Quand les cuirassés régnaient sur les océans
Pour comprendre l’absurdité du projet Trump, il faut remonter dans l’histoire. Le mot « cuirassé » vient de l’expression « navire de ligne de bataille », ces vaisseaux de guerre à voiles qui, aux dix-septième et dix-huitième siècles, étaient assez puissants pour tenir leur place dans la ligne de bataille lors des grands affrontements navals. Le HMS Victory, le navire amiral de l’amiral Nelson à Trafalgar, en est l’exemple parfait : trois ponts de canons, cent quatre pièces d’artillerie, un monstre de bois et de fer qui pouvait pulvériser n’importe quel adversaire à portée de tir. Les frégates, plus petites et plus rapides, ne pouvaient pas tenir la ligne. Elles n’étaient pas des cuirassés. Puis vint l’ère de la vapeur, de l’acier, et des tourelles blindées. Les nouveaux cuirassés portaient des armures épaisses et consacraient l’essentiel de leur capacité de charge aux plus gros canons possibles. Le HMS Dreadnought, lancé en mille neuf cent six, révolutionna la guerre navale avec son concept « tout gros calibre » : dix canons de douze pouces dans cinq tourelles, une vitesse de vingt et un nœuds, et un blindage qui le rendait pratiquement invulnérable aux navires plus anciens.
Cette philosophie de conception perdura jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Les calibres des canons escaladèrent de douze pouces à quinze, puis seize, et finalement dix-huit pouces sur les super-cuirassés japonais Yamato et Musashi. Ces monstres déplaçaient soixante-douze mille tonnes à pleine charge, portaient des canons capables de tirer des obus d’une tonne et demie à quarante-deux kilomètres, et étaient protégés par un blindage de seize pouces d’épaisseur. Ils étaient censés être invincibles. Ils furent coulés par des avions. Le Musashi a été envoyé par le fond par dix-neuf torpilles et dix-sept bombes lors de la bataille du golfe de Leyte. Le Yamato a été détruit par au moins onze torpilles et six bombes lors de l’opération Ten-Go. Les cuirassés, ces symboles ultimes de la puissance navale, étaient devenus obsolètes avant même la fin de la guerre. L’aviation avait changé les règles du jeu. Un porte-avions pouvait projeter sa puissance à des centaines de kilomètres. Un cuirassé devait s’approcher à quelques dizaines de kilomètres pour utiliser ses canons. La portée l’emportait sur l’armure.
Et pourtant, nous voilà, quatre-vingts ans plus tard, à ressusciter un concept mort. Pas parce qu’il a du sens militairement. Pas parce que la technologie a changé la donne. Mais parce qu’un président trouve ça joli. Parce que les cuirassés évoquent une époque où l’Amérique dominait les mers sans partage, où la puissance se mesurait en tonnes d’acier et en calibre de canons. C’est de la nostalgie militarisée. Du fantasme stratégique. Une tentative de recréer une grandeur passée en ignorant complètement les réalités du présent. Les Japonais ont appris cette leçon de la manière la plus brutale qui soit : leurs super-cuirassés, ces merveilles d’ingénierie qui avaient coûté des fortunes et mobilisé des ressources immenses, ont été envoyés par le fond par des avions qui coûtaient une fraction de leur prix. La concentration de puissance sur quelques plateformes géantes est une vulnérabilité, pas un atout. C’est mettre tous ses œufs dans le même panier. Et quand ce panier coule, il emporte avec lui des milliards de dollars et des centaines de vies.
Le crépuscule des titans d’acier
Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont conservé leurs cuirassés de classe Iowa en service actif, mais leur rôle avait fondamentalement changé. Ils n’étaient plus les maîtres des océans. Ils étaient devenus des plateformes de soutien au feu naval, bombardant les côtes ennemies avec leurs canons de seize pouces lors des guerres de Corée et du Vietnam. Le USS Missouri a été réactivé dans les années quatre-vingt sous Reagan, modernisé avec des missiles de croisière Tomahawk et des missiles anti-navires Harpoon, et a participé à la guerre du Golfe en mille neuf cent quatre-vingt-onze. Mais même alors, tout le monde savait que c’était un anachronisme. Un vestige d’une époque révolue. Le Missouri a été définitivement retiré du service en mille neuf cent quatre-vingt-douze. Depuis, aucun cuirassé n’a navigué sous pavillon américain. La marine s’est tournée vers les porte-avions, les sous-marins nucléaires, et les destroyers lance-missiles. Des plateformes plus flexibles, plus polyvalentes, plus adaptées aux réalités de la guerre moderne.
Le dernier grand navire de surface américain à approcher la taille d’un cuirassé était le croiseur nucléaire USS Long Beach, mis en service en mille neuf cent soixante-et-un et retiré en mille neuf cent quatre-vingt-quinze. Il déplaçait dix-sept mille tonnes à pleine charge, était propulsé par deux réacteurs nucléaires, et portait des missiles guidés plutôt que des canons lourds. C’était un navire révolutionnaire pour son époque, le premier croiseur lance-missiles à propulsion nucléaire au monde. Mais il était aussi horriblement coûteux à exploiter et à maintenir. Sa propulsion nucléaire, censée lui donner une autonomie illimitée, s’est révélée être un fardeau financier. Son équipage de plus de mille marins était difficile à recruter et à former. À la fin de sa carrière, le Long Beach était considéré comme un échec économique, un exemple de ce qu’il ne fallait pas faire. Et maintenant, Trump veut construire quelque chose de deux fois plus gros, avec des systèmes d’armes encore plus complexes, dans une industrie qui a perdu toute capacité à produire de tels navires. C’est comme si nous n’avions rien appris.
L’histoire nous crie ses avertissements, mais nous refusons d’écouter. Chaque grande puissance navale a eu son moment de folie, son projet pharaonique qui devait changer la donne et qui s’est révélé être un gouffre financier. Les Britanniques avec leurs cuirassés de classe Vanguard. Les Allemands avec le Bismarck et le Tirpitz. Les Japonais avec le Yamato et le Musashi. Tous ont appris, à leurs dépens, que la taille n’est pas synonyme de succès. Que la complexité est l’ennemie de la fiabilité. Que concentrer des ressources massives sur quelques plateformes géantes est une stratégie perdante face à un adversaire qui peut produire des dizaines de menaces plus petites et moins chères. Mais nous, Américains, nous pensons toujours que nous sommes différents. Que nos ingénieurs sont meilleurs. Que notre technologie est supérieure. Que nous pouvons défier les lois de l’économie et de la stratégie militaire par la seule force de notre volonté. C’est de l’hubris. De l’arrogance. Et cela va nous coûter cher.
Section 3 : Le USS Defiant, un monstre de papier
Des spécifications qui défient l’imagination
Regardons de plus près ce que Trump et ses généraux nous promettent. Le USS Defiant, premier de la classe Trump, serait un navire de trente-cinq mille tonnes avec une longueur approchant les neuf cents pieds. C’est massif. Pour contexte, les destroyers Arleigh Burke, l’épine dorsale de la flotte de surface américaine, déplacent environ neuf mille tonnes. Les croiseurs Ticonderoga, qui sont essentiellement des destroyers agrandis avec plus de cellules de lancement vertical, déplacent environ dix mille tonnes. Le Defiant serait trois fois et demie plus gros qu’un Ticonderoga. Il serait plus grand que les croiseurs de bataille de la Première Guerre mondiale. Il rivaliserait avec les porte-avions légers de certaines marines étrangères. Et il serait construit en acier, pas en aluminium ou en matériaux composites, ce qui signifie qu’il serait incroyablement lourd et nécessiterait une puissance de propulsion énorme pour atteindre les trente nœuds promis.
L’armement prévu est tout aussi impressionnant sur le papier. Douze tubes de lancement pour le système de frappe conventionnelle rapide, ces missiles hypersoniques qui peuvent voler à plus de Mach 5 et frapper des cibles à des milliers de kilomètres. Sauf que ce système n’est pas encore opérationnel. La marine l’installe actuellement sur les trois destroyers de classe Zumwalt, et le processus prend des années et coûte des milliards. Ensuite, cent vingt-huit cellules de lancement vertical MK-41, le système standard pour les missiles de croisière Tomahawk, les missiles anti-navires, et les intercepteurs de défense antimissile. C’est beaucoup. Un destroyer Arleigh Burke en a quatre-vingt-seize. Un croiseur Ticonderoga en a cent vingt-deux. Le Defiant en aurait plus que n’importe quel navire actuellement en service. Mais ces cellules ne sont utiles que si vous avez assez de missiles pour les remplir, et les stocks de missiles américains sont déjà tendus. Puis il y a le railgun, cette arme électromagnétique qui utilise des champs magnétiques pour propulser des projectiles à des vitesses hypersoniques. La marine a dépensé des centaines de millions de dollars sur ce programme avant de l’abandonner en deux mille vingt-et-un parce que la technologie ne fonctionnait tout simplement pas de manière fiable.
