Une menace brutale vient de tomber, glaciale, venue tout droit de la Maison-Blanche. Le président Donald Trump, dans un message publié sur Truth Social ce jeudi 16 octobre 2025, a adressé un ultimatum sans équivoque au Hamas : si les violences internes à Gaza persistent, si le sang continue de couler dans les rues dévastées de l’enclave, les États-Unis interviendront militairement pour éliminer le groupe islamiste. Ces paroles tranchantes marquent un tournant radical dans la diplomatie américaine au Moyen-Orient, seulement quelques jours après la signature d’un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas, négocié sous l’égide de Trump lui-même. La déclaration survient alors que des vidéos choquantes montrent des exécutions publiques menées par le Hamas dans les rues de Gaza City, où huit hommes ont été abattus d’une balle dans la tête devant une foule scandant « Allahu Akbar ». L’accord de paix, présenté comme historique lors du sommet de Charm el-Cheikh le 13 octobre, semble déjà s’effriter sous le poids des violences internes et des luttes de pouvoir qui déchirent Gaza depuis le retrait israélien.
Trump, qui avait qualifié cet accord de « nouveau jour qui se lève » pour le Moyen-Orient, change maintenant de ton de manière spectaculaire. Après avoir initialement minimisé les violences du Hamas contre des gangs rivaux — déclarant mardi qu’il n’était « pas vraiment dérangé » par ces éliminations — le président américain durcit radicalement sa position. « Si le Hamas continue de tuer des gens à Gaza, ce qui n’était pas prévu dans l’accord, nous n’aurons d’autre choix que d’intervenir et de les éliminer », a-t-il écrit sur son réseau social. Cette volte-face intervient dans un contexte explosif où le Hamas tente de reprendre le contrôle sécuritaire de l’enclave dévastée par deux années de guerre, affrontant des clans armés locaux accusés de collaboration avec Israël et de vol de l’aide humanitaire. Les forces de sécurité du Hamas, affaiblies par les frappes israéliennes pendant le conflit, ont réémergé dans les rues avec une violence inouïe, exécutant publiquement des dizaines d’hommes accusés d’être des « collaborateurs » et des « hors-la-loi ».
Le cessez-le-feu de Trump déjà menacé

Un accord historique signé le 9 octobre
Le 9 octobre 2025, après des mois de négociations intenses menées par l’administration Trump avec l’aide de médiateurs égyptiens, qataris et turcs, Israël et le Hamas ont signé un accord de cessez-le-feu visant à mettre fin à deux années d’un conflit dévastateur qui a fait plus de 67 000 morts palestiniens selon le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas. Cet accord, basé sur un plan en 20 points présenté par Trump le 29 septembre à la Maison-Blanche en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, prévoyait la libération immédiate de tous les otages israéliens encore détenus à Gaza — 48 au total, dont 20 vivants et 28 décédés — en échange de la libération de milliers de prisonniers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes. Le document signé à Charm el-Cheikh stipulait également le retrait progressif des forces israéliennes de Gaza, l’ouverture des corridors humanitaires et, point crucial, le désarmement du Hamas et le transfert du contrôle de Gaza à une administration technocratique palestinienne non affiliée politiquement.
Le 13 octobre, lors d’un sommet à Charm el-Cheikh réunissant les dirigeants de 27 nations, Trump avait proclamé avec emphase que « la guerre est terminée », célébrant la fin d’un « long et douloureux cauchemar » pour les Israéliens et les Palestiniens. Ce jour-là, le Hamas avait libéré les 20 otages israéliens encore en vie, déclenchant des scènes de liesse en Israël où des familles ont retrouvé leurs proches après plus de deux ans de captivité. En contrepartie, Israël avait relâché 250 prisonniers palestiniens condamnés pour des crimes liés à la sécurité, ainsi que plus de 1 700 Gazaouis détenus pendant la guerre mais qui n’étaient pas impliqués dans les attaques du 7 octobre 2023. Trump, en visite en Israël ce même jour, avait prononcé un discours au parlement israélien dans lequel il avait appelé à la réconciliation, affirmant qu’Israël avait obtenu « tout ce qu’il pouvait par la force militaire » et qu’il était désormais temps de « transformer ces efforts en voies vers la paix et la prospérité ».
Des clauses controversées sur le désarmement
Cependant, dès le départ, l’accord contenait des ambiguïtés dangereuses qui allaient rapidement se révéler problématiques. Si le Hamas avait accepté la libération des otages et le principe d’un transfert du pouvoir civil à des technocrates palestiniens, le groupe n’avait jamais publiquement confirmé son engagement à se désarmer complètement — une condition pourtant centrale du plan de Trump. Le président américain avait néanmoins donné son aval au Hamas pour continuer à agir comme force de sécurité à Gaza « pendant une période limitée », une concession qui allait s’avérer fatale. « S’ils ne se désarment pas, nous les désarmerons, et cela se fera rapidement et peut-être violemment », avait déclaré Trump mardi 14 octobre lors d’une réunion à la Maison-Blanche avec le président argentin Javier Milei, affirmant qu’il avait transmis ce message au Hamas par l’intermédiaire de médiateurs.
Cette autorisation tacite donnée au Hamas d’exercer des fonctions policières a ouvert la voie aux événements tragiques qui ont suivi. Alors qu’Israël effectuait son premier retrait de Gaza le 10 octobre conformément à l’accord, le Hamas a immédiatement commencé à réaffirmer son contrôle sur le territoire en ciblant des groupes armés rivaux qui avaient émergé pendant la guerre. Ces factions, dont certaines sont issues de puissantes familles-clans comme les Dughmush — l’une des familles les plus influentes de Gaza avec qui le Hamas a une longue histoire conflictuelle — avaient profité de l’effondrement de l’appareil sécuritaire du Hamas pendant les opérations israéliennes pour s’emparer de quartiers entiers, contrôler la distribution de l’aide humanitaire et, selon les accusations du Hamas, collaborer activement avec les services de renseignement israéliens.
Je me souviens avoir pensé, en regardant les images du sommet de Charm el-Cheikh, que quelque chose sonnait faux dans cette euphorie diplomatique. Les sourires étaient là, les poignées de main aussi, mais personne ne semblait vraiment croire à ce qu’il disait. Comme si tout le monde savait, au fond, que cette paix n’était qu’un mirage de plus dans le désert du Moyen-Orient. Et voilà que trois jours plus tard, des corps gisent dans les rues de Gaza, exécutés sommairement par ceux-là mêmes qui devaient garantir la sécurité. L’ironie est amère, presque insupportable.
