Imaginez un peu… une époque sans routes, sans voitures, et encore moins sans camions. Comment nos lointains ancêtres faisaient-ils pour transporter leurs biens, leurs provisions, ou même leurs proches ? Une découverte absolument fascinante au Nouveau-Mexique vient de nous donner un début de réponse. Des chercheurs ont trouvé des preuves que les premiers habitants de l’Amérique du Nord utilisaient des sortes de ‘véhicules’ en bois il y a plus de 20 000 ans. Oui, vous avez bien lu. C’est une trouvaille qui bouscule pas mal de choses sur ce que l’on croyait savoir.
Des marques étranges dans la boue séchée

Tout a commencé dans le parc national de White Sands, au Nouveau-Mexique. Cet endroit est déjà célèbre pour abriter ce qui est potentiellement le plus ancien site d’empreintes de pas humaines en Amérique du Nord. En plus de ces empreintes, les chercheurs ont repéré quelque chose d’autre : des traces de traînée, comme si on avait tiré quelque chose de lourd sur le sol. Ils ont tout de suite pensé à une sorte de traîneau. Ces marques ont été découvertes juste à côté des empreintes humaines, ce qui suggère que les deux ont été faites en même temps, il y a plus de 20 000 ans. C’est assez incroyable de se dire que de la boue séchée a pu conserver une telle scène pendant si longtemps.
Le 'travois', l'ingénieux véhicule des anciens

Mais qu’est-ce qui a bien pu laisser ces marques ? Pour en avoir le cœur net, les chercheurs ont consulté les peuples autochtones de la région. Leur avis est précieux. Ils ont suggéré qu’il s’agissait probablement d’un ‘travois’. Un travois, c’est une structure toute simple mais très efficace : deux longues perches de bois attachées ensemble, formant un cadre. Les peuples des Grandes Plaines utilisaient des travois, tirés par des chiens puis par des chevaux, pour déménager leurs maisons, leurs meubles, bref, toute leur vie. L’étude raconte même que les enfants et les femmes plus âgées pouvaient monter dessus pour se reposer. C’était le fourgon de l’époque, en quelque sorte.
Faire ses courses à l'âge de glace

Pour nous aider à visualiser la scène, le directeur de l’étude, Matthew Bennett, a une comparaison amusante. Il dit : ‘Beaucoup de gens connaissent l’expérience de pousser un caddie de supermarché, en se déplaçant d’un rayon à l’autre avec les enfants qui s’y accrochent’. Il ajoute : ‘Cela semble être l’équivalent ancien, mais sans les roues’. C’est une image qui parle, n’est-ce pas ? En analysant les empreintes à côté des traces de travois, les chercheurs pensent que des adultes tiraient la charge, tandis que des enfants suivaient juste derrière. On imagine presque une petite famille en plein déménagement ou en route vers un nouveau campement.
Une première : la preuve du transport lourd

Ce qui rend cette découverte si spéciale, c’est que le bois, bien sûr, ça pourrit. On se doutait bien que nos ancêtres devaient avoir des moyens de transporter leurs affaires lors de leurs grandes migrations, mais on n’en avait jamais eu la preuve matérielle. Les objets en bois ont tout simplement disparu avec le temps. Ces traces de traînée sont donc la toute première indication concrète de la manière dont les peuples préhistoriques déplaçaient de lourdes charges bien avant l’invention de la roue. C’est une pièce manquante du puzzle de notre histoire qui vient d’être retrouvée.
L'enquête des chercheurs pour confirmer leurs doutes

Les scientifiques ne se sont pas contentés de supposer. Ils ont mené une véritable enquête. Les traces s’étendent sur près de 50 mètres. Certaines sont des lignes simples, ce qui correspondrait à un travois en forme de ‘A’ (deux perches liées à une extrémité). D’autres sont des lignes doubles et parallèles, suggérant un travois en forme de ‘X’ (deux perches croisées au milieu). Pour vérifier leur théorie, l’équipe a fait quelque chose de génial : ils ont construit leurs propres travois avec des perches en bois et les ont traînés sur des vasières au Royaume-Uni. Le résultat ? ‘Nos empreintes et les lignes dans la boue avaient la même apparence que les exemples fossilisés que nous avons trouvés au Nouveau-Mexique’, a expliqué M. Bennett. La preuve par l’exemple !
L'âge exact fait débat, mais l'essentiel est ailleurs

Il faut savoir qu’il y a un petit débat dans le monde scientifique sur l’âge exact du site. L’équipe de M. Bennett a daté les empreintes entre 21 000 et 23 000 ans, ce qui repousse l’arrivée des humains en Amérique bien plus loin qu’on ne le pensait (la théorie précédente parlait de 13 000 à 16 000 ans). Mais, comme le disent les auteurs de l’étude, cette discussion sur la date ne doit pas nous faire oublier l’importance de ce qui a été trouvé. Qu’importe l’âge exact, ces traces nous montrent des pratiques et une ingéniosité bien réelles des peuples autochtones d’autrefois.
Conclusion : chaque découverte, une page de notre histoire

Au final, cette histoire de travois est bien plus qu’une simple anecdote archéologique. Comme le dit Sally Reynolds, co-auteure de l’étude, ‘chaque découverte que nous faisons à White Sands ajoute à notre compréhension de la vie des premières personnes à s’installer dans les Amériques’. Mieux comprendre comment ces premiers migrants se déplaçaient, comment ils vivaient au quotidien, c’est essentiel pour pouvoir raconter leur histoire, et donc une partie de la nôtre. C’est une fenêtre ouverte sur un monde disparu, qui nous rappelle l’incroyable capacité d’adaptation de l’être humain.
Selon source : archaeologymag.com