Changpeng Zhao, c’est une légende de la crypto. Né au Jiangsu en Chine, élevé au Canada, formé en informatique, il a cofondé Binance en 2017 et en a fait une machine à cash planétaire. En quelques années, Binance est devenu le plus grand exchange de cryptomonnaies au monde, avec des millions d’utilisateurs échangeant des centaines de milliards de dollars chaque jour. CZ, comme tout le monde l’appelle, est devenu l’un des hommes les plus riches de la planète, avec une fortune estimée à plusieurs dizaines de milliards de dollars. Il incarne le rêve crypto : partir de rien, bâtir un empire numérique, échapper aux régulations traditionnelles, et devenir riche au-delà de toute imagination. Mais cette ascension fulgurante cachait un secret sale : Binance facilitait le crime organisé à une échelle industrielle.
En novembre 2023, après des années d’enquête, le Département de la Justice américain a frappé. Zhao a plaidé coupable à des violations du Bank Secrecy Act, admettant que Binance avait délibérément omis de mettre en place des mécanismes efficaces de lutte contre le blanchiment d’argent. La plateforme avait permis à des groupes terroristes désignés par les États-Unis, à des cartels de drogue mexicains, et à des réseaux de pornographie infantile de transférer des fonds sans aucun contrôle. Binance avait violé l’International Emergency Economic Powers Act, mettant ainsi en danger la sécurité nationale américaine. Les procureurs ont réclamé une peine de trois ans de prison, mais le juge, reconnaissant l’absence de preuves directes montrant que Zhao avait personnellement connaissance de chaque transaction illégale, l’a condamné à seulement quatre mois. Binance, en tant qu’entreprise, a accepté de payer 4,3 milliards de dollars et de se retirer définitivement du marché américain, laissant sa filiale Binance.US opérer seule. Zhao a démissionné de son poste de PDG, et tout le monde pensait que le chapitre était clos. Mais Trump avait d’autres plans.
Les liens toxiques entre Binance et la famille Trump
Voici où l’histoire devient vraiment sale. En 2024, alors que Zhao purgeait sa peine de prison dans un centre fédéral, les fils de Trump — Eric et Donald Jr. — lançaient World Liberty Financial, une entreprise de cryptomonnaie familiale. L’objectif ? Créer une plateforme de finance décentralisée et un stablecoin appelé USD1, indexé sur le dollar américain. Mais pour réussir dans le monde de la crypto, il faut des partenaires puissants. Et qui de plus puissant que Binance ? En mai 2025, un fonds d’Abou Dhabi appelé MGX a annoncé qu’il investirait 2 milliards de dollars dans Binance, mais avec une particularité étrange : l’investissement serait effectué en utilisant le USD1, le stablecoin de la famille Trump. Eric Trump a fait l’annonce en grande pompe lors de la conférence Token2049 aux Émirats arabes unis, déclarant que USD1 serait le « stablecoin officiel » soutenant l’investissement de MGX dans Binance.
Mais attendez, ça devient encore plus tordu. En août 2025, World Liberty Financial a pris le contrôle d’une petite entreprise de paiements appelée Alt5 Sigma, qui venait tout juste d’arrêter de vendre des médicaments contre la douleur pour se lancer dans la crypto. Alt5 a levé 750 millions de dollars auprès d’investisseurs extérieurs. Puis, dans un tour de passe-passe financier digne d’un film de gangsters, Alt5 a utilisé cet argent pour acheter des jetons WLFI — les cryptomonnaies inventées par World Liberty Financial. Autrement dit, la famille Trump a vendu ses propres jetons à une entreprise qu’elle contrôlait, en utilisant l’argent d’investisseurs tiers. Cette transaction a envoyé plus de 500 millions de dollars directement dans les poches de la famille Trump. Zach Witkoff, co-fondateur et PDG de World Liberty (et fils de Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump), a pris la présidence d’Alt5. Eric Trump a rejoint le conseil d’administration. Tout était verrouillé. Et pendant ce temps-là, Zhao, de sa cellule de prison, observait probablement tout ça avec intérêt.