Les premières fissures apparaissent immédiatement
Le weekend du 12 octobre, soit seulement deux jours après le début du cessez-le-feu, des affrontements violents ont éclaté entre les forces de sécurité du Hamas et des membres du clan Dughmush dans le quartier de Tel al-Hawa, au sud de Gaza City. Selon des témoins cités par la BBC, plus de 300 combattants du Hamas ont tenté d’assaillir un bloc résidentiel occupé par des hommes armés du clan, déclenchant des combats intenses qui ont duré plusieurs jours. Au moins 27 personnes ont été tuées dans ces affrontements — 19 membres du clan Dughmush et 8 combattants du Hamas — marquant l’un des affrontements internes les plus meurtriers depuis le retrait israélien. Des résidents ont raconté des scènes chaotiques où de nombreuses familles ont fui leurs maisons sous les tirs nourris, beaucoup ayant déjà été déplacées à plusieurs reprises pendant la guerre. « Cette fois, les gens ne fuyaient pas les frappes israéliennes », a témoigné un habitant local. « Ils fuyaient devant leur propre peuple. »
Le ministère de l’Intérieur contrôlé par le Hamas a déclaré que ses forces encerclaient la zone et menaient des combats féroces pour appréhender les hommes armés à l’intérieur, qualifiant l’incident d’« assaut armé par une milice ». Le ministère a averti que toute « activité en dehors du cadre de la résistance » serait confrontée à une réponse ferme. Nahed Sheheiber, le directeur du syndicat des camionneurs de Gaza, a expliqué que le Hamas ciblait des « gangs qui pillaient l’aide humanitaire et tuaient des gens sous protection israélienne », ajoutant que ces groupes armés opéraient dans des « zones rouges » désignées pour l’évacuation pendant le conflit. Cette campagne a été décrite par certains Palestiniens comme une restauration de la loi et de l’ordre après des mois d’insécurité totale, mais les critiques craignent que ces tactiques agressives ne conduisent à un renouveau de troubles et ne mettent en péril le cessez-le-feu à peine établi.
Les exécutions publiques qui ont choqué le monde

Huit hommes abattus en pleine rue
C’est lundi 14 octobre, dans le quartier d’al-Sabra à Gaza City, que s’est produit l’événement le plus choquant depuis le début du cessez-le-feu. Des vidéos graphiques, largement diffusées sur les réseaux sociaux malgré leur contenu extrêmement violent, montrent huit hommes les yeux bandés, agenouillés dans une rue au milieu d’une foule nombreuse. Des hommes armés masqués, certains portant les bandeaux verts caractéristiques du Hamas, se tiennent derrière eux. Puis, sous les cris de « Allahu Akbar » de la foule, les combattants tirent simultanément dans la nuque des huit prisonniers, les tuant sur le coup. Les corps s’effondrent au sol tandis que la foule continue de scander. Le Hamas a identifié les victimes comme des « collaborateurs et hors-la-loi », affirmant qu’ils étaient des criminels liés à Israël, mais n’a fourni aucune preuve à l’appui de ces accusations.
Ces exécutions extrajudiciaires ont été immédiatement condamnées par les groupes de défense des droits humains du monde entier, qui ont exigé la fin de telles représailles violentes. ABC News Verify a analysé les images et confirmé qu’elles provenaient bien de Gaza City, montrant des exécutions en pleine rue sans aucune forme de procès équitable. Des experts interrogés par les médias internationaux ont expliqué que le Hamas tentait de réaffirmer son contrôle sur l’enclave dévastée en éliminant toute opposition ou concurrence sécuritaire. Selon Reuters, le Hamas a tué au moins 32 hommes lors d’une répression sécuritaire pendant ce weekend, tous appartenant à « un gang affilié à une famille de Gaza City », selon un responsable palestinien cité par l’agence. Les vidéos des exécutions publiques ont provoqué une vague d’indignation internationale, beaucoup y voyant un retour aux méthodes les plus brutales du groupe islamiste.
La réaction initiale de Trump : indifférence
Face à ces images insoutenables, la première réaction de Donald Trump a été… surprenante. Mardi 14 octobre, lors d’un point presse à la Maison-Blanche, le président américain a minimisé la gravité des exécutions menées par le Hamas. « Ils ont éliminé quelques gangs qui étaient très mauvais, très, très mauvais », a déclaré Trump. « Et ils ont éliminé ces gangs, et ils ont tué un certain nombre de membres de gangs. Et ça ne m’a pas vraiment dérangé, pour être honnête avec vous. » Cette déclaration a immédiatement suscité la controverse, de nombreux observateurs y voyant une forme de bénédiction donnée au Hamas pour poursuivre ses opérations de « nettoyage » sécuritaire à Gaza, même si celles-ci impliquaient des exécutions sommaires sans procès.
Trump semblait alors considérer que le Hamas jouait un rôle nécessaire dans la restauration de l’ordre à Gaza, éliminant des éléments criminels qui avaient prospéré pendant la guerre. Cette position reflétait la clause ambiguë de son accord autorisant le Hamas à agir comme force de sécurité temporaire. Cependant, cette tolérance apparente allait s’avérer de courte durée. Alors que les rapports sur l’ampleur des violences commises par le Hamas continuaient d’affluer, et que les images des exécutions publiques circulaient massivement sur les réseaux sociaux provoquant un tollé international, Trump a rapidement compris que sa position initiale était intenable. Les critiques fusaient de toutes parts, certains l’accusant d’avoir donné un chèque en blanc au Hamas pour terroriser la population de Gaza.
Le contexte sécuritaire à Gaza après la guerre
Pour comprendre cette situation explosive, il faut remonter à l’évolution du paysage sécuritaire à Gaza pendant les deux années de guerre. Avant le conflit, le Hamas contrôlait fermement l’enclave depuis 18 ans, maintenant un niveau significatif de sécurité publique grâce à sa force de police bien organisée, tout en réprimant impitoyablement toute dissidence. Mais les opérations militaires israéliennes massives ont dévasté cet appareil sécuritaire. Les frappes aériennes ciblaient systématiquement les installations du Hamas, tuant de nombreux membres de ses forces de sécurité et détruisant ses infrastructures. Alors que les troupes israéliennes occupaient des portions substantielles de Gaza, la présence policière du Hamas a pratiquement disparu des rues.
