Fuite dans les montagnes, crevasse dans l’obscurité
L’histoire de Naseeruddin commença par la même chose qui détruit tant de communautés montagnardes : un conflit familial. Pas une querelle abstraite ou une rancœur purement émotionnelle, mais une dispute villageoise assez grave pour forcer Naseeruddin et son frère Kathiruddin à fuir. Vers où ? Vers les seules terres qui promettaient un refuge : les montagnes. Les hautes terres du Kohistan, cette région reculée du Khyber Pakhtunkhwa où les villages accueillent péniblement les visiteurs modernes après des heures de route et parfois jusqu’à dix-huit heures de trekking.
Ce fut une cavalcade de panique. Deux frères sur des chevaux, galopant à travers un terrain imprévisible. Les conditions météorologiques empiraient à chaque heure—la neige tombait, le vent hurlait entre les crêtes, la visibilité s’effondrait. À un moment, probablement au cours de ce voyage chaotique, Naseeruddin ne vit pas ce qui se trouvait devant lui. Une crevasse béante s’ouvrit sous sa monture, une plaie dans la glace suffisamment profonde pour l’engloutir en une fraction de seconde. Kathiruddin, miraculé, vit son frère disparaître dans l’obscurité cristalline. Il cria. Il chercha. Il supplia. Rien. Le glacier avait fermé ses mâchoires de glace.
Je me demande ce qu’a ressenti Kathiruddin. C’est une question sans réponse, une blessure sans cicatrice visible. Voir son frère tomber dans ce gouffre blanc, passer les années suivantes sachant qu’il était quelque part là-bas, prisonnier—c’est une forme de torture qu’aucune psychologie moderne ne peut vraiment traiter. Survivre quand votre frère ne l’a pas fait porte son propre poids.
Les recherches : l’amour famille contre l’impossibilité physique
Dès après la disparition, des recherches commencèrent. Des membres de la famille Saleh Khel—la tribu dont Naseeruddin était originaire—se rendirent plusieurs fois au glacier. Ils apportaient des crampons, des cordes, de l’espoir. Ils scrutaient les crevasses. Ils appelaient un nom dans des gorges qui ne renvoyaient que des échos. Rien. Les glaciers du Kohistan ne restituaient pas facilement leurs prisonniers. Et puis, année après année, la réalité s’enfonça : Naseeruddin était parti. Non pas mort—mais parti. Cette distinction subtile détruit les familles. Elle laisse subsister l’espoir juste assez longtemps pour blesser profondément.
Les visites cessèrent progressivement. La douleur ne disparut jamais, mais elle se transforma en résignation. En acceptation. Les enfants de Naseeruddin grandissaient sans père. Sa veuve—jamais nommée dans les reportages, comme si les journalistes refusaient de la rendre trop réelle—continuait sa vie. Les parents vieillissaient. Malik Ubaid lui-même aurait envisagé qu’il n’y aurait jamais de réponse, que certains disparus le demeurent à jamais. Les montagnes gardent leurs secrets. Elles les gardent comme des trésors maudits. Mais le climat change. Et même les montagnes ne peuvent plus tenir leurs promesses.
Cette patience familiale—des années de recherche, puis une acceptation graduelle—c’est peut-être la plus grande tragédie. Ce moment où vous cessez d’appeler le nom. Où vous arrêtez de chercher parce que chercher devient une forme d’auto-torture. Le climat a peut-être tué Naseeruddin, mais c’était la glace qui le gardait au loin.
La science glaciaire : pourquoi les cadavres restent parfaitement préservés
Congélation instantanée, décomposition arrêtée, temps suspendu
Quand un corps chute dans une crevasse glaciaire, quelque chose de remarquable se produit au niveau cellulaire. Le froid—un froid impitoyable, des dizaines de degrés sous zéro—transforme les fluides corporels en glaçons. Les enzymes qui orchestrent la décomposition ralentissent, puis s’arrêtent complètement. Les bactéries, ces décomposeurs invisible qui transforment normalement une dépouille en poussière au cours de mois ou d’années, entrent en sommeil. Elles deviennent inertes. Le processus de putréfaction—ce cycle naturel de retour à la terre—s’interrompt comme une projection de film mise en pause par un projectionniste divin.
Le Professeur Muhammad Bilal, chef du Département de l’Environnement à l’Université COMSATS d’Islamabad, explique ce phénomène avec la clarté d’un scientifique qui a étudié les glaciers du Kohistan pendant des années. «Lorsqu’un corps humain devient piégé dans un glacier, les conditions glaciales gèlent rapidement le corps, arrêtant la décomposition,» dit-il. «Le corps se momifie ensuite en raison du manque d’humidité et d’oxygène du glacier.» C’est une momification naturelle, une cryogénie offerte par la Terre elle-même. Le glacier ne décompose pas. Il préserve. Il fige le moment. Vingt-huit ans après sa chute, Naseeruddin avait toujours ses vêtements, ses traits, son essence physique intacts.
