L’annonce qui fait trembler Mexico et Washington
Pete Hegseth, le secrétaire à la Défense de Trump — oui, l’ancien présentateur de Fox News devenu chef du Pentagone dans un monde qui a perdu tout sens — vient d’annoncer la création d’un groupe de travail militaire spécialement dédié à la lutte antidrogue. Pas une task force interagences classique. Pas une coordination renforcée avec la DEA. Non. Une unité opérationnelle militaire avec mandat explicite de détruire les cartels mexicains. Par tous les moyens nécessaires, dit le communiqué. Cette formulation floue cache une réalité terrifiante : Trump vient d’autoriser des opérations militaires offensives — frappes aériennes, raids commandos, peut-être même déploiement de forces terrestres — sur le territoire mexicain. Avec ou sans l’accord de Mexico. C’est colossal. C’est potentiellement catastrophique. Et ça commence maintenant, en octobre 2025, pendant que le monde regarde ailleurs. Bienvenue dans une nouvelle ère où les États-Unis s’arrogent le droit d’envahir militairement leurs voisins au nom de la guerre contre la drogue. Comme si cinquante ans d’échecs n’avaient rien enseigné.
Trump tient sa promesse la plus dangereuse
Ce n’est pas une surprise totale. Durant sa campagne 2024, Trump avait promis de bombarder les laboratoires de fentanyl au Mexique, de classer les cartels comme organisations terroristes, d’utiliser la force militaire américaine pour les éradiquer. Beaucoup pensaient que c’était de la rhétorique électorale excessive, qu’une fois au pouvoir la réalité diplomatique et stratégique le modérerait. Erreur. Trump ne modère jamais. Il double. Il triple. Et maintenant qu’il a placé un loyaliste comme Hegseth à la tête du Pentagone — quelqu’un sans expérience militaire de haut niveau mais avec une fidélité canine au président — il a les moyens d’agir. Le groupe de travail antidrogue est censé être opérationnel d’ici fin novembre. Ça signifie que dans six semaines maximum, des soldats américains pourraient mener des opérations offensives au Mexique. Les implications géopolitiques, humanitaires, légales sont vertigineuses. Et personne ne semble capable d’arrêter cette folie.
Pourquoi cette escalade va tout changer
Parce qu’on ne parle plus de coopération bilatérale, d’assistance technique, de partage de renseignements. On parle d’action militaire unilatérale d’une superpuissance sur le territoire d’un pays souverain. C’est une violation flagrante du droit international. Une agression selon les critères de la Charte de l’ONU. Un précédent catastrophique qui légitimera toutes les futures interventions unilatérales — la Russie en Ukraine, la Chine à Taiwan, qui que ce soit n’importe où. Et au-delà du juridique, il y a le pratique : les cartels mexicains ne sont pas des groupes terroristes classiques. Ce sont des organisations hybrides, ancrées dans le tissu social et économique de régions entières, disposant d’arsenaux militaires, contrôlant des pans entiers de l’État mexicain. Les combattre militairement sans plan politique cohérent, c’est garantir un chaos sanglant qui fera ressembler l’Irak et l’Afghanistan à des opérations chirurgicales réussies. Mais Trump s’en fiche. Hegseth applaudit. Et le Mexique tremble.
Pete Hegseth : l'homme qui n'aurait jamais dû diriger le Pentagone

Du plateau télé au bureau du secrétaire à la Défense
Pete Hegseth, quarante-cinq ans, ancien officier de la Garde nationale ayant servi en Irak et Afghanistan au niveau tactique. Pas de commandement de haut niveau. Pas d’expérience de planification stratégique. Pas de passage par l’état-major interarmées ou les écoles de guerre. Après son service militaire, il est devenu commentateur conservateur, puis présentateur vedette sur Fox News où il a passé des années à défendre Trump, critiquer les généraux professionnels jugés trop prudents, plaider pour une militarisation accrue de la politique étrangère américaine. Quand Trump l’a nommé secrétaire à la Défense en janvier 2025 — contournant des dizaines de généraux qualifiés — le choc a été total. Les analystes militaires ont parlé de catastrophe annoncée. Les alliés de l’OTAN ont exprimé discrètement leur inquiétude. Mais le Sénat républicain, docile comme toujours, a confirmé la nomination. Et voilà. L’homme qui dirigeait des débats télévisés contrôle désormais le plus puissant appareil militaire de l’histoire humaine. Rassurant.