Dans ce vide sécuritaire, des familles influentes locales et des groupes armés — dont certaines factions anti-Hamas soutenues par Israël — ont pris le contrôle de quartiers entiers. Beaucoup de ces groupes sont accusés de détourner l’aide humanitaire à des fins lucratives, aggravant la crise de famine à Gaza où des centaines de milliers de personnes dépendent entièrement de l’assistance internationale pour survivre. Selon les responsables du syndicat des camionneurs et d’autres sources locales, ces gangs interceptaient les convois d’aide, revendant ensuite la nourriture et les médicaments à des prix exorbitants sur le marché noir, tandis que la population mourait littéralement de faim. Le retrait israélien consécutif au cessez-le-feu a permis au Hamas de revenir dans ces zones et de tenter de reprendre le contrôle, mais cela s’est fait au prix d’affrontements sanglants et d’exécutions massives qui ont choqué même les observateurs les plus endurcis du conflit israélo-palestinien.
Le virage radical de Trump

L’ultimatum du 16 octobre sur Truth Social
Quarante-huit heures après avoir minimisé les violences du Hamas, Donald Trump opère un revirement spectaculaire. Jeudi 16 octobre 2025, dans un message posté sur Truth Social — son réseau social personnel — le président américain lance un avertissement glacial au Hamas : « Si le Hamas continue de tuer des gens à Gaza, ce qui n’était pas prévu dans l’accord, nous n’aurons d’autre choix que d’intervenir et de les éliminer. » Ces mots tranchants marquent un changement de ton radical par rapport à ses déclarations de mardi. Trump ne parle plus d’élimination de « gangs très mauvais » mais menace directement le Hamas d’une intervention militaire américaine si les violences se poursuivent. L’ultimatum est clair, sans ambiguïté, et son langage — « go in and kill them » (intervenir et les éliminer) — est d’une brutalité inhabituelle même pour Trump, connu pour ses déclarations musclées.
Cette menace explicite d’action militaire américaine contre le Hamas représente une escalade majeure dans le discours de l’administration Trump. Jusqu’à présent, les États-Unis s’étaient positionnés comme médiateurs dans le conflit israélo-palestinien, facilitant les négociations entre Israël et le Hamas sans s’impliquer directement militairement contre le groupe islamiste. Mais la déclaration de Trump suggère qu’il est prêt à franchir cette ligne rouge si le Hamas continue ce qu’il considère comme des violations flagrantes du cessez-le-feu. Le président n’a cependant pas précisé comment il comptait mettre en œuvre cette menace, et la Maison-Blanche n’a pas répondu immédiatement aux demandes de clarification des journalistes. Cette ambiguïté délibérée laisse planer l’incertitude sur les intentions réelles de Trump — s’agit-il d’une simple pression diplomatique ou d’un avertissement sérieux précédant une action militaire concrète ?
Netanyahu et le feu vert israélien
La menace de Trump intervient également dans un contexte où les relations entre Washington et Jérusalem sur le respect du cessez-le-feu deviennent de plus en plus tendues. Mercredi 15 octobre, Trump avait déclaré à CNN que les forces israéliennes pourraient reprendre les combats à Gaza « dès que je le dirai » si le Hamas ne respectait pas ses engagements. Cette déclaration révèle que Trump s’est réservé une sorte de droit de veto inversé — la capacité de donner à Israël le feu vert pour relancer les opérations militaires à Gaza si la situation l’exige. « Oui pour Bibi », avait confirmé Trump lorsqu’on lui avait demandé si Netanyahu soutenait pleinement son plan de paix, utilisant le surnom familier du Premier ministre israélien. « Si Hamas n’accepte pas cette proposition, ce qui est toujours possible, ils se retrouveront seuls. Tout le monde d’autre l’a acceptée. »
Cependant, Israël a déjà commencé à montrer des signes d’impatience avec l’accord. Le 14 octobre, alors que le Hamas n’avait remis que 4 des 28 corps d’otages décédés qu’il s’était engagé à restituer, Israël a réagi en imposant des restrictions strictes sur l’aide humanitaire entrant à Gaza et en maintenant fermée la frontière sud de l’enclave avec l’Égypte. Ces mesures de rétorsion ont immédiatement soulevé des inquiétudes quant à la viabilité du cessez-le-feu. Les organisations humanitaires ont averti que les stocks de nourriture, de médicaments et de carburant à Gaza étaient déjà critiquement bas après deux années de guerre, et que toute restriction supplémentaire pourrait provoquer une catastrophe humanitaire encore plus grave. Le croisement de Rafah, point de passage crucial pour l’évacuation des blessés palestiniens vers l’Égypte et l’entrée de l’aide, reste fermé une semaine après le début du cessez-le-feu, laissant des centaines de Palestiniens grièvement blessés dans l’attente de soins médicaux urgents qu’ils ne peuvent recevoir à Gaza.
La fragilité du plan en 20 points
Le plan de paix de Trump, présenté comme une feuille de route complète pour mettre fin à deux années de conflit dévastateur, révèle maintenant toutes ses faiblesses structurelles. Parmi ses 20 points figurent des objectifs ambitieux : désarmement complet du Hamas, transfert du contrôle de Gaza à une administration technocratique palestinienne supervisée par un « conseil de paix » présidé par le président américain, reconstruction massive de l’enclave dévastée avec des investissements internationaux, et établissement d’un processus menant à une paix durable entre Israéliens et Palestiniens. Sur le papier, ces objectifs semblent nobles et compréhensifs. Mais dans la réalité chaotique du terrain, ils se heurtent à des obstacles apparemment insurmontables.
Le point le plus controversé reste celui du désarmement du Hamas. Le groupe n’a jamais accepté publiquement de déposer les armes — sa principale source de pouvoir et de légitimité auprès de ses partisans. Le 3 octobre, le Hamas avait déclaré sa volonté de libérer tous les otages restants et d’accepter le concept d’un transfert de la gouvernance civile à des technocrates palestiniens, mais avait soigneusement évité de mentionner le désarmement. Cette omission calculée aurait dû servir d’avertissement que le groupe n’avait aucune intention de se conformer à cette exigence centrale du plan de Trump. Lindsey Graham, sénateur républicain proche de Trump, avait d’ailleurs évalué début octobre que le Hamas avait effectivement rejeté le plan en maintenant sa position de « pas de désarmement, maintien du contrôle palestinien sur Gaza, et libération des otages liée aux négociations ». Les événements des derniers jours semblent lui donner raison.
Les enjeux géopolitiques de l'ultimatum

Une intervention militaire américaine est-elle crédible ?
