L’écho d’une demande sans précédent
Le ministère de la Guerre américain vient de franchir un seuil que beaucoup croyaient définitivement scellé. Pour la première fois depuis 1961, l’administration Trump se trouve confrontée à une demande d’exécution militaire. Nidal Hasan, l’ancien major de l’armée américaine devenu le symbole de l’horreur de Fort Hood, attend désormais que la signature présidentielle transforme sa condamnation à mort en réalité. Cette requête, portée par le secrétaire à la Guerre Pete Hegseth, résonne comme un coup de tonnerre dans un système judiciaire militaire qui n’avait plus versé le sang depuis l’exécution par pendaison de John Bennett en avril 1961.
L’urgence de cette décision frappe par sa brutalité. Hegseth n’a laissé place à aucune ambiguïté : « Je suis déterminé à 100 % à ce que la peine de mort soit exécutée pour Nidal Hasan. Ce terroriste sauvage mérite la punition légale la plus sévère pour sa fusillade de masse de 2009 à Fort Hood. » Ces mots, prononcés avec une froideur calculée, marquent une rupture définitive avec des décennies d’hésitation institutionnelle. Le système judiciaire militaire américain s’apprête à rompre un silence de 64 années, et cette rupture porte un nom : celui d’un psychiatre de l’armée qui a transformé une base militaire en champ de bataille.
Un parcours judiciaire de quatorze années
Le dossier Hasan porte en lui toute la complexité d’une justice militaire qui avance à pas de géant vers l’irréparable. Condamné à mort en 2013 par un tribunal militaire, l’ancien major a épuisé tous ses recours d’appel. En avril 2025, sa dernière tentative juridique s’est brisée contre l’implacabilité du système. Depuis lors, il réside dans le couloir de la mort de la prison militaire de Fort Leavenworth, dans le Kansas, attendant qu’une signature présidentielle mette fin à ses jours. Cette attente de plus d’une décennie illustre la lourdeur d’un processus où chaque étape peut se transformer en éternité pour celui qui attend l’exécution de sa sentence.
La procédure militaire diffère fondamentalement du système civil. Contrairement aux cours fédérales ou d’État, aucun membre des forces armées ne peut être exécuté sans l’approbation personnelle du Président des États-Unis. Cette particularité fait du commandant en chef non seulement un décideur suprême, mais aussi l’ultime responsable de chaque exécution militaire. Trump se trouve donc dans la position unique de devoir ordonner personnellement la mort d’un homme, une responsabilité que seuls quelques présidents ont endossée dans l’histoire moderne américaine. Le dernier à avoir franchi ce seuil fut Dwight Eisenhower en 1957, lorsqu’il autorisa l’exécution de Bennett qui eut lieu quatre ans plus tard.
L’héritage sanglant de Fort Hood
Le 5 novembre 2009 restera gravé dans la mémoire collective américaine comme l’une des journées les plus sombres de l’histoire militaire moderne. Ce jour-là, Nidal Hasan pénètre dans le centre de traitement des soldats de Fort Hood, au Texas, armé d’un pistolet semi-automatique. En quelques minutes d’une violence inouïe, il abat 13 personnes et blesse 32 autres. Parmi ses victimes figure une soldate enceinte, détail qui ajoute une dimension particulièrement atroce à son acte. Les témoins décrivent un homme méthodique, tirant avec une précision meurtrière sur des soldats sans défense qui s’apprêtaient à partir en déploiement.
L’impact psychologique de cette attaque dépasse largement le bilan des victimes. Fort Hood, symbole de la puissance militaire américaine, se transforme en théâtre d’horreur où un psychiatre militaire — celui-là même chargé d’aider les soldats en détresse — devient leur bourreau. Les familles des victimes ont vécu un calvaire supplémentaire lorsque le Pentagone a initialement classé l’attaque comme un acte de « violence sur le lieu de travail » plutôt que comme un acte terroriste. Cette classification, perçue comme un déni de la réalité idéologique de l’attaque, a provoqué une vague d’indignation qui persiste encore aujourd’hui.
