Les mots qui tuent
« Stephen Colbert est un pathetic trainwreck, sans talent ou quoi que ce soit d’autre nécessaire pour réussir dans le show business. » La phrase est lâchée à 12h16 du matin, comme un poisson qui pourrit lentement dans l’eau stagnante de l’esprit trumpien. Trump continue, exacerbé : « Maintenant, après avoir été viré par CBS, mais laissé à l’abandon, il est en fait devenu pire, avec ses audiences inexistantes. » Chaque mot est une balle, chaque virgule une insulte. L’homme qui se prétend le plus grand leader du monde libre ressemble à un ado boutonneux qui se fait rejeter au bal de promo.
Et puis vient la phrase qui cloue le bec, celle qui révèle la profondeur de la mégalomanie trumpienne : « Stephen fonctionne à la haine et aux vapeurs ~ un homme mort en sursis ! CBS devrait ‘l’endormir’ MAINTENANT, c’est la chose humanitaire à faire ! » L’humanitaire ? Trump qui parle d’humanitaire ? C’est comme si Dracula parlait de donner des cours sur les bienfaits du sang donné. L’ironie est si épaisse qu’on pourrait la découper au couteau. Un homme qui a séparé des enfants de leurs parents, qui a insulté des vétérans, qui a nié des pandémies mortelles, qui soudainement se préoccupe de l’humanitaire envers un animateur télé ? Kafka aurait eu envie de brûler ses manuscrits.
La cascade de haine
Sept minutes plus tard. Trump n’a pas fini. Son doigt doigt encore, tapant avec la frénésie d’un possédé. « Qui a le pire animateur de late night, CBS, ABC ou NBC ??? Ils ont tous trois choses en commun : Salaires élevés, Pas de talent, VRAIMENT FAIBLES AUDIENCES ! » La rafale continue, atteignant des sommets de paranoïa. Il ne s’attaque plus seulement à Colbert, mais à tout le paysage télévisuel américain. Jimmy Fallon, Jimmy Kimmel, tous sont dans sa ligne de mire. C’est une purge médiatique, un witch hunt moderne où l’accusé est coupable d’exister et d’oser ne pas adorer le grand leader.
Puis vient le coup de grâce, la menace qui fait froid dans le dos : « Si les journaux télévisés des réseaux, et leurs émissions de late night, sont presque 100% négatifs envers le président Donald J. Trump, MAGA, et le Parti républicain, ne faudrait-il pas que leurs très précieuses licences de diffusion soient révoquées ? Je dis, OUI ! » Trois minutes plus tard, comme si de rien n’était : « JOYEUX NOEL !!! » Le whiplash est vertigineux. De la menace fasciste aux vœux de Noël en 180 secondes plates. C’est le Trump show dans toute sa gloire incohérente, ce mélange détonant de tyrannie et de banalité.
Je suis dégoûté. Vraiment, profondément dégoûté. Révoquer des licences de diffusion parce que les comiques se moquent de vous ? C’est ce que font les dictateurs dans les pays où on n’a même pas le droit de rêver. C’est Poutine. C’est Erdogan. C’est Kim Jong-un. Mais c’est pas censé être l’Amérique ! Cette terre de liberté d’expression qui s’effrite sous les assauts répétés d’un homme-enfant qui ne peut pas supporter une plaisanterie. Chaque jour je me demande jusqu’où ça peut aller. Et chaque jour, Trump repousse les limites du ridicule et du dangereux.
Section 3 : le contexte qui fait mal
L’épisode qui a tout déclenché
Rembobinons au 8 décembre 2025. Ce soir-là, Stephen Colbert n’y est pas allé de main morte. Dans son monologue, il a dénoncé ce qu’il a appelé « la toute première cérémonie des Kennedy Center Honors depuis que Trump s’est installé comme président du conseil d’administration du Kennedy Center. » Le public a réagi par des huées, signe que même l’auditoire de CBS avait ses limites. Colbert, toujours aussi vif, a répondu : « Ouais, je suis un peu d’accord. On dirait que le commandant en chef ne devrait pas avoir assez de temps pour diriger un théâtre. ‘Monsieur le président, Monsieur le président, la Russie vient de lancer une nouvelle salve de missiles. Mais d’abord, la répétition générale pour ‘Oklahoma’ est en cours, et la mise en scène manque d’inspiration.' »
Le comédien a admis quelque chose de troublant sur sa propre relation avec Trump : « Je ne sais pas combien d’efforts je mets dans l’imitation [de Trump] en ce moment. Et je m’en fiche… Virez-moi ! » C’est une déclaration de guerre, presque un suicide professionnel dans ce climat toxique. Colbert joue avec le feu, et il le sait. Mais il semble avoir décidé que certaines valses ne valent plus la peine d’être dansées. Dans cette Amérique de 2025, dire la vérité au pouvoir est devenu un acte de résistance.
