Plus de deux heures au téléphone
Juste avant l’arrivée de Zelensky et de sa délégation à la résidence floridienne de Trump, le président américain et Vladimir Poutine ont eu un échange téléphonique que Trump a qualifié de « productif » et que l’assistant de politique étrangère du Kremlin, Yuri Ushakov, a décrit comme « amical ». Cette conversation a duré plus de deux heures, un détail qui n’a pas échappé aux observateurs. Que peuvent bien se dire deux dirigeants pendant plus de cent vingt minutes alors que l’un d’eux s’apprête à rencontrer le président du pays que l’autre bombarde quotidiennement? Trump a révélé que Poutine s’était engagé à aider à reconstruire l’Ukraine, notamment en fournissant de l’énergie bon marché. « La Russie veut voir l’Ukraine réussir », a déclaré Trump, ajoutant avec une pointe d’ironie: « Ça sonne un peu étrange ». Un peu étrange, en effet. C’est le moins qu’on puisse dire.
Selon Ushakov à Moscou, Poutine a dit à Trump qu’un cessez-le-feu de 60 jours proposé par l’Union européenne et l’Ukraine ne ferait que prolonger la guerre. L’assistant du Kremlin a également déclaré que l’Ukraine devait prendre une décision sur le Donbas « sans plus tarder ». Cette pression temporelle n’est pas anodine. Elle révèle la stratégie russe: forcer une décision rapide pendant que Moscou est en position de force sur le terrain. Trump a affirmé qu’il rappellerait Poutine après sa rencontre avec Zelensky, maintenant ainsi un canal de communication direct avec le dirigeant russe. Le Kremlin a exprimé son soutien aux négociations de Trump. « Le monde entier apprécie les efforts de paix du président Trump et de son équipe », a posté Kirill Dmitriev, envoyé spécial de Poutine, sur X après les discussions. Cette approbation russe des efforts de Trump devrait pourtant soulever des questions. Quand votre adversaire applaudit vos efforts de médiation, c’est généralement parce qu’il pense en tirer avantage.
Un schéma qui se répète
Ce n’est pas la première fois que Trump parle à Poutine avant de rencontrer Zelensky, et ce schéma a déjà causé des problèmes par le passé. En octobre 2025, après un appel avec Poutine, Trump avait refusé de fournir à l’Ukraine de nouveaux missiles à longue portée alors qu’il avait précédemment semblé ouvert à cette idée. Les partisans de l’Ukraine s’inquiètent de cette séquence: avant de rencontrer Zelensky, Trump entend le point de vue de Poutine, et la rencontre subséquente tourne mal. Cette fois, l’échange avec Poutine n’a pas empêché une rencontre positive avec Zelensky. Mais Trump a tout de même loué Poutine dans un domaine spécifique: sa gestion de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, un point de friction majeur dans les négociations. « Le président Poutine travaille en fait avec l’Ukraine pour la remettre en service », a déclaré Trump. « C’est un grand pas en avant qu’il ne bombarde pas cette centrale ».
Cette déclaration mérite qu’on s’y attarde. Trump félicite Poutine de ne pas bombarder une centrale nucléaire. Réfléchissons un instant à ce que cela signifie. On en est arrivé à un point où ne pas commettre un acte qui pourrait causer une catastrophe nucléaire est considéré comme un geste positif méritant des éloges. C’est comme féliciter quelqu’un de ne pas avoir mis le feu à votre maison. La barre est tombée si bas qu’on célèbre l’absence de catastrophe absolue. Trump a ajouté qu’il pensait toujours que Poutine était sérieux au sujet de la paix. « Il veut que ça arrive. Il veut le voir », a-t-il dit. « Il me l’a dit très fermement, je le crois ». Cette confiance de Trump envers Poutine contraste fortement avec le scepticisme de nombreux observateurs internationaux qui voient dans les actions russes une volonté de gagner du temps tout en consolidant les gains territoriaux.
Je le crois. Trois mots qui résument tout le problème. Trump croit Poutine. Sur parole. Malgré les preuves accablantes du contraire. Malgré les bombardements qui continuent. Malgré les morts qui s’accumulent. Il le croit parce que Poutine le lui a dit « très fermement ». Comme si la fermeté du ton garantissait la sincérité des intentions. C’est d’une naïveté confondante ou d’un cynisme calculé, difficile de trancher. Peut-être les deux à la fois. Pendant ce temps, Zelensky doit écouter ces louanges adressées à l’homme qui détruit son pays. Il doit sourire. Il doit rester poli. Il doit jouer le jeu diplomatique parce qu’il n’a pas le choix. Son pays dépend du soutien américain. Alors il incline la tête et il sourit. Un sourire qui cache tout ce qu’il ne peut pas dire.
Les points de friction : le Donbas et au-delà
Le cœur du problème territorial
En entrant dans la réunion, Zelensky avait déclaré que 90% des termes du plan de paix avaient été convenus, reprenant un chiffre utilisé par les responsables américains. Après la rencontre, Zelensky a utilisé le même pourcentage, bien que Trump ait dit qu’il n’aimait pas utiliser des pourcentages. Mais ce sont les 10% restants qui se sont révélés si difficiles à résoudre, un fait que Zelensky semblait évoquer. Les principaux points de blocage incluent le sort de la centrale nucléaire et les questions de concession territoriale. Trump a suggéré qu’il valait mieux faire des concessions territoriales maintenant, avant que la Russie n’envahisse davantage. « Une partie de ce territoire a été prise. Une partie de ce territoire est peut-être en jeu, mais elle pourrait être prise au cours des prochains mois », a-t-il déclaré. « Et vaut-il mieux conclure un accord maintenant? »
Cette question rhétorique de Trump révèle sa vision pragmatique, certains diraient cynique, de la situation. Il suggère essentiellement que l’Ukraine devrait céder du territoire maintenant pour éviter d’en perdre davantage plus tard. C’est une logique qui fait abstraction de principes fondamentaux comme la souveraineté territoriale et le droit international. Avant la réunion, Zelensky avait fait preuve d’une nouvelle flexibilité, déclarant qu’il était prêt à soumettre tout accord de paix à un référendum (la constitution ukrainienne exige que tout changement de frontières nationales soit soumis au vote). Mais il a précisé qu’un cessez-le-feu serait nécessaire pour l’organiser. La Russie, qui a lancé un nouveau barrage de missiles et de drones sur l’Ukraine avant les discussions de dimanche, a refusé toute discussion sur un cessez-le-feu. Lors de l’appel téléphonique de Trump avec Poutine, les deux dirigeants ont exprimé qu’ils « partageaient généralement des points de vue similaires » selon lesquels une trêve temporaire ne ferait que prolonger le conflit en Ukraine, selon l’assistant du Kremlin Yuri Ushakov.
