Une saisie spectaculaire le 10 décembre
Pour comprendre la saisie du 20 décembre, il faut revenir dix jours en arrière. Le 10 décembre 2025, les forces américaines ont intercepté un gigantesque pétrolier appelé « Skipper » au large des côtes vénézuéliennes. L’opération était encore plus spectaculaire que celle du week-end dernier. Elle a impliqué des forces spéciales, deux hélicoptères, dix membres des gardes-côtes et dix Marines. Le tout lancé depuis le porte-avions USS Gerald R. Ford, qui patrouille dans la région depuis des semaines dans le cadre d’un déploiement militaire massif ordonné par Trump. La procureure générale Pam Bondi a même publié une vidéo de quarante-cinq secondes montrant des personnels armés descendant en rappel depuis un hélicoptère sur le pont du navire. Hollywood n’aurait pas fait mieux.
Le Skipper n’est pas n’importe quel bateau. C’est un mastodonte de trois cent trente-trois mètres de long, l’un des plus grands pétroliers du monde lors de sa construction en 2005. À l’époque, il s’appelait The Toyo. Vingt ans plus tard, il transportait environ 1,8 million de barils de pétrole brut et naviguait sous pavillon guyanais. Sauf que le Guyana a rapidement démenti : le navire n’était pas enregistré dans le pays sud-américain. Il utilisait un faux pavillon, une pratique courante dans ce qu’on appelle la « flotte fantôme » – ces navires qui dissimulent leur localisation et leur propriétaire réel pour contourner les sanctions internationales. Le Skipper avait été sanctionné par le Département du Trésor américain en 2022 pour son rôle présumé dans un réseau de contrebande de pétrole finançant les Gardiens de la révolution iraniens et le Hezbollah. À l’époque, il s’appelait Adisa et était contrôlé par Viktor Artemov, un magnat russe du pétrole également sous sanctions.
Une opération rare et risquée
Ce qui rend cette saisie exceptionnelle, ce n’est pas seulement sa taille ou son timing. C’est la méthode. Faire descendre des forces spéciales en rappel depuis des hélicoptères sur un pétrolier en pleine mer, c’est une manœuvre extrêmement risquée que les gardes-côtes américains s’entraînent à faire mais qu’ils exécutent rarement. Normalement, les saisies de navires sanctionnés se font de manière beaucoup plus discrète, souvent dans les ports ou avec la coopération des autorités locales. Là, c’était une démonstration de force pure et simple. Un message envoyé non seulement à Caracas, mais à tous ceux qui oseraient défier les sanctions américaines. Le message était simple : nous viendrons vous chercher, même en eaux internationales, même si ça nécessite une opération militaire digne d’un film d’action.
Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison Blanche, a expliqué le lendemain que le navire était « actuellement en cours de procédure de confiscation » et qu’une « équipe d’enquête complète » était à bord pour interroger l’équipage et saisir les preuves. Le pétrolier sera emmené dans un port américain, et les États-Unis « ont l’intention de saisir le pétrole », a-t-elle précisé, tout en soulignant qu’il y avait « un processus légal pour la saisie de ce pétrole, et ce processus légal sera suivi. » Comme si suivre un processus légal après avoir mené une opération militaire en eaux internationales rendait le tout parfaitement légitime. Comme si la légalité pouvait être appliquée rétroactivement à une action qui ressemble furieusement à de la piraterie d’État.
Il y a quelque chose de profondément ironique dans cette situation. Les États-Unis accusent le Venezuela de piraterie, de vol, de terrorisme. Mais qu’est-ce que c’est, exactement, que de saisir un navire en eaux internationales sans déclaration de guerre formelle ? Qu’est-ce que c’est, sinon de la piraterie légalisée par la force ? Je ne défends pas Maduro, loin de là. Mais il faut appeler les choses par leur nom. Quand un pays envoie ses forces spéciales capturer des navires qui ne lui appartiennent pas, dans des eaux qui ne sont pas les siennes, c’est de la piraterie. Point final.
L'escalade militaire dans les Caraïbes
Un déploiement massif de forces américaines
Les saisies de pétroliers ne sont que la partie visible d’une présence militaire américaine considérablement renforcée dans la région. Depuis plusieurs mois, l’administration Trump a déployé des milliers de soldats et près d’une douzaine de navires de guerre dans la zone du Commandement Sud des États-Unis, qui couvre l’Amérique latine et les Caraïbes. Le porte-avions USS Gerald R. Ford, l’un des plus modernes et des plus puissants de la flotte américaine, patrouille dans les eaux caribéennes avec son groupe aéronaval complet. Des avions de chasse, des Marines, des avions espions – tout l’arsenal militaire américain est mobilisé pour ce que l’administration appelle « l’Opération Southern Spear« , la Lance du Sud.
Cette opération ne se limite pas à surveiller les pétroliers. Depuis début septembre 2025, les forces américaines ont mené plus de vingt-cinq frappes militaires contre des embarcations présumées transportant de la drogue dans l’océan Pacifique et la mer des Caraïbes près du Venezuela. Ces frappes ont tué au moins cent quatre personnes selon les chiffres officiels du Pentagone. Cent quatre morts. Pas d’arrestations. Pas de procès. Pas de présomption d’innocence. Juste des frappes aériennes ou navales qui détruisent des bateaux et tuent leurs occupants sur la base de renseignements qui ne sont jamais rendus publics. Des experts juridiques et des organisations de défense des droits humains ont qualifié ces actions d' »exécutions extrajudiciaires » et les considèrent comme illégales tant au regard du droit américain que du droit international.