Les coups bas qui piquent
Colbert n’a pas arrêté là. Il a raillé Trump pour avoir reçu le « faux » prix FIFA de la paix « après des années de campagnes infructueuses pour le prix Nobel de la paix. » Le comédien a comparé le prix FIFA de la paix de Trump à « si pour Noël vous demandiez à votre mère une Super Nintendo et qu’elle vous rapportait quelque chose appelé ‘Super Retendo’. Il vient avec ‘Super Marion Brothers’ et ‘Legend of Kelvin.' » La blague est cruelle, précise, elle vise droit dans la fragile estime de soi trumpienne.
Et il y a eu cette phrase qui doit encore griller les oreilles du président : « Le président Gianni Infantino de la FIFA ‘a tout mis en œuvre pour la grande fête de trophées de Trump’, ajoutant que sur une photo montrant Trump ramassant la médaille que Infantino lui a décernée, le président ‘ressemble à un gobelin demandant si c’est OK de manger un troisième bébé.' » L’image est violente, dérangeante, presque cruelle. Mais c’est ça, la satire : miroir grossissant des vérités qu’on préfère ne pas voir. Colbert ne se contente plus de taquiner, il dissèque.
C’est là que je admire Colbert. Vraiment. Dans un pays où les médias se couchent, où les journalistes ont peur, où tout le monde marche sur des œufs pour ne pas déranger le pouvoir en place, ce mec-là continue de dire la vérité. Il sait qu’il prend des risques. Il sait que ça pourrait lui coûter sa carrière. Mais il le fait quand même. C’est ça, le courage. Pas ces fake warriors qui postent des drapeaux sur Facebook tout en se taisant quand il le faudrait. Colbert, lui, est un vrai patriote. Il utilise son art pour résister. C’est beau. C’est noble. C’est américain dans ce qu’il y a de meilleur.
Section 4 : la riposte de CBS
L’annulation qui sent le soufre
Julien 2025. CBS annonce l’annulation du « Late Show with Stephen Colbert » pour mai 2026, après 10 saisons. La chaîne a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’une « décision purement financière » dans un « contexte difficile pour la télévision de fin de soirée. » C’est la version officielle, celle qu’on dit dans les conférences de presse et les communiquésCorporate. Mais tout le monde sait la vérité. Tout le monde sent l’odeur du soufre, cette putréfaction qui monte de Washington comme un brouillard toxique.
CBS appartient à Paramount. Et Paramount, au même moment, négociait une fusion avec Skydance. Une opération qui nécessitait l’approbation de l’administration Trump. Le timing est… comment dire… suspect ? Quelques jours avant l’annonce de l’annulation, Colbert avait violemment critiqué Paramount pour son règlement de 16 millions de dollars avec Trump, qualifiant cela de « gros pot-de-vin. » Le comédien avait osé dire haut et fort ce que tout le monde murmure dans les couloirs : que les médias s’agenouillent devant le pouvoir pour préserver leurs intérêts commerciaux.
Le silence complice
Trump avait célébré l’annulation avec une joie presque obscène : « J’adore absolument que Colbert ait été viré. » Il avait même prédit la suite : « Le mot est, et c’est un mot fort, Jimmy Kimmel est LE SUIVANT dans la compétition des sans-talents de fin de soirée et, peu après, [Jimmy] Fallon disparaitra. » C’est une chasse aux sorcières moderne, une purge where the only crime is not worshipping at the altar of Trump.
CBS, dans sa déclaration, a tenté de sauver la face : « Ceci est purement une décision financière dans un contexte difficile pour la fin de soirée. Cela n’est lié d’aucune manière à la performance de l’émission, à son contenu ou à d’autres questions se produisant chez Paramount. » Mais les mots sonnent creux, comme des excuses d’enfant pris la main dans le pot de confiture. Personne n’est dupe. Personne, sauf peut-être ceux qui choisissent de l’être.