Le lobbying intensif pour obtenir la grâce présidentielle
Changpeng Zhao n’a pas obtenu sa grâce par hasard. Selon un article de Politico publié le 25 octobre 2025, Zhao et Binance ont embauché plusieurs lobbyistes ayant des connexions directes avec l’entourage de Trump. Ces lobbyistes ont mené une campagne sophistiquée pendant des mois pour convaincre le président que Zhao avait été « persécuté » par l’administration Biden dans le cadre d’une « guerre contre les cryptomonnaies ». Le message martelé encore et encore était simple : Zhao n’était pas un criminel, mais une victime d’un gouvernement trop zélé qui voulait étouffer l’innovation technologique américaine. Cette narration a parfaitement collé avec la vision de Trump, qui s’est présenté comme le champion de la crypto pendant sa campagne présidentielle de 2024 et qui a reçu des dizaines de millions de dollars de contributions de l’industrie crypto.
Mais il y avait autre chose en jeu : l’avenir de Binance aux États-Unis. L’accord de 2023 avec le Département de la Justice avait banni Binance du marché américain, un marché représentant des centaines de milliards de dollars de transactions potentielles. Si Zhao obtenait une grâce présidentielle, cela éliminerait les restrictions qui l’empêchaient de diriger des entreprises aux États-Unis, et cela ouvrirait potentiellement la porte à un retour de Binance sur le sol américain. Les analystes estiment que cette opportunité vaut des dizaines de milliards de dollars. Alors oui, Zhao avait toutes les raisons du monde de faire pression pour cette grâce. Et Trump, avec ses intérêts financiers personnels dans l’industrie crypto, avait toutes les raisons du monde de la lui accorder. Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche, a affirmé que le bureau du conseiller juridique de la Maison-Blanche avait « examiné en profondeur » la demande de grâce. Mais personne n’a expliqué si cet examen incluait une analyse des liens financiers entre Binance et la famille Trump. Étrange, non ?
Maxine Waters dénonce un système de corruption pay-to-play
La représentante Maxine Waters, démocrate de Californie et membre senior de la Commission des services financiers de la Chambre, n’a pas mâché ses mots. Quelques heures après l’annonce de la grâce, elle a publié une déclaration cinglante accusant Trump de corruption. « En graciant Changpeng Zhao, le président Trump légitime effectivement les crimes pour lesquels Zhao a été condamné : blanchiment d’argent et facilitation de transactions illicites », a-t-elle écrit. Waters a souligné que cette décision avait été prise pendant une fermeture du gouvernement (government shutdown), alors que des milliers d’employés fédéraux n’étaient toujours pas payés et que des services publics essentiels étaient perturbés. « Le président donne la priorité aux crypto-criminels qui l’ont aidé à se remplir les poches plutôt qu’au bien-être des travailleurs américains », a-t-elle déclaré.
Mais Waters est allée plus loin. Elle a affirmé que Zhao avait mené un lobbying intensif pour obtenir la grâce et qu’il entretenait des liens financiers directs avec World Liberty Financial, l’entreprise crypto de la famille Trump. Selon Waters, Zhao aurait « canalisé des milliards » dans l’entreprise de Trump, créant ainsi une situation de conflit d’intérêt flagrant. « Si le Congrès ne s’attaque pas à ce type de corruption dans la législation en cours sur la structure du marché, il portera la responsabilité de cette anarchie », a-t-elle averti. Waters a annoncé une « Semaine anti-corruption crypto » en juillet 2025, au cours de laquelle les démocrates ont mené une série d’audiences pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme un système où les riches peuvent acheter leur impunité. Mais malgré ces efforts, rien n’a changé. Trump a continué à gracier des alliés en affaires, et l’industrie crypto a continué à verser des millions dans les caisses républicaines.
Une avalanche de grâces controversées sous Trump
La grâce de Zhao n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier 2025, Trump a accordé la clémence à plus de 1 600 personnes, un nombre stupéfiant qui dépasse de loin son premier mandat où il avait gracié 143 personnes et commuté 85 peines. Le 20 janvier 2025, jour de son investiture, Trump a signé une grâce générale pour environ 1 500 personnes condamnées en lien avec l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021. Cette décision a inclus des pardons complets pour les dirigeants des groupes extrémistes comme les Oath Keepers et les Proud Boys, des organisations considérées comme terroristes par beaucoup. Ross Ulbricht, le créateur de Silk Road, le marché noir en ligne utilisé pour vendre de la drogue et des armes, a également reçu un pardon complet. Et ce n’est pas tout : Trevor Milton, fondateur de Nikola, condamné pour fraude après avoir menti sur les capacités technologiques de ses camions électriques, a été gracié en mai 2025.
