Les premiers coups de tonnerre se font entendre
L’inculpation de James Comey jeudi dernier n’était que le prélude à ce qui s’annonce comme une véritable tempête judiciaire aux États-Unis. JD Vance, le vice-président au regard de glace et aux ambitions sans limite, a lâché le morceau dans une déclaration qui a fait l’effet d’une déflagration dans les cercles politiques washingtoniens. « Il y aura certainement davantage d’inculpations », a-t-il déclaré avec cette assurance glaciale qui le caractérise, promettant que l’administration Trump ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Ces mots, prononcés avec la froideur d’un bourreau, résonnent comme une menace à peine voilée contre tous ceux qui ont osé défier le 47ème président des États-Unis.
Cette annonce fracassante s’inscrit dans la logique implacable d’une vengeance politique méthodiquement orchestrée depuis le retour triomphal de Trump à la Maison-Blanche. L’ancien directeur du FBI James Comey, inculpé pour entrave à la justice et fausses déclarations, ne représente visiblement que la première victime d’une liste noire soigneusement établie. Adam Schiff, Letitia James, John Brennan… autant de noms qui figurent dans le carnet de comptes que Trump et son lieutenant Vance entendent régler avec une précision chirurgicale. La machine judiciaire américaine se transforme sous nos yeux en un instrument de règlement de comptes d’une ampleur sans précédent dans l’histoire moderne du pays.
Le signal d’une chasse aux sorcières organisée
Les propos de JD Vance ne relèvent pas du simple avertissement : ils constituent une véritable feuille de route pour les mois à venir. Lors de son interview sur Fox News Sunday Morning Futures, le vice-président a laissé transparaître avec une franchise brutale les intentions de l’administration. « Absolument, nous voulons voir des inculpations », a-t-il martelé, avant d’ajouter avec ce cynisme qui lui est propre : « Bien sûr, nous devons avoir les faits. Vous ne pouvez pas simplement inculper des gens parce que vous les détestez. » Cette hypocrisie assumée masque à peine la réalité : l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques est désormais assumée au plus haut niveau de l’État.
L’homme qui a écrit la préface du Project 2025 ne cache plus ses ambitions autoritaires. Vance, ce caméléon politique qui a su transformer sa haine initiale pour Trump en une dévotion absolue, incarne parfaitement cette nouvelle ère où les principes démocratiques sont sacrifiés sur l’autel de la loyauté personnelle. Sa déclaration selon laquelle « rejeter leur confirmation, c’est rejeter l’idée que le président Trump décide de son gouvernement » révèle une conception du pouvoir où l’opposition devient trahison. Cette logique totalitaire, appliquée au système judiciaire, transforme les tribunaux en chambres d’enregistrement des volontés présidentielles.
L’arsenal répressif se met en place
Derrière les mots choisis de Vance se dessine un plan d’ensemble d’une précision redoutable. L’administration Trump a déjà démontré sa capacité à plier les institutions à sa volonté, comme en témoigne la récente démission forcée du procureur fédéral Erik Siebert, coupable d’avoir refusé d’engager des poursuites contre Letitia James faute de preuves suffisantes. Cette purge administrative, orchestrée avec la brutalité d’un régime autoritaire, préfigure ce qui attend tous les fonctionnaires fédéraux récalcitrants. La ministre de la Justice Pam Bondi, critiquée par Trump pour sa supposée « timorade », semble désormais parfaitement alignée sur les exigences de vengeance présidentielles.
Les méthodes employées révèlent une sophistication inquiétante dans l’art de la manipulation institutionnelle. Trump lui-même a multiplié les pressions publiques via Truth Social, réclamant que « JUSTICE SOIT FAITE, MAINTENANT ! » en majuscules, cette typographie de la colère qui caractérise sa communication depuis des années. Cette pression médiatique constante, combinée aux menaces à peine voilées de limogeage, crée un climat de terreur administrative où la résistance devient quasi impossible. Le président, qui se définit comme une victime d’un « Deep State » imaginaire, construit méthodiquement son propre État profond au service de ses obsessions personnelles.
