Le scandale éclate au sein même du Parti républicain. Rand Paul, sénateur du Kentucky, vient de porter un coup terrible à JD Vance après que le vice-président ait défendu de manière brutale la frappe américaine contre un bateau vénézuélien qui a fait 11 morts le 2 septembre 2025. Cette attaque navale, autorisée par Trump contre de prétendus trafiquants du gang Tren de Aragua, divise aujourd’hui profondément les républicains eux-mêmes.
Quand Vance a déclaré publiquement qu’il « ne donne pas une merde » si cette action constitue un crime de guerre, il a franchi une ligne rouge. Paul n’a pas tardé à réagir avec une violence verbale rare, qualifiant ces propos de « méprisables » et « irréfléchis ». Cette fracture au sommet de l’État américain révèle les tensions profondes autour de l’usage de la force militaire sans procès.
La déclaration qui fait scandale

Les mots chocs de Vance qui embrasent Washington
Tout commence par un tweet provocateur de JD Vance, samedi dernier. Le vice-président écrit sans détour : « Tuer des membres de cartel qui empoisonnent nos concitoyens est l’usage le plus élevé et le meilleur de notre armée ». Ces mots, publiés en réaction à la frappe du 2 septembre, résonnent comme un manifeste brutal de la nouvelle doctrine Trump.
Mais c’est la suite qui va tout faire exploser. Quand Brian Krassenstein, commentateur critique de l’administration, suggère que cette action pourrait constituer un crime de guerre, Vance répond avec une vulgarité assumée : « Je ne donne pas une merde de ce que vous appelez ça ». Cette réponse, d’une brutalité saisissante, va déclencher une tempête politique majeure.
Une frappe controversée qui divise l’Amérique
L’incident du 2 septembre 2025 reste gravé dans les mémoires. Les forces navales américaines ont coulé un hors-bord dans les eaux internationales des Caraïbes, tuant 11 personnes que l’administration Trump présente comme des membres du gang vénézuélien Tren de Aragua. Cette organisation criminelle, reconnue comme « organisation terroriste étrangère » par Washington, est accusée de trafic de drogue vers les États-Unis.
Mais les zones d’ombre persistent. Aucune preuve concrète de l’identité des victimes n’a été fournie. Les experts juridiques s’interrogent sur la légalité de cette action menée sans mandat international, sans procès, sans même une arrestation tentée. L’administration refuse de divulguer les conseils juridiques qui ont précédé cette frappe meurtrière.
Trump revendique et menace d’en faire plus
Donald Trump n’a montré aucune hésitation. Sur Truth Social, il a revendiqué l’autorisation de cette « action cinétique » contre ce qu’il appelle des « narcoterroristes » confirmés de Tren de Aragua. Le président a même ajouté une menace à peine voilée : « Il y en a plus d’où ça vient », suggérant que d’autres frappes similaires pourraient suivre.
Cette escalade militaire s’inscrit dans une stratégie plus large. Trump a déployé des navires de guerre supplémentaires dans la région, ordonné le déploiement de dix chasseurs F-35 à Porto Rico, et autorisé ses forces à abattre les avions vénézuéliens qui s’approcheraient dangereusement des bâtiments américains. Une véritable démonstration de force qui rappelle la diplomatie de la canonnière.
L'explosion de Rand Paul

« Avez-vous lu ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ? »
La réaction de Rand Paul a la force d’un tsunami politique. Le sénateur du Kentucky, connu pour ses positions libertariennes, n’y va pas par quatre chemins. Sur X, il écrit : « JD ‘Je ne donne pas une merde’ Vance dit que tuer des gens qu’il accuse d’un crime est ‘l’usage le plus élevé et le meilleur de l’armée’ ». Cette attaque directe vise le cœur de la philosophie de Vance.
Puis vient le coup de grâce littéraire. Paul pose une question qui résonne comme un uppercut intellectuel : « A-t-il jamais lu Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ? A-t-il jamais réfléchi à ce qui pourrait arriver si les accusés étaient immédiatement exécutés sans procès ni représentation ? » Cette référence au chef-d’œuvre de Harper Lee n’est pas anodine. Elle rappelle les dangers de la justice expéditive et du lynchage légal.
« Méprisable et irréfléchi » : les mots qui tuent
Rand Paul ne s’arrête pas là. Il qualifie les propos de Vance de « sentiment méprisable et irréfléchi ». Pour un sénateur républicain, critiquer aussi durement son propre vice-président relève de l’événement politique majeur. Paul dénonce explicitement la « glorification du fait de tuer quelqu’un sans procès », touchant au cœur des principes constitutionnels américains.
Cette sortie de Paul révèle une fracture profonde au sein du GOP. D’un côté, les partisans de la ligne dure trumpiste qui applaudissent à cette démonstration de force. De l’autre, les républicains traditionnels qui s’inquiètent de cette dérive autoritaire. Paul incarne cette seconde tendance, rappelant que même dans la lutte contre le crime, l’État de droit doit prévaloir.
Une référence culturelle qui fait mouche
La référence à « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » n’est pas un hasard. Ce roman de Harper Lee traite précisément des dangers du préjugé racial et de la justice expéditive dans le Sud américain des années 1930. En citant cette œuvre, Paul suggère implicitement que Vance et l’administration Trump reproduisent les erreurs du passé.
Cette attaque culturelle est d’autant plus cinglante que Vance, diplômé de la prestigieuse Yale Law School, ne peut ignorer les implications juridiques et morales de ses propos. Paul lui renvoie ainsi sa propre formation intellectuelle à la figure, soulignant la contradiction entre son éducation et ses déclarations actuelles.
Les réactions en cascade