Tous ces individus ont un point commun : ils ont soutenu financièrement Trump ou ses causes. Trevor Milton, par exemple, avait fait un don de plus de 1,8 million de dollars à un fonds de campagne pro-Trump. Justin Sun, un milliardaire chinois de la crypto qui a investi massivement dans World Liberty Financial, a vu les poursuites civiles pour fraude contre lui être abandonnées par la Securities and Exchange Commission (SEC) plus tôt cette année, après avoir versé des millions dans les entreprises crypto de Trump. Ce schéma est tellement évident que même certains républicains commencent à grincer des dents. Joe Lonsdale, entrepreneur technologique et donateur conservateur, a critiqué la grâce de Zhao sur X (anciennement Twitter), affirmant que Trump avait été « terriblement conseillé » et que cela « donne l’impression qu’une fraude massive se produit autour de lui dans ce domaine ». L’ancien secrétaire au Travail Robert Reich a qualifié la grâce de « dernier exemple du système pay-to-pardon de Trump ».
Les implications pour l'industrie crypto et le marché américain
La grâce de Zhao envoie un message extrêmement clair à l’industrie des cryptomonnaies : si vous êtes assez riche et assez connecté, vous pouvez opérer en dehors de la loi. Les entrepreneurs crypto qui naviguent « à la limite de la légalité, ou carrément en dehors », comme l’a écrit CNN, savent maintenant qu’ils ont une porte de sortie. Tant qu’ils cultivent des relations avec les bonnes personnes — et notamment avec la famille Trump — ils peuvent échapper aux conséquences de leurs actes. Cette dynamique transforme l’industrie crypto en zone de non-droit, un Far West numérique où les règles normales ne s’appliquent pas. Et cela a des conséquences terribles pour les consommateurs ordinaires, qui sont les victimes finales de ces escroqueries.
Prenez l’exemple de FTX, la deuxième plus grande plateforme d’échange de crypto avant son effondrement spectaculaire en 2022. Sam Bankman-Fried, fondateur de FTX, a été condamné à 25 ans de prison pour avoir détourné 10 milliards de dollars de fonds de clients. Mais depuis la grâce de Zhao, la communauté crypto spécule sur le fait que Trump pourrait également gracier Bankman-Fried, surtout si ce dernier parvient à établir des liens financiers avec la famille Trump. Cette perspective est terrifiante : elle signifie que même les fraudeurs les plus flagrants peuvent espérer l’impunité s’ils ont les bonnes connexions. Pendant ce temps, les petits investisseurs qui ont perdu leurs économies dans l’effondrement de FTX ou dans d’autres arnaques crypto ne verront jamais un centime de restitution. Les grâces de Trump incluent souvent la levée de l’obligation de payer des restitutions et des amendes, ce qui prive les victimes d’environ 1,3 milliard de dollars selon certaines estimations.
Le conflit d'intérêts : quand le président est aussi un acteur de l'industrie
Le problème fondamental ici, c’est que Trump n’est pas un observateur neutre de l’industrie crypto. Il en est un acteur majeur, avec des intérêts financiers personnels massifs. Selon des documents financiers, Trump possède plus de 15,75 milliards de jetons WLFI, évalués à plus de 3,4 milliards de dollars. La famille Trump contrôle collectivement près de 25 % des quelque 100 milliards de jetons WLFI créés l’année dernière, ce qui représente des avoirs d’environ 5 milliards de dollars aux prix actuels. De plus, Trump et ses fils reçoivent une part des revenus générés par la vente de jetons, un arrangement qui aurait généré plus de 500 millions de dollars selon les estimations de Reuters. Cette situation crée un conflit d’intérêts colossal : chaque décision que Trump prend concernant la régulation des cryptomonnaies affecte directement sa propre richesse personnelle.
Quand Karoline Leavitt, la porte-parole de la Maison-Blanche, a été interrogée lors d’une conférence de presse sur le fait que la grâce de Zhao pouvait constituer un conflit d’intérêts en raison des liens de Binance avec World Liberty Financial, elle a esquivé la question. « Le président exerce son autorité constitutionnelle pour accorder des demandes de clémence », a-t-elle déclaré, refusant d’aborder le fond du problème. Mais les démocrates ne lâchent pas prise. La sénatrice Elizabeth Warren, longtemps critique de l’industrie crypto, a tweeté : « D’abord, Changpeng Zhao a plaidé coupable à une accusation de blanchiment d’argent. Ensuite, il a promu une des initiatives crypto de Donald Trump et cherché un pardon. Aujourd’hui, Donald Trump a tenu sa part du marché en le graciant. Si le Congrès ne règle pas ce type de corruption dans la législation en cours sur la structure du marché, il est responsable de cette anarchie. » Le message est limpide : tant que Trump pourra mélanger ses intérêts personnels avec ses pouvoirs présidentiels, la corruption sera institutionnalisée.