Les exigences russes maximales
Poutine a publiquement déclaré qu’il voulait que toutes les zones des quatre régions clés capturées par ses forces, ainsi que la péninsule de Crimée illégalement annexée en 2014, soient reconnues comme territoire russe. Il a également insisté pour que l’Ukraine se retire de certaines zones de l’est de l’Ukraine que les forces de Moscou n’ont pas capturées. Kyiv a publiquement rejeté toutes ces demandes. Le Kremlin veut également que l’Ukraine abandonne sa candidature à l’OTAN. Il a averti qu’il n’accepterait pas le déploiement de troupes de membres de l’alliance militaire et les considérerait comme une « cible légitime ». Poutine a également déclaré que l’Ukraine devait limiter la taille de son armée et donner un statut officiel à la langue russe, des exigences qu’il formule depuis le début du conflit.
L’assistant aux affaires étrangères de Poutine, Yuri Ushakov, a déclaré au quotidien économique Kommersant ce mois-ci que la police russe et la garde nationale resteraient dans certaines parties de Donetsk – l’une des deux zones majeures, avec Luhansk, qui composent la région du Donbas – même si elles deviennent une zone démilitarisée dans le cadre d’un plan de paix prospectif. Ushakov a averti que tenter de parvenir à un compromis pourrait prendre beaucoup de temps. Il a déclaré que les propositions américaines qui tenaient compte des demandes russes avaient été « aggravées » par les modifications proposées par l’Ukraine et ses alliés européens. Cette position russe est maximaliste. Elle demande essentiellement à l’Ukraine de capituler sur tous les fronts: territorial, militaire, linguistique et géopolitique. C’est une demande de reddition déguisée en proposition de paix.
Appelons les choses par leur nom. Ce que Poutine propose n’est pas un accord de paix. C’est une capitulation. Il veut garder tout ce qu’il a volé, plus ce qu’il n’a pas encore réussi à prendre. Il veut qu’on reconnaisse ses conquêtes comme légitimes. Il veut affaiblir l’armée ukrainienne pour qu’elle ne puisse jamais se défendre à nouveau. Il veut imposer la langue russe. Il veut empêcher l’Ukraine de rejoindre l’OTAN. En gros, il veut transformer l’Ukraine en État vassal. Et on nous demande de considérer ça comme une base de négociation raisonnable. On nous demande de trouver un « compromis » entre l’agression et la défense, entre l’envahisseur et l’envahi. Comme si les deux positions étaient moralement équivalentes. Elles ne le sont pas. Elles ne le seront jamais.
Les garanties de sécurité : un enjeu crucial
L’alternative à l’OTAN
Zelensky a déclaré qu’un accord sur les garanties de sécurité pour l’Ukraine avait été atteint. Trump s’est montré légèrement plus prudent, affirmant qu’ils étaient à 95% du chemin vers un tel accord et qu’il s’attendait à ce que les pays européens « prennent en charge une grande partie » de cet effort avec le soutien américain. Le président français Emmanuel Macron, dans un message sur X après la réunion, a déclaré que des progrès avaient été réalisés sur les garanties de sécurité et que les pays de la « coalition des volontaires » se réuniraient à Paris début janvier pour finaliser leurs « contributions concrètes ». Cette question des garanties de sécurité est absolument centrale. Sans elles, tout accord de paix ne serait qu’un répit temporaire avant une nouvelle agression russe.
Zelensky a déclaré précédemment qu’il espérait adoucir une proposition américaine selon laquelle les forces ukrainiennes se retireraient complètement du Donbas, une demande russe qui signifierait céder certains territoires détenus par les forces ukrainiennes. Alors que Moscou insiste pour obtenir tout le Donbas, Kyiv veut que la carte soit gelée aux lignes de bataille actuelles. Trump et Zelensky ont tous deux déclaré après la réunion que l’avenir du Donbas n’avait pas été réglé, bien que le président américain ait dit que les discussions « allaient dans la bonne direction ». Les États-Unis, cherchant un compromis, ont proposé une zone économique franche si l’Ukraine quitte la zone, bien qu’il reste flou comment cette zone fonctionnerait en termes pratiques. « C’est non résolu, mais ça se rapproche beaucoup. C’est une question très difficile », a déclaré Trump.
Le rôle de l’Europe
Les deux dirigeants n’ont pas non plus fourni beaucoup d’informations sur les accords qu’ils avaient conclus concernant la fourniture de sécurité à l’Ukraine après la fin de la guerre, quelque chose que Zelensky a décrit comme « l’étape clé pour parvenir à une paix durable ». Zelensky a déclaré que tout accord de paix devrait être approuvé par le parlement ukrainien ou par référendum. Trump a dit qu’il serait prêt à parler au parlement si cela permettait de conclure l’accord. Des chefs d’État européens ont rejoint au moins une partie de la réunion de dimanche par téléphone. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré sur X que « l’Europe est prête à continuer de travailler avec l’Ukraine et nos partenaires américains », ajoutant que des garanties de sécurité solides seraient d’une importance « primordiale ».