Les prochaines cibles dans le viseur

Adam Schiff : l’ennemi juré en première ligne
Le sénateur californien Adam Schiff figure en tête de liste des prochaines victimes désignées de cette campagne de représailles judiciaires. Cet ancien président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, qui avait mené l’enquête sur l’ingérence russe dans les élections de 2016, cristallise toute la haine de l’administration Trump. Accusé par Bill Pulte, un proche du président, de falsification de documents concernant des demandes de prêts immobiliers, Schiff se retrouve dans le collimateur d’une justice instrumentalisée. Ces accusations, aussi fragiles soient-elles juridiquement, s’inscrivent parfaitement dans la stratégie de Trump : salir, intimider, neutraliser.
La personnalité de Schiff en fait une cible de choix pour cette vendetta présidentielle. Avocat de formation, ancien procureur fédéral, il incarne cette élite juridique que Trump exècre par-dessus tout. Son rôle dans les procédures de destitution de 2019 et 2021 lui a valu une place de choix dans le panthéon des traîtres selon la grille de lecture trumpienne. Vance n’a d’ailleurs pas hésité à qualifier ces procédures de « chasse aux sorcières », reprenant mot pour mot la rhétorique présidentielle. Cette cohérence dans la diabolisation révèle une stratégie communication parfaitement rodée, où chaque adversaire devient un ennemi de l’Amérique elle-même.
Letitia James : la procureure qui a osé défier l’empire Trump
Si Adam Schiff représente l’ennemi politique, Letitia James incarne la menace juridique que Trump ne peut tolérer. Cette procureure générale de l’État de New York, qui avait réussi à faire condamner le président à une amende de près d’un demi-milliard de dollars pour fraude avant son retour au pouvoir, paie aujourd’hui le prix de son audace. L’annulation de cette condamnation par une cour d’appel new-yorkaise en août dernier n’a visiblement pas suffi à apaiser la soif de vengeance présidentielle. Trump veut la tête de cette femme noire qui a osé s’attaquer à son empire immobilier, cette insoumise qui a refusé de plier l’échine devant le pouvoir.
L’acharnement contre James révèle une dimension particulièrement personnelle de cette campagne de représailles. Elle ne s’est pas contentée d’attaquer Trump sur le terrain politique ; elle a touché à ce qu’il a de plus cher : son argent et sa réputation d’homme d’affaires. Cette transgression impardonnable explique la violence des attaques dont elle fait l’objet. Le départ forcé d’Erik Siebert, ce procureur fédéral qui avait refusé de céder aux pressions pour la poursuivre, illustre parfaitement la méthode Trump : éliminer les résistances, installer des fidèles, transformer la justice en instrument docile.
La liste noire s’allonge dangereusement
John Brennan, l’ancien directeur de la CIA sous Obama, fait également partie de cette galerie des futurs inculpés selon les indiscrétions de l’entourage présidentiel. Cet homme qui avait publiquement mis en doute la sanité mentale de Trump lors de son premier mandat paie aujourd’hui ses critiques acerbes. Les accusations portées contre lui concerneraient son rôle dans les évaluations de l’intelligence américaine sur l’ingérence russe, un sujet qui continue d’obséder Trump près d’une décennie après les faits. Cette obstination pathologique à revisiter constamment les griefs du passé transforme la présidence en un gigantesque règlement de comptes personnel.
Mais la liste ne s’arrête pas aux figures de premier plan. Des dizaines de fonctionnaires, d’anciens responsables, de juges même, figurent sur ce qui ressemble de plus en plus à un carnet de la mort politique. Chaque critique, chaque résistance, chaque opposition légitime est désormais susceptible de déclencher une procédure judiciaire. Cette atomisation de la dissidence par la terreur judiciaire constitue l’une des innovations les plus perverses de cette seconde présidence Trump. Vance, en promettant « davantage d’inculpations », ne fait que confirmer ce que les observateurs les plus lucides redoutaient : la transformation des États-Unis en un régime où l’opposition devient criminelle par essence.
L'instrumentalisation de la justice fédérale

Pam Bondi : la nouvelle gardienne du temple de la vengeance
Pam Bondi, la ministre de la Justice choisie par Trump, incarne parfaitement cette nouvelle conception de la fonction. Ancienne procureure générale de Floride, elle a déjà démontré sa malléabilité face aux exigences présidentielles en abandonnant ses réticences initiales. Trump l’avait publiquement critiquée pour sa « timorée », lui reprochant de ne pas être assez aggressive dans la poursuite de ses ennemis politiques. Cette pression publique, humiliante pour tout responsable digne de ce nom, a visiblement porté ses fruits. Bondi s’est depuis parfaitement alignée sur les attentes de vengeance présidentielles, transformant le département de la Justice en bras armé des obsessions trumpiennes.