Une idéologie belliciste et une loyauté aveugle à Trump
Hegseth n’est pas un technocrate pragmatique cherchant à servir l’intérêt national au-delà des partis. C’est un idéologue trumpiste pur. Il croit que l’Amérique doit imposer sa volonté par la force, que les contraintes juridiques internationales sont des obstacles à contourner, que les alliés traditionnels sont faibles et que seule la puissance brute compte. Ses éditoriaux passés plaident pour des frappes préventives contre l’Iran, l’intervention militaire au Venezuela, le bombardement des sites nucléaires nord-coréens. Chaque problème international a une solution militaire dans son esprit. Et surtout, il est loyal à Trump avec une ferveur quasi-religieuse. Quand le président ordonne, Hegseth exécute. Sans questionner. Sans modérer. Sans consulter les professionnels. C’est exactement pour ça que Trump l’a choisi. Parce que les généraux de carrière avaient l’habitude irritante de rappeler les contraintes légales, stratégiques, diplomatiques. Hegseth ne connaît qu’une contrainte : la volonté présidentielle. Et elle vient d’ordonner la destruction des cartels.
Les généraux professionnels écartés et inquiets
Depuis la nomination d’Hegseth, une vague de départs à la retraite anticipés a frappé le haut commandement militaire. Des généraux quatre étoiles avec des décennies d’expérience préfèrent partir plutôt que servir sous ses ordres. Certains l’ont dit publiquement — risquant des représailles — que cette administration met en danger la sécurité nationale par amateurisme et idéologie. Les quelques généraux restant en poste marchent sur des œufs, sachant qu’exprimer des réserves professionnelles peut mener à un limogeage immédiat. Cette purge du leadership militaire expérimenté crée un vide de compétence catastrophique précisément au moment où Trump lance des opérations militaires complexes et risquées. Les soldats sur le terrain méritent mieux. Les contribuables qui financent cette machine méritent mieux. Mais Trump et Hegseth s’en fichent éperdument. Ils ont leur guerre. Et ils vont la mener, compétence ou pas.
Le groupe de travail antidrogue : structure et mandat

Composition militaire et agences impliquées
Le groupe de travail — baptisé Joint Task Force Cartel Destruction dans les documents internes — réunira des unités d’élite de toutes les branches. Special Operations Command fournira le gros des effectifs opérationnels : Delta Force, Navy SEALs, Rangers, Special Forces. L’Air Force contribuera avec des capacités ISR — intelligence, surveillance, reconnaissance — via drones Reaper et satellites. La CIA et la NSA fourniront le renseignement humain et électronique. La DEA, traditionnellement civile, sera subordonnée au commandement militaire pour cette opération. Au total, environ cinq mille personnels directement affectés, avec des dizaines de milliers en soutien logistique et de renseignement. Le commandement sera basé à Fort Bragg en Caroline du Nord, avec des éléments avancés déployés le long de la frontière américano-mexicaine et possiblement sur des bases aériennes au Texas, Nouveau-Mexique, Arizona. L’ampleur rappelle les task forces montées contre Al-Qaïda ou l’État islamique. Sauf que là, l’ennemi est à deux heures de route de San Diego.
Objectifs déclarés et cibles prioritaires
Le mandat officiel parle de démantèlement complet des principales organisations criminelles mexicaines. Cibles prioritaires : le Cartel de Sinaloa, le Cartel Jalisco Nueva Generación, Los Zetas, le Cartel du Golfe. L’objectif à court terme serait de détruire les laboratoires de synthèse de fentanyl — responsables de la crise des opioïdes américaine — par frappes aériennes ciblées. À moyen terme, éliminer les leaders via raids commandos ou drones armés. À long terme, démanteler l’infrastructure financière, logistique et militaire de ces organisations. Sur le papier, ça sonne cohérent. Dans la réalité, c’est du fantasme militariste. Parce que ces cartels ne sont pas des camps terroristes isolés dans le désert. Ils contrôlent des villes entières, emploient directement ou indirectement des millions de Mexicains, disposent de réseaux de renseignement infiltrant l’État mexicain jusqu’aux plus hauts niveaux. Les attaquer militairement sans plan politique pour gérer l’après, c’est créer un vide de pouvoir que des organisations encore plus violentes rempliront. C’est le playbook irakien appliqué au Mexique. Et on sait comment ça a fini.