La guerre non déclarée contre le narcotrafic
Trump justifie ces frappes par la lutte contre le trafic de drogue et le « narcoterrorisme« . Il a même désigné le fentanyl de rue comme une arme de destruction massive, escaladant encore la rhétorique guerrière. Selon lui, chaque bateau détruit sauve vingt-cinq mille vies américaines – un chiffre qu’il n’a jamais étayé et que les vérificateurs de faits ont largement contesté. Mais peu importe la véracité de ces affirmations. Ce qui compte pour Trump, c’est le message politique : il est dur contre la drogue, il protège les Américains, et il n’hésite pas à utiliser la force militaire pour le faire. Que cela soit légal ou non semble être une considération secondaire.
Le problème, c’est que ces frappes créent un précédent extrêmement dangereux. Si les États-Unis peuvent détruire des bateaux et tuer leurs occupants sans procès, sans preuve publique, sans supervision judiciaire, qu’est-ce qui empêche d’autres pays de faire la même chose ? Qu’est-ce qui empêche la Chine de couler des navires américains qu’elle soupçonne de transporter des armes vers Taïwan ? Qu’est-ce qui empêche la Russie de détruire des bateaux ukrainiens sous prétexte qu’ils transportent des mercenaires ? Le droit international existe précisément pour éviter ce genre de dérive. Mais Trump a toujours considéré le droit international comme une contrainte inutile plutôt que comme une protection nécessaire.
Cent quatre morts. Je laisse ce chiffre résonner un instant. Cent quatre personnes tuées dans des frappes militaires américaines sans qu’aucune d’entre elles n’ait eu droit à un procès, à une défense, à quoi que ce soit qui ressemble à de la justice. Peut-être étaient-ils tous des trafiquants de drogue. Peut-être méritaient-ils d’être arrêtés et jugés. Mais tués comme ça, sans autre forme de procès ? C’est ça, la justice américaine maintenant ? Des missiles tirés depuis des navires de guerre sur des bateaux de pêche ? Je suis écœuré. Vraiment écœuré par cette banalisation de la violence, par cette manière dont on tue des gens et on passe à autre chose comme si de rien n’était.
Les motivations de Trump : pétrole et politique
Le discours officiel sur le terrorisme
Officiellement, l’administration Trump justifie son blocus du Venezuela par la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et la traite des êtres humains. Trump a formellement désigné le « Cartel de los Soles » – un groupe qui inclurait Maduro et d’autres hauts responsables vénézuéliens – comme une organisation terroriste étrangère. Cette désignation donne théoriquement aux États-Unis le droit d’utiliser tous les moyens nécessaires pour combattre cette organisation, y compris la force militaire. C’est le même mécanisme juridique qui a été utilisé pour justifier la guerre contre Al-Qaïda après le 11 septembre. Sauf qu’Al-Qaïda avait effectivement attaqué les États-Unis. Le Venezuela, lui, n’a jamais mené d’attaque terroriste sur le sol américain.
Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth a été encore plus explicite dans ses déclarations. « Le président Trump a été clair : le blocus des pétroliers transportant du pétrole sanctionné au départ ou à destination du Venezuela restera pleinement en vigueur jusqu’à ce que l’entreprise criminelle de Maduro restitue tous les actifs américains volés« , a-t-il écrit sur X. « Le Département de la Guerre, avec nos partenaires des gardes-côtes, mènera sans fléchir des opérations d’interdiction maritime – à travers l’OPÉRATION SOUTHERN SPEAR – pour démanteler les réseaux criminels illicites. La violence, la drogue et le chaos ne contrôleront pas l’hémisphère occidental. » Notez qu’il parle du « Département de la Guerre » plutôt que du Département de la Défense. Ce n’est pas un lapsus. C’est un choix délibéré de langage qui reflète une vision beaucoup plus agressive du rôle militaire américain.
La vraie raison : le pétrole vénézuélien
Mais derrière cette rhétorique sur le terrorisme et la drogue se cache une motivation beaucoup plus prosaïque : le pétrole. Le Venezuela possède les plus grandes réserves de pétrole brut du monde, dépassant même l’Arabie saoudite. Et ces réserves étaient autrefois largement contrôlées par des compagnies américaines. Jusqu’à ce que le Venezuela décide de nationaliser son industrie pétrolière, d’abord dans les années 1970, puis de manière plus agressive sous Hugo Chávez et Nicolás Maduro. Trump lui-même l’a admis de manière assez candide lorsqu’un journaliste l’a interrogé sur le blocus. « Vous vous souvenez qu’ils ont pris tous nos droits énergétiques. Ils ont pris tout notre pétrole il n’y a pas si longtemps. Et nous le voulons récupérer. Ils l’ont pris – ils l’ont pris illégalement », a déclaré le président américain.