La menace de Trump d’une intervention militaire américaine directe contre le Hamas soulève immédiatement une question cruciale : est-ce réaliste, ou s’agit-il simplement d’une posture diplomatique agressive destinée à faire pression sur le groupe islamiste ? Les États-Unis n’ont jamais mené d’opérations militaires directes contre le Hamas depuis la fondation du groupe en 1987. Pendant des décennies, Washington a soutenu Israël dans sa lutte contre le Hamas par le biais de l’aide militaire, du renseignement et du soutien diplomatique, mais sans engager ses propres forces au combat. Une intervention américaine à Gaza représenterait donc un précédent historique majeur et comporterait des risques considérables tant sur le plan militaire que politique.
Sur le plan militaire, Gaza est un territoire extrêmement dense — 365 kilomètres carrés abritant plus de 2 millions de personnes avant la guerre — où les combats urbains sont notoirement difficiles et meurtriers. Le Hamas dispose d’un réseau de tunnels souterrains s’étendant sur des centaines de kilomètres, utilisé pour stocker des armes, déplacer des combattants et lancer des attaques surprises. Les forces israéliennes, malgré leur supériorité technologique écrasante et leur connaissance approfondie du terrain, ont mis deux ans et subi des pertes significatives pour démanteler partiellement ce réseau. Une intervention américaine nécessiterait le déploiement de milliers de soldats dans un environnement hostile, avec un risque élevé de pertes américaines — un scénario politiquement inacceptable pour Trump, surtout après les débâcles des guerres en Irak et en Afghanistan qui ont profondément marqué l’opinion publique américaine. De plus, toute opération terrestre américaine à Gaza serait perçue dans le monde arabe et musulman comme une agression impérialiste, risquant d’enflammer davantage la région.
L’option des frappes aériennes ciblées
Une option plus plausible serait celle de frappes aériennes américaines ciblées contre les dirigeants et les infrastructures du Hamas, similaires aux opérations menées par les États-Unis contre des groupes terroristes au Yémen, en Somalie ou en Syrie. Les drones américains pourraient cibler les hauts responsables du Hamas identifiés comme responsables des violations du cessez-le-feu, notamment ceux qui ont ordonné ou participé aux exécutions publiques. Cette approche aurait l’avantage de minimiser les risques pour les troupes américaines tout en envoyant un message fort au Hamas. Cependant, elle comporterait également des dangers significatifs, notamment le risque élevé de pertes civiles collatérales dans la zone densément peuplée de Gaza, ce qui pourrait transformer Trump en criminel de guerre aux yeux de millions de personnes et compromettre définitivement son plan de paix.
Par ailleurs, une telle intervention américaine poserait des questions juridiques complexes. Le Hamas n’est pas formellement en guerre avec les États-Unis, même si Washington le classe comme organisation terroriste. Une attaque militaire américaine contre le Hamas à Gaza nécessiterait une justification légale solide en droit international, probablement basée sur l’argument de la légitime défense collective en soutien à Israël ou sur la protection des ressortissants américains. Mais ces arguments seraient contestés par de nombreux pays, particulièrement dans le monde arabe et au sein des Nations Unies, où plusieurs États membres considèrent le Hamas comme un mouvement de résistance légitime plutôt que comme une organisation terroriste. La Russie et la Chine, qui ont des relations complexes avec le Hamas et cherchent à affaiblir l’influence américaine au Moyen-Orient, pourraient utiliser une intervention américaine pour critiquer Washington sur la scène internationale et saper sa crédibilité diplomatique.
Le calcul politique de Trump
Il est également possible que la menace de Trump soit principalement un outil de pression diplomatique plutôt qu’une intention réelle d’action militaire. En brandissant le spectre d’une intervention américaine, Trump cherche peut-être à forcer le Hamas à modérer ses actions sécuritaires à Gaza et à respecter plus strictement les termes du cessez-le-feu. Cette stratégie de « diplomatie coercitive » — menacer d’une action militaire pour obtenir des concessions politiques — est une tactique classique que Trump a utilisée à plusieurs reprises pendant ses mandats présidentiels, notamment avec la Corée du Nord et l’Iran. Le pari est que le Hamas, conscient de la puissance militaire américaine et craignant pour la survie de ses dirigeants, choisira de tempérer ses actions plutôt que de risquer d’être la cible de frappes américaines.
Cependant, cette stratégie comporte un risque majeur : si le Hamas ne cède pas et que Trump ne donne pas suite à sa menace, sa crédibilité sera gravement compromise. Les adversaires des États-Unis dans le monde entier prendront note que les menaces américaines sont creuses, encourageant potentiellement d’autres acteurs à défier ouvertement Washington. À l’inverse, si Trump se sent obligé de donner suite à sa menace pour préserver sa crédibilité, il pourrait se retrouver entraîné dans une escalade militaire qu’il n’avait pas initialement prévue. Ce dilemme classique de la théorie de la dissuasion — comment rendre une menace crédible sans être obligé de la mettre en œuvre — place Trump dans une position délicate. Le président américain doit maintenant naviguer avec précaution entre la nécessité de maintenir la pression sur le Hamas et le risque de voir la situation lui échapper complètement.
Réactions internationales et régionales

L’Union européenne entre soutien et inquiétude
Les réactions internationales à l’ultimatum de Trump révèlent les divisions profondes qui continuent de caractériser la diplomatie au Moyen-Orient. L’Union européenne, qui avait envoyé plusieurs de ses dirigeants au sommet de Charm el-Cheikh le 13 octobre pour soutenir le plan de paix de Trump, se retrouve maintenant dans une position inconfortable. Plusieurs dirigeants européens ont exprimé leur inquiétude face à la rhétorique agressive de Trump, craignant qu’elle ne compromette les chances de consolidation du cessez-le-feu fragile. La tradition diplomatique européenne privilégie généralement le dialogue et la médiation plutôt que les menaces militaires, et beaucoup de capitales européennes considèrent que la menace explicite de Trump d’« éliminer » le Hamas est contre-productive et risque d’enflammer davantage la situation.
Cependant, les Européens sont également conscients que leur influence au Moyen-Orient est limitée et qu’ils dépendent largement du leadership américain pour façonner les événements dans la région. Sans une position américaine ferme, le cessez-le-feu à Gaza pourrait s’effondrer rapidement, ramenant le conflit à son intensité précédente. Plusieurs pays européens ont donc adopté une posture prudente, soutenant publiquement les efforts de paix de Trump tout en exprimant discrètement leurs réserves sur ses méthodes. La France, traditionnellement plus indépendante dans sa politique moyen-orientale et entretenant des contacts avec diverses factions palestiniennes, a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à respecter scrupuleusement les termes du cessez-le-feu. Paris a également insisté sur la nécessité de permettre l’acheminement sans entraves de l’aide humanitaire à Gaza, critiquant implicitement les restrictions israéliennes imposées après le 14 octobre.