Il y a quelque chose de presque bienveillant dans cette préservation scientifique. Alors que le reste d’entre nous se dissolverons dans la poussière, consommés par les vers et le temps, ces corps glaciaires restent—des monuments à leur propre moment de mort. La nature les a embaumés. Peut-être c’est son dernier cadeau aux morts.
La momification versus la décomposition : quelle est la différence
Il y a une distinction importante entre ce qui s’est passé à Naseeruddin et ce qui arriverait à un corps dans un environnement tempéré. Normalement, un cadavre se putréfie. Les asticots colonisent les tissus mous. Les bactéries produisent des gaz qui gonflent le corps. Les os deviennent friables. Les organes se liquéfient. En six mois à un an dans de bonnes conditions décompositionnelles, il ne reste que des os et des lambeaux de tissu. Mais dans un glacier—ce monde de glace immobile—il ne s’est rien passé de tel.
La momification glaciaire diffère même de la cryogénie industrielle. Quand les scientifiques gèlent un organisme à des fins de préservation à long terme, ils utilisent des températures ultra-basses et des techniques sophistiquées. Un glacier, en comparaison, ne préserve pas aussi parfaitement qu’une chambre cryogénique. Mais il préserve assez. Naseeruddin est resté suffisamment intact pour être identifié par sa famille, suffisamment préservé pour que sa fierté funéraire soit possible. Les glaciers du Pakistan agissent comme des tombes naturelles, des monuments vivants où le temps lui-même s’arrête.
Ce paradoxe de la préservation glaciaire me fascine : c’est brutal et bienveillant simultanément. La même glace qui vous tue vous garde intact. Vous ne pourrirez pas. Vous ne disparaîtrez pas dans l’oubli biologique. Vous resterez vous-même, gelé, attendant que le feu du changement climatique vous rend finalement au monde des vivants.
Pakistan et ses glaciers : un patrimoine qui fond sous nos yeux
13 000 glaciers, le plus grand réservoir hors des pôles
Le Pakistan ne ressemble à aucun autre pays sur Terre en matière de richesse glaciaire. Alors que la plupart des nations ne possèdent que quelques centaines de glaciers, Pakistan abrite plus de 13 000 glaciers—la plus grande concentration en dehors des régions polaires. Ces géants de glace s’étalent le long de trois chaînes montagneuses majeures : le Karakoram, l’Himalaya hindou, et l’Hindou Koush. Ils descendent des sommets à 8 000 mètres vers les vallées habitées. Ils alimentent les rivières qui irriguent les terres agricoles. Ils fournissent l’eau potable à des millions d’âmes. Ils éclairent les villes par l’hydroélectricité.
Mais ces 13 000 géants gèlent ne sont plus les mêmes créatures qu’il y a un siècle. Ils s’érodent. Ils se rétrécissent. Ils meurent littéralement. Le glacier de Passu, l’une des merveilles visuelles du Kohistan, a rétréci de 10 % au cours des quarante dernières années (1977-2014). Mais ce qui était autrefois une menace abstraite s’est accéléré dramatiquement. Au cours de la dernière décennie seule, Passu a régressé à un rythme effroyable : quatre mètres par mois. Non pas par siècle. Par mois. À ce rythme, même les glaciers monumentaux peuvent disparaître en quelques générations.
Imaginez votre maison. Maintenant imaginez qu’elle se désagrège à raison de quatre mètres chaque trente jours. C’est ce qui arrive aux glaciers pakistanais. Ces formations qui existaient depuis des milliers d’années, qui façonnaient les mythologies locales, qui paraissaient aussi permanentes que les montagnes elles-mêmes—elles s’évaporent. Je pense à tous les Naseeruddin gelés dans ces glaciers, attendant que le soleil coupable les rend à nouveau visibles.
Le Kohistan : une région montagnarde en première ligne du changement
Le Kohistan n’a jamais été facile. C’est une terre de falaises vertigineuses, de crevasses insondables, de séracs qui s’effondrent sans prévenir. Les habitants du Kohistan—environ 800 000 personnes selon les estimations—vivent tous à moins de 14 kilomètres d’un glacier. Ils vivent avec le glaciers comme voisins. Ils y dépendent. Ils le respectent. Ils le craignent. Ce que ces communautés vivent actuellement constitue un changement climatique en temps réel, pas dans un futur hypothétique d’ici 2050, mais maintenant. Cette année. Cette saison.