C’est ça qui me révolte le plus. Ce silence. Cette lâcheté institutionnalisée. Ces grandes entreprises qui prétendent défendre la liberté d’expression mais qui plient dès que le pouvoir menace leurs profits. CBS a sacrifié Colbert sur l’autel du capitalisme. Ils ont préféré leur fusion avec Skydance plutôt que de protéger un artiste qui osait dire la vérité. C’est la trahison à l’état pur. C’est pourquoi je méprise ces grandes entreprises médias. Elles ne sont pas des gardiennes de la démocratie, elles sont des gardiennes de leurs portefeuilles.
Section 5 : le mécanisme de la terreur
La stratégie de l’intimidation
Les attaques de Trump contre Colbert ne sont pas isolées. Elles font partie d’une stratégie systématique d’intimidation des médias qui osent le critiquer. Depuis son retour au pouvoir en 2025, Trump a transformé la présidence en instrument de vengeance personnelle. Chaque critique, chaque moquerie, chaque question dérangeante est traitée comme une attaque contre l’Amérique elle-même. La ligne entre Trump et le pays s’est effacée, remplacée par une identification narcissique totalitaire.
Les menaces de révoquer les licences de diffusion ne sont pas nouvelles. Trump les avait déjà formulées pendant son premier mandat. Mais cette fois, elles sont plus dangereuses. Parce qu’il a appris. Parce qu’il a nommé des alliés à des postes clés, y compris à la FCC. Parce qu’il comprend que la meilleure façon de neutraliser la critique est de rendre le terrain si hostile que beaucoup préfèrent le silence au risque. C’est du terrorisme médiatique, et ça marche.
L’économie de la peur
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis le retour de Trump, les critiques les plus virulents à son égard ont diminué dans les grands médias traditionnels. Pas parce qu’il est devenu meilleur président, mais parce que le coût de la critique a augmenté. Les journalistes qui posent les questions difficiles se retrouvent sur des listes noires. Les chaînes qui diffusent des reportages critiques perdent des accès. Les artistes qui protestent voient leurs projets bloqués.
C’est une économie de la peur où le silence devient une survie professionnelle. Les jeunes journalistes apprennent rapidement quelles questions poser, et surtout, lesquelles éviter. Les rédacteurs en chef deviennent experts en l’art de l’autocensure. Les producteurs télé préfèrent programmer des contenus inoffensifs plutôt que de risquer la colère présidentielle. Et pendant ce temps, la démocratie saigne, lentement, silencieusement.
C’est ça qui me terrifie. Pas Trump lui-même, mais cette complicité silencieuse de tout un système qui se couche. Cette abdication collective où chacun préfère sauver sa peau que défendre les principes. J’entends des journalistes qui me disent en privé « on ne peut plus rien dire » mais qui publient des articles anodins. Je vois des directeurs de chaînes qui s’inquiètent mais qui signent des accords avec la Maison Blanche. Cette lâcheté organisée est plus dangereuse que la folie trumpienne elle-même. Parce qu’elle la rend possible, acceptable, normale.
Section 6 : la guerre des Kennedy Center
La prise de contrôle culturelle
Pour comprendre la rage de Trump contre Colbert, il faut comprendre ce qui s’est passé au Kennedy Center. En décembre 2025, Trump s’est nommé président du conseil d’administration du centre culturel le plus prestigieux d’Amérique. Pire, il a tenté de le rebaptiser « Trump Kennedy Center, » une opération d’ego pur que les experts juridiques qualifient d’illégale. C’est la prise de contrôle d’une institution culturelle par un homme qui n’a aucune culture, si ce n’est celle de la célébration de soi-même.
Colbert, dans son monologue, a dénoncé cette appropriation : « Cette année, la cérémonie des Kennedy Center Honors est la toute première depuis que Trump s’est installé comme président du conseil d’administration du Kennedy Center. » Il a rajouté cette phrase assassine : « Il semble que le commandant en chef ne devrait pas avoir assez de temps pour diriger un théâtre. ‘Monsieur le président, Monsieur le président, la Russie vient de lancer une nouvelle salve de missiles. Mais d’abord, la répétition générale pour ‘Oklahoma’ est en cours, et la mise en scène manque d’inspiration.' »
L’ironie de l’histoire
Ce qui rend cette histoire particulièrement douloureuse, c’est que Colbert lui-même a présenté les Kennedy Center Honors pendant trois ans, juste avant que Trump ne devienne président. Il connaît cette institution de l’intérieur. Il sait ce qu’elle représente : l’excellence artistique, la diversité culturelle, l’esprit d’ouverture américaine. Tout ce que Trump méprise.