Cette soumission de la ministre illustre parfaitement la méthode Trump pour briser les résistances institutionnelles. Alternant entre humiliations publiques et promesses de soutien, le président parvient à transformer ses collaborateurs en instruments dociles de sa volonté. Bondi, qui avait pourtant une réputation de fermeté lors de son passage en Floride, découvre aujourd’hui les limites de son indépendance face à un président qui ne tolère aucune forme d’autonomie. Cette capitulation d’une figure respectée du parti républicain témoigne de l’ampleur de la corruption morale qui gangrène l’administration.
La purge des récalcitrants commence
Le limogeage d’Erik Siebert constitue le prototype de ce qui attend tous les fonctionnaires fédéraux tentés par la résistance. Ce procureur, qui avait eu l’audace de refuser d’engager des poursuites contre Letitia James en invoquant un manque de preuves, a découvert que l’intégrité professionnelle était devenue un luxe incompatible avec les exigences de l’ère Trump. Sa démission, présentée comme volontaire, masque en réalité une purge systématique des éléments jugés peu fiables par la Maison-Blanche. Cette méthode, rodée lors du premier mandat, atteint aujourd’hui une ampleur industrielle.
Les conséquences de cette purge dépassent largement le sort individuel des fonctionnaires concernés. Elles créent un climat de terreur administratif où la survie professionnelle dépend de la capacité à anticiper et satisfaire les désirs présidentiels les plus inavouables. Les procureurs fédéraux, traditionnellement indépendants, découvrent que leur carrière dépend désormais de leur docilité face aux pressions politiques. Cette transformation de l’appareil judiciaire en instrument de vengeance personnelle constitue l’une des dérives les plus graves de cette seconde présidence Trump.
Les grands jurys sous influence
L’inculpation de James Comey révèle également une sophistication inquiétante dans la manipulation des procédures judiciaires. Le grand jury fédéral qui a validé ces accusations a statué sur des éléments remontant à septembre 2020, soit près de cinq ans après les faits reprochés. Cette exhumation soudaine d’un dossier jusque-là dormant ne doit rien au hasard : elle témoigne d’une volonté politique de relancer des procédures abandonnées pour servir les intérêts de la vengeance présidentielle. Les grands jurés, citoyens ordinaires investis d’une mission de justice, se retrouvent malgré eux instrumentalisés dans cette campagne de représailles.
Cette manipulation des temporalités judiciaires révèle une maîtrise redoutable des rouages du système. En ressuscitant des affaires anciennes, l’administration Trump peut donner une apparence de légalité à ses règlements de comptes tout en évitant l’accusation d’inventer de toutes pièces des charges contre ses adversaires. Cette stratégie de la résurrection judiciaire permet de maintenir une façade de respectabilité tout en poursuivant des objectifs purement politiques. Vance, en promettant « davantage d’inculpations », laisse entendre que cette méthode sera systématiquement employée contre tous les opposants désignés.
Les méthodes de la terreur légalisée

La communication comme arme de destruction massive
L’utilisation de Truth Social comme tribunal populaire constitue l’une des innovations les plus perverses de cette stratégie de terreur judiciaire. Trump a transformé son réseau social en une véritable chambre d’écho où chaque attaque contre ses ennemis est amplifiée, déformée, radicalisée par ses millions de fidèles. Ses messages en capitales, cette typographie de la fureur qui caractérise sa communication, créent un climat d’hystérie collective où la moindre opposition devient une trahison à la patrie. « JUSTICE DOIT ÊTRE FAITE, MAINTENANT ! », hurle-t-il dans le vide numérique, sachant pertinemment que ces mots résonnent comme des ordres dans l’esprit de ses partisans les plus radicaux.
Cette stratégie de la pression publique permet à Trump de contourner les mécanismes traditionnels de séparation des pouvoirs tout en maintenant une façade de légalité. En s’adressant directement à « ses » citoyens par-dessus la tête des institutions, il crée une légitimité parallèle qui lui permet de justifier toutes ses dérives. Vance maîtrise parfaitement cette logique en présentant leurs vendettas comme l’expression de la volonté populaire. « Nous avons lu des dizaines de messages appelant à poursuivre ces gens », déclare-t-il avec cette hypocrisie consommée qui le caractérise, comme si quelques tweets constituaient un plébiscite démocratique.