Une source souterraine qui coulait fiable chaque printemps s’épuise maintenant en février. Les terres agricoles qui autrefois verdoyaient en juillet restent brûlées en août. Les lacs glaciaires—le Shounter Lake, le Passu Lake—gagnent du volume à cause des fonte accélérées, puis menaçent d’inondations catastrophales. En 2007 et 2008, des lacs glaciaires au pied du glacier Passu se sont rompus, transformant des villages en zones sinistrées. Des centaines de personnes ont dû abandonner leurs demeures et devenir des réfugiés climatiques. Et ce n’était que le début.
Je pense à ces familles qui quittent des terres où leurs ancêtres vivaient depuis des siècles. Déplacés non pas par la guerre, mais par la fonte. C’est le changement climatique qui ne dit pas son nom—il y a une élégance dans la catastrophe silencieuse, une horreur bureaucratique d’être chassé par la thermodynamique elle-même.
Le changement climatique : coupable silencieux et meurtrier bruyant
Moins de neige, plus de soleil, une équation mortelle
Avant, le Kohistan recevait des chutes de neige régulières et abondantes. Ces précipitations hivernales accumulaient la glace, épaississaient les glaciers, maintenaient le système en équilibre délicat. Mais au cours des deux dernières décennies, les chutes de neige ont diminué drastiquement. Et ce n’est pas seulement moins de neige—c’est un changement de la couverture neigeuse totale. L’International Centre for Integrated Mountain Development a rapporté qu’en juin 2025, les niveaux de neige dans l’Hindu Kush et l’Himalaya étaient près d’un cinquième en dessous de la normale. C’est la deuxième année consécutive que des records négatifs sont établis.
Avec moins de neige couvrant le glacier, le soleil frappe directement la glace nue. Cette glace absorbe davantage de chaleur. Elle commence à fondre plus tôt chaque printemps. Auparavant, les glaciers commençaient à fondre en fin de printemps ou en début d’été. Maintenant, cette fusion commence en février ou mars. Les réservoirs naturels s’épuisent avant le cœur de l’été. Et la fonte elle-même aggrave le problème : la glace qui fond révèle des débris sombres—la poussière, les roches, le carbone noir de la pollution atmosphérique. Cette couche sombre sur la glace absorbe encore plus de chaleur, créant un cycle de rétroaction mortelle.
C’est une équation diaboliquement élégante. Moins de neige, plus de soleil, plus de chaleur, plus de fonte, plus de débris sombres, encore plus de chaleur. Chaque boucle de rétroaction rend le problème pire. Et quelque part là-dedans, un homme comme Naseeruddin perd son refuge gelé de 28 ans.
Les températures grimpent : les Himalaya s’effondrent
Pakistan connaît une escalade thermique sans précédent. L’année 2025 a établi des records de température qui font palir les données historiques. Les ondes de chaleur se succèdent, chacune pire que la précédente. Le Département de l’Environnement de COMSATS étudie cette escalade avec alarm croissant. Les chercheurs ont documenté une augmentation de 6,44°C en 2023 seule dans certaines zones du Kohistan. Cela n’a l’air de presque rien jusqu’à ce que vous réalisiez que ce changement de température détruit des systèmes glaciaires qui existent depuis les derniers siècles de la Petite Ère de Glace.
L’Hindu Kush Himalayan, cette région de 3,5 milliards de tonnes d’eau gelée, se réchauffe presque deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale. Ce qu’on appelle le «Third Pole»—la troisième plus grande réserve de glace sur Terre après l’Antarctique et le Groenland—entre en effondrement. Les glaciologues avertissent que si les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas radicalement, ces chaînes montagneuses pourraient perdre entre 29 et 67 % de leur masse glaciaire d’ici la fin du siècle. Pas par période. Par la fin de ce siècle. Certains glaciers du Karakoram disparaîtront complètement dans les deux ou trois générations suivantes.
Je essaie d’imaginer un monde sans les glaciers du Karakoram. C’est comme imaginer la Méditerranée sans eau. Les mythologies locales s’effondrent. Les traditions murmurent dans le vent vide. Et les générations futures demandent : pourquoi? Pourquoi aviez-vous besoin d’émettre tant de carbone?