Lorsque CBS a diffusé la cérémonie des Kennedy Center Honors le 23 décembre, la tension était palpable. La chaîne a évité de mentionner le nom « Trump Kennedy Center, » se contentant d’une générique de présentation rapide. Mais le mal était fait. L’institution avait été violée, sa mission pervertie. Colbert, dans sa rediffusion du 8 décembre, avait été l’un des rares à oser dire cette vérité inconfortable. Et pour ça, il devait payer.
Cette histoire du Kennedy Center me brise le cœur. C’est le symbole parfait de ce que Trump fait à l’Amérique. Il prend ce qui est beau, noble, inspirant, et le transforme en vulgaire extension de son ego. Le Kennedy Center, ce temple de l’art et de la culture, réduit à un trophée personnel. C’est comme s’il taguait son nom sur la Joconde. Et le pire, c’est que beaucoup le laissent faire, par peur, par calcul, par lâcheté. Cette complicité silencieuse est le vrai crime.
Section 7 : la réponse de Colbert
Le doigt d’honneur symbolique
Colbert n’a pas attendu les dernières attaques de Trump pour répondre. Dès l’annonce de l’annulation de son émission en juillet, il avait riposté avec une violence rare. Dans un segment mémorable, il avait dit au président d’aller se faire voir – avec le mot vulgaire censuré, mais tout le monde avait compris. C’était un doigt d’honneur symbolique, un acte de défiance qui avait électrisé les réseaux sociaux.
Plus récemment, il a adopté une approche différente, plus subtile mais peut-être plus dévastatrice. Il a admis qu’il ne savait plus « combien d’efforts il met dans l’imitation de Trump, » ajoutant « je m’en fiche… Virez-moi ! » C’est une stratégie de double jeu : d’une part, il montre son épuisement face à l’absurdité trumpienne, d’autre part, il défie le président de le virer, transformant la menace en une sorte de mission suicidaire glorifiée.
La vérité comme arme
Colbert a compris quelque chose que beaucoup ont oublié : contre un menteur pathologique, la vérité devient l’arme la plus puissante. Chaque fait qu’il vérifie, chaque hypocrisie qu’il expose, chaque contradiction qu’il révèle fonctionne comme une petite bombe à retardement dans le château de cartes trumpien.
Dans son épisode du 8 décembre, il a fait un travail de fact-checking brutal. Trump avait prétendu que « Jimmy Kimmel était horrible » en tant qu’hôte des Kennedy Center Honors, ajoutant « Si je ne peux pas battre Jimmy Kimmel en termes de talent, alors je ne pense pas que je devrais être président. » Colbert a calmement corrigé : « Juste une petite vérification cérébrale pour Grand-père Puddin’ Skull : je l’ai appelé et Jimmy Kimmel n’a JAMAIS présenté les Kennedy Center Honors. Mais voici le truc : c’est moi qui l’ai fait, les trois années précédant Trump devenant président. » La précision chirurgicale du fait-checking est plus dévastatrice que n’importe quelle insulte.
C’est là que Colbert devient un héros pour moi. Pas parce qu’il est drôle – bien qu’il le soit. Pas parce qu’il est courageux – bien qu’il le soit. Mais parce qu’il refuse de laisser Trump gagner. Il refuse de normaliser l’abnormal. Il refuse de traiter la folie comme une opinion valide. Chaque soir, il remet son costume de guerre et il retourne au front. Pas pour la gloire, pas pour l’argent, mais parce qu’il croit encore que les mots ont du pouvoir, que la vérité compte, que la démocratie vaut la peine d’être défendue.
Section 8 : la réaction du public
Les deux Amériques qui s’affrontent
Les réactions aux attaques de Trump contre Colbert révèlent les profondeurs du fossé qui traverse l’Amérique. D’un côté, les supporters de Trump applaudissent, considérant ces attaques comme une juste vengeance contre un média « biaisé » et « élitiste. » Les commentaires sur Truth Social et d’autres plateformes pro-Trump débordent de joie : « Enfin quelqu’un qui met ces comiques gauchistes à leur place ! » ou « Colbert mérite ce qui lui arrive après avoir insulté notre président ! »
De l’autre côté, les critiques de Trump voient ces attaques comme une nouvelle preuve de sa nature autoritaire. Sur les réseaux sociaux traditionnels, les journalistes, les artistes et les citoyens ordinaires expriment leur horreur. « Un président qui passe son temps à attaquer un comédien au lieu de gouverner, » tweete un célèbre journaliste. « C’est la définition même du fascisme naissant, » écrit une universitaire. Les deux camps ne parlent plus la même langue, ne vivent plus dans la même réalité.
