Imaginez un peu, un truc de fou. Une pulsation, profonde et rythmée, comme un cœur qui bat, mais au fin fond de l’Afrique. C’est ce qu’ils ont trouvé, ouais. Sous la fameuse triple jonction de l’Afar, en Éthiopie – ce carrefour où trois plaques tectoniques se font la malle – du magma en fusion martèle la croûte terrestre par en dessous. Franchement, ça donne le vertige.
L'afar, berceau d'un futur océan

Là-bas, sous nos pieds, le continent africain est lentement, mais sûrement, en train de se déchirer. C’est comme assister aux toutes premières loges de la naissance d’un nouvel océan. Un processus lent, certes, mais implacable. Forcément, un tel spectacle géologique, ça intrigue les scientifiques. Une équipe, menée par la géologue Emma Watts de l’Université de Swansea (elle était à l’Université de Southampton pendant ces recherches), a voulu décortiquer ce mécanisme un peu sauvage. Comment ? En allant renifler les signatures chimiques des volcans du coin. Malin, non ?
Ce que le manteau nous raconte

Alors, qu’est-ce que leurs analyses ont bien pu révéler ? Emma Watts l’explique : « Nous avons découvert que le manteau sous l’Afar n’est ni uniforme ni statique – il pulse, et ces pulsations transportent des signatures chimiques distinctes. » En gros, le sous-sol n’est pas un bloc tranquille. Ça bouge, ça palpite. Elle ajoute : « Ces remontées de manteau partiellement fondu sont canalisées par les plaques en rifting au-dessus. C’est important pour comprendre l’interaction entre l’intérieur de la Terre et sa surface. » Ça remet pas mal de choses en perspective, si vous voulez mon avis.
Une planète en perpétuelle transformation

La danse des plaques
Faut pas oublier que la surface de notre planète, c’est un chantier permanent. Les plaques tectoniques, ces énormes morceaux de croûte, elles ne restent jamais en place. Ça dérive, ça se percute, ça plonge même parfois l’une sous l’autre. Et les zones de contact, c’est souvent là que ça chauffe, au sens propre, avec une activité volcanique qui redessine le paysage vu d’en bas.
Le carrefour de l’Afar
La jonction de l’Afar, c’est donc ce point névralgique où les plaques Arabique, Nubienne et Somalienne se rencontrent, ou plutôt, se quittent. Chacune tire de son côté, créant un vide qui s’élargit sous le fameux Triangle de l’Afar. Un jour, la croûte deviendra si fine ici que la surface s’affaissera sous le niveau de la mer. Et voilà, un nouveau bassin océanique verra le jour, prolongeant la mer Rouge. C’est pas pour demain, mais l’idée est là.
Plongée dans les entrailles de la terre (ou presque)

Les chercheurs se doutaient bien que des remontées du manteau jouaient un rôle clé dans cette histoire de rupture continentale. Mais comprendre le mécanisme exact, c’est une autre paire de manches. On ne peut pas, hélas, creuser un tunnel jusqu’au manteau pour y jeter un œil. Donc, l’équipe de Watts et ses collègues ont opté pour la méthode indirecte : analyser la matière crachée à la surface par les volcans, venue tout droit des profondeurs.
Ils ont ainsi collecté pas moins de 130 échantillons de roches volcaniques dans la région de l’Afar et le long du Grand Rift éthiopien. Analyses chimiques poussées, puis moulinage de toutes ces données, combinées à des infos existantes, dans des modèles informatiques avancés. Le résultat ? Des bandes chimiques, comme des rayures, bien distinctes et répétitives à travers tout le système du rift. Ces rayures seraient apportées par un unique panache de matière, de forme asymétrique, sculpté par son environnement et qui monte, qui monte, depuis le manteau.
Un cœur qui façonne la croûte et les sources de cette découverte

Des pulsations révélatrices
Pour Tom Gernon, géologue à l’Université de Southampton, « ce motif de rayures chimiques suggère que le panache pulse, à la manière d’un battement de cœur. » Fascinant, non ? Il précise que « ces pulsations semblent se comporter différemment selon l’épaisseur de la plaque et la vitesse à laquelle elle s’écarte. Dans les rifts à expansion rapide comme la mer Rouge, les pulsations voyagent de manière plus efficace et régulière, comme une impulsion dans une artère étroite. »
Si leur modèle tient la route, cela signifie que les panaches mantelliques et les remontées de matière chaude peuvent être façonnés par la dynamique des plaques tectoniques situées au-dessus. Une sacrée avancée qui pourrait éclairer d’un jour nouveau les recherches futures sur l’activité sismique, le volcanisme et les processus de rupture continentale qui ne cessent de remodeler notre planète.
Derek Keir, géophysicien à l’Université de Southampton et à l’Université de Florence, souligne : « Ce travail montre que les remontées du manteau profond peuvent s’écouler sous la base des plaques tectoniques et aider à concentrer l’activité volcanique là où la plaque est la plus mince. » Les prochaines étapes ? Comprendre comment et à quel rythme ce flux mantellique se produit sous les plaques. Encore du pain sur la planche pour les chercheurs !
Selon la source : thetimes.com