Je lis ces spécifications et je ne peux m’empêcher de penser à un enfant qui dessine son vaisseau spatial de rêve. Des lasers ? Oui. Des missiles hypersoniques ? Bien sûr. Un railgun ? Pourquoi pas. Une propulsion nucléaire ? Peut-être. Tout ce qui sonne cool et futuriste, jetons-le dans le mélange. Peu importe si ces technologies n’existent pas encore de manière opérationnelle. Peu importe si elles n’ont jamais été intégrées ensemble sur une seule plateforme. Peu importe si les défis d’ingénierie sont monumentaux. Nous sommes l’Amérique. Nous pouvons tout faire. Sauf que non, nous ne pouvons pas. Pas avec l’industrie navale que nous avons actuellement. Pas avec les budgets dont nous disposons. Pas avec les délais annoncés. C’est du fantasme technologique. De la science-fiction militaire. Et le plus triste, c’est que des gens sérieux, des amiraux et des secrétaires à la Défense, se tiennent à côté du président et acquiescent gravement pendant qu’il débite ces absurdités.
Une propulsion problématique
La question de la propulsion du Defiant reste floue. Les documents de la marine mentionnent des turbines à gaz et des diesels alimentant un réseau électrique intégré, similaire au concept utilisé sur les destroyers Zumwalt. C’est ce qu’on appelle une propulsion électrique intégrée : les moteurs génèrent de l’électricité qui alimente à la fois les moteurs de propulsion et tous les systèmes du navire. L’avantage théorique est une flexibilité énorme dans la gestion de l’énergie. Vous pouvez rediriger la puissance des moteurs vers les armes à énergie dirigée si nécessaire, ou vice versa. Le problème, c’est que ce système s’est révélé incroyablement complexe et sujet aux pannes sur les Zumwalt. Le USS Zumwalt lui-même a passé des années à résoudre des problèmes de propulsion avant de devenir pleinement opérationnel. Et maintenant, la marine veut mettre un système similaire, mais beaucoup plus grand et plus puissant, sur le Defiant ? Bonne chance.
Il y a aussi eu des mentions d’une possible propulsion nucléaire pour le Defiant. Cela aurait du sens d’un point de vue opérationnel : une autonomie pratiquement illimitée, une génération de puissance massive pour alimenter tous ces systèmes d’armes énergivores, pas besoin de ravitaillement en carburant. Mais la propulsion nucléaire est extrêmement coûteuse. Elle nécessite des réacteurs spécialisés, un blindage contre les radiations, des procédures de sécurité strictes, et un personnel hautement qualifié. Le dernier navire de surface américain à propulsion nucléaire était le USS Long Beach, retiré du service en mille neuf cent quatre-vingt-quinze précisément parce qu’il était trop cher à exploiter. Depuis, la marine a réservé la propulsion nucléaire aux porte-avions et aux sous-marins, où les avantages justifient les coûts. Mettre un réacteur nucléaire sur le Defiant ferait exploser son prix de construction de dix milliards à peut-être quinze ou vingt milliards de dollars par navire. Et Trump veut en construire vingt-cinq ? Les mathématiques ne fonctionnent tout simplement pas.
Nous sommes confrontés à un choix impossible. Propulsion conventionnelle : moins chère, mais limitée en autonomie et en génération de puissance. Propulsion nucléaire : autonomie illimitée et puissance massive, mais coûts astronomiques et complexité opérationnelle. Les deux options ont des inconvénients majeurs. Et pendant que nous débattons de ces détails techniques, la Chine construit des navires. Beaucoup de navires. Des destroyers, des frégates, des corvettes, des navires amphibies. Ils ne se préoccupent pas de construire le navire parfait. Ils construisent des navires suffisamment bons, en quantité suffisante, pour submerger n’importe quel adversaire par le simple poids du nombre. C’est une stratégie qui a fait ses preuves tout au long de l’histoire militaire. La quantité a sa propre qualité. Et nous ? Nous voulons construire vingt-cinq super-navires qui prendront des décennies à livrer et coûteront des centaines de milliards. C’est une course que nous ne pouvons pas gagner.
Section 4 : L'industrie navale américaine en ruines
Des chantiers navals à bout de souffle
Pour comprendre pourquoi le projet Golden Fleet est voué à l’échec, il faut examiner l’état catastrophique de l’industrie navale américaine. Le secrétaire à la Marine, John Phelan, l’a admis lui-même lors d’une audition au Congrès en juin deux mille vingt-cinq : « Tous nos programmes sont un désastre. Je pense que notre meilleur programme a six mois de retard et cinquante-sept pour cent au-dessus du budget. C’est le meilleur. » Laissez cette déclaration vous pénétrer. Le meilleur programme de construction navale américain est en retard de six mois et dépasse son budget de plus de moitié. Les autres sont encore pires. Le porte-avions USS John F. Kennedy, qui devait être livré en juillet deux mille vingt-cinq, a deux ans de retard. Les frégates de classe Constellation, qui devaient remplacer les vieux croiseurs Ticonderoga, ont été purement et simplement annulées en novembre deux mille vingt-cinq après trois ans de retard et des dépassements de coûts massifs. Et ce sont des navires relativement simples comparés au monstre que Trump veut construire.
Les problèmes sont multiples et profonds. Premièrement, les États-Unis n’ont tout simplement plus assez de chantiers navals capables de construire de grands navires de guerre. Il y en a essentiellement deux : HII Ingalls Shipbuilding à Pascagoula, Mississippi, et General Dynamics Bath Iron Works à Bath, Maine. C’est tout. Deux chantiers pour construire tous les destroyers, croiseurs, et navires amphibies de la marine américaine. Pour comparaison, la Chine a des dizaines de chantiers navals modernes capables de produire des navires de guerre. Deuxièmement, ces chantiers sont déjà surchargés avec les commandes existantes. Ils construisent des destroyers Arleigh Burke, modernisent des navires plus anciens, et tentent de rattraper des années de retard accumulé. Leur demander de construire également des cuirassés de trente-cinq mille tonnes est comme demander à quelqu’un qui se noie de porter un sac de briques supplémentaire. Troisièmement, il y a une pénurie critique de main-d’œuvre qualifiée. Les soudeurs, les électriciens, les techniciens spécialisés nécessaires pour construire des navires de guerre modernes sont rares et vieillissants. Les jeunes ne veulent pas travailler dans les chantiers navals quand ils peuvent gagner le même salaire dans un entrepôt Amazon avec la climatisation.
Phelan l’a dit lui-même lors d’une conférence en Indiana : si un travailleur peut gagner le même argent dans un magasin de proximité ou un entrepôt Amazon, pourquoi choisirait-il le travail éreintant et dangereux d’un chantier naval ? C’est une question à laquelle personne n’a de bonne réponse. Nous avons laissé notre base industrielle se dégrader pendant des décennies. Nous avons externalisé notre fabrication. Nous avons fermé des chantiers navals. Nous avons perdu les compétences et le savoir-faire institutionnel nécessaires pour construire de grands navires complexes. Et maintenant, nous voulons tout reconstruire en quelques années parce qu’un président a décidé qu’il voulait des cuirassés portant son nom ? C’est délirant. C’est comme si nous avions démoli toutes nos usines automobiles, licencié tous nos ouvriers, et puis décidé soudainement que nous voulions construire une voiture de course de Formule 1. Nous n’avons ni les installations, ni les compétences, ni l’expérience pour le faire. Et aucune quantité de volonté politique ne peut changer cette réalité du jour au lendemain.
Les leçons ignorées des échecs passés
L’histoire récente de la construction navale américaine est jonchée de programmes ratés qui auraient dû servir d’avertissement. Prenez les destroyers de classe Zumwalt. Conçus dans les années quatre-vingt-dix comme des navires de guerre furtifs révolutionnaires, ils devaient être construits à trente-deux unités. Le programme a été réduit à sept navires, puis à trois. Le coût par navire est passé de un milliard de dollars à plus de quatre milliards. Les canons avancés de cent cinquante-cinq millimètres qui devaient être leur armement principal se sont révélés inutilisables parce que les munitions guidées coûtaient huit cent mille dollars par obus. Les trois navires construits ont passé des années à résoudre des problèmes de propulsion, de systèmes électriques, et d’intégration de combat. Le USS Lyndon B. Johnson, le troisième et dernier de la classe, n’est toujours pas mis en service et ne le sera probablement pas avant deux mille vingt-sept. C’est un désastre de plusieurs milliards de dollars.