Un porte-parole du Premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré que les dirigeants européens « ont souligné l’importance de garanties de sécurité robustes et réaffirmé l’urgence de mettre fin à cette guerre barbare dès que possible ». Cette implication européenne est cruciale. Les États-Unis sous Trump ont montré qu’ils pouvaient être un partenaire imprévisible. L’Europe doit donc intensifier ses efforts pour garantir la sécurité de l’Ukraine à long terme. Mais la question demeure: ces garanties seront-elles suffisamment fortes pour dissuader une future agression russe? Ou ne seront-elles que des promesses creuses qui s’évaporeront à la première crise? L’histoire récente ne nous incite pas à l’optimisme. En 1994, l’Ukraine avait renoncé à son arsenal nucléaire en échange de garanties de sécurité dans le Mémorandum de Budapest. On voit ce que ces garanties valent aujourd’hui.
Les garanties de sécurité. Des mots. Des promesses. Du papier. L’Ukraine a déjà eu des garanties de sécurité. Elles n’ont servi à rien quand les tanks russes ont franchi la frontière. Alors pourquoi cette fois serait-elle différente? Parce que Trump le dit? Parce que l’Europe promet de s’impliquer? Pardonnez mon scepticisme, mais j’ai du mal à y croire. Les garanties de sécurité ne valent que ce que valent ceux qui les donnent. Et l’histoire nous a montré que quand les intérêts nationaux entrent en jeu, les promesses s’envolent. L’Ukraine le sait mieux que quiconque. Elle a appris cette leçon dans le sang et les larmes. Alors oui, négocions des garanties de sécurité. Mais ne nous faisons pas d’illusions sur leur valeur réelle.
La centrale nucléaire de Zaporizhzhia : une bombe à retardement
Un enjeu stratégique et humanitaire
Les négociateurs américains ont également proposé un contrôle partagé de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia. Des réparations de lignes électriques avaient commencé là-bas après un autre cessez-le-feu local négocié par l’Agence internationale de l’énergie atomique, a annoncé l’agence dimanche. Les négociateurs, a déclaré Trump, avaient fait des progrès pour décider du sort de la centrale, qui pourrait « redémarrer presque immédiatement ». Le président américain a déclaré que « c’est un grand pas » que la Russie n’ait pas bombardé l’installation. Cette centrale est la plus grande d’Europe et son sort est devenu l’un des symboles les plus inquiétants de cette guerre. Depuis que les forces russes l’ont capturée en mars 2022, elle est devenue une source constante d’inquiétude pour la communauté internationale.
La centrale a été régulièrement bombardée, chaque camp accusant l’autre d’être responsable des tirs. L’AIEA a maintenu une présence permanente sur le site pour surveiller la situation et tenter de prévenir une catastrophe nucléaire. Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a effectué plusieurs visites sur place et a averti à plusieurs reprises que la situation était extrêmement dangereuse. La proposition de contrôle partagé soulève de nombreuses questions pratiques. Comment fonctionnerait exactement un tel arrangement? Qui prendrait les décisions opérationnelles quotidiennes? Que se passerait-il en cas de désaccord entre les parties? Et surtout, comment garantir la sécurité de l’installation dans un contexte où les combats pourraient reprendre à tout moment? Ces questions n’ont pas encore trouvé de réponses claires.
Le précédent de Tchernobyl
L’Ukraine connaît trop bien les dangers d’une catastrophe nucléaire. La catastrophe de Tchernobyl en 1986 reste gravée dans la mémoire collective du pays. Les conséquences de cet accident se font encore sentir aujourd’hui, près de quarante ans plus tard. Une zone d’exclusion de 2600 kilomètres carrés entoure toujours le site. Des milliers de personnes ont été exposées à des radiations. Les effets sur la santé se transmettent de génération en génération. L’idée qu’une nouvelle catastrophe nucléaire pourrait se produire sur le sol ukrainien est insupportable. Pourtant, c’est exactement le risque que fait courir la situation actuelle à Zaporizhzhia. Chaque jour qui passe sans résolution augmente la probabilité d’un accident, qu’il soit causé par des bombardements, une erreur humaine ou une défaillance technique.
La communauté internationale a une responsabilité particulière dans ce dossier. Une catastrophe nucléaire à Zaporizhzhia ne se limiterait pas à l’Ukraine. Les retombées radioactives ne connaissent pas de frontières. Elles affecteraient toute l’Europe, voire au-delà selon les conditions météorologiques. C’est pourquoi la question de Zaporizhzhia dépasse largement le cadre du conflit russo-ukrainien. C’est une menace existentielle pour toute la région. Le fait que Trump félicite Poutine de ne pas avoir bombardé la centrale montre à quel point la situation est devenue absurde. On en est réduit à espérer que les belligérants feront preuve d’un minimum de bon sens pour éviter une catastrophe qui pourrait affecter des millions de personnes. C’est une bien maigre consolation.
Zaporizhzhia. Un nom qui devrait nous glacer le sang. Une centrale nucléaire au milieu d’une zone de guerre. Des réacteurs qui pourraient exploser à tout moment. Et on nous dit que c’est un « grand pas » que la Russie ne la bombarde pas. Vous vous rendez compte de la folie de cette situation? On en est là. On remercie un pays de ne pas provoquer une catastrophe nucléaire qui pourrait tuer des millions de personnes. C’est notre nouveau standard. C’est ce qu’on appelle maintenant du progrès. Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Probablement les deux. Cette centrale est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de nos têtes. Et pendant qu’on négocie, pendant qu’on discute de contrôle partagé et de zones démilitarisées, le danger reste entier. Chaque jour qui passe est un jour de trop.