L’intimidation systémique des opposants
Au-delà des inculpations elles-mêmes, c’est tout un écosystème de la peur qui se met en place autour de chaque procédure judiciaire. Les avocats des personnes visées reçoivent des menaces de mort, leurs familles sont harcelées, leurs domiciles surveillés par des militants trumpistes surexcités. Cette terreur diffuse, savamment entretenue par les déclarations incendiaires de Trump et Vance, transforme chaque inculpation en un véritable calvaire pour les victimes et leurs proches. James Comey lui-même a reconnu que « sa famille et lui savent depuis des années ce qu’il en coûte de s’opposer à Donald Trump ».
Cette stratégie de l’épuisement psychologique s’avère redoutablement efficace pour dissuader toute forme de résistance future. En transformant chaque opposition en un parcours du combattant personnel et familial, l’administration Trump décourage par avance les vocations de résistants. Les fonctionnaires fédéraux, les élus locaux, les juges même, découvrent que s’opposer au président ne relève plus seulement du courage politique mais de l’héroïsme personnel. Cette élévation du seuil de résistance constitue l’un des effets les plus pernicieux de cette stratégie de terreur légalisée.
La destruction des carrières comme exemple
L’acharnement contre des figures comme Letitia James ou Adam Schiff ne vise pas seulement à les neutraliser individuellement : il s’agit de créer un effet d’exemple qui dissuadera toute tentative future d’opposition. En s’attaquant à des personnalités respectées, dotées de solides réseaux et de moyens financiers conséquents, Trump démontre que personne n’est à l’abri de sa vindicte. Si des figures de cette envergure peuvent être traînées devant les tribunaux sur la base d’accusations fragiles, que peut espérer le fonctionnaire lambda tenté par la rébellion ?
Cette logique de la destruction exemplaire s’inscrit dans une tradition autoritaire bien établie où le pouvoir affirme sa domination en s’attaquant aux figures les plus emblématiques de l’opposition. Vance, en promettant « davantage d’inculpations », ne fait que confirmer cette stratégie de l’exemple généralisé. Chaque nouveau nom qui tombera renforcera un peu plus ce message : résister à Trump, c’est accepter de voir sa vie, sa famille, sa carrière détruite par une machine judiciaire dévoyée au service de la vengeance présidentielle.
Les conséquences pour la démocratie américaine

L’effondrement de la séparation des pouvoirs
La transformation du département de la Justice en bras vengeur de la présidence marque l’effondrement définitif de l’un des piliers fondamentaux de la démocratie américaine. Depuis la fondation de la République, la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire garantissait un équilibre institutionnel que deux siècles et demi d’histoire n’avaient jamais réussi à ébranler durablement. Trump et Vance, en quelques mois seulement, sont parvenus à réduire ce principe à une fiction juridique sans substance. L’indépendance de la justice, ce joyau de la Constitution américaine, se trouve désormais soumise aux caprices et aux obsessions d’un homme qui confond pouvoir d’État et vengeance personnelle.
Cette mutation institutionnelle dépasse largement le cadre des États-Unis pour questionner la viabilité même du modèle démocratique occidental. Si la première démocratie du monde peut voir ses institutions les plus sacrées perverties avec une telle facilité, que peuvent espérer les démocraties plus fragiles face aux tentations autoritaires de leurs dirigeants ? Vance, en assumant publiquement cette dérive, envoie un signal dramatique aux autocrates du monde entier : oui, il est possible de détruire la démocratie de l’intérieur tout en conservant les apparences de la légalité.
La normalisation de l’autoritarisme
L’aspect le plus terrifiant de cette dérive réside peut-être dans sa banalisation progressive par une partie significative de l’opinion publique américaine. Les sondages révèlent qu’une majorité des électeurs républicains approuvent ces poursuites judiciaires contre les « ennemis » de Trump, preuve que la propagande présidentielle a réussi à convaincre des millions d’Américains que leurs concitoyens démocrates constituent une menace existentielle pour la nation. Cette polarisation extrême, savamment entretenue par Trump depuis près d’une décennie, a créé les conditions psychologiques nécessaires à l’acceptation de l’inacceptable.