Ou considérez les navires de combat littoral, le LCS. Ce programme devait produire des navires rapides, polyvalents et peu coûteux pour les opérations côtières. Plus de trente ont été construits. Beaucoup ont été retirés du service après seulement cinq ans parce qu’ils étaient criblés de problèmes de fiabilité. Leurs moteurs tombaient en panne. Leurs systèmes de combat ne fonctionnaient pas correctement. Leur mission n’était jamais clairement définie. Des milliards de dollars gaspillés sur des navires qui n’ont jamais rempli leur rôle prévu. Et maintenant, Phelan a annulé le programme de frégates Constellation après seulement quelques années parce qu’il était déjà en retard de trois ans et dépassait massivement son budget. Ces frégates devaient être des navires relativement simples, basés sur une conception italienne éprouvée. Si la marine ne peut même pas construire des frégates à temps et dans les limites du budget, comment diable va-t-elle construire des cuirassés de trente-cinq mille tonnes avec des technologies qui n’existent pas encore ?
Chaque échec aurait dû nous enseigner quelque chose. Chaque programme raté aurait dû nous forcer à réévaluer notre approche. Mais nous ne semblons jamais apprendre. Nous répétons les mêmes erreurs encore et encore. Nous concevons des navires trop complexes. Nous intégrons des technologies non éprouvées. Nous sous-estimons les coûts et les délais. Nous ignorons les avertissements des ingénieurs et des analystes. Et puis nous nous retrouvons avec des programmes qui coûtent trois fois plus cher que prévu, arrivent dix ans en retard, et ne fonctionnent pas correctement. Le Zumwalt devait révolutionner la guerre navale. Il est devenu une curiosité coûteuse. Le LCS devait être la solution à faible coût pour les opérations littorales. Il est devenu un gouffre financier. La frégate Constellation devait être un programme simple et direct. Elle a été annulée avant même que le premier navire ne soit terminé. Et maintenant, Trump veut construire quelque chose de beaucoup plus grand, beaucoup plus complexe, avec beaucoup plus de technologies non éprouvées. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Section 5 : Le gouffre financier qui nous attend
Des coûts qui défient l’entendement
Parlons d’argent. Parce qu’au final, c’est toujours une question d’argent. Selon les estimations rapportées par USNI News, chaque navire de classe Trump coûterait entre dix et quinze milliards de dollars. Quinze milliards. Pour un seul navire. Pour mettre cela en perspective, un destroyer Arleigh Burke coûte environ deux milliards de dollars. Un porte-avions de classe Ford coûte environ treize milliards. Le Defiant coûterait autant qu’un porte-avions nucléaire géant capable de transporter quatre-vingt-cinq avions de combat. Sauf que le Defiant ne transporterait pas d’avions. Il serait juste un très gros croiseur lance-missiles avec des armes qui ne fonctionnent pas encore. Et Trump veut en construire vingt-cinq. Faites le calcul : vingt-cinq navires à quinze milliards chacun, c’est trois cent soixante-quinze milliards de dollars. Presque quatre cents milliards. Pour une seule classe de navires. Le budget annuel total de la marine américaine est d’environ deux cents milliards de dollars. Ce programme à lui seul coûterait presque deux fois le budget annuel de toute la marine.
Et ces estimations sont probablement optimistes. L’histoire nous enseigne que les programmes de construction navale dépassent toujours leurs budgets initiaux. Toujours. Le porte-avions Gerald R. Ford devait coûter dix milliards. Il a fini à treize milliards. Les destroyers Zumwalt devaient coûter un milliard chacun. Ils ont coûté plus de quatre milliards. Les frégates Constellation devaient coûter neuf cents millions. Elles étaient déjà à un milliard et demi avant d’être annulées. Si l’histoire se répète, et elle se répète toujours, les navires de classe Trump pourraient facilement finir à vingt ou vingt-cinq milliards chacun. À ce prix-là, nous parlons d’un demi-trillion de dollars pour le programme complet. Un demi-trillion. C’est plus que le PIB de nombreux pays. C’est assez d’argent pour reconstruire toute l’infrastructure américaine. C’est assez d’argent pour financer l’éducation gratuite pour tous les Américains pendant une décennie. Et nous allons le dépenser sur des cuirassés obsolètes parce qu’un président pense qu’ils sont jolis.
Je pense aux écoles qui s’effondrent. Aux ponts qui tombent. Aux hôpitaux qui manquent de lits. Aux familles qui ne peuvent pas se permettre leurs médicaments. Et puis je pense à ces cuirassés dorés, ces monuments à l’ego présidentiel, qui vont engloutir des centaines de milliards de dollars qui pourraient être utilisés pour améliorer réellement la vie des Américains. C’est obscène. C’est immoral. C’est un détournement de ressources publiques à une échelle qui défie l’imagination. Et le plus fou, c’est que ces navires ne rendront même pas l’Amérique plus sûre. Ils ne dissuaderont pas la Chine. Ils ne vaincront pas nos ennemis. Ils seront juste là, flottant dans les ports, consommant des milliards en maintenance et en équipage, pendant que notre véritable sécurité nationale se dégrade faute d’investissements dans les domaines qui comptent vraiment. C’est du gaspillage élevé au rang d’art.
Le coût d’opportunité catastrophique
Mais le coût réel du programme Golden Fleet ne se mesure pas seulement en dollars dépensés. Il se mesure en opportunités perdues. Chaque dollar dépensé sur ces cuirassés est un dollar qui ne peut pas être dépensé sur quelque chose d’autre. La marine a des besoins réels et urgents. Elle a besoin de frégates anti-sous-marines pour contrer la menace croissante des sous-marins chinois et russes. Elle a besoin de navires de patrouille pour maintenir une présence dans les eaux contestées. Elle a besoin de drones navals, aériens et sous-marins pour multiplier sa puissance de feu sans multiplier ses coûts. Elle a besoin de moderniser ses destroyers vieillissants et de remplacer ses croiseurs antiques. Elle a besoin d’investir dans la cybersécurité, la guerre électronique, et les capacités spatiales. Tous ces besoins sont réels, pressants, et critiques pour la sécurité nationale. Et tous seront négligés si nous gaspillons des centaines de milliards sur des cuirassés.
Considérez ce que nous pourrions acheter avec trois cent soixante-quinze milliards de dollars. Nous pourrions construire cent quatre-vingt-sept destroyers Arleigh Burke. Ou quatre cent seize frégates. Ou des milliers de drones navals. Nous pourrions moderniser toute la flotte existante. Nous pourrions construire de nouveaux chantiers navals et former une nouvelle génération de travailleurs qualifiés. Nous pourrions investir dans la recherche et le développement de technologies véritablement révolutionnaires plutôt que de ressusciter des concepts morts. Nous pourrions faire tellement de choses qui rendraient réellement l’Amérique plus forte et plus sûre. Mais au lieu de cela, nous allons construire vingt-cinq cuirassés géants parce que Trump pense que c’est une bonne idée. C’est une tragédie de proportions historiques. C’est un échec de leadership à tous les niveaux. Et nous allons tous en payer le prix pendant des décennies.
L’économie militaire est brutalement simple : vous avez un budget limité et des menaces illimitées. Chaque choix que vous faites est un compromis. Chaque dollar dépensé ici est un dollar qui ne peut pas être dépensé là-bas. Et les bons leaders militaires comprennent cela. Ils priorisent. Ils font des choix difficiles. Ils investissent dans ce qui fonctionne et abandonnent ce qui ne fonctionne pas. Mais Trump n’est pas un bon leader militaire. Il est un showman. Un vendeur. Un homme qui pense que la grandeur se mesure en taille et en spectacle plutôt qu’en efficacité et en résultats. Et maintenant, toute la marine américaine va souffrir de ses délires de grandeur. Les marins vont naviguer sur des navires vieillissants parce que nous n’avons pas d’argent pour les remplacer. Les programmes critiques vont être annulés parce que nous n’avons pas de budget pour les financer. Et pendant ce temps, les cuirassés dorés de Trump vont flotter dans les ports, inutiles et coûteux, des monuments à notre stupidité collective.
Section 6 : La doctrine navale moderne contre les fantasmes du passé
Dispersion contre concentration
Toute la pensée militaire moderne en matière de guerre navale va dans une direction : la dispersion plutôt que la concentration. L’idée est simple. Au lieu de mettre toute votre puissance de feu sur quelques plateformes géantes, vous la répartissez sur de nombreuses plateformes plus petites. Pourquoi ? Parce que les missiles modernes, les drones, et les capteurs avancés rendent les grandes cibles extrêmement vulnérables. Un destroyer de neuf mille tonnes est déjà une cible juteuse pour un missile anti-navire. Un cuirassé de trente-cinq mille tonnes serait comme un aimant géant pour chaque arme anti-navire dans un rayon de mille kilomètres. Et si vous coulez ce cuirassé, vous éliminez d’un coup quinze milliards de dollars de capacité militaire et potentiellement huit cents marins. C’est mettre tous vos œufs dans un panier géant avec une cible peinte dessus.