Cette déclaration est révélatrice. Trump ne parle pas de combattre le terrorisme ou de protéger les Américains de la drogue. Il parle de récupérer « notre pétrole » – comme si le pétrole vénézuélien appartenait naturellement aux États-Unis. C’est une vision néocoloniale des relations internationales où les ressources naturelles des pays en développement sont considérées comme la propriété légitime des puissances occidentales. David Goldwyn, ancien diplomate du Département d’État spécialisé dans l’énergie, a estimé que si le blocus est pleinement mis en œuvre et que les exportations vénézuéliennes affectées ne sont pas remplacées par une capacité de production supplémentaire de l’OPEP, l’impact sur les prix du pétrole pourrait être de cinq à huit dollars le baril. Ce qui signifie des profits considérables pour les producteurs de pétrole américains et leurs actionnaires.
Voilà. On y est. Le masque tombe. Trump parle de « notre pétrole » au Venezuela. Comme si un pays souverain n’avait pas le droit de contrôler ses propres ressources naturelles. Comme si la nationalisation du pétrole était un vol plutôt qu’une décision politique légitime. J’ai envie de rire et de pleurer en même temps. Rire parce que c’est tellement grotesque, tellement caricatural. Pleurer parce que c’est exactement ce genre de mentalité qui a justifié des décennies d’interventions américaines en Amérique latine, des coups d’État, des dictatures soutenues par Washington. Et maintenant, en 2025, on recommence. Comme si on n’avait rien appris.
La réaction du Venezuela et de Maduro
Caracas dénonce la piraterie internationale
Le gouvernement vénézuélien n’a évidemment pas pris ces saisies à la légère. Après la capture du deuxième pétrolier le 20 décembre, la vice-présidente Delcy Rodríguez a publié une déclaration virulente dénonçant « un acte grave de piraterie internationale« . « Le Venezuela dénonce et rejette le vol et le détournement d’un nouveau navire privé transportant du pétrole, ainsi que la disparition forcée de son équipage, commis par du personnel militaire des États-Unis d’Amérique dans les eaux internationales« , a-t-elle écrit. « Ces actes ne resteront pas impunis. Le Venezuela prendra toutes les mesures correspondantes, y compris le dépôt d’une plainte devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, d’autres organisations multilatérales et les gouvernements du monde. »
Maduro lui-même a été encore plus direct dans ses accusations. Selon le président vénézuélien, le déploiement militaire américain vise à le renverser et à prendre le contrôle des ressources pétrolières du pays. « L’impérialisme et la droite fasciste veulent coloniser le Venezuela pour s’emparer de sa richesse en pétrole, gaz, or, entre autres minéraux », a déclaré Maduro. « Nous avons juré de défendre absolument notre patrie et au Venezuela, la paix triomphera. » C’est une rhétorique que Maduro utilise depuis des années, mais cette fois, elle semble moins exagérée qu’avant. Quand des navires de guerre américains patrouillent au large de vos côtes et que vos pétroliers sont saisis en pleine mer, il devient difficile de qualifier ces accusations de pure paranoïa.
L’isolement diplomatique du Venezuela
Le problème pour Maduro, c’est qu’il a peu d’alliés capables ou désireux de le défendre efficacement. La Russie et la Chine, ses principaux soutiens, sont préoccupées par leurs propres problèmes – la guerre en Ukraine pour Moscou, les tensions avec Taïwan pour Pékin. Cuba est trop faible économiquement pour offrir une aide significative. L’Iran, un autre allié traditionnel, est lui-même sous sanctions américaines sévères et a ses propres défis à gérer. Le Venezuela se retrouve donc largement seul face à la puissance militaire et économique américaine. Même les pays d’Amérique latine qui pourraient être sympathiques à Caracas hésitent à se positionner trop ouvertement contre Washington, de peur de subir eux-mêmes des représailles économiques.
Cette isolation diplomatique rend le Venezuela extrêmement vulnérable. Les exportations de pétrole vénézuéliennes ont chuté drastiquement depuis la saisie du Skipper le 10 décembre. Les navires chargés de millions de barils de pétrole restent dans les eaux vénézuéliennes plutôt que de risquer d’être interceptés en haute mer. Cette situation a été aggravée par une cyberattaque qui a paralysé les systèmes administratifs de PDVSA, la compagnie pétrolière nationale vénézuélienne. Certains experts soupçonnent que cette cyberattaque pourrait avoir été menée ou facilitée par les services de renseignement américains, bien qu’aucune preuve n’ait été rendue publique. Le résultat est le même : l’économie vénézuélienne, déjà en lambeaux après des années de mauvaise gestion et de sanctions, est encore plus étranglée.
Je regarde Maduro parler de colonialisme et d’impérialisme, et je me dis qu’il n’a pas complètement tort. Oui, c’est un autocrate. Oui, son régime est corrompu et répressif. Oui, il a détruit l’économie vénézuélienne par son incompétence. Mais ça ne donne pas aux États-Unis le droit de saisir ses pétroliers et d’étrangler son pays économiquement. Deux choses peuvent être vraies en même temps : Maduro peut être un mauvais dirigeant ET les actions américaines peuvent être illégales et immorales. Ce n’est pas parce qu’on n’aime pas quelqu’un qu’on a le droit de lui voler ses affaires.
