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Le retour triomphant de Jimmy Kimmel : une victoire à la Pyrrhus

Le mardi 23 septembre 2025, Jimmy Kimmel remonte sur scène avec la force d’un homme qui vient de regarder la mort en face. Six jours après sa suspension par ABC suite aux pressions gouvernementales, le comédien livre un monologue déchirant et rageur qui résonne comme un cri de guerre contre l’autoritarisme rampant de l’administration Trump. « Une menace gouvernementale visant à faire taire un comédien que le président n’aime pas, c’est anti-américain », lance-t-il, la voix brisée par l’émotion. Cette phrase, répétée trois fois comme un mantra de résistance, révèle l’ampleur du basculement démocratique américain.

Mais ce retour triomphal cache une réalité plus sombre : près d’un quart des stations affiliées ABC, contrôlées par Nexstar et Sinclair, refusent toujours de diffuser son émission. Des millions d’Américains dans des villes comme Washington D.C., Salt Lake City ou Saint-Louis ne peuvent plus regarder Jimmy Kimmel Live. Cette balkanisation médiatique révèle l’efficacité redoutable de la stratégie trumpienne : diviser pour mieux régner, fragmenter l’espace informationnel pour affaiblir les voix dissidentes.

L’affaire Charlie Kirk : quand la tragédie devient prétexte

Tout commence le lundi 16 septembre, quand Kimmel commet l’erreur de critiquer la récupération politique de l’assassinat de Charlie Kirk. Le commentateur conservateur, abattu le 10 septembre à l’université Utah Valley, devient instantanément un martyr pour la galaxie MAGA. Kimmel ose dénoncer les tentatives de présenter le meurtrier comme un « gauchiste » alors que les enquêteurs n’ont encore établi aucun mobile politique. Plus grave encore, il se moque de la réaction de Trump à la mort de celui qu’il appelait son « ami ».

Les mots de Kimmel résonnent comme une prophétie : « Le gang MAGA tente désespérément de caractériser ce gosse qui a tué Charlie Kirk comme autre chose qu’un des leurs, et fait tout pour marquer des points politiques avec ça. » Cette lucidité analytique, formulée avec l’humour grinçant qui caractérise le personnage, signe son arrêt de mort médiatique. Car dans l’Amérique trumpienne de 2025, dire la vérité devient un crime contre l’État.

Brendan Carr : le censeur en chef de l’Amérique autoritaire

L’escalade vers la censure s’accélère quand Brendan Carr, président de la FCC (Federal Communications Commission), entre en scène avec la subtilité d’un bulldozer. « On peut faire ça à l’amiable ou à la dure », menace-t-il lors d’un podcast d’extrême droite. Cette phrase, digne d’un film de mafia, révèle la transformation de la commission fédérale des communications en bras armé de la répression politique. En quelques heures, les menaces de Carr produisent leur effet : Nexstar et Sinclair annoncent le boycott de l’émission de Kimmel, ABC capitule et suspend le comédien.

Cette mécanique de terreur administrative révèle la sophistication de l’autoritarisme trumpien version 2.0. Plus besoin de chars ou de police politique : il suffit de menacer les licences de diffusion, d’agiter le spectre des enquêtes antitrust, de faire planer l’ombre des sanctions réglementaires. Cette intimidation systémique transforme chaque PDG de média en complice potentiel de la censure, chaque directeur de chaîne en instrument de la répression gouvernementale. L’Amérique de Trump perfectionne l’art de faire faire la sale besogne par les victimes elles-mêmes.

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