Les motivations idéologiques d'un terroriste en uniforme

La radicalisation progressive d’un psychiatre militaire
L’histoire de Nidal Hasan révèle les failles béantes d’un système incapable de détecter la radicalisation en son sein. Né en 1970 à Arlington, en Virginie, de parents immigrés palestiniens, Hasan a servi pendant près de vingt ans dans l’armée américaine avant de basculer dans l’extrémisme islamique. Son parcours professionnel en tant que psychiatre militaire aurait dû le placer en première ligne pour comprendre et traiter les traumatismes de guerre. Au lieu de cela, il développe une opposition croissante aux campagnes militaires américaines en Irak et en Afghanistan, justifiant même les attentats-suicides comme des actes de guerre légitimes.
Les signes avant-coureurs de sa radicalisation étaient pourtant visibles pour qui savait les interpréter. Colleagues et supérieurs rapportent ses prises de position de plus en plus virulentes contre les interventions américaines au Moyen-Orient. Lors de conférences médicales, il défendait ouvertement les insurgés afghans et irakiens, décrivant leurs actions comme une légitime défense face à l’« agression » américaine. Cette évolution idéologique, loin d’être secrète, s’affichait au grand jour sans déclencher les alarmes nécessaires au sein de la hiérarchie militaire.
Un acte revendiqué au nom de l’islam radical
Durant son procès, Hasan n’a jamais caché ses motivations. Il a explicitement reconnu avoir commis cette tuerie pour « protéger l’Empire islamique » des forces américaines. Cette revendication transforme sa défense en véritable manifeste jihadiste, où il se présente comme un combattant de l’islam face à ce qu’il perçoit comme une croisade occidentale. Ses déclarations publiques révèlent un homme qui a pleinement assumé son geste, refusant de présenter la moindre défense lors de son procès et semblant rechercher le martyre.
En 2017, depuis sa cellule de Fort Leavenworth, Hasan a écrit : « Je considérais ceux qui tentaient d’aider les États-Unis à contrer les efforts des Taliban pour imposer la charia comme la loi dominante, et la remplacer par un système comme la démocratie qui ne fonctionne pas sous la loi de Dieu, comme des ennemis de Dieu, et donc méritant le combat ou la mort. » Cette déclaration confirme la dimension idéologique de son acte, bien loin de la « violence sur le lieu de travail » initialement évoquée par l’administration Obama.
L’impact sur la perception de la menace intérieure
L’affaire Hasan a révolutionné la compréhension américaine de la menace terroriste interne. Elle a mis en lumière la vulnérabilité des institutions militaires face à la radicalisation de leurs propres membres. Cette prise de conscience a engendré des réformes profondes dans les procédures de détection et de prévention de l’extrémisme au sein des forces armées. Les programmes de surveillance et d’évaluation psychologique ont été renforcés, mais l’efficacité de ces mesures reste débattue dans un contexte où la liberté religieuse et d’expression demeure protégée par la Constitution.
L’héritage de Fort Hood dépasse largement le cadre militaire. Il a alimenté les débats sur l’immigration, la radicalisation religieuse et l’intégration des minorités dans les forces armées. Chaque nouvel incident impliquant un membre des forces armées ravive les fantômes de cette journée tragique, questionnant la capacité des institutions à identifier et neutraliser les menaces internes avant qu’elles ne se matérialisent en violence aveugle.
Trump face au dilemme de l'exécution présidentielle

Une responsabilité constitutionnelle unique
Donald Trump se trouve confronté à une décision d’une gravité exceptionnelle. Dans le système judiciaire militaire américain, le Président porte la responsabilité ultime de toute exécution. Cette particularité constitutionnelle fait de lui non pas un simple observateur du processus judiciaire, mais l’ordonnateur direct de la mort d’un condamné. Contrairement au système civil où le Président peut exercer son droit de grâce pour empêcher une exécution, dans le cas militaire, il doit activement approuver la sentence pour qu’elle soit exécutée. Cette distinction fondamentale place Trump dans une position où il devient personnellement responsable de la mort de Hasan.
