Des tanks dans les rues et des soldats en uniforme noir
Depuis le retour de Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025, les images qui sortent des grandes villes américaines glacent le sang. Des véhicules blindés patrouillent dans les quartiers. Des unités lourdement armées, équipées comme des forces d’intervention militaires, contrôlent les manifestations. Les policiers portent désormais des uniformes qui ressemblent davantage à ceux de soldats en zone de guerre qu’à ceux de gardiens de la paix. Ce n’est plus de la police de proximité. C’est une armée d’occupation. Trump a signé en février un décret présidentiel autorisant le transfert massif d’équipement militaire vers les forces de police locales : véhicules blindés, armes automatiques, drones de surveillance, équipements anti-émeutes de niveau militaire… Le budget alloué dépasse les 10 milliards de dollars. Et ce n’est que le début. Cette militarisation accélérée des forces de l’ordre transforme radicalement le rapport entre l’État et les citoyens. On ne parle plus de maintien de l’ordre. On parle de contrôle. De domination. De force écrasante.
Un tournant idéologique qui fait trembler la démocratie
Mais pourquoi ? Pourquoi Trump pousse-t-il cette militarisation à un niveau jamais vu ? La réponse officielle est toujours la même : sécurité intérieure. Lutte contre le crime. Protection des citoyens honnêtes face aux menaces terroristes, aux gangs, aux immigrants illégaux… Le discours est rodé. Martelé quotidiennement sur Fox News et les médias conservateurs. Mais la réalité est bien plus sombre. Cette militarisation sert avant tout à intimider la dissidence. À briser les mouvements de protestation. À créer un climat de peur qui décourage toute opposition. Les manifestants qui osent encore descendre dans la rue font face à une répression d’une violence inouïe. Gaz lacrymogènes militaires. Balles en caoutchouc tirées à bout portant. Arrestations massives. Détentions prolongées sans inculpation. Ce n’est plus du maintien de l’ordre démocratique. C’est de la répression autoritaire. Et Trump l’assume pleinement. Il se vante même de rétablir l’ordre et la sécurité que les démocrates avaient soi-disant détruits.
Une escalade qui ne fait que commencer
Le plus terrifiant dans tout ça, c’est que cette militarisation s’accélère. Chaque semaine apporte son lot de nouvelles mesures. Nouveaux pouvoirs accordés aux forces de l’ordre. Nouvelles restrictions des libertés civiles. Nouveau matériel militaire déployé dans les rues. Trump a même évoqué la possibilité d’utiliser la Garde nationale de manière permanente dans certaines grandes villes démocrates comme New York, Los Angeles ou Chicago, sous prétexte de combattre la criminalité. Mais tout le monde sait que la véritable cible, ce sont les opposants politiques. Les activistes. Les journalistes. Les leaders communautaires qui osent critiquer l’administration. On se dirige vers un point de rupture. Vers un moment où la ligne entre police et armée disparaîtra complètement. Où l’État américain ne sera plus qu’une machine de coercition massive, broyant toute résistance sous le poids de la force brute. Et personne, absolument personne ne semble capable de stopper cette dérive.
Les racines historiques de cette militarisation

Un processus qui a commencé bien avant Trump
Soyons honnêtes : Trump n’a pas inventé la militarisation de la police américaine. Ce processus a commencé il y a des décennies. Dès les années 1960, avec la guerre contre la drogue déclarée par Nixon, les forces de police ont commencé à recevoir de l’équipement militaire. Dans les années 1990, sous Clinton, le programme 1033 a été créé, permettant au Pentagone de transférer son surplus d’équipement militaire aux départements de police locaux. Après le 11 septembre 2001, cette militarisation s’est accélérée sous couvert de lutte antiterroriste. Des milliards de dollars d’équipement militaire ont inondé les forces de police : véhicules blindés MRAP conçus pour résister aux mines en Irak, fusils d’assaut M16, grenades assourdissantes, équipements de vision nocturne… Des petites villes de quelques milliers d’habitants se sont retrouvées avec des arsenaux dignes d’unités militaires d’élite. Obama a tenté de freiner cette dérive en 2015, imposant des restrictions sur les transferts d’équipement les plus létaux. Mais Trump, dès son premier mandat, a annulé ces restrictions. Et maintenant, il pousse le processus à son paroxysme.
