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Un sénateur exclu de la rose garden

Le mercredi 22 octobre 2025, Donald Trump organise une rencontre avec les sénateurs républicains dans la célèbre Rose Garden de la Maison-Blanche. Une réunion ordinaire en apparence, sauf pour un détail révélateur de la nouvelle réalité politique : un sénateur manque à l’appel. « Nous avons tout le monde sauf une personne ici, » déclare Trump devant l’assemblée. « Il nous manque juste une personne. Vous ne devinerez jamais qui c’est. Laissez-moi vous dire — il vote automatiquement non sur tout. Il pense que c’est de la bonne politique. Ce n’est vraiment pas de la bonne politique. » L’absent n’est autre que Rand Paul, délibérément écarté, publiquement humilié, transformé en exemple à ne pas suivre. Cette exclusion n’est pas une simple querelle personnelle — c’est un message codé envoyé à l’ensemble du caucus républicain : voici ce qui arrive à ceux qui osent exister en dehors de la ligne présidentielle. Paul ne s’est pas contenté d’accepter cette mise à l’écart en silence. Dans son interview à Politico publiée le 24 octobre, il dévoile l’envers du décor avec une franchise explosive, révélant les mécanismes de contrôle et de peur qui paralysent désormais son parti.

Badge de courage ou badge de paria

Face aux critiques trumpistes qui le qualifient de bizarre et d’excentrique pour son opposition à certaines mesures présidentielles, Rand Paul renverse la perspective avec une audace assumée. « Le président considère cela comme bizarre et étrange, mais je crois que nous devrions avoir moins de dette et que nous devrions équilibrer notre budget… Je prends cela comme un badge de courage, vraiment, » explique-t-il. Cette déclaration n’est pas qu’une posture — c’est la revendication d’une forme de conservatisme traditionnel qui semble avoir disparu du radar républicain. Paul rappelle qu’il a été l’un des trois seuls sénateurs républicains à voter contre le « One Big Beautiful Bill Act » de Trump, une législation qui augmenterait la dette nationale de 3,3 billions de dollars. Pour lui, soutenir Trump ne signifie pas abandonner toute conviction à la porte. « Si on me donne le choix entre le président Trump et Harris ou Biden, sans question, je choisis le président Trump encore et encore, » précise-t-il. « Mais cela ne signifie pas que je vais m’asseoir et dire : ‘Oh, je laisse toutes mes convictions sur le pas de la porte. Je ne suis plus pour le libre-échange. Je ne suis plus pour des budgets équilibrés. Je ne suis plus opposé à tuer des gens sans procès, sans les nommer, sans preuves.’ Non, je dois rester qui je suis. »

L’accusation qui fait trembler : pas de courage

Mais c’est dans la partie la plus explosive de son interview que Rand Paul dévoile la véritable maladie qui ronge le Parti républicain. Lorsqu’il évoque la nomination controversée de Paul Ingrassia au poste de conseiller spécial, un candidat dont le profil suscitait des réserves majeures même parmi les trumpistes, le sénateur du Kentucky révèle un système de lâcheté organisée. « J’entends beaucoup de critiques de la part des républicains et ils veulent que je le fasse, » confie Paul. « Ils disent : ‘Oh, eh bien, tu n’as pas peur du président. Vas-y, dis-lui que son candidat ne peut pas passer.’ … Je suis fatigué d’être toujours le bouc émissaire. » Cette phrase résume tout : des sénateurs qui appellent Paul en privé, qui lui demandent d’affronter Trump à leur place, qui veulent les bénéfices de l’opposition sans en assumer les risques personnels. Plus révélateur encore, Paul déclare dans l’interview du 22 octobre : « J’en ai marre d’être le seul à avoir les tripes de tenir debout et de dire la vérité au président. » Puis il ajoute, cinglant : « J’attends de voir un peu de courage. » Cette déclaration publique transforme ce qui était un secret de polichinelle en accusation frontale : le Parti républicain souffre d’une crise de lâcheté généralisée.

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