L’Amérique vient de franchir une ligne rouge inimaginable. En une seule journée du 8 septembre 2025, la Cour Suprême américaine a validé deux décisions qui redéfinissent l’équilibre des pouvoirs et les droits civiques dans ce pays. D’un côté, elle autorise désormais le profilage racial explicite à Los Angeles pour les arrestations d’immigration. De l’autre, elle permet au président Trump de licencier à volonté les membres de la Commission Fédérale du Commerce. Cette double victoire conservatrice n’est pas un hasard — elle révèle une stratégie d’ensemble pour transformer l’Amérique en profondeur.
Les trois juges progressistes ont exprimé leur dissidence cinglante, mais leur voix se perd dans le tumulte d’une majorité conservatrice déterminée à redessiner les contours de la démocratie américaine. Ce qui se joue aujourd’hui à Los Angeles et Washington dépasse largement ces deux villes. C’est l’âme même de l’Amérique qui bascule vers un autoritarisme assumé, où la couleur de peau devient un critère d’arrestation légal et où l’indépendance des agences fédérales s’évapore.
Le profilage racial devient légal à Los Angeles

Une victoire éclair pour l’administration Trump
Par un vote de 6 contre 3, la Cour Suprême a suspendu l’injonction du juge fédéral Maame Ewusi-Mensah Frimpong qui interdisait aux agents de l’ICE de procéder à des arrestations basées uniquement sur l’apparence ethnique, l’usage de l’espagnol ou le type d’emploi occupé. Cette décision, rendue sans explication détaillée de la majorité conservatrice, ouvre immédiatement la voie à ce que les critiques qualifient de « rafles indiscriminées » dans la région de Los Angeles, qui compte environ 20 millions d’habitants.
Les agents fédéraux peuvent désormais légalement arrêter et interroger toute personne qu’ils soupçonnent d’être en situation irrégulière, en se basant sur des critères aussi flous que travailler dans un lave-auto, parler avec un accent ou simplement avoir la peau brune. Cette autorisation s’étend sur tout le district central de Californie, transformant cette zone en laboratoire grandeur nature des politiques d’immigration les plus agressives jamais mises en œuvre sur le sol américain.
Brett Kavanaugh justifie l’injustifiable
Dans une opinion concordante qui glace le sang, le juge Brett Kavanaugh — nommé par Trump lui-même — a tenté de légitimer cette décision en parlant de critères de « bon sens ». Selon lui, l’ethnicité d’une personne peut constituer un « facteur pertinent » pour initier un contrôle d’immigration. Kavanaugh reconnaît cyniquement que des citoyens américains et des résidents légaux seront arrêtés par erreur, mais les rassure en affirmant qu’ils seront « libres de partir après cette brève rencontre ».
Cette rhétorique euphémisante ne masque pas la réalité brutale : des milliers d’Américains d’origine hispanique vont subir des contrôles humiliants uniquement à cause de leur apparence. Le message est clair — dans l’Amérique de Trump, certains citoyens sont plus égaux que d’autres. L’ironie amère de cette situation est que Kavanaugh lui-même, homme blanc privilégié, ne risquera jamais de vivre cette « brève rencontre » avec des agents armés qui l’interpelleraient pour vérifier sa citoyenneté.
Les trois voix de la dissidence
Les juges Sonia Sotomayor, Elena Kagan et Ketanji Brown Jackson ont exprimé leur révolte dans une dissidence cinglante. Sotomayor, elle-même d’origine porto-ricaine, a qualifié cette décision d' »inconcevablement irréconciliable avec les garanties constitutionnelles de notre nation ». Ses mots résonnent comme un cri d’alarme : « Nous ne devrions pas avoir à vivre dans un pays où le gouvernement peut arrêter quiconque a l’air latino, parle espagnol et semble occuper un emploi mal payé. »
Cette dissidence révèle la fracture profonde qui traverse désormais la plus haute instance judiciaire américaine. D’un côté, une majorité conservatrice prête à sacrifier les droits civiques sur l’autel de l’immigration restrictive. De l’autre, une minorité progressiste qui tente désespérément de préserver les valeurs fondamentales de la Constitution américaine. Le combat est inégal, et les conséquences se feront sentir pendant des générations.
