Ukraine nuit à l’économie mondiale, et donc à l’économie chinoise. Mais pour l’instant, ces espoirs semblent vains. La Chine joue son propre jeu, et ce jeu ne passe pas nécessairement par la paix en Ukraine.
Il y a eu quelques tentatives de médiation chinoise. Xi Jinping a proposé un plan de paix en mars 2023, mais ce plan était largement favorable à la Russie et a été rejeté par l’Ukraine et l’Occident. Depuis, la Chine s’est contentée d’appeler à des négociations sans proposer de solution concrète. Elle maintient une position ambiguë, refusant de condamner l’agression russe tout en affirmant respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays. Cette ambiguïté lui permet de ménager ses relations avec la Russie tout en évitant de s’aliéner complètement l’Occident. Mais elle ne contribue pas à résoudre le conflit. Au contraire, elle permet à Poutine de continuer sa guerre en sachant qu’il a le soutien, au moins tacite, de la deuxième puissance mondiale. C’est un facteur crucial que l’Occident ne peut pas ignorer.
La Chine est le grand absent de cette équation. On parle beaucoup des États-Unis, de l’Europe, de la Russie. Mais on parle trop peu de la Chine. Pourtant, c’est elle qui détient peut-être la clé. Si Xi Jinping décidait de faire pression sur Poutine, la guerre pourrait se terminer rapidement. Mais Xi ne le fera pas. Parce que la guerre en Ukraine sert ses intérêts. Elle affaiblit l’Occident. Elle distrait l’attention de Taïwan. Elle lui permet d’acheter des ressources russes à bas prix. Pourquoi y mettrait-il fin ? C’est la question que personne ne veut poser. Mais c’est une question cruciale.
Section 11 : l'opinion publique occidentale
La fatigue de la guerre
L’opinion publique occidentale commence à se lasser de la guerre en Ukraine. Les sondages montrent une baisse du soutien à l’aide militaire et financière à Kiev. Les gens sont fatigués. Fatigués de voir cette guerre qui n’en finit pas. Fatigués de payer des factures d’énergie élevées. Fatigués de l’inflation. Fatigués de l’incertitude. Ils veulent que ça s’arrête. Ils veulent retrouver une vie normale. Et Trump exploite cette fatigue. Il promet de mettre fin à la guerre rapidement. Il promet de ramener la paix. Peu importe si cette paix est juste ou non. Peu importe si cette paix sacrifie l’Ukraine. Ce qui compte, c’est que la guerre s’arrête. C’est un message séduisant pour une opinion publique lasse. Mais c’est un message dangereux. Parce qu’il ignore les conséquences à long terme d’une paix injuste.
Cette fatigue est compréhensible. La guerre en Ukraine a des répercussions concrètes sur la vie quotidienne des Occidentaux. Les prix de l’énergie ont explosé après l’invasion russe. L’inflation a atteint des niveaux record. Les gouvernements ont dû dépenser des milliards pour aider l’Ukraine, au détriment d’autres priorités. Les gens se demandent : pourquoi devrions-nous payer pour une guerre qui se passe à des milliers de kilomètres ? Pourquoi devrions-nous sacrifier notre niveau de vie pour défendre un pays que la plupart d’entre nous ne connaissaient même pas il y a quatre ans ? Ces questions sont légitimes. Mais elles ignorent un point crucial : si on abandonne l’Ukraine maintenant, on paiera un prix encore plus élevé à l’avenir. Parce que Poutine ne s’arrêtera pas. Parce que d’autres dictateurs suivront son exemple. Parce que l’ordre international s’effondrera. Et quand l’ordre international s’effondre, tout le monde en paie le prix.
Je comprends la fatigue. Je comprends que les gens en aient assez. Je comprends qu’ils veuillent retrouver une vie normale. Mais abandonner l’Ukraine maintenant, ce n’est pas la solution. C’est juste repousser le problème. Parce que si on laisse Poutine gagner, il reviendra. Peut-être pas demain, peut-être pas dans un an, mais il reviendra. Et la prochaine fois, ce sera pire. La prochaine fois, ce sera peut-être un pays de l’OTAN. Et alors, on n’aura plus le choix. On devra se battre. Alors autant arrêter Poutine maintenant, en Ukraine, plutôt que d’attendre qu’il frappe plus près de chez nous.
