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L’annonce officielle du Trésor américain

Le 22 octobre 2025, vers 17 heures (heure de l’Est), l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor américain a publié un communiqué officiel désignant formellement Rosneft et Lukoil comme entités sanctionnées en vertu de l’Executive Order 14024. Cette ordonnance présidentielle, initialement signée par Joe Biden en avril 2021, autorise l’imposition de sanctions contre toute personne ou entité opérant dans des secteurs spécifiques de l’économie russe, notamment le secteur énergétique. Scott Bessent, secrétaire au Trésor de l’administration Trump, a justifié cette décision en invoquant « le manque d’engagement sérieux de la Russie dans un processus de paix visant à mettre fin à la guerre en Ukraine ». L’OFAC a précisé que toutes les propriétés et intérêts des deux compagnies situées aux États-Unis ou sous le contrôle de personnes américaines sont désormais gelés, et que toute transaction impliquant ces entités est strictement interdite sans autorisation spéciale.

Les 34 filiales visées par les sanctions

Au-delà de Rosneft et Lukoil elles-mêmes, l’OFAC a également désigné 34 filiales russes de ces deux géants pétroliers, toutes opérant dans l’exploration, la production, le raffinage ou le transport d’hydrocarbures sur le territoire russe. Parmi les filiales de Lukoil sanctionnées figurent notamment Lukoil Perm (exploration et production pétrolière et gazière), Lukoil Kaliningradmorneft (développement de champs pétrolifères onshore et offshore), et Uraloil (développement de gisements de pétrole et de gaz). Du côté de Rosneft, les filiales ciblées incluent des acteurs majeurs tels que Bashneft Dobycha (développement de près de 200 champs d’hydrocarbures), OJSC Samotlorneftegaz (exploration et développement de champs pétroliers et gaziers), RN Yuganskneftegaz (production pétrolière), ainsi que plusieurs raffineries comme le Kuibyshevskii Refinery, le Ryazan Oil Refinery, et le Tuapse Oil Refinery. Cette liste exhaustive démontre la volonté américaine de paralyser l’ensemble de la chaîne de valeur pétrolière russe, de l’extraction au raffinage.

Les mécanismes de blocage et les implications pour les institutions financières étrangères

Les sanctions imposées en vertu de l’E.O. 14024 entraînent automatiquement le gel de tous les avoirs des entités désignées qui se trouvent aux États-Unis ou qui sont détenus par des personnes américaines. Plus encore, toute entité détenue à 50% ou plus, directement ou indirectement, par Rosneft ou Lukoil est également bloquée, même si elle n’est pas explicitement nommée par l’OFAC. Cela signifie que des centaines d’entreprises liées à ces deux géants pétroliers pourraient se retrouver dans l’impossibilité d’effectuer des transactions en dollars américains ou d’utiliser le système financier international dominé par les banques américaines. L’OFAC a également averti que les institutions financières étrangères qui conduisent ou facilitent des transactions significatives avec ces entités sanctionnées s’exposent elles-mêmes à des sanctions secondaires, incluant potentiellement l’interdiction d’ouvrir ou de maintenir des comptes correspondants aux États-Unis.

Le contexte diplomatique : l’annulation du sommet Trump-Poutine

Ces sanctions interviennent dans un contexte diplomatique particulièrement tendu. Mardi 21 octobre, soit la veille de l’annonce, Donald Trump a confirmé l’annulation d’une rencontre prévue avec Vladimir Poutine à Budapest, en Hongrie. Trump avait initialement annoncé le 16 octobre qu’il rencontrerait Poutine dans les deux semaines suivantes, suscitant des espoirs de percée diplomatique. Mais cette perspective s’est rapidement effondrée lorsqu’il est devenu évident que les positions des deux camps restaient inconciliables, notamment sur la question cruciale du gel des lignes de front actuelles — une proposition que Moscou a catégoriquement rejetée. Lors d’une réunion à la Maison-Blanche avec le secrétaire général de l’OTAN Mark Rutte, Trump a déclaré mercredi 22 octobre : « Nous avons annulé la rencontre avec le président Poutine… ça ne me semblait pas juste. On n’avait pas l’impression qu’on allait arriver là où il faut qu’on arrive. Donc je l’ai annulée. Mais on le fera plus tard ».

Les réactions immédiates des marchés pétroliers

La nouvelle des sanctions a provoqué un choc immédiat sur les marchés pétroliers mondiaux. Après la clôture officielle des marchés, les contrats à terme sur le pétrole Brent ont bondi de plus de 5% dans les échanges post-settlement, atteignant environ 64 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain a grimpé de plus de 3%. Cette flambée des prix reflète les inquiétudes des traders quant à d’éventuelles perturbations dans l’approvisionnement mondial en pétrole, même si les analystes soulignent que les sanctions en elles-mêmes ne coupent pas physiquement les exportations russes, mais rendent leur commercialisation beaucoup plus complexe et coûteuse. Les investisseurs craignent également que d’autres mesures restrictives ne suivent, Trump et Bessent ayant clairement indiqué que le Trésor était « prêt à prendre des mesures supplémentaires si nécessaire ».

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