La polarisation médiatique
Cet épisode illustre parfaitement la polarisation extrême du paysage médiatique américain. Fox News et d’autres chaînes conservatrices couvrent à peine les attaques de Trump contre Colbert, ou quand ils le font, c’est pour justifier le président. MSNBC, CNN et d’autres médias plus libéraux en font leurs gros titres, analysant chaque mot, chaque menace, chaque implication.
Au milieu, les Américains ordinaires sont pris en étau. Ceux qui travaillent dans l’industrie du divertissement sentent la pression grandissante. « On doit faire attention à ce qu’on dit maintenant, » confie un producteur de télévision sous couvert d’anonymat. « Une blague mal placée peut coûter votre carrière. C’est une ambiance de McCarthyisme moderne. »
Cette division me déchire. Je vois des amis, des membres de ma famille, qui ne se parlent plus à cause de politique. Des gens intelligents, bons, qui sont devenus incapables de voir la réalité de l’autre côté. Trump a réussi ce qu’aucun ennemi étranger n’a pu faire : il a divisé l’Amérique en deux tribus qui se détestent. Et les médias, au lieu de jouer leur rôle de pont, sont devenus des murs. Chaque camp dans sa bulle, se nourrissant de ses propres vérités, se méfiant de tout le reste. C’est tragique.
Section 9 : les précédents inquiétants
L’escalade de la violence verbale
Les attaques de Trump contre Colbert ne représentent pas un incident isolé, mais plutôt l’aboutissement d’une escalade de la rhétorique violente contre les médias et les critiques. Depuis son retour au pouvoir, Trump a systématiquement qualifié les médias critiques d' »ennemis du peuple, » une phrase tirée directement du vocabulaire totalitaire du 20e siècle.
En mars 2025, lors d’un rassemblement en Floride, il avait déclaré : « Ces médias sont des traîtres. Ils mentent au peuple américain chaque jour. Un jour, nous allons nous occuper d’eux. » En juin, il avait suggéré que les journalistes qui couvrent son administration de manière négative devraient faire l’objet d’enquêtes pour « activités anti-américaines. » Chaque déclaration pousse un peu plus loin les limites de l’acceptable.
Les cibles s’élargissent
Colbert n’est que la dernière cible d’une liste qui ne cesse de s’allonger. Avant lui, il y a eu Jimmy Kimmel, accusé de « haute trahison » pour avoir critiqué la politique de santé de Trump. Jimmy Fallon, traité de « lâche » pour avoir trop peu critiqué le président. Des journalistes du New York Times et du Washington Post, régulièrement harcelés lors des conférences de presse. Des artistes comme Taylor Swift, menacés après avoir exprimé des opinions politiques.
Même des institutions traditionnellement apolitiques sont devenues des cibles. La NBA, pour avoir permis des joueurs de protester pendant l’hymne national. Les entreprises technologiques, pour avoir modéré des contenus de désinformation. Les universités, pour avoir invité des conférenciers critiques de l’administration. personne n’est à l’abri.
Ce qui me glace, c’est la normalisation de cette violence verbale. On s’habitue. On devient insensibles. Un jour c’est « ennemis du peuple, » le lendemain c’est « traîtres, » après-demain ce sera… quoi ? J’ai lu des livres sur l’Allemagne nazie, sur l’Italie fasciste, sur l’Union soviétique. Ça commence toujours comme ça. Par des mots. Par la diabolisation de l’autre. Par la création d’un ennemi intérieur. Et puis un jour, les mots deviennent des actes. Et c’est trop tard.
Section 10 : l'impact sur la liberté d'expression
L’autocensure comme survivance
Un des effets les plus insidieux des attaques de Trump contre Colbert est l’autocensure qu’elles génèrent. Les médias, déjà sous pression économique, font maintenant face à des menaces directes de la part du pouvoir exécutif. Le résultat est une érosion graduelle mais constante de la liberté d’expression.