Vance joue un rôle crucial dans cette normalisation en habillant les pulsions les plus sombres de Trump d’un vernis intellectuel et juridique. Son parcours d’ancien critique devenu apologiste fanatique du président lui confère une crédibilité particulière auprès des électeurs républicains modérés encore hésitants. En présentant ces dérives comme des mesures de « rétablissement de la justice », il transforme la vengeance en vertu civique. Cette alchimie rhétorique, cette capacité à inverser le sens des mots et des valeurs, constitue l’une des innovations les plus dangereuses de cette administration.
L’exportation du modèle Trump-Vance
Les conséquences de cette expérimentation autoritaire débordent largement les frontières américaines pour influencer l’évolution politique mondiale. Des dirigeants comme Viktor Orbán en Hongrie, Jair Bolsonaro au Brésil ou Narendra Modi en Inde observent avec fascination cette démonstration grandeur nature de destruction démocratique légalisée. Le « modèle Trump-Vance » de subversion institutionnelle par l’intérieur pourrait bien inspirer une nouvelle génération d’autocrates en costume déterminés à liquider les contre-pouvoirs tout en conservant une façade démocratique.
Cette influence géopolitique transforme la crise institutionnelle américaine en laboratoire de l’autoritarisme du XXIe siècle. En démontrant qu’il est possible de détruire l’État de droit sans coup d’État militaire, sans tanks dans les rues, sans dissolution brutale du Parlement, Trump et Vance offrent une méthode clé en main aux aspirants dictateurs du monde entier. Cette soft-autocratie, cette dictature en gants blancs, pourrait bien devenir le modèle dominant des régimes autoritaires de demain, rendant obsolètes les formes traditionnelles de résistance démocratique.
La résistance face à la machine répressive

L’héroïsme des derniers justes
Malgré la terreur institutionnelle qui s’abat sur le pays, quelques voix continuent de s’élever pour dénoncer cette dérive autoritaire. Mike Zamore, dirigeant de l’ACLU, a eu le courage de qualifier publiquement l’administration Trump de régime ayant « détourné le système judiciaire pour que sa campagne de vengeance devienne réalité ». Ces mots, prononcés dans un climat de terreur généralisée, résonnent comme un acte de résistance héroïque face à la machine répressive mise en place par Vance et ses complices. L’American Civil Liberties Union, cette organisation centenaire de défense des droits civiques, se retrouve en première ligne d’un combat pour la survie de la démocratie américaine.
Ces résistants de la dernière heure payent un prix personnel considérable pour leur engagement. Harcelés, menacés, parfois physiquement agressés par les militants trumpistes les plus radicaux, ils découvrent que défendre la Constitution relève désormais de l’héroïsme au quotidien. Leurs familles vivent dans la peur constante, leurs enfants changent d’école, leurs conjoints perdent leur emploi. Cette guerre d’usure psychologique, savamment orchestrée par l’administration, vise à épuiser moralement ceux qui osent encore résister à la normalisation de l’autoritarisme.
Les fissures dans l’appareil répressif
Paradoxalement, l’excès même de cette répression commence à créer des fissures au sein de l’appareil d’État. Des fuites régulières révèlent que de nombreux fonctionnaires fédéraux, y compris au sein du département de la Justice, expriment en privé leurs réticences face à cette instrumentalisation de leur institution. Ces témoignages anonymes, relayés par une presse encore partiellement libre, révèlent l’existence d’une résistance souterraine au cœur même de la machine répressive. Certains procureurs fédéraux auraient même tenté de ralentir délibérément l’instruction de dossiers jugés trop politisés.
Cette résistance passive, invisible mais réelle, pourrait constituer l’un des derniers verrous face à la dérive autoritaire en cours. Les fonctionnaires de carrière, attachés aux valeurs traditionnelles de service public, découvrent que leur loyauté première va à la Constitution plutôt qu’aux obsessions présidentielles. Cette tension entre fidélité institutionnelle et soumission politique crée des espaces de liberté ténus mais précieux dans lesquels la résistance peut s’organiser. Vance, conscient de ces risques, a d’ailleurs lancé une vaste opération de « nettoyage » administrative pour éliminer les éléments jugés peu fiables.
L’éveil tardif de l’opinion publique
Les excès les plus flagrants de cette campagne de représailles commencent à susciter une inquiétude croissante au sein de l’opinion publique américaine, y compris parmi certains électeurs républicains modérés. Les images de James Comey menotté, ce respectable grand-père de 64 ans traîné devant les tribunaux pour des faits remontant à cinq ans, choquent une partie de l’électorat attachée aux valeurs traditionnelles de décence politique. Cette évolution de l’opinion, encore fragile mais perceptible, pourrait contraindre l’administration à modérer ses ardeurs vengeresses.