La réaction de l'industrie et des investisseurs
Du côté de l’industrie crypto, la grâce de Zhao a été accueillie avec des réactions mitigées. Le jeton WLFI a bondi de 14 % immédiatement après l’annonce de la grâce, ce qui montre que les investisseurs ont établi un lien direct entre la décision de Trump et les intérêts financiers de World Liberty Financial. Le cours du BNB, le jeton natif de Binance, a également grimpé, atteignant des sommets qu’il n’avait pas vus depuis des mois. Les partisans de la crypto célèbrent cette décision comme la fin de la « guerre contre les cryptomonnaies » menée par l’administration Biden. Ils affirment que la SEC sous la direction de Gary Gensler avait tenté d’imposer des régulations par le biais d’actions en justice plutôt que par une législation claire, étouffant ainsi l’innovation.
Mais beaucoup d’acteurs de l’industrie sont mal à l’aise. Certains leaders de la crypto craignent que la grâce de Zhao ne renforce l’association historique de l’industrie avec la fraude et le crime, au moment même où ils tentent de faire entrer les actifs numériques dans le courant financier dominant. « Cela donne l’impression que nous sommes tous des escrocs », a confié anonymement un cadre d’une grande plateforme d’échange à un journaliste du New York Times. D’autres s’inquiètent des précédents que cette grâce pourrait créer. Si Zhao peut être gracié malgré des preuves accablantes de blanchiment d’argent, qu’est-ce qui empêchera d’autres criminels de la crypto de chercher le même traitement ? Et surtout, qu’est-ce que cela signifie pour l’intégrité du système judiciaire américain ? Quand la justice devient une marchandise qu’on peut acheter, elle cesse d’exister.
Les précédents dangereux pour la justice américaine
Au-delà de la crypto, cette grâce pose des questions fondamentales sur l’état de la justice américaine. Le pouvoir de grâce présidentielle est l’un des pouvoirs les plus illimités accordés au président par la Constitution, selon l’Article II. Historiquement, les présidents ont utilisé ce pouvoir pour corriger ce qu’ils considéraient comme des injustices ou pour offrir une seconde chance à des personnes qui avaient purgé leur peine et démontré leur réhabilitation. Mais Trump a transformé ce pouvoir en outil de favoritisme politique et personnel. Il a gracié des alliés, des donateurs, des partenaires commerciaux, créant ainsi un système où la loyauté envers Trump est récompensée par l’impunité légale.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : plus de 1 600 grâces en seulement neuf mois de son second mandat, contre 237 grâces pendant l’intégralité de son premier mandat. Cette accélération montre que Trump utilise le pouvoir de grâce de manière stratégique pour renforcer sa base politique et récompenser ceux qui le soutiennent. En supprimant également l’obligation pour les graciés de payer des restitutions et des amendes, Trump prive les victimes de crimes financiers d’environ 1,3 milliard de dollars en compensations. C’est une double peine : non seulement les criminels échappent à la prison, mais les victimes ne récupèrent jamais leur argent. Certains juristes et politologues avertissent que ce précédent érode la confiance dans le système judiciaire et crée une classe de citoyens au-dessus des lois.
L'avenir de Binance et le retour possible sur le marché américain
Avec cette grâce, les restrictions qui empêchaient Zhao de diriger des entreprises aux États-Unis ont été levées. Cela ouvre théoriquement la porte à un retour de Binance sur le marché américain, un marché qui représente des centaines de milliards de dollars en transactions potentielles. Binance.US, la filiale américaine de Binance, continue d’opérer, mais elle est affaiblie et fait toujours l’objet de poursuites civiles de la part de la SEC. Si Zhao obtient l’autorisation de reprendre un rôle actif dans l’entreprise, il pourrait restructurer les opérations américaines de Binance et négocier un nouvel accord avec les régulateurs. Mais cela soulève une question cruciale : les régulateurs américains accepteront-ils de travailler avec un homme qui a été condamné pour blanchiment d’argent, même s’il a été gracié par le président ?