Moyens déployés et règles d’engagement
Les moyens seront considérables. Drones armés survolant le territoire mexicain en permanence. Avions de combat prêts à frapper sur ordre. Hélicoptères d’assaut pour raids rapides. Équipes de forces spéciales infiltrées. Cyber-opérations pour paralyser les communications des cartels. Et surtout, des règles d’engagement considérablement assouplies. Les documents fuités suggèrent que les commandants sur le terrain auront autorité de frapper sans validation politique préalable si une cible d’opportunité se présente. Traduction : si un drone repère ce qui ressemble à un laboratoire ou un convoi suspect, il peut tirer immédiatement. Les risques de bavures — civils tués, frappes sur des cibles erronées — sont astronomiques. Mais apparemment, c’est un prix acceptable. Hegseth a déclaré lors d’une réunion interne que quelques dommages collatéraux étaient inévitables dans toute guerre. Sauf que le Mexique n’est pas officiellement en guerre. Et ces dommages collatéraux sont des êtres humains. Mais encore une fois, détails insignifiants pour cette administration.
Les cartels mexicains : ennemis incompris et sous-estimés

Des organisations hybrides infiniment complexes
Les cartels ne sont pas des groupes terroristes classiques. Ce sont des entreprises criminelles transnationales valant des centaines de milliards de dollars. Ils ont des départements comptables, juridiques, de relations publiques. Ils investissent dans l’immobilier légal, les entreprises agricoles, le tourisme. Ils emploient des économistes, des chimistes, des ingénieurs, des avocats. Simultanément, ils maintiennent des bras armés ultra-violents — Los Zetas étaient initialement des forces spéciales mexicaines déserteurs — équipés de lance-roquettes, véhicules blindés, drones commerciaux armés. Ils contrôlent des territoires entiers via un mélange de terreur, corruption et services sociaux que l’État mexicain défaillant ne fournit plus. Dans certaines régions, le cartel est l’État de fait : il règle les disputes, maintient l’ordre, finance les écoles. Attaquer militairement cette structure sans offrir d’alternative politique et économique aux populations, c’est garantir le chaos. Parce que si on élimine les leaders, d’autres prendront leur place. Si on détruit les laboratoires, ils seront reconstruits ailleurs. C’est l’hydre : coupez une tête, deux repoussent. Mais Hegseth n’a jamais étudié l’hydre. Il connaît juste le marteau.
Capacités militaires et tactiques asymétriques redoutables
Les cartels ont appris. Après des années de guerre contre l’armée mexicaine et entre eux, ils ont développé des tactiques contre-insurgées sophistiquées. Ils utilisent des drones pour reconnaissance et attaques explosives. Ils pratiquent la guérilla urbaine dans des villes qu’ils connaissent intimement. Ils disposent de réseaux de tunnels transfrontaliers permettant de disparaître rapidement. Ils infiltrent les forces de sécurité adverses via corruption ou menaces sur les familles. Leur renseignement humain est souvent supérieur à celui des forces gouvernementales. Et surtout, ils n’ont aucune contrainte éthique ou légale. Ils peuvent utiliser des civils comme boucliers humains, menacer les familles des soldats adverses, mener des attaques terroristes sur le territoire américain en représailles. Les forces spéciales américaines sont excellentes. Mais elles opèrent habituellement dans des cadres juridiques et éthiques contraignants, contre des ennemis identifiables. Face à un ennemi asymétrique, sans uniforme, fusionné avec la population civile, utilisant toutes les tactiques sans limites… l’avantage technologique américain compte beaucoup moins. C’est le Vietnam, version narcotrafic.
Enracinement social et économique impossible à bombarder
Le problème fondamental que Trump et Hegseth refusent de voir : on ne peut pas bombarder un phénomène socio-économique. Les cartels existent parce qu’il y a une demande massive de drogue aux États-Unis, parce que l’économie mexicaine légale n’offre pas d’opportunités à des millions de jeunes, parce que l’État mexicain est faible et corrompu, parce que la pauvreté rurale pousse les paysans à cultiver du pavot plutôt que du maïs. Éliminez le Cartel de Sinaloa demain, et dans six mois une autre organisation aura pris sa place, recrutant parmi les mêmes populations désespérées, utilisant les mêmes routes, vendant aux mêmes consommateurs américains. L’histoire l’a prouvé cent fois : Pablo Escobar est mort en 1993, ça n’a pas arrêté le trafic de cocaïne. Les frères Arellano Félix ont été démantelés, d’autres ont pris le relais. C’est un problème structurel qui nécessite des solutions politiques, économiques, sociales à long terme. Développement économique au Mexique. Traitement de la dépendance aux États-Unis. Légalisation et régulation. Réforme de l’État mexicain. Rien de tout ça n’est sexy ni rapide. Mais c’est le seul moyen durable. La guerre militaire? Pure illusion. Coûteuse, sanglante, inutile.