Une découverte globale : quand la glace rend ses morts
Naseeruddin n’est pas seul : les glaciers fondent, les corps émergent
Si l’histoire de Naseeruddin était isolée, elle serait remarquable. Mais elle ne l’est pas. À travers le monde, à mesure que les glaciers reculent, ils restituent leurs prisonnier. En août 2025—exactement le même mois où Naseeruddin a été découvert—les restes de Dennis Bell, un météorologue britannique qui a disparu en 1959 en Antarctique, ont émergé d’un glacier sur l’île du Roi George. Soixante-six ans. Son corps était resté gelé depuis le jour où il est tombé dans une crevasse. Les scientifiques ont retrouvé plus de 200 articles personnels avec lui—un équipement radio, une lampe de poche, des chaussures de ski, un montre gravée, un couteau suédois.
Avant cela, en 2017, une paire suisse—un couple qui avait disparu en 1942—a été découverte presque intacte sur un glacier suisse. En 2024, les restes préservés d’un alpiniste américain ont émergé du Pérou après 22 ans. En mai 2025, un alpiniste qui avait disparu en 1994 a été retrouvé sur un glacier suisse. La liste s’allonge chaque année. Les glaciers se vidangent. Ils rendent leurs trésors funestes à un monde qui les avait oubliés. Et chaque découverte porte le même message : le climat change, et même les morts le sentent.
Cette prolifération de corps découverts—c’est une galerie de cadavres du changement climatique. Ötzi l’Iceman, momifié depuis 5 300 ans, semblait être un événement unique en 1991. Maintenant, nous trouvons des corps datant des années 1940, 1950, 1970. La glace ne peut plus les garder. Et quelque part, je sens que cela aurait horrifié ces alpinistes de savoir que leur mort serait rendue aussi publique, aussi politisée, aussi… symptomatique.
Ötzi versus Naseeruddin : deux morts séparées par 5 000 ans et une planète
Le célèbre Iceman et l’homme ordinaire du Kohistan
Ötzi l’Iceman—ce mummie copper-age découvert dans les Alpes italiennes en 1991—a captivé le monde. Un homme vivant environ 5 300 ans avant notre époque, mort par une flèche tirée dans le dos, momifié par les glaciers, offrant aux scientifiques un window dans la vie néolithique. Les dépouilles d’Ötzi comptaient des fibres musculaires préservées, un dernier repas identifiable dans son estomac, des vêtements complexes suggérant une société plus avancée que supposée. Naseeruddin, en comparaison, semble être un homme ordinaire. Un père. Un mari. Un homme qui a fui une dispute familiale et a payé le prix ultime.
Pourtant, la science de leur préservation partage des similarités réconfortantes. Tous deux ont été gelés rapidement. Tous deux manquaient d’oxygène et d’humidité suffisante pour permettre la décomposition normale. Tous deux sont restés intacts assez longtemps pour que la science moderne les étudie. Mais les différences éclairent quelque chose d’important : Ötzi, préservé pendant 5 300 ans, montre des signes de décomposition—de dépérissement musculaire, de déshydratation osseuse. Naseeruddin, après seulement 28 ans, resta presque parfaitement intact. Cela suggère que les glaciers d’aujourd’hui—plus actifs, plus turbulents—préservent différemment que les glaciers du passé. Ou peut-être que 28 ans sont simplement insuffisants pour que les processus de décomposition glaciaire commence significativement.
Je m’émerveille devant la préservation. Deux hommes, séparés par millénaires, unis par la glace. Ötzi devient une sensation touristique, exhibé dans un musée, étudié par des universités du monde entier. Naseeruddin aura droit à un enterrement décent, mais probablement pas à la célébrité. La notoriété posthume dépend de votre calendrier—être mort il y a 5 300 ans vous rend fascinant; être mort il y a 28 ans juste vous rend triste.
L'impact profond : au-delà de la science, vers le cœur
Une clôture pour une famille, une question pour une civilisation
Quand Malik Ubaid a reçu la nouvelle que le corps de son oncle avait été découvert, il n’a pas crié de joie. Il a dit : «Enfin, nous avons obtenu un certain soulagement.» C’est un langage de conclusion, pas de satisfaction. Une ligne ajoutée à un histoire qui aurait pu rester ouverte pour toujours. Pour une famille endeuillée pendant 28 ans, ce moment était profondément nécessaire. Avoir un endroit à visiter. Avoir un moment de fermeture. Avoir un corps à enterrer correctement—c’est un poids enlevé, une douleur transformée en chagrin qui peut être finalement traité, finalement guéri.