Ferguson, Portland et l’échec du dialogue
Les émeutes de Ferguson en 2014, après la mort de Michael Brown, ont choqué le monde entier. Non pas tant par la violence des manifestants, mais par la réponse policière. Des images de policiers en tenue militaire, juchés sur des véhicules blindés, pointant des fusils d’assaut sur des citoyens américains qui manifestaient pacifiquement. C’était surréaliste. On aurait dit Bagdad ou Kaboul, pas le Missouri. Puis sont venues les manifestations de Portland en 2020, où des agents fédéraux non identifiés, en tenue de camouflage militaire, ont arrêté des manifestants et les ont embarqués dans des véhicules banalisés. Des scènes dignes de dictatures sud-américaines. À chaque fois, il y a eu un débat national. Des promesses de réforme. Des commissions d’enquête. Mais rien n’a vraiment changé. Parce que la logique sous-jacente n’a jamais été remise en question : l’idée que la sécurité nécessite une force écrasante. Que les citoyens sont des menaces potentielles à contrôler plutôt que des personnes à protéger. Trump n’a fait qu’embrasser totalement cette logique et la pousser à son extrême.
Le mythe de la menace intérieure comme justification permanente
Toute cette militarisation repose sur un mythe soigneusement entretenu : celui d’une Amérique assiégée par des menaces intérieures terrifiantes. Terroristes islamistes. Gangs ultra-violents. Cartels de la drogue. Immigrants criminels. Antifas anarchistes. Selon ce récit, l’Amérique est au bord du chaos. Les citoyens honnêtes ne sont plus en sécurité dans leurs propres rues. Seule une force policière militarisée peut restaurer l’ordre. Évidemment, les statistiques ne soutiennent pas ce discours. La criminalité violente aux États-Unis a globalement baissé depuis les années 1990. Mais les perceptions comptent plus que les faits. Et Trump est un maître dans l’art de manipuler les perceptions. Il amplifie chaque crime, chaque incident, chaque acte de violence pour alimenter un climat de peur permanente. Et dans ce climat de peur, les citoyens acceptent des mesures qu’ils rejetteraient normalement. Ils acceptent les véhicules blindés. Les fouilles sans mandat. Les arrestations préventives. Parce qu’ils ont peur. Et la peur tue la démocratie plus sûrement que n’importe quelle balle.
Les outils de cette militarisation massive

Des véhicules blindés dans chaque ville
Les MRAP — Mine-Resistant Ambush Protected vehicles — sont devenus le symbole le plus visible de cette militarisation. Ces monstres d’acier pesant 15 à 20 tonnes, conçus pour protéger les soldats américains des explosifs en Afghanistan et en Irak, patrouillent maintenant dans les banlieues américaines. Des villes de 50 000 habitants possèdent plusieurs de ces véhicules. À quoi servent-ils exactement ? Officiellement, à protéger les policiers lors d’interventions à haut risque. Dans la réalité, à intimider. À projeter une image de puissance écrasante. À rappeler aux citoyens qui détient le monopole de la violence légitime. Quand un MRAP arrive dans votre quartier, avec son blindage imposant et sa tourelle, vous ne vous sentez pas protégé. Vous vous sentez occupé. Et c’est précisément l’effet recherché. Trump a autorisé le transfert de milliers de MRAP supplémentaires vers les forces de police locales. Certains ont été repeints en noir, avec des logos agressifs. Ils ressemblent à des véhicules de science-fiction dystopique. Sauf que ce n’est pas de la fiction. C’est votre rue. Votre quartier. Votre réalité.