Bernie Moreno défend mordicus la frappe
Tous les républicains ne suivent pas Rand Paul. Bernie Moreno, sénateur de l’Ohio, a pris la défense de l’action militaire avec des mots tout aussi brutaux que ceux de Vance. « Couler ce bateau a sauvé des vies. Trafiquants de drogue et narcoterroristes, vous recevrez finalement le même traitement », a-t-il écrit sur les réseaux sociaux, assumant pleinement cette politique de l’élimination.
Cette division au sein du parti républicain illustre la tension croissante entre les différentes sensibilités conservatrices. D’un côté, les partisans d’une approche militaire agressive, de l’autre, ceux qui privilégient le respect des procédures légales. Cette fracture pourrait avoir des conséquences majeures sur l’unité du parti.
Lindsey Graham applaudit le « nouveau shérif »
Le sénateur Lindsey Graham, fidèle allié de Trump, a salué la frappe comme un « signal clair et très apprécié que nous avons un nouveau shérif en ville ». Cette métaphore du Far West n’est pas innocente : elle suggère un retour à une justice expéditive, où le plus fort fait la loi sans se soucier des subtilités juridiques.
Graham incarne cette frange républicaine qui considère que les méthodes traditionnelles de lutte contre le crime organisé ont échoué. Pour eux, la frappe du 2 septembre marque le début d’une nouvelle ère, plus directe, plus brutale, mais aussi plus efficace selon leurs critères.
Les experts juridiques sonnent l’alarme
Du côté des spécialistes du droit international, l’inquiétude est palpable. Plusieurs anciens responsables de la sécurité nationale et experts juridiques ont soulevé des préoccupations majeures concernant l’autorité du président Trump à mener de telles frappes en eaux internationales. La question du respect de la procédure légale reste entière.
L’amiral James Stavridis, ancien commandant de l’OTAN, a qualifié cette action de « diplomatie de la canonnière » destinée à démontrer la vulnérabilité des installations pétrolières vénézuéliennes. Selon lui, l’interdiction de la drogue n’était probablement pas la seule raison de cette démonstration de force militaire américaine.
Une escalade militaire inquiétante

Déploiement massif dans les Caraïbes
La frappe du 2 septembre n’est que la partie visible de l’iceberg. Trump a ordonné un déploiement naval massif dans les Caraïbes, avec plusieurs navires de guerre patrouillant désormais dans la région. Cette présence militaire accrue vise officiellement à lutter contre le trafic de drogue, mais les observateurs y voient aussi une pression directe sur le régime de Nicolás Maduro.
Le 4 septembre, deux chasseurs F-16 vénézuéliens ont effectué un survol de l’USS Jason Dunham, provoquant une escalade immédiate. Trump a aussitôt autorisé ses forces à abattre les avions vénézuéliens qui présenteraient un danger pour les navires américains. Une autorisation qui rapproche dangereusement les deux pays d’un conflit armé ouvert.
Dix F-35 déployés à Porto Rico
L’escalade se poursuit avec le déploiement de dix chasseurs F-35 à Porto Rico, chargés de mener des patrouilles aériennes de combat dans la région et de soutenir la flotte des Caraïbes du Sud. Cette démonstration de force aérienne marque une nouvelle étape dans la montée des tensions.
Ces F-35, parmi les avions de combat les plus sophistiqués au monde, ne sont pas déployés pour de simples missions de surveillance. Leur présence suggère que Washington se prépare à des opérations d’envergure contre les réseaux de trafiquants, mais aussi potentiellement contre les installations gouvernementales vénézuéliennes.
Le Venezuela crie au « changement de régime »
Du côté vénézuélien, la riposte verbale est immédiate et cinglante. Nicolás Maduro accuse les États-Unis de menacer un « changement de régime » à travers cette frappe et ce déploiement de forces navales. Le président vénézuélien nie tout lien criminel avec les trafiquants de drogue et dénonce ce qu’il considère comme une agression caractérisée.
Diosdado Cabello, ministre de l’Intérieur, de la Justice et de la Paix du Venezuela, va plus loin en qualifiant les tueries d’« assassinats extrajudiciaires ». Cette accusation, reprise par plusieurs organisations internationales, place les États-Unis dans une position diplomatique délicate face au droit international.
Les enjeux constitutionnels