L’histoire présidentielle américaine compte peu d’exemples de dirigeants ayant franchi ce seuil. George W. Bush avait approuvé en 2008 l’exécution de Ronald Gray, un soldat condamné pour une série de viols et meurtres, mais cette exécution n’a jamais eu lieu en raison de recours judiciaires. Avant lui, il faut remonter à Eisenhower pour trouver un président ayant effectivement ordonné une exécution militaire. Cette rareté historique souligne l’exceptionnalité de la situation actuelle et la pesanteur de la décision qui incombe à Trump.
Les implications politiques d’une décision sans précédent
L’administration Trump a fait de la restauration de la peine de mort fédérale l’un de ses chevaux de bataille. Dès le premier jour de son second mandat, le Président a signé un décret exécutif appelant à « restaurer » la peine de mort fédérale et instruisant le ministère de la Justice de « poursuivre la peine de mort pour tous les crimes d’une gravité exigeant son usage ». Cette position tranche radicalement avec l’approche de l’administration Biden qui avait commué les sentences de 37 des 40 prisonniers dans le couloir de la mort fédéral en décembre 2024.
L’approbation de l’exécution de Hasan s’inscrirait parfaitement dans cette philosophie pénale durcie. Elle enverrait un message clair sur la détermination de l’administration à utiliser la peine capitale comme outil de dissuasion et de justice rétributive. Pour Trump, autoriser cette exécution représenterait une victoire symbolique majeure, démontrant sa capacité à tenir ses promesses de campagne les plus controversées. Cette décision pourrait également renforcer sa base électorale conservatrice, particulièrement sensible aux questions de sécurité nationale et de lutte antiterroriste.
Les obstacles juridiques et procéduraux
Malgré l’épuisement apparent des recours d’appel de Hasan, le chemin vers l’exécution reste semé d’embûches juridiques. Les avocats du condamné peuvent encore saisir les tribunaux fédéraux civils par le biais d’une procédure d’habeas corpus, contestant les conditions de sa détention ou la validité de sa condamnation. Ces recours, bien que peu susceptibles d’aboutir, peuvent retarder l’exécution pendant des mois, voire des années. L’exemple de Ronald Gray, dont l’exécution approuvée par Bush en 2008 n’a jamais eu lieu, illustre la complexité de ces procédures.
Le Pentagone doit également résoudre des questions pratiques complexes. L’exécution aurait lieu par injection létale dans l’Unité de logement spécial de la prison disciplinaire militaire de Fort Leavenworth. Cependant, l’approvisionnement en drogues létales pose des défis similaires à ceux rencontrés par les États dans leurs exécutions civiles. De nombreuses compagnies pharmaceutiques refusent désormais de fournir ces substances, obligeant les autorités à explorer des sources alternatives ou des méthodes d’exécution différentes. Cette réalité logistique pourrait compliquer et retarder l’exécution, même avec l’approbation présidentielle.
La révolution Hegseth au Pentagone

Un secrétaire à la Guerre aux méthodes expéditives
Pete Hegseth incarne la nouvelle philosophie militaire de l’administration Trump. Ancien officier de la Garde nationale et présentateur de Fox News, il a été confirmé au poste de secrétaire à la Défense — rebaptisé secrétaire à la Guerre en septembre 2025 — par le plus petit écart possible, nécessitant le vote de départage du vice-président JD Vance. Depuis sa prise de fonction, Hegseth a mené une véritable révolution culturelle au sein du Pentagone, s’attaquant à ce qu’il perçoit comme la bureaucratisation excessive et l’affaiblissement de « l’ethos guerrier » de l’armée américaine.
Sa gestion du dossier Hasan illustre parfaitement cette approche directe et sans nuances. En demandant explicitement l’exécution du terroriste de Fort Hood, Hegseth rompt avec des années de prudence institutionnelle. Il refuse la diplomatie feutrée traditionnelle du Pentagone pour adopter un langage de combat qui résonne avec la base conservatrice de Trump. Cette posture s’inscrit dans sa vision plus large d’une armée « débarrassée » de ce qu’il considère comme les excès du progressisme et recentrée sur sa mission première : tuer les ennemis de l’Amérique.