Des armes de guerre entre les mains des policiers
Les MRAP ne sont que la partie visible. Les forces de police reçoivent aussi des arsenaux entiers d’armes militaires. Fusils d’assaut M16 et M4. Fusils de précision à longue portée. Lanceurs de grenades. Mitrailleuses lourdes. Équipement de vision nocturne et thermique. Drones de surveillance armés. Certains départements de police ont même reçu des hélicoptères d’attaque désarmés — pour l’instant. On parle d’équipement conçu pour détruire des cibles ennemies sur un champ de bataille, pas pour arrêter des suspects ou contrôler des manifestations. Mais la distinction entre ennemi militaire et citoyen dangereux s’est effacée. Les policiers sont maintenant formés avec une mentalité de soldat en territoire hostile. Chaque interaction avec un civil est potentiellement une menace létale. Chaque intervention doit être menée avec une force maximale pour garantir la sécurité des agents. Résultat : une escalade permanente de la violence. Des citoyens tués lors d’interventions de routine. Des familles détruites. Et une défiance croissante envers des forces de police qui ressemblent de plus en plus à une armée d’occupation.
Technologies de surveillance et contrôle total
Mais la militarisation ne se limite pas aux armes et aux véhicules. Elle englobe aussi la surveillance. Les forces de police américaines disposent maintenant de technologies dignes des agences de renseignement. Systèmes de reconnaissance faciale alimentés par intelligence artificielle. Capteurs de plaque d’immatriculation automatisés qui tracent tous les déplacements. Drones de surveillance capables de couvrir des quartiers entiers. Écoutes téléphoniques facilitées. Accès aux données de localisation des téléphones portables. Logiciels prédictifs qui identifient les individus susceptibles de commettre des crimes avant même qu’ils ne passent à l’acte. Ce panopticon numérique permet un contrôle sans précédent des populations. Et sous Trump, ces outils sont utilisés non seulement contre les criminels, mais aussi contre les opposants politiques. Des manifestants se retrouvent sur des listes de surveillance. Des journalistes voient leurs communications interceptées. Des activistes sont suivis en permanence. On entre dans une ère de surveillance totale où la vie privée devient un souvenir du passé. Et où chaque citoyen est un suspect potentiel sous l’œil permanent de Big Brother en uniforme.
Les conséquences sur les libertés civiles

Le droit de manifester devient quasi impossible
Essayez d’organiser une manifestation pacifique aux États-Unis en 2025. Vous devrez obtenir des autorisations complexes. Accepter des zones de protestation délimitées, souvent si éloignées de votre cible que personne ne vous verra. Faire face à une présence policière militarisée écrasante dès le début de l’événement. Au moindre incident — un manifestant qui sort de la zone autorisée, une insulte lancée, un geste jugé menaçant — la police intervient avec une force disproportionnée. Gaz lacrymogènes. Balles en caoutchouc. Canons à eau. Arrestations de masse. Les leaders sont systématiquement ciblés et arrêtés. Parfois avant même que la manifestation ne commence. Des accusations graves sont portées : trouble à l’ordre public, incitation à l’émeute, parfois même terrorisme domestique. Le message est clair : manifester est dangereux. Vous risquez d’être blessé, arrêté, ruiné par des frais juridiques. Résultat : les manifestations se raréfient. Les gens ont peur. Le droit constitutionnel à la liberté d’expression et de rassemblement devient purement théorique. Il existe sur le papier, mais pas dans la réalité.