La relation Trump-Zelensky : un équilibre précaire
Des débuts catastrophiques
Depuis leur première rencontre désastreuse en février 2025, chaque entrevue entre Trump et Zelensky durant le second mandat de Trump a été scrutée de près pour déceler son ton et sa teneur. Aucune de leurs discussions ultérieures n’a dégénéré en une telle acrimonie, bien que certaines aient été décrites comme difficiles en coulisses. En accueillant Zelensky dans son domaine de Palm Beach, Trump a offert des louanges. « Ce gentleman a travaillé très dur, et il est très courageux, et son peuple est très courageux », a déclaré Trump. Zelensky a commencé et conclu ses remarques en remerciant Trump, ce qui est notable étant donné que le président américain et le vice-président JD Vance l’avaient réprimandé en février pour ne pas être assez reconnaissant envers les dirigeants américains pour leur rôle dans la médiation.
Trump a utilisé Mar-a-Lago par le passé pour cultiver des relations plus personnelles avec ses homologues mondiaux, notamment le dirigeant chinois Xi Jinping et le défunt Premier ministre japonais Shinzo Abe. Bien que cela ne semblait pas être le but exprès de la réunion de dimanche – Zelensky est venu à Palm Beach parce que Trump y passe les vacances – le cadre offrait néanmoins une toile de fond moins formelle que le Bureau ovale ou la salle du Cabinet de la Maison Blanche. « Il est entré, il a dit: ‘Cet endroit est magnifique' », a raconté Trump à propos de Zelensky à la fin de la réunion. « Je ne pense pas qu’il veuille retourner à la Maison Blanche ». Cette boutade de Trump, typique de son style, cache une réalité plus sombre. Zelensky n’a pas vraiment le choix de l’endroit où il rencontre Trump. Il doit aller là où le président américain le convoque.
Le poids de la dépendance
La relation asymétrique entre les États-Unis et l’Ukraine place Zelensky dans une position extrêmement difficile. L’Ukraine dépend du soutien militaire, financier et diplomatique américain pour sa survie. Sans les armes, les renseignements et l’aide économique fournis par Washington, l’Ukraine aurait probablement déjà succombé à l’invasion russe. Cette dépendance donne à Trump un pouvoir de négociation considérable. Il peut se permettre d’être capricieux, de changer d’avis, de faire des demandes déraisonnables. Zelensky, lui, doit sourire et acquiescer, même quand Trump fait l’éloge de Poutine. Il doit remercier, même quand l’aide américaine arrive au compte-gouttes. Il doit être reconnaissant, même quand on lui demande de sacrifier le territoire de son pays.
Cette dynamique est profondément injuste, mais c’est la réalité de la géopolitique. Les petits pays dépendent des grands. Les pays en guerre dépendent de leurs alliés. Et cette dépendance crée un déséquilibre de pouvoir qui peut être exploité. Trump l’a bien compris. Il utilise le levier de l’aide américaine pour pousser Zelensky vers des concessions que ce dernier ne ferait probablement pas autrement. C’est une forme de chantage diplomatique, même si personne ne l’appelle ainsi. Les rencontres passées entre Trump et Zelensky ont montré à quel point cette relation peut être volatile. En octobre 2025, après avoir parlé à Poutine, Trump avait refusé de fournir à l’Ukraine des missiles à longue portée. Cette décision avait été un coup dur pour Kyiv, qui comptait sur ces armes pour frapper des cibles en profondeur sur le territoire russe.
Imaginez devoir sourire devant quelqu’un qui tient votre destin entre ses mains. Quelqu’un qui peut décider, d’un coup de fil, de vous abandonner. Quelqu’un qui flirte avec votre ennemi mortel. C’est la position de Zelensky. C’est son calvaire quotidien. Il doit jouer le jeu, faire bonne figure, rester poli et reconnaissant. Parce qu’il n’a pas le choix. Son pays brûle. Son peuple meurt. Et il dépend de la bonne volonté d’un homme imprévisible qui pourrait changer d’avis à tout moment. C’est une position intenable. C’est une humiliation constante. Mais c’est la réalité de la guerre moderne. Les victimes doivent supplier leurs sauveurs. Et parfois, ces sauveurs font l’éloge de leurs bourreaux.
Les réactions internationales : entre espoir et scepticisme
L’Europe en première ligne
Les réactions internationales à la rencontre de Mar-a-Lago ont été mitigées. L’Union européenne et plusieurs pays européens ont exprimé leur soutien aux efforts de paix tout en insistant sur la nécessité de garanties de sécurité solides pour l’Ukraine. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré que l’Europe était « prête à continuer de travailler avec l’Ukraine et nos partenaires américains ». Le président français Emmanuel Macron a annoncé qu’une réunion de la « coalition des volontaires » se tiendrait à Paris début janvier pour finaliser les contributions concrètes aux garanties de sécurité. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a souligné « l’importance de garanties de sécurité robustes » et « l’urgence de mettre fin à cette guerre barbare dès que possible ».
Ces déclarations européennes reflètent une préoccupation croissante quant au rôle de l’Europe dans la sécurité du continent. Avec un président américain imprévisible et une Russie agressive, l’Europe réalise qu’elle doit prendre ses responsabilités. Mais la question demeure: l’Europe a-t-elle la volonté politique et les moyens militaires de garantir effectivement la sécurité de l’Ukraine? Les pays européens sont divisés sur cette question. Certains, comme la Pologne et les États baltes, sont prêts à s’engager fortement. D’autres, comme la Hongrie, maintiennent des liens étroits avec la Russie. Cette division affaiblit la capacité de l’Europe à parler d’une seule voix et à agir de manière décisive. Le Canada a également exprimé son soutien. Le Premier ministre Mark Carney, lors d’une rencontre avec Zelensky à Halifax samedi, a annoncé une aide économique supplémentaire pour aider l’Ukraine à se reconstruire.