Qui autorise la guerre aux États-Unis ?
La Constitution américaine est formelle : seul le Congrès a le pouvoir de déclarer la guerre. Mais l’Article II, qui détaille les pouvoirs présidentiels, stipule que le président « sera commandant en chef de l’armée », ce qui conduit certains experts constitutionnels à arguer que cela lui donne l’autorité d’approuver des frappes contre des cibles militaires.
Cependant, cette interprétation reste hautement contestable lorsqu’elle s’applique à l’usage de la force contre des entités non-étatiques comme les cartels de drogue. Les sources de l’administration Trump ont déjà invoqué cette disposition pour défendre des actions militaires contre l’Iran, mais son application au cas vénézuélien soulève des questions juridiques inédites.
Le Pentagone refuse de divulguer ses conseils juridiques
Point troublant : le Pentagone refuse catégoriquement de divulguer les conseils juridiques qu’il a reçus avant d’autoriser cette frappe. Cette opacité alimente les suspicions sur la légalité réelle de l’opération. Pete Hegseth, secrétaire à la Défense, se contente de déclarations générales sans jamais aborder la question du fondement légal.
Cette rétention d’information n’est pas anodine. Elle suggère que les juristes militaires ont peut-être émis des réserves sur cette action, réserves que l’administration préfère garder secrètes. Dans un État de droit, une telle opacité constitue un signal d’alarme majeur.
Précédent dangereux pour l’avenir
Au-delà du cas vénézuélien, cette affaire crée un précédent terrifiant. Si un président peut autoriser l’élimination extrajudiciaire d’individus accusés de crimes, sans procès, sans mandat international, où s’arrête cette logique ? Demain, d’autres cartels, d’autres pays, d’autres « ennemis » pourraient subir le même sort.
Rand Paul l’a bien compris en évoquant « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur ». Cette dérive judiciaire rappelle les heures les plus sombres de l’histoire américaine, quand la justice populaire remplaçait les tribunaux. La question est de savoir si les institutions américaines sauront résister à cette tentation autoritaire.
Réactions internationales contrastées

La Colombie et l’Iran condamnent
Sur la scène internationale, les réactions sont tranchées. Gustavo Petro, président colombien, a fermement condamné l’attaque comme illégale selon le droit international. Cette position de la Colombie, pourtant alliée traditionnelle des États-Unis dans la lutte antidrogue, révèle l’ampleur de l’embarras diplomatique causé par cette frappe.
L’Iran, par la voix de son ambassadeur à l’ONU à Genève, a également dénoncé cette action. Plus surprenant, la Russie s’est jointe au concert de protestations : Maria Zakharova, porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, a qualifié la frappe d’« absolument inacceptable ». Ces condamnations placent Washington dans l’isolement sur cette question.
Trinidad-et-Tobago applaudit
À l’inverse, Kamla Persad-Bissessar, Première ministre de Trinidad-et-Tobago, a salué l’attaque américaine et encouragé davantage d’opérations contre les trafiquants de drogue. « La douleur et la souffrance que les cartels ont infligées à notre nation sont immenses. Je n’ai aucune sympathie pour les trafiquants ; l’armée américaine devrait tous les tuer violemment », a-t-elle déclaré.
Cette position extrême de Trinidad-et-Tobago, pays directement affecté par le trafic de drogue caribéen, illustre la polarisation que suscite l’action américaine. Pour certains dirigeants régionaux, la fin justifie tous les moyens, même les plus brutaux.
Un isolement diplomatique croissant
Globalement, cette affaire isole diplomatiquement les États-Unis. Même les alliés traditionnels de Washington dans la région expriment des réserves sur les méthodes employées. Cette situation rappelle l’époque des interventions unilatérales américaines en Amérique latine, pratiques que Washington avait officiellement abandonnées.
L’administration Trump semble cependant peu préoccupée par ces critiques internationales. Pete Hegseth a même annoncé que les opérations militaires contre les cartels de drogue au Venezuela se poursuivraient, suggérant que Washington assume pleinement cette diplomatie de la force, quoi qu’en pensent ses partenaires internationaux.
Conclusion

Ce qui devait être une simple opération antidrogue se transforme en crise constitutionnelle majeure pour les États-Unis. L’affrontement entre Rand Paul et JD Vance cristallise un débat fondamental sur les limites du pouvoir exécutif et le respect de l’État de droit. Quand un vice-président déclare publiquement qu’il « ne donne pas une merde » des accusations de crimes de guerre, c’est toute la tradition juridique américaine qui vacille.
Les 11 morts du 2 septembre 2025 ne sont plus seulement des victimes d’une frappe militaire. Ils deviennent les symboles d’une dérive autoritaire qui inquiète jusqu’au sein du Parti républicain. Rand Paul, en évoquant « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur », rappelle que l’Amérique a déjà connu ces dérives et qu’elle en a payé le prix fort. La question est de savoir si cette leçon historique sera entendue ou si nous assistons au début d’une nouvelle ère de justice expéditive assumée par Washington.