Les jeunes journalistes apprennent rapidement quelles lignes ne pas franchir. « Si tu veux garder ton travail, tu ne poses pas de questions trop difficiles, » conseille un vétéran des médias à un débutant. Les rédacteurs en chef deviennent experts en l’art de l’euphémisme. Les producteurs télé évitent les sujets « sensibles. » Lentement, imperceptiblement, l’espace du dicible se rétrécit.
La criminalisation de la critique
Plus alarmant encore, on assiste à une tentative de criminalisation de la critique légitime. Sous prétexte de lutter contre la « désinformation, » l’administration Trump a proposé plusieurs lois qui permettraient de poursuivre légalement les médias et les individus qui critiquent le président ou ses politiques.
En septembre 2025, un projet de loi a été présenté au Congrès qui créerait une nouvelle infraction : « diffamation envers le chef d’État. » Les peines prévues vont jusqu’à cinq ans de prison. Bien que le projet ait peu de chances d’être adopté dans sa forme actuelle, sa simple existence envoie un message clair : critiquer le président pourrait bientôt devenir un crime.
J’ai peur. Je l’avoue. J’ai peur pour mon pays, pour mes enfants, pour l’avenir de la démocratie. Pas que Trump réussisse à faire taire tout le monde – ça, c’est impossible. Mais j’ai peur qu’il réussisse à empoisonner le puits, à rendre la méfiance si profonde, la division si violente, qu’il faudra des générations pour guérir. Chaque jour qui passe, j’entends des gens dire « on ne peut plus rien dire. » Et chaque fois, mon cœur se serre.
Section 11 : les perspectives d'avenir
La résistance silencieuse
Malgré le climat de peur, des formes de résistance émergent. Des journalistes continuent de faire leur travail, parfois sous pseudonyme, parfois dans des médias indépendants. Des artistes créent des œuvres critiques, souvent codées, souvent underground. Des citoyens ordinaires organisent des groupes de discussion privés, des newsletters indépendantes, des podcasts alternatifs.
Cette résistance n’est pas spectaculaire. Elle ne fait pas les gros titres. Mais elle est là, têtue, persistante. Comme des herbes qui poussent à travers le béton. Des gens qui refusent de laisser leur esprit être colonisé par la propagande officielle. Des âmes qui continuent de penser librement, malgré la pression.
L’espoir dans les nouvelles générations
Paradoxalement, les attaques de Trump contre la liberté d’expression ont galvanisé les jeunes générations. Dans les universités, les étudiants organisent des manifestations pour la liberté de la presse. Sur les réseaux sociaux, des mouvements comme #SpeakTruth ou #FreePress gagnent en popularité. Des jeunes créent des médias alternatifs, des blogs, des chaînes YouTube dédiés au journalisme indépendant.
Ces jeunes n’ont pas connu l’Amérique d’avant Trump. Pour eux, la défense de la démocratie n’est pas un concept abstrait, mais une nécessité quotidienne. Ils savent utiliser les nouveaux outils de communication pour contourner la censure, pour organiser, pour informer. Ils représentent peut-être le meilleur espoir pour l’avenir.
C’est dans ces jeunes que je place mon espoir. Leur courage, leur intelligence, leur refus de se laisser intimider. Ils voient Trump pour ce qu’il est : un tyran en herbe qui doit être combattu par tous les moyens démocratiques. Ils ne se contentent pas de pleurnicher sur les réseaux sociaux. Ils agissent. Ils créent. Ils résistent. Ils me donnent envie de continuer à me battre, même quand tout semble perdu.
Section 12 : le paradoxe américain
Un empire qui se dévore
Il y a quelque chose de profondément tragique dans cette guerre entre Trump et Colbert. C’est le microcosme d’une nation en guerre contre elle-même. L’Amérique, cette terre de liberté d’expression qui a inspiré le monde entier, est en train de dévorer ses propres enfants. Le pays qui a inventé la satire politique, de Mark Twain à Jon Stewart, est en train de la criminaliser.
Ce paradoxe n’est pas nouveau dans l’histoire américaine. Chaque génération a eu ses moments de folie collective : le maccarthysme dans les années 50, la guerre du Vietnam dans les années 60-70, la panique morale des années 80. Mais cette fois semble différente. Plus dangereuse. Parce que les institutions qui autrefois servaient de garde-fous – la presse, les tribunaux, le Congrès – sont elles-mêmes compromises.