L'impact sur les prix du pétrole et l'économie mondiale
La flambée des cours du brut
L’annonce du blocus par Trump le 16 décembre a eu un effet immédiat sur les marchés pétroliers. Les prix du pétrole ont augmenté de plus de un pour cent dans les échanges asiatiques le lendemain. Le Brent, la référence européenne, a grimpé de soixante-dix cents pour atteindre 59,62 dollars le baril. Le West Texas Intermediate, la référence américaine, a augmenté de soixante-treize cents pour s’établir à 56 dollars le baril. Ces hausses peuvent sembler modestes, mais elles reflètent l’anticipation des marchés d’une réduction potentielle de l’offre mondiale de pétrole. Le Venezuela exporte normalement près d’un million de barils par jour, principalement vers la Chine. Si ces exportations sont effectivement bloquées, cela représente une perte significative pour le marché mondial.
David Goldwyn, l’ancien diplomate spécialisé dans l’énergie, a averti que si le blocus reste en place pendant une période prolongée et que les exportations vénézuéliennes affectées ne sont pas remplacées par une capacité de production supplémentaire de l’OPEP, l’impact sur les prix du pétrole pourrait être substantiel. « Je m’attendrais à ce que l’inflation monte en flèche, et à une migration massive et immédiate du Venezuela vers les pays voisins », a-t-il déclaré. C’est un scénario cauchemardesque pour l’Amérique latine, qui a déjà accueilli des millions de réfugiés vénézuéliens au cours des dernières années. Une nouvelle vague migratoire massive déstabiliserait encore plus la région et créerait une crise humanitaire d’une ampleur considérable.
Les gagnants et les perdants
Mais tout le monde ne perd pas dans cette situation. Les producteurs de pétrole américains, par exemple, bénéficient directement de la hausse des prix du brut. Si le pétrole vénézuélien disparaît du marché, les compagnies pétrolières américaines peuvent augmenter leur production et vendre leur pétrole à des prix plus élevés. C’est une aubaine pour l’industrie pétrolière américaine, qui a largement soutenu Trump lors de sa campagne électorale. Certains cyniques suggèrent que c’est précisément le but de toute cette opération : éliminer un concurrent sur le marché mondial du pétrole tout en habillant cette action d’une rhétorique sur la lutte contre le terrorisme et la drogue.
La Chine, en revanche, est un grand perdant. Le pétrole vénézuélien représente environ quatre pour cent des importations chinoises, avec des livraisons en décembre qui devaient atteindre en moyenne plus de six cent mille barils par jour selon les analystes. Si ces livraisons sont interrompues, Pékin devra trouver d’autres fournisseurs, probablement à des prix plus élevés. Cela pourrait également compliquer les relations sino-américaines, déjà tendues sur de nombreux fronts. Pour l’instant, le marché pétrolier mondial est bien approvisionné, avec des millions de barils de pétrole sur des pétroliers au large des côtes chinoises en attente de déchargement. Mais si l’embargo reste en place pendant plusieurs mois, la perte de près d’un million de barils par jour d’approvisionnement en pétrole brut pourrait faire grimper les prix de manière significative.
Suivez l’argent. C’est toujours la même histoire. Derrière les grands discours sur la démocratie et les droits humains, derrière la rhétorique sur le terrorisme et la drogue, il y a toujours l’argent. Les compagnies pétrolières américaines vont faire des profits énormes grâce à ce blocus. Les actionnaires vont s’enrichir. Et pendant ce temps, des millions de Vénézuéliens vont souffrir encore plus, l’inflation va exploser, les gens vont fuir leur pays par désespoir. Mais qui s’en soucie, tant que les profits sont au rendez-vous ?
Les questions juridiques et constitutionnelles
Un blocus est-il un acte de guerre ?
La question juridique centrale dans toute cette affaire est simple mais explosive : un blocus naval est-il un acte de guerre ? Selon le droit international traditionnel, la réponse est oui. Les blocus ont historiquement été traités comme des « instruments de guerre » permis uniquement dans des conditions strictes, généralement dans le cadre d’un conflit armé déclaré. Elena Chachko, professeure de droit international à l’Université de Californie à Berkeley, a souligné qu’il y a « de sérieuses questions tant sur le plan du droit interne que du droit international » concernant les actions de Trump. Un blocus implique l’utilisation de la force militaire pour empêcher le commerce avec un pays, ce qui est généralement considéré comme un acte hostile majeur dans les relations internationales.
Le problème, c’est que les États-Unis n’ont pas déclaré la guerre au Venezuela. Le Congrès américain n’a pas autorisé l’utilisation de la force militaire contre Caracas. Pourtant, l’administration Trump mène effectivement des opérations militaires contre des navires liés au Venezuela, saisit des pétroliers en eaux internationales, et menace d’intensifier encore ces actions. Le représentant Joaquin Castro a qualifié le blocus d' »acte de guerre incontestable » que « le Congrès n’a jamais autorisé et que le peuple américain ne veut pas. » Mais Trump semble considérer qu’il a l’autorité constitutionnelle pour mener ces opérations sans l’approbation du Congrès, s’appuyant sur les pouvoirs étendus du président en tant que commandant en chef des forces armées.
La légalité des frappes sur les bateaux de drogue
Les frappes militaires contre les embarcations présumées transportant de la drogue soulèvent des questions juridiques encore plus troublantes. Tuer plus de cent personnes sans procès, sans preuve publique, sans supervision judiciaire – c’est ce que les experts en droits humains appellent des exécutions extrajudiciaires. Human Rights Watch et d’autres organisations ont publié des analyses détaillées expliquant pourquoi ces frappes violent probablement à la fois le droit américain et le droit international. Le droit international humanitaire, qui régit les conflits armés, exige que les combattants distinguent entre combattants et civils, qu’ils prennent des précautions pour minimiser les pertes civiles, et qu’ils respectent le principe de proportionnalité. Rien n’indique que ces principes aient été respectés dans les frappes américaines.