Le silence assourdissant de certains
Ce qui est également frappant, c’est le silence de certains acteurs internationaux. La Chine, qui se présente souvent comme un médiateur potentiel, n’a fait aucun commentaire public sur la rencontre. Les pays du Sud global, qui ont souvent adopté une position neutre dans ce conflit, sont restés silencieux. Ce silence n’est pas anodin. Il reflète une réalité géopolitique complexe où de nombreux pays préfèrent ne pas prendre position, soit par calcul stratégique, soit par manque d’intérêt réel pour le sort de l’Ukraine. Cette indifférence internationale est l’un des aspects les plus déprimants de cette guerre. Pendant que l’Ukraine se bat pour sa survie, une grande partie du monde regarde ailleurs, préoccupée par ses propres intérêts.
Les organisations internationales comme l’ONU ont également été largement inefficaces. Le Conseil de sécurité est paralysé par le veto russe. L’Assemblée générale peut adopter des résolutions, mais elles n’ont aucune force contraignante. Le secrétaire général António Guterres a appelé à plusieurs reprises à la paix, mais ses appels sont restés lettre morte. Cette impuissance des institutions internationales soulève des questions fondamentales sur l’ordre mondial actuel. Si le système international ne peut pas empêcher ou arrêter une guerre d’agression flagrante, à quoi sert-il? Si le droit international peut être violé impunément par une grande puissance, quelle est sa valeur? Ces questions dépassent largement le cadre du conflit ukrainien. Elles touchent aux fondements mêmes de l’ordre international établi après la Seconde Guerre mondiale.
Le monde regarde. Le monde commente. Le monde exprime ses préoccupations. Mais au final, que fait vraiment le monde? Pas grand-chose. Oh, il y a des déclarations. Des communiqués. Des réunions. Mais des actions concrètes? Des engagements fermes? Pas vraiment. L’Ukraine se bat seule, ou presque. Quelques alliés fidèles l’aident, c’est vrai. Mais la majorité de la communauté internationale préfère rester en retrait, observer de loin, ne pas trop s’impliquer. C’est plus confortable ainsi. On peut se donner bonne conscience avec quelques mots de soutien sans vraiment prendre de risques. C’est la lâcheté institutionnalisée. C’est l’indifférence déguisée en neutralité. Et pendant ce temps, des gens meurent.
Les enjeux économiques : reconstruire sur des ruines
Le coût astronomique de la guerre
Au-delà des questions territoriales et sécuritaires, la dimension économique de tout accord de paix est cruciale. La reconstruction de l’Ukraine nécessitera des centaines de milliards de dollars. La Banque mondiale estime que les dommages directs causés par la guerre dépassent déjà 400 milliards de dollars, et ce chiffre ne cesse d’augmenter. Les infrastructures ont été massivement détruites: routes, ponts, centrales électriques, hôpitaux, écoles, logements. Des villes entières comme Marioupol ont été réduites en cendres. Le tissu économique du pays a été déchiré. Des millions de personnes ont fui, privant l’Ukraine d’une partie de sa main-d’œuvre. Les entreprises ont fermé ou délocalisé. L’agriculture, pourtant un pilier de l’économie ukrainienne, a été gravement perturbée.
Trump a mentionné que Poutine s’était engagé à aider à reconstruire l’Ukraine, notamment en fournissant de l’énergie bon marché. Cette promesse soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses. Comment peut-on faire confiance à celui qui a détruit pour reconstruire? Comment l’Ukraine pourrait-elle accepter de dépendre économiquement de la Russie après tout ce qui s’est passé? Et surtout, cette promesse n’est-elle pas un moyen pour Moscou de maintenir son influence sur l’Ukraine même après la fin des combats? La reconstruction ne peut pas être un cheval de Troie permettant à la Russie de contrôler l’Ukraine par d’autres moyens. L’Union européenne et les États-Unis devront jouer un rôle majeur dans le financement de la reconstruction, mais les montants nécessaires sont colossaux et les budgets nationaux sont déjà sous pression.
La question des réparations
Une question fondamentale se pose: qui doit payer pour la reconstruction? Selon le droit international, l’agresseur doit payer des réparations à la victime. La Russie devrait donc théoriquement financer la reconstruction de l’Ukraine. Mais comment forcer Moscou à payer? Les avoirs russes gelés en Occident représentent environ 300 milliards de dollars. Certains proposent de les utiliser pour financer la reconstruction. Mais cette option soulève des questions juridiques complexes et pourrait créer un précédent dangereux. D’autres suggèrent d’imposer des sanctions économiques à la Russie jusqu’à ce qu’elle paie. Mais les sanctions n’ont pas réussi à arrêter la guerre, pourquoi réussiraient-elles à forcer le paiement de réparations?
La réalité est probablement que l’Ukraine ne recevra jamais de réparations complètes de la Russie. Ce sera aux alliés occidentaux de l’Ukraine de financer la majeure partie de la reconstruction. C’est injuste, mais c’est la réalité pragmatique. Cette situation crée une autre forme de dépendance pour l’Ukraine. Après avoir dépendu de l’aide militaire occidentale pour survivre à la guerre, elle dépendra de l’aide économique occidentale pour se reconstruire. Cette dépendance prolongée pourrait avoir des implications politiques importantes. Les pays donateurs voudront avoir leur mot à dire sur la manière dont l’argent est dépensé, sur les réformes à entreprendre, sur l’orientation politique du pays. L’Ukraine risque de perdre une partie de sa souveraineté économique au moment même où elle tente de préserver sa souveraineté territoriale.