Des réformes controversées qui divisent le Pentagone
Depuis son arrivée, Hegseth a multiplié les décisions chocs qui ébranlent l’establishment militaire. Il a dissous le comité consultatif centenaire chargé d’encourager l’intégration des femmes dans l’armée, une mesure perçue par ses critiques comme un retour en arrière sur l’égalité des genres. Il a également ordonné la suppression de 91 programmes de recherche du ministère, notamment ceux portant sur le changement climatique et les tendances sociales, déclarant que « le ministère de la Défense ne fait pas dans les conneries climatiques ».
Plus controversé encore, Hegseth a limogé plusieurs hauts responsables, dont Lisa Franchetti, la chef des opérations navales, et trois généraux avocats militaires. Ces purges s’inscrivent dans sa volonté de réduire d’au moins 20 % le nombre de postes de généraux quatre étoiles et d’éliminer ce qu’il considère comme la bureaucratie excessive du Pentagone. Cette approche brutale divise profondément l’institution militaire, créant des tensions inédites entre la direction politique et l’état-major professionnel.
La convocation mystérieuse de tous les généraux
La dernière initiative de Hegseth a semé la panique dans les rangs militaires. Le 25 septembre 2025, il a ordonné à tous les généraux et amiraux américains — soit environ 800 officiers supérieurs — de se réunir en urgence à Quantico, en Virginie. Cette convocation sans précédent historique a été donnée sans explication, créant un climat de suspicion et d’inquiétude au sein de la hiérarchie militaire. Jamais dans l’histoire moderne un secrétaire à la Défense n’avait rassemblé autant d’officiers généraux simultanément et de manière aussi soudaine.
Les spéculations vont bon train sur les intentions de Hegseth. Certains analystes évoquent une purge massive similaire à celles observées dans les régimes autoritaires, d’autres y voient une tentative de reprise en main idéologique de l’armée. Cette réunion, programmée pour le 30 septembre, pourrait marquer un tournant décisif dans les relations entre le pouvoir civil et l’institution militaire. L’absence de toute communication officielle sur l’objet de cette assemblée renforce l’atmosphère de crise qui règne désormais au Pentagone.
L'ombre du précédent Bennett

1961 : la dernière fois que l’Amérique militaire a tué
Le 13 avril 1961 demeure une date figée dans l’histoire de la justice militaire américaine. Ce jour-là, à Fort Leavenworth, John Arthur Bennett montait sur l’échafaud pour devenir le dernier soldat américain exécuté par son propre pays. Bennett, un jeune soldat noir de 25 ans originaire de Virginie, avait été condamné pour le viol et la tentative de meurtre d’une fillette autrichienne de 11 ans en 1955. Son exécution, après six années d’appels et de recours, marquait la fin d’une époque où l’armée américaine n’hésitait pas à appliquer la peine capitale à ses propres membres.
Le cas Bennett révèle les complexités morales et raciales de l’époque. Malgré les supplications de la victime et de sa famille qui demandaient la clémence pour leur agresseur, le président John F. Kennedy avait refusé de commuer la sentence. Bennett fut pendu après avoir prononcé ses derniers mots : « Priez pour moi. » Cette exécution, survenue dans une Amérique en pleine révolution des droits civiques, pose encore aujourd’hui des questions sur l’équité de la justice militaire, particulièrement concernant les minorités.
Soixante-quatre années de réticence institutionnelle
Depuis Bennett, l’armée américaine a prononcé de nombreuses condamnations à mort mais n’en a exécuté aucune. Cette réticence ne résulte pas d’une interdiction légale mais d’une convergence de facteurs : l’évolution des mentalités sur la peine de mort, la complexité croissante des procédures d’appel, et surtout la réticence des présidents successifs à endosser personnellement la responsabilité d’une exécution militaire. Cette situation a créé un couloir de la mort militaire peuplé de condamnés vieillissants qui voient leurs sentences commuées ou qui meurent de causes naturelles avant leur exécution.