De plus, ces frappes se déroulent en dehors de tout cadre de conflit armé reconnu. Les États-Unis ne sont pas en guerre avec le Venezuela, ni avec la Colombie, ni avec aucun autre pays de la région. Les personnes tuées dans ces frappes n’étaient pas des combattants ennemis dans un conflit armé, mais des civils présumés impliqués dans le trafic de drogue. Même si ces présomptions sont exactes – et nous n’avons aucun moyen de le vérifier puisque les preuves ne sont jamais rendues publiques – cela ne justifie pas leur exécution sommaire. Le trafic de drogue est un crime, pas un acte de guerre. Les criminels présumés ont droit à un procès, pas à une sentence de mort exécutée par un missile tiré depuis un navire de guerre.
Je suis avocat de formation, et cette situation me rend malade. Tout ce que nous avons construit depuis la Seconde Guerre mondiale – le droit international, les conventions de Genève, les droits humains fondamentaux – tout ça est en train d’être piétiné. Et personne ne semble s’en soucier. Les gens haussent les épaules et disent « ce sont des trafiquants de drogue, ils méritent de mourir. » Mais c’est exactement comme ça que les dictatures justifient leurs atrocités. En déshumanisant leurs victimes. En les présentant comme des monstres qui ne méritent pas les protections de la loi. C’est terrifiant.
Les réactions internationales et régionales
Le Brésil et l’Amérique latine s’inquiètent
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a été l’un des rares dirigeants latino-américains à critiquer ouvertement les actions américaines. Lors d’un sommet du Mercosur à Foz do Iguaçu, dans le sud du Brésil, le 20 décembre, Lula a averti Trump contre une « intervention armée au Venezuela« , affirmant que ce serait « une catastrophe humanitaire« . Il a ajouté que cela constituerait « un précédent dangereux pour le monde« . Faisant référence à la guerre des Malouines de 1982 entre l’Argentine et le Royaume-Uni, Lula a déclaré : « Plus de quarante ans après la guerre des Malouines, le continent sud-américain est à nouveau hanté par la présence militaire d’une puissance extrarégionale. » C’est une critique sévère qui reflète l’inquiétude croissante en Amérique latine face à l’interventionnisme américain.
Mais Lula est une exception. La plupart des dirigeants latino-américains restent silencieux, coincés entre leur désapprobation des méthodes de Maduro et leur malaise face aux actions américaines. Ils ne veulent pas être vus comme défendant un régime autoritaire et corrompu, mais ils ne veulent pas non plus cautionner une intervention militaire américaine qui pourrait créer un précédent dangereux pour toute la région. Cette ambiguïté permet à Washington d’agir avec une relative impunité, sachant que l’opposition régionale sera fragmentée et inefficace. Les pays d’Amérique latine ont appris au cours des décennies précédentes que défier ouvertement les États-Unis peut avoir des conséquences économiques et politiques graves.
Le silence assourdissant de l’Europe et de l’ONU
L’Europe, quant à elle, est restée largement silencieuse sur cette question. Quelques déclarations diplomatiques exprimant une « préoccupation » générale, mais rien qui ressemble à une condamnation ferme des actions américaines. L’Union européenne est elle-même en conflit avec le régime de Maduro et a imposé ses propres sanctions contre le Venezuela. Elle n’a donc aucun intérêt à défendre Caracas. De plus, les Européens sont préoccupés par leurs propres problèmes – la guerre en Ukraine, les tensions avec la Russie, les défis économiques internes. Le Venezuela est loin, et les capitales européennes ont d’autres priorités plus pressantes.
Quant aux Nations Unies, l’organisation est paralysée par les divisions au Conseil de sécurité. Le Venezuela a promis de déposer une plainte devant le Conseil de sécurité, mais cette plainte n’ira probablement nulle part. Les États-Unis ont un droit de veto au Conseil de sécurité, ce qui signifie qu’aucune résolution condamnant leurs actions ne pourra jamais être adoptée. La Russie et la Chine pourraient soutenir le Venezuela par principe, mais elles savent que c’est un combat perdu d’avance. Le résultat est une impasse diplomatique où les actions américaines se poursuivent sans conséquence internationale significative. C’est la réalité brutale du système international : les grandes puissances peuvent faire ce qu’elles veulent tant qu’elles ont la force militaire et économique pour le faire.
Le silence de la communauté internationale me dégoûte presque autant que les actions américaines elles-mêmes. Où sont les défenseurs du droit international ? Où sont les pays qui prétendent croire en un ordre mondial fondé sur des règles ? Ils sont tous là, à regarder ailleurs, à marmonner des platitudes diplomatiques, à ne rien faire. Parce que c’est plus facile. Parce que ça ne coûte rien. Parce que défendre le Venezuela signifierait défendre Maduro, et personne ne veut être associé à ce régime. Mais le droit international n’est pas censé protéger seulement les gentils. Il est censé protéger tout le monde. Sinon, ce n’est pas du droit, c’est juste la loi du plus fort.