Le monde arabe divisé face à l’ultimatum
Dans le monde arabe, les réactions à la menace de Trump sont profondément divisées, reflétant les clivages géopolitiques qui traversent la région. L’Égypte et les pays du Golfe, notamment les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, qui ont joué un rôle de médiateurs dans les négociations du cessez-le-feu et entretiennent des relations étroites avec l’administration Trump, ont adopté une position mesurée. Ces pays considèrent le Hamas avec une profonde méfiance en raison de ses liens avec les Frères musulmans et l’Iran, et ils seraient secrètement soulagés de voir le groupe islamiste affaibli ou éliminé. Cependant, ils ne peuvent pas soutenir publiquement une intervention militaire américaine à Gaza sans risquer de provoquer une colère populaire massive dans leurs propres populations, où la cause palestinienne reste profondément ancrée.
À l’opposé, des pays comme le Qatar — qui a hébergé le bureau politique du Hamas pendant des années et maintient des liens étroits avec le groupe — et la Turquie, dont le président Recep Tayyip Erdoğan est un soutien vocal de la cause palestinienne, ont réagi avec inquiétude et critique à l’ultimatum de Trump. La Turquie, qui avait participé au sommet de Charm el-Cheikh comme co-garant du cessez-le-feu, a averti que toute escalade militaire américaine à Gaza compromettrait non seulement le fragile accord de paix mais déstabiliserait l’ensemble de la région. Ankara a appelé à une désescalade immédiate et au respect strict des termes de l’accord, insistant sur le fait que les problèmes sécuritaires à Gaza devaient être résolus par le dialogue politique plutôt que par la force militaire. Le Qatar, pour sa part, a maintenu des canaux de communication ouverts avec le Hamas et tente de convaincre le groupe de modérer ses actions sécuritaires pour éviter de donner à Trump un prétexte d’intervention.
L’Iran et l’axe de la résistance
L’Iran, principal soutien financier et militaire du Hamas et leader de ce qu’il appelle l’« axe de la résistance » au Moyen-Orient, suit les développements à Gaza avec une attention extrême. Téhéran a investi des centaines de millions de dollars au fil des années pour armer et former le Hamas, considérant le groupe comme un élément crucial de sa stratégie d’encerclement d’Israël. L’ultimatum de Trump représente donc une menace directe contre les intérêts stratégiques iraniens dans la région. Cependant, l’Iran se trouve dans une position délicate. D’un côté, Téhéran ne peut abandonner le Hamas sans compromettre sa crédibilité auprès de ses alliés régionaux — le Hezbollah au Liban, les milices chiites en Irak et les Houthis au Yémen — qui constituent le cœur de son réseau de pouvoir régional. De l’autre, l’Iran est actuellement engagé dans des négociations délicates avec l’administration Trump sur son programme nucléaire, et Téhéran ne souhaite pas compromettre ces discussions en provoquant une confrontation directe avec Washington sur Gaza.
Cette tension place l’Iran dans un dilemme stratégique difficile. Les analystes à Téhéran sont conscients que si les États-Unis interviennent militairement contre le Hamas, l’Iran sera attendu par ses alliés et partisans dans la région de répondre d’une manière ou d’une autre, que ce soit par des attaques indirectes via ses milices régionales ou par un soutien renforcé au Hamas. Mais une telle réponse risquerait d’entraîner une escalade régionale incontrôlable qui pourrait finalement se retourner contre les intérêts iraniens. Certains responsables iraniens semblent privilégier une approche plus prudente, utilisant leur influence sur le Hamas pour encourager le groupe à modérer ses actions sécuritaires à Gaza et éviter ainsi de donner à Trump le prétexte qu’il recherche pour une intervention. Cette approche pragmatique reflète une reconnaissance réaliste des limites du pouvoir iranien face à la supériorité militaire américaine écrasante.
La situation humanitaire catastrophique à Gaza

Des infrastructures complètement dévastées
Au-delà des jeux géopolitiques et des menaces militaires, c’est la situation humanitaire à Gaza qui devrait retenir l’attention du monde. Après deux années de guerre intense, l’enclave est dans un état de dévastation totale qui défie l’imagination. Selon les estimations des Nations Unies, plus de 70 % des bâtiments de Gaza ont été endommagés ou détruits par les bombardements israéliens. Des quartiers entiers de Gaza City, Khan Younis et Rafah ne sont plus que des champs de ruines où des montagnes de gravats remplacent ce qui étaient autrefois des immeubles résidentiels, des écoles, des hôpitaux et des mosquées. L’infrastructure essentielle — les réseaux d’eau, d’électricité et d’égouts — a été pratiquement anéantie, forçant les habitants à vivre dans des conditions médiévales au XXIe siècle.
Le système de santé de Gaza, déjà fragile avant la guerre en raison du blocus israélo-égyptien imposé depuis 2007, a subi des dommages catastrophiques. Sur les 36 hôpitaux que comptait Gaza avant le conflit, seuls une poignée fonctionnent encore partiellement, et même ceux-là manquent cruellement de médicaments, d’équipements médicaux et de personnel qualifié. Des milliers de Palestiniens souffrant de blessures graves — membres amputés, brûlures sévères, traumatismes crâniens — nécessitent des soins médicaux spécialisés qui ne peuvent être fournis à Gaza et doivent être évacués vers l’Égypte ou d’autres pays. Mais avec le croisement de Rafah fermé depuis le début du cessez-le-feu, ces patients restent bloqués à Gaza, leur état se détériorant de jour en jour. Certains mourront inévitablement faute d’avoir pu recevoir les soins nécessaires — victimes collatérales des tensions politiques entre Israël et le Hamas sur le respect du cessez-le-feu.