La dispersion offre de la redondance. Si vous avez vingt petits navires au lieu de deux gros, et que l’ennemi en coule cinq, vous avez encore quinze navires opérationnels. Vous avez perdu vingt-cinq pour cent de votre capacité, mais vous êtes toujours dans le combat. Si vous avez deux gros navires et que l’ennemi en coule un, vous avez perdu cinquante pour cent de votre capacité. C’est mathématique. C’est logique. C’est la raison pour laquelle toutes les marines modernes se dirigent vers des flottes plus nombreuses de navires plus petits. La Chine construit des destroyers, des frégates, et des corvettes à un rythme effréné. Ils ne construisent pas de super-cuirassés. Ils construisent des centaines de plateformes capables de saturer les défenses ennemies par le simple poids du nombre. Et ça fonctionne. Une flotte de cent navires de mille tonnes chacun est beaucoup plus difficile à vaincre qu’une flotte de dix navires de dix mille tonnes chacun, même si la tonnage total est le même.
C’est une leçon que nous avons apprise et réapprise tout au long de l’histoire militaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les sous-marins allemands U-boats ont terrorisé l’Atlantique non pas parce qu’ils étaient gros ou puissants, mais parce qu’ils étaient nombreux et dispersés. Les Alliés ont finalement gagné la bataille de l’Atlantique en construisant des centaines de navires d’escorte et d’avions de patrouille maritime, pas en construisant quelques super-destroyers. Pendant la guerre froide, l’Union soviétique a adopté une stratégie de saturation : des centaines de bombardiers, des milliers de missiles, des dizaines de sous-marins. L’idée était de submerger les défenses américaines par le simple volume. Et maintenant, la Chine fait la même chose. Ils construisent, construisent, construisent. Pas les meilleurs navires. Pas les plus avancés. Juste beaucoup de navires suffisamment bons. Et nous ? Nous voulons construire vingt-cinq super-navires qui prendront des décennies à livrer. C’est comme si nous combattions la dernière guerre au lieu de préparer la prochaine.
L’ère des drones et des missiles
La guerre en Ukraine a révélé quelque chose de fondamental sur la guerre moderne : les drones changent tout. Des drones aériens à quelques milliers de dollars peuvent détruire des chars à plusieurs millions. Des drones navals de surface peuvent endommager des navires de guerre. Des drones sous-marins peuvent poser des mines ou attaquer des sous-marins. Et tout cela à une fraction du coût des systèmes d’armes traditionnels. La Chine a pris note. Lors d’un défilé militaire à Pékin en septembre deux mille vingt-cinq, ils ont dévoilé toute une gamme de drones sous-marins capables de miner des ports, d’attaquer des navires, et de collecter des renseignements. Des analystes ont suggéré que ces drones pourraient être utilisés pour bloquer les ports américains sur la côte ouest, empêchant les navires de guerre de prendre la mer. Si vos cuirassés ne peuvent même pas quitter le port, à quoi servent-ils ?
Et puis il y a les missiles. La Chine possède le DF-26, surnommé le « tueur de porte-avions », un missile balistique à portée intermédiaire capable de frapper des navires en mouvement à des milliers de kilomètres. Ils ont des missiles de croisière anti-navires supersoniques. Ils ont des missiles hypersoniques en développement. Ils ont construit toute une architecture de déni d’accès conçue pour empêcher la marine américaine d’opérer près des côtes chinoises. Et leur stratégie repose sur la saturation : lancer tellement de missiles que les défenses américaines sont submergées. Un cuirassé, aussi bien défendu soit-il, ne peut intercepter qu’un nombre limité de missiles à la fois. Si les Chinois lancent cinquante missiles contre un cuirassé, certains vont passer. Et il suffit d’un ou deux coups pour mettre un navire hors de combat. C’est la réalité brutale de la guerre navale moderne. La défense est beaucoup plus difficile que l’attaque.
Je regarde les images de drones ukrainiens attaquant des navires russes dans la mer Noire et je me demande si quelqu’un à Washington prête attention. Ces drones coûtent peut-être cent mille dollars chacun. Les navires qu’ils attaquent coûtent des centaines de millions. C’est un rapport coût-efficacité de mille pour un. Et les Russes, avec toute leur puissance militaire, ne peuvent pas les arrêter. Ils ont perdu des navires. Ils ont perdu des sous-marins. Ils ont été forcés de retirer leur flotte de la mer Noire. Tout cela à cause de drones bon marché opérés par un pays qui n’avait même pas de marine digne de ce nom il y a trois ans. Si les Russes ne peuvent pas se défendre contre des drones ukrainiens, comment diable un cuirassé américain va-t-il se défendre contre des essaims de drones chinois ? La réponse est qu’il ne le pourra pas. Il sera submergé. Coulé. Et quinze milliards de dollars iront au fond de l’océan avec lui.
Section 7 : La Chine construit pendant que nous rêvons
Une machine industrielle implacable
Pendant que Trump dessine des cuirassés sur des serviettes à Mar-a-Lago, la Chine construit une marine. Une vraie marine. Avec des navires réels qui flottent et qui fonctionnent. Selon le Pentagone, la marine chinoise compte désormais plus de trois cent soixante-dix navires de combat, ce qui en fait la plus grande marine du monde en termes de nombre de coques. Pour comparaison, la marine américaine en a environ deux cent quatre-vingt-dix. Et la Chine continue de construire à un rythme que l’Amérique ne peut tout simplement pas égaler. Ils lancent des destroyers de type 055, des bêtes de treize mille tonnes avec cent douze cellules de lancement vertical. Ils construisent des frégates de type 054A par douzaines. Ils ont trois porte-avions en service ou en construction, avec plus à venir. Ils construisent des navires amphibies, des navires de soutien logistique, des sous-marins. Leur capacité de construction navale est environ deux cents fois supérieure à celle des États-Unis. Deux cents fois.
Et ce n’est pas seulement une question de quantité. La qualité s’améliore également. Les destroyers chinois de type 055 sont des navires impressionnants, comparables aux meilleurs destroyers américains en termes de capacités. Leurs sous-marins deviennent plus silencieux et plus difficiles à détecter. Leurs systèmes de missiles s’améliorent constamment. Ils investissent massivement dans les technologies émergentes : intelligence artificielle, guerre électronique, armes hypersoniques, drones autonomes. Ils ne se reposent pas sur leurs lauriers. Ils ne construisent pas de cuirassés nostalgiques. Ils construisent la marine du futur. Et pendant ce temps, nous débattons de savoir si nous devrions ressusciter un concept vieux de quatre-vingts ans parce qu’un président pense que ce serait cool. C’est pathétique. C’est embarrassant. Et c’est dangereux.
La Chine a compris quelque chose que nous semblons avoir oublié : dans une guerre moderne, les nombres comptent. La technologie compte. Mais les nombres comptent aussi. Vous ne pouvez pas être partout à la fois avec seulement quelques navires, aussi puissants soient-ils. Vous avez besoin de présence. Vous avez besoin de masse. Vous avez besoin de pouvoir patrouiller, dissuader, et si nécessaire, combattre dans plusieurs théâtres simultanément. Et pour cela, vous avez besoin de beaucoup de navires. Pas vingt-cinq super-cuirassés qui coûtent quinze milliards chacun. Mais des centaines de navires plus petits, plus abordables, plus polyvalents. Les Chinois l’ont compris. Ils construisent une marine conçue pour gagner une guerre, pas pour impressionner lors d’un défilé. Et nous ? Nous construisons des monuments à l’ego présidentiel. C’est une recette pour le désastre.
La stratégie du conteneur armé
Et puis, comme pour souligner l’absurdité du projet Golden Fleet, la Chine a révélé quelque chose de brillamment simple et terriblement efficace : le Zhong Da 79, un porte-conteneurs équipé de systèmes de lancement vertical containerisés. Environ soixante tubes de missiles, des radars, et des systèmes d’armes rapprochées, tous installés dans des conteneurs standard qui peuvent être chargés sur n’importe quel navire marchand. L’idée est géniale dans sa simplicité. Vous prenez un navire civil ordinaire, vous le chargez avec des conteneurs d’armes, et soudainement vous avez un navire de guerre. Il se fond dans le trafic maritime commercial. Il est impossible à distinguer d’un porte-conteneurs normal jusqu’à ce qu’il ouvre le feu. Et si vous en avez des centaines dispersés dans vos flottes marchandes, l’ennemi ne sait jamais lesquels sont armés et lesquels ne le sont pas. C’est de la tromperie stratégique à grande échelle.
Ce concept a été étudié par les marines occidentales pendant des décennies, mais personne ne l’a jamais mis en œuvre sérieusement. Les Chinois l’ont fait. Et les implications sont terrifiantes. Imaginez une guerre dans le Pacifique occidental. La marine américaine envoie ses porte-avions et ses destroyers pour établir le contrôle de la mer. Mais soudainement, des dizaines de « porte-conteneurs » commencent à lancer des missiles. Lesquels sont des cibles légitimes ? Lesquels sont de vrais navires civils ? Comment faites-vous la différence ? Et pendant que vous essayez de comprendre, vous êtes submergé par des centaines de missiles venant de directions que vous ne pouvez même pas identifier. C’est une stratégie asymétrique parfaite. Elle exploite la force de la Chine, sa flotte marchande massive, et transforme une vulnérabilité américaine, notre dépendance à quelques plateformes coûteuses, en un désavantage fatal. Et nous répondons à cela en construisant des cuirassés géants qui seront des cibles faciles pour ces mêmes systèmes d’armes containerisés.