Reconstruire. Un mot si simple, si plein d’espoir. Mais derrière ce mot se cache une réalité brutale. Comment reconstruire quand tout a été détruit? Comment reconstruire quand on n’a pas d’argent? Comment reconstruire quand celui qui a tout détruit promet de vous aider? C’est absurde. C’est obscène. C’est comme si un pyromane proposait de reconstruire la maison qu’il a incendiée. Et on devrait le remercier? On devrait accepter son aide? Non. Mille fois non. La Russie doit payer. Pas avec des promesses. Pas avec de l’énergie bon marché qui ne serait qu’une nouvelle chaîne. Mais avec de l’argent réel. Des réparations réelles. Une reconnaissance réelle de sa responsabilité. Sinon, ce n’est pas la paix. C’est juste une pause avant la prochaine agression.
L'opinion publique : entre lassitude et détermination
La fatigue de la guerre en Occident
Un facteur souvent négligé dans les analyses géopolitiques est l’opinion publique. En Occident, après près de quatre ans de guerre, une certaine lassitude s’installe. Les images de destruction, les récits de souffrance, les appels à l’aide se succèdent sans que la fin semble en vue. Cette fatigue se traduit par une baisse du soutien à l’aide militaire et financière à l’Ukraine dans certains pays. Aux États-Unis, les sondages montrent que le soutien à l’Ukraine reste majoritaire, mais qu’il s’érode lentement. Une partie de l’opinion publique américaine estime que les États-Unis en font déjà assez et que l’Europe devrait prendre le relais. En Europe, la situation varie selon les pays. Les pays d’Europe de l’Est, qui se sentent directement menacés par la Russie, maintiennent un soutien fort à l’Ukraine. Mais dans certains pays d’Europe occidentale, les voix s’élèvent pour demander une réduction de l’aide ou une pression accrue sur l’Ukraine pour qu’elle accepte un compromis.
Cette évolution de l’opinion publique n’échappe pas aux dirigeants politiques. Trump, en particulier, est très sensible aux sondages et à l’humeur de son électorat. Sa volonté de conclure rapidement un accord de paix, même au prix de concessions ukrainiennes importantes, reflète en partie cette pression de l’opinion publique américaine. Le risque est que cette lassitude occidentale soit exploitée par la Russie. Moscou peut se permettre de jouer la montre, sachant que le temps joue en sa faveur. Plus la guerre dure, plus le soutien occidental s’érode, plus l’Ukraine sera isolée et forcée d’accepter des conditions défavorables. C’est une stratégie cynique mais potentiellement efficace. Poutine parie que l’Occident se lassera avant la Russie. Et il pourrait avoir raison.
La résilience ukrainienne
En contraste frappant avec la lassitude occidentale, le peuple ukrainien fait preuve d’une résilience remarquable. Malgré près de quatre ans de guerre, malgré les bombardements quotidiens, malgré les privations et les souffrances, la détermination ukrainienne ne faiblit pas. Les sondages en Ukraine montrent que la majorité de la population refuse toute concession territoriale majeure à la Russie. Les Ukrainiens sont prêts à continuer le combat plutôt que d’accepter une paix qu’ils considéreraient comme une capitulation. Cette détermination est à la fois admirable et tragique. Admirable parce qu’elle témoigne du courage et de la fierté d’un peuple qui refuse de se soumettre. Tragique parce qu’elle signifie que la guerre pourrait continuer longtemps encore, avec son cortège de morts et de destructions.
Le décalage entre l’opinion publique ukrainienne et les pressions internationales pour un compromis rapide crée une tension politique majeure pour Zelensky. Il doit naviguer entre les exigences de ses alliés occidentaux, qui veulent une solution rapide, et les attentes de son propre peuple, qui refuse les concessions majeures. C’est un exercice d’équilibriste périlleux. S’il cède trop aux pressions occidentales, il risque de perdre le soutien de sa population. S’il reste trop ferme, il risque de perdre le soutien de ses alliés. Cette situation explique en partie pourquoi Zelensky a récemment fait preuve d’une certaine flexibilité, proposant notamment de soumettre tout accord de paix à un référendum. C’est une manière de partager la responsabilité de décisions difficiles avec le peuple ukrainien.
La lassitude. Ce mot me hante. Nous sommes fatigués de cette guerre. Fatigués des images de destruction. Fatigués des appels à l’aide. Fatigués de payer pour soutenir l’Ukraine. Nous voulons que ça s’arrête. Nous voulons passer à autre chose. C’est humain, je suppose. Mais c’est aussi profondément égoïste. Parce que pendant que nous sommes fatigués de regarder la guerre à la télévision, les Ukrainiens sont fatigués de la vivre. Fatigués de courir aux abris. Fatigués d’enterrer leurs morts. Fatigués de reconstruire ce qui est détruit le lendemain. Leur fatigue n’est pas la nôtre. Leur souffrance n’est pas la nôtre. Et pourtant, c’est notre lassitude qui pourrait décider de leur sort. C’est notre impatience qui pourrait les forcer à accepter l’inacceptable. Cette pensée me révolte.
Les scénarios possibles : entre espoir et catastrophe
Le scénario optimiste
Dans le meilleur des cas, les négociations aboutiraient à un accord de paix durable qui préserverait l’essentiel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Cet accord inclurait des garanties de sécurité solides, peut-être sous la forme d’un engagement de l’OTAN ou d’une coalition de pays volontaires à défendre l’Ukraine en cas de nouvelle agression. La reconstruction commencerait rapidement, financée par un mélange d’aide occidentale et de réparations russes. L’Ukraine pourrait alors se concentrer sur sa reconstruction économique et politique, sur son intégration européenne, sur la guérison des traumatismes de la guerre. La Russie, de son côté, pourrait progressivement réintégrer la communauté internationale si elle respecte les termes de l’accord. Ce scénario optimiste n’est pas impossible, mais il nécessiterait une convergence de volontés politiques qui semble actuellement absente.