La crise alimentaire et le risque de famine
La situation alimentaire à Gaza est tout aussi désespérée. Selon les organisations humanitaires présentes sur le terrain, plus de 1,8 million de personnes — la quasi-totalité de la population de Gaza — dépendent entièrement de l’aide humanitaire pour survivre. L’économie locale a été complètement anéantie par la guerre ; les usines, les commerces, les fermes ont été détruits ou ne peuvent plus fonctionner faute d’électricité et de matériaux. Les restrictions imposées par Israël le 14 octobre sur l’entrée de l’aide humanitaire — réduisant de moitié le nombre de camions autorisés à entrer quotidiennement à Gaza — ont immédiatement aggravé une situation déjà critique. Les entrepôts des agences humanitaires se vident rapidement, et les distributions de nourriture doivent être rationnées pour faire durer les stocks restants aussi longtemps que possible.
Les experts en sécurité alimentaire avertissent que Gaza pourrait basculer dans une famine à grande échelle dans les semaines à venir si l’aide humanitaire n’est pas rétablie à des niveaux suffisants. Les enfants sont particulièrement vulnérables ; des milliers souffrent déjà de malnutrition sévère, leurs corps émaciés témoignant des privations qu’ils ont endurées pendant deux années de guerre. Les mères manquent de lait maternel à cause de leur propre malnutrition, et le lait maternisé est pratiquement introuvable. Les médecins sur place rapportent des cas d’enfants mourant de maladies facilement évitables dans des conditions normales — diarrhées, infections respiratoires — mais qui deviennent mortelles lorsqu’elles frappent des organismes déjà affaiblis par la faim. L’Organisation mondiale de la santé a qualifié la situation de « catastrophe humanitaire en cours » et a appelé à la levée immédiate de toutes les restrictions sur l’acheminement de l’aide.
Le traumatisme psychologique d’une génération
Au-delà des souffrances physiques, c’est le traumatisme psychologique collectif de la population de Gaza qui inquiète les professionnels de la santé mentale. Deux années de bombardements incessants, de déplacements forcés répétés, de pertes de proches et de destruction de tout ce qui constituait leur vie normale ont laissé des cicatrices psychologiques profondes, particulièrement chez les enfants. Les psychologues estiment que pratiquement tous les enfants de Gaza souffrent d’une forme ou d’une autre de stress post-traumatique, se manifestant par des cauchemars récurrents, de l’anxiété sévère, des régressions développementales et des comportements autodestructeurs. Beaucoup d’enfants ont vu des membres de leur famille mourir sous leurs yeux, ont été ensevelis sous les décombres, ont assisté à des scènes de violence extrême qui hanteront leurs mémoires pour le reste de leur existence.
Et maintenant, avec les exécutions publiques menées par le Hamas dans les rues de Gaza City, une nouvelle couche de traumatisme vient s’ajouter à ce que cette population a déjà enduré. Des enfants ont assisté à ces exécutions sommaires, voyant des hommes abattus de sang-froid à quelques mètres d’eux. Quelle sera l’impact à long terme de cette violence sur leur développement psychologique, sur leur vision du monde, sur leur capacité future à participer à une société pacifique ? Les professionnels de la santé mentale avertissent que sans intervention massive de soutien psychosocial, Gaza risque de voir émerger une génération entière marquée par le traumatisme, la colère et le désir de vengeance — alimentant ainsi les cycles futurs de violence dans la région. Mais les services de santé mentale à Gaza sont pratiquement inexistants, les rares psychologues et travailleurs sociaux étant débordés par l’ampleur des besoins.
Les précédents historiques et les leçons non apprises

Les cessez-le-feu précédents qui ont échoué
L’histoire récente du conflit israélo-palestinien est jonchée de cessez-le-feu brisés et d’accords de paix avortés, rendant le scepticisme actuel sur la viabilité du plan de Trump parfaitement justifié. Le premier cessez-le-feu de cette guerre, négocié en novembre 2023 après seulement quelques semaines de combats intenses, avait permis la libération d’une centaine d’otages israéliens en échange de centaines de prisonniers palestiniens. Pendant sept jours, les armes s’étaient tues à Gaza, permettant aux organisations humanitaires d’acheminer une aide désespérément nécessaire et aux familles de rechercher leurs proches disparus sous les décombres. Mais le huitième jour, les combats avaient repris avec une intensité renouvelée, chaque partie accusant l’autre d’avoir violé les termes de l’accord. Israël affirmait que le Hamas n’avait pas libéré tous les otages comme convenu et avait utilisé la trêve pour se réarmer et repositionner ses forces. Le Hamas, de son côté, accusait Israël d’avoir violé le cessez-le-feu en maintenant son blocus sur Gaza et en empêchant le retour des déplacés dans le nord de l’enclave.
Le deuxième cessez-le-feu, négocié en mars 2025 après des mois de pressions internationales intenses, semblait plus prometteur. Il avait duré deux mois entiers — le plus long répit depuis le début de la guerre — et avait permis une amélioration significative de la situation humanitaire à Gaza avec l’entrée de milliers de camions d’aide. Des discussions avaient même commencé sur un accord de paix plus compréhensif abordant les questions de fond du conflit. Mais le 18 mars, Israël avait lancé une attaque surprise comprenant des frappes aériennes massives à travers Gaza, tuant plus de 400 personnes selon les autorités de Gaza et mettant fin au cessez-le-feu. Israël justifiait son action par le refus du Hamas d’étendre la première phase du cessez-le-feu et par les preuves que le groupe se réarmait et se réorganisait. Le Hamas affirmait avoir respecté l’accord et que c’était Israël qui reprenait l’agression. La communauté internationale avait vu ses espoirs d’un cessez-le-feu durable anéantis. Des observateurs avaient noté qu’Israël avait choisi de lancer l’attaque le jour même où Netanyahu devait témoigner dans son procès pour corruption, forçant les procédures légales à être reportées — suggérant que des considérations politiques internes jouaient un rôle dans la décision de reprendre les hostilités.
Les dynamiques politiques internes qui sabotent la paix
Ces échecs répétés des cessez-le-feu soulignent une réalité fondamentale souvent négligée dans les analyses du conflit : les dynamiques politiques internes, tant du côté israélien que palestinien, créent des incitations puissantes pour certains acteurs à saboter tout accord de paix. Du côté israélien, la coalition gouvernementale de Netanyahu comprend des partis d’extrême-droite qui s’opposent farouchement à tout accord avec le Hamas et qui menacent de faire tomber le gouvernement si Netanyahu va trop loin dans les concessions. Ces partis — notamment celui du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir — considèrent que l’objectif de la guerre doit être l’élimination complète du Hamas et la recolonisation israélienne de Gaza, pas un accord de paix qui laisserait le groupe islamiste survivre sous une forme ou une autre.