Réactions du Mexique : entre indignation et impuissance

Le gouvernement mexicain pris en tenaille
La présidente Claudia Sheinbaum — en poste depuis décembre 2024 — se trouve dans une position impossible. Publiquement, elle doit dénoncer cette violation de la souveraineté mexicaine, menacer de représailles diplomatiques, appeler la communauté internationale à condamner l’agression américaine. Mais en privé, elle sait que le Mexique n’a aucun moyen de s’opposer militairement aux États-Unis. L’armée mexicaine, déjà dépassée par les cartels sur son propre territoire, ne peut rien contre la puissance du Pentagone. Et économiquement, le Mexique dépend totalement de son voisin du Nord — quatre-vingts pour cent des exportations mexicaines vont aux États-Unis. Trump peut détruire l’économie mexicaine d’un tweet en menaçant de fermer la frontière ou d’imposer des tarifs punitifs. Sheinbaum est donc contrainte à une danse diplomatique périlleuse : protester suffisamment pour satisfaire l’opinion publique mexicaine nationaliste, mais pas assez pour provoquer des représailles économiques américaines. C’est humiliant. C’est impuissant. Et ça révèle la brutalité des rapports de force entre superpuissance et pays satellite.
Opinion publique mexicaine entre peur et colère
Dans les rues de Mexico, Guadalajara, Monterrey, la réaction est explosive. Des manifestations massives dénoncent l’impérialisme yanqui, brûlent des drapeaux américains, exigent que le gouvernement résiste. Les médias mexicains parlent d’invasion imminente, de retour au XIXe siècle quand les États-Unis ont volé la moitié du territoire mexicain. Les réseaux sociaux grondent de rage nationaliste, de promesses de résistance populaire si les soldats américains foulent le sol mexicain. Mais sous la colère, il y a la peur. Parce que tout le monde sait que si Trump décide vraiment de frapper, personne ne pourra l’arrêter. Et que les populations civiles — comme toujours — paieront le prix le plus lourd. Familles déplacées par les combats. Économies locales détruites. Infrastructures bombardées. Les Mexicains ont vu ce qui s’est passé en Irak, Afghanistan, Syrie. Ils savent ce que signifie devenir un théâtre d’opérations militaires américaines. Et ils tremblent.
Divisions internes et tentation de coopération secrète
Mais le Mexique n’est pas monolithique. Une partie de l’establishment politique et militaire mexicain voit dans cette intervention une opportunité. Parce qu’ils combattent les cartels depuis des décennies sans succès, au prix de dizaines de milliers de morts parmi les forces de sécurité. Si l’armée américaine veut faire le sale boulot, pourquoi pas? Des discussions secrètes ont probablement lieu entre militaires des deux pays, échangeant du renseignement, coordonnant des frappes, établissant des protocoles de non-agression réciproque. Officiellement, le Mexique condamne. Officieusement, certains généraux mexicains applaudissent peut-être. Cette division interne affaiblit encore davantage la capacité de réponse mexicaine. Et Trump le sait. Il compte dessus. Diviser pour régner, classique impérial. Ça fonctionne depuis Rome. Pourquoi ça changerait maintenant?
Conséquences prévisibles d'une intervention militaire

Escalade de violence et guerre totale probable
Les cartels ne vont pas se soumettre. Ils vont riposter. Attaques contre des intérêts américains au Mexique — entreprises, touristes, expatriés. Possiblement des attentats terroristes sur le sol américain — les cartels ont les réseaux et les capacités pour frapper San Diego, Phoenix, Houston, voire plus loin. Enlèvements de militaires américains. Exécutions filmées diffusées en ligne pour terroriser. Et surtout, une intensification de la violence au Mexique même — les cartels se battant simultanément contre les Américains et entre eux pour combler les vides de pouvoir créés par les frappes. Le bilan humain sera catastrophique. Les estimations les plus optimistes parlent de dizaines de milliers de morts dans la première année. Les pessimistes évoquent cent mille, deux cent mille. Une guerre civile de facto transformant des régions entières en zones de combat. Des villes assiégées. Des populations prises en otage. L’Afghanistan à la frontière américaine. Et Trump dira que c’est la preuve qu’il fallait frapper plus fort, plus tôt. Logique imparable du va-t-en-guerre.