Pour que ce scénario se réalise, plusieurs conditions devraient être remplies. Premièrement, Poutine devrait accepter de renoncer à ses ambitions maximalistes et se contenter de gains territoriaux limités. Deuxièmement, l’Occident devrait s’engager fermement et durablement à garantir la sécurité de l’Ukraine. Troisièmement, l’Ukraine devrait accepter certains compromis douloureux tout en préservant son indépendance et sa souveraineté. Quatrièmement, la communauté internationale devrait mobiliser les ressources nécessaires pour financer la reconstruction. Chacune de ces conditions est difficile à remplir. Leur réalisation simultanée relève presque du miracle. Mais l’histoire nous a parfois surpris. Des conflits apparemment insolubles ont trouvé des solutions inattendues. Peut-être que cette guerre en fera partie. Peut-être.
Le scénario pessimiste
Dans le pire des cas, les négociations échoueraient et la guerre continuerait indéfiniment. La Russie poursuivrait son avancée lente mais constante, grignotant progressivement le territoire ukrainien. Le soutien occidental s’éroderait avec le temps, laissant l’Ukraine de plus en plus isolée. Les pertes humaines et matérielles continueraient de s’accumuler des deux côtés. L’Ukraine pourrait finalement être forcée d’accepter une capitulation déguisée, cédant de vastes territoires à la Russie et renonçant à ses ambitions européennes et atlantiques. Ce scénario catastrophique n’est malheureusement pas improbable. Il correspond à la logique d’usure que Poutine semble avoir adoptée. Si la Russie peut tenir plus longtemps que l’Occident, elle finira par gagner, même au prix de pertes énormes.
Un autre scénario pessimiste serait une escalade du conflit. Si les négociations échouent et que l’une des parties se sent acculée, elle pourrait être tentée de franchir de nouvelles lignes rouges. L’utilisation d’armes nucléaires tactiques par la Russie, bien qu’improbable, ne peut être totalement exclue. Une intervention directe de l’OTAN, déclenchée par exemple par une attaque russe contre un pays membre, pourrait transformer le conflit régional en guerre mondiale. Ces scénarios d’escalade sont terrifiants, mais ils doivent être pris au sérieux. L’histoire nous enseigne que les guerres ont souvent une logique propre qui échappe au contrôle des acteurs. Ce qui commence comme un conflit limité peut dégénérer en catastrophe globale. La Première Guerre mondiale en est l’exemple le plus tragique.
Le scénario du statu quo
Entre l’optimisme et le pessimisme, il existe un troisième scénario: le statu quo prolongé. Dans ce cas, un cessez-le-feu serait conclu, gelant les lignes de front actuelles, mais sans accord de paix formel. La situation ressemblerait à celle de la Corée, où un armistice a mis fin aux combats en 1953 mais où techniquement la guerre n’est jamais terminée. L’Ukraine resterait divisée, avec une partie sous contrôle russe et une partie indépendante. Cette situation pourrait durer des décennies. Ce scénario du statu quo présente des avantages et des inconvénients. L’avantage principal est qu’il mettrait fin aux combats actifs et permettrait de sauver des vies. L’inconvénient majeur est qu’il ne résoudrait rien fondamentalement. Les tensions resteraient vives. Le risque de reprise des hostilités serait constant. L’Ukraine resterait dans un état de guerre froide permanent avec la Russie.
Ce scénario est peut-être le plus probable à court terme. Ni la Russie ni l’Ukraine ne semblent prêtes aux concessions nécessaires pour un accord de paix complet. Mais les deux parties pourraient accepter un cessez-le-feu qui leur permettrait de souffler, de se réorganiser, de se préparer à la suite. Pour l’Ukraine, ce serait l’occasion de reconstruire, de renforcer ses défenses, de consolider son intégration européenne. Pour la Russie, ce serait l’occasion de digérer ses gains territoriaux, de reconstituer ses forces, de préparer peut-être une nouvelle offensive. Ce statu quo ne satisferait personne pleinement, mais il pourrait être le compromis le moins mauvais dans les circonstances actuelles. C’est une perspective déprimante, mais peut-être réaliste.
Trois scénarios. Trois futurs possibles. Lequel se réalisera? Personne ne le sait. Pas même Trump avec toute sa confiance. Pas même Poutine avec tous ses calculs. Pas même Zelensky avec tout son courage. L’avenir est opaque. Il se dessine dans les salles de négociation, sur les champs de bataille, dans les chancelleries occidentales, dans les rues de Kyiv. Chaque décision compte. Chaque jour compte. Et pendant qu’on spécule sur les scénarios possibles, des gens continuent de mourir. Des familles continuent d’être déchirées. Des vies continuent d’être brisées. C’est ça la réalité de la guerre. Pas les grands discours. Pas les négociations diplomatiques. Mais la souffrance quotidienne de millions de personnes prises au piège d’un conflit qu’elles n’ont pas choisi.
Conclusion : le sourire de Zelensky
Un symbole puissant
Revenons à cette image qui a ouvert notre récit. Trump fait l’éloge de Poutine. Zelensky incline la tête et sourit. Ce moment, capturé par les caméras, restera comme l’un des symboles les plus puissants de cette guerre. Il résume toute l’absurdité, toute la cruauté, toute la complexité de la situation. Ce sourire de Zelensky n’est pas un sourire de joie. C’est un sourire de survie. Un sourire diplomatique. Un sourire qui cache la douleur, la colère, la frustration. C’est le sourire de quelqu’un qui doit jouer un jeu dont il ne contrôle pas les règles. C’est le sourire de quelqu’un qui doit faire bonne figure alors que son pays brûle. C’est le sourire de quelqu’un qui sait que sa survie et celle de son peuple dépendent de sa capacité à naviguer dans les eaux troubles de la diplomatie internationale.