Pour Netanyahu lui-même, la continuation de la guerre présente certains avantages politiques. Tant que le conflit persiste, il peut se présenter comme un leader de guerre indispensable et repousser les pressions pour qu’il démissionne en raison de son procès pour corruption et des critiques sur sa gestion des événements ayant conduit aux attaques du 7 octobre 2023. Plusieurs analystes israéliens ont suggéré que Netanyahu n’a aucun intérêt réel à ce qu’un accord de paix durable soit atteint, car cela signifierait la fin de son utilité politique et probablement la fin de sa carrière. Cette réalité cynique explique en partie pourquoi les cessez-le-feu précédents se sont effondrés si rapidement — à chaque fois, des éléments au sein du gouvernement israélien avaient intérêt à ce que les combats reprennent. Du côté palestinien, le Hamas fait face à des dynamiques similaires. Le groupe tire sa légitimité et son soutien populaire de sa résistance à Israël. Un accord de paix qui impliquerait le désarmement du Hamas et son retrait du pouvoir à Gaza signifierait la fin du groupe en tant que force politique et militaire significative. Les dirigeants du Hamas sont donc confrontés à un choix existentiel : accepter un accord qui conduirait à leur propre disparition, ou continuer la lutte même si cela prolonge les souffrances de la population de Gaza.
Les leçons des interventions américaines précédentes
L’histoire des interventions militaires américaines au Moyen-Orient au cours des dernières décennies offre des leçons sobres que Trump ferait bien de considérer avant de donner suite à sa menace d’éliminer le Hamas. L’invasion de l’Irak en 2003, lancée sur la base de preuves fausses concernant des armes de destruction massive, s’est transformée en un bourbier qui a coûté des milliers de vies américaines, des centaines de milliers de vies irakiennes, et des trillions de dollars, tout en déstabilisant profondément la région et en créant les conditions pour l’émergence de l’État islamique. L’intervention en Libye en 2011, présentée comme une opération humanitaire limitée pour protéger les civils, a finalement conduit au renversement du régime de Mouammar Kadhafi mais a plongé le pays dans un chaos durable dont il ne s’est toujours pas remis. L’engagement américain en Afghanistan, qui a duré 20 ans et s’est terminé par un retrait humiliant en 2021 avec le retour des Talibans au pouvoir, démontre les limites de la puissance militaire américaine face à des insurgés déterminés bénéficiant d’un soutien local.
Ces expériences devraient servir d’avertissements contre l’hubris militaire et l’illusion que la force armée peut résoudre des problèmes politiques complexes enracinés dans des décennies d’histoire, de griefs et de dynamiques sociales. Si Trump lance une intervention militaire contre le Hamas à Gaza — que ce soit sous forme de frappes aériennes ou d’opérations terrestres — il risque de déclencher une série de conséquences imprévues qui pourraient finalement aggraver la situation plutôt que de l’améliorer. L’élimination des dirigeants du Hamas pourrait simplement créer un vide de pouvoir qui serait comblé par des éléments encore plus radicaux, comme cela s’est produit en Irak après la chute de Saddam Hussein. Les frappes américaines causant des pertes civiles à Gaza pourraient enflammer l’opinion publique dans le monde arabe et musulman, provoquant des attaques contre les intérêts américains dans toute la région, et encourager une nouvelle génération de militants anti-américains.
Les alternatives diplomatiques ignorées

Le rôle potentiel d’une force internationale
Face aux menaces d’intervention militaire américaine et aux risques d’effondrement complet du cessez-le-feu, plusieurs voix internationales plaident pour une approche alternative : le déploiement d’une force internationale de maintien de la paix à Gaza. Le plan de Trump mentionne effectivement cette possibilité dans l’un de ses 20 points, évoquant une « force multinationale » qui assurerait la sécurité à Gaza pendant la période de transition vers une administration civile palestinienne. Mais jusqu’à présent, aucun détail concret n’a été fourni sur la composition, le mandat ou le calendrier de déploiement d’une telle force. Plusieurs pays européens, dont la France et l’Allemagne, ont exprimé leur volonté de contribuer à une mission de maintien de la paix si un accord politique solide était établi, mais ils insistent sur la nécessité d’un mandat clair des Nations Unies et d’un consentement de toutes les parties concernées — deux conditions qui semblent difficiles à remplir dans les circonstances actuelles.
L’idée d’une force internationale à Gaza n’est pas nouvelle ; elle a été proposée et débattue à de nombreuses reprises au fil des années, mais s’est toujours heurtée à des obstacles politiques et pratiques insurmontables. Israël s’est traditionnellement opposé à toute présence militaire étrangère à Gaza, craignant que cela ne limite sa liberté d’action sécuritaire et ne crée un précédent pour une internationalisation du conflit. Le Hamas, de son côté, a toujours rejeté l’idée de forces étrangères sur le sol palestinien, y voyant une forme de colonialisme déguisé et une atteinte à la souveraineté palestinienne. Ces positions contradictoires rendent extrêmement difficile l’établissement d’une force internationale qui serait acceptée par toutes les parties. Pourtant, sans une présence tierce capable de garantir la sécurité et de superviser le désarmement progressif des factions armées, il est difficile de voir comment le cessez-le-feu actuel pourrait évoluer vers une paix durable.
La nécessité d’un processus politique inclusif
Au-delà des questions sécuritaires immédiates, les experts en résolution de conflits soulignent qu’aucune paix durable ne peut être établie à Gaza sans un processus politique inclusif abordant les griefs fondamentaux qui alimentent le conflit depuis des décennies. Le plan de Trump se concentre principalement sur les aspects sécuritaires — cessez-le-feu, libération des otages, désarmement du Hamas — mais reste étonnamment vague sur la vision politique à long terme pour Gaza et pour la question palestinienne dans son ensemble. Que deviendra Gaza une fois le Hamas désarmé ? Qui gouvernera l’enclave et comment ? Quel sera le statut des deux millions de Palestiniens qui y vivent ? Ces questions existentielles ne peuvent être résolues par la force militaire ou par des accords techniques de cessez-le-feu ; elles nécessitent un dialogue politique difficile impliquant toutes les parties prenantes — Israéliens, Palestiniens de Gaza, Palestiniens de Cisjordanie, pays arabes voisins et communauté internationale.