L’exemple le plus frappant reste celui de Ronald Gray, condamné depuis 1988 pour une série de viols et meurtres. Malgré l’approbation de son exécution par George W. Bush en 2008, Gray demeure vivant à Fort Leavenworth, ses avocats ayant réussi à obtenir de nouveaux sursis. Cette situation illustre l’écart croissant entre la théorie de la justice militaire — qui prévoit la peine de mort — et sa pratique, marquée par une quasi-impossibilité d’exécuter les condamnés.
Hasan, symbole d’une justice en quête de légitimité
L’exécution potentielle de Hasan revêt une dimension symbolique considérable. Elle marquerait la rupture définitive avec six décennies d’hésitation et affirmerait la détermination de l’Amérique de Trump à appliquer ses lois les plus sévères. Pour les familles des victimes de Fort Hood, cette exécution représenterait enfin la justice tant attendue. Pour ses opposants, elle constituerait un retour en arrière dangereux vers une époque révolue de la justice militaire.
La comparaison avec Bennett révèle également l’évolution du profil des condamnés militaires. Là où Bennett était un jeune soldat au passé difficile ayant commis un crime de droit commun, Hasan représente la figure du terroriste intérieur, du traître en uniforme. Cette différence qualitative pourrait justifier, aux yeux de l’opinion publique et des décideurs, une approche plus ferme. Le terrorisme ayant remplacé le crime violent comme principale préoccupation sécuritaire américaine, l’exécution de Hasan s’inscrirait dans une logique de guerre plutôt que de simple justice pénale.
Les réactions des familles et de l'opinion publique

Les victimes de Fort Hood face à la justice
Les familles des victimes de Fort Hood vivent depuis seize années dans l’attente d’une justice qu’elles estiment confisquée. L’annonce de la demande d’exécution par Hegseth a ravivé des blessures que le temps n’avait jamais refermées. Pour beaucoup d’entre elles, cette demande représente enfin la reconnaissance que leurs proches sont morts dans un acte de terrorisme et non dans un simple fait de « violence sur le lieu de travail » comme l’avait initialement classé l’administration Obama. Cette distinction, qui peut sembler technique, revêt une importance capitale pour la mémoire des disparus et l’honneur de leur sacrifice.
Cependant, toutes les familles ne partagent pas nécessairement cette soif de vengeance. L’expérience du procès Bennett avait montré que même les victimes peuvent parfois plaider pour la clémence. Dans le cas de Hasan, la nature idéologique du crime et l’absence de remords du condamné rendent cette éventualité improbable. Les témoignages des survivants lors du procès de 2013 révélaient une souffrance immense et un désir de justice définitive. L’exécution de leur bourreau pourrait enfin leur permettre de tourner une page douloureuse de leur existence.
Un soutien populaire massif malgré les controverses
Les sondages d’opinion révèlent un soutien majoritaire de l’opinion publique américaine à l’exécution de Hasan. Ce soutien transcende largement les clivages partisans traditionnels sur la peine de mort. Même des opposants habituels à la peine capitale reconnaissent que le cas Hasan présente des circonstances exceptionnelles justifiant l’application de la sanction ultime. La nature terroriste de l’acte, le nombre de victimes, et surtout la trahison d’un serment militaire créent un consensus rare dans l’Amérique polarisée d’aujourd’hui.
Cette unité relative masque cependant des divisions profondes sur les implications plus larges de cette exécution. Les opposants à la peine de mort y voient un dangereux précédent qui pourrait relancer la machine à tuer fédérale après des années de moratoire. Ils craignent que l’exécution de Hasan ne serve de prétexte à Trump pour élargir l’usage de la peine capitale à d’autres catégories de crimes fédéraux. Cette inquiétude s’appuie sur les déclarations présidentielles appelant à « poursuivre la peine de mort pour tous les crimes d’une gravité exigeant son usage ».