C’est le genre d’innovation qui change les règles du jeu. Ce n’est pas flashy. Ce n’est pas sexy. Ça ne fera pas la couverture des magazines militaires. Mais c’est efficace. C’est abordable. C’est évolutif. Et c’est exactement le genre de pensée asymétrique qui gagne les guerres. Les Chinois ne tentent pas de battre l’Amérique à son propre jeu. Ils changent le jeu. Ils créent de nouvelles règles qui jouent sur leurs forces et exploitent nos faiblesses. Et nous ? Nous jouons toujours selon les règles de mille neuf cent quarante-cinq. Nous construisons des cuirassés parce que les cuirassés étaient cool pendant la Seconde Guerre mondiale. Nous ignorons le fait que le monde a changé. Que la technologie a évolué. Que les stratégies qui fonctionnaient il y a quatre-vingts ans ne fonctionnent plus aujourd’hui. C’est de l’aveuglement stratégique. Et cela va nous coûter cher.
Section 8 : Les fantômes des programmes ratés
Le Zumwalt, un avertissement ignoré
Si vous voulez savoir comment le programme Golden Fleet va se terminer, regardez le USS Zumwalt. Ce destroyer furtif devait révolutionner la guerre navale. Conçu dans les années quatre-vingt-dix, il promettait une furtivité radar révolutionnaire, des canons avancés capables de frapper des cibles à cent cinquante kilomètres, et une intégration de systèmes de combat de nouvelle génération. La marine voulait trente-deux navires. Le Congrès a approuvé sept. Finalement, seulement trois ont été construits. Le coût par navire est passé de un milliard de dollars à plus de quatre milliards. Les canons avancés AGS ne fonctionnent pas parce que les munitions guidées LRLAP coûtent huit cent mille dollars par obus, rendant leur utilisation économiquement impossible. Les systèmes de propulsion ont eu des problèmes chroniques. L’intégration des systèmes de combat a pris des années de plus que prévu. Le premier navire, le USS Zumwalt, a été mis en service en deux mille seize mais n’est devenu pleinement opérationnel qu’en deux mille vingt-trois. Sept ans pour atteindre la capacité opérationnelle complète.
Et maintenant, la marine essaie de trouver quoi faire de ces trois navires coûteux qui ne peuvent pas remplir leur mission d’origine. La solution ? Les convertir en plateformes de lancement de missiles hypersoniques. Ils installent des tubes de lancement pour le système de frappe conventionnelle rapide, retirant les canons AGS inutiles et les remplaçant par des systèmes d’armes qui n’existaient même pas lorsque les navires ont été conçus. C’est une admission d’échec. Ces navires, qui devaient être des révolutionnaires, sont devenus des plateformes de missiles glorifiées. Et même cette conversion coûte des milliards supplémentaires et prendra des années. Le Zumwalt est un cas d’école de ce qui se passe quand vous essayez d’intégrer trop de technologies non éprouvées sur une seule plateforme. C’est exactement ce que Trump veut faire avec ses cuirassés. Missiles hypersoniques ? Vérifiez. Railguns ? Vérifiez. Lasers de haute puissance ? Vérifiez. Propulsion électrique intégrée ? Vérifiez. Toutes ces technologies qui ont causé des problèmes sur d’autres programmes, jetons-les toutes sur le Defiant et espérons que ça marche. C’est de la folie.
Le Zumwalt me hante. Pas parce que c’est un mauvais navire en soi. C’est en fait un navire remarquable d’un point de vue technologique. Mais c’est un échec stratégique et économique massif. Nous avons dépensé plus de douze milliards de dollars pour trois navires qui ne peuvent pas remplir leur mission d’origine. Douze milliards qui auraient pu construire six destroyers Arleigh Burke parfaitement fonctionnels. Ou douze frégates. Ou des centaines de drones. Mais non, nous avons choisi de poursuivre une vision technologique qui était trop ambitieuse, trop complexe, et trop coûteuse. Et maintenant, nous nous apprêtons à répéter exactement la même erreur avec le Golden Fleet. Nous n’avons rien appris. Nous sommes condamnés à répéter l’histoire parce que nous refusons d’en tirer les leçons. C’est tragique. C’est prévisible. Et c’est complètement évitable si seulement quelqu’un avait le courage de dire non.
Le LCS, un désastre en série
Ou prenez les navires de combat littoral, le programme LCS. L’idée était séduisante : des navires rapides, peu coûteux, et modulaires capables de s’adapter à différentes missions en changeant leurs modules de mission. Guerre anti-sous-marine ? Installez le module ASW. Guerre des mines ? Installez le module MCM. Combat de surface ? Installez le module SUW. Un navire, plusieurs missions. Génial en théorie. Désastreux en pratique. Les deux variantes du LCS, Freedom et Independence, ont été criblées de problèmes dès le début. Les moteurs tombaient en panne. Les systèmes de combat ne fonctionnaient pas correctement. Les modules de mission n’étaient jamais vraiment opérationnels. Les navires étaient trop fragiles pour les opérations en haute mer. Leur armement était insuffisant pour le combat réel. Et leur mission n’a jamais été clairement définie. Que sont-ils censés faire exactement ? Personne ne le savait vraiment.
Plus de trente LCS ont été construits avant que la marine ne réalise finalement que le programme était un échec. Certains navires ont été retirés du service après seulement cinq ans. Cinq ans. Des navires de guerre sont censés servir pendant trente ou quarante ans. Ces navires n’ont même pas duré une décennie. Le coût total du programme ? Plus de trente milliards de dollars. Trente milliards pour des navires qui ne fonctionnent pas correctement et qui sont maintenant en train d’être mis au rebut. C’est un gaspillage monumental de ressources. Et la leçon ? Que les concepts séduisants sur le papier ne se traduisent pas toujours par des capacités opérationnelles réelles. Que la modularité et la flexibilité ont un coût en termes de complexité et de fiabilité. Que vous ne pouvez pas concevoir un navire pour faire tout et vous attendre à ce qu’il fasse quelque chose de bien. Le LCS a essayé d’être tout pour tout le monde et a fini par n’être bon à rien. Et maintenant, Trump veut construire des cuirassés qui seront encore plus complexes, encore plus ambitieux, encore plus coûteux. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ?
Chaque fois que je pense au LCS, je ressens une colère sourde. Pas contre les ingénieurs ou les marins qui ont travaillé sur ces navires. Ils ont fait de leur mieux avec ce qu’on leur a donné. Ma colère est dirigée contre les décideurs qui ont approuvé ce programme malgré tous les signaux d’alarme. Contre les amiraux qui ont continué à défendre le LCS même quand il était évident qu’il ne fonctionnait pas. Contre les politiciens qui ont continué à financer le programme parce que les chantiers navals étaient dans leurs circonscriptions. C’est de la corruption systémique. C’est du gaspillage institutionnalisé. Et c’est exactement ce qui va se passer avec le Golden Fleet. Les signaux d’alarme sont déjà là. Les experts avertissent que c’est une mauvaise idée. Les analystes soulignent les problèmes. Mais rien de tout cela n’aura d’importance parce que Trump veut ses cuirassés et personne n’a le courage de lui dire non.
Section 9 : La main-d'œuvre fantôme
Où sont les travailleurs ?
Même si nous avions l’argent pour construire ces cuirassés, même si nous avions les chantiers navals, nous aurions encore un problème insurmontable : la main-d’œuvre. Ou plutôt, son absence. L’industrie navale américaine souffre d’une pénurie chronique de travailleurs qualifiés. Les soudeurs, les électriciens, les tuyauteurs, les techniciens en systèmes de combat, tous ces métiers spécialisés nécessaires pour construire des navires de guerre modernes sont en voie de disparition. Les travailleurs actuels vieillissent et prennent leur retraite. Les jeunes ne les remplacent pas. Pourquoi ? Parce que le travail est dur, dangereux, et mal payé par rapport aux alternatives. Comme Phelan l’a souligné, si vous pouvez gagner le même salaire en travaillant dans un entrepôt Amazon climatisé, pourquoi choisiriez-vous de souder de l’acier dans un chantier naval brûlant ?
Les chiffres sont alarmants. Selon certaines estimations, l’industrie navale américaine aura besoin de recruter et de former des dizaines de milliers de nouveaux travailleurs au cours de la prochaine décennie juste pour maintenir les niveaux de production actuels. Et les niveaux actuels sont déjà insuffisants. Les navires sont en retard. Les coûts explosent. La qualité souffre. Et maintenant, Trump veut ajouter la construction de vingt-cinq cuirassés géants à cette charge de travail ? Avec quelle main-d’œuvre ? Il a mentionné l’utilisation de robots lors de son annonce. Des robots. Pour construire des navires de guerre. C’est une idée séduisante, mais la réalité est que la construction navale reste un processus intensément manuel. Oui, certaines tâches peuvent être automatisées. Mais la majorité du travail nécessite encore des mains humaines qualifiées. Et ces mains n’existent tout simplement pas en nombre suffisant.