Les conséquences humanitaires pour le Venezuela
Une économie déjà en ruines
Pour comprendre l’impact du blocus américain, il faut d’abord comprendre l’état catastrophique de l’économie vénézuélienne. Le pays traverse la pire crise économique de son histoire moderne. L’hyperinflation a détruit la valeur de la monnaie nationale. Les pénuries de nourriture, de médicaments et de produits de base sont endémiques. Plus de sept millions de Vénézuéliens – près d’un quart de la population – ont fui le pays au cours des dernières années, créant la plus grande crise de réfugiés de l’histoire de l’Amérique latine. Cette catastrophe est en grande partie le résultat de la mauvaise gestion économique du régime de Maduro, de la corruption généralisée et de l’effondrement de l’industrie pétrolière vénézuélienne due à des années de sous-investissement et de mauvaise gestion.
Mais les sanctions américaines ont considérablement aggravé la situation. Depuis 2019, les États-Unis ont imposé des sanctions énergétiques sévères qui ont effectivement coupé le Venezuela des marchés financiers internationaux et rendu extrêmement difficile la vente de son pétrole. Ces sanctions ont privé le gouvernement vénézuélien de milliards de dollars de revenus, ce qui a encore réduit sa capacité à importer de la nourriture, des médicaments et d’autres produits essentiels. Des études indépendantes ont estimé que les sanctions américaines ont contribué à des dizaines de milliers de morts au Venezuela en limitant l’accès aux soins de santé et à la nutrition. Maintenant, avec le blocus naval, la situation va devenir encore pire.
La menace d’une nouvelle vague migratoire
David Goldwyn, l’ancien diplomate américain spécialisé dans l’énergie, a averti que si le blocus reste en place, il faut s’attendre à « une migration massive et immédiate du Venezuela vers les pays voisins. » C’est un scénario que les gouvernements d’Amérique latine redoutent. La Colombie, le Brésil, le Pérou, l’Équateur et le Chili ont déjà accueilli des millions de réfugiés vénézuéliens au cours des dernières années. Ces pays ont fait des efforts considérables pour intégrer ces réfugiés, mais leurs ressources sont limitées. Une nouvelle vague migratoire massive pourrait submerger leurs systèmes sociaux et créer des tensions politiques et sociales importantes.
Et où iront ces réfugiés si les pays voisins ferment leurs frontières ? Beaucoup tenteront de se rendre aux États-Unis, traversant l’Amérique centrale et le Mexique dans des conditions dangereuses. Ironiquement, les actions de Trump au Venezuela pourraient créer exactement le type de crise migratoire à la frontière sud des États-Unis qu’il prétend vouloir éviter. C’est un exemple classique de conséquences non intentionnelles – ou peut-être que l’administration Trump n’a tout simplement pas réfléchi aux implications humanitaires de ses actions. Quoi qu’il en soit, ce sont les Vénézuéliens ordinaires qui paieront le prix le plus élevé, coincés entre un régime autoritaire incompétent et un blocus américain qui étouffe leur économie.
Je pense aux familles vénézuéliennes qui vont souffrir à cause de ce blocus. Les mères qui ne pourront pas nourrir leurs enfants. Les malades qui ne pourront pas obtenir de médicaments. Les gens qui vont perdre leur emploi quand l’économie s’effondrera encore plus. Ces gens n’ont rien fait de mal. Ils ne soutiennent pas nécessairement Maduro. Beaucoup le détestent probablement. Mais ils vont quand même souffrir. Parce que les sanctions et les blocus ne font jamais de distinction entre les dirigeants et le peuple. Ils frappent tout le monde, indistinctement. Et c’est toujours les plus vulnérables qui souffrent le plus.
La stratégie à long terme de Trump
Renverser Maduro ou négocier ?
La grande question est : quel est l’objectif final de Trump ? Veut-il renverser Maduro et installer un nouveau gouvernement au Venezuela ? Ou utilise-t-il simplement la pression militaire et économique pour forcer Maduro à négocier et à faire des concessions ? Susie Wiles, la cheffe de cabinet de Trump, a donné un indice dans une interview accordée à Vanity Fair. Selon elle, Trump « veut continuer à faire exploser des bateaux jusqu’à ce que Maduro crie oncle. » Cette déclaration suggère que l’objectif n’est pas nécessairement un changement de régime complet, mais plutôt de forcer Maduro à capituler sur certaines questions – probablement liées au contrôle des ressources pétrolières et au remboursement des « actifs volés » dont Trump parle constamment.
Mais cette stratégie comporte des risques énormes. Maduro a montré au fil des ans qu’il est prêt à s’accrocher au pouvoir coûte que coûte. Il a survécu à des tentatives de coup d’État, à des sanctions économiques dévastatrices, à l’isolement diplomatique et à des manifestations de masse. Il a le soutien de l’armée vénézuélienne, qui bénéficie du régime et n’a aucun intérêt à le renverser. Il a également le soutien, même si c’est de manière limitée, de la Russie, de la Chine, de Cuba et de l’Iran. Ces pays ne vont pas laisser tomber Maduro facilement, car ils voient le Venezuela comme un allié stratégique dans leur confrontation avec les États-Unis.
