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Quand l’humoriste biologiste entre dans l’arène politique

Boucar Diouf n’est pas du genre à se mêler de politique internationale. Ce biologiste devenu humoriste québécois, connu pour ses chroniques pleines d’humanité sur la nature et la société, préfère habituellement parler de saumons, de bélugas et de différences culturelles avec son humour unique. Mais voilà. Depuis que des rumeurs persistantes circulent sur une possible nomination de Donald Trump au prix Nobel de la paix pour son rôle dans un hypothétique accord de paix entre la Russie et l’Ukraine, Boucar a décidé de sortir du bois. Et il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère. Dans une chronique diffusée cette semaine sur les ondes de Radio-Canada, l’homme a livré une analyse aussi dévastatrice que nuancée de cette aberration potentielle. Et le Québec francophone tout entier s’est enflammé. Parce que quand Boucar parle, les gens écoutent. Parce qu’il a cette capacité rare de dire des vérités qui dérangent avec une douceur qui désarme. Mais cette fois, la douceur a laissé place à quelque chose de plus tranchant. De plus urgent.

Un Nobel pour Trump serait la fin de toute crédibilité

Boucar Diouf a été catégorique. Donner le prix Nobel de la paix à Donald Trump, même s’il parvenait à négocier un cessez-le-feu en Ukraine, serait une insulte à tous ceux qui l’ont reçu légitimement. Une gifle à la mémoire de Martin Luther King, de Nelson Mandela, de Malala Yousafzai. Comment peut-on récompenser un homme qui a passé sa carrière politique à attiser les divisions, à encourager la violence, à mépriser les institutions internationales et les droits humains ? Un homme qui a tenté de renverser les résultats d’une élection démocratique en 2021 ? Qui a séparé des enfants migrants de leurs parents à la frontière ? Qui a systématiquement démoli les alliances et les traités de paix existants ? Boucar soulève une question fondamentale : le Nobel de la paix récompense-t-il un acte ponctuel, ou une cohérence dans l’engagement pour la paix ? Si c’est le premier, alors n’importe quel dictateur pourrait l’obtenir en signant un accord opportuniste. Si c’est le second, alors Trump est disqualifié d’office. Et l’humoriste biologiste enfonce le clou : donner ce prix à Trump transformerait le Nobel en farce. En outil politique cynique vidé de toute signification morale.

Une prise de position qui divise déjà le Québec

Évidemment, la déclaration de Boucar Diouf a provoqué une tempête. Les réseaux sociaux québécois se sont immédiatement polarisés. D’un côté, ceux qui applaudissent son courage. Qui saluent le fait qu’une personnalité publique appréciée ose prendre position clairement contre Trump dans un contexte où beaucoup préfèrent rester neutres par peur des représailles ou des controverses. De l’autre, ceux qui l’accusent de partialité. De se mêler de ce qui ne le regarde pas. De salir un processus diplomatique qui pourrait sauver des milliers de vies. Certains vont même jusqu’à dire qu’il devrait rester dans son domaine — l’humour et la vulgarisation scientifique — plutôt que de s’aventurer dans l’analyse politique. Mais Boucar a répondu avec une simplicité désarmante : en tant que citoyen du monde, en tant qu’immigrant qui a trouvé refuge au Canada, en tant qu’humaniste, il a non seulement le droit mais le devoir de s’exprimer quand il voit une injustice aussi flagrante se profiler. Et cette réponse a résonné fort. Très fort.

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