Trump peut licencier les commissaires fédéraux

Rebecca Slaughter, victime collatérale du pouvoir présidentiel
Parallèlement à cette autorisation du profilage racial, le juge en chef John Roberts a accordé à Trump le droit temporaire de maintenir le licenciement de Rebecca Kelly Slaughter, commissaire démocrate de la FTC depuis 2018. Cette décision administrative, prise sans justification publique, permet à Trump de continuer à restructurer les agences indépendantes selon ses désirs politiques, en attendant que la Cour examine le fond de l’affaire.
Slaughter avait été licenciée en mars dernier par un simple email de la Maison Blanche, aux côtés d’Alvaro Bedoya, l’autre commissaire démocrate. Cette méthode expéditive contraste violemment avec la loi de 1914 qui créa la FTC, stipulant que les commissaires ne peuvent être révoqués que pour « inefficacité, négligence ou inconduite dans l’exercice de leurs fonctions ». Trump, visiblement, considère que l’appartenance démocrate constitue en soi une inconduite suffisante.
L’effondrement de l’indépendance des agences
Cette bataille juridique s’inscrit dans une remise en question plus large du précédent Humphrey’s Executor v. United States de 1935, qui établissait des limites claires au pouvoir présidentiel de limoger les dirigeants d’agences indépendantes. L’administration Trump argue que les pouvoirs modernes de la FTC justifient une révocabilité totale de ses membres, transformant de facto cette agence de régulation en simple bras armé de l’exécutif.
Les implications dépassent largement la FTC. Trump a déjà licencié des membres du Conseil National des Relations du Travail, du Conseil de Protection du Système de Mérite et de la Commission de Sécurité des Produits de Consommation. Cette purge systématique vise à éliminer tout contrepoids institutionnel à ses politiques, créant un exécutif tout-puissant où l’indépendance réglementaire devient un vain mot.
Un précédent dangereux pour la démocratie
L’autorisation temporaire accordée par Roberts n’est qu’un avant-goût de ce qui pourrait devenir une révolution constitutionnelle majeure. Si la Cour Suprême valide définitivement le droit de Trump à limoger les commissaires indépendants sans justification, elle créera un précédent qui transformera fondamentalement l’équilibre des pouvoirs américains. Les agences de régulation, conçues pour protéger les consommateurs et maintenir la concurrence loyale, risquent de devenir de simples outils politiques.
Cette concentration du pouvoir exécutif rappelle les dérives autoritaires observées dans d’autres démocraties en crise. Quand un président peut simultanément autoriser le profilage racial et liquider l’indépendance des institutions de régulation, les garde-fous démocratiques s’effritent dangereusement. L’Amérique glisse vers un modèle où seule compte la volonté présidentielle, peu importe les traditions constitutionnelles ou les droits des minorités.
Les raids à Los Angeles : une militarisation de l'immigration

Des patrouilles masquées dans les rues américaines
Les récentes opérations menées par l’ICE à Los Angeles ressemblent davantage à des interventions militaires qu’à des contrôles d’immigration classiques. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des agents masqués et lourdement armés procédant à des rafles massives dans les quartiers hispaniques, arrêtant indistinctement ouvriers agricoles, employés de lave-autos, jardiniers et aide-soignants. Ces images d’un autre temps rappellent les heures les plus sombres de l’histoire américaine.
L’ampleur de ces opérations dépasse tout ce qui avait été observé auparavant. Les plaignants dans l’affaire jugée par la Cour Suprême décrivent des « opérations d’immigration indiscriminées » qui ont conduit à l’arrestation de milliers de personnes. Ces raids ne visent plus spécifiquement des criminels violents, comme le prétend l’administration Trump, mais ratissent large parmi les communautés laborieuses qui font tourner l’économie californienne.
La peur comme arme de dissuasion
L’objectif réel de ces opérations spectaculaires dépasse la simple application de la loi sur l’immigration. Il s’agit de créer un climat de terreur dans les communautés hispaniques, légales ou non, pour décourager l’installation de nouveaux migrants et pousser les présents à l’auto-déportation. Cette stratégie de la terre brûlée transforme des quartiers entiers en zones de non-droit où la citoyenneté américaine ne protège plus de l’arrestation arbitraire.
Les conséquences économiques de cette politique commencent déjà à se faire sentir. De nombreux travailleurs hispaniques, y compris des citoyens américains, évitent désormais certains quartiers ou certains emplois de peur d’être arrêtés. Cette auto-censure paralyse des secteurs entiers de l’économie californienne, de l’agriculture au BTP, créant des pénuries de main-d’œuvre artificielles dans une région déjà en tension économique.