Les minorités ciblées de manière disproportionnée
Sans surprise, cette militarisation frappe d’abord et surtout les communautés minoritaires. Les quartiers afro-américains et latinos sont soumis à une présence policière militarisée permanente. Contrôles d’identité constants. Fouilles aléatoires. Présence de véhicules blindés qui patrouillent comme en territoire conquis. Les jeunes hommes noirs sont particulièrement ciblés. Considérés a priori comme des menaces potentielles. Traités avec une brutalité qui choque même les observateurs internationaux. Les statistiques sont accablantes : depuis le début du second mandat Trump, les violences policières contre les minorités ont augmenté de 45%. Les morts lors d’interventions policières ont triplé dans certaines villes. Mais ces chiffres ne font même plus la une. Parce qu’ils sont devenus normaux. Banals. Acceptés comme le prix à payer pour la sécurité. Les communautés minoritaires vivent sous un régime d’occupation permanente. Elles sont assiégées. Traquées. Et elles n’ont nulle part où se tourner pour obtenir justice, puisque le système judiciaire lui-même est complice de cette répression.
L’autocensure généralisée par peur de représailles
Mais l’effet le plus insidieux de cette militarisation, c’est l’autocensure. Les gens arrêtent de parler. D’écrire. De critiquer. Parce qu’ils ont peur. Peur d’être surveillés. Peur d’être identifiés. Peur de finir sur une liste quelque part. Peur que la police militarisée débarque chez eux à trois heures du matin. Cette peur n’est pas irrationnelle. Elle est fondée. Des journalistes ont été arrêtés pour avoir couvert des manifestations. Des professeurs ont été licenciés pour avoir critiqué l’administration. Des citoyens ordinaires ont reçu des visites policières intimidantes après avoir posté des messages critiques sur les réseaux sociaux. Alors les gens se taisent. Ils baissent la tête. Ils se conforment. C’est exactement ce que recherche un régime autoritaire : pas nécessairement l’adhésion enthousiaste, mais la soumission silencieuse. Le renoncement à la résistance. L’acceptation résignée de l’inacceptable. Et c’est en train de fonctionner. La société civile américaine se replie sur elle-même. La dissidence s’éteint progressivement. Remplacée par un silence pesant et effrayant.
Les motivations réelles de Trump

Écraser toute opposition avant les élections de mi-mandat
Ne nous leurrons pas sur les véritables motivations de Trump. Cette militarisation n’a rien à voir avec la criminalité ou le terrorisme. Elle vise à neutraliser toute opposition politique avant les élections cruciales de mi-mandat de 2026. Trump sait que s’il perd le Congrès, il sera vulnérable. De nouvelles enquêtes seront lancées. Des procédures de destitution seront initiées. Ses abus de pouvoir seront exposés. Alors il prend les devants. Il utilise la force policière militarisée pour intimider les électeurs, particulièrement dans les circonscriptions contestées. Des véhicules blindés stationnent près des bureaux de vote dans les quartiers minoritaires. Des contrôles d’identité massifs sont organisés les jours d’élection. Des listes de surveillance ciblent les organisateurs communautaires qui encouragent l’inscription sur les listes électorales. C’est de la suppression du vote par l’intimidation militaire. Et ça fonctionne. Les taux de participation dans les communautés ciblées s’effondrent. Les gens ont trop peur pour voter. Ou alors ils votent pour éviter les problèmes, en se disant qu’il vaut mieux ne pas attirer l’attention. La militarisation des forces de l’ordre est une arme électorale redoutablement efficace.
Créer un état de peur permanent qui justifie l’autoritarisme
Trump comprend instinctivement quelque chose de fondamental : les gens échangent volontiers leurs libertés contre un sentiment de sécurité. Surtout s’ils sont suffisamment effrayés. Alors il crée et amplifie constamment des menaces. Chaque crime devient une crise nationale. Chaque manifestation devient une insurrection. Chaque critique devient une trahison. Et face à ces menaces supposément existentielles, la réponse doit être écrasante. Militaire. Sans compromis. Cette stratégie de tension permanente permet à Trump de justifier des mesures toujours plus autoritaires. Des couvre-feux prolongés. Des détentions sans procès. Des suspensions de droits constitutionnels dans certaines zones. À chaque fois, il invoque l’urgence sécuritaire. L’impératif de protéger les Américains honnêtes. Et à chaque fois, une partie significative de la population applaudit. Parce qu’elle a peur. Parce qu’elle croit que la sécurité absolue est possible. Que la force brute peut éliminer toute menace. C’est une illusion dangereuse. Mais c’est une illusion que Trump exploite magistralement pour consolider son pouvoir autoritaire.