Les voix dissidentes
Heureusement, il existe encore des voix qui refusent d’accepter le plan Trump. Des intellectuels, des politiciens, des militants qui continuent de défendre l’Ukraine et de dénoncer l’apaisement. En Pologne, en particulier, le soutien à l’Ukraine reste très fort. Les Polonais n’ont pas oublié leur propre histoire. Ils savent ce que signifie être sacrifié par les grandes puissances. Ils savent ce que signifie vivre sous la domination russe. Et ils refusent de voir l’histoire se répéter. Donald Tusk, le Premier ministre polonais, a été particulièrement vocal dans sa défense de l’Ukraine. Il a rappelé que « l’apaisement n’a jamais été le chemin vers une paix juste et durable ». Il a appelé les dirigeants occidentaux à ne pas faire pression sur Zelensky pour des concessions territoriales. Il a insisté sur le fait que c’est la Russie qui doit être mise sous pression, pas l’Ukraine.
D’autres voix s’élèvent également. Des historiens rappellent les leçons de Munich. Des experts en sécurité internationale avertissent des dangers d’un précédent ukrainien. Des organisations de défense des droits humains dénoncent les crimes de guerre russes et appellent à la justice, pas à l’impunité. Ces voix sont importantes. Elles rappellent que la paix ne peut pas être construite sur l’injustice. Qu’un accord qui récompense l’agresseur n’est pas une paix, c’est une capitulation. Qu’il existe des principes qui ne se négocient pas — la souveraineté, l’intégrité territoriale, le droit international. Mais ces voix sont-elles assez fortes pour contrer la fatigue de l’opinion publique et le pragmatisme cynique de Trump ? C’est la question qui se pose aujourd’hui. C’est la bataille qui se joue dans les médias, dans les parlements, dans les rues.
Ces voix dissidentes me donnent de l’espoir. Elles me montrent qu’il existe encore des gens qui refusent de céder, qui refusent d’accepter l’inacceptable. Des gens qui comprennent que certaines choses valent la peine de se battre. Que la liberté ne se négocie pas. Que la justice ne se marchande pas. Que la dignité ne se vend pas. Ces voix sont notre dernier rempart contre le cynisme et l’apaisement. Si elles se taisent, si elles sont étouffées par la fatigue et le pragmatisme, alors tout est perdu. Alors l’Ukraine sera sacrifiée. Et avec elle, l’ordre international que nous avons construit après 1945.
Conclusion : le choix qui nous définira
Un moment de vérité
Nous sommes à un moment de vérité. Un moment qui définira notre époque. Un moment qui dira qui nous sommes vraiment. Sommes-nous prêts à défendre nos valeurs, ou sommes-nous prêts à les sacrifier pour un peu de confort ? Sommes-nous prêts à tenir tête aux dictateurs, ou sommes-nous prêts à les apaiser en espérant qu’ils se contenteront de ce qu’on leur donne ? Sommes-nous prêts à payer le prix de la liberté, ou sommes-nous prêts à accepter la servitude pour éviter les sacrifices ? Ce sont des questions fondamentales. Des questions qui vont au cœur de ce que signifie être une démocratie. Des questions auxquelles nous devons répondre maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Parce que si nous choisissons mal, si nous acceptons de sacrifier l’Ukraine, nous le regretterons. Peut-être pas aujourd’hui, peut-être pas demain, mais nous le regretterons.
Pavlo Martsenyuk a posé la question qui résume tout : « Combien de plus pouvons-nous donner ? » Cette question s’adresse aux Ukrainiens, mais elle s’adresse aussi à nous. Combien de plus sommes-nous prêts à donner pour défendre la liberté ? Combien de plus sommes-nous prêts à sacrifier pour maintenir l’ordre international ? Combien de plus sommes-nous prêts à payer pour arrêter les dictateurs ? Ce sont des questions difficiles. Des questions qui n’ont pas de réponses faciles. Mais ce sont des questions auxquelles nous devons répondre. Parce que si nous ne répondons pas, si nous laissons Trump décider pour nous, alors nous aurons abandonné non seulement l’Ukraine, mais aussi nous-mêmes. Nous aurons trahi nos valeurs. Nous aurons renoncé à ce qui nous définit en tant que sociétés libres et démocratiques.
Je ne sais pas comment cette histoire va se terminer. Je ne sais pas si l’Ukraine tiendra bon. Je ne sais pas si l’Occident trouvera le courage de la soutenir jusqu’au bout. Je ne sais pas si Trump réussira à imposer son plan catastrophique. Mais je sais une chose : nous serons jugés sur nos choix. L’histoire nous jugera. Nos enfants nous jugeront. Et si nous choisissons de sacrifier l’Ukraine, si nous choisissons l’apaisement plutôt que la résistance, si nous choisissons le confort plutôt que la justice, alors nous aurons échoué. Nous aurons échoué en tant que génération. Nous aurons échoué en tant que civilisation. Et nous porterons cette honte pour toujours.