Karoline Leavitt, interrogée sur le fait que la grâce pourrait permettre à Binance de reprendre ses opérations américaines, a renvoyé les journalistes vers le Département du Trésor et le Département du Commerce pour obtenir des commentaires. Mais le message implicite est clair : l’administration Trump ne voit aucun problème à ce que Binance revienne aux États-Unis. En fait, Trump a publiquement déclaré que « la guerre de l’administration Biden contre la crypto est terminée ». Il a démantelé l’unité d’application de la loi crypto du gouvernement, assoupli les régulations du secteur, et cherché à créer une réserve nationale de cryptomonnaies. Tout cela dans le but de faire des États-Unis le leader mondial de la crypto. Mais à quel prix ? Si cela signifie permettre à des plateformes ayant facilité le blanchiment d’argent de terroristes de revenir opérer librement, est-ce vraiment un prix que la société américaine est prête à payer ?
Qui détient vraiment le pouvoir en Amérique ?
Cette grâce révèle une vérité inconfortable sur le pouvoir en Amérique. Ce ne sont pas les électeurs qui détiennent le pouvoir. Ce ne sont pas les institutions démocratiques. Ce sont les ultra-riches, ceux qui ont les moyens d’investir des milliards dans les entreprises de la famille présidentielle, ceux qui peuvent embaucher des lobbyistes connectés, ceux qui peuvent naviguer dans les couloirs du pouvoir avec l’assurance que leurs contributions seront récompensées. Changpeng Zhao n’a pas été gracié parce qu’il était innocent. Il a été gracié parce qu’il était riche, connecté, et parce qu’il avait investi dans les bonnes entreprises au bon moment. C’est aussi simple et aussi cynique que ça.
La représentante Maxine Waters a résumé la situation avec une clarté brutale : « Si le Congrès ne règle pas ce type de corruption, il est responsable de cette anarchie. » Mais le Congrès agira-t-il ? Jusqu’à présent, les républicains ont fermé les yeux sur les conflits d’intérêts de Trump, et les démocrates n’ont pas les votes nécessaires pour imposer des réformes. La Cour suprême, avec sa majorité conservatrice, est peu susceptible d’intervenir. Et les médias traditionnels, fragmentés et affaiblis, peinent à capter l’attention d’un public saturé d’informations. Pendant ce temps, Trump continue à réécrire les règles du jeu, grâce après grâce, transaction après transaction, brouillant toujours plus la ligne entre intérêt public et enrichissement personnel. Et à chaque fois qu’il le fait sans conséquence, il renforce le message : en Amérique aujourd’hui, l’argent achète tout, y compris la justice.
Conclusion
La grâce accordée par Trump à Changpeng Zhao le 23 octobre 2025 n’est pas un simple acte de clémence présidentielle. C’est un symbole éclatant de la manière dont le pouvoir fonctionne réellement en Amérique aujourd’hui. C’est la preuve que l’argent peut effacer les crimes, que les connexions politiques peuvent remplacer la justice, et que la famille du président peut s’enrichir ouvertement grâce à des transactions impliquant des criminels condamnés sans que personne ne soit tenu responsable. Zhao avait plaidé coupable à des accusations de blanchiment d’argent permettant à des terroristes, des trafiquants de drogue et des réseaux de pédophilie de déplacer des milliards de dollars. Binance avait payé une amende record de 4,3 milliards de dollars. Mais quelques mois après que Binance ait investi 2 milliards de dollars dans une cryptomonnaie développée par la famille Trump, tout a été pardonné.
Maxine Waters et d’autres démocrates ont dénoncé ce qu’ils appellent un système pay-to-play, où les riches peuvent acheter leur liberté en investissant dans les bonnes entreprises. Les républicains gardent largement le silence, refusant de critiquer un président qui continue d’utiliser son pouvoir de grâce pour récompenser ses alliés et ses partenaires financiers. Et pendant ce temps, les victimes des crimes facilités par Binance — les familles détruites par le trafic de drogue, les enfants exploités par des réseaux de pornographie infantile, les communautés terrorisées par des groupes extrémistes — ne voient jamais justice. Cette grâce révèle une vérité dérangeante : en Amérique, le pouvoir n’appartient pas au peuple, mais à ceux qui ont les moyens de l’acheter. Et tant que nous laisserons ce système perdurer sans le combattre, nous serons tous complices de la corruption qu’il engendre.