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Quatre-vingt-dix mille pieds carrés de mégalomanie

Les chiffres donnent le vertige. La salle de bal de Trump s’étendra sur 90 000 pieds carrés — environ 8 300 mètres carrés — ce qui en fait un espace presque deux fois plus grand que la Maison Blanche principale elle-même, sous-sols inclus. Pour mettre cela en perspective, la East Room actuelle, le plus grand espace de réception existant dans la résidence présidentielle, peut accueillir environ 200 personnes assises. Le nouveau monstre architectural trumpiste en accueillera entre 650 selon l’annonce initiale de Karoline Leavitt en juillet, ou jusqu’à 999 selon les déclarations ultérieures de Trump lui-même — un chiffre suspicieusement juste en dessous du millier symbolique. Cette salle de bal sera « substantiellement séparée du bâtiment principal de la Maison Blanche », selon le communiqué officiel, mais son thème et son héritage architectural seront « presque identiques ». Traduction : Trump construit pratiquement une seconde Maison Blanche, un palais personnel gigantesque déguisé en addition fonctionnelle.

La destruction de l’aile Est historique

L’aile Est n’était pas un bâtiment anodin. Construite en 1902 sous la présidence de Theodore Roosevelt, elle avait été rénovée et modifiée à plusieurs reprises au cours de son histoire de 123 ans, avec notamment l’ajout d’un second étage en 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette aile abritait des bureaux essentiels, y compris ceux de la Première Dame et de son personnel. La colonnade Est, élément architectural gracieux reliant l’aile au corps principal de la Maison Blanche, a également été rasée. Des images satellites diffusées par plusieurs médias montrent l’étendue complète de la démolition — là où se trouvait un bâtiment historique ne reste plus qu’un cratère de terre battue. Les employés du Département du Trésor, dont le bâtiment se trouve juste à côté, ont reçu pour consigne explicite de ne pas photographier ni diffuser d’images des travaux. Cette censure quasi militaire n’a évidemment servi à rien — les photos ont circulé sur toutes les chaînes d’information, provoquant un choc visuel dans l’opinion publique américaine.

Deux cent cinquante millions de dollars de sources opaques

Le financement du projet constitue un scandale en soi. Trump affirme que la construction sera « payée à 100 % par moi et des amis à moi, des donateurs », qu’il qualifie également de « très grands patriotes ». Le coût estimé est passé de 200 millions de dollars lors de l’annonce de juillet à 250 millions en septembre, puis certaines sources parlent maintenant de 300 millions — une escalade typique des projets trumpistes qui dépassent systématiquement les budgets initiaux. Mais l’identité de ces « amis donateurs » reste totalement opaque. La Maison Blanche a promis de publier une liste détaillée des individus et corporations finançant la construction, mais à ce jour, aucune information complète n’a été rendue publique. Cette opacité soulève des questions évidentes de corruption potentielle — qui paie pour construire une salle de bal présidentielle, et qu’attendent-ils en retour? Des contrats gouvernementaux? Des faveurs réglementaires? Un accès privilégié au président? L’absence totale de transparence viole l’esprit sinon la lettre des lois sur l’éthique gouvernementale.

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