Le risque d’une intervention militaire directe
Trump a également laissé entendre qu’il pourrait aller plus loin que les saisies de pétroliers et les frappes sur les bateaux de drogue. Il a déclaré que des frappes terrestres américaines au Venezuela « commenceront très bientôt. » C’est une menace extraordinaire qui, si elle est mise à exécution, pourrait déclencher un conflit militaire majeur en Amérique du Sud. Une intervention militaire américaine au Venezuela serait extrêmement complexe et dangereuse. Le Venezuela a une armée de plusieurs centaines de milliers de soldats, équipée d’armes russes et chinoises. Le pays est montagneux et difficile à envahir. Et surtout, une intervention militaire américaine unilatérale serait condamnée par pratiquement tous les pays d’Amérique latine et créerait une crise diplomatique mondiale.
Adam Clements, un ancien diplomate américain et responsable du Pentagone, a souligné le manque de clarté autour des objectifs militaires de Trump au Venezuela. « L’administration Trump semble signaler, et plus récemment elle a fait allusion à un changement de régime. Il est difficile de voir si c’est exactement l’objectif, mais tous ces moyens sont différents pour atteindre le même objectif de mettre la pression sur le gouvernement Maduro », a-t-il déclaré à Al Jazeera. Clements a également averti que cette campagne, venant après les attaques américaines contre les sites nucléaires iraniens en juin, pourrait étirer les ressources militaires américaines. « Tout cela crée au fil du temps des problèmes de maintenance et d’autres préoccupations. Je pense que ce sont d’autres choses dont les planificateurs du Pentagone doivent s’inquiéter », a-t-il ajouté.
Trump joue avec le feu. Il pense qu’il peut intimider Maduro pour qu’il se soumette, mais il sous-estime probablement la détermination du dirigeant vénézuélien à rester au pouvoir. Et si Maduro ne cède pas ? Que fait Trump alors ? Il envahit le Venezuela ? Il bombarde Caracas ? Et ensuite quoi ? Les États-Unis occupent le pays pendant des années, comme en Irak et en Afghanistan ? On a déjà vu ce film. On sait comment il se termine. Mal. Très mal. Pour tout le monde.
Les précédents historiques inquiétants
L’Amérique latine et les interventions américaines
L’histoire des relations entre les États-Unis et l’Amérique latine est marquée par des décennies d’interventions militaires, de coups d’État soutenus par la CIA et de régimes autoritaires installés ou maintenus au pouvoir par Washington. Le Guatemala en 1954, le Chili en 1973, le Nicaragua dans les années 1980, le Panama en 1989, Haïti à plusieurs reprises – la liste est longue et douloureuse. Dans presque tous ces cas, les États-Unis ont justifié leurs interventions par des arguments similaires à ceux utilisés aujourd’hui contre le Venezuela : combattre le communisme, protéger la démocratie, lutter contre le trafic de drogue, défendre les intérêts américains. Et dans presque tous ces cas, les résultats ont été catastrophiques pour les populations locales.
Le cas du Chili est particulièrement instructif. En 1973, la CIA a soutenu le coup d’État militaire qui a renversé le président démocratiquement élu Salvador Allende et installé la dictature d’Augusto Pinochet. Le prétexte était que Allende était un socialiste qui menaçait les intérêts américains en nationalisant les mines de cuivre chiliennes. Le résultat a été dix-sept ans de dictature brutale, des milliers de morts et de disparus, et des traumatismes qui marquent encore la société chilienne aujourd’hui. Les États-Unis ont fini par admettre leur rôle dans ce coup d’État, mais seulement des décennies plus tard, quand il était trop tard pour réparer les dégâts. Est-ce que l’histoire se répète au Venezuela ? Est-ce qu’on va regarder en arrière dans vingt ans et regretter ce qui se passe maintenant ?
Les leçons non apprises de l’Irak
Plus récemment, l’invasion américaine de l’Irak en 2003 offre un avertissement encore plus pertinent. Les États-Unis ont envahi l’Irak sous le prétexte que Saddam Hussein possédait des armes de destruction massive et soutenait le terrorisme. Ces affirmations se sont révélées fausses. L’invasion a déclenché une guerre qui a duré près d’une décennie, tué des centaines de milliers de personnes, coûté des milliers de milliards de dollars aux contribuables américains, et déstabilisé tout le Moyen-Orient. L’Irak est toujours un pays fracturé et instable plus de vingt ans après l’invasion. Et pour quoi ? Pour rien. Absolument rien de positif n’est sorti de cette guerre.
Les parallèles avec le Venezuela sont troublants. Trump accuse Maduro de terrorisme et de trafic de drogue, tout comme George W. Bush accusait Saddam Hussein d’avoir des armes de destruction massive. Trump parle de récupérer les « actifs volés » au Venezuela, tout comme Bush parlait de libérer le peuple irakien. Trump déploie des forces militaires massives dans la région, tout comme Bush l’a fait avant l’invasion de l’Irak. Et Trump semble convaincu qu’une démonstration de force militaire américaine résoudra le problème rapidement et facilement, tout comme Bush l’était en 2003. On connaît la suite de l’histoire irakienne. Est-ce qu’on va répéter les mêmes erreurs au Venezuela ?
L’histoire se répète parce que nous refusons d’apprendre de nos erreurs. Chaque génération pense qu’elle est différente, que cette fois ce sera différent, que cette fois l’intervention militaire fonctionnera. Mais ça ne fonctionne jamais. Jamais. Les interventions militaires créent toujours plus de problèmes qu’elles n’en résolvent. Elles tuent des innocents, déstabilisent des régions entières, créent des vagues de réfugiés, alimentent l’extrémisme. Et pourtant, nous continuons à le faire. Encore et encore. C’est de la folie.