L’impact international d’une décision américaine
L’exécution potentielle de Hasan dépasse largement les frontières américaines. Elle s’inscrit dans un contexte international où la peine de mort recule globalement, y compris dans des pays traditionnellement favorables à cette pratique. L’Union européenne, opposée catégoriquement à la peine capitale, observe avec inquiétude cette possible relance des exécutions américaines. Cette position pourrait compliquer les relations transatlantiques, particulièrement sur les questions d’extradition et de coopération judiciaire dans les affaires de terrorisme.
Dans le monde musulman, l’exécution de Hasan risque d’être instrumentalisée par les groupes extrémistes pour alimenter leurs narratifs anti-américains. Ils pourraient présenter cette exécution comme la preuve de l’islamophobie structurelle de l’armée américaine, occultant volontairement la nature terroriste des actes commis par le condamné. Cette récupération propagandiste constitue un défi supplémentaire pour l’administration Trump, qui doit peser les bénéfices politiques internes de l’exécution contre ses coûts diplomatiques internationaux.
Conclusion : L'Amérique de Trump face à son destin militaire

n tournant historique dans la justice militaire
La demande d’exécution de Nidal Hasan marque potentiellement la fin d’une ère dans la justice militaire américaine. Après 64 années d’hésitation institutionnelle, l’administration Trump semble déterminée à franchir le Rubicon de l’exécution militaire. Cette décision, si elle aboutit, transformerait radicalement la perception de la peine de mort aux États-Unis, démontrant que même les institutions les plus réticentes peuvent retrouver leur capacité létale sous une impulsion politique suffisante.
L’enjeu dépasse largement le sort individuel de Hasan. Il s’agit de définir quel type de justice l’Amérique souhaite pour ses forces armées. L’exécution enverrait un message clair : la trahison militaire, particulièrement quand elle revêt une dimension terroriste, sera punie de la manière la plus sévère possible. Cette fermeté pourrait dissuader d’autres tentatives de radicalisation au sein des forces armées, mais elle pourrait également alimenter un cycle de violence et de radicalisation difficile à contrôler.
Les conséquences d’une signature présidentielle
Si Trump appose sa signature sur l’ordre d’exécution de Hasan, il brisera un tabou vieux de plus de six décennies. Cette décision le placera dans l’histoire aux côtés des rares présidents américains ayant personnellement ordonné la mort d’un militaire. Au-delà de la dimension personnelle, cette signature marquerait le retour d’une Amérique durcie, prête à assumer les aspects les plus brutaux de sa justice pour défendre ses valeurs et ses institutions.
Cette exécution pourrait également marquer le début d’une nouvelle ère dans l’application de la peine de mort fédérale. Les 37 condamnés dont Biden avait commué les peines pourraient voir leurs dossiers réexaminés, et de nouvelles condamnations capitales pourraient être prononcées avec une probabilité d’exécution bien plus élevée qu’auparavant. L’Amérique de Trump se distinguerait ainsi définitivement de celle de ses prédécesseurs par sa volonté assumée de tuer au nom de la justice.
L’héritage indélébile d’une décision historique
Quelle que soit la décision finale de Trump, le simple fait que cette demande d’exécution ait été formulée change déjà la donne. Elle révèle une administration prête à franchir des lignes rouges que ses prédécesseurs avaient respectées. Le Pentagone sous Hegseth affirme une philosophie militaire durcie, où la clémence cède le pas à l’impitoyabilité. Cette évolution pourrait redéfinir durablement les relations entre le pouvoir civil et l’institution militaire américaine.
L’histoire retiendra peut-être 2025 comme l’année où l’Amérique a retrouvé sa capacité à tuer ses propres soldats traîtres. Cette capacité, endormie depuis 1961, réveillerait une dimension de la souveraineté étatique que beaucoup croyaient définitivement éteinte. Face aux défis sécuritaires du XXIe siècle, l’administration Trump semble considérer que la survie de la nation justifie le retour à ses pratiques les plus implacables. Le sang de Hasan, s’il coule, marquera cette renaissance d’une Amérique qui n’hésite plus à tuer pour survivre.