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Le coup de force qui s’est retourné contre son architecte

Pete Hegseth, secrétaire à la Défense des États-Unis et ancien animateur de Fox News, pensait pouvoir museler la presse. Il a exigé que les journalistes couvrant le Pentagone signent un accord les obligeant à ne publier aucune information non autorisée — même non classifiée — sous peine de perdre leurs accréditations. La date limite? Le mardi quatorze octobre 2025. Ceux qui refuseraient devraient rendre leurs badges dès le mercredi. Hegseth croyait tenir la presse en otage. Mais voilà… Le mercredi est arrivé. Et pratiquement toutes les organisations médiatiques — y compris Fox News, son ancien employeur — ont refusé de signer. CNN, ABC, NBC, CBS, le New York Times, le Washington Post, l’Associated Press, Reuters, NPR, Newsmax, le Wall Street Journal, The Atlantic… même les médias conservateurs ont claqué la porte. Seul One America News Network, un petit réseau pro-Trump, a accepté. Un seul. Cette tentative de censure s’est transformée en désastre monumental. Les experts avaient prévenu: cette politique était profondément erronée, inconstitutionnelle, et vouée à l’échec. Ils avaient raison. Mais ce qui rend la situation encore plus folle, c’est que Hegseth continue de prétendre que tout va bien… alors que son système s’écroule sous ses yeux.

Un assaut sans précédent contre le Premier Amendement

Cette politique n’est pas une simple restriction technique. C’est une attaque frontale contre le Premier Amendement de la Constitution américaine, qui garantit la liberté de la presse. Le mémo initial du Pentagone, envoyé en septembre 2025, exigeait que les journalistes signent un engagement stipulant que toute information — même non classifiée — devait être approuvée avant publication. Les reporters qui refuseraient perdraient leurs accréditations et seraient expulsés du Pentagone. Après deux semaines de discussions sous pression, le Pentagone a publié une version révisée, prétendument moins sévère. Mais le texte reste inacceptable: il oblige les journalistes à reconnaître que toute divulgation non autorisée cause du tort, une affirmation fausse que tous les experts rejettent. Il autorise également le Pentagone à qualifier les reporters de menaces pour la sécurité s’ils sollicitent des informations non approuvées, entraînant la révocation de leurs passes. Les organisations médiatiques ont unanimement dénoncé cette politique comme une violation flagrante de leurs droits constitutionnels. La Pentagon Press Association a déclaré que cette politique bâillonne le personnel du Pentagone et menace de représailles les journalistes qui cherchent des informations non pré-approuvées. Résultat: mercredi matin, la quasi-totalité des journalistes accrédités au Pentagone ont rendu leurs badges plutôt que de se soumettre à cette censure.

La réponse méprisante de Hegseth: des émojis et des mensonges

Face à cette levée de boucliers, Pete Hegseth n’a pas reculé. Il a réagi avec un mépris affiché. Sur les réseaux sociaux, il a répondu aux déclarations des médias refusant de signer en postant des émojis de main qui fait au revoir — un geste qui a sidéré les journalistes et indigné les défenseurs de la liberté de presse. Barbara Starr, correspondante vétérane du Pentagone, a moqué cette utilisation paresseuse d’un émoji comme réponse à une question constitutionnelle fondamentale. Hegseth a également tenté de minimiser la controverse en prétendant que les nouvelles règles se résumaient à trois points simples: la presse ne peut plus circuler librement dans le Pentagone, doit porter un badge visible, et ne peut solliciter d’activités criminelles. Mais les reporters ont immédiatement dénoncé cette déformation des faits. La Pentagon Press Association a rappelé que les règles d’accès existantes n’avaient jamais posé de problème de sécurité nationale pendant des décennies, sous plusieurs administrations des deux partis. Le président Trump, interrogé mardi après-midi, a soutenu Hegseth en déclarant que la presse est très malhonnête et que son secrétaire à la Défense considère les journalistes comme perturbateurs pour la paix mondiale et la sécurité nationale. Cette rhétorique autoritaire révèle l’objectif réel de cette politique: non pas protéger la sécurité, mais étouffer la surveillance indépendante du gouvernement.

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