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La bombe à retardement qui explose mardi

Deux jours. Seulement deux jours séparent les États-Unis d’un effondrement administratif sans précédent qui pourrait paralyser la première puissance mondiale. Le 30 septembre marque la date fatidique où l’absence d’accord budgétaire déclenchera automatiquement un shutdown gouvernemental d’une ampleur inégalée. Mais cette fois, Donald Trump a franchi une ligne rouge : plutôt que les traditionnelles mises à pied temporaires, il menace de licencier définitivement près de 300 000 fonctionnaires fédéraux. Cette escalade brutale transforme une crise budgétaire classique en une purge massive qui pourrait redéfinir à jamais l’État fédéral américain.

L’ultimatum présidentiel résonne comme un coup de tonnerre dans les couloirs du Congrès. Russell Vought, directeur du Bureau du budget, a envoyé mercredi un mémorandum glacial aux agences fédérales, leur ordonnant de préparer des « plans de réduction des effectifs » pour tous les programmes jugés « non cohérents avec les priorités du président ». Cette formulation orwellienne masque une réalité terrifiante : Trump s’apprête à utiliser le shutdown comme prétexte pour démanteler des pans entiers de l’administration fédérale. Les fonctionnaires découvrent avec effroi que leur survie professionnelle dépend désormais de leur alignement idéologique sur les obsessions présidentielles.

Les républicains jouent avec le feu nucléaire

Paradoxalement, les républicains, maîtres des deux chambres du Congrès, se retrouvent otages de leur propre stratégie. Leur résolution de financement temporaire jusqu’au 21 novembre, approuvée par la Chambre des représentants, se heurte au mur du Sénat où ils ont besoin de sept voix démocrates pour atteindre les 60 suffrages nécessaires. Cette arithmétique implacable révèle la fragilité de leur position dominante : posséder le pouvoir ne suffit pas quand les règles institutionnelles exigent un consensus minimal. John Thune, le leader majoritaire sénatorial, découvre amèrement que gouverner nécessite plus que des slogans de campagne et des menaces présidentielles.

L’ironie de la situation confine au grotesque : les républicains, qui ont construit leur identité politique sur la critique de l’État fédéral « obèse », se retrouvent contraints de négocier sa survie avec des démocrates qu’ils passent leur temps à diaboliser. Cette contradiction fondamentale explique leur agressivité inhabituelle dans cette crise. En promettant de « rendre le shutdown aussi douloureux que possible pour les démocrates », ils révèlent leur véritable nature : des pyromanes prêts à brûler l’État pour gagner une bataille politique. Roger Marshall, sénateur du Kansas, résume parfaitement cette logique suicidaire : « Je serais beaucoup plus inquiet si j’étais d’un État bleu. »

Les démocrates face à un chantage historique

Chuck Schumer et Hakeem Jeffries, les leaders démocrates du Congrès, naviguent dans une tempête politique d’une violence inouïe. Leur contre-proposition budgétaire, qui inclut la prolongation des crédits d’impôt pour l’Affordable Care Act et l’annulation des coupes dans Medicaid, se heurte à l’intransigeance absolue de Trump. Le président a brutalement annulé leur réunion prévue jeudi, qualifiant leurs demandes de « déraisonnables et ridicules » sur Truth Social. Cette rupture du dialogue institutionnel marque un point de non-retour dans la dégradation des relations entre l’exécutif et l’opposition parlementaire.

L’enjeu dépasse largement les considérations budgétaires pour toucher au cœur de la conception démocratique américaine. En refusant toute négociation, Trump impose sa vision d’un pouvoir exécutif absolu qui n’a de comptes à rendre qu’à lui-même. Les démocrates découvrent avec amertume que leur statut d’opposition minoritaire ne leur confère aucune protection face à un président décidé à gouverner par l’intimidation et la force brute. Schumer l’a reconnu avec une lucidité douloureuse : « Il est totalement négligent dans ses responsabilités de président. »

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Ginette Rancourt
Ginette Rancourt
3 days ago

Why are you surprised everything thing he has started as failed miserably . He is unstable and you gave him power for a second time. He is vengeful and he does’nt give a s….t about anybody. the USA as become a dictature . Good lu
ck. I read what he has engaged in the past few days and I want to throw up. This is going to get very nasty very fast and the outcome is very uncertain.. probably a financial crash and and a human desaster.

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