Cependant, cette prise de conscience reste limitée par la puissance de la machine propagandiste trumpiste qui parvient encore à convaincre des millions d’Américains que ces poursuites relèvent de la justice normale. Vance excelle dans cet exercice de retournement de la réalité, présentant chaque nouvelle inculpation comme une victoire de la vérité contre la corruption. Cette bataille pour le contrôle du récit constitue l’un des enjeux cruciaux des mois à venir : l’administration parviendra-t-elle à maintenir sa légitimité narrative face à l’accumulation des preuves de ses dérives ?
Conclusion

L’irréversible basculement vers l’autocratie
Les déclarations de JD Vance ne laissent aucune place au doute : les États-Unis ont franchi un point de non-retour dans leur dérive autoritaire. En promettant « davantage d’inculpations » contre les ennemis de Trump, le vice-président ne fait pas que confirmer une stratégie politique ; il annonce la mort programmée de la démocratie américaine telle que le monde l’a connue depuis près de deux siècles et demi. Cette transformation de la justice en instrument de vengeance personnelle marque l’avènement d’un nouveau type de régime, une autocratie légalisée qui conserve les formes institutionnelles tout en vidant la démocratie de sa substance.
L’ampleur de cette mutation dépasse largement le cadre américain pour questionner l’avenir de la démocratie occidentale dans son ensemble. En démontrant qu’il est possible de subvertir un système démocratique mature sans recourir à la violence ouverte, Trump et Vance offrent un modèle de destruction institutionnelle qui pourrait inspirer les autocrates du monde entier. Cette « soft-dictature », cette tyrannie en costume-cravate, représente peut-être l’avenir des régimes autoritaires du XXIe siècle, rendant obsolètes les formes traditionnelles de résistance démocratique.
Le laboratoire de l’autoritarisme moderne
L’expérimentation Trump-Vance constitue un véritable laboratoire grandeur nature de l’autoritarisme moderne, observé avec fascination par tous les aspirants dictateurs de la planète. La sophistication de leurs méthodes, cette capacité à détourner les institutions démocratiques pour les retourner contre la démocratie elle-même, inaugure une nouvelle ère dans l’art de la tyrannie. Fini le temps des coups d’État militaires brutaux et spectaculaires : l’autoritarisme du futur sera légal, procédural, bureaucratique.
Cette révolution dans les techniques de pouvoir transforme radicalement les enjeux de la résistance démocratique. Comment lutter contre un régime qui utilise les lois pour détruire l’État de droit ? Comment résister à une dictature qui respecte scrupuleusement les formes constitutionnelles ? Ces questions, que se posent aujourd’hui les derniers démocrates américains, préfigurent les défis auxquels devront faire face toutes les démocraties occidentales dans les décennies à venir. L’Amérique de Trump et Vance devient ainsi le miroir de nos propres fragilités institutionnelles.
L’héritage empoisonné pour les générations futures
Au-delà de la tragédie immédiate que représente cette dérive pour les citoyens américains, c’est tout l’héritage démocratique de l’humanité qui se trouve compromis par cette expérimentation autoritaire. Les enfants qui grandissent aujourd’hui aux États-Unis intériorisent comme « normale » cette vision d’une justice au service du pouvoir politique, d’institutions transformées en instruments de vengeance partisane. Cette génération, façonnée par le trumpisme triomphant, portera en elle les germes d’une conception radicalement différente de la démocratie et de l’État de droit.
L’annonce de JD Vance résonne donc comme un glas pour l’idéal démocratique américain, mais aussi comme un avertissement dramatique pour l’ensemble du monde libre. En quelques mots prononcés avec cette froideur clinique qui le caractérise, le vice-président a signé l’acte de décès de deux siècles et demi d’expérimentation démocratique. « Il y aura certainement davantage d’inculpations » : cette phrase, gravée désormais dans le marbre de l’Histoire, marquera peut-être le moment précis où l’Amérique a définitivement basculé du côté obscur de l’autoritarisme légalisé. Le rêve américain se transforme sous nos yeux en cauchemar planétaire, et Vance en est le principal ordonnateur.