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Des arrestations près d’écoles prestigieuses

Lakeview n’était pas le seul quartier riche visé vendredi. Lincoln Park, peut-être le quartier le plus huppé de Chicago, a également été le théâtre d’opérations d’immigration. Le conseiller municipal Timmy Knudsen, qui représente la 43e circonscription, a déclaré que des agents masqués avaient infiltré « chaque recoin de la circonscription ». Une vidéo capturée à l’intersection de Racine et Schubert Avenues montre quatre agents entourant un homme latino, l’escortant loin de résidences valant plusieurs millions de dollars et le plaçant dans un SUV avant de partir. Le contraste est saisissant : des maisons victoriennes restaurées, des voitures de luxe garées dans les allées, et au milieu de ce décor de carte postale, une arrestation digne d’un État policier.

Les agents ont également détenu un homme près d’une station-service adjacente à la Latin School, une école privée d’élite où l’élite de Chicago envoie ses enfants. Les frais de scolarité dépassent les 40 000 dollars par an, et les diplômés intègrent régulièrement les universités de l’Ivy League. Que des opérations d’immigration se déroulent à quelques mètres d’un tel symbole de privilège souligne l’audace de l’Opération Midway Blitz. Les agents fédéraux ne se cachent plus, ne limitent plus leurs actions aux heures creuses ou aux zones marginales. Ils opèrent en plein jour, dans les quartiers les plus visibles, défiant quiconque de les arrêter.

Le Laugh Factory et l’arrestation du directeur de nuit

À quelques pâtés de maisons de là, dans le quartier voisin de Lakeview (qui chevauche parfois Lincoln Park), des agents fédéraux masqués ont arrêté le directeur de nuit du Laugh Factory, un club de comédie populaire. L’établissement a publié sur les réseaux sociaux que son employé avait été « enlevé » par des agents en civil sans identification visible. Des témoins ont décrit une scène chaotique : des agents sortant d’un véhicule banalisé, attrapant l’homme à l’extérieur du club, le menottant et l’embarquant en quelques secondes. Une foule s’est rapidement formée, certains clients du club et résidents du quartier protestant contre ce qu’ils percevaient comme un acte d’enlèvement plutôt qu’une arrestation légitime.

Le département de police de Chicago a confirmé avoir répondu à un appel pour une altercation physique entre agents fédéraux et deux individus, avec une foule en colère qui grossissait rapidement. Les officiers municipaux ont géré la situation, empêchant l’escalade de la violence, puis se sont retirés sans effectuer d’arrestations. Cette scène au Laugh Factory illustre comment même les lieux de divertissement, de culture et de vie sociale deviennent des sites potentiels de confrontation. Plus personne n’est à l’abri, aucun lieu n’est sacré. Un club de comédie, symbole de liberté d’expression et de légèreté, devient le théâtre d’une arrestation brutale — une ironie amère qui n’échappe à personne.

Knudsen affronte les agents masqués

Le conseiller Knudsen, formé sur les droits des immigrants et ayant travaillé sur des cas d’asile, a décidé d’affronter directement les agents masqués lors d’une de leurs opérations. Il a posé les questions qu’on lui avait apprises : « Que faites-vous ici ? Que cherchez-vous ? Avez-vous un mandat ? » Selon son témoignage, il n’a reçu aucune réponse. Les agents ont simplement ignoré ses questions, continuant leurs opérations comme si un élu municipal n’avait aucune autorité, aucun droit de demander des comptes. Cette attitude de mépris total envers les représentants locaux élus révèle une rupture profonde entre le pouvoir fédéral et les structures démocratiques locales.

Knudsen a également rapporté un incident près de l’école St. Mary of Angels, où des agents conduisaient de manière imprudente près d’enfants participant à une course amusante (fun run). Le conseiller Scott Waguespack, qui représente la 32e circonscription, a critiqué vertement leur comportement, soulignant le danger posé aux enfants. Que des agents fédéraux mettent en danger la sécurité d’écoliers pour poursuivre des travailleurs immigrés sans papiers témoigne d’une priorité déformée, d’un système où l’objectif d’expulsion prime sur toute autre considération — y compris la sécurité publique.

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