Conclusion : Un point de non-retour ?
L’escalade inexorable
Nous sommes à un moment critique dans les relations entre les États-Unis et le Venezuela. Chaque action de l’administration Trump – chaque pétrolier saisi, chaque bateau détruit, chaque menace proférée – nous rapproche d’un point de non-retour. La logique de l’escalade est implacable. Trump a commencé par des sanctions économiques. Puis il a déployé des forces militaires dans la région. Puis il a commencé à frapper des bateaux présumés transportant de la drogue. Puis il a saisi un premier pétrolier. Puis un deuxième. Maintenant, il parle de frappes terrestres au Venezuela. Quelle sera la prochaine étape ? Une invasion complète ? Une occupation militaire ? Un changement de régime forcé ?
Le problème avec l’escalade, c’est qu’il devient de plus en plus difficile de faire marche arrière. Chaque action crée une dynamique qui pousse vers l’action suivante. Trump a investi énormément de capital politique dans cette confrontation avec Maduro. Il a fait des promesses à sa base électorale. Il a déployé des ressources militaires considérables. Il a pris des risques diplomatiques et juridiques. S’il recule maintenant sans avoir obtenu de victoire claire, il sera perçu comme faible. Et Trump déteste par-dessus tout être perçu comme faible. Donc il va probablement continuer à escalader, même si cela mène à un conflit qu’il ne peut pas gagner et dont personne ne veut vraiment.
Les alternatives ignorées
Il existe pourtant des alternatives à cette confrontation militaire. La diplomatie, par exemple. Les négociations multilatérales impliquant d’autres pays d’Amérique latine, l’Union européenne, peut-être même la Chine et la Russie. Des sanctions ciblées contre les dirigeants du régime plutôt que des mesures qui affectent toute la population vénézuélienne. Un soutien accru à l’opposition démocratique au Venezuela plutôt qu’une intervention militaire directe. Toutes ces options existent. Elles sont moins spectaculaires que les saisies de pétroliers et les frappes militaires. Elles prennent plus de temps. Elles nécessitent de la patience et de la subtilité diplomatique. Mais elles ont aussi beaucoup plus de chances de réussir à long terme sans créer une catastrophe humanitaire.
Malheureusement, l’administration Trump ne semble pas intéressée par ces alternatives. Trump préfère l’action spectaculaire à la diplomatie patiente. Il préfère la démonstration de force à la négociation subtile. Il préfère les solutions rapides aux stratégies à long terme. C’est son style, et il est peu probable qu’il change maintenant. Ce qui signifie que nous allons probablement continuer sur cette trajectoire d’escalade jusqu’à ce que quelque chose casse – soit Maduro capitule, soit il y a un conflit militaire majeur, soit l’administration Trump est forcée de reculer par la pression internationale ou domestique. Aucune de ces options n’est particulièrement attrayante.
Je termine cet article avec un sentiment de profonde inquiétude. Pas seulement pour le Venezuela, bien que la situation là-bas soit déjà assez terrible. Mais pour ce que tout cela signifie pour l’ordre international, pour le droit international, pour l’idée même qu’il existe des règles qui s’appliquent à tous les pays, même aux plus puissants. Trump est en train de démontrer que ces règles ne signifient rien si vous avez assez de porte-avions et de missiles. Que vous pouvez saisir des navires, tuer des gens, menacer d’envahir des pays, et personne ne fera rien pour vous arrêter. C’est terrifiant. Parce que si les États-Unis peuvent le faire, pourquoi pas la Chine ? Pourquoi pas la Russie ? Pourquoi pas n’importe quelle puissance régionale qui décide que ses intérêts justifient l’usage de la force ? Nous glissons vers un monde où la force prime sur le droit. Et une fois que nous serons dans ce monde, il sera très difficile d’en sortir. Je ne sais pas comment arrêter cette spirale. Mais je sais qu’il faut essayer. Parce que l’alternative est trop horrible à contempler.
Sources
Sources primaires
The Hill – « US seizes second oil tanker off Venezuela’s coast as Trump ups pressure on Maduro » – Filip Timotija – 20 décembre 2025
Al Jazeera – « US seizes second oil tanker off Venezuela’s coast » – Umut Uras et agences – 20 décembre 2025
Reuters – « Trump orders ‘blockade’ of sanctioned oil tankers leaving, entering Venezuela » – Idrees Ali, Phil Stewart, Shariq Khan, Marianna Parraga – 16 décembre 2025
CBS News – « What we know about The Skipper, the oil tanker seized by the U.S. near Venezuela » – Jennifer Jacobs, James LaPorta, Richard Escobedo, Eleanor Watson, Nick Kurtz, Nicole Sganga, Joe Walsh – 11 décembre 2025
Sources secondaires
Département du Trésor américain – Communiqué de presse sur les sanctions contre le pétrolier Adisa (Skipper) – 2022
Département de la Justice américain – Mandat de saisie du pétrolier Skipper – Décembre 2025
Gouvernement du Venezuela – Déclarations officielles de la vice-présidente Delcy Rodríguez – 20 décembre 2025
Déclarations du président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva au sommet du Mercosur – 20 décembre 2025
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