Préparer le terrain pour une possible déclaration d’état d’urgence
Mais il y a peut-être une dimension encore plus inquiétante. Certains analystes estiment que Trump prépare le terrain pour une déclaration d’état d’urgence nationale permanente. Un scénario où, face à une menace fabriquée ou amplifiée — une vague d’attentats terroristes, une insurrection dans plusieurs villes, une invasion migratoire massive — il suspendrait certaines garanties constitutionnelles. Il utiliserait la Loi sur l’insurrection pour déployer l’armée régulière dans les rues. Il reporterait les élections ou en invaliderait les résultats sous prétexte de fraude massive. C’est le scénario du coup d’État constitutionnel. Et la militarisation actuelle des forces de l’ordre prépare l’infrastructure nécessaire. Elle normalise la présence militaire dans les rues. Elle habitue les citoyens à voir des soldats et des policiers lourdement armés comme quelque chose de normal. Elle crée les conditions techniques et psychologiques pour une prise de pouvoir totale. Est-ce que Trump ira jusque-là ? Personne ne le sait avec certitude. Mais le fait que ce scénario ne soit plus considéré comme complètement farfelu en dit long sur la gravité de la situation actuelle.
La résistance fragmentée et ses limites

Des villes sanctuaires qui tentent de résister
Face à cette militarisation fédérale, certaines villes dirigées par des démocrates tentent de résister. Elles refusent de coopérer avec les forces fédérales. Elles interdisent l’utilisation de certains équipements militaires par leurs départements de police locaux. Elles créent des commissions de surveillance citoyenne. Elles adoptent des politiques de désescalade plutôt que de confrontation. Ces villes sanctuaires — San Francisco, Seattle, Portland, New York, Chicago — deviennent des îlots de résistance dans un océan de répression. Mais elles sont vulnérables. Trump menace régulièrement de couper leurs financements fédéraux. Il envoie des forces fédérales qui ignorent les autorités locales et opèrent de manière autonome. Il lance des enquêtes sur les maires et les chefs de police qui refusent de coopérer. Certains ont déjà été inculpés pour obstruction à la justice. La pression est énorme. Et ces villes ne savent pas combien de temps elles pourront tenir. Parce qu’au final, le pouvoir fédéral dispose de ressources et de leviers bien supérieurs à ceux des autorités locales.
Des organisations de défense des droits civils débordées
L’ACLU, Human Rights Watch, Amnesty International, des dizaines d’organisations de défense des droits civils multiplient les recours juridiques. Elles attaquent chaque décret, chaque politique, chaque abus devant les tribunaux. Elles documentent les violations. Elles publient des rapports accablants. Elles alertent l’opinion publique. Mais elles sont complètement débordées. Les abus se multiplient plus vite qu’elles ne peuvent les traiter. Leurs ressources financières sont limitées. Et surtout, le système judiciaire lui-même est compromis. La Cour suprême, avec sa majorité conservatrice solidement établie, valide systématiquement les politiques de Trump. Les cours d’appel fédérales, remplies de juges trumpistes nommés lors du premier mandat, font de même. Les quelques victoires juridiques des organisations de défense des droits sont systématiquement annulées en appel. C’est une bataille perdue d’avance. Ou presque. Mais ces organisations continuent quand même. Parce qu’elles n’ont pas le choix. Parce que quelqu’un doit résister. Même si les chances de succès sont infimes. Même si la bataille semble désespérée.