L’appel de Pavlo
Revenons à Pavlo Martsenyuk, ce soldat aveugle qui se reconstruit dans l’hôpital Unbroken de Lviv. Il dit qu’il ne veut pas de pitié, mais de compréhension. Il dit que le monde ne comprend pas vraiment ce que vivent les Ukrainiens. Il a raison. Nous ne comprenons pas. Nous ne pouvons pas comprendre. Parce que nous n’avons pas vécu ce qu’ils ont vécu. Nous n’avons pas vu nos villes détruites. Nous n’avons pas perdu nos proches dans des bombardements. Nous n’avons pas passé des nuits entières dans des abris anti-aériens. Nous n’avons pas été forcés de fuir nos maisons. Nous n’avons pas sacrifié nos yeux, nos membres, nos vies pour défendre notre pays. Mais même si nous ne pouvons pas comprendre pleinement, nous pouvons au moins essayer. Nous pouvons au moins écouter. Nous pouvons au moins respecter leur sacrifice. Et nous pouvons refuser de le trahir en acceptant un accord qui récompense l’agresseur.
Pavlo demande : « Combien de plus pouvons-nous donner ? » La réponse devrait être : « Vous avez déjà trop donné. Vous ne devriez pas avoir à donner plus. » Mais la réalité est plus cruelle. La réalité, c’est que l’Ukraine devra peut-être donner encore plus. Parce que Poutine ne s’arrêtera pas. Parce que Trump est prêt à la sacrifier. Parce que l’Occident est fatigué. Mais même si l’Ukraine doit donner encore plus, même si elle doit continuer à se battre, même si elle doit continuer à saigner, elle ne devrait pas avoir à le faire seule. Nous devrions être à ses côtés. Nous devrions la soutenir. Nous devrions lui donner les moyens de se défendre. Nous devrions lui montrer qu’elle n’est pas seule. Que nous n’avons pas oublié. Que nous ne l’abandonnerons pas. C’est le moins que nous puissions faire. C’est notre devoir moral. C’est notre responsabilité historique.
Pavlo Martsenyuk ne me quittera pas. Son visage reconstruit, ses yeux perdus, sa question déchirante — tout cela restera gravé dans ma mémoire. Parce qu’il incarne tout ce que cette guerre a de plus terrible et de plus noble. La souffrance et le courage. Le sacrifice et la résistance. La perte et l’espoir. Si nous abandonnons Pavlo, si nous abandonnons l’Ukraine, nous nous abandonnerons nous-mêmes. Nous abandonnerons tout ce qui fait de nous des êtres humains dignes de ce nom. Alors non, nous ne pouvons pas accepter le plan Trump. Nous ne pouvons pas accepter de sacrifier l’Ukraine. Nous ne pouvons pas accepter de récompenser l’agression. Nous devons tenir bon. Pour Pavlo. Pour l’Ukraine. Pour nous-mêmes. Pour l’avenir que nous voulons construire. Un avenir basé sur la justice, pas sur la force. Sur le droit, pas sur la violence. Sur la liberté, pas sur la servitude. C’est notre choix. C’est notre responsabilité. C’est notre moment de vérité.
Sources
Sources primaires
CBS News, « As Trump pushes Ukraine to give Russia land for peace, a wounded soldier asks, ‘How much more can we give?' », 2 décembre 2025. Associated Press, « Ukraine would cede territory to Russia in draft of Trump peace plan obtained by AP », 20 novembre 2025. Euronews, « La majorité des Ukrainiens rejettent la cession des territoires et sont prêts à supporter la guerre ‘tant qu’il faudra' », 18 décembre 2025. Institut international de sociologie de Kiev, sondage sur l’opinion publique ukrainienne, décembre 2025.
Sources secondaires
Center for Strategic and International Studies, « Russia’s Battlefield Woes in Ukraine », juin 2025. Le Monde, « Guerre en Ukraine : les négociations de paix se heurtent au mur de l’intransigeance russe », 18 décembre 2025. Le Figaro, « Guerre en Ukraine : ces annexes secrètes du plan de paix de Donald Trump qui inquiètent les Européens », 11 décembre 2025. BBC News, « What we know about leaked US draft plan to end Russia’s Ukraine war », décembre 2025. Al Jazeera, « Trump’s 28-point Ukraine plan in full: What it means, could it work? », 21 novembre 2025.
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