Nous avons abandonné notre base industrielle. Nous avons laissé nos compétences manufacturières s’atrophier. Nous avons fermé des écoles techniques. Nous avons dévalorisé le travail manuel. Et maintenant, nous en payons le prix. Nous ne pouvons pas construire de navires parce que nous n’avons personne pour les construire. C’est aussi simple que cela. Et vous ne pouvez pas résoudre ce problème du jour au lendemain. Former un soudeur qualifié prend des années. Construire une culture de fierté dans le travail manuel prend des générations. Nous avons détruit tout cela au nom de l’efficacité économique et de la mondialisation. Et maintenant, quand nous en avons besoin, ce n’est plus là. Trump peut annoncer tous les programmes de construction navale qu’il veut. Cela ne changera pas le fait fondamental que nous n’avons pas les travailleurs pour les réaliser. C’est une crise que nous avons créée nous-mêmes, et il n’y a pas de solution rapide.
Le mirage de l’automatisation
Trump a suggéré que les robots pourraient résoudre le problème de la main-d’œuvre. C’est une idée attrayante. L’automatisation a révolutionné de nombreuses industries. Pourquoi pas la construction navale ? La réalité est beaucoup plus compliquée. Oui, certains aspects de la construction navale peuvent être automatisés. La découpe de plaques d’acier, par exemple, est maintenant largement automatisée. Certaines opérations de soudage peuvent être effectuées par des robots. Mais la construction d’un navire de guerre moderne est incroyablement complexe. Il y a des milliers de systèmes différents qui doivent être installés, intégrés, et testés. Des câbles électriques qui serpentent à travers des espaces confinés. Des tuyaux qui doivent être ajustés précisément. Des systèmes de combat qui nécessitent un calibrage minutieux. La plupart de ce travail ne peut tout simplement pas être automatisé avec la technologie actuelle. Il nécessite le jugement humain, la dextérité humaine, et l’expérience humaine.
Et même si nous pouvions automatiser davantage, cela nécessiterait des investissements massifs dans de nouvelles technologies et de nouveaux équipements. Les chantiers navals américains sont déjà sous-capitalisés. Ils utilisent des équipements vieux de décennies. Ils n’ont pas l’argent pour moderniser leurs installations, encore moins pour investir dans des systèmes de robotique avancés. Et qui va programmer ces robots ? Qui va les maintenir ? Qui va les réparer quand ils tombent en panne ? Vous avez besoin de techniciens hautement qualifiés pour cela. Donc, au lieu de résoudre le problème de la main-d’œuvre, l’automatisation le transforme simplement en un problème différent. Au lieu d’avoir besoin de soudeurs, vous avez besoin de programmeurs de robots et de techniciens en robotique. Et devinez quoi ? Ces compétences sont encore plus rares et plus coûteuses que les compétences traditionnelles de construction navale. L’automatisation n’est pas une solution miracle. C’est juste une autre couche de complexité ajoutée à un problème déjà insoluble.
Trump parle de robots comme s’il parlait de magie. Agitez une baguette, et soudainement tous vos problèmes de main-d’œuvre disparaissent. C’est du fantasme technologique. C’est de la pensée magique. La réalité est que l’automatisation est difficile, coûteuse, et limitée dans ce qu’elle peut accomplir. Oui, elle peut aider. Oui, nous devrions investir dedans. Mais ce n’est pas une solution complète. Nous avons encore besoin de travailleurs humains qualifiés. Beaucoup d’entre eux. Et nous ne les avons pas. Donc, au lieu de reconnaître ce problème et de travailler sur des solutions réelles, comme améliorer les salaires, améliorer les conditions de travail, et investir dans la formation, Trump propose des robots. C’est typique de son approche : ignorer les problèmes difficiles et proposer des solutions simplistes qui sonnent bien mais ne fonctionnent pas dans la réalité.
Section 10 : Les alliés oubliés
La Corée du Sud pourrait nous sauver
Il y a une lueur d’espoir dans tout ce désastre, et elle vient d’un endroit inattendu : la Corée du Sud. Les chantiers navals sud-coréens sont parmi les plus avancés et les plus efficaces au monde. Ils construisent des navires de guerre modernes à un rythme et à un coût que les chantiers américains ne peuvent qu’envier. Hanwha Ocean, l’un des plus grands constructeurs navals sud-coréens, investit actuellement des milliards dans le Philly Shipyard aux États-Unis. L’idée est de transférer leur expertise et leur technologie en Amérique, de former des travailleurs américains selon leurs méthodes, et de construire des navires pour la marine américaine. Trump a mentionné Hanwha lors de son annonce du Golden Fleet, louant leur investissement et suggérant qu’ils pourraient jouer un rôle dans la construction des nouveaux cuirassés.
C’est une idée qui a du sens. Les Sud-Coréens savent comment construire des navires de guerre modernes rapidement et efficacement. Ils ont l’expérience, la technologie, et la main-d’œuvre qualifiée. Ils pourraient potentiellement aider à revitaliser l’industrie navale américaine. Mais il y a des obstacles majeurs. Premièrement, les lois américaines sur la construction navale, notamment le Jones Act, exigent que les navires de guerre américains soient construits dans des chantiers américains par des travailleurs américains. Cela limite ce que les entreprises étrangères peuvent faire. Deuxièmement, il y a des préoccupations de sécurité nationale concernant le transfert de technologies sensibles à des entreprises étrangères, même alliées. Troisièmement, il y a la résistance politique des syndicats et des politiciens qui veulent protéger les emplois américains. Naviguer dans tous ces obstacles sera difficile, voire impossible.
Nous sommes confrontés à un choix difficile. Soit nous acceptons l’aide de nos alliés et admettons que nous ne pouvons plus construire de navires par nous-mêmes, soit nous continuons à prétendre que nous pouvons le faire et nous regardons notre marine se dégrader lentement. C’est une question de fierté contre pragmatisme. Et malheureusement, la fierté gagne généralement dans la politique américaine. Nous préférons échouer seuls plutôt que réussir avec l’aide des autres. C’est stupide. C’est contre-productif. Mais c’est profondément ancré dans notre psyché nationale. Nous sommes l’Amérique. Nous n’avons besoin de l’aide de personne. Sauf que nous en avons besoin. Désespérément. Et si nous ne l’acceptons pas bientôt, il sera trop tard. La Chine aura construit une marine si grande et si puissante que nous ne pourrons jamais rattraper notre retard, peu importe combien de cuirassés dorés nous construisons.
Le Japon, l’allié silencieux
Le Japon est un autre allié qui pourrait aider, bien que Trump ne l’ait pas mentionné. Les chantiers navals japonais sont également de classe mondiale. Ils construisent des destroyers avancés, des sous-marins, et d’autres navires de guerre pour la Force maritime d’autodéfense japonaise. Ils ont l’expertise technique et l’expérience. Et contrairement aux Sud-Coréens, les Japonais travaillent déjà sur certaines technologies que Trump veut pour ses cuirassés. Notamment, le Japon continue de développer la technologie du railgun même après que les États-Unis l’ont abandonnée. Ils pensent qu’ils peuvent résoudre les problèmes techniques qui ont fait échouer le programme américain. Si quelqu’un peut faire fonctionner un railgun, ce sont probablement les Japonais.
Mais encore une fois, il y a des obstacles. Les lois japonaises limitent ce que leur industrie de défense peut faire. Ils ne peuvent pas exporter d’armes offensives. Ils ne peuvent pas participer à des guerres d’agression. Leur constitution pacifiste, imposée par les États-Unis après la Seconde Guerre mondiale, restreint sévèrement leurs capacités militaires. Ces restrictions s’assouplissent lentement, mais elles existent toujours. Et il y a aussi la question de la fierté nationale. Les Japonais sont fiers de leur industrie navale. Ils ne vont pas simplement donner leur technologie aux Américains. Ils voudront quelque chose en retour. Un partenariat équitable. Un transfert de technologie bidirectionnel. Une reconnaissance de leur expertise. Et franchement, Trump n’est pas connu pour sa diplomatie subtile ou son respect des partenaires égaux. Il veut que les autres fassent ce qu’il dit. Cela ne fonctionnera pas avec le Japon.
