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Plus de 200 poursuites en moins de 100 jours

C’est une guerre juridique sans précédent. Depuis le 20 janvier 2025, jour de sa réinvestiture, Donald Trump a signé plus de 90 décrets exécutifs. Et pour chacun — ou presque — une poursuite judiciaire a été déposée. Pas une. Pas deux. Plus de 208 poursuites en moins de trois mois. Des groupes activistes. Des procureurs généraux d’États. Des villes. Des organisations non gouvernementales. Des syndicats. Des universités. Des églises. Même l’American Bar Association — l’organisation professionnelle des avocats américains — a attaqué le gouvernement. C’est une avalanche. Une résistance coordonnée. Une tentative systématique de bloquer, de retarder, de paralyser l’agenda de Trump. Et ça fonctionne. Selon Reuters, au cours des cent premiers jours, plus de 70 décisions judiciaires ont entravé l’agenda de Trump. Des juges fédéraux — dont certains nommés par Trump lui-même — ont bloqué ses décrets sur la citoyenneté par le droit du sol, sur les expulsions, sur les militaires transgenres, sur les programmes de diversité, sur les cabinets d’avocats. Chaque victoire de Trump au tribunal est suivie d’une défaite. Chaque décret est contesté. Chaque action est scrutée. C’est une machine de résistance. Organisée. Financée. Déterminée. Et elle représente la plus grande menace juridique qu’un président américain ait jamais affrontée. Trump l’appelle « lawfare » — une guerre juridique menée par ses ennemis pour renverser les résultats de l’élection. Mais ses opposants l’appellent démocratie. L’utilisation des tribunaux pour défendre la Constitution, les droits, l’État de droit. Qui a raison ? Ça dépend de qui vous croyez. Mais une chose est certaine : cette bataille juridique va définir le second mandat de Trump. Et peut-être le futur de la démocratie américaine.

Letitia James, la générale de la résistance

Letitia James n’a jamais caché sa haine pour Trump. Procureure générale de New York, elle a poursuivi Trump pendant des années. Elle a enquêté sur sa Trump Organization. Elle a obtenu un jugement de 454 millions de dollars contre lui pour fraude commerciale. Elle a promis publiquement de le « poursuivre » s’il était réélu. Et elle a tenu parole. Le soir de l’élection de Trump en novembre 2024, James a tenu une conférence de presse provocatrice. « Nous avons déjà fait face à ce défi, et nous avons utilisé l’État de droit pour riposter. Et nous sommes prêts à riposter à nouveau parce que, en tant que procureure générale de ce grand État, mon travail est de protéger et défendre les droits des New-Yorkais et l’État de droit. Et je ne me déroberai pas à cette responsabilité », a-t-elle déclaré. Ce n’était pas une déclaration neutre. C’était une déclaration de guerre. Une promesse que New York — l’État où Trump a construit son empire, où il a grandi, où il a fait sa fortune — serait le fer de lance de la résistance juridique. Et elle l’a été. Depuis janvier 2025, New York a participé à plus de 40 poursuites contre l’administration Trump. Souvent en coalition avec d’autres États démocrates — Californie, Massachusetts, Illinois, New Jersey, Oregon, Washington. Ces États ont formé une coalition. Un front juridique coordonné. Ils se consultent. Ils partagent des ressources. Ils déposent des poursuites conjointes. Leur stratégie est simple : submerger Trump sous un déluge de litiges. Forcer son administration à défendre chaque décret devant les tribunaux. Ralentir sa capacité à gouverner. Transformer chaque victoire présidentielle en bataille juridique épuisante. Et ça marche. Parce que même si Trump gagne finalement ces batailles — même si la Cour suprême finit par valider ses décrets — le processus prend des mois. Parfois des années. Pendant ce temps, les décrets sont suspendus. L’agenda est paralysé. Et Trump rage.

Les cabinets d’avocats ciblés et intimidés

L’une des tactiques les plus choquantes de Trump a été de cibler les cabinets d’avocats qui le poursuivent. En mars 2025, Trump a signé des décrets exécutifs visant Perkins Coie, Jenner & Block, et WilmerHale — trois des cabinets les plus prestigieux du pays. Ces décrets interdisaient au gouvernement fédéral de travailler avec ces cabinets. Ils ordonnaient à l’EEOC et au ministère de la Justice d’enquêter sur leurs pratiques de diversité. Ils menaçaient de sanctions contre tout avocat qui déposerait des poursuites « frivoles » contre l’administration. Le message était clair : si vous nous poursuivez, nous vous détruirons. C’était une tentative de dissuasion. De faire peur aux avocats. De les forcer à choisir entre leurs clients et leurs contrats gouvernementaux. Et ça a marché. Temporairement. Selon l’American Bar Association, plusieurs grands cabinets ont fait des « engagements préventifs » pour soutenir les politiques de l’administration — par peur d’être les prochains ciblés. Paul Weiss, un autre grand cabinet, a vu son décret révoqué après avoir « coopéré » avec la Maison-Blanche. Mais cette tactique a provoqué un contrecoup. Le 16 juin 2025, l’American Bar Association elle-même — une organisation non partisane, la plus grande association d’avocats du pays — a déposé une poursuite contre Trump. Elle accusait l’administration de mener une « politique d’intimidation » conçue pour « contraindre les cabinets d’avocats à s’abstenir de contester le président ou son administration devant les tribunaux ». Quatre juges fédéraux ont déjà statué que les décrets ciblant les cabinets d’avocats étaient inconstitutionnels. Qu’ils violaient la liberté d’expression. Qu’ils constituaient des représailles contre une activité protégée par la Constitution. Mais Trump continue. Parce qu’il croit que même si il perd devant les tribunaux, la menace suffit. Que la peur d’être ciblé dissuadera d’autres avocats de le poursuivre. C’est du gangstérisme. Déguisé en politique présidentielle. Et c’est exactement le genre de tactique qui alimente la résistance.

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