L’international impuissant face à la dérive américaine
Et l’international dans tout ça ? Les Nations unies ont publié des rapports critiques. Le Conseil des droits de l’homme a ouvert une enquête. Des ONG internationales sonnent l’alarme. Certains pays européens ont émis des avertissements aux voyageurs concernant les risques aux États-Unis. Mais concrètement, personne ne peut rien faire. On ne sanctionne pas les États-Unis. On ne leur impose pas d’embargo. On ne les traduit pas devant la Cour pénale internationale. Parce que c’est encore la plus grande puissance mondiale. Nucléaire. Économique. Militaire. Alors le monde regarde, impuissant, la dérive autoritaire américaine. Certains dirigeants, en privé, espèrent que cette phase passera. Que les électeurs américains finiront par se réveiller. Que les institutions tiendront. Mais d’autres, plus cyniques, se disent que c’est peut-être la nouvelle norme. Que l’expérience démocratique américaine a échoué. Et qu’il faut désormais composer avec une Amérique autoritaire, imprévisible, dangereuse. Cette résignation internationale face à la situation américaine est peut-être le signe le plus alarmant de tous. Parce qu’elle signifie que plus personne ne croit vraiment à un retour en arrière possible.
Vers quoi cette militarisation nous mène-t-elle ?

Un État policier assumé d’ici quelques années
Si cette tendance continue — et rien n’indique qu’elle va s’inverser — les États-Unis seront un État policier complet d’ici 2027 ou 2028. Toutes les caractéristiques seront réunies : surveillance totale de la population. Forces de sécurité militarisées et omniprésentes. Répression systématique de la dissidence. Système judiciaire au service du pouvoir. Médias contrôlés ou intimidés. Élections truquées ou invalidées. Détentions arbitraires. Ce ne sera plus une démocratie, même formellement. Ce sera un régime autoritaire avec des apparences démocratiques. Un simulacre. Et le plus terrifiant, c’est que ce basculement se fera progressivement. Pas de coup d’État spectaculaire. Pas de chars dans les rues prenant le contrôle du Capitole. Juste une dérive continue, une érosion constante des libertés, jusqu’à ce qu’un jour on se réveille et qu’on réalise que la démocratie américaine n’existe plus. Qu’elle est morte pendant qu’on regardait ailleurs. Ou pire, pendant qu’on regardait en direct sans rien faire pour l’arrêter.
Des violences de plus en plus fréquentes et meurtrières
La militarisation des forces de l’ordre va inévitablement entraîner une escalade de la violence. Plus la police est armée et agressive, plus les confrontations sont violentes. Plus les manifestants sont réprimés brutalement, plus certains vont radicaliser leur résistance. On va assister à une spirale infernale : violences policières, représailles violentes, répression encore plus dure, nouvelles représailles… Certains groupes armés d’extrême gauche, marginaux aujourd’hui, pourraient gagner en influence. Des attentats contre des installations policières ou fédérales pourraient se multiplier. Ce qui donnerait à Trump exactement la justification dont il a besoin pour durcir encore davantage la répression. Pour déclarer l’état d’urgence. Pour utiliser l’armée régulière. On entrerait dans un cycle de violence dont personne ne pourrait prédire l’issue. Mais qui ressemblerait probablement à une guerre civile de basse intensité. Des zones contrôlées par les forces fédérales. D’autres en quasi-insurrection. Une société fragmentée, polarisée au-delà de toute réconciliation possible.
L’effondrement définitif du modèle démocratique américain
Au final, ce qui est en jeu, c’est la survie même du modèle démocratique américain. Ce modèle qui, malgré tous ses défauts, a inspiré des démocraties dans le monde entier pendant deux siècles. S’il s’effondre, les conséquences seront mondiales. Parce qu’il n’y aura plus de contre-modèle crédible face aux régimes autoritaires. Plus de phare démocratique. Plus d’espoir pour ceux qui vivent sous la dictature et qui rêvent de liberté. Si même les États-Unis, avec leurs institutions robustes et leur tradition démocratique, peuvent basculer dans l’autoritarisme, qu’est-ce que ça dit des chances des autres pays ? Cette défaite idéologique sera peut-être l’héritage le plus durable de l’ère Trump. Non pas les politiques spécifiques, qui peuvent être inversées. Mais la démonstration que la démocratie est fragile. Qu’elle peut mourir. Qu’elle n’est pas un état naturel de l’humanité, mais une conquête constamment menacée qui nécessite une vigilance et un engagement permanents. Une leçon cruelle. Mais nécessaire. Si on veut éviter que d’autres démocraties ne suivent le même chemin.