Mais au-delà du soulagement personnelle de la famille de Naseeruddin se dresse une question plus vaste et plus troublante : combien d’autres? Combien d’autres hommes et femmes dorment dans des crevasses glaciaires, attendant que le changement climatique les ramène à la surface? Les autorités pakistanaises ne parlent pas de chiffres. Les glaciologues proposent des estimations prudemment vagues. Mais la réalité mathématique est simple : pour chaque corps découvert, il y a probablement des douzaines—peut-être des centaines—d’autres qui attendent. Des disparus des années 1950, 1960, 1970, 1980. Des alpinistes, des pèlerins, des hommes ordinaires comme Naseeruddin qui ont simplement eu le malchance de croiser une crevasse au mauvais moment.
Je suis hanté par la statistique implicite. À mesure que plus de glaciers fondent, nous découvrirons plus de corps. Ce qui aurait pu rester caché pour toujours emerge maintenant, accéléré par notre urgence climatique. C’est une macabre révélation : le changement climatique crée un musée d’horreurs glaciaires.
Conclusion : quand la glace renonce à ses secrets
Le glacier a parlé : message urgent d’une Terre en détresse
L’histoire de Naseeruddin n’est pas une histoire de découverte simple. C’est une histoire de perte temporaire transformée en perte permanente. C’est une histoire du temps arrêté par la glace et libéré par la chaleur. C’est une parabole du changement climatique emballée dans la dépouille préservée d’un homme ordinaire—mari, père, frère, fils—qui avait le malchance d’être au mauvais endroit quand la géographie trahit. Vingt-huit ans, et finalement, la montagne rend ce qu’elle avait pris. Mais elle ne l’a pas gardé volontairement. Elle l’a rendu parce qu’elle ne pouvait plus garder ses secrets sous une glace qui s’effondre.
Le Pakistan—ce réseau dense de 13 000 glaciers—devient maintenant un cimetière qui expose ses morts. Chaque fonte, chaque recul glaciaire, chaque degree supplémentaire de chaleur est un enterrement inversé. Les cadavres émergent. Les familles trouvent une clôture, oui, mais à quel coût? À quel prix mondial? Ötzi survécut 5 300 ans. Naseeruddin survécut 28 ans. Qu’en sera-t-il des prochains? Combien de temps la glace peut-elle encore préserver si elle continue de fondre aussi rapidement? Si les émissions n’arrête pas, ces glaciers ne garderont les corps que quelques années, peut-être moins.
Quelque part dans le Kohistan, une autre crevasse contient probablement un autre corps. Un autre Naseeruddin. Un autre ensemble d’enfants qui pourraient finalement recevoir une réponse. Mais combien de temps avant que le glacier soit trop mince pour préserver le secret? Combien de temps avant que même la mort gelée disparaisse sous la chaleur de l’indifférence mondiale? Nous avons rendu à la famille de Naseeruddin son père après 28 ans. Mais nous avons pris ce temps en échange. Et bientôt, nous n’aurons plus que du vide.
Sources
Sources primaires
BBC Urdu – Reportage sur la découverte de Naseeruddin, 6 août 2025. CBS News – « Intact body of missing father found on melting Pakistan glacier 28 years after he vanished, » 7 août 2025. AFP (Agence France-Presse) – Déclarations de Malik Ubaid, neveu du décédé, recueillies le 6-7 août 2025. NDTV – Reportage de découverte glaciaire, 6 août 2025. Explorers Web – Détails de la découverte et contexte historique, 5 août 2025. BBC News – « Body of man missing for 28 years found in melting glacier, » 6 août 2025 (couvrant également l’histoire de Dennis Bell, météorologue britannique, découvert en Antarctique après 66 ans).
Sources secondaires
Popular Mechanics – « Man Frozen in Ice for 28 Years Is Found Perfectly Preserved, » 19 décembre 2025 (analyse des aspects scientifiques de la momification glaciaire). Yahoo News – « A Man Was Perfectly Frozen in Ice for 28 Years. The Glacier Just Spit Him Back Out, » 11 août 2025 (contexte sur le changement climatique et les découvertes glaciaires globales). New Lines Magazine – « Pakistan Is Losing Its Glaciers to Climate Change, » 21 janvier 2025 (données détaillées sur la fonte du glacier Passu et l’impact régional). CTV News – « Body of missing man found on melting glacier after 28 years, » 7 août 2025 (contexte sur les découvertes récentes d’autres corps dans les glaciers mondiaux). Professeur Muhammad Bilal, COMSATS University Islamabad – Explications scientifiques de la momification glaciaire et du processus de congélation rapide (citées par BBC Urdu, août 2025). International Centre for Integrated Mountain Development – Rapports sur les niveaux de neige Hindu Kush-Himalaya, juin 2025 (données climatiques régionales). NASA – Étude sur l’augmentation du volume des lacs glaciaires mondiaux (+50% depuis 1990).
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