Nous avons des alliés qui pourraient nous aider. Des alliés qui veulent nous aider. Mais nous sommes trop arrogants pour accepter leur aide aux conditions qu’ils proposent. Nous voulons tout contrôler. Nous voulons toute la gloire. Nous ne voulons pas admettre que nous avons besoin d’eux autant qu’ils ont besoin de nous. C’est de l’orgueil. Et l’orgueil précède la chute. Les Romains l’ont appris. Les Britanniques l’ont appris. Et maintenant, c’est notre tour. Nous sommes en train de regarder notre empire s’effondrer parce que nous refusons d’accepter la réalité de notre déclin. Nous préférons construire des monuments à notre grandeur passée plutôt que d’investir dans notre avenir. Et nos alliés regardent, perplexes et inquiets, se demandant ce qui est arrivé à l’Amérique qu’ils connaissaient.
Section 11 : Le coût humain invisible
Les marins qui paieront le prix
Au milieu de tous ces débats sur les coûts, la technologie, et la stratégie, il est facile d’oublier les personnes qui devront réellement servir sur ces navires. Les marins. Les hommes et les femmes qui passeront des mois en mer, loin de leurs familles, opérant ces machines de guerre complexes. Chaque cuirassé de classe Trump nécessitera un équipage de six cent cinquante à huit cent cinquante personnes, selon les estimations. C’est beaucoup de gens. Et la marine a déjà du mal à recruter et à retenir suffisamment de marins pour ses navires existants. Les taux de rétention sont en baisse. Le moral est bas. Les déploiements sont longs et fréquents. Les familles souffrent. Et maintenant, nous allons ajouter vingt-cinq nouveaux navires géants qui nécessiteront des milliers de marins supplémentaires ? D’où viendront-ils ?
Et ce n’est pas seulement une question de nombres. Ces navires seront incroyablement complexes à opérer. Ils auront des systèmes d’armes que personne n’a jamais utilisés auparavant. Des technologies qui n’existent pas encore. Les marins devront être formés sur des équipements qui sont encore en développement. C’est une recette pour le chaos. Imaginez être un jeune marin affecté au USS Defiant. Vous arrivez à bord et on vous dit d’opérer un railgun qui ne fonctionne pas correctement. Ou un système de missiles hypersoniques qui est encore en phase de test. Ou un laser de haute puissance qui surchauffe constamment. Vous n’avez pas de manuel. Vous n’avez pas de formation adéquate. Vous êtes censé comprendre au fur et à mesure. C’est injuste envers ces marins. C’est dangereux. Et c’est exactement ce qui va se passer si ce programme va de l’avant.
Je pense à ces jeunes hommes et femmes qui s’engagent dans la marine avec des rêves de servir leur pays. Ils veulent faire une différence. Ils veulent être fiers de leur service. Et au lieu de cela, ils vont se retrouver sur des navires dysfonctionnels, opérant des systèmes défectueux, risquant leur vie pour un projet vanité présidentiel. C’est une trahison. C’est un abus de confiance. Ces marins méritent mieux. Ils méritent des navires qui fonctionnent. Des systèmes qui sont fiables. Des leaders qui se soucient de leur sécurité plus que de leur propre ego. Mais ils ne l’auront pas. Parce que Trump veut ses cuirassés dorés, et peu importe qui souffre dans le processus. C’est cruel. C’est immoral. Et personne ne semble s’en soucier.
Les familles brisées
Et puis il y a les familles. Les conjoints qui restent à la maison pendant que leurs partenaires sont déployés pendant des mois. Les enfants qui grandissent sans voir leur mère ou leur père. Les parents qui s’inquiètent constamment pour la sécurité de leurs enfants. Le service militaire exige déjà d’énormes sacrifices de la part des familles. Mais ces sacrifices sont censés avoir un sens. Ils sont censés servir un objectif plus grand. Protéger le pays. Défendre la liberté. Maintenir la paix. Mais quel est l’objectif de ces cuirassés ? Flatter l’ego d’un président ? Créer des emplois dans des chantiers navals ? Ce ne sont pas des raisons suffisantes pour demander aux familles de sacrifier leur temps ensemble, leur stabilité, leur bonheur.
La marine a déjà un problème de rétention en partie à cause de l’impact sur les familles. Les déploiements sont longs. Les périodes à la maison sont courtes. Le stress est constant. Et maintenant, nous allons ajouter plus de navires, ce qui signifie plus de déploiements, ce qui signifie plus de temps loin de la maison. Les familles vont souffrir. Les mariages vont se briser. Les enfants vont grandir sans leurs parents. Et pour quoi ? Pour des cuirassés qui ne rendront même pas l’Amérique plus sûre. C’est un coût humain que personne ne calcule. Il n’apparaît pas dans les budgets. Il n’est pas mentionné dans les annonces présidentielles. Mais il est réel. Et il sera payé par des milliers de familles qui n’ont pas demandé à faire partie de ce projet vanité.
Je ne peux pas m’empêcher de penser à toutes ces familles qui vont payer le prix de cette folie. Les enfants qui vont manquer leurs parents. Les conjoints qui vont élever leurs enfants seuls. Les parents qui vont s’inquiéter chaque jour pour la sécurité de leurs enfants. Tout cela pour quoi ? Pour que Trump puisse avoir des navires portant son nom ? C’est obscène. C’est égoïste. C’est une exploitation des personnes qui servent ce pays. Et personne ne dit rien. Les généraux acquiescent. Les politiciens applaudissent. Les médias rapportent l’histoire comme si c’était une bonne nouvelle. Mais ce n’est pas une bonne nouvelle. C’est une tragédie en devenir. Et nous allons tous regarder pendant que cela se déroule, impuissants à l’arrêter.
Section 12 : L'alternative que personne ne veut entendre
Une flotte distribuée pour le futur
Il existe une alternative au Golden Fleet. Une alternative qui a du sens stratégiquement, économiquement, et opérationnellement. Au lieu de construire vingt-cinq cuirassés géants à quinze milliards chacun, construisez des centaines de navires plus petits et moins chers. Des frégates pour la guerre anti-sous-marine. Des corvettes pour la patrouille et la présence. Des navires de guerre des mines pour sécuriser les voies maritimes. Des navires de soutien logistique pour maintenir la flotte en mer. Et surtout, investissez massivement dans les systèmes sans pilote. Des drones navals de surface. Des drones sous-marins. Des drones aériens lancés depuis des navires. Ces systèmes sont l’avenir de la guerre navale. Ils sont moins chers. Ils sont plus flexibles. Ils peuvent être produits en masse. Et ils ne mettent pas de vies humaines en danger.
Cette approche distribuée offre de nombreux avantages. Premièrement, la redondance. Si vous perdez un navire, vous en avez encore des centaines d’autres. Deuxièmement, la présence. Vous pouvez être dans plus d’endroits à la fois. Troisièmement, la flexibilité. Différents navires pour différentes missions. Quatrièmement, l’abordabilité. Des centaines de navires à cent millions chacun coûtent moins cher que vingt-cinq navires à quinze milliards chacun. Cinquièmement, la résilience. Une flotte distribuée est beaucoup plus difficile à vaincre qu’une flotte concentrée. L’ennemi doit traiter avec des dizaines ou des centaines de cibles au lieu de quelques-unes. C’est exactement la stratégie que la Chine poursuit. C’est exactement ce que la doctrine militaire moderne recommande. Mais ce n’est pas ce que Trump veut. Parce que ce n’est pas spectaculaire. Ce n’est pas impressionnant. Vous ne pouvez pas mettre votre nom dessus et vous pavaner.
La bonne stratégie n’est pas toujours la stratégie sexy. Parfois, la bonne réponse est ennuyeuse. Pragmatique. Peu excitante. Construire des centaines de petits navires n’a pas le même attrait que construire des cuirassés géants. Cela ne fera pas les gros titres. Cela ne fera pas de bonnes photos. Mais cela fonctionnerait. Cela rendrait réellement l’Amérique plus sûre. Cela donnerait à la marine les outils dont elle a besoin pour faire son travail. Mais nous ne le ferons pas. Parce que nos leaders ne se soucient pas de ce qui fonctionne. Ils se soucient de ce qui a l’air bien. De ce qui sonne bien. De ce qui leur donne l’air puissants et décisifs. C’est du leadership performatif. C’est de la politique de spectacle. Et cela va nous détruire.
Investir dans l’invisible
Une autre priorité devrait être les capacités que vous ne pouvez pas voir. La cybersécurité. La guerre électronique. Les capacités spatiales. Le renseignement. Ces domaines ne sont pas glamour. Ils ne font pas de belles photos. Mais ils sont absolument critiques pour la guerre moderne. Une cyberattaque peut paralyser une flotte entière sans tirer un seul coup. La guerre électronique peut aveugler les capteurs ennemis et protéger vos propres forces. Les satellites fournissent les communications, la navigation, et le renseignement dont dépendent toutes les opérations militaires modernes. Le renseignement vous dit où se trouve l’ennemi, ce qu’il fait, et ce qu’il prévoit de faire. Sans ces capacités, tous les cuirassés du monde sont inutiles.