Ce sourire nous interpelle. Il nous force à nous regarder dans le miroir. Que faisons-nous, nous, spectateurs lointains de cette tragédie? Nous regardons. Nous commentons. Nous exprimons notre sympathie. Mais faisons-nous vraiment tout ce que nous pourrions faire? Soutenons-nous l’Ukraine avec la détermination qu’exige la situation? Ou nous contentons-nous de gestes symboliques qui nous permettent de nous sentir bien sans vraiment changer la donne? La rencontre de Mar-a-Lago n’a pas produit de percée spectaculaire. Les négociations continueront. Les combats aussi, probablement. L’avenir reste incertain. Mais une chose est sûre: le sourire de Zelensky restera gravé dans nos mémoires comme le symbole d’une époque où les victimes devaient sourire pendant qu’on négociait leur sort.
Ce sourire me hante. Il me poursuit. Il me questionne. Que ferais-je à la place de Zelensky? Pourrais-je sourire pendant que quelqu’un fait l’éloge de mon bourreau? Pourrais-je rester calme et diplomatique alors que mon pays est en flammes? Je ne sais pas. Personne ne le sait vraiment tant qu’on n’est pas confronté à une telle situation. Mais ce que je sais, c’est que ce sourire est un acte de courage extraordinaire. C’est un acte de résistance silencieuse. C’est un refus de donner à ses adversaires la satisfaction de le voir craquer. Zelensky sourit, mais derrière ce sourire, il y a une volonté de fer. Une détermination inébranlable. Un refus de se soumettre. Ce sourire est un défi. Un défi à Poutine. Un défi à Trump. Un défi au monde entier qui regarde sans vraiment agir. Et ce défi, nous devons l’entendre.
L’urgence d’agir
Le temps presse. Chaque jour qui passe sans solution voit de nouvelles victimes tomber. Chaque semaine qui s’écoule voit de nouvelles destructions s’ajouter au bilan déjà catastrophique. Chaque mois qui passe voit l’espoir s’éroder un peu plus. Trump a dit que dans quelques semaines, on saura si un accord est possible. Quelques semaines. C’est à la fois très court et terriblement long. Court pour résoudre un conflit aussi complexe. Long pour ceux qui vivent sous les bombes. La communauté internationale doit intensifier ses efforts. Les États-Unis doivent maintenir leur soutien à l’Ukraine tout en poussant pour une solution négociée équitable. L’Europe doit assumer ses responsabilités et se préparer à jouer un rôle majeur dans les garanties de sécurité et la reconstruction. La Russie doit comprendre qu’elle ne peut pas gagner cette guerre par la force et qu’un compromis est dans son intérêt à long terme.
Mais au-delà des gouvernements et des diplomates, c’est à nous tous, citoyens du monde, de maintenir la pression. Nous ne devons pas laisser l’Ukraine tomber dans l’oubli. Nous ne devons pas accepter que la lassitude l’emporte sur la justice. Nous ne devons pas permettre que la force prime sur le droit. L’histoire nous jugera sur notre réaction à cette crise. Dirons-nous à nos enfants que nous avons tout fait pour aider l’Ukraine? Ou devrons-nous admettre que nous nous sommes lassés, que nous avons détourné le regard, que nous avons laissé faire? Le sourire de Zelensky est un appel. Un appel à ne pas abandonner. Un appel à rester vigilants. Un appel à continuer le combat pour la justice et la liberté. Entendrons-nous cet appel? L’avenir le dira. Mais une chose est certaine: nous n’avons pas le droit de rester indifférents. Pas maintenant. Pas alors que tant est en jeu.
Je repense à ce sourire. Encore et encore. Il me poursuit dans mes pensées. Il m’empêche de dormir tranquille. Parce que ce sourire, c’est nous. C’est notre époque. C’est notre échec collectif. Nous avons construit un ordre international censé empêcher ce genre de tragédie. Et pourtant, elle se déroule sous nos yeux. Nous avons des institutions, des traités, des lois. Et pourtant, ils sont impuissants face à la brutalité de la force. Nous avons des valeurs, des principes, des idéaux. Et pourtant, nous les sacrifions sur l’autel de la realpolitik. Le sourire de Zelensky est un miroir tendu à notre conscience. Il nous demande: que valent vraiment nos belles paroles? Que valent nos engagements? Que valons-nous, nous qui regardons sans vraiment agir? Je n’ai pas de réponse. Juste une certitude: ce sourire ne doit pas être vain. Cette souffrance ne doit pas être inutile. Cette guerre doit finir. Et elle doit finir de la bonne manière. Pas par une capitulation déguisée. Pas par un abandon des principes. Mais par une paix juste et durable. C’est le moins que nous devions à Zelensky. C’est le moins que nous devions à l’Ukraine. C’est le moins que nous nous devions à nous-mêmes.
Sources
Sources primaires
The Sydney Morning Herald, « As Trump praised Putin, Zelensky tilted his head and smiled », par Andrea Shalal et Gram Slattery, publié le 29 décembre 2025. PBS NewsHour, « Trump reports ‘very productive call’ with Putin before meeting with Zelenskyy in Florida », par Will Weissert, Seung Min Kim et Elise Morton, publié le 28 décembre 2025. CNN Politics, « Takeaways from Trump’s meeting with Zelensky in Florida », par Kevin Liptak, publié le 28 décembre 2025.
Sources secondaires
Kyiv Independent, « Trump, Putin hold phone call following Zelensky’s visit to Florida », publié le 29 décembre 2025. Reuters, « Trump says US and Ukraine ‘a lot closer’ on peace deal », publié le 28 décembre 2025. Al Jazeera, « Russia-Ukraine war live: Trump, Putin hold call after Zelensky meeting », publié le 29 décembre 2025. Le Monde, « Peace between Russia and Ukraine is still elusive after Trump and Zelensky’s meeting », publié le 29 décembre 2025. ABC News, « Trump said he had ‘good and very productive’ call with Putin », publié le 28 décembre 2025.
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