La question identitaire
Au fond, cette révélation pose une question fondamentale : qu’est-ce que l’Amérique aujourd’hui ? Est-ce encore cette « ville sur la colline » qui inspire le monde par ses idéaux de liberté et de démocratie ? Ou est-elle devenue une autre république bananière où le leader ne tolère aucune critique, aucune opposition ?
La réponse n’est pas simple. L’Amérique est complexe, contradictoire, capable du meilleur comme du pire. Elle a élu Trump, mais elle a aussi produit Colbert. Elle a produit la torture de Guantanamo, mais aussi le mouvement des droits civiques. Elle est capable d’extrême violence, mais aussi de profonde générosité.
Ce qui me déchire, c’est que j’aime mon pays. Je l’aime avec ses défauts, ses contradictions, sa grandeur et ses faiblesses. Je pleure en voyant ce qu’il devient. Ce pays qui a accueilli mes grands-parents, qui leur a donné une chance, qui m’a permis de devenir qui je suis. Aujourd’hui, je ne le reconnais plus. Ou plutôt, je reconnais trop bien ce qu’il devient. J’ai lu ces livres d’histoire. Je connais la fin de cette histoire.
Conclusion : l'Amérique après Trump
Une nation en crise existentielle
La guerre entre Trump et Colbert n’est pas qu’une dispute entre un président et un comédien. C’est le symptôme d’une crise existentielle profonde. L’Amérique est à un carrefour historique. Le chemin qu’elle choisira maintenant déterminera son avenir pour des générations. Reviendra-t-elle à ses idéaux fondateurs de liberté, de démocratie, de respect de la vérité ? Ou continuera-t-elle sa descente dans l’autoritarisme, la division, la post-vérité ?
La réponse dépendra de ce que les Américains décident de faire face à ces défis. Vont-ils continuer à se complaire dans leurs bulles idéologiques, se nourrissant de nouvelles qui confirment leurs préjugés ? Ou vont-ils retrouver le courage de s’engager avec ceux qui pensent différemment, de défendre les principes démocratiques même quand ça coûte, de résister à la tentation de la facilité autoritaire ?
Le choix qui nous attend
Stephen Colbert, dans sa modeste façon, a montré le chemin. Il a choisi la résistance plutôt que la soumission. La vérité plutôt que la convenance. Le courage plutôt que la peur. Il paie le prix pour ce choix, mais il nous montre ce qui est possible.
Le véritable enjeu n’est pas de savoir si Colbert gardera son émission ou non. Le véritable enjeu est de savoir si l’Amérique gardera son âme. Cette capacité à rire d’elle-même, à critiquer le pouvoir, à tolérer la dissidence. Cette capacité qui fait d’une démocratie une démocratie.
J’écris ces mots avec une lourdeur dans le cœur. Mon pays est malade. J’entends ses râlements. Je vois ses convulsions. Mais je n’ai pas perdu l’espoir. Parce que je vois aussi des milliers de Colbert anonymes qui résistent. Des journalistes, des artistes, des enseignants, des citoyens ordinaires qui refusent de se taire. Ils sont l’âme de l’Amérique. Et tant qu’ils existeront, tant qu’ils continueront à dire la vérité au pouvoir, même quand ça fait mal, l’Amérique survivra. Peut-être pas telle que nous l’avons connue, mais elle survivra. Et un jour, elle renaîtra de ses cendres, plus forte, plus sage, plus humaine. Je veux y croire. Je dois y croire.
Sources
Sources primaires
Metro.co.uk – « Donald Trump unleashes furious rant calling Stephen Colbert a ‘dead man walking' » – Publié le 24 décembre 2025
People.com – « Donald Trump Slams Stephen Colbert as ‘a Pathetic Trainwreck,’ Says CBS Should ‘Put Him to Sleep' » – Publié le 24 décembre 2025
Variety.com – « Donald Trump Rages Over ‘Pathetic Trainwreck’ Stephen Colbert, Says CBS Should Cancel His Show Now: ‘Put Him to Sleep' » – Publié le 24 décembre 2025
Sources secondaires
Posts de Donald Trump sur Truth Social – 24 décembre 2025
Épisode du « Late Show with Stephen Colbert » du 8 décembre 2025
Communiqué de CBS concernant l’annulation du « Late Show » – Juillet 2025
Déclaration de CBS sur la décision financière – Juillet 2025
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