L’érosion du quatrième amendement
La validation par la Cour Suprême de ces pratiques constitue une attaque frontale contre le quatrième amendement de la Constitution, qui protège contre les perquisitions et saisies déraisonnables. En autorisant les agents à arrêter des personnes uniquement sur la base de leur apparence ou de leur langue, la Cour vide de sa substance cette protection constitutionnelle fondamentale.
Cette érosion des droits ne se limitera pas aux questions d’immigration. Une fois le précédent établi que l’apparence ethnique peut justifier un contrôle policier, cette logique s’étendra inévitablement à d’autres domaines. Les Afro-Américains, déjà victimes de profilage racial systémique, verront leurs droits encore plus fragilisés. L’Amérique post-raciale promettre par Obama n’aura été qu’un mirage de courte durée.
La FTC, nouvelle victime de la purge trumpiste

Une institution centenaire sous attaque
La Federal Trade Commission, créée en 1914 pour réguler la concurrence et protéger les consommateurs, traverse aujourd’hui la plus grave crise de son existence. En licenciant arbitrairement deux commissaires démocrates, Trump ne se contente pas de changer la composition politique de l’agence — il remet en question son indépendance fondamentale. Cette institution, qui avait survécu à deux guerres mondiales et à la Grande Dépression, risque de ne pas survivre au trumpisme.
La stratégie de Trump est d’une simplicité redoutable : vider les agences indépendantes de leur substance en y plaçant uniquement des fidèles. Avec le départ forcé de Slaughter et Bedoya, la FTC se retrouve avec une majorité républicaine artificielle qui peut désormais démanteler des décennies de régulations protectrices. Cette mainmise politique transforme l’agence en simple chambre d’enregistrement des volontés présidentielles.
Les enjeux cachés de cette bataille juridique
Derrière le cas Slaughter se cache un enjeu bien plus vaste : celui du capitalisme de connivence que Trump souhaite instaurer. Une FTC docile ne poursuivra plus les monopoles technologiques, n’enquêtera plus sur les pratiques anti-concurrentielles et fermera les yeux sur les abus des grandes corporations. Cette déréglementation sauvage profitera avant tout aux donateurs et alliés du président, créant un système économique à deux vitesses.
L’ironie de cette situation est que Slaughter avait été initialement nommée par Trump lui-même en 2018, avant d’être reconduite par Biden. Son crime ? Avoir pris au sérieux son mandat de protection des consommateurs face aux géants technologiques. Cette indépendance d’esprit, pourtant essentielle au fonctionnement démocratique, est désormais perçue comme une trahison politique justifiant un licenciement immédiat.
Le précédent Humphrey’s Executor en péril
L’affaire Slaughter pourrait bien sonner le glas du précédent Humphrey’s Executor de 1935, pilier de l’indépendance des agences fédérales depuis près d’un siècle. Si la Cour Suprême valide la théorie trumpiste du pouvoir exécutif unitaire, elle créera un précédent constitutionnel majeur qui renforcera dramatiquement les pouvoirs présidentiels au détriment des contre-pouvoirs institutionnels.
Cette révolution juridique s’inscrit dans la vision fédéraliste promue par les juges conservateurs, qui rêvent d’un exécutif tout-puissant débarrassé des entraves bureaucratiques. Mais cette vision ignore délibérément que ces « entraves » constituent en réalité les garde-fous démocratiques essentiels pour empêcher les dérives autoritaires. En détruisant l’indépendance des agences, Trump et ses alliés judiciaires préparent le terrain pour un pouvoir présidentiel sans limites.
Les réactions politiques : entre indignation et calcul

L’ACLU crie au scandale constitutionnel
L’Union Américaine pour les Libertés Civiles (ACLU) a immédiatement dénoncé la décision de la Cour Suprême comme « un renoncement aux valeurs fondamentales américaines ». Dans un communiqué incendiaire, l’organisation souligne que cette autorisation du profilage racial constitue une régression historique vers les pires heures de la ségrégation légalisée. L’ACLU annonce déjà une mobilisation juridique massive pour contester cette décision et protéger les communautés hispaniques visées.