Crise humanitaire et flux migratoires massifs
Quand les bombes tombent, les gens fuient. Des millions de Mexicains vont tenter de traverser la frontière vers les États-Unis pour échapper aux combats. C’est mathématique. Ça s’est produit dans chaque zone de conflit moderne. Mais Trump, architecte même de cette catastrophe humanitaire, refusera évidemment d’accueillir ces réfugiés de guerre qu’il aura créés. L’ICE recevra des ordres de repousser tout le monde, par tous les moyens nécessaires. On verra des images insoutenables à la frontière : familles repoussées vers des zones de combat, enfants séparés, gens mourant dans le désert en tentant des traversées clandestines. Simultanément, à l’intérieur du Mexique, des millions de déplacés internes fuiront les régions en guerre vers les villes déjà surpeuplées. Mexico, Guadalajara, Monterrey verront leurs populations exploser, créant des bidonvilles géants sans eau, électricité, services de base. Crises sanitaires, épidémies, famines localisées. Tout le catalogue des horreurs humanitaires qui accompagnent les guerres modernes. Et l’Amérique de Trump haussera les épaules.
Effondrement économique régional et contagion
Le Mexique est la quinzième économie mondiale. Son effondrement aurait des répercussions globales. Les chaînes d’approvisionnement nord-américaines — automobiles, électronique, agriculture — sont profondément intégrées. Une guerre au Mexique paralyserait des secteurs entiers de l’économie américaine. Les investisseurs fuiraient toute la région, provoquant une crise financière. Le peso s’effondrerait, créant une inflation explosive au Mexique et rendant impossible le remboursement des dettes. D’autres pays d’Amérique latine — déjà fragiles — seraient contaminés par la crise. Récession régionale, peut-être mondiale si les marchés paniquent. Ironiquement, cette crise économique augmenterait encore davantage le trafic de drogue — parce que dans la pauvreté extrême, le crime organisé devient l’un des rares employeurs viables. Trump aura créé exactement le problème qu’il prétendait résoudre. Mais multiplié par cent. Bravo. Génie stable.
Alternatives ignorées et solutions viables abandonnées

Coopération bilatérale renforcée et État de droit
Il existe des alternatives. Ennuyeuses, lentes, peu spectaculaires, mais qui fonctionnent réellement. Renforcer la coopération judiciaire avec le Mexique. Aider à former et équiper une police et une justice mexicaines professionnelles, protégées de la corruption. Financer des programmes de développement économique dans les régions productrices de drogue pour offrir des alternatives légales aux paysans. Soutenir les organisations de la société civile mexicaine qui luttent contre l’impunité et la corruption. C’est le travail de génération. Ça coûte des milliards mais moins qu’une guerre. Ça sauve des vies au lieu d’en détruire. Ça construit au lieu de détruire. Les États-Unis ont fait ça après la Seconde Guerre mondiale avec le Plan Marshall en Europe. Ça a fonctionné brillamment. Mais aujourd’hui? Trop compliqué. Trop long. Pas assez sexy. Trump veut des explosions, pas des écoles. Hegseth veut des raids, pas des programmes de développement. Alors les solutions viables sont jetées à la poubelle.
Traiter la demande américaine plutôt que l’offre mexicaine
Vérité inconfortable : le trafic de drogue existe parce que des dizaines de millions d’Américains consomment. Tant qu’il y aura cette demande massive, quelqu’un fournira l’offre. Si ce ne sont pas les cartels mexicains, ce seront d’autres organisations ailleurs. La vraie solution passe par traiter la dépendance comme un problème de santé publique plutôt que criminel. Investir massivement dans les centres de désintoxication, les programmes de réduction des risques, l’éducation préventive. Légaliser et réguler certaines substances pour retirer l’argent des mains criminelles. Le Portugal a fait ça en 2001 avec des résultats spectaculaires — chute de la dépendance, de la criminalité liée, des overdoses. Mais suggérer ça en Amérique trumpiste équivaut à une trahison. Parce que ça nécessiterait d’admettre que le problème est américain, pas juste mexicain. Ça nécessiterait des politiques de santé publique robustes que les républicains combattent systématiquement. Beaucoup plus facile de blâmer les Mexicains et envoyer les bombes.
