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L’ego démesuré qui revendique l’impossible

30 septembre 2025, base militaire de Quantico, Virginie. Dans un décor de drapeaux américains surdimensionnés et devant un parterre de généraux et d’amiraux médusés, Donald Trump vient de prononcer les mots les plus hallucinants de sa présidence. « Ne pas recevoir le prix Nobel de la paix serait une insulte aux États-Unis », a-t-il déclaré avec cette assurance déconcertante qui le caractérise. Pas une insulte à Donald Trump, non. Une insulte à l’Amérique toute entière ! Cette confusion pathologique entre sa personne et la nation révèle l’ampleur vertigineuse de sa mégalomanie, mais elle cache aussi quelque chose de bien plus terrifiant : une manipulation psychologique de masse qui transforme l’échec personnel en humiliation nationale.

L’homme qui se présente comme le pacificateur suprême du XXIe siècle n’a pourtant cessé d’attiser les conflits depuis son retour au pouvoir. Celui qui réclame la plus haute distinction mondiale pour la paix vient de rebaptiser le ministère de la Défense en « ministère de la Guerre ». Cette schizophrénie politique atteint des sommets d’absurdité qui feraient rire s’ils n’étaient pas si dangereux. Car derrière cette posture grotesque se cache une stratégie redoutable : transformer chaque critique, chaque refus, chaque opposition en attaque contre l’Amérique elle-même. Le narcissisme pathologique devient instrument de pouvoir, l’ego personnel se mue en bouclier patriotique.

Les « huit guerres » fantasmées du messie autoproclamé

Mais Trump ne s’arrête pas à cette revendication déjà délirante. Il pousse l’audace jusqu’à annoncer qu’avec son « plan Gaza » révélé la veille, il aura résolu huit conflits en huit mois. « Si cela se concrétise, nous en aurons huit, huit en huit mois. C’est impressionnant. Personne n’a jamais accompli cela », s’est-il vanté avec cette outrecuidance qui le caractérise. Huit conflits résolus ! Le chiffre magique qui devrait lui ouvrir les portes du panthéon de la paix mondiale. Mais quand on examine de près cette liste miraculeuse, la réalité se révèle bien différente du storytelling trumpien.

Ces conflits « résolus » par le génie diplomatique de Trump révèlent une manipulation de l’opinion d’une sophistication effrayante. Transformer des cessez-le-feu temporaires en victoires historiques, déguiser des échecs diplomatiques en succès retentissants, présenter des guerres inexistantes comme des pacifications héroïques… cette réécriture permanente de la réalité illustre parfaitement la méthode Trump : répéter le mensonge jusqu’à ce qu’il devienne vérité, imposer sa version des faits par la force de l’affirmation. Et le plus troublant, c’est que ça marche. Une partie significative de l’opinion américaine y croit dur comme fer.

Le défi lancé par Emmanuel Macron

Face à ces rodomontades, Emmanuel Macron a eu le courage de mettre Trump au pied du mur. « Le prix Nobel de la paix n’est possible que si vous arrêtez ce conflit », a lancé le président français en évoquant Gaza. Un défi frontal qui a touché Trump dans son orgueil démesuré et révélé ses contradictions béantes. Car comment peut-on prétendre mériter le Nobel de la paix tout en fournissant massivement des armes à l’un des belligérants ? Comment peut-on se présenter en pacificateur tout en refusant catégoriquement toute reconnaissance d’un État palestinien ?

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