L’Autorité palestinienne, basée à Ramallah en Cisjordanie et dirigée par le président Mahmoud Abbas, a été largement absente des négociations qui ont conduit au cessez-le-feu actuel — une omission significative qui soulève des questions sur la légitimité et la viabilité à long terme de tout arrangement pour Gaza. L’Autorité palestinienne, bien qu’affaiblie et critiquée pour sa corruption et son inefficacité, reste la représentante internationalement reconnue du peuple palestinien et la seule entité palestinienne avec laquelle Israël a des accords existants basés sur les Accords d’Oslo des années 1990. Tout arrangement pour Gaza qui n’implique pas l’Autorité palestinienne ou qui ne s’inscrit pas dans une vision plus large pour la résolution du conflit israélo-palestinien risque de rester fragile et temporaire. Pourtant, l’intégration de l’Autorité palestinienne dans la gouvernance de Gaza se heurte à l’hostilité profonde entre le Fatah — le parti dominant dans l’Autorité palestinienne — et le Hamas, qui se sont affrontés violemment en 2007 et n’ont jamais vraiment réconcilié leurs différences malgré de nombreuses tentatives de médiation.
Le rôle crucial de la reconstruction économique
Une dimension souvent négligée dans les discussions sur Gaza est l’importance cruciale de la reconstruction économique pour toute paix durable. Deux années de guerre ont littéralement rasé l’économie de Gaza, détruisant des infrastructures valant des dizaines de milliards de dollars et privant la quasi-totalité de la population de ses moyens de subsistance. Sans un plan de reconstruction massif et une réouverture de l’économie de Gaza au monde extérieur, les conditions de vie resteront désespérées, alimentant le ressentiment, le désespoir et la radicalisation qui fournissent un terrain fertile pour les groupes extrémistes. Le plan de Trump mentionne effectivement la reconstruction de Gaza comme l’une de ses priorités, évoquant la création d’une « zone économique spéciale » à Gaza qui attirerait les investissements internationaux et transformerait l’enclave en un centre commercial prospère reliant l’Asie, l’Europe et l’Afrique — une vision ambitieuse mais qui semble déconnectée de la réalité sur le terrain.
Pour que la reconstruction soit réussie, plusieurs conditions préalables doivent être remplies. Premièrement, le blocus israélo-égyptien imposé sur Gaza depuis 2007 — qui limite sévèrement l’entrée de matériaux de construction, de carburant et d’autres biens essentiels — doit être levé ou au minimum substantiellement assoupli. Sans cela, même si des fonds de reconstruction sont disponibles, il sera pratiquement impossible d’acheminer les matériaux nécessaires pour reconstruire les dizaines de milliers de bâtiments détruits. Deuxièmement, un environnement sécuritaire stable doit être établi pour que les entreprises et les organisations internationales acceptent d’investir et d’opérer à Gaza. Troisièmement, des mécanismes de gouvernance transparents et responsables doivent être mis en place pour garantir que les fonds de reconstruction ne soient pas détournés par la corruption ou utilisés à des fins militaires. Ces conditions représentent des défis colossaux qui nécessiteront des années d’efforts soutenus et une volonté politique constante de toutes les parties — une volonté qui semble cruellement absente dans le contexte actuel.
Conclusion

L’ultimatum lancé par Donald Trump au Hamas le 16 octobre 2025 marque un tournant potentiellement décisif — ou catastrophique — dans l’évolution du conflit israélo-palestinien. En menaçant explicitement d’intervenir militairement pour « éliminer » le Hamas si le groupe continue ses violences internes à Gaza, Trump élève considérablement les enjeux et se place dans une position où il devra soit donner suite à sa menace, risquant une escalade militaire régionale incontrôlable, soit reculer, compromettant irrémédiablement sa crédibilité diplomatique. Cette situation illustre les dangers d’une diplomatie basée sur les ultimatums et les menaces plutôt que sur la patience, le dialogue et la construction progressive de la confiance entre adversaires. Le cessez-le-feu négocié par Trump, présenté il y a seulement quelques jours comme « historique » et marquant un « nouveau jour » pour le Moyen-Orient, révèle maintenant toutes ses faiblesses structurelles — des ambiguïtés délibérées sur le désarmement du Hamas, l’absence d’un processus politique clair pour l’après-guerre, et le manque de mécanismes de supervision et de mise en œuvre capables de garantir le respect des engagements par toutes les parties.
Les exécutions publiques menées par le Hamas dans les rues de Gaza City, aussi choquantes et condamnables soient-elles, ne sont que le symptôme d’un problème beaucoup plus profond : l’effondrement complet de l’ordre social et politique à Gaza après deux années de guerre dévastatrice, et l’absence d’une vision crédible pour reconstruire non seulement les bâtiments mais aussi les structures de gouvernance et de sécurité nécessaires à une société fonctionnelle. L’élimination du Hamas par la force militaire — qu’elle soit américaine ou israélienne — ne résoudrait pas ce problème fondamental et pourrait même l’aggraver en créant un vide de pouvoir encore plus chaotique. Ce qui est nécessaire à Gaza, et ce qui manque cruellement dans le plan de Trump, c’est une approche globale combinant sécurité, gouvernance, reconstruction économique et processus politique inclusif abordant les griefs légitimes des Palestiniens tout en garantissant les préoccupations sécuritaires légitimes d’Israël. Une telle approche nécessiterait des années d’engagement patient et soutenu, des compromis douloureux de toutes les parties, et une mobilisation massive de ressources internationales — des exigences difficiles dans un environnement politique où les cycles électoraux sont courts, l’attention du public est volatile, et les acteurs régionaux poursuivent leurs propres agendas souvent contradictoires.
Alors que nous entrons dans la deuxième semaine de ce cessez-le-feu fragile, l’avenir de Gaza reste suspendu dans une incertitude angoissante. Les prochains jours et semaines détermineront si l’accord de Trump peut survivre à ses défauts initiaux et évoluer vers quelque chose de plus substantiel, ou s’il s’effondrera comme tant d’autres avant lui, ramenant Gaza et sa population épuisée dans le cycle infernal de violence qui a défini leur existence depuis trop longtemps. L’ultimatum de Trump au Hamas n’est qu’un épisode de plus dans cette tragédie qui se déroule depuis des décennies, mais il pourrait s’avérer être le catalyseur soit d’une escalade catastrophique, soit — dans le meilleur des scénarios — d’une prise de conscience collective que les menaces militaires et les solutions de force ont atteint leurs limites, et qu’il est temps d’essayer une approche radicalement différente basée sur la justice, la dignité humaine et la reconnaissance mutuelle. Le monde observe, retenant son souffle, espérant contre toute attente que cette fois-ci, peut-être, les leçons du passé seront enfin apprises.