Légalisation contrôlée et régulation étatique
L’option la plus radicale mais potentiellement la plus efficace : légaliser, taxer et réguler le marché des drogues comme on l’a fait avec l’alcool après la Prohibition. Retirer complètement l’argent des mains criminelles en créant un marché légal contrôlé. Les cartels perdraient leur source de revenus principale et s’effondreraient économiquement. C’est controversé, évidemment. Ça soulève des questions morales, sanitaires, éthiques légitimes. Mais regardons les faits : cinquante ans de guerre contre la drogue ont coûté des milliers de milliards de dollars et des millions de vies détruites sans diminuer la consommation ou le trafic. L’approche prohibitionniste a échoué totalement. Continuer la même stratégie en espérant des résultats différents, c’est la définition de la folie. Plusieurs États américains ont légalisé le cannabis avec des résultats positifs — baisse de la criminalité liée, revenus fiscaux substantiels, contrôle qualité protégeant les consommateurs. Étendre ce modèle à d’autres substances serait audacieux. Mais moins fou que bombarder le Mexique. Malheureusement, cette conversation est impossible dans l’Amérique actuelle. Alors on préfère la guerre. Encore. Toujours.
Conclusion

Le moment où l’Amérique choisit le chaos
L’annonce du groupe de travail antidrogue de Hegseth n’est pas juste une nouvelle politique. C’est un point de non-retour. Le moment où l’Amérique abandonne définitivement toute prétention à résoudre ses problèmes par la diplomatie, le développement, la coopération. Le moment où la solution militaire devient réflexe pavlovien face à tout défi complexe. Le moment où un pays déjà embourbé dans des guerres sans fin décide d’en ouvrir une nouvelle, encore plus proche, encore plus ingagnable. Trump et Hegseth nous vendent cette opération comme une guerre de libération, une mission humanitaire pour sauver les Américains du fléau des opioïdes. C’est du mensonge pur. C’est une aventure militariste motivée par l’ego présidentiel, l’idéologie belliciste, le mépris pour les vies mexicaines et la volonté de projeter la force pour masquer les échecs domestiques. Et ça va échouer. Catastrophiquement. Au prix de dizaines de milliers de morts. Mais Trump s’en fiche. Hegseth applaudit. Et le Congrès regarde ailleurs.
Ce qui change dès maintenant dans les relations continentales
À partir de cette décision, les relations américano-mexicaines entrent en territoire inconnu. La méfiance était déjà profonde. Elle devient gouffre. Toute coopération future sera empoisonnée par cette violation de souveraineté. Les gouvernements mexicains futurs — quelle que soit leur couleur politique — devront gérer l’héritage toxique de cette intervention. L’anti-américanisme, déjà présent, explosera. Une génération entière de Mexicains grandira en haïssant les États-Unis pour ce qu’ils auront fait à leur pays. Les conséquences diplomatiques, économiques, sécuritaires se feront sentir pendant des décennies. Et au-delà du Mexique, c’est toute l’Amérique latine qui observe. Si les États-Unis peuvent bombarder le Mexique impunément, aucun pays de la région n’est en sécurité. La doctrine Monroe revient avec une brutalité renouvelée. L’hémisphère occidental redevient chasse gardée américaine où Washington impose sa volonté par la force. C’est un retour au XIXe siècle. Et personne ne peut l’arrêter.
Ce que je recommande à quiconque refuse cette folie
Résistez. Dénoncez. Documentez. Quand les premières frappes auront lieu, quand les premières bavures seront révélées, quand les corps civils commenceront à s’accumuler… ne détournez pas le regard. Ne laissez pas cette guerre devenir normale, acceptée, oubliée. Exigez des comptes de vos élus. Manifestez. Organisez-vous avec les mouvements mexicains et latino-américains qui combattent cette agression. Soutenez les organisations humanitaires qui devront gérer les conséquences. Et surtout, refusez la propagande qui présentera cette catastrophe comme nécessaire et réussie. Trump mentira sur les résultats. Hegseth déclarera des victoires imaginaires. Fox News célébrera chaque frappe comme un triomphe. Ne les croyez pas. Cherchez les sources indépendantes, les journalistes courageux sur le terrain, les témoignages des victimes. Maintenez la mémoire de ce qui aura été fait, au nom de qui, pour quels résultats réels. Parce que dans dix ans, quand le bilan catastrophique sera indéniable, les architectes de ce désastre prétendront qu’ils ne savaient pas, qu’ils ont été mal conseillés, que c’était plus complexe qu’il n’y paraissait. Mensonges. Ils savent. Maintenant. Nous savons tous. Et le choix de bombarder quand même est un choix criminel. Documentez-le. Pour l’Histoire. Pour la justice future. Pour les victimes qui méritent qu’on se souvienne.