Mais ces domaines sont chroniquement sous-financés. Pourquoi ? Parce qu’ils sont invisibles. Vous ne pouvez pas les montrer lors d’un défilé. Vous ne pouvez pas les utiliser pour des photos de propagande. Ils ne portent pas le nom du président. Donc, ils sont ignorés. Les budgets vont aux choses visibles. Aux navires. Aux avions. Aux chars. Pendant ce temps, nos adversaires investissent massivement dans ces capacités invisibles. La Chine a une armée de hackers. La Russie est un leader mondial en guerre électronique. L’Iran développe des capacités spatiales. Et nous ? Nous construisons des cuirassés. C’est comme si nous nous préparions pour une guerre du vingtième siècle pendant que nos ennemis se préparent pour une guerre du vingt-et-unième siècle. Nous allons perdre. Pas parce que nous manquons de courage ou de détermination. Mais parce que nous combattons la mauvaise guerre avec les mauvaises armes.
Les guerres futures ne seront pas gagnées par celui qui a les plus gros navires. Elles seront gagnées par celui qui a les meilleurs hackers. Les meilleurs systèmes de guerre électronique. Les meilleurs satellites. Le meilleur renseignement. Mais nous ne pouvons pas sembler comprendre cela. Nous sommes coincés dans une mentalité du vingtième siècle où la puissance se mesure en tonnes d’acier et en calibre de canons. Le monde a changé. La technologie a évolué. Mais notre pensée stratégique est restée figée dans le passé. Et cela va nous coûter cher. Très cher. Pas seulement en argent, mais en vies. En sécurité. En influence mondiale. Nous sommes en train de perdre notre position de superpuissance non pas parce que nous sommes faibles, mais parce que nous sommes stupides. Parce que nous faisons les mauvais choix encore et encore. Et personne ne semble capable de nous arrêter.
Conclusion : Le naufrage annoncé d'un rêve doré
Quand l’ego coule plus vite que l’acier
Nous voici donc, à la fin de cette analyse, et la conclusion est aussi claire qu’elle est déprimante : le projet Golden Fleet est un désastre en attente. Ce n’est pas une prédiction audacieuse. Ce n’est pas du pessimisme. C’est une évaluation sobre basée sur l’histoire, les faits, et la réalité de l’industrie navale américaine. Ces cuirassés ne seront jamais construits comme promis. S’ils sont construits, ils arriveront des décennies en retard et coûteront des centaines de milliards de plus que prévu. S’ils arrivent, ils ne fonctionneront pas correctement. Et même s’ils fonctionnent, ils seront obsolètes avant même d’être mis en service. C’est le cycle prévisible de tous les programmes de défense américains récents. Le Zumwalt. Le LCS. La frégate Constellation. Le F-35. Tous ont suivi le même schéma : promesses grandioses, retards massifs, dépassements de coûts astronomiques, et performances décevantes.
Le Golden Fleet suivra exactement le même chemin. Dans cinq ans, nous lirons des articles sur les retards de construction. Dans dix ans, nous lirons des articles sur les dépassements de coûts. Dans quinze ans, nous lirons des articles sur les problèmes techniques. Et dans vingt ans, si nous avons de la chance, nous verrons peut-être le premier navire mis en service, des années en retard, des milliards au-dessus du budget, et avec la moitié de ses systèmes d’armes non fonctionnels. Et pendant tout ce temps, la Chine aura construit des centaines de navires. La Russie aura modernisé sa flotte. L’Iran aura développé de nouvelles capacités asymétriques. Et l’Amérique aura gaspillé des ressources précieuses sur un projet vanité qui n’a jamais eu de sens dès le départ. C’est tragique. C’est prévisible. Et c’est complètement évitable si seulement quelqu’un avait le courage de dire la vérité au pouvoir.
Je termine cette analyse avec un sentiment de lassitude profonde. Pas de surprise. Pas de choc. Juste de la lassitude. Parce que j’ai vu ce film trop de fois. J’ai vu des politiciens promettre des merveilles. J’ai vu des généraux acquiescer. J’ai vu des programmes lancés avec fanfare et mourir dans l’obscurité. J’ai vu des milliards gaspillés. Des opportunités perdues. Des vies gâchées. Et maintenant, je vois tout cela se répéter encore une fois avec le Golden Fleet. Et je sais que je ne peux rien y faire. Personne ne peut. Parce que le système est brisé. Les incitations sont toutes fausses. Les politiciens veulent des projets spectaculaires qui leur donnent l’air forts. Les généraux veulent des budgets plus importants et plus de jouets brillants. Les entrepreneurs de défense veulent des contrats lucratifs. Et personne ne se soucie vraiment de savoir si cela fonctionne ou si cela rend l’Amérique plus sûre. C’est du théâtre. C’est de la performance. C’est de la corruption légalisée. Et nous allons tous en payer le prix.
L’héritage que Trump laissera
Dans cinquante ans, quand les historiens regarderont en arrière sur cette période, que diront-ils du Golden Fleet ? Ils le verront pour ce qu’il est : un monument à l’hubris. Une tentative désespérée d’un président vieillissant de graver son nom dans l’histoire en construisant les plus gros navires de guerre jamais vus. Ils noteront l’ironie : un homme qui a évité le service militaire pendant la guerre du Vietnam voulait que des navires de guerre portent son nom. Ils souligneront la tragédie : des centaines de milliards de dollars gaspillés sur un projet qui n’a jamais eu de sens stratégique. Ils se demanderont comment une nation aussi puissante et riche que l’Amérique a pu faire des choix aussi stupides. Et ils utiliseront le Golden Fleet comme un exemple classique de ce qui se passe quand l’ego et la politique l’emportent sur la raison et la stratégie.
Mais peut-être, juste peut-être, quelque chose de bon sortira de tout cela. Peut-être que l’échec inévitable du Golden Fleet forcera enfin une conversation honnête sur l’état de l’industrie navale américaine. Peut-être que cela forcera des réformes. Peut-être que cela conduira à des investissements dans la formation de la main-d’œuvre, la modernisation des chantiers navals, et le développement de nouvelles technologies. Peut-être que l’échec de ce projet vanité ouvrira la voie à des programmes plus sensés et plus efficaces. C’est un mince espoir. Mais c’est tout ce qui nous reste. Parce que la réalité est que le Golden Fleet va de l’avant. Trump l’a annoncé. Les généraux l’ont approuvé. Le Congrès le financera probablement. Et nous allons tous regarder pendant que ce train s’écrase au ralenti, impuissants à l’arrêter. Tout ce que nous pouvons faire, c’est espérer que nous apprendrons quelque chose de l’épave. Mais connaissant l’histoire, nous ne le ferons probablement pas. Nous répéterons simplement les mêmes erreurs avec un nom différent et un président différent. C’est le cycle américain. Et il ne semble jamais se terminer.
Je regarde l’avenir et je vois des cuirassés dorés rouillant dans les ports. Je vois des milliards gaspillés. Je vois des opportunités perdues. Je vois une Amérique plus faible, pas plus forte. Et je me demande comment nous en sommes arrivés là. Comment une nation qui a mis des hommes sur la lune, qui a gagné la guerre froide, qui a construit l’internet, peut maintenant à peine construire un navire de guerre à temps et dans les limites du budget. Nous avons perdu quelque chose en cours de route. Pas notre capacité technique. Pas notre courage. Mais notre sagesse. Notre capacité à faire des choix difficiles. Notre volonté de dire non aux mauvaises idées, même quand elles viennent du président. Nous avons perdu la capacité de distinguer entre ce qui sonne bien et ce qui fonctionne réellement. Et jusqu’à ce que nous retrouvions cette sagesse, nous continuerons à faire les mêmes erreurs. Encore et encore. Le Golden Fleet n’est que le dernier exemple. Ce ne sera pas le dernier. Il y en aura d’autres. Et chaque fois, nous nous demanderons comment cela a pu arriver. Mais nous connaissons déjà la réponse. Cela arrive parce que nous le permettons. Parce que nous ne disons rien. Parce que nous acceptons l’inacceptable. Et jusqu’à ce que cela change, rien d’autre ne changera.
Sources
Sources primaires
The Age, « Trump’s ‘Golden Fleet’ battleship plan a disaster waiting to happen » par Tom Sharpe, publié le 28 décembre 2025. CNN, « Trump’s new battleship plan could transform the US Navy – or sink it » par Brad Lendon, publié le 23 décembre 2025. USNI News, « Trump Unveils New Battleship Class; Proposed USS Defiant Will Be Largest U.S. Surface Combatant Since WWII » par Mallory Shelbourne et Sam LaGrone, publié le 22 décembre 2025.
Sources secondaires
Annonce officielle de la Maison Blanche sur le projet Golden Fleet, Mar-a-Lago, 22 décembre 2025. Fiche technique de la marine américaine sur la classe Trump, Naval Sea Systems Command, décembre 2025. Témoignage du secrétaire à la Marine John Phelan devant le Congrès américain, juin 2025. Rapports du Pentagone sur les capacités navales chinoises, 2025. Analyses de la construction navale sud-coréenne et japonaise, diverses sources industrielles, 2025.
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