Cette mobilisation de l’ACLU révèle l’ampleur de la crise constitutionnelle en cours. Quand la principale organisation de défense des droits civiques compare ouvertement les politiques gouvernementales actuelles aux lois Jim Crow, le signal d’alarme est maximal. L’ACLU, habituellement mesurée dans ses déclarations, n’hésite plus à parler de dérive autoritaire caractérisée.
Les élus latinos mobilisés
L’Association Nationale des Élus et Nommés Latinos a qualifié ces décisions de « recul troublant pour les droits civiques et les protections constitutionnelles ». Cette réaction bipartisane souligne que même les élus républicains d’origine hispanique commencent à s’inquiéter des excès de l’administration Trump. La cohésion de la communauté politique latino face à cette menace existentielle pourrait redistribuer les cartes électorales dans plusieurs États clés.
Cette mobilisation dépasse le simple calcul politique. Elle révèle une prise de conscience collective que les acquis des droits civiques, péniblement obtenus au cours des décennies précédentes, peuvent s’évaporer du jour au lendemain. La génération politique latino actuelle, qui avait grandi en pensant que certaines batailles étaient définitivement gagnées, découvre avec amertume la fragilité des progrès démocratiques.
Le silence assourdissant des modérés républicains
Face à ces décisions controversées, le silence de l’establishment républicain modéré en dit long sur l’état du parti. Les sénateurs et gouverneurs républicains qui, par le passé, n’hésitaient pas à critiquer les excès trumpistes, restent aujourd’hui muets. Cette omerta révèle soit une lâcheté politique caractérisée, soit une adhésion tacite à ces méthodes extrêmes.
Ce silence complice transforme de facto le Parti Républicain en parti unique de l’autoritarian populisme. Les derniers îlots de résistance interne s’effritent face à la popularité persistante de Trump dans la base électorale conservatrice. Cette uniformisation idéologique du GOP annonce des années de radicalisation politique continue, où les positions modérées deviennent politiquement suicidaires.
L'onde de choc internationale

L’Europe observe avec inquiétude
Les chancelleries européennes suivent avec une inquiétude croissante cette dérive autoritaire américaine. Les décisions simultanées sur le profilage racial et l’indépendance des agences fédérales rappellent dangereusement les premières étapes de régimes autoritaires que l’Europe a connus par le passé. Cette analogie historique, longtemps impensable concernant la première démocratie mondiale, devient désormais une grille de lecture diplomatique officieuse mais répandue.
L’Union Européenne, qui avait déjà durci le ton face aux politiques trumpistes lors du premier mandat, prépare discrètement des sanctions ciblées contre les responsables de ces violations des droits humains. Cette approche, inspirée du régime de sanctions appliqué aux autocraties traditionnelles, marque une rupture historique dans les relations transatlantiques. L’Amérique risque de se retrouver isolée diplomatiquement, traitée par ses alliés historiques comme un État paria.
Les Nations Unies interpellent Washington
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme a publié une déclaration exceptionnellement ferme, qualifiant l’autorisation du profilage racial de « violation flagrante du droit international des droits humains ». Cette interpellation officielle place les États-Unis dans la même catégorie que les régimes autoritaires régulièrement épinglés par l’ONU, créant un précédent diplomatique embarrassant pour Washington.
Cette dégradation de l’image internationale américaine aura des conséquences géopolitiques durables. Les États-Unis perdent progressivement leur crédibilité morale pour dénoncer les violations des droits humains ailleurs dans le monde. Comment Washington peut-il critiquer les camps de Xinjiang ou les répressions russes quand il autorise officiellement la discrimination raciale sur son propre territoire ? Cette hypocrisie manifeste affaiblit considérablement le soft power américain.
Les démocraties émergentes perdent leur modèle
Pour de nombreuses démocraties fragiles à travers le monde, l’Amérique représentait jusqu’ici un modèle institutionnel à imiter. Cette référence s’effrite désormais face aux dérives autoritaires ouvertement assumées. Les opposants démocratiques en Hongrie, Pologne ou Brésil ne peuvent plus brandir l’exemple américain face à leurs dirigeants populistes. Cette perte de légitimité démocratique représente peut-être la conséquence la plus grave de ces décisions judiciaires.
L’effet domino est déjà perceptible. Des dirigeants autoritaires du monde entier citent désormais ouvertement les pratiques américaines pour justifier leurs propres violations des droits humains. Cette « américanisation » de l’autoritarisme mondial constitue un retournement historique majeur, où les États-Unis exportent désormais l’oppression plutôt que la liberté démocratique.
Les conséquences à long terme sur la société américaine

Une fracture sociale irréparable
Ces décisions judiciaires créent une société à deux vitesses où certains citoyens jouissent de droits pleins tandis que d’autres vivent sous la menace permanente du contrôle policier. Cette ségrégation de facto, basée sur l’apparence ethnique et la langue parlée, rappelle les heures les plus sombres de l’histoire américaine. La promesse d’égalité inscrite dans la Déclaration d’Indépendance devient une fiction juridique pour des millions d’Américains d’origine hispanique.
L’impact psychologique de cette discrimination légalisée dépasse largement les seules arrestations effectives. Des familles entières modifient leurs habitudes de vie, évitent certains quartiers, renoncent à certains emplois par peur d’être ciblées. Cette auto-censure massive transforme progressivement la géographie sociale des villes américaines, créant des ghettos invisibles où règne la terreur administrative.
L’économie de la peur
Les conséquences économiques de cette politique discriminatoire commencent déjà à se matérialiser. De nombreux secteurs dépendants de la main-d’œuvre hispanique — agriculture, construction, services — font face à des pénuries artificielles créées par la peur des contrôles. Cette disruption économique, loin de bénéficier aux travailleurs américains « de souche » comme le promet Trump, génère inflation et désorganisation productive.
Plus pernicieusement, cette économie de la peur crée un sous-prolétariat permanent, composé de travailleurs terrorisés acceptant n’importe quelles conditions de travail pourvu qu’on les laisse tranquilles. Cette exploitation systémique, rendue possible par la menace constante de l’arrestation, constitue une forme moderne d’esclavage économique que les employeurs peu scrupuleux exploitent sans vergogne.
La jeunesse hispanique sacrifiée
Une génération entière d’enfants et d’adolescents hispaniques grandit désormais avec la conviction que leur apparence constitue un handicap permanent dans leur propre pays. Cette stigmatisation précoce aura des conséquences psychologiques durables, créant une génération meurtrie par l’injustice institutionnalisée. Comment ces jeunes peuvent-ils développer un sentiment d’appartenance nationale quand leur État les traite en suspects permanents ?
L’impact sur l’éducation est déjà visible. De nombreuses familles hispaniques évitent désormais certaines écoles ou certaines activités extrascolaires situées dans des zones à risque de contrôles. Cette ségrégation éducative de facto compromet l’avenir de milliers d’enfants américains, créant des inégalités scolaires supplémentaires dans un système déjà profondément inégalitaire.
Conclusion

Le 8 septembre 2025 restera comme une date charnière dans l’histoire américaine — le jour où la plus haute instance judiciaire du pays a officiellement validé le retour de la discrimination raciale et l’effondrement de l’indépendance institutionnelle. Ces deux décisions simultanées ne sont pas des accidents juridiques, mais les marqueurs d’une transformation autoritaire profonde qui redéfinit l’essence même de la démocratie américaine.
La validation du profilage racial à Los Angeles et l’autorisation de licencier arbitrairement les commissaires fédéraux constituent les deux faces d’une même médaille : la concentration du pouvoir entre les mains d’un exécutif débarrassé de tout contre-pouvoir effectif. Cette révolution conservatrice, orchestrée par une majorité judiciaire acquise aux thèses trumpistes, transforme progressivement l’Amérique en démocratie illibérale à l’européenne de l’Est.
Les conséquences de ces décisions dépasseront largement les frontières américaines. En abandonnant son rôle de phare démocratique mondial, l’Amérique offre une légitimation internationale aux dérives autoritaires partout sur la planète. Les régimes oppressifs du monde entier peuvent désormais citer l’exemple américain pour justifier leurs propres violations des droits humains, créant un effet domino dont les démocraties fragiles feront les frais.
Reste une question lancinante : cette dérive est-elle réversible ? L’histoire nous enseigne que les reculs démocratiques, une fois institutionnalisés par la justice, acquièrent une inertie propre difficile à briser. La bataille pour l’âme de l’Amérique ne fait peut-être que commencer, mais aujourd’hui, force est de constater que les forces de l’autoritarisme ont remporté une victoire décisive qui marquera durablement l’avenir de cette nation.