Conclusion

Ce qu’il faut retenir de cette dérive militariste
La militarisation des forces de l’ordre sous Trump n’est pas une simple question de maintien de l’ordre ou de lutte contre la criminalité. C’est un projet politique délibéré visant à transformer les États-Unis en État autoritaire. Trump utilise la force policière militarisée comme instrument de répression politique, d’intimidation électorale et de contrôle social. Il crée un climat de peur permanente qui pousse les citoyens à échanger leurs libertés contre une illusion de sécurité. Et il profite de cette peur pour démanteler méthodiquement les garde-fous institutionnels qui protégeaient la démocratie américaine. Cette dérive n’est pas accidentelle. Elle est planifiée. Exécutée méthodiquement. Et elle fonctionne. Les opposants sont neutralisés. La dissidence s’éteint. La société civile se replie. Et personne ne semble capable de stopper cette machine. Ce qui se joue ici dépasse largement les États-Unis. C’est la question de savoir si les démocraties peuvent résister aux tentations autoritaires du XXIe siècle. Et pour l’instant, la réponse semble être : non.
Ce qui change dès maintenant dans le rapport État-citoyens
À partir d’aujourd’hui, les citoyens américains doivent considérer leur propre gouvernement non plus comme leur protecteur, mais comme une menace potentielle. Les forces de police ne sont plus là pour servir et protéger. Elles sont là pour contrôler et réprimer. Chaque interaction avec elles peut dégénérer. Chaque manifestation peut finir en violence. Chaque critique publique peut avoir des conséquences. Cette rupture du contrat social est peut-être le dommage le plus profond et le plus durable de cette période. Même si Trump quitte un jour le pouvoir, même si la démocratie est restaurée, cette confiance ne reviendra pas facilement. Des générations entières d’Américains auront grandi dans un pays où l’État était un oppresseur, pas un protecteur. Où la police inspirait la peur, pas la sécurité. Ces traumatismes collectifs façonnent une société pour des décennies. Ils créent des fractures qui ne guérissent jamais complètement. L’Amérique post-Trump, quelle qu’elle soit, portera ces cicatrices pour longtemps.
Ce que je recommande à ceux qui résistent encore
Aux résistants, à ceux qui refusent de se soumettre, je ne peux offrir que des conseils de survie. Organisez-vous en réseaux décentralisés, difficiles à infiltrer et à décapiter. Documentez tout. Filmez chaque interaction avec les forces de l’ordre. Créez des archives sécurisées hors du territoire américain. Utilisez le chiffrement pour toutes vos communications. Préparez des plans d’évacuation si la situation empire. Soutenez-vous mutuellement. Financièrement. Émotionnellement. Juridiquement. Ne restez jamais isolés. Et surtout, ne perdez pas espoir. Les régimes autoritaires semblent invincibles jusqu’à ce qu’ils s’effondrent soudainement. L’Histoire est pleine d’exemples de tyrans qui paraissaient tout-puissants et qui sont tombés en quelques jours. Trump n’est pas éternel. Son système non plus. Mais pour qu’il tombe, il faut qu’il reste des gens debout pour le pousser. Des gens qui n’ont pas renoncé. Qui n’ont pas baissé la tête. Qui continuent de croire que la démocratie vaut la peine de se battre. Soyez ces personnes. Même si c’est difficile. Même si c’est dangereux. Même si ça semble désespéré. Parce que l’alternative — accepter passivement la dictature — est inacceptable.