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Le Liban vient de franchir un pas que beaucoup redoutaient et que d’autres espéraient : l’amorce du désarmement des camps palestiniens. C’est une secousse profonde, une fracture en devenir, un acte qui résonne bien au-delà des ruelles étroites de Chatila, de Ain el-Hilweh ou de Bourj el-Barajneh. Ces camps, saturés d’histoires de guerre, de générations enfermées entre mémoires et murs de misère, détiennent quelque chose de plus explosif : des armes. Depuis des décennies, elles circulent, elles tuent parfois, elles maintiennent une tension permanente, une étincelle prête à mettre le feu à Beyrouth et à toutes ses frontières poreuses. Le Liban, déjà fragilisé par l’effritement économique, la corruption étouffante et les guerres importées de ses voisins, ose maintenant ce geste insensé ou visionnaire.

Le désarmement, présenté comme un pas vers la stabilité, ressuscite aussitôt les fantômes de la guerre civile et les blessures jamais refermées entre communautés. Pour certains, c’est une promesse de réconciliation, l’espoir d’un État qui reprend sa souveraineté, le rêve d’une fin au chaos armé. Pour d’autres, c’est un piège, une déclaration de guerre déguisée, une provocation contre les factions palestiniennes qui voient dans leurs fusils une barrière contre l’oubli et la trahison. Là se joue la véritable bataille : non pas seulement contre le bruit sec des Kalachnikovs, mais dans la confrontation des récits, des mémoires, des identités. La ligne de fracture est si fragile qu’un souffle, une